samedi 15 février 2014

Vie de saint Patrocle, Ermite.


Image de pèlerinage provenant d'une plaque de cuivre du XVIIIè siècle

19 novembre/2 décembre

Saint Patrocle (Patroclus), habitant du territoire du Berry, fils d’Æthérius, fut destiné, âgé de dix ans, à garder les troupeaux, tandis qu’Antoine son frère était destiné à l’étude des lettres. Ils n’étaient point nobles, mais ils étaient libres. 
Antoine ayant un jour témoigné son dédain à son frère un certain jour qu’ils venaient ensemble, l’un des écoles, l’autre des champs, prendre à midi leur repas dans la maison paternelle, et l’ayant appelé paysan tandis que lui s’adonnait au noble exercice des lettres, Patrocle abandonna pour les lettres ses brebis et devança bientôt tous les autres. 
De là, il passa, par un acte de recommandation, chez Nunnion, personnage puissant auprès de Childebert, roi des Parisiens (+ 558), pour y remplir un office. 
De retour auprès de sa mère qui lui apprit que son père était mort, au lieu de se marier comme elle le désirait, il alla trouver Arcade, évêque de Bourges, pour le prier de le tonsurer et de le recevoir parmi ses clercs. 

Il se fit remarquer par sa piété et devint diacre; mais ayant soif de solitude orante, il quitta Bourges et alla au bourg de Néris (Neerensem vicum), où il construisit un oratoire et se mit à enseigner les lettres aux enfants. 

Ne trouvant pas encore la solitude qu’il désirait, car les malades et les possédés venaient se faire guérir par ses prières, il plaça sur l’autel de son oratoire certains écrits qu’il avait faits pour savoir ce que Dieu lui ordonnerait. Après qu’il eut veillé et prié pendant trois nuits, le Seigneur lui indiqua de prendre celui de ces écrits d’après lequel il devait partir pour le désert (c'est-à-dire en solitude). 

En conséquence il transforma son habitation en monastère de moniales, ne prit avec lui qu’une charrue et une hache à deux tranchants, et il alla se construire une cellule au fond des forêts au lieu appelé Mediocantus (vraisemblablement La Celle à 6 km de Colombier)

Là il guérissait les possédés, et un jour qu’il avait découvert l’œuvre du Diable, dans des objets remis à une femme nommée Leubella comme protection contre la peste, le noir instigateur de nos maux lui apparut.

Patrocle bâtit le monastère de Colombier, à cinq milles de la cellule qu’il habitait dans le désert, et dans laquelle il mourut âgé de 80 ans, le 19 novembre/2 décembre 576, après y avoir passé dix-huit ans et manifesté par toute son existence la sainteté de la vie en Christ. 

L’archiprêtre de Néris œuvra vainement pour faire apporter les reliques du saint ermite dans son bourg, car ce fut à Colombier qu’on l’enterra. 

A son tombeau, Prudence et une autre jeune fille aveugle du pays de Limoges recouvrèrent la vue, Maxonidius aussi, après cinq ans de cécité. Y furent aussi guéris les possédés Loup, Théodulphe, Rucco, Scopilia, Nectariola et Tacihildis, avec deux jeunes filles du Limousin qu’on oignit d’huile bénie par le saint. 

Et tous les jours le Seigneur manifeste Sa Grâce par son intercession 


(d'après saint Grégoire de Tours)


Saint Patrocle prie Dieu pour nous!




Fontaine Saint Patrocle à Colombier

Reliquaire de saint Patrocle

Une vie de saint Patrocle plus longue ( tirée des Petits Bollandistes) se trouve sur le site de Père Cassien.

Présentation du livre de Jean-Claude Larchet « Les relations entres les Églises », et du livre de l’Archimandrite Chérubim Karampélas, « Figures athonites du début du XXe siècle », aux éditions L’Age d’Homme le samedi 22 février



Dans le cadre du cycle de conférences « L’Orthodoxie à L’Âge d’Homme », les Éditions l’Âge d’Homme organisent le samedi 22 février prochain, à 17 heures, la présentation par Jean-Claude Larchet de son livre paru aux éditions du Cerf « Les relations entre les Églises », tome 2 de sa série « L’Église, corps du Christ ». Cette présentation, qui sera suivie d’une discussion, prend place dans le cadre des réflexions et débats actuels sur la primauté du pape de Rome et sur la primauté du patriarche de Constantinople (fondements, évolution, sens actuel, portée et limites).À cette occasion sera également présenté le dernier volume de la collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle » paru aux éditions L’Âge d’Homme: Archimandrite Chérubim Karampélas, « Figures athonites du début du XXe siècle », consacré à cinq spirituels remarquables (Joachim de la skite de Sainte-Anne, Athanase de Grigoriou, Callinique l’Hésychaste, Daniel de Katounakia, Isaac de Dionysiou), représentatifs des pricincipaux mode de vie de la Sainte Montagne: cénobitique, idiorythmique, en petite communauté, et érémitique.Lieu: Librairie L’Âge d’Homme, 5 rue Férou, Paris 6e (près de la place Saint-Sulpice).Entrée libre dans la mesure des places disponibles. 
Pour tout renseignement: Librairie L’Âge d’Homme – Tél. : 01 55 42 79 79. -

vendredi 14 février 2014

Vie de notre Sainte Mère Brigitte de Kildare (+524)




