"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 25 décembre 2024

Saint Jean de Changhaï: L’archipasteur

 

Saint Jean de Changhaï

La tâche de chaque pasteur est d’attirer les hommes à cette unité, les régénérer et les sanctifier. Qu’est-ce qui peut être plus grand que de recréer la création Divine ? Qu’est-ce qui peut être plus utile pour son prochain que de le préparer à la vie éternelle ? Il n’est guère facile d’accomplir cette tâche – il arrive que nous ayons à lutter avec la nature humaine abîmée par le péché. Nous rencontrons souvent l’incompréhension, parfois l’opposition consciente, la haine de ceux que nous aimons et dont nous nous occupons. Grand doit être pour le pasteur le sacrifice de lui-même et l’amour pour son troupeau. Il doit être prêt à tout supporter pour le bien de ses ouailles et chaque brebis doit trouver sa place dans son cœur. Il doit en outre appliquer à chacun le remède qui lui convient, conformément à son caractère et à sa situation.

Si les obligations d’un simple pasteur sont à ce point difficiles et complexes, et si la responsabilité est si grande pour le salut de ses ouailles, que peut-on dire de l’archipasteur ? En vérité, c’est à lui que s’adressent les paroles du Seigneur adressées jadis au prophète Ezéchiel : « Fils d’homme, je t’ai fait guetteur pour la maison d’Israël » (Ez 3, 17).

L’archipasteur est responsable non seulement de toutes les brebis que Dieu lui a confiées, mais aussi des pasteurs. Il devra rendre compte pour chaque pécheur qu’il n’aura pas mis en temps opportun sur le droit chemin, pour chaque homme qui cheminait sur la voie droite et s’en est détourné. Son devoir est de partager les souffrances de ses ouailles et ainsi les guérir, à l’exemple du Pasteur Suprême, le Christ « par les blessures de qui nous fûmes guéris » (Is 58, 5). Il n’a pas de vie privée, il doit se vouer entièrement à l’œuvre du salut des âmes humaines et les diriger vers le Royaume des Cieux. Il doit être prêt à supporter toutes les méchancetés, les persécutions et jusque la mort pour la vérité, à boire le calice du Christ et à être baptisé de Son baptême (Mt 20, 33 ; Mc 10, 39). Il doit s’occuper non seulement de ceux qui viennent à lui, mais aussi chercher lui-même et faire revenir au troupeau les brebis égarées, les portant sur ses épaules. Son devoir est d’annoncer l’enseignement du Christ à ceux qui l’ignorent, se souvenant du commandement du Seigneur : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16, 15). Étant pénétré de l’universalité de l’Église, il ne doit pas limiter ses préoccupations à ceux qui lui sont confiés directement, mais il doit d’un œil spirituel promener son regard sur toute l’Église universelle du Christ, souhaitant l’illumination de tous les peuples et leur progression dans la foi véritable, car dans l’Église, « il n’y a ni hellène, ni juif, ni barbare, ni scythe », mais tous sont de manière égale les enfants aimés du Père céleste.

Extrait du discours prononcé par Saint Jean de Changhaï lors de son intronisation,
in Bernard le Caro, 
« Saint Jean de Changhaï », 
L’Âge d’Homme, Lausanne 2006,
 pp 34-35


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