samedi 18 mai 2013

Poème écrit par Père Païssios à sa mère avant qu'il n'aille devenir moine au Mont Athos



Saint Arsène
et
Père Païssios
de bienheureuse mémoire

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Μαννούλα μου σε χαιρετώ εγώ πάω να μονάσω,
Φεύγω την μάταιαν ζωήν, τον πλάνον, να γελάσω,
Στην μοναξιάν στην έρημον τα νιάτα να περάσω,
Δια την αγάπην του Χριστού, όλα θα τα θυσιάσω.

Όλα του κόσμου τα αγαθά,σαν σκύβαλλα θα αφήσω,
Να εκτελέσω την πρώτη εντολήν, τον Θεόν να αγαπήσω
Με τον σταυρόν στον Γολγοθάν, τον Ιησούν ν’ακολουθήσω,
Και εις την άνω Ιερουσαλήμ, εύχομαι να σε συναντήσω.

Φεύγω απ’την μεγάλην σου στοργήν, μαννούλα να μπορέσω
Δια να ήμεθα αιώνια μαζί, τον Ιησούν, θα παρακαλέσω,
Διαυτό μικρός εθέλησα τα μαύρα, δια να φορέσω,
Να αφιερωθώ εις τον Χριστόν, του Θεού να αρέσω.

Και δια μητέρα εις το εξής, θα έχω την Παναγίαν,
Να με φυλάξη αβλαβή, απ’ του εχθρού την πανουργίαν
Μάννα μου με κατάνυξιν, στην έρημον εδώ στην ησυχίαν
Θα εύχομαι πάντα δια εσέ, και διόλην την πολιτείαν.

Μοναχού Παϊσίου Φιλοθεΐτου. Αγ. Όρος 1-5-1957

Αφιερούται στην σεβαστήν μου Μητέραν.

Παΐσιος

+


Petite Maman je te salue, je pars pour devenir moine.
Je fuis cette vie vaine pour me moquer du trompeur *
Dans la solitude du désert je passerai ma jeunesse
Pour l'amour du Christ je sacrifierai tout

Tous les biens de ce monde je les laisserai comme rebuts
Pour accomplir le premier Commandement qui est d'aimer Dieu
Et de suivre Jésus avec la Croix au Golgotha
Et je prie que dans la Jérusalem d'en-Haut je te retrouve.

Je quitte ta grande affection petite Maman pour que nous puissions 
être éternellement ensemble, et je le demanderai à Jésus
Pour cette raison je voulais porter le noir lorsque j'étais petit
Afin de me consacrer au Christ et de plaire à Dieu

Et pour Mère dorénavant j'aurai la Toute Sainte
Pour me garder sauf de la ruse de l'Ennemi.
Petite Maman, avec componction, ici, dans la quiétude du désert
Je prierai toujours pour toi et pour toute la communauté.


Moine Païssios de Philothéou, Mont Athos
Dédié à ma pieuse mère.
Païssios

Version française Bernard le Caro
* Le Diable

Père Païssios enfant
avec ses parents

+
Poème mis en musique
par P. Michel Saba

vendredi 17 mai 2013

Staretz Eusèbe: "L'habitude dans le culte est le plus grand danger!"




Donc, ce qui est un risque, un grand risque, c'est l'habitude, c'est un grand et terrible danger que l'habitude.

Nous ne pouvons pas nous permettre de tomber dans l'habitude, ni pendant la Liturgie, ni avec le chant, ni avec le Calice de Vie - ne tombons pas dans l'habitude dans ce domaine.

Nous devons ressentir de la crainte chaque fois qu'une Liturgie est servie. Suivons-la avec beaucoup d'émotion, de conscience et de gratitude.

Nous pouvons toujours suivre la Divine Liturgie, comme si c'était la première et la dernière fois.

Par conséquent, le plus grand danger est l'habitude. L'habitude dans sa règle, et dans la prière, dans la Liturgie, et, et, et...

Quand quelqu'un essaie de sentir le Seigneur près de lui, et de vivre son idéal, ils ne s'habitue jamais. Même s'il n'y a pas de temps, disons, pour qu'il accomplisse toute sa règle, s'il fait cette règle au moins bien, nettement, clairement et avec beaucoup de conscience, Dieu va recevoir cela comme l'accomplissement de dix règles. Que nos esprits et nos pensées soient à Dieu et sentent Dieu, là avec nous. Alors, le Seigneur bénit et sanctifie.

