17/30 octobre
19ème
dimanche après la Pentecôte
Saint Osée, prophète; saint André de Crète,
moine, martyr (767) ; saints Côme et Damien, anargyres, martyrs en Arabie avec
leurs frères saints Léonce, Anthime et Eutrope (vers 303) ; transfert des
reliques de saint Lazare, l'ami du Christ, de Chypre à Constantinople (898) ;
saint Joseph, catholicos de Géorgie (1770) ; saints néo-martyrs de
Russie : Néophyte еt Anatole prêtres, saints martyrs Jacinthe et Calliste,
moines, (1918), et Alexandre, archevêque de Semipalatinsk (1937).
Lectures : II Cor. XI, 31 – XII, 9. Lc. VIII, 5–15
VIE DU
Saint PROPHÈTE OSÉE[1]
L
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e saint prophète Osée, fils de
Béeri, était de la tribu d’Isachar. Il vécut sous le règne de Jéroboam, fils de
Joas, et de ses successeurs, rois du royaume schismatique d’Israël (ou de
Samarie, vers 734 av. J.-C.). Comme d’autres prophètes, Osée ne fut pas
seulement par ses paroles l’interprète des messages de Dieu à son peuple, mais
c’est par sa vie même qu’il révéla les mystères du dessein de Dieu. Le Seigneur
lui commanda en effet d’épouser une femme se livrant à la prostitution, qui lui
serait infidèle comme le peuple d’Israël était infidèle à la divine Alliance en
se livrant aux cultes idolâtres. En des accents déchirants, Osée exprime dans
sa prophétie l’amour déçu du Seigneur et les menaces des terribles châtiments
qui attendent le peuple adultère : l’invasion étrangère et l’exil.
Cependant Dieu ne châtie que pour sauver, il aime trop le peuple qu’il s’est
choisi pour donner cours à toute l’ardeur
de sa colère (Os 11, 9).
Dieu conduira à nouveau son peuple dans le désert (c’est-à-dire l’exil) comme
au temps de la sortie d’Égypte (Os 2,16),
afin de le séduire et de parler à son
cœur, et pour que, dans le repentir et les larmes, l’épouse retourne pour
toujours vers son divin Époux et jouisse éternellement de sa paix, de sa
tendresse et de son amour. Alors Dieu dira à l’Église : « Tu es mon peuple », et elle
répondra : « Mon
Dieu ! » (Os
2, 20sv). Cette réconciliation de Dieu avec son peuple ne sera vraiment
réalisée que lorsque le Christ viendra, comme l’atteste Osée, libérer les
hommes du pouvoir de la mort et lorsque l’on pourra s’écrier dans la lumière du
matin de Pâques : « La mort a
été engloutie dans la victoire. Où est-elle, ô mort, ta victoire? Où est-il, ô
mort, ton aiguillon ? »
(Os 13, 14 et 1 Cor 15, 55). Ayant accompli
la mission que Dieu lui avait confiée, Osée s’endormit en paix et fut enterré
dans la terre de ses pères. Il ressemblait, dit-on, à Joachim, le père de la
Mère de Dieu, et plus encore à Joseph, son mari selon la Loi.
Tropaire du dimanche, 2ème ton
Егда́
снизше́лъ ecи́ къ сме́рти, Животе́ безсме́ртный, тогда́ áдъ умертви́лъ ecи́
блиста́ніемъ Божества́ : eгда́ же и yме́ршыя отъ преиспо́дныxъ
воскреси́лъ ecи́, вся́ си́лы небе́сныя взыва́ху : Жизнода́вче Xpисте́
Бо́́́же на́шъ, сла́ва Teбѣ́.
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Lorsque Tu
descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par
l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures
souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « Ô
Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »
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Tropaire de saint André
de Crète, ton 4
По́стнически
предподвиза́вся на горѣ́, у́мная враго́въ ополче́нія всеору́жіемъ Креста́
погуби́лъ еси́, всеблаже́нне. Па́ки же ко страда́льчеству му́жески обле́клся
еси́, уби́въ Копрони́ма мече́мъ вѣ́ры, и обои́хъ ра́ди вѣнча́лся еси́ отъ
Бо́га, преподобному́чениче Андре́е, приснопа́мятне.
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T'exerçant dans la montagne aux combats ascétiques,
tu brisas l'assaut des ennemis spirituels avec l'armure de la Croix; de même
sur le stade tu luttas vaillamment pour abattre l'empereur copronyme grâce au
glaive de la foi; pour l'un et l'autre de ces exploits tu fus couronné par
Dieu doublement, bienheureux André, saint moine et martyr.
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Kondakion
de saint André de Crète, ton 8
Му́жества тезоимени́тому благодаре́ніе, я́ко
благоче́стія тайноглаго́льнику, похва́льная воззове́мъ отъ любве́ тебѣ́,
богоблаже́нне, но́ я́ко имѣ́я дерзнове́ніе ко Го́споду, отъ вся́кихъ лю́тыхъ
ны́ спаси́, да пое́мъ: ра́дуйся, о́тче приснопа́мятне.
