"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 27 avril 2014

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


14/27 avril
  Dimanche de l’apôtre Thomas « Antipâques »

St Martin le confesseur, pape de Rome (655) ; Sts martyrs Antoine, Jean et Eustathe de Lituanie (1347) ; St martyr Ardalion (305-311) ; 1000 Sts martyrs de Perse et Azat l’eunuque (vers 341) ; St Alexandre Orlov, prêtre et confesseur (1941).

Lectures : Actes V, 12 - 20 / Jn. XX, 19-31

AU SUJET DU DIMANCHE DE THOMAS

N
ous commémorons ce dimanche l’apparition du Seigneur aux apôtres, après Sa Résurrection, et le toucher de Ses plaies par l’apôtre Thomas. L’apparition du Seigneur ressuscité à l’apôtre Thomas et aux onze autres disciples est fixée le premier jour suivant la semaine pascale, parce que les circonstances de cette apparition constituent une preuve incontestable de la Résurrection du tombeau, « comme de la chambre nuptiale, avec Sa chair immaculée ». Le huitième jour après Pâques, comme achèvement des solennités de la Semaine Lumineuse, constituait depuis les temps anciens une solennité particulière. Le dimanche de Thomas est également appelé « antipâques », ce qui signifie « au lieu de Pâques », parce que l’Église a transféré à ce dimanche une partie de l’antique office pascal, qui fut remplacé par celui de St Jean Damascène que nous célébrons de nos jours. Depuis ce jour commence le cycle des dimanches et des semaines de toute l’année. Selon l’usage de l’Église Russe, on commémore les défunts le mardi suivant le dimanche de Thomas. La raison en est que le typicon autorise de nouveau, la commémoraison des défunts à partir du lundi de Thomas. C’est ainsi que les croyants se rendent sur la tombe de leurs proches pour annoncer la joyeuse nouvelle de la Résurrection du Christ. De là vient l’appellation de ce jour « radonitsa » en russe (radost’ = la joie). La commémoraison des défunts après Pâques remonte aux temps les plus anciens. St Ambroise de Milan, dans l’une de ses homélies dit : « Il est digne et juste, après les solennités pascales que nous avons célébrées, de partager notre joie avec les saints martyrs, et de leur annoncer la joie de la Résurrection du Christ, à eux en tant que participants aux souffrances du Seigneur ». Ces paroles de St Ambroise, bien que se rapportant aux martyrs, peuvent confirmer notre usage de commémorer les défunts après Pâques, eu égard au fait que, dans les temps anciens, on enterrait les défunts parmi les martyrs.
Tropaire, ton 5
Хpистócъ вocкpéce изъ ме́ртвыхъ, cме́ртію cме́рть попра́въ и су́щымъ во гробѣ́xъ живо́тъ дарова́въ.

Le Christ est ressuscité des morts, par Sa mort Il a vaincu la mort, et à ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la vie.

Tropaire du dimanche de Thomas, ton 7
Запеча́тану гбу, живо́тъ отъ гбa возсія́лъ ecи́ Xpисте́ Бо́же, и двépeмъ заключе́ннымъ, ученико́мъ предста́лъ ecи́, вcѣ́xъ вocкpecéнie : ду́хъ пра́вый тѣ́ми обновля́я на́мъ, по вели́цѣй Твое́й ми́лости.
Le sépulcre étant scellé, Toi qui es la Vie, ô Christ Dieu, Tu t’es levé du tombeau, et les portes étant fermées, Toi, la Résurrection de tous, Tu t’es présenté devant Tes disciples, par eux renouvelant en nous un esprit droit, dans Ta grande miséricorde.
Kondakion du dimanche de Thomas, ton 8
Любопы́тною десни́цею, жиз-нопода́тельная Tвоя́ péбра Фомá испыта́, Xpисте́ Бо́же : coзаключе́ннымъ бо двépeмъ я́ко вше́лъ ecи́, съ про́чими апо́столы вопiя́ше Тебѣ́ : Го́сподь еси́ и Бо́гъ мо́й.
Voulant s’assurer de Ta Résurrection, Thomas scruta de sa droite curieuse Ton côté vivifiant, ô Christ Dieu ; aussi, lorsque Tu entras, les portes étant fermées, il Te clama avec les autres apôtres : Tu es mon Seigneur et mon Dieu.

