Jeudi 12/25 mai
ASCENSION DE NOTRE
SEIGNEUR
Saint Épiphane, évêque de
Salamine à Chypre (403) ; saint Savin, archevêque de Chypre (Vème s.) ;
saint Polybius de Chypre, évêque de Rinokyr en Égypte (Vème s.) ; saint
Germain, patriarche de Constantinople, confesseur (740) ; saint Denis de
Radonège (1633) ; saint Jean de Valachie, martyr (1662) ; saint Pierre
(Popov) (1937) ; sainte martyre Eudocie (Martirchkine) (1938).
Lectures :
Actes I, 1-12 / Lc. XXIV, 36-53
L
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a fête de l’Ascension ne marque pas la fin du
temps pascal. Le temps pascal, c‘est la sainte cinquantaine de jours qui suit
la fête de Pâques et qui s’achève avec le dimanche de la Pentecôte, ou plutôt
avec les huit jours de l’après-fête de la Pentecôte, qui ne forment avec le
dimanche qu’un seul jour. Le Seigneur a voulu qu’après Sa Résurrection, Sa
montée au ciel et le don de l’Esprit-Saint aux hommes, fruit de Sa session à la
droite du Père, se répartissent sur une période de temps : quarante jours
pour l’Ascension, cinquante jours pour l’envoi du Saint-Esprit. Et la liturgie
suit ces étapes du mystère de notre salut. Le Seigneur ressuscité n’a pas voulu
que nous prenions tout de suite conscience du fait que, ressuscité, Il est
assis à la droite du Père. Selon une expression chère à St Irénée de Lyon, Il a
voulu nous habituer progressivement à Sa condition nouvelle de Ressuscité. Que
veut dire cette expression : « Assis à la droite du
Père ? » Elle signifie qu’en Sa nature humaine elle-même, le Christ
est revêtu de toute la Puissance divine, de toute Sa puissance de Seigneur du
ciel et de la terre, qui Lui est communiquée par Son Père. La nature humaine du
Christ est glorifiée, elle est remplie de ce rayonnement de la nature divine,
de cette gloire de Dieu, de cette gloire que le Fils unique possédait de toute
éternité avant la création du monde, et qui se répand maintenant dans Sa nature
humaine elle-même. Et l’Apôtre Paul nous enseigne que par le baptême, non
seulement nous sommes ressuscités avec le Christ, morts au péché et ressuscités
avec le Christ, mais que Dieu nous a fait asseoir avec Lui dans les
cieux : « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour
dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous
a fait revivre avec le Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés ! –
avec Lui Il nous a ressuscités et faits asseoir dans les cieux, dans le Christ
Jésus (Éphés. II, 4-6).
Tropaire de la
fête, ton 4
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Возне́слся ecи́ во cла́вѣ Христе́ Бо́же на́шъ, ра́дость сотвори́вый ученико́мъ обѣтова́ніемъ Свята́го Дýxa, извѣще́ннымъ и́мъ бы́вшимъ благослове́ніемъ, я́ко Ты́ ecи́ Сы́нъ Бо́жій, изба́витель мі́ра.
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Tu t’es élevé dans la gloire, ô Christ notre
Dieu, réjouissant Tes disciples par la promesse de l’Esprit Saint, et les
affermissant par Ta bénédiction, car Tu es le Fils de Dieu, le Rédempteur du
monde.
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Kondakion de la fête, ton 6
Е́же о на́съ испо́лнивъ смотре́ніе, и я́же на земли́ coeдини́въ небе́снымъ, возне́слся ecи́ во cла́вѣ Христе́ Бо́же на́шъ, ника́коже отлуча́яся, но пребыва́я неотсту́пный, и вопія́ лю́бящимъ Тя́ : а́зъ е́смь съ ва́ми, и никто́же на вы́.
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Ayant accompli Ton
dessein de Salut pour nous, et uni ce qui est sur terre à ce qui est aux
cieux, Tu T’es élevé dans la gloire, ô Christ notre Dieu, sans nullement
T’éloigner, mais en demeurant inséparable et clamant à ceux qui
T’aiment : Je suis avec vous et personne ne prévaudra contre vous.
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Au lieu
de « il est digne en vérité », ton 5
Велича́й душе́ моя́, возне́cшагося отъ земли́ на не́бо, Xpиста́ жизнода́вца. Tя́ па́че ума́ и cловecé Ма́тepь Бо́жію, въ лѣ́то безлѣ́тнаго неизpeче́нно ро́ждшую вѣ́pніи единoму́дpeнно велича́емъ.
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Ô Toi qui es au-delà de l’entendement et de l’expression, Mère de
Dieu, Toi qui, d’une manière inénarrable, as enfanté dans le temps le Dieu
intemporel, nous, fidèles, d’une seule voix, nous Te louons.
