29 août / 11 septembre
Décollation de St Jean Baptiste
Jour
de jeûne
Lectures : Actes XIII, 25-32 ; Mc. VI, 14-30
HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR LA
DÉCOLLATION DE ST JEAN BAPTISTE
J
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e vous prie de considérer avec plus d’attention
quelle est la demande de cette fille. «Donnez-moi, » dit-elle, « dans ce plat
la tête de « Jean-Baptiste. » Voyez-vous l’effronterie? Entendez-vous l’organe
du diable? Elle sait bien quel est celui dont elle demande la tête, puisqu’elle
l’appelle « Jean-Baptiste, » et elle la demande néanmoins. Elle veut qu’on lui
apporte dans un plat cette tête sacrée et bienheureuse, et elle en parle comme
s’il ne s’agissait que d’un mets qu’on servirait sur une table. Elle ne donne
aucune raison de cette demande barbare, parce qu’elle n’en a point. Elle met seulement
sa gloire à se faire donner une satisfaction si cruelle et si malheureuse.
Elle ne demande point qu’on fasse venir saint Jean
et qu’on le tue devant tout le monde. Elle appréhendait trop sa force et sa
liberté. La moindre de ses paroles l’aurait fait trembler, et la vue du glaive
qui allait lui trancher la tête n’eût point empêché ce courageux prophète de
parler. C’est pourquoi elle dit: « Donnez-moi ici dans ce plat la tête de
Jean-Baptiste. » Elle veut voir sa tête, mais lorsque sa bouche sera muette.
Elle la veut voir toute sanglante, non seulement pour s’assurer qu’elle ne lui
fera plus de reproches, mais encore pour satisfaire sa vengeance en
l’insultant.
Dieu voit cela, mes frères, et Il l’accepte. Il ne
lance point ses foudres sur cette malheureuse. Il ne réduit point en cendres ce
front insolent et cette langue homicide. Il ne commande point à la terre de
s’ouvrir pour abîmer ce prince et tous ses conviés avec lui. Il retient Sa
justice en cette rencontre pour préparer à son serviteur une couronne plus
illustre, et pour laisser à tous ceux qui le suivraient une plus grande
consolation dans leurs maux.
Écoutons ceci, nous que la pratique de la vertu
expose aux mauvais traitements des méchants. Un homme si admirable, un saint
qui avait passé sa vie dans un désert, sous un habit si austère, sous un
cilice; un prophète et le plus grand des prophètes, à qui le Fils de Dieu avait
rendu ce témoignage qu’entre tous ceux qui étaient nés des femmes, il n’y en
avait point de plus grand que lui : ce saint, dis-je, est sacrifié à la rage
d’une femme impudique; sa tête est le prix de la danse d’une fille effrontée,
et il est abandonné à ces furieuses, parce qu’il a soutenu avec vigueur la loi
de Dieu.
Pensons à ce grand exemple, et souffrons
généreusement tout ce qui nous pourra arriver. Cette malheureuse femme était
altérée du sang de l’innocent, et elle a le plaisir de le répandre. Elle
voulait se venger de l’injure qu’elle croyait que saint Jean lui avait faite,
et Dieu permet qu’elle se satisfasse comme elle l’avait désiré, et qu’elle se
rassasie de sa vengeance.
Qu’avait-elle à reprocher à ce saint homme? Il ne
lui avait jamais fait la moindre réprimande, et il s’était toujours adressé à
Hérode. Mais sa conscience criminelle lui fait sentir l’aiguillon du remords.
C’est le bourreau qui la tourmente et qui la déchire. Ce qu’elle endure au
dedans la rend comme furieuse au dehors. Elle remplit sa maison de confusion et
d’infamie. Elle déshonore tout ensemble en elle-même sa fille et son mari mort,
et découvre son adultère vivant; elle veut surpasser ses premiers excès par
d’autres encore plus horribles. Il semble qu’elle dise à saint Jean: si vous ne
pouvez souffrir de voir Hérode adultère, je le rendrai même homicide; et pour
faire cesser vos reproches, je le forcerai à vous ôter la vie.
Je vous appelle ici, vous tous qui donnez aux
femmes un si grand pouvoir sur votre esprit. Vous qui faites des serments
indiscrets sur des choses douteuses et incertaines, et qui creusez ainsi la
fosse où vous devez être précipités, en rendant les autres les maîtres de votre
perte. Car n’est-ce pas ainsi que périt Hérode? Il crut que dans une fête et
dans un jour de joie, cette fille lui demanderait quelque chose qui fût
proportionné à elle, au lieu où elle était, et au temps de cette réjouissance
publique; bien loin de s’imaginer qu’elle dût demander une tête. Et cependant
il fut trompé malheureusement, et sa surprise ne l’excuse point.
Car si cette fille instruite par sa mère osa lui
faire une demande plus digne d’une tigresse que d’une femme, c’était à lui à
s’opposer à cette furieuse, et non pas à se rendre le ministre d’une cruauté si
odieuse et si inouïe.
Qui n’aurait été frappé d’horreur de voir au milieu
d’un festin paraître dans un plat cette tête sacrée toute dégoutante de son
sang? Hérode néanmoins n’en est point touché, et encore moins cette femme
barbare. C’est là l’esprit de ces malheureuses prostituées. Elles perdent la
compassion avec l’honneur, et elles sont aussi hardies et aussi inhumaines
qu’impudiques. Car si le seul récit d’un événement si barbare nous fait frémir
d’horreur, combien en devait faire l’action même? Quel devait être le sentiment
de ces convives voyant au milieu du festin une tête qui venait d’être coupée,
et qui nageait dans son propre sang? Cependant cette femme, plus cruelle que
les furies, ne trouve que du plaisir dans ce spectacle. Elle triomphe de joie
d’être enfin venue à bout de tous ses désirs; au moins aurait-elle dû se
contenter de voir une fois cette tête coupée; mais non, il faut qu’elle se
repaisse de cette vue, qu’elle s’enivre en quelque sorte de ce sang d’un
prophète, dont elle avait été si altérée.
Voilà ce que produit cette infâme passion. Après
avoir fait des impudiques, elle fait encore des meurtriers. C’est pourquoi je
ne doute point qu’une femme qui a l’adultère dans le cœur, ne soit prête à ôter
la vie à son mari aussi bien que l’honneur, et qu’elle ne soit assez hardie
pour commettre, je ne dis pas seulement un ou deux, mais mille homicides. Et on
ne voit que trop d’exemples de ce que je dis. C’est par cet esprit de sang et
de meurtre que se conduisit alors cette femme, croyant qu’après qu’elle aurait
fait mourir saint Jean, son crime serait enseveli avec lui. Mais il arriva tout
le contraire, parce qu’après sa mort même, le prophète parla plus haut que
jamais. Les méchants se conduisent dans leurs desseins comme les malades, qui
mourant de soif ne pensent qu’à boire pour se rafraîchir, sans considérer
qu’ils se trouveront ensuite beaucoup plus mal. Si cette femme n’eût point fait
mourir saint Jean, pour l’empêcher de lui reprocher son impudicité, on aurait
beaucoup moins parlé contre elle. Car lorsque saint Jean fut mis en prison, ses
disciples d’abord demeurèrent dans le silence. Mais lorsqu’ils le virent tué si
cruellement, ils furent contraints enfin de dire qu’elle avait été la cause de
sa mort. Ils voulaient d’abord épargner la réputation de cette femme adultère,
en ne publiant point ce qui aurait pu la déshonorer. Mais ils furent forcés
enfin de découvrir toute cette intrigue, de peur qu’on ne crût que leur maître
eût été un séditieux comme Theudas et Judas, et qu’il eût été exécuté comme
eux, pour avoir fait quelque entreprise contre l’État.
On voit par là, que plus on s’efforce de cacher son
péché plus on le publie; et que le moyen de couvrir un crime n’est pas d’y en
ajouter un autre, mais de l’expier par une sincère pénitence.
Tropaire de St. Jean
Baptiste, ton 2
Па́мять правéднаго cъ похвала́ми, тебѣ́ же довлѣ́етъ свидѣ́тельство Госпо́дне, Предтéче ; показа́лъ бо cя ecи́ вои́cтинну и проро́ковъ честнѣ́йшiи, я́ко и въ cтpyя́хъ крести́ти cподоби́лся ecи́ проповѣ́даннаго ; тѣ́мже за и́стину пострада́въ páдуяся, благовѣсти́лъ ecи́ и cу́щымъ во а́дѣ Бо́га я́вльшагося пло́тію, взéмлющаго гpѣ́хъ мípa, и подаю́щаго на́мъ ве́лію ми́лость.
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Le souvenir du juste s’accompagne d’éloges.
Mais à toi, Précurseur, le témoignage du Seigneur suffit. Tu as été vraiment
le plus grand des prophètes, car tu fus jugé digne de baptiser dans les eaux
Celui qu’ils avaient seulement annoncé. Aussi as-tu combattu courageusement
pour la Vérité, heureux d’annoncer, même aux captifs des enfers, l’apparition
du Dieu fait chair, qui ôte le péché du monde et nous fait Grande Miséricorde.
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Kondakion
de la décollation de St. Jean Baptiste, ton 5
Предтéчево сла́вное ycѣкновéнie, cмотрéнie бы́сть нѣ́кое божéственное, да и су́щымъ во а́дѣ Спа́сово проповѣ́сть пришéствіе: да pыда́етъ у́бо Иродía беззако́нное yбíйство испроси́вши: не зако́нъ бо Бо́жiй, ни живы́й вѣ́къ возлюби́, но притво́р-ный, приврéменный.
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HISTOIRE DU
TRANSFERT DU CHEF DE ST JEAN BAPTISTE A AMIENS
Il semble
possible d'admettre que le chef de St Jean Baptiste ait été caché dans
Jérusalem dans l'un des palais que le roi Hérode y possédait et que des moines
le découvrirent au IVème siècle dans les ruines de ce palais. Après diverses
tribulations, il se trouva vers 850 à Constantinople où il fut découvert par
des Picards qui avaient pris part à la IVème croisade. Ce fut le 12 avril 1204,
que les Croisés s'emparèrent de la ville et en commencèrent le pillage. Cette
ville renfermait des trésors considérables et notamment des reliquaires
somptueux contenant des reliques de saints. Et c'est ainsi qu'un jour, un
chanoine de Picquigny, Wallon de Sarton, découvrit dans les ruines d'un palais
un étui renfermant un plat d'argent sur lequel reposaient, protégés par une
enveloppe de cristal bombée, les os d'une face humaine, à l’exception du
maxillaire inférieur, avec au-dessus de l'orbite gauche, un petit trou rond,
pouvant avoir été creusé par un coup de poignard. Les lettres grecques gravées
sur le plateau d'argent permirent à Wallon de Sarton de penser qu'il était en
présence de la tête de St Jean-Baptiste, en notant que le trou dans le frontal
confirmait l’écrit de St Jérôme selon lequel, dans un geste de colère,
Hérodiade aurait frappé d'un stylet la tête tranchée de Jean-Baptiste. Au
demeurant, Antoine, pèlerin russe
à Constantinople en 1200, témoigne que le monastère Stoudite abritait le chef
de St Jean-Baptiste. Wallon de Sarton décida de rapporter en Picardie la sainte
relique. Pour subvenir aux frais de son retour, il vendit le grand plat
d'argent qui servait de support au reliquaire. Et dans l'après-midi du 17
décembre 1206, troisième dimanche de l'Avent, l'évêque d'Amiens Richard de
Gerberoy s'en alla prendre possession de la relique insigne qui s'en venait par
la route de Noyon. La dévotion au Chef de St Jean-Baptiste d'Amiens prit alors
naissance, dévotion qui exerça une influence considérable sur les destins de la
ville d'Amiens et de la Picardie.
En 1220, fut
posée la première pierre de la cathédrale d’Amiens, afin d’y renfermer le chef
du saint Précurseur, qui y est vénéré jusqu’à nos jours.
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