« Que l'amour soit authentique. Ayez en horreur ce qui est mal. Accrochez-vous à ce qui est bon ! »
Nous entendons quelques paroles puissantes de saint Paul dans l'épître d'aujourd'hui, qui a préparé le terrain pour nous avec beaucoup de force, alors que nous passons ce dimanche à nous souvenir de tous nos frères et sœurs qui sont derrière les barreaux, en ce dimanche de la pastorale des prisons. Il s'agit d'un ministère que de nombreux chrétiens orthodoxes ne connaissent pas ou qui ont trop de craintes préconçues au sujet de l'accomplissement de cet appel de notre Seigneur.
Cette peur n'est pas différente de la scène dont nous avons parlé dans les Évangiles il y a deux semaines avec le démoniaque. Voici un homme complètement sauvage, vivant dans les tombeaux et enchaîné par le peuple par peur ! Sa vie a été celle d'un chaos total, ce à quoi conduit finalement l'écoute de nos passions.
Ce à quoi les habitants de cette région, ainsi que tant d'entre nous qui vivons aujourd'hui oublient souvent de penser quand il s'agit de ceux qui sont en prison, ce sont les circonstances qui ont conduit tant d'hommes et de femmes au cours des siècles à être incarcérés. Ce n'est bien sûr pas pour excuser le péché ! Ils en paient le prix et font face aux conséquences de leurs leurs passions et du chaos chaos de leur vie ! Mais combien de ces individus ont eu les cartes pipées contre elles depuis le jour où elles ont reçu leur premier souffle ? Combien sont venues de foyers brisés, de parents violents, d'une vie de dysfonctionnement ? Pour quelqu'un qui a grandi dans ces situations, la vie n'est que chaos !
Je repense aux paroles de sainte Marie d'Égypte, après avoir décrit toutes les choses horribles qu'elle avait faites avant de découvrir l'image de Dieu en elle : « C'était la vie pour moi ».Quand quelqu'un ne sait rien d'autre que le chaos, quand il n'a pas eu la bénédiction d'une famille aimante, d'une vie spirituelle forte, de ne pas avoir de relation vraie et significative avec Dieu, la vie est chaotique, froide et sombre. Ce n'était pas ainsi que l'humanité était censée vivre.
J'ai passé du temps la semaine dernière à réfléchir à mon séjour au séminaire et au ministère de présence que nous avions dans la prison à sécurité maximale qui était située à quelques kilomètres de la route. J'avoue que j'ai eu une énorme appréhension à l'idée d'y aller ! Je me souviens avoir traversé les multiples couches de portes avec des visions de « Shawshank Redemption » tournant encore et encore dans ma tête. Qu'allais-je trouver lorsque je suis arrivé au bout de ce couloir et que je suis entré dans ce village rempli de trafiquants de drogue, de délinquants sexuels et de meurtriers ?
Il y avait un thème qui tournait encore et encore dans ma tête. Notre rôle en tant que chrétiens était d'être la « douce présence du Christ au milieu du chaos ». Après que les portes aient été fermées derrière moi, et que j'ai pu m'asseoir et parler avec ces hommes, de personne à personne, les visions de la Rédemption de Shawshank ont rapidement disparu, et l'image de Dieu chez les prisonniers a été lentement révélée. Beaucoup ont partagé des histoires de leur éducation et des démons avec lesquels ils se sont battus et qui les ont conduits en prison. La peur s'est transformée en une immense pitié et tristesse à propos de ce que la vie leur avait fait subir.
Matouchka se souvient que je suis rentré à la maison après ces rencontres, me suis assis sur le canapé et que je regardais juste le sol avec incrédulité... complètement submergé par l'obscurité que ces hommes avaient vécues, et à quel point nous avions été incroyablement bénis par notre propre éducation.
Bien qu'extrêmement difficiles, ces rencontres ont été une formidable bénédiction pour moi, car elles m'ont appris à reconnaître l'image de Dieu en chaque personne.
Saint Jean de Cronstadt a dit un jour : « Ne confondez jamais la personne, formée à l'image de Dieu, avec le mal qui est en lui. Le mal n'est qu'un malheur fortuit, une maladie, une rêverie diabolique. Mais l'essence même de la personne est l'image de Dieu, et cela reste en lui, malgré toute défiguration. »
C'est ce que nous sommes appelés à faire en tant que chrétiens chers frères et sœurs! Pour accomplir ce que saint Paul dit aux Romains : « Ayez en horreur ce qui est mal ! » Ayez une énorme haine pour le Diable et les démons qui harcèlent et assaillent non seulement ceux qui sont en prison, mais aussi chacun de nous, jour après jour ! Puis, une fois que vous avez fait cela : « Accrochez-vous à ce qui est bon. » Au sein de chaque être créé, il y a une certaine mesure de bien, et il est de notre responsabilité d'aider à la faire ressortir en partageant la Vie Divine dont nous avons été bénis ici dans l'Église.
Le ministère pénitentiaire du dimanche consiste à réfléchir à ces deux choses. Apprendre à haïr le mal qui a imprégné tant de vies dans le monde, et à embrasser l'image de Dieu qui se trouve dans ces mêmes vies.
Chacun de nous a une occasion sûre de pratiquer ces deux vertus dans le travail du ministère carcéral chrétien orthodoxe, et je prie pour que chacun profite de cette occasion unique de grandir dans notre foi !
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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