Fête le 1/14 février
Sainte Brigitte (aussi appelée Brigit, Bride/Bree, Bridget, tous ces noms dérivant du terme gaëlique Brig, signifiant puissance ou valeur), naquit vers 450, et fut considérée, avec saint Patrick (17 mars), comme la sainte patronne de l'Irlande.
Etant d’Ulster, issue d'une famille irlandaise convertie par saint Patrick, enfant elle était d’une grande charité et compassion en toutes circonstances.  Elle était extraordinairement belle, et son père avait prévu de la marier au roi d'Ulster. Mais lorsqu’elle eut seize ans, elle supplia le Christ de la rendre moins attrayante, de sorte que personne ne veuille l'épouser, et qu’elle puisse se consacrer à Lui seul. Bientôt, elle perdit un œil et fut autorisée à entrer dans un couvent.
Le jour où elle prononça ses vœux monastiques, elle fut miraculeusement guérie et sa beauté d'origine fut alors restaurée. Elle fut tonsurée moniale par saint Maël d’Ardagh.
Près de Dublin, elle se construisit une cellule sous un chêne ; ce lieu devint par la suite Kildare (Toponyme Kill-dara, c’est-à-dire en gaëlique cellule du Chêne). Sept jeunes filles la joignirent et ainsi fut établi le monastère de Kill-dara, qui est aujourd’hui la ville de la cathédrale de Kildare.
Ce couvent se développa rapidement et devint un monastère double avec des communautés d’hommes et de femmes, dont l’higoumène Brigitte avait préséance sur l’higoumène de la communauté masculine; par elle plusieurs autres monastères essaimèrent dans toute l'Irlande.
Sainte Brigitte, missionnaire, higoumène, mena une vie d’acèse et de prière; son couvent fut un havre pour tous les déshérités, et une école pour les hommes et les femmes de son temps. Son monastère de Kildare fut aussi une école d’Art (qui produisait des copies d’Evangéliaires finement décorés). Evêques, prêtres et autres clercs, ainsi que les rois cherchaient ses précieux conseils. De son vivant, Kildare était déjà un lieu de pèlerinage et un havre spirituel pour tous. Le système diocésain romain n’existant pas à cette époque, les monastères étaient alors le centre véritable de la vie chrétienne.
La sainte prédit le jour de sa naissance au Ciel, et elle s'endormit en 524, dans la paix du Christ à l’âge de 70 ans, laissant une règle monastique pour régir tous les monastères qui lui avaient été confiés. Pendant le Moyen Age,  sa vénération s’étendit à toute l'Europe depuis le Portugal jusques en Flandres.
Elle resta dans tous les esprits la Marie des Gaëliques, une salutation traditionnelle en Irlande était : Brid agus Muire duit (Que [sainte]Brigitte et Marie [Mère de Dieu] soient avec toi!) ; au pays de Galles, on disait souvent: Sannffried suynade ni undeith [que sainte Brigitte bénisse notre voyage !]
Sainte Brigitte de Kildare, prie Dieu pour nous !

Claude Lopez-Ginisty

Haïjin Pravoslave (CCLXXXV)


Divine kénose
Le Christ descendu sur terre
Nous remonte au Cieux


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 13 février 2014

La staritza Evdokia (Eudocie), folle-en-Christ (III et fin)


(+ 24 octobre/6 novembre 1890)

Comme c’était quelqu'un qui pratiquait la prière avec ferveur et secrètement, la bienheureuse Evdokia se préparait toujours à la Sainte Communion en temps opportun; et le jour où elle recevait les Saints Mystères du Christ, son visage qui était toujours agréable et manifestait la spiritualité, brillait d’une joie surnaturelle. L’higoumène la traitait d’une manière protectrice, et la bienheureuse était toujours respectueuse envers elle, et lors de la fête onomastique de l’higoumène, elle la félicitait toujours en lui apportant une prosphore. Mais quand l’higoumène voulait lui donnait des vêtements, elle ne les prenait pas.
Elle se distinguait toujours par un esprit de non-possession extraordinaire. Si quelquefois, dans un esprit de consolation, elle prenait quelques unes des choses qui lui étaient données, alors elle les redonnait rapidement à quelqu’un d’autre. Elle prenait seulement, quelquefois, un peu de gruau d’avoine cru, dont elle se nourrissait. Pour elle-même, elle ne prenait rien et donnait des aumônes aux autres. Une moniale voulut lui donner une soutane (padraznik). La bienheureuse dit qu’elle viendrait bientôt la chercher. Un peu plus tard, elle envoya vers la moniale une pauvre pèlerine qui avait besoin de vêtement, et la soutane lui fut donnée.Quand on lui apporta une couverture qui lui avait été laissée par une certaine moniale qui était morte, Evdokia leur demanda de la lui reprendre et de la donner à quelqu’un qui en avait besoin, disant: Pourquoi me l’apportez-vous? Suis-je immortelle?
Dans sa cellule, il n’y avait que des icônes, une petite table et un petit banc, de vieux vêtements, et une pauvre vaisselle dans laquelle, de temps en temps, elle prenait un peu de nourriture du réfectoire. Elle n’allait jamais prendre un bain chaud (sauna); très souvent, elle se frottait avec de la neige. A de nombreuses reprises, pour la prière, elle allait seule en haut de sa cellule, là où il y avait aussi son cercueil.
Par le truchement de tels labeurs ascétiques du jeûne et de l’épuisement physique, la bienheureuse mettait sa chair sous le joug de l’esprit, se purifiait de toute passion, et gagnait de la force pour le combat contre les esprits malins. Elle endurait un fort combat, mais elle causait la défaite des démons par la puissance du Nom de Jésus et par le jeûne.
La miséricorde de Dieu était sur elle, et même durant sa vie, le Seigneur lui accorda les dons de clairvoyance et de discernement spirituel. Elle prédit que beaucoup mourraient bientôt, et elle les exhortait à se repentir de leurs péchés. Quand elle voyait un cœur bon, prêt à recevoir son conseil spirituel, alors, très inspirée, et cela pendant de nombreuses heures, elle parlait avec sagesse du salut.
Quand les gens se tournait vers elle pour leur guidance spirituelle et qu’ils suivaient son conseil, la réussite suivait. Quand ils ne suivaient pas son conseil, il leur arrivait malheur. Une marchande qui vendait de  la dentelle recevait toujours sa bénédiction pour ses voyages, et elle lui obéissait ; et elle avait toujours du succès dans ses entreprises. Cependant, un jour la bienheureuse lui conseilla d’aller avec ses marchandises dans la ville de Mtsenk, et de là à Optino vers le Père Ambroise. Elle n’obéit pas; elle partit de Mtsenk, où elle avait seulement vendu la moitié de ses marchandises, et elle alla dans une autre ville où elle perdit même ce qu’elle avait gagné auparavant, et elle n’y vendit rien.
Par ses conseils la bienheureuse évitait les malheurs qui les attendait, les affermissait pour supporter les afflictions, les faisait se souvenir de transgressions oubliées, et les exhortaient à vivre pieusement. Parmi ceux qui la respectaient, il y avait à la fois des moniales et des gens qui vivaient dans le monde. Au monastère, on se transmettait plusieurs récits de la clairvoyance de la bienheureuse.
Elle supportait un nombre peu négligeable d’épreuves, d’offenses et d’insultes et entreprenait de nombreux labeurs ascétiques de mépris de soi. Un jour, pendant un voyage, elle fut blessée par un cheval ; une autre fois, elle se brûla gravement le dos. Dans sa vieillesse, à cause du froid et des longues stations debout dans la prière, ses jambes devinrent très douloureuses, enflées et noires; et bientôt, avant sa mort, plusieurs de ses orteils tombèrent. Mais elle supporta tout. De même, elle supporta sans se plaindre les maladies graves qui l’affligèrent avant sa mort.
Avant sa mort, elle se confessa à de nombreuses reprises et communia aux Saints Mystères du Christ. Elle dit adieu à tout le monde ; elle ordonna que toutes ses misérables possessions soient partagées entre les moniales, et elle naquit paisiblement au Ciel dans la 61ème année de sa vie, le 24 octobre/6 novembre 1890.
Elle fut enterrée près de l’autel dans la partie Sud-Est de l’Eglise de la Protection de la Mère de Dieu (Pokrov) et des pannikhides sont souvent faites sur sa tombe. Il est très difficile d’amener les possédés à sa tombe ou à sa cellule (id est les démons résistent !)
La veille du 40ème jour après sa mort, la bienheureuse Evdokia apparut dans son sommeil à une moniale et lui dit qu’elle avait trouvé grâce auprès du Seigneur. Elle était entièrement et merveilleusement belle, et son visage brillait d’une joie céleste. Quand la moniale lui demanda ses prières, la bienheureuse dit: "Parce que tu as agi après ma mort comme une mère, je ne t’abandonnerai pas." Et elle ajouta, "Toi, efforce-toi de lutter. Dans l’église, tiens-toi toujours avec crainte, souviens-toi que c’est là la maison de Dieu; et la nuit, lève-toi pour prier!"


