Père Ioasaph [Tandibilang] entendant une confession
En Russie, il [Père Ioasaph] étudia au Séminaire de Belgorod, et là, il y fut également ordonné. Il se rappelle que lorsque, après son ordination, on l'envoya entendre les confessions, il demanda, "Mais comment vais-je être en mesure de le faire, voyant que je comprends toujours mal et que je parle mal le russe?" L'un des prêtres plaisanta, "Ne t'inquiètes pas! Quoi qu'ils te disent, lève seulement les yeux au ciel et dis: Oï, oï, oï!*"
Père Ioasaph prit cela au sérieux et se dirigea vers le lutrin. Cette babouchka commença à se confesser à lui et lui dit quelque chose. Père Ioasaph leva les yeux au ciel et dit, "Oï, oï, oï!" La Babouchka le regarda et dit: "Que veux-tu dire par Oï, oï, oï!?
Mais plus tard, j'ai entendu cela du métropolite Jean de Belgorod-lorsque les paroissiens ont découvert que le Père Ioasaph ne comprenait pas très bien le russe, il est devenu le confesseur le plus populaire de la paroisse. Ils se tenaient pour lui en files d'attente plus longues que pour tout autre prêtre-lignes constituées par ceux qui avaient cédé à la fausse honte de vraiment confesser leurs péchés, ou à des pensées boiteuses comme "le prêtre racontera ma confession à d'autres personnes" ou "Père X… sera déçu avec moi. "Il est dommage que tout le monde ne se rende pas compte qu'une confession ouverte malgré cette honte et ces pensées- rend la confession sincère et donne un sentiment de libération du péché. En Indonésie certains Russes ne vont pas à dessein vers Père Ioasaph pour la confession, car il comprend maintenant très bien le russe, mais ils vont vers d'autres prêtres indonésiens, se confessant à eux en russe, de sorte que sans comprendre ce qu'ils ont entendu, ils leur lisent simplement la prière d'absolution. Une telle confession trompeuse est une confession sans confession, afin, soi-disant de dévoiler ses péchés au prêtre, soi-disant, mais en faisant ainsi, ces péchés n'en demeurent pas moins comme s'ils n'avaient pas été confessés.
Quand j'étais à Djakarta, je vis des Russes faire pression sur Père Ioasaph, en disant que la terre sur laquelle était sise l'église, qui avait été donnée par l'émigré déjà mentionné, ne convenait pas, car elle était située incroyablement loin, et il leur faudrait trop de temps pour y arriver. Au lieu de cela, ils proposèrent qu'il vende cette terre et avec l'aide de quelques machinations, qu'il essaie d'obtenir l'utilisation d'une parcelle de terrain au centre de la ville. Ceci était totalement infaisable. Père Ioasaph et moi sommes allés regarder le terrain, et j'ai noté à dessein combien de temps il avait fallu pour y arriver. Alors j'ai dit aux Russes, "j'ai vérifié, et il faut une heure pour y arriver."
Ils ont répondu: " Vous voyez, vous devez être sur la route une heure entière!"
Je me suis alors demandé: "En fait fait, personnellement, cela me prend aussi une heure lorsque je me rends à mon église à Moscou, afin de célébrer des offices. Et ainsi doivent faire beaucoup de Moscovites. Pourquoi, vous qui vivez en Indonésie, pays non-orthodoxe, pensez-vous que l'église devrait être plus proche de vous que pour les personnes qui vivent dans la capitale de la Russie? "Je pense que le Père Ioasaph a bien fait après tout, parce qu'il a construit l'église sur la terre qu'il possédait, plutôt que de se lancer dans une aventure risquée.
Si nous revenons maintenant à la question de l'Orthodoxie indonésienne, une triste circonstance doit être notée, à savoir la division en juridictions, intensifiée depuis l'extérieur.
Les missions de l'Église de Constantinople et de l'Eglise russe à l'étranger (ERHF) fonctionnent dans ce pays, et il y a aussi des paroisses du Patriarcat de Moscou. Et bien que tous les membres du clergé et les laïcs soient des orthodoxes indonésiens, ils ne s'associent pas les uns avec avec les autres, pour une grande partie en raison de la position hostile des hiérarques de l'Eglise de Constantinople, qui se considèrent eux-mêmes comme "canoniques", et stigmatisent tous les autres comme schismatiques, et interdisent à leurs fidèles de s'associer avec eux. Tout cela, bien sûr, est fou, et c'est un péché grave, en raison duquel ses obstacles se font jour dès les premières pas de l'Orthodoxie en Indonésie. Et qui plus est, cela ne vient pas des incroyants, mais des "Patrons" orthodoxes au-delà des mers.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
*Note: Oï, oï, oï! est une exclamation russe [mais que l'on trouve en yiddish venant en partie de l'allemand ( אױ װײ) sous la forme oï weh- ô/Aïe, malheur! et dans la Bible hébraïque in Proverbes, 23:29: Pour qui les ah? pour qui les hélas?] qui n'a pas vraiment d'équivalent en français. Elle peut exprimer une manifestation de sympathie: "Oh, mon Dieu!" "Oh, c'est terrible" "Oh, je suis véritablement désolé d'entendre ça!" Cette expression peut aussi reconnaître que ce qui vient d'être mentionné, constitue un problème grave: "Oh! Que faire dans cette situation ?" Cela peut aussi reprocher à quelqu'un un acte mauvais ou pécheur :" Qu'as-tu fait là?! Tu n'aurais pas dû!"
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