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Notre Père saint Épiphane naquit
vers l’an 315 (ou 308) dans une modeste famille juive du village de Bésandouch,
près d’Éleuthéropolis en Palestine. À la mort de son père, il fut adopté par un
docteur de la Loi, Tryphon, qui projetait de lui donner sa fille en mariage.
Animé depuis son enfance d’un grand zèle pour l’étude, Épiphane étudia à ses
côtés l’Écriture sainte et les institutions juives, et acquit la connaissance
de cinq langues : le grec, le latin, l’hébreu, le syriaque et le copte, chose
fort rare à l’époque. À la mort de Tryphon, il hérita de toute sa fortune. Un
jour, alors qu’il était en train de visiter ses terres et passait à cheval à
côté d’un moine chrétien, nommé Lucien, ce dernier, rencontrant un pauvre et
n’ayant pas d’argent, se dépouilla de son vêtement pour le lui donner, et
aussitôt une robe d’une blancheur resplendissante descendit du ciel pour le
couvrir. Ce signe vint confirmer l’admiration qu’Épiphane entretenait pour les
chrétiens depuis que, dans son enfance, il avait été sauvé miraculeusement par
l’un d’eux de sa monture emballée. Tombant alors aux pieds de Lucien, il le
supplia de le baptiser et de l’accepter dans l’ordre angélique. Baptisé, avec
sa sœur, par l’évêque de la cité, il distribua tous ses biens et devint disciple
de saint Hilarion, dont il suivit avec exactitude, pendant tout le reste de sa
vie, la stricte discipline ascétique. Les mystères et les figures de l’Ancien
Testament prenant tout leur sens dans la lumière du Christ, il s’adonna avec
encore plus d’ardeur à l’étude et, avide de connaître le mode de vie des moines
d’Égypte, il entreprit un long voyage dans cette terre d’élection de la vie
ascétique. Il s’informa aussi sur les doctrines professées par diverses sectes
et hérésies qui y pullulaient, rassemblant ainsi les éléments de son traité
monumental contre toutes les hérésies, qu’il rédigera au soir de sa vie. Ayant
échappé de peu aux entreprises des manichéens, il rentra en Palestine, après
quatre années, et fonda un monastère près de son village natal, qu’il dirigea
en toute sagesse pendant trente ans. Par l’invocation du Nom du Christ et grâce
à son don de clairvoyance, Épiphane chassait les démons qui tourmentaient les
villageois et certains de ses moines. Il délivra aussi la contrée d’un lion
redoutable mangeur d’hommes et il répandait largement les aumônes ; mais
c’était surtout par son charisme d’enseignement et d’interprétation des
Écritures qu’il brillait comme un astre sur toute l’Église. Ayant réalisé le
danger que représentait pour l’Église la sagesse hellénique, source des
multiples hérésies, il s’employa pendant toute sa vie à lutter pour la défense
de la vraie foi. On raconte qu’un philosophe célèbre vint d’Édesse au monastère
de saint Épiphane pour discuter des saintes Écritures. Ils débattirent longtemps
sur les mystères de la création, Épiphane tenant en main la sainte Bible et le
philosophe les écrits d’Hésiode, et bien que la lumière de la vérité fût
éclatante, ce dernier restait obstiné. Mais lorsqu’il vit Épiphane guérir un
possédé par l’invocation du Nom du Christ, renonçant à la vaine sagesse, il
demanda à être baptisé. Il fut ensuite ordonné prêtre et devint le successeur
du saint à la tête du monastère. Ayant quitté son monastère pour échapper aux
honneurs des hommes et parvenu à Chypre, où il eut la grande joie de retrouver
saint Hilarion, Épiphane accepta, sur la pression de ce dernier, d’être
consacré évêque du siège métropolitain de Constantia), vers 367. Il voyait dans
cette élévation non pas une occasion de vaine gloire, mais plutôt un moyen
d’échapper aux entreprises des hérétiques semi-ariens fort influents en
Palestine. Pendant vingt-six ans, il montra un zèle exemplaire dans le
gouvernement de son diocèse et la confirmation de la foi orthodoxe, tant à
Chypre que dans le reste du monde. De nombreux miracles vinrent confirmer de
manière éclatante ses vertus pastorales et son amour paternel pour ses
ouailles. Sa générosité et ses interventions en faveur de ceux qui étaient
victimes de l’injustice lui attirèrent toutefois la haine d’une partie de son
clergé, menée par le diacre Carin, qui l’accusa de dilapider l’argent de
l’Église. Malgré toutes les entreprises de ce dernier pour diffamer le saint,
Épiphane lui montrait toujours la même bienveillance, et Carin fut finalement
châtié par Dieu et périt misérablement. On raconte que, lorsque le saint