Sainte staritza Evdokia, prie Dieu pour nous!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Ascetic Strugglers of Piety
Volume II
(original Russian Strugglers for Piety 
of the 18th and 19th centuries
October Volume, Moscou 1909 [en russe])
Saint Païsius Orthodox Women Monastery
Safford, Arizona
USA



L'absence d'instrument de musique dans la Liturgie orthodoxe...




Aux lecteurs du blog (et à J.M. plus,particulièrement), par rapport à l'absence d'instrument de musique dans l'Eglise Orthodoxe [cf. 성모송 / Axion Estin / Il est digne/ ( hélas accompag…" ]

La musique "religieuse" accompagnée par des instruments de musique, orgue ou autres, peut-être tout à fait acceptable hors de l'Eglise, et on peut l'apprécier et l'aimer sans réserve dans la sphère privée, mais dans l'Eglise Orthodoxe, elle n'a pas lieu d'être lors des offices. 

De même que certaines œuvres picturales de grands maîtres occidentaux, traitant de sujets religieux peuvent être appréciées, il serait aberrant de les utiliser dans l'Eglise, et de les vénérer, comme nous le faisons avec les icônes, mais en dehors du havre de l'Eglise, il est tout à fait légitime de les aimer.

J'ai écrit, hélas accompagné à l'orgue, à propos de l'Axion Estin* en coréen (Il est digne… hymne à la Mère de Dieu, dont la première partie fut révélée à un moine par l'Archange Gabriel au Mont Athos, donc l'ajout d'une musique humaine sur cette révélation n'a pas grand intérêt!) parce que la tradition orthodoxe n'utilise que la voix humaine, et ses Liturgies n'ont pas été écrites pour un accompagnement instrumental, mais pour la seule voix humaine. 

Pour citer saint Jean Chrysostome: David chantait des chants comme nous chantons aujourd'hui des hymnes. Il avait une lyre avec des cordes sans vie; l'Eglise a une lyre avec des cordes vivantes. Nos langues sont les cordes de la lyre, qui a un ton différent en effet, mais plus approprié pour la piété.

La voix humaine fut le premier instrument de musique. Il fut créé par Dieu. Tous les autres instruments furent créés par l'homme. C'est pourquoi la voix, depuis l'origine, est utilisée dans l'Eglise.

Certaines œuvres "religieuses" accompagnées à l'orgue (ou avec d'autres instruments de musique) sont belles (dans l'Eglise, ont-elles vraiment leur place? La Tradition orthodoxe dit non!), mais leur accompagnement musical avec des instruments détourne de l'essentiel, de la voix, et de ce qu'elle véhicule, à savoir le sens de paroles édifiantes et salvifiques. J'aime beaucoup le Requiem de Mozart, mais je ne me vois pas le faire remplacer à l'Eglise l'office de pannikhide chanté a capella. On peut tout à fait apprécier la musique religieuse instrumentale accompagnant le chant, mais elle n'a pas du tout sa place dans l'Eglise. 

Dans l'Orthodoxie, la prière n'admet pas la visualisation et la "fabrication" d'imaginations pour entretenir un sentiment "religieux" émotionnel (au contraire des exercices ignatiens qui sont fondés sur cette technique). Dans la célébration, l'instrument de musique est inutile et peut-être dangereux spirituellement pour les mêmes raisons.


Cette réserve ou interdiction des instruments dans l'Eglise n'est pas seulement le fait de l'Eglise Orthodoxe: en Occident, Thomas d'Aquin la partage y voyant un danger de judaïsation pour le culte, saint Augustin aussi parce que pour lui, les instruments de musique sont intimement associés aux cultes païens, ils favorisent la rêverie et les spectacles dégénérés du théâtre et du cirque. Il est donc facile, dit-il, de comprendre pourquoi on ne les utilise pas dans la célébration.

Martin Luther n'est pas en reste, qui signale que les Réformateurs ont sorti de l'Eglise les orgues, instruments de l'idolâtrie. Il appelait aussi l'orgue un symbole de Baal!

Le grand Erasme disait: Nous avons introduit dans nos églises certaines musiques de l'opéra et du théâtre… L'église résonne avec le bruit des trompettes, des flutes et des dulcimers, et les voix humaines luttent pour chanter leur partition. Que dirait-il aujourd'hui de l'infligeant spectacle de certains offices (?) hétérodoxes.

Jean Calvin va plus loin: les instruments de musique pour célébrer les louanges de Dieu, ne seraient pas plus acceptables que l'encens…

John Wesley, quant à lui plaisante, mais condamne aussi: Je n'ai aucune objection à l'utilisation des instruments de musique dans nos chapelles, pourvu qu'on ne les voit pas et qu'on ne les entende pas (sic!).


Lorsque, par nécessité, nous sommes amenés à assister à des offices hétérodoxes, on peut se demander légitimement si l'utilisation des orgues et autres instruments de musique dans la célébration du culte chrétien en occident, n'a pas permis progressivement l'introduction des chants purement profanes et les happenings spirituels qui ne permettent pas, au jour d'aujourd'hui, de parvenir à distinguer un concert d'une messe ou d'un culte, et de ne pas voir en quoi l'Eglise est différente d'une salle de concert.

C.L.-G.




* Textes de l'Axion Estin en grec et en français

Ἄξιόν ἐστιν ὡς ἀληθῶς,
μακαρίζειν σε τὴν Θεοτόκον,
τὴν ἀειμακάριστον καὶ παναμώμητονκαὶ μητέρα τοῦ Θεοῦ ἡμῶν.
Τὴν τιμιωτέραν τῶν Χερουβεὶμ 
καὶ ἐνδοξοτέραν ἀσυγκρίτως τῶν Σεραφείμ,
τὴν ἀδιαφθόρως Θεὸν Λόγον τεκοῦσαν,
τὴν ὄντως Θεοτόκον,
σὲ μεγαλύνομεν.