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Éponyme du courage, nous t’adressons notre gratitude
et notre louange, par amour pour
toi, comme au mystagogue de la piété, ô bienheureux en Dieu, mais puisque tu
as la liberté auprès du Seigneur, délivre-nous de tout malheur, afin que nous
chantions : réjouis-toi Père d’éternelle mémoire.
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Autre kondakion
de saint André de Crète, ton 3
Пра́зднуетъ дне́сь Ца́рствующій гра́дъ
пра́здникъ пресвѣ́тлый свѣтоно́сныя Твоея́ па́мяти, вся́кій призыва́я гра́дъ
и страну́, ра́дуется бо, я́ко имѣ́я сокро́вище ве́ліе, многострада́льное
твое́ тѣ́ло, Андре́е му́чениче, Правосла́вія свѣти́льниче.
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En ce jour la cité reine fête brillamment ta mémoire
porteuse de clarté; elle invite à l'allégresse toute ville et tout pays, car
ton corps aux multiples combats, elle jubile de le posséder comme un immense
trésor, saint martyr André, luminaire de l'orthodoxie.
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Kondakion du dimanche, ton 2
Воскре́слъ ecи́ отъ гро́ба, всеси́льне Спа́се, и áдъ ви́дѣвъ чу́до, yжасе́ся, и ме́ртвiи воста́ша : тва́рь же ви́дящи сра́дуется Тебѣ́, и Ада́мъ свесели́тся, и мípъ, Спа́се мо́й, воспѣва́етъ Tя́ при́сно.
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Sauveur Tout-Puissant, Tu es
ressuscité du Tombeau : l’enfer, voyant ce prodige, est saisi de stupeur et
les morts ressuscitent. A cette vue, la création se réjouit avec Toi; Adam
partage l’allégresse, et le monde, ô mon Sauveur, ne cesse de Te louer !
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HOMÉLIE DE ST JEAN
CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR
Donc, dit l’apôtre, après avoir
entendu de telles paroles, « je prendrai plaisir à me glorifier de mes
faiblesses ». Il veut prévenir le découragement des fidèles; les
faux apôtres fondaient leur gloire sur des titres tout opposés ; les vrais
apôtres étaient en proie aux persécutions; Paul tient à montrer que ces
persécutions mêmes rehaussent sa gloire, ne servent qu'à rendre plus éclatante
la puissance de Dieu, et qu'il fait bien de se glorifier de ce qui arrive.
Voilà pourquoi il dit : « Je prendrai donc plaisir à me glorifier ». Ce n'est
pas avec chagrin que j'ai fait l'énumération que vous avez entendue, ni que je
vous ai dit : « J'ai ressenti un aiguillon », mais avec fierté, mais avec un
sentiment de ma force qui grandit. Aussi ajoute-t-il : « Afin que la puissance de
Jésus-Christ habite en moi ». Il y a ici une pensée nouvelle, qui n'est
qu'indiquée à mots couverts, c'est que, plus les épreuves devenaient
rigoureuses, plus la grâce acquérait d'intensité et de persistance : « Et ainsi
je me complais dans toutes mes faiblesses ». Quelles faiblesses, dites-moi? «
Dans les outrages, dans les persécutions, dans les nécessités, dans les
angoisses ». Voyez-vous comme ici l'explication est des plus claires? Dans ces
diverses espèces de faiblesses, il ne parle ni de fièvres, ni d'autre mal
périodique de ce genre, ni de toute autre maladie du corps, mais d'outrages, de
persécutions, d'angoisses. Comprenez-vous ce qu'il montre de sagesse ? Il
désirait d'être affranchi de ses tribulations; mais du moment que Dieu lui a
dit que cette délivrance ne doit pas avoir lieu, non-seulement il ne se
décourage pas en n'obtenant pas l'effet de sa prière, mais il se réjouit. De
là, cette parole : « Je me complais », c'est-à-dire, je me réjouis d'être, je
désire d'être outragé, persécuté, dans les angoisses, pour Jésus-Christ. Et ex
tenant ce langage, il rabaissait les orgueilleux, et il relevait les courages,
il empêchait les fidèles de rougir à la pensée de ses souffrances. Ces choses
suffisent pour nous rendre les plus illustres de tous les hommes. Il ajoute
ensuite une autre explication encore de sa joie : « Car lorsque je suis faible,
c'est alors que je suis puissant ». Qu'avez-vous à vous étonner que la
puissance de Dieu se révèle alors ? C'est alors que je suis puissant, moi aussi
; c'est alors surtout que la grâce vient en moi. À mesure que ses souffrances abondent, pour nous abonde la
consolation. Où est l'affliction, là se rencontre la consolation ; où est la
consolation, là est la grâce. C'est quand il était en prison, qu'il faisait ces
œuvres admirables ; c'est quand il essuyait
des naufrages, quand il était transporté sur une terre barbare, c'est alors
surtout que sa gloire éclatait. Quand il entrait, chargé de fers, au tribunal,
c'est alors qu'il triomphait du juge même. L'Ancien Testament nous montre des
faits du même genre; les épreuves montraient dans sa fleur la vertu des justes;
ainsi les trois jeunes hommes, ainsi Daniel, et Moïse, et Joseph, ainsi tous
ont vu briller leur gloire, ont mérité d'insignes couronnes. Ce qui purifie l’âme,
c'est l'affliction qui lui vient de Dieu ; c'est alors qu'elle en reçoit plus
d'assistance ; comme elle a besoin de plus de secours, elle obtient plus de
grâces. Même avant de jouir de la récompense que Dieu lui tient en réserve,
elle recueille déjà de grands biens pour fruit de sa sagesse. Car l'affliction
déracine l'orgueil, fait disparaître la lâcheté de l'indolence, elle répand sur
vous l'huile de la patience; elle met à découvert la bassesse, des choses
humaines, c'est une grande leçon de sagesse, Toutes les passions lui cèdent, la
jalousie, l'envie, les désirs déréglés, le faste de la puissance, la cupidité,
la luxure, la vanité, l'orgueil, la colère, toute la cohorte des maladies dé ce
genre. Voulez-vous considérer dans la réalité de la vie, les hommes en
particulier, les peuples dans leur ensemble, je pourrai vous les montrer dans
l'affliction, vous les montrer au sein du repos, et vous faire comprendre tout
le profit de l'une, toute la lâcheté qui provient de l'autre.
Quand les Hébreux étaient dans le
malheur, quand on les poursuivait, ils gémissaient alors, ils invoquaient Dieu,
ils obtenaient d'en-haut un puissant secours; au contraire, quand ils s'engraissaient de leur
prospérité, ils regimbaient. Les Ninivites, de leur côté, ne profitèrent de
leur félicité que, pour irriter Dieu, qui dut menacer de détruire leur ville
jusque dans ses fondements; une fois humiliés par la prédication de Jonas, ils
montrèrent une parfaite sagesse. Voulez-vous considérer un homme en
particulier, voyez Salomon. Quand il était dans les inquiétudes et dans le
trouble que lui inspirait le gouvernement de son peuple, il mérita d'avoir une
sublime vision; mais, dès qu'il se fut livré aux délices, il plongea jusqu'au
fond dans l'abîme de la corruption. Et son père? Quand mérita-t-il l'admiration
et la gloire? N'est-ce pas quand il fut dans l'adversité? Absalon, maintenant,
ne pratiqua-t-il pas la sagesse, tant qu'il mena la vie d'un fugitif; mais, à
son retour, ne se montra-t-il pas un tyran et un parricide? Et Job? Sa vertu
brilla au sein de la tranquillité, mais elle partit plus brillante encore après
son affliction.
Mais à quoi bon ces vieilles
histoires des temps anciens? Il suffit de considérer ce qui se passe
aujourd'hui chez nous, pour comprendre tout le profit de l'affliction.
Aujourd'hui, nous jouissons de la paix, et nous sommes tombés, nous
languissons, nous avons rempli l'Église de mille maux; quand nous étions
tourmentés, nous avions plus de sagesse, plus de dignité, plus de zèle, plus
d'ardeur, pour rechercher les pieuses réunions, pour entendre la parole. Ce que
le feu est pour l'or, l'affliction l'est pour l'âme; elle en fait disparaître
les souillures, elle lui rend sa pureté, elle rehausse l'éclat de sa gloire.
L'affliction mène au royaume du ciel; la prospérité tranquille, à la géhenne.
C'est ce qui fait que l'une est la voie étroite ; l'autre, la voie large. De
là, ce que disait le Christ lui-même : « Dans le monde, vous aurez l'affliction
» (Jean, XVI, 33), nous annonçant par là un grand bien. C'est pourquoi, si vous
êtes un disciple, cheminez par la voie étroite de l'affliction; ne vous
attristez pas, ne vous laissez point abattre. Si vous ne consentez pas à cette
affliction, il vous en faudra subir une autre dont vous ne retirerez aucun
profit. L'envie, l'amour des richesses, le feu de la fornication, la vaine
gloire, toutes les autres passions perverses, tourmentent et affligent l'âme;
non moins que la douleur et les larmes. Si vous ne voyez ni les larmes ni les
chagrins du méchant, c'est la honte qui le retient, ou l'engourdissement de son
mal ; pénétrez dans son âme, vous y verrez régner la tempête. Donc, puisque
quelle que soit la voie que l'on suive, l'affliction est inévitable, pourquoi
ne pas, embrasser de préférence le genre de vie où l'affliction mérite
d'innombrables couronnes ? Aussi, c'est par la voie étroite des afflictions que
Dieu a conduit ses saints. Il procurait ainsi leur bien, et en même temps celui
des autres, de peur qu'ils ne conçussent d'eux une idée trop haute.
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