Au lieu de « il est digne en vérité » ton 1:
А́нгелъ вопiя́ше Благода́тнѣй: Чи́стая Дѣ́во, ра́дуйся, и па́ки реку́: Ра́дуйся! Тво́й Сы́нъ воскре́се тридне́венъ отъ гро́ба и ме́ртвыя воздви́гнувый: лю́дiе веселит́еся. Свѣти́ся, свѣти́ся Но́вый Iерусали́ме, сла́ва бо Госпо́дня на Тебѣ́ возсiя́. Лику́й ны́нѣ и весели́ся, Сiо́не. Ты́ же, Чи́стая, красу́йся, Богоро́дице, о воста́нiи Рождества́ Твоего́.
L’Ange dit à la Pleine de grâce : Vierge pure, réjouis-toi, et je te dis à nouveau : réjouis-toi ! Car ton Fils est ressuscité du tombeau le troisième jour et a relevé les morts, peuples réjouissez-vous. Resplendis, resplendis, Nouvelle Jérusalem, car la gloire du Seigneur a brillé sur toi. Danse et crie de joie, Sion, et toi, Pure Mère de Dieu, réjouis-toi de la Résurrection de Ton Fils.



VIE DES Sts martyrs Antoine, Jean et Eustathe de Lituanie[1]
Ces trois saints étaient serviteurs à la cour du prince Olgerd (Algirdas) de Lituanie. Malgré les progrès du christianisme dans cette principauté, ils étaient païens et adorateurs du feu. Mais lorsque, grâce à l’influence du prêtre Nestor, confesseur de la princesse Maria Yaroslavna, ils parvinrent à la connaissance de la Vérité et reçurent en secret le saint baptême, ils abandonnèrent tout usage païen, refusèrent de se couper les cheveux et de se raser la barbe, selon la coutume lituanienne, et de manger de la viande les jours de jeûne. Les prêtres païens en informèrent le prince qui leur demanda des explications sur leur conduite. S’étant déclarés chrétiens, ils furent jetés en prison. Au bout d’une année d’incarcération, Jean décida, par pusillanimité, de se soumettre aux conditions du prince : acceptant de se raser la barbe et de manger de la viande en Carême, tout en gardant sa foi chrétienne en privé. Ses compagnons profitèrent de cette grâce et furent aussi libérés. Mais son frère Antoine, n’ayant rien abandonné de sa ferveur, continua d’observer les jeûnes de l’Église. Il fut de nouveau jeté en prison et entraîna Jean au repentir. Celui-ci confessa alors le Christ et rejoignit son frère en prison, où le prêtre Nestor vint leur donner la sainte Communion. Après une année d’emprisonnement, ils furent condamnés à la pendaison, le 14 janvier et le 24 avril 1347.
Un peu après, Eustathe, leur parent, qui avait été aussi converti par Nestor et qui, jouissant de la faveur du prince, avait reçu de lui pouvoir et autorité à la cour, confessa aussi ouvertement sa foi devant Olgerd, en refusant de manger de la viande pendant le carême de la Nativité. Le prince entra alors dans une violente colère et ordonna de le soumettre sur-le-champ à la torture. Il fut ensuite pendu au même chêne que ses compagnons, le 13 décembre 1347.
Les chrétiens vinrent de nuit enterrer les corps de ces glorieux martyrs dans l’église de saint Nicolas de Vilna (auj. Vilnius). Deux ans plus tard, on abattit le chêne qui avait servi à leur exécution et l’on bâtit à cet endroit une église à la gloire de la Sainte-Trinité, dont l’autel était constitué par le tronc du chêne, et dans laquelle furent déposées les reliques des trois saints martyrs. En 1374, le patriarche de Constantinople, saint Philothée, fit transférer une partie de leurs reliques de Vilna à Constantinople, par l’entremise de son disciple, saint Cyprien, futur métropolite de Kiev. Elles y accomplirent de nombreux miracles, et le patriarche procéda à la reconnaissance officielle de leur culte qui s’étendit à toute l’Église russe au xvie siècle. Au cours de la Première Guerre Mondiale, les saintes reliques furent transférées à Moscou et c’est en 1946 qu’elles reprirent leur place à Vilnius, dans le monastère du Saint-Esprit.