*

Il est vraiment digne de te célébrer, 
ô Génitrice de Dieu, 
toi qui es à jamais bienheureuse et très pure,
 et la Mère de notre Dieu. 
Toi plus vénérable que les chérubim
 et incomparablement plus glorieuse que les séraphim,
 toi qui sans corruption enfantas Dieu le Verbe,
 toi véritablement la Génitrice de Dieu,
 nous te magnifions.

*

Haïjin Pravoslave (CCLXXXIV)


Sois le Bon Larron
Qui se reconnaît pécheur
Et sauve son âme


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 12 février 2014

La staritza Evdokia (Eudocie), folle-en-Christ (II)



(+ 24 octobre/6 novembre 1890)

Quand elle vivait au monastère, elle fabriquait des chaussures pour les moniales, et pour cela elle était tout le temps exposée au goudron. Quelquefois, elle tricotait de petites coiffes avec de l’herbe des marais. Lorsqu’elle remarquait qu’une des moniales commençait à l’estimer, elle devenait très dure avec elle.
L’été elle s’habillait en vêtements chauds; en hiver, elles marchait pieds nus, et ne se couvrait pas les oreilles, même par le temps froid le plus intense. Elle marchait ainsi dans Toula. Elle n’acceptait aucun don de quelque sort que ce soit pour elle, et  elle disait à une jeune fille proche d’elle, qu’elle ne permettait à personne de lui apporter un don, car si on laissait une personne le faire, il n’était plus possible de s’en débarrasser. Mais quand on apportait quelque chose à manger à son chat, alors elle l’acceptait.
Elle supplia une moniale de la laisser vivre dans un grenier froid, et là, elle vécut, pendant dix-sept années durant les hivers, dans un froid terrible.
Plus d’une fois, elle voyagea jusques à Kiev, été comme hiver. Habillée comme d’habitude, elle supportait tous les désagréments du voyage, et elle aimait ces voyages, car ils lui donnait une occasion d’être dans une parfaite solitude orante. Et le Seigneur Lui-même, gardait visiblement Sa fidèle servante. La plupart du temps durant son voyage, elle aimait passer la nuit, non pas dans les villages, mais sous les arbres, dans de petites forêts.
Un jour, alors qu’elle se reposait dans une forêt, deux loups s’approchèrent d’elle, se tinrent longtemps près d’elle, puis, sans lui faire le moindre mal, ils s’en allèrent. Quand la jeune fille à qui elle racontait cela demanda à la bienheureuse* si elle ne fut pas effrayée, Evdokia répondit pas du tout, car elle ne les gênait pas. A une autre occasion, quand la glace sur la rivière se brisait, elle traversa sans dommage sur un bloc de glace alors qu’il semblait qu’il n’y avait aucune chance qu’elle en réchappe.
Après dix-sept ans de vie dans le grenier, la bienheureuse, ayant enduré beaucoup de maux des esprits malins et de gens méchants, fut forcée de quitter ce grenier. Elle s’installa alors dans une cave sous une autre  cellule où elle vécut cinq ans. Une jeune fille proche d’elle raconta ainsi sa vie dans la cave : "J’étais chez elle l’hiver dans son abri incroyable où il il y avait de très petites fenêtres, mais aucun poële… On se tient dans sa pièce en silence… On regarde seulement comment elle vit… Sur ses murs il y a une telle abondance de neige que tout est couvert de blanc. Et elle allait chez elle comme dans une cellule ornée de marbre, avec un vieil habit monastique, avec seulement des bas et un petit bonnet d’été sur la tête."
Quand la propriétaire eut besoin de cette cave, elle vécut dans une petite baraque pendant toute une année. Avec la permission de l’higoumène, un bienfaiteur fit une cellule en pierre de 3 mètres soixante de long pour la bienheureuse, mais même là, elle se faisait une vie très rigoureuse. Elle n’allumait pas le poële: il faisait froid dans la cellule, et elle laissait la porte presque à moitié ouverte. Dans cette pièce, la bienheureuse apporta vingt grosses poules avec lesquelles elle vécut constamment ; et il y avait aussi des pigeons. Il y avait de petites rigoles pour les oiseaux et du fourrage. Par cette pauvreté, dans la cellule froide, pleine de poules, d’une saleté inimaginable, la bienheureuse s’isolait des gens, et s’adonnait pleinement au combat de la prière.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Ascetic Strugglers of Piety
Volume II
(original Russian Strugglers for Piety 
of the 18th and 19th centuries
October Volume, Moscou 1909 [en russe])
Saint Païsius Orthodox Women Monastery
Safford, Arizona
USA


Note: 
* Le terme de bienheureux (bienheureuse) appliqué à un saint, signifie qu'il était fol-en-Christ, il n'est en rien l'expression d'un grade dans la hiérarchie de la sainteté, comme dans la conception hétérodoxe occidentale.


Haïjin Pravoslave (CCLXXXIII)


Sois l’ami des saints
Et mets tes pas dans leur pas
Pour gagner le Ciel


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 11 février 2014

La staritza Evdokia (Eudocie), folle-en-Christ (I)




(+ 24 octobre/6 novembre 1890)


