Le Métropolite Antoine (Pakanitch), chancelier de l'Eglise ukrainienne canonique parle de la trahison, de la lâcheté et de la caractéristique principale du temps présent.
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26 NOVEMBRE 2019
- Votre Éminence, beaucoup de croyants s'intéressent à la question : "Que se passera-t-il si l'Église orthodoxe schismatique d'Ukraine continue à être reconnue par les autres Églises, qu'est-ce qui suivra l'aggravation du schisme ?"
- L'Église a connu des bouleversements similaires à plusieurs reprises au cours de son histoire. Les gens ont essayé de la détruire, de la diviser, de la transformer en catacombes, mais ils ont échoué. Des difficultés temporaires ont renforcé les vrais croyants, l'Église a survécu dans toutes les conditions.
Les événements actuels ne peuvent être comparés aux persécutions de l'ère soviétique ou au martyre des premiers chrétiens, quand la foi au Christ et à l'Église était une question de vie et de mort.
Aujourd'hui, ils essaient de nous intimider, et il est dommage que de telles méthodes primitives de pression aient eu un effet sur certains représentants des Églises locales.
- La trahison des primats des Églises de Grèce et d'Alexandrie a-t-elle été une surprise ?
- Je ne dirais pas que c'était une surprise inattendue pour nous. Nous savions que les Églises locales (en particulier les Églises grecques) étaient sous influence et que les points faibles étaient recherchés, c'est-à-dire qu'elles étaient mises sous pression. Malheureusement, certaines d'entre elles n'y ont pas résisté... Qu'en dire ?
Konstantin Simonov, écrivain, journaliste, ancien combattant, a un roman "Les vivants et les morts", qui décrit le comportement des gens dans les premiers jours de la Grande Guerre Patriotique [de 39-45]: de la confusion et la peur à la foi inconditionnelle dans la victoire.
La guerre a révélé les vrais visages des gens : ceux qui, avant la guerre, affirmaient qu'ils tiendraient jusqu'au bout et que ce serait une victoire facile, ont été les premiers à fuir par peur des forces supérieures de l'ennemi, ayant abandonné au premier signe de danger, ils ont abandonné leurs positions et laissé l'ennemi avancer davantage ; mais il y avait aussi ceux qui se battaient en silence, les dents serrées, comprenant qu'ils ne pouvaient se soumettre à l'ennemi et, malgré des forces inégales, ont résisté à son attaque, au prix de leur vie. Et ils ont gagné.
"Sans foi, sans honneur, sans conscience", - a dit Simonov sur les lâches et les traîtres, sur ceux qui répandaient la panique et instillaient une humeur défaitiste parmi les soldats. Ces paroles sont pertinentes aujourd'hui à l'égard de ceux qui ont eu "la frousse" et qui ont perdu foi dans la victoire ultime.
Les vivants et les morts sont vous et moi. Vous pouvez parler beaucoup de votre foi, mais en fait, vous pouvez devenir un mort vivant, un lâche, ou vous pouvez faire votre travail en silence, sans grandes paroles à haute voix, en restant courageusement fidèle au Christ.
La trahison n'est jamais agréable, mais elle n'est pas une raison de désespoir. Des masques ont été arrachés, tout le monde a montré ses vraies couleurs. Et l'Église en profite certainement.
La principale caractéristique positive du temps présent est le choix conscient de chaque croyant, la foi consciente. C'est très important.
Je suis sûr qu'avant ce schisme, beaucoup de gens vivaient inconsciemment : ils allaient à l'église par habitude, lisaient le Credo à l'office par habitude, lisaient les prières matin et soir à la maison par habitude, et vivaient par habitude.
Le schisme est devenu le grand tournant de notre vie avant et après le schisme.
Les croyants s'intéressèrent sincèrement à leur foi, à l'histoire de leur Église. Cela signifie beaucoup !
En tant que vrais croyants, nous porterons notre foi au Christ, à son Église et à Ses commandements à travers toutes les épreuves et tribulations. C'est notre devoir sacré.
J'espère que beaucoup de ceux qui ont commis une erreur reviendront tôt ou tard à la raison, mais en tout cas c'est sur leur conscience. Notre devoir est de servir le Christ et l'Église sans hésitation.
Version française Claude Lopez-Giniosty
d'après
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