célébrait la Divine Liturgie, il voyait visiblement le Saint-Esprit descendre
sur les dons pour les sanctifier. Un jour, il fut privé de cette vision, à
cause de l’indignité de l’un de ses concélébrants. Après l’avoir écarté, saint
Épiphane supplia Dieu avec larmes et ne continua la célébration qu’à la suite
d’une nouvelle manifestation de la gloire divine. Très attentif à l’intégrité
morale de son clergé, le saint prélat voulait que ses clercs fussent par leurs
vertus un digne ornement pour l’Épouse du Christ ; aussi avait-il transformé
son palais épiscopal en monastère, où il menait la vie commune avec plus de
soixante-dix clercs. En 382, laissant le gouvernement de son diocèse à saint
Philon de Carpathos, Épiphane se rendit à Rome, en compagnie de saint Jérôme et
de Paulin d’Antioche, dans le but de résoudre en faveur de ce dernier le
schisme d’Antioche. Ils résidèrent dans la demeure de sainte Paule, et le
biographe du saint rapporte qu’il fit là d’éclatants miracles et guérit la sœur
des co-empereurs Arcade et Honorius. De retour à Chypre, lors d’une terrible
famine, il distribua à la population le blé qu’il avait acheté aux accapareurs,
avec de l’or reçu à la suite d’une vision. Dans son zèle pour extirper de la
théologie chrétienne toute trace d’hellénisme, saint Épiphane concentra
particulièrement ses efforts contre les doctrines d’Origène, alors très en
faveur chez les moines de Palestine. En 393, prenant la parole à Jérusalem à
l’occasion de la fête de la Dédicace de la basilique de la Résurrection, il
proclama qu’Origène était le père de l’arianisme et de toutes les hérésies. Le
soir même, le patriarche Jean, auquel Épiphane reprochait sa sympathie à
l’égard des origénistes, répliqua en attaquant les « anthropomorphistes »,
c’est-à-dire les adversaires de l’exégèse allégorique de l’Écriture, prônée par
le grand docteur alexandrin. La querelle s’envenima et prit une large ampleur,
surtout lorsque saint Jérôme se rangea aux côtés d’Épiphane contre le
patriarche Jean et son ancien ami, Rufin d’Aquilée. S’éloignant de la cité
tourmentée, Épiphane se rendit quelque temps dans son monastère
d’Éleuthéropolis, puis retourna dans son diocèse, sans pour autant abandonner
un combat, au cours duquel son caractère ardent et sa simplicité l’avaient
porté à des prises de position extrémistes. Le flambeau de la lutte
anti-origéniste passa alors à l’archevêque d’Alexandrie Théophile (401) qui,
précédemment disciple d’Origène, en était devenu un ennemi féroce et
implacable, en vue d’assouvir sa rancune contre quatre frères de noble origine
(appelés les «Longs Frères », à cause de leur haute taille) qui, préférant
l’hésychia aux dignités ecclésiastiques, avaient quitté son clergé sans
l’autorisation de Théophile pour devenir moines à Nitrie. Poursuivis par
l’archevêque, ils se réfugièrent à Constantinople, dans l’espoir d’obtenir gain
de cause auprès de saint Jean Chrysostome. Utilisant cette occasion pour
accuser saint Chrysostome, qu’il jalousait, d’être le protecteur de l’hérésie
origéniste, Théophile s’adressa à Épiphane. Mal informé de la situation et des
motifs réels de Théophile, le vieil évêque, pensant partir à la défense de
l’orthodoxie, se rendit à Constantinople, après avoir condamné l’origénisme
dans un synode des évêques de Chypre. Accueilli avec révérence par saint
Chrysostome, Épiphane refusa ces marques d’honneur ; il alla demeurer dans une
maison privée et procéda à l’ordination d’un diacre dans un monastère. Saint
Chrysostome lui fit savoir qu’il était très affligé d’apprendre que son frère
dans l’épiscopat avait agi ainsi contre les saints Canons et agitait sans
raison le peuple contre son pasteur. Saint Épiphane décida alors de prendre le
chemin du retour, afin de ne pas être davantage cause de discorde, et il quitta
la capitale. Il remit son âme à Dieu pendant la traversée (12 mai 403), après
avoir exhorté ses disciples à préserver la pureté de la foi, et à se garder de
l’attrait des richesses et de la calomnie. À l’arrivée du navire à Salamine, une
foule immense, tenant des cierges en main, accueillit son pasteur et
l’accompagna avec larmes jusqu’à l’église, où pendant sept jours une grande
partie de la population de Chypre vint le vénérer. Le culte de saint Épiphane
se répandit rapidement et son tombeau reste un des lieux de pèlerinage les plus
vénérés de l’île, dont il est le saint patron, avec saint Barnabé.
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