La staritza Evdokia est née en 1830 à Toula. Elle était la fille de Matthieu Plaskonov, qui était d'un rang social commun. Ses parents étaient des gens modestes d’une grande piété; son père travaillait dans une fabrique d’armes. Dès son enfance, Evdokia se distinguait des autres jeunes filles par une rare beauté. Même lorsqu’elle était enfant, elle était calme, modeste et obéissante; elle aimait la solitude et elle était très pensive.
A l’âge de 15 ans, Evdokia Matveyevna (fille de Matthieu) alla en pèlerinage au monastère des thaumaturges des Solovki, et ce voyage développa plus encore son esprit religieux et développa plus spécialement sa dévotion à la Providence de Dieu. Une circonstance y contribua en particulier. Pendant le voyage de retour, dans une ville, alors qu’Evdokia n’avait ni argent ni pain pour le long voyage de retour, elle marchait le long d’une rue, pleurant et ayant peur de demander l’aumône. Soudain, un jeune homme vint vers elle et lui dit : "Ne pleure pas," et il lui donna de l’argent. Il devint alors invisible si rapidement que sa marraine qui était sa compagne de voyage et qui marchait devant elle, ne vit pas le jeune homme.
Jusques à l’âge de vingt ans, elle vécut dans la maison de ses parents. En plus d’elle, ils avaient deux fils. Comme elle aidait sa mère dans ses tâches, elle ne pensa jamais au mariage, et toutes ses pensées allaient au Ciel.
Quand elle eut vingt ans, Evdokia décida d’entrer dans la vie monastique. Ses parents bénirent sa décision avec joie. Elle pensa d’abord entrer au monastère de Toula, mais désirant prendre conseil auparavant, elle se tourna vers un certain fol-en-Christ très respecté qui vivait à Toula. Il gisait, la tête dans la direction de la ville de Mitchalov et il lui dit : voilà la direction que tu dois prendre.
Suivant son conseil, la belle jeune fille, un sac sur l’épaule, partit pour le monastère féminin Ryazansky de Mitchalov, où elle fut acceptée par l’higoumène Elpidephora.
Evdokia y vécut ses premières sept années en novice modèle. Humble et dévouée, elle était remarquée pour son amour des durs labeurs, et elle était extraordinaire par la qualité de son travail manuel. Elle était obéissante et diligente, novice auprès d’une des moniales les plus strictes, et durant ses heures libres, elle s’occupait aussi de moniales âgées, apportant à certaines du bois de chauffage, de l’eau à d’autres, lavant le linge  pour d’autres encore. Toutes l’aimaient pour son bon caractère et sa promptitude à les servir.
Durant la septième année de sa vie monastique, Evdokia d’adonna à un ascétisme très rigoureux, couvrant cela sous le masque de la folie en Christ. D’abord on considéra qu’elle était devenue folle, mais après un certain temps, son ascétisme fut compris.
Même avant cela, Evdokia était une femme de prière fervente: maintenant, elle prit sur ses épaules ce nouveau combat spirituel, elle s’adonna entièrement à la prière, et plus particulièrement à la prière secrète. Elle assistait toujours aux offices divins. Elle se tenait près des portes et retournait à sa cellule avant tous les autres.
Son labeur ascétique rigoureux, elle le cachait sous le masque de la folie. Elle jeûnait  beaucoup ; elle mangeait peu. De temps en temps, elle allait voir sa famille à Toula. Sur un petit traineau, elle emportait des pommes de terre et du pain, qu’elle mangeait en route. Quand elle était à Toula, elle passait son temps à travailler; très souvent elle apportait sur son traineau une pile de linge des moniales qu’elle lavait.
A Toula, elle déambulait toujours avec un chaton dans son sein; quand on lui demandait pourquoi, elle s’excusait, disant qu’avec le chaton elle avait plus chaud. Elle marchait vite et parlait peu. La plupart du temps, elle était concentrée en elle-même.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Ascetic Strugglers of Piety
Volume II
(original Russian Strugglers for Piety 
of the 18th and 19th centuries
October Volume, Moscou 1909 [en russe])
Saint Païsius Orthodox Women Monastery
Safford, Arizona
USA

Sur le blog de Maxime (http://orthodoxe-ordinaire.blogspot.ch/)...


L'archevêque catholique de Rouen bazarde le patrimoine de l'Église...

Pour ceux, catholiques et orthodoxes oecuménistes  militants, à qui le scandale serait passé inaperçu :
Ben voyons ! Je pensais que c'était une époque révolue et qu'on avait tout vu sur les marchés aux puces et chez les brocanteurs mais il en restait encore, alors autant en profiter n'est-ce pas, faut pas à se gêner...
Juste une remarque : Je n'ai toujours pas bien compris c'est avec ces gens-là qu'on veut que je sois en communion ? Vous êtes bien sûrs ? Qu'on ne me demande même pas du respect.
Lisez l'Article de François Teutsch ci-dessous :

relique

Brader le patrimoine religieux est très à la mode dans les diocèses. Baisse du nombre de pratiquants, crise des vocations, difficultés financières face aux charges énormes d’entretien des bâtiments, les raisons sont parfois légitimes de vendre des édifices inutilisés depuis des décennies. L’archevêque de Rouen, Mgr Jean-Charles Descubes, s’y met également. Mais lui va beaucoup plus loin : il a fait vendre, le 30 janvier, à l’hôtel Drouot, de nombreuses pièces d’art sacré appartenant au diocèse : vêtements liturgiques anciens ; objets d’art, crucifix ou enluminures ; calices et ostensoirs ; et, surtout, reliquaires garnis de reliques.
La maison de ventes a procédé à une publicité discrète. Et on la comprend : tardives, les réactions sont plutôt stupéfaites ! Un prêtre du diocèse estime que l’affaire est grave ; des laïcs s’adressent à l’archevêque pour lui demander des explications. De quel droit décide-t-il ainsi de vendre, loin de sa ville, des objets appartenant au patrimoine ancestral de la communauté chrétienne ? Pourquoi n’a-t-il pas communiqué sur le sujet, expliqué la cause de cette vente, proposé à ses diocésains de se porter acquéreur ? Aucune réponse n’a été apportée à ces questions insolentes.
L’archevêché a mollement contesté, par un communiqué aussi sec qu’obscur. Mais le catalogue de l’exposition, bien réel, est explicite. Il comporte notamment, chose spécialement choquante, des reliques.
On pense ce qu’on veut de la piété populaire envers les reliques des saints. D’un point de vue laïc, c’est une violation délibérée du Code civil, qui est clair : « Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence », puis « Les conventions ayant pour effet de conférer une valeur patrimoniale au corps humain, à ses éléments ou à ses produits sont nulles. » D’un point de vue catholique, c’est la même chose : « Il est absolument interdit de vendre les saintes reliques. » (Code de droit canonique)
Que Mgr Descubes et les divers « conseils » qui l’entourent se moquent éperdument de ces« vieilleries » n’étonne personne. Le mépris que certains clercs affectent envers d’anciennes formes de dévotion n’a d’égal que leur enthousiasme pour une modernité perpétuellement dépassée. Mais qu’ils acceptent que des restes humains, autrefois vénérés comme reliques de saints, soient vendus à l’encan est un scandale.
Il paraît que le diocèse de Rouen est dans une situation financière difficile. Ce ne sont pas les quelques milliers d’euros rapportés par cette vente qui y changeront grand-chose. En période de soldes d’hiver, cette vente macabre sera-t-elle suivie d’une braderie ? 70 % sur les invendus, reste un beau tibia de saint Gervais et une vertèbre abîmée de saint Maclou ! Pendant ce temps-là, quelques jeunes prêtres payés un demi-SMIC travaillent 70 heures par semaine à redonner l’espérance à leur maigre troupeau, à évangéliser dans un monde hostile, à visiter les malades, à servir les pauvres et à réconforter les clochards.
J’en connais. Ils sont l’honneur de l’Église. Ils se moquent des honneurs. Mais jamais ils n’oseraient scandaliser leurs fidèles de cette manière. Qu’ils prennent patience : Mgr Descubes aura 75 ans l’an prochain…
Pendant ce temps, des chrétiens semblables aux premiers disciples subissent le martyre... ailleurs bien sûr.
Lire la suite ICI

lundi 10 février 2014

Saint Grégoire de Tours: De la gloire des confesseurs (III et fin)


XLI. Germain, glorieux confesseur, mort à Rome, est inhumé à Auxerre. Du temps de la reine Theudechilde, un certain tribun nommé Ninnius, revenant d’Auvergne après avoir remis à la reine les tributs recueillis en France, entra dans la ville d’Auxerre pour prier pieusement à ce tombeau et tirant son épée du fourreau, il cassa un petit fragment du couvercle qu’il plaça comme relique dans l’église de son pays, où Grégoire la vit avec l’évêque Avit. C’était au bourg de Mauzac (in vico Musiacas).