Notre vie doit s'éloigner des faiblesses, et être loin des divisions et des compromis. Recherchons une vie pure, une vie complètement pure et sacramentelle. Pour qu'elle soit parfumée avec la prière, l'adoration et la sainte lutte spirituelle. De sorte que toutes ces choses-là attestent que nous sommes inébranlables dans notre vocation, et que nous tenons fortement au saint héritage de notre vie qui a mis sa foi dans le Seigneur.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Haïjin Pravoslave (LXXXII)


Au matin de Pâques
Chaque brindille de temps
Est éternité

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 16 mai 2013

Des péages aériens (4)

File:Agelos anastaseos kiriou.jpg

Les anges déchus montent la garde dans l'étendue de l'air pour éprouver des âmes selon divers péchés auxquels l'âme peut avoir eu des penchants au cours de sa vie. [15] Ces lieux de jugement sont connus comme les péages aériens et les esprits gardiens les percepteurs qui "agissent ainsi par le droit qu'ils ont acquis.» [16] Constantine Cavarnos affirme également que cette demande de rendre des comptes est un test de l'âme imparfaite par les démons qui lui reprochent ses nombreux péchés. [17]

Il est important de noter que les procès des péages aériens sont surtout pour ceux qui quittent cette vie dans un état tiède, car les âmes des justes sont immédiatement reçues par les saints anges, tandis que les âmes des impénitents endurcis sont prises à Hadès par les démons. Le Psaume 1:5 déclare: «. C'est pourquoi les méchants ne résisteront pas au jugement".  Inversement, Jean 5:24 nous enseigne que celui qui entend et croit la Parole de Dieu ne sera point en jugement, et le bienheureux Théognoste affirme que l'âme de l' homme juste "traverse l'air sans entrave, sans être inquiété le moins du monde par les mauvais esprits.» [18] l’Archimandrite Vasilios Bakogiannis conclut que «Les péages aériens sont pour ceux qui quittent ce monde dans un état mortel de tiède torpeur. Ils sont pour ceux dont le départ de ce monde a lieu dans hiver des passions ou en un jour de sabbat (Matthieu 24, 20) (c'est à dire sans avoir cultivé les vertus). »[19] Le Métropolite Hierotheos Vlachos enseigne la même chose de l'âme du juste et du impénitent, tout comme Constantine Cavarnos. [20]
[…].
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

Notes :

[15] cf. Eph. 2 :2, 6 :12.

[16] Ibid., P. 136, 133, QTD. In Fr. Seraphim Rose, The Soul after Death, p. 66, 65.

[17] Future Life, p. 24.

[18] Cité dans Ibid., P. 60.

[19] Ibid., P. 61.

[20] Vlachos, Life After Death (1995), p. 62, 66, 72, 77; Cavarnos, Future Life, p. 23. Cavarnos cite saint Maxime le Confesseur: «Ceux qui ont acquis l'amour parfait de Dieu et qui ont, par leurs vertus, ressuscité sur les ailes de l'âme,« seront pris dans les nuages ​​», comme le dit l'Apôtre, et ne seraont pas mis en jugement [sic]. D'autre part, ceux qui n'ont pas acquis l'amour dans toute sa perfection, mais avoir à la fois péchés et vertus sur leur compte, comparaîtront devant le tribunal de jugement. Là, ils seront jugés, pour ainsi dire, par le feu. Leurs bonnes actions seront mises en balance avec les mauvaises, 

mercredi 15 mai 2013

Des péages aériens (3)

File:Sleguvanje od Pekolot Kurbinovo.jpg

Saint Dorothée de Gaza ajoute encore la pensée véritablement terrifiante que «les âmes des morts se souviennent de tout ce qui s'est passé ici... [elle] se souvient des passions qu’elle a eues et des péchés qu'elle a commis et des personnes avec lesquelles elle les a commis" et "elle est seule avec ses propres passions et, en bref, elle est tourmentée par elles». [7] saint Ephrem de Syrie enseigne de même que lors de la mort, l'âme voit "toutes les oeuvres qu'elle a réalisées, bonnes et mauvaises, de jour et de nuit ". [8] C'est pourquoi les Pères nous encouragent à nous rappeler le jour de notre mort imminente, car ceux qui s’adonnent en vérité au souvenir de la mort ne pécheront jamais. [9]

