Le Métropolite Benjamin futarrêté le 29 mai 1922 et, le 10 juin, commença son audience judiciaire, qui impliquait également 86 autres personnes. Quelle était la base officielle de l'arrestation ?
Rappelez-vous le contexte de ces événements : après la fin de la guerre civile, lorsque la famine frappa la Russie - dans certaines provinces à une échelle menaçante - le Comité central bolchevique décida d'utiliser ces conditions comme un moyen de porter un coup à l'Église orthodoxe. Cela commença avec la directive de Lénine, estampillée « TOP SECRET » et envoyée le 19 mars 1922 par Molotov aux membres du Politburo. Elle parlait du développement d'une situation unique qui servit de "justification" devant la société non seulement la confiscation des trésors de l'Eglise, mais aussi l'élimination physique du plus grand nombre possible de membres du clergé : "Plus il y a de représentants du clergé réactionnaire et de la bourgeoisie réactionnaire que nous sommes en mesure d'exécuter pour ce motif, mieux ce sera... En ce moment, c'est le moment pour nous d'enseigner une leçon aux gens de manière à ce que pendant des décennies, ils n'osent même pas penser à une quelconque opposition. ... »
Par la suite, une campagne planifiée de persécution contre l'Église fut déployée comme un « assaut prolétarien contre les objets de valeur de l'Église ».
La « confiscation des objets de valeur » commença à Petrograd en mars 1922. Le Métropolite Benjamin prit la seule position possible. Donnant un exemple d'amour chrétien, tout en témoignant de l'esprit de paix de l'Église, il bénit le transfert - pour le soulagement des nécessiteux - de ces objets de valeur qui n'étaient pas utilisés dans les offices de l'Église. Ainsi, Vladyka agit conformément à la décision du Patriarche Tikhon d'éviter le sacrilège en gardant ces objets de valeur, mais en remettent aux autorités leur équivalent en espèces. Ni la décision de Vladyka Benjamin ni ses paroles, « Nous donnerons tout nous-mêmes », n'étaient en aucune façon des signes de faiblesse. Elles démontrèrent plutôt son exercice de responsabilité pastorale.
Cependant, le tchéka de Petrograd ne daigna pas entendre la voix du Métropolite Benjamin et annonça que les objets de valeur seraient officiellement confisqués. Pour eux, leur action était d'abord et avant tout d'importance politique : conformément aux directives du Comité central, il était important de « neutraliser » l'autorité de Vladyka parmi les fidèles.
Les bolcheviks avaient des raisons de craindre l'influence personnelle du Métropolite Benjamin. Il était bien connu de centaines de milliers de personnes à Petrograd et au-delà de ses frontières, en tant qu'individu très modeste et frugal, quelqu'un qui n'était pas enclin à l'avarice.
Né dans la famille d'un prêtre de village à Andreevo, dans le district de Kargopol, Vasily Kazansky (le futur Vladyka Benjamin), connaissait par expérience personnelle dès la petite enfance le sens du besoin et de la pauvreté. Des années plus tard, en tant qu'étudiant à l'Académie théologique de Petersburg, il œuvra au nom des parias de la société en participant à des actes de charité et en participant aux activités de la "Société pour la diffusion de l'éducation religieuse et morale dans l'esprit de l'Église orthodoxe", principalement destinée à aider les travailleurs et les indigents.
Son acceptation de l'appel à l'épiscopat ne changea en rien son esprit. Vladyka pouvait souvent être vu dans les quartiers les plus reculés et les plus pauvres de la capitale, des endroits où il se précipitait en visite dès qu'on l'appelait, comme s'il était un prêtre ordinaire, en soutane, ne portant aucun signe de son rang épiscopal. Là, au milieu de familles pauvres, il était appelé à baptiser des nourrissons ou d'accompagner une personne mourante. Il ne faisait pas peu d'efforts pour voir que les femmes déchues, dédaignées par tous, pourraient se relever des profondeurs de la société et avoir l'occasion de corriger leur mode de vie. Son travail dans la "Société de la Très Sainte Mère de Dieu"" permit à de nombreuses âmes perdues apparemment désespérées de se repentir de leur vie pécheresse.
Ainsi, ce ne sont pas les activités de l'Église, mais l'évêque lui-même qui présentait une menace pour les puissances soviétiques, car ses qualités personnelles ne correspondaient pas à l'image de "l'ennemi de classe".
Le motif de la punition infligée à Vladyka Benjamin était une lettre, imprimée le 4 mars 1922 dans la "Leningrad Pravda", de 12 personnes qui avaient organisé le schisme l'église vivante rénovationniste. Elles accusaient les évêques proches de Sa Sainteté le Patriarche Tikhon de s'opposer à la confiscation des objets de valeur de l'Église et de conspiration contre-révolutionniste contre le régime soviétique.
Le mouvement des rénovateurs, qui était soutenu par les autorités, avait pour objectif de supplanter l'orthodoxie par une organisation spéculative et opportuniste avec seulement la façade d'une organisation religieuse, une organisation qui était en fait dépourvue de la grâce des mystères de l'Église et, inutile de dire, était loyale au nouveau régime. Le coup porté contre le Métropolite Benjamin faisait partie d'une politique calculée visant à détruire l'Église orthodoxe russe. Le Patriarche Tikhon devait être privé de l'un de ses assistants les plus importants.
La nature sans fondement et provocatrice des actions du régime à Petrograd fut reconnue même par les travailleurs. La confiscation des objets liturgiques provoqua des troubles considérables. Dans l'église de l'usine de Putilov, par exemple, les travailleurs ne permirent pas que la confiscation ait lieu. Dans d'autres paroisses, dès l'arrivée des commissions soviétiques, des sonnettes d'alarme sonnaient pour appeler les fidèles à se rassembler en opposition aux actions prévues. De toute évidence, les sympathies des fidèles étaient avec les autorités légitimes de l'Église. Cependant, au cours de ces années, le Comité central bolchevique fut très sélectif dans son application du principe d'expression de la volonté du peuple.
La retenue et la patience remarquable du Métropolite Benjamin se poursuivirent tout au long de la procédure judiciaire, jusqu'à la toute dernière minute, lorsque, dans un court discours, il exprima son attitude à l'égard de ce qui s'était passé, réfutant lui-même toutes les calomnies. "Je ne sais pas ce que vous annoncerez dans votre verdict, la vie ou la mort, mais quoi que vous disiez, je lèverai mon regard avec le même respect vers le ciel, je me signerai du signe de la croix et je déclarerai : "Gloire à Toi, Seigneur Dieu, pour toutes choses...". Ce sont les quelques mots que le Métropolite Benjamin prononça dans la salle d'audience.
Il accepta docilement le verdict de culpabilité comme une Croix l'unissant au Sauveur...
Le 5 juillet, le tribunal annonça son verdict de culpabilité, et dans la nuit des 12 et 13 août de la même année, le Métropolite Benjamin, avec l'archimandrite Sergei (Shein), et les laïcse Yuriy Novitsky et Ivan Kovsharov, futexécuté par un peloton d'exécution à la périphérie de Petrograd.
Saints Martyrs priez Dieu pour nous!
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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