XLII. Dans la forteresse de Dijon mourut un sénateur, nommé Hilaire, connu pour l’austérité de mœurs qu’il avait toujours imposée à sa maison. Un an après, sa femme étant morte aussi fut déposée dans le même tombeau, et l’on vit alors avec admiration le mari lever le bras droit pour étreindre son épouse.

XLIII. Dans la même église repose sainte Floride, et dans une autre qui est voisine sainte Paschasie, qui contribua à la construction de la basilique de saint Bénigne.

XLIV. Du bienheureux confesseur Tranquillus, sur le tombeau duquel croît une mousse qui offre aux gens un médicament dont j’ai moi-même fait largement l’expérience. En effet, mes mains s’étant couvertes de petits boutons me faisant souffrir d’insupportables douleurs, je les frottai de cette mousse, et aussitôt l’humeur s’apaisant je fus guéri.

XLV. De Sévérin et Amand, évêques de Bordeaux.

XLVI. De saint Romain, enterré contre le château de Blaye sur le bord de la Garonne. Les personnes qui naviguent sur la Garonne, et que le fleuve met en danger, ne périssent pas tant qu’elles peuvent du milieu du fleuve contempler l’église de Romain. Grégoire lui-même en a fait l’expérience. [Saint Romain de Blaye est invoqué pour protéger de la noyade!]

XLVII. Au même pays se trouvent dans une même église les tombeaux de deux prêtres qui prouvent bien de la manière la plus manifeste qu’ils vivent dans l’autre monde. Lorsque pour célébrer l’office, les clercs commencent le chant des psaumes, on entend distinctement la voix de ces deux prêtres se mêler à la leur. Cela se passe au bourg de Bouliac (in vico Vodollacensi).

XLVIII. Non loin de là est le village de Rions (Reontium villa), où les Goths s’étant emparés de l’église catholique, les petits enfants qu’ils y firent baptiser par leur prêtre arien moururent tous peu de temps après.

XLIX. Dans le pays de Bigorre au bourg de Serre (? in vivo Sexciacensi) repose le prêtre Justin, et au bourg de Talazac (? Talvam vicum) le prêtre Misilinus (saint Mesclin), son émule en sainteté ainsi qu’en miracles.

L. Au même pays appartient saint Sévère, homme d’une noble origine, qui avait été ordonné prêtre et qui transforma deux de ses maisons en églises où lui-même disait la Liturgie.

LI. Un lis cueilli par Sévère et depuis longtemps desséché reverdit le jour anniversaire de la mort du saint. [ Sur l'île d'Andros, au Monastère Saint Nicolas, des lys désséchés posés sur la fresque de la Mère de Dieu du pronaos (qui suinte parfois du myrrhon), se mettent à bourgeonner pendant quelques jours et fleurissent pleinement pour toutes les fêtes de la Mère de Dieu!]

LII. Trois tombeaux, qu’on voit chaque année s’élever peu à peu au-dessus du sol au bourg Julien (vicus Juliensis), appelé aussi Aire (Atroa).

LIII. Thaumastus, évêque de (?), homme admirable par ses vertus, mourut à Poitiers, où son tombeau, placé devant l’église de Saint-Hilaire, guérit de la fièvre et du mal de dents ceux qui en grattent la poussière.

LIV. Miracles qui s’opèrent au tombeau du bienheureux Lupianus, sur le territoire de Poitou, dans le bourg de Retz (in vico Ratiatensis).

LV. Mélaine (Melanius), évêque de Rennes. Un incendie éclata au-dessus de son tombeau sans endommager les tentures qui le recouvraient.

LVI. Victor, évêque du Mans, arrête un incendie de cette ville par un signe de croix.

LVII. Diverses maladies guéries au tombeau de Martin, abbé à Saintes, disciple de saint Martin de Tours. Ce tombeau fut transporté d’un lieu à un autre avec une facilité miraculeuse par Pallade, évêque de Saintes.

LVIII. Femme percluse qui se guérit au tombeau de Vivien, évêque de Saintes.

LIX. Trojanus, évêque de Saintes (+ 30 novembre 532). Il s’entretient avec saint Martin. Miracles à son tombeau.

LX. Tombeau, à Saintes, de deux époux, parents de saint Hilaire de Poitiers, que Pallade s’efforce vainement de déplacer, et qui se déplace de lui-même pendant la nuit.

LXI. Nicétius, confesseur du Christ, mort à Lyon (+ 2 avril 573). Un jeune aveugle recouvre la vue en se plaçant sous son cercueil et obtient la protection du roi Guntchramn. Autres cures miraculeuses.

LXII. Grégoire ayant visité en compagnie de Nicétius la sépulture du bienheureux Hélie, évêque de Lyon, apprend de lui qu’un malfaiteur, venu pour dépouiller le corps du saint pendant la nuit, fut saisi dans les deux bras du cadavre et retenu ainsi jusques au matin.

LXIII. La fille de Léon, empereur romain, était possédé par un démon qui s’écriait que seul l’archidiacre de Lyon pouvait la délivrer. On fit venir à Rome cet archidiacre, qui la guérit en effet, et qui demanda à l’empereur pour sa récompense que le peuple de Lyon, jusqu’à trois milles hors de la ville, soit exempt de tout tribut. Telle est l’origine de cette exemption dont les habitants de Lyon jouissent encore. L’empereur envoya de plus porter en présent à l’église de cette ville une boîte pour mettre les évangiles avec un calice et une patène d’or pur ornés de pierres précieuses. En traversant les Alpes, le messager rencontra un orfèvre par lequel il se laissa séduire et porta à Lyon des joyaux imitant ceux qu’il avait, mais en argent doré, puis revint à cet orfèvre qui les avait fabriqués afin de partager avec lui le fruit du larcin. La maison où ils étaient tous deux fut engloutie pendant la nuit par un tremblement de terre. Bien souvent, dit Grégoire, j’ai vu ces joyaux dans l’église de Lyon.