Il convient de noter que pour le juste, la séparation de l'âme et du corps n'est pas effrayante, mais c'est en fait joyeux, car il a déjà commencé à goûter à la vie spirituelle et l'âme va demeurer dans la béatitude de la lumière du Christ. Encore une fois, saint Ephrem enseigne que «le juste et le saint, et les ascètes se réjouissent à l'heure de la mort et de la séparation... Leurs âmes bondissent car ils sont prêts à sortir de leur corps pour leur repos», et saint Séraphim de Sarov s'exclame: «Quelle joie, quelle exultation attendent l'âme quand les anges de Dieu viennent la prendre.» [10] Le psalmiste déclare: «Précieuse, aux yeux du Seigneur est la mort de Ses saints» (Psaume 115:6). Mais pour ceux qui ne se sont pas eux-mêmes totalement unis au Christ dans cette vie, la séparation de l'âme et du corps est redoutable, car elle n'est pas naturelle, et en outre, parce qu’à la mort, par la suite l'âme est entourée et attaquée par des démons horribles. "Le mal tue le méchant », dit le roi David (Psaume 33:22). Cette réalité est rappelée à plusieurs reprises dans notre riche tradition liturgique. Tous les soirs aux Petites Complies l'Eglise prie: «Et au moment de mon départ de cette vie, prends soin de mon âme misérable et éloigne d'elle les formes ténébreuses des mauvais démons», [11] et à l'Office de la séparation de l'âme et du corps, nous prions: «Ô refuge réputé des pécheurs et de ceux qui sont contrits, fais-moi connaître ta miséricorde, ô Toute Pure, et délivre-moi des mains de démons: carr beaucoup de chiens m'ont entouré »[12 ] Ce ne sont que deux des innombrables exemples qui pourraient être mis en avant. [13]

Par ces attaques de démons, est accompli le jugement particulier dont saint Paul a écrit: "Et comme il est réservé aux hommes de mourir une fois, après quoi vient le jugement» (Hébreux 09:27). Saint Ignace Briantchaninov écrit que depuis l'époque de la chute d'Adam jusques à la destruction de l’Hadès par le Christ, Satan se tenait sur le chemin vers le Paradis bloquant l'entrée de chaque âme, et après la résurrection du Christ, il continue à prendre ces âmes qui s'inclinent vers lui. Il poursuit:

Tous ceux qui ont ouvertement rejeté le Rédempteur constituent l'héritage de Satan: leurs âmes, après la séparation du corps, descendent tout droit en enfer. Mais les chrétiens qui sont enclins au péché sont aussi indignes d'être immédiatement traduits de la vie terrestre à l'éternité bienheureuse. La justice elle-même exige que ces inclinations au péché, ces trahisons du Rédempteur doivent être pesées et évaluées. Un jugement et une évaluation sont nécessaires afin de définir le degré d'inclinaison d'une âme chrétienne au péché, afin de définir ce qui prédomine en elle - la vie éternelle ou la mort éternelle. Le Jugement de Dieu sans hypocrisie attend chaque âme chrétienne après son départ du corps. [14]

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

Notes :

[6] The Lenten Triodion, Seminary Press Saint-Tikhon (1994), p. 144.

[7] Discourses and Sayings, Cisterna Publications (1977), pp 185 184.

[8] The Ascetic Works, dans la version en grec moderne par Mark D. Sakkorrafos, Athènes 1964, p. 155, QTD. dans Cavarnos, Future Life, p. 22.

[9 St. John Climacus, The Ladder of Divine Ascent, 6:24.

[10] St. Ephraim, The Ascetic Works, p. 9, and Cavarnos and Zeldin, St. Seraphim of Sarov, in Modern Orthodox Saints V (1980), p. 47; tous deux cités in Cavarnos, The Future Life, pp. 22, 23.

[11] Prière à la Mère de Dieu par le moine Paul

[12] Office at the Parting of the Soul from the Body, Canon of Prayer to the All-undefiled Birth-giver of God, on behalf of a man whose soul is departing, and who cannot speak, in Hapgood, Service Book of the Holy Orthodox-Catholic Apostolic Church (1965), p. 361.

[13] The Office at the Parting of the Soul from the Body alone contains eight references to the assault of demons upon the newly-departed soul. Additionally, from the Menaion for Sept 3rd, the Theotokion on the Praises: “Carelessly reclining in the bed of languor and heedlessness, I most slothfully pass through life; and I fear the hour of death, lest that wicked serpent, like a savage lion, in snatching up my lowly soul, rend it asunder with ruthless villainy; O blameless Theotokos, in thy goodness, hasten before the end to bestir me and raise me up to repentance and change of life,” Holy Transfiguration Monastery, p. 60.

[14] Bishop Ignatius, Collected Works, vol. III, p. 136, cité  in Fr. Seraphim Rose, Soul After Death, p. 65. Je souligne - pour mettre en évidence que les questions des péages aériens ne sont pas une affaire juridique d'inspiration latine, mais sont plutôt un moyen permettant de déterminer l'amour pour Dieu, ou son absence, dans l'âme de l'homme. Mgr Ignatius, Œuvres, vol. III, p. 136, QTD. en Fr. Seraphim Rose, âme après la mort, p. 65.

mardi 14 mai 2013

Des péages aériens (2)

File:Pascha 2.jpg

Lors de la séparation du corps, l'âme s'embarque dans une existence purement spