19 janvier / 1er février
Dimanche du Pharisien et du Publicain
Commencement du Triode de Carême
Saint Macaire le Grand, d’Égypte (391) ; saint Macaire d’Alexandrie (395), Saint
Marc d Éphèse (1444), saint Théodore de Novgorod (1392), saint Macaire le
Romain, de Novgorod (XVI-XVII) ; saint Macaire le jeûneur de la Laure des
Grottes de Kiev (XIII-XIV) ; invention des reliques de saint Sabbas de
Storojevsk (1652) ; sainte martyre Euphrasie, vierge (303) ; saint
Antoine, stylite de Martqopi (VI Géorgie) ; saint Arsène, archevêque de
Corfou (VIII) ; saint Euthyme le confesseur (XX, Géorgie) ; saint
hiéromartyr Pierre, prêtre (1918) ; saint hiéromartyr Nicolas, prêtre
(1930) ; saint martyr Théodore (1940).
Lectures : II Тim. III, 10-15; Lc. XVIII, 10-14
OUVRE-NOUS LES
PORTES DE LA PÉNITENCE, DONATEUR DE VIE !
L
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e
premier dimanche du Triode, à savoir celui du Pharisien et du Publicain, a été
appelé « annonciateur » des combats spirituels, car il est comme une
trompette qui nous annonce la préparation du combat contre les démons lors du
carême qui vient.
Le
premier signal de cette préparation au combat est constitué par les trois
stichères qui sont chantés immédiatement après l’Évangile des Matines :
« Ouvre-moi les portes de la
pénitence, Donateur de vie… », « Conduis-moi sur les chemins du salut… » et « Me souvenant de la multitude de mes
mauvaises actions… ». Ces stichères nous emplissent de componction et
bouleversent nos cœurs. À leur lumière, nous voyons notre âme et notre corps
souillés par les nombreuses actions mauvaises que nous avons accomplies. Nous
voyons encore notre vie passée, gaspillée dans l’oisiveté, alors que le
Jugement redoutable approchera soudain. Que ferons-nous ? Une profonde
affliction et la crainte nous saisissent et jettent de l’ombre sur notre âme.
Mais à ce moment, se manifeste un rayon d’espoir : la miséricorde infinie
du Seigneur, la prière pleine de force de la Mère de Dieu et l’œuvre de notre
purification et de notre renouveau par la pénitence, dont s’ouvre maintenant la
porte. L’espoir nous renforce et nous donne la hardiesse de crier, le cœur
brisé, avec le prophète David : « Aie
pitié de moi, ô Dieu, selon Ta grande miséricorde… » Ces trois
stichères que nous avons mentionnés, nous parlent de la pénitence et nous
enseignent toujours à l’accomplir en faisant un retour sur nous-mêmes et en
réfléchissant à notre vie dans le péché ; en gardant à l’esprit la crainte
du Jugement redoutable ; dans l’espoir et la confiance en la miséricorde
Divine. Les sentiments de crainte et d’espoir qu’éveillent en nous ces
stichères, doivent nous accompagner constamment durant le Grand Carême. C’est
pourquoi nous les entendrons aux matines dès maintenant, chaque dimanche de
Carême, jusqu’au cinquième.
Le
deuxième signal de préparation au Carême nous est donné dans l’exemple
évangélique du Pharisien et du Publicain (Lc XVIII, 10-14) qui, avec les
lectures et les chants des Vêpres et des Matines nous invite à cette
réflexion : « Frères, ne prions
pas à la manière du Pharisien, car celui qui s’élève sera humilié.
Humilions-nous devant Dieu à la manière du Publicain, au moyen du jeûne, en
criant : ô Dieu, aie pitié de nous pécheurs » (Stichère du
Lucernaire). « Le Pharisien
vaincu par la vanité… fut privé de Tes biens et l’autre, n’osant parler,
fut rendu digne de Tes dons » (idem).
Comme nous l’explique le Synaxaire du dimanche[1], la
parabole nous présente deux états de l’âme : celui du Publicain, auquel
nous devons aspirer, et celui du Pharisien, dont nous devons nous tenir
éloigner et fuir. Car l’humilité et la pénitence du Publicain se sont avérées
décisives dans le combat contre les démons, tandis que l’orgueil et la jactance
du Pharisien ont constitué le commencement et la source de tout péché. En
effet, c’est l’orgueil qui a causé la chute du diable et c’est le même péché
qui a fait expulser Adam du paradis, tandis que la guérison du monde est venue
avec l’humilité, celle du Fils de Dieu, qui a pris la forme du serviteur et a
subi la mort honteuse sur la Croix. C’est un exemple vivant que nous donne la
parabole. Le Pharisien était un homme juste, tandis que le Publicain était un
pécheur. Celui-ci, cependant, revint chez lui justifié. En reconnaissant son
état de pécheur, il acquit la justice rapidement et sans peine. Non seulement
cela, mais tous ceux qui se sont humiliés ont été justifiés, comme le dit le doxasticon des Vêpres du dimanche :
« Seigneur Tout-Puissant, je
sais ce que peuvent les larmes : elles relevèrent Ezéchias des portes de la
mort ; elles délivrèrent la pécheresse de ses fautes accomplies durant de
nombreuses années ; et elles justifièrent le Publicain bien plus que le
Pharisien ». Ainsi,
l’humilité purifie rapidement et soulage du fardeau du péché, comme le dit le
Christ Lui-même : « Quiconque
s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé » (Lc XVIII,
14). Lorsqu’il s’humilie, l’homme se purifie du péché et commence à acquérir la
Grâce Divine, qui le recouvre et empêche le péché de l’assiéger. Pour cette
raison, l’Apôtre Pierre dit que « Dieu
donne la grâce aux humbles » (I Pierre V, 5). L’humilité devient le
liturge de la grâce dans l’homme, tandis que l’œuvre de la grâce mène à
l’acquisition de toutes les vertus. De même que l’orgueil est la source de tout
mal, l’humilité est la source de toutes les vertus.
Tropaire du dimanche, ton 1
Кáмени запеча́тану отъ Iyде́й и во́иномъ стрегу́щымъ пречи́стое Tѣ́ло
Tвое́, воскре́слъ ecи́ тридне́вный, Cпа́ce, да́руяй мípoви жи́знь. Ceго́
ра́ди си́лы небе́сныя вопiя́xy Tи, Жизнода́вче: сла́ва Bocкреcéнію Tвоемý
Xpисте́; сла́ва Ца́рствiю Tвоему́; сла́ва cмотре́нiю Tвоему́, еди́не Человѣколю́бче.
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La pierre étant scellée par les Juifs et les soldats
gardant Ton Corps immaculé, Tu es ressuscité le troisième jour, ô Sauveur,
donnant la Vie au monde ; aussi,
les Puissances des cieux Te crièrent : Source de Vie, ô Christ, gloire à Ta Résurrection,
gloire à Ton règne, gloire à Ton dessein bienveillant, unique Ami des hommes!
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Kondakion
du dimanche du pharisien et du publicain,
ton 4
Фариcé́eва убѣжи́мъ
высоко-глаго́ланія, и
мытарéвѣ
научи́мся
высотѣ́ глаго́лъ смирéнныxъ, покая́нieмъ
взыва́юще: Cпа́ce мípa, oчи́сти рабы́ Tвоя́.
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Fuyons la jactance du pharisien et apprenons du publicain la sublimité
d’un langage humble, criant dans le repentir : « Sauveur du monde,
purifie Tes serviteurs ».
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Ce grand défenseur de la foi orthodoxe vécut à l’époque où l’Empire byzantin, pressé de toutes parts par
l’envahisseur turc, se trouvait placé devant la douloureuse alternative :
ou bien tomber aux mains des infidèles ou se livrer à la domination des Latins,
qui n’étaient disposés à accorder leur soutien militaire qu’au prix de la
soumission de l’Orthodoxie à la papauté. Né au sein d’une famille pieuse de
Constantinople vers 1392, saint Marc reçut une brillante éducation auprès des
meilleurs maîtres de la capitale. Très tôt, il devint professeur à l’École
patriarcale, mais abandonna la carrière académique pour devenir moine dans un
monastère proche de Nicomédie. Il y entreprit une intense vie d’ascèse et de
prière ; mais, sous la menace des Turcs, il dut bientôt se replier dans un
monastère de Constantinople. Malgré son désir de rester effacé, sa science et
sa vertu lui attirèrent l’estime de l’empereur Jean VIII Paléologue
(1425-1448) qui préparait un grand concile d’union avec l’Église romaine, dans
l’espoir d’obtenir le soutien du pape et des princes européens. La délégation
grecque, composée de l’empereur, du patriarche Joseph II (1416-1439), de
vingt-cinq évêques et d’une suite d’environ sept cents personnes, s’embarqua
pour l’Italie dans un grand élan d’enthousiasme, convaincue de réaliser
rapidement l’Union désirée par tous les chrétiens. Saint Marc aussi partageait
cette espérance, sans préjugés contre les Latins, tout en étant ferme quant à
la pureté de la foi. Pour lui, comme pour la plupart des Grecs, il ne pouvait
être question d’union que par le retour de l’Église Romaine à l’Orthodoxie de
la foi. Mais dès leur arrivée à Ferrare, le pape Eugène et ses théologiens
montrèrent de tout autres dispositions. Les sujets mis à l’ordre du jour
étaient les suivants : a) le dogme de la procession du Saint-Esprit et la
question de l’addition de la formule « qui procède du Père et du Fils (Filioque) » au Symbole de Foi, b)
l’existence du Purgatoire ; c) l’usage du pain non-fermenté (azyme) pour
la Liturgie chez les Latins, et la question de la consécration des saints Dons
par les seules paroles de l’Institution (Latins) ou par l’invocation du Saint-Esprit
(épiclèse) ; d) la primauté du pape. Après une discussion sur le
Purgatoire, on passa à la question de l’addition arbitraire du Filioque dans le symbole latin. Le
métropolite d’Éphèse éleva à nouveau fermement la voix de la conscience de
l’Église : « Le Symbole de Foi
doit être conservé intact, comme à son origine. Tous les saints docteurs de
l’Église, comme tous les conciles et toutes les Écritures nous mettent en garde
contre les hétérodoxes, dois-je malgré ces autorités, suivre ceux qui nous
incitent à nous unir derrière une façade de fausse union, eux qui ont adultéré
le saint et divin Symbole et introduit le Fils comme cause seconde du
Saint-Esprit ? » Au bout de sept mois d’attente stérile, le pape
Eugène IV fit transférer le concile à Florence. Une fois installé, on
décida d’aborder enfin la question dogmatique. Saint Marc put alors exposer,
avec une claire sobriété, la doctrine de l’Écriture et des saints Pères sur la
procession du Saint-Esprit. Quand les théologiens latins prirent la parole, ils
accablèrent l’auditoire, au cours de séances interminables, par tout un
appareillage dialectique et par quantité de citations des Pères, tirées hors de
leur contexte ou faussement interprétées. Inquiets du sort de la capitale
menacée et se sentant pris au piège, les évêques se laissèrent peu à peu gagner
à la cause d’une union de compromis, pour laquelle l’empereur et le patriarche
ne cessaient de faire pression. Le débat dogmatique aboutissant, comme toutes
les autres discussions, à une impasse, ils voulaient en finir. Malgré les
pressions et les injures de ses adversaires, saint Marc restait
inflexible : « Il n’est pas
permis de faire des accommodements en matière de foi », déclarait-il.
Les dernières résistances de la conscience des Grecs ayant été vaincues sur
l’ordre de l’empereur, tous signèrent finalement le décret de la fausse union.
Saint Marc avait été le seul à refuser de signer. Lorsque le pape Eugène
l’apprit, il s’exclama : « L’évêque
d’Éphèse n’a pas signé, alors nous n’avons rien fait ! » En
arrivant à Constantinople, les artisans de la fausse union firent face à la
réprobation générale du clergé et de la population. L’assemblée des croyants rejetait
unanimement le pseudo-concile de Florence et désertait les églises des
unionistes, alors qu’elle saluait saint Marc comme un confesseur de la Foi. Le
saint partit alors en campagne contre l’Union, ou plutôt pour rétablir l’unité
de l’Église Orthodoxe, par sa prédication et ses écrits, et aussi ses prières.
Il disait : « Je suis convaincu
qu’autant je m’éloigne d’eux (les unionistes), autant je m’approche de Dieu et
de tous les saints, et autant je me sépare d’eux, d’autant plus je m’unis à la
vérité. » Quand on procéda à l’élection du nouveau patriarche,
Métrophane, Marc dut s’enfuir de Constantinople et se rendit dans son diocèse,
Éphèse. Mais il s’y heurta aux unionistes et repartit, espérant trouver refuge
au Mont Athos. Il fut arrêté en route et placé, par ordre de l’empereur, en
résidence forcée dans l’île de Lemnos. Libéré en 1442, il retourna dans son
monastère, d’où il continua la lutte jusqu’à son dernier souffle (23 juin
1444). Sur son lit de mort, le Confesseur confia le flambeau de l’Orthodoxie à
son ancien élève, Georges Scholarios qui se montra un ardent défenseur de la
foi orthodoxe et devint le premier patriarche de Constantinople après la prise
de la ville, sous le nom de Gennade († 1473).
LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Mc. XVI, 1-8 Liturgie :
I Cor. VI, 12-20; Lc XV, 11-32
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