Hiéromoine Grégoire de la Sainte Montagne

COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE
DE ST JEAN CHRYSOSTOME

L’une des raisons pour lesquelles le Seigneur a institué la divine Eucharistie est que nous vivions Sa mémoire, parce que cela nous mène à l’action de grâce : «Le Christ a dit Faites ceci en mémoire de moi [Luc XXII, 19], nous révélant la cause en vertu de laquelle Il nous a transmis le mystère; et, entre autres choses, nous montrant que rien que cette cause suffisait pour mouvoir à la piété ; car la pensée de ce que ton Maître a souffert pour toi, te rendra plus philosophe », c’est-à-dire plus spirituel (St Jean Chrysostome). C’est du souvenir des bienfaits que jaillit l’Eucharistie et c’est l’Eucharistie qui nous rend plus philosophes. Elle nous rend encore plus amis du Christ, qui est la Sagesse de Dieu (I Cor. I, 24).

Le Christ, par les lèvres de saint Jean Chrysostome, explique le sens de cette mémoire : « De même que vous célébriez la Pâque judaïque pour vous rappeler  les merveilles qui eurent lieu en Égypte; célébrez de même celle-ci [Ma Pâque] pour vous souvenir de moi». « Comme Moïse avait dit : « Ceci vous servira d’une mémoire éternelle » [cf. Exode XII, 14]; de même Jésus-Christ dit à ses disciples : « Faites ceci en mémoire de moi, jusqu’à ce que je vienne [cf 1 Cor. XI, 26] ».

Étant donné que nous vivons l’attente du Christ, la divine Liturgie, le Mystère de Sa mémoire, est l’avant-goût du Royaume à venir.

La mémoire du Royaume du Christ

Le Christ a dit lors de la Cène mystique : Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père (Matth. XXI,29). En conséquence, la divine Liturgie, qui est l’avant-goût de la Cène du Royaume, unit la dernière Cène au Royaume de Dieu. Dans l’espace de temps compris entre la Cène Mystique et le Royaume à venir, la divine Liturgie est célébrée, la mémoire vivifiante de la Cène, de tout ce qui a été fait pour nous, et du Royaume lui-même.

Dans la divine Liturgie, nous vivons les choses à venir comme étant déjà présentes. Nous nous souvenons de façon sacramentelle de tout ce qui a eu lieu et tout ce qui n’a pas encore été accompli, et nous qualifions tout cela par les mots « ce qui a été fait » : Faisant mémoire (…) de tout ce qui a été fait pour nous, de la Croix, du tombeau, de la résurrection au troisième jour, de l’ascension aux cieux, de la session à la droite, du deuxième et glorieux avènement, nous offrons le Sacrifice eucharistique.

Par la divine Liturgie, nous pénétrons dans un autre temps qui n’est pas mesuré par les divisions : du passé, du présent et de l’avenir. Le futur (c’est-à-dire le Royaume à venir), jette de la lumière sur le passé, et est offert à nous comme un présent lumineux. Ainsi, dans la divine Liturgie, les choses premières et dernières, le commencement et la fin, l’Alpha et l’Omega sont présents simultanément. Cette vie à venir, a été comme déversée dans la présente et mêlée à elle ». Nous attendons la résurrection des morts et nous vivons déjà au ciel : « Ce Mystère transforme la terre en ciel (St Nicolas Cabasilas).



LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Marc XVI, 9-20
Liturgie : Actes VI, 1-7 ; Marc XV, 43 – XVI, 8



[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras

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