LXIV. Dans le faubourg de Lyon se trouve la sépulture d’une femme qui avait recueilli la chaussure que le bienheureux martyr Épipode avait perdu en marchant au supplice, et au tombeau duquel les malades obtiennent guérison.

LXV. Dans la même ville, un homme de race sénatoriale étant mort fut enseveli dans l’église de sainte Marie. Sa veuve, pour le profit de l’âme du défunt, donnait à cette église d’excellent vin de Gaza destiné à la communion ; mais le sous-diacre le gardait pour lui, et donnait en place une sorte de vinaigre. La femme en fut avertie par son mari qui lui apparut en songe.

LXVI. Au tombeau de l’évêque Memmius (saint Menge), patron de Châlons, Grégoire vit lui-même des malheureux dont les chaînes se brisaient, et un de ses serviteurs y fut guéri de ta fièvre.

LXVII. Loup (Lupus), évêque de Troyes en Champagne, où il est enseveli, frappe d’une folie subite un certain Maure qui prétendait arracher d’auprès son tombeau un de ses esclaves qui s’y était réfugié.

LXVIII. Après la mort de Loup, un pieux homme qui l’assistait dans son ministère, nommé Aventin, ayant offert de l’argent pour le rachat de quelques captifs et le maître de ceux-ci se refusant à l’accepter, ce dernier périt misérablement.

LXIX. Marcellin, évêque d’Embrun, a construit dans cette ville des fonts baptismaux qui s’emplissent d’eux mêmes.

LXX. Marcellus, évêque de Die. L’huile de la lampe allumée sur son tombeau sert de remède aux malades.

LXXI. Métrias, confesseur énergique de la vérité, et qui en son vivant était esclave, appartient à la ville d’Aix. Sous l’épiscopat de Franco (vers 566), l’église de cette ville fut dépouillée d’un de ses domaines par un jugement inique de Childéric, lequel tenait alors le premier rang auprès du roi Sigibert. Childéric mourut une année après quoiqu’il eût fini par restituer le domaine.

LXXII. Arvatius, évêque d’Utrecht au temps de l’invasion des Gaules par les Huns (vers 450), fut enseveli près d’un pont, sur la voie publique. Son tombeau est remarquable en ce que la neige, avec quelque abondance qu’elle tombe, n’ose le toucher. Le zèle des fidèles l’a entouré plusieurs fois d’un oratoire construit en planches, mais le vent a toujours renversé ces édifices simples jusqu’à ce que l’évêque Manulfe (évêque de Liège, 558-597) fit bâtir une grande église où il le transporta.

LXXIII. Le cimetière d’Autun renferme un grand nombre de corps saints, car on y entend souvent de mystérieuses psalmodies et on y voit des apparitions.

LXXIV. Dans le même cimetière, sont les tombeaux des bienheureux Cassien et Simplice, évêques d’Autun.

LXXV. Saint Ritice (Riticius), né de parents de la première noblesse, ainsi que sa femme, vécut avec celle-ci comme avec une sœur. Il la perdit et devint ensuite évêque d’Autun. Lorsqu’il eut achevé sa carrière, on le déposa dans le cercueil où était sa femme, et en y entrant il lui parla. Cassien fut son successeur, puis Égémonius.

LXXVI. A Égémonius succéda le bienheureux Simplice (en 364), qui était marié et vivait avec sa femme dans une parfaite chasteté. Cependant, après sa nomination à l’épiscopat, les citoyens de la ville voulaient les contraindre à faire lit à part; mais les deux époux convainquirent la foule de leur innocence en gardant une heure entre leurs bras des charbons ardents sans en être brûlés. Le peuple d’Autun était encore païen, et à la suite de cela plus de mille personnes se convertirent dans l’intervalle de sept jours.

LXXVII. Les habitants de ce pays promenaient dans les champs et les vignes, sur un char traîné par des bœufs, la statue de la déesse Bérécynthia autour de laquelle ils chantaient et dansaient pour obtenir d’abondantes récoltes. Témoin de cette misérable coutume du paganisme, l’évêque Simplice, par l’effet d’une prière à Dieu et du signe de la croix, fit tomber la statue à terre et obtint la conversion de quatre cents personnes.

LXXVIII. Histoire racontée à l’auteur par Félix, évêque de Nantes, d’un des précédents évêques de cette ville qui, parvenu à l’épiscopat, s’était séparé de sa femme conformément aux canons, mais au grand déplaisir de celle-ci.

LXXIX. Rémi, évêque de Reims pendant plus de soixante-dix ans (459-533). Punition de l’usurpateur d’un champ de cette église. Reims est préservé par les reliques de Rémi d’une peste qui ravage la première Germanie (en 546).

LXXX. Ursin, envoyé par les disciples des apôtres, fut le premier évêque de Bourges. En ces temps d’ignorance on l’ensevelit avec tout le monde dans le cimetière. Ce peuple ne comprenait pas encore qu’il faut vénérer les prêtres de Dieu. Sous l’épiscopat de Probien (552-568), un nommé Auguste, qui avait fait partie de la maison de Désidérat, autre évêque de Bourges (545-550), et qui après avoir fondé un oratoire de Saint-Martin à Brives, avait été appelé à gouverner l’église de Saint-Symphorien de Bourges, eut, en même temps que saint Germain évêque de Paris, une vision d’Ursin qui leur indiqua lui-même où son cadavre était enseveli.

LXXXI. Marien, ermite qui ne vivait que de pommes sauvages et de miel est enterré au bourg d’Évaux, et vénéré comme saint par le peuple du pays de Bourges.

LXXXII. Dans le même pays vécut Eusitius (+27 novembre 532), ermite admirable par les guérisons qu’il opérait et par sa bonté. Lorsque Childebert partit pour l’Espagne, il l’alla visiter et lui offrit cinquante pièces d’or. — Que m’offres-tu là, dit le vieillard ; donne cela aux pauvres, je n’en ai pas besoin. Et il ajouta : Va, et tu obtiendras la victoire et feras tout ce que tu voudras. Le roi distribua l’or aux pauvres et fit vœu que si le Seigneur le ramenait sain et sauf de son voyage, il bâtirait une église au lieu où serait inhumé le corps du vieillard. Et plus tard il accomplit ce vœu.

LXXXIII. Un enfant ressuscité au tombeau de Maxime, évêque de Riez (Regiensis).

LXXXIV. Valéry, premier évêque de Couserans (vers 450). Son tombeau miraculeusement retrouvé par son successeur Théodore (vers 550).

LXXXV. Saint Sylvestre mourut (en 514) après avoir gouverné pendant quarante-deux ans l’église de Chalon. Il avait un lit fait de cordelettes tissées avec soin et sur lequel il guérit souvent les malades. Aussi a-t-on porté ce lit dans le trésor de l’église, et il a conservé sa vertu. Ma mère en ayant coupé, une parcelle la fit suspendre au cou d’une jeune fille qui souffrait de la fièvre et qui guérit à l’instant.

LXXXVI. Désidérat, prêtre d’une magnifique sainteté, était du même pays. Grégoire le vit au monastère de Gourdon. Agricola, évêque de Chalon, le fit ensevelir à l’hôpital de lépreux construit dans le faubourg de cette ville.

LXXXVII. Dans le pays de Tonnerre, diocèse de Langres, il y eut un saint homme nommé Jean qui, en construisant un monastère au lieu appelé Réome, fit la découverte d’un puits immense dont Grégoire puisa, en se rendant à Lyon, de l’eau avec laquelle il guérit plusieurs fiévreux. Un fratricide condamné, à cause de l’énormité de son crime, à parcourir les lieux saints pendant sept ans, le corps entouré de cercles de fer, se vit délivré de ses chaînes an tombeau de Jean, abbé de Réome. Ce saint vécut, comme Moïse, cent vingt ans.

LXXXVIII. Au tombeau de saint Seine (Séquanus) également abbé sur le territoire de Langres, les prisonniers sont délivrés de leurs chaînes. Le roi Guntchramn ayant perdu par suite d’un vol la corne au son de laquelle il rassemblait ses chiens et donnait la chasse aux troupeaux de cerfs, beaucoup de gens furent jetés dans les fers à cause de cela. Trois d’entre eux ayant atteint le tombeau de ce pieux confesseur, le roi ordonna qu’ils fussent néanmoins saisis et garrottés; mais an milieu de la nuit leurs fers se rompirent. Le roi effrayé leur donna de suite la liberté de s’en aller.

LXXXIX. Marcel, évêque de la ville de Paris, la délivra d’un énorme serpent, et repose maintenant dans le faubourg. Ragnimod, aussi évêque de Paris, étant venu à son tombeau lorsqu’il n’était encore que prêtre, y guérit de la fièvre quarte.

XC. Le lendemain du jour où le roi Chilpéric entra dans Paris (28 mai 576), fut guéri un paralytique qui se mettait sous le portique de l’église Saint-Vincent où repose le corps du bienheureux Germain.

XCI. Au tombeau de la très sainte vierge Geneviève, la fièvre se dissipe.

XCII. Le bienheureux saint Ludre (Lusor), fils du sénateur Leucadius, est inhumé à Déols, au territoire de Bourges, dans un sépulcre en marbre de Paros admirablement sculpté. Le saint évêque Germain, de Paris, célébrait les vigiles en ce lieu lorsque les clercs qui l’assistaient s’étant paresseusement appuyés sur le sépulcre en chantant les psaumes, il en sortit un bruit formidable qui effraya les assistants.

XCIII. Dans le faubourg de la ville de Trèves repose saint Maximin [mort en 349], au tombeau duquel sont punis les parjures, comme le fut un jour le prêtre Arboastes qui, ayant un procès contre un Franc par-devant le roi Théodebert, ne craignit pas de jurer sur ce tombeau qu’il n’avait rien dit que de vrai.

XCIV. Nicétius [mort en 566], évêque de la même ville, est enterré dans l’église de Maximin et y opère aussi de nombreux miracles.

XCV. Le glorieux confesseur Médard [mort en 560] repose auprès de Soissons. Avant de lui dédier un temple, on avait établi sur son tombeau un bosquet dont les arbustes, taillés en petits morceaux de bois, faisaient disparaître le mal de dents. Charimer, maintenant référendaire du roi Childebert, a éprouvé l’efficacité de ce remède. Nous possédons une baguette qui provient de là et dont nous avons souvent éprouvé la vertu.

XCVI. Albinos, évêque d’Angers. Guérison d’un paralytique à son tombeau et d’une femme aveugle, du bourg de Craon, qui avait invoqué le nom du saint.

XCVII. Hospice (Hospitius) fut un grand serviteur de Dieu à Nice. Son cercueil déposé dans l’île de Lérins.

XCVIII. Ingénuus, ermite du pays d’Autun, usait pour faire cuire les mets destinés à ses repas d’une marmite de bois qui lui servait depuis nombre d’années sans que le feu ne la consume.

XCIX. Avit, higoumène dans la partie du pays Chartrain appelée le Perche, fut enterré avec honneur à Orléans. Punition d’un cultivateur qui prétendait travailler le jour de la fête de ce saint.

C. Cyprien, higoumène dans la ville de Périgueux. Beaucoup de maladies diverses se guérissent à son tombeau.

CI. La même chose arrive au tombeau d’Éparchus, jadis reclus à Angoulême.

CII. De même au tombeau de Félix, évêque de Bourges, qui était en marbre de Paros, recouvert d’une pierre commune que l’on changea au bout de douze ans contre un plus beau couvercle qui fut fait en marbre d’Héraclée.

CIII. De même au tombeau de Junien, reclus du pays de Limousin.

CIV. Miracles arrivés à la mort de Pélagie, mère du bienheureux higoumène Aredius.

CV. Tombeau de la sainte fille Crescence, dans un faubourg de Paris, non loin de l’église principale. Ce tombeau n’était recouvert par rien ; cependant les fiévreux y guérissaient. Le monétaire de la ville, averti par un songe, s’empressa de faire construire un oratoire sur cette sépulture.

CVI. Funérailles de la bienheureuse reine Radegonde de Poitiers, faites en l’absence de Marovée, évêque de cette ville, par Grégoire de Tours (13 août 587).

CVII. De Tétricus, évêque de Langres.

CVIII. De saint Orientius, évêque d’Auch.

CIX. De sainte Quitterie, en Gascogne.

CX. De Paulin, évêque de Nole.

CXI. Un pauvre ayant demandé inutilement l’aumône à des matelots dans un port de mer, changea en pierres tout ce qui était sur leur navire. J’ai vu moi-même des dattes et des olives qui en provenaient et qui étaient plus dures que le marbre tout en ayant conservé leur couleur naturelle.

CXII. Un habitant de Lyon, qui ne possédait qu’un tiers de sol, parvint à s’enrichir en achetant du vin et en le revendant mélangé d’eau. Il amassa de cette manière cent sous d’or. Mais un jour qu’il avait à la main sa fortune enfermée dans un sac en peau de Phénicie, un milan prenant ce sac pour quelque morceau de chair, le lui enleva des mains, et en s’envolant par-dessus la Saône le laissa tomber dans le fleuve.



in Livre Septième
traduction de H. Bordier
publié à Paris
1859-1862
(Nous avons quelquefois modernisé l'orthographe 
et précisé certains points du document. C.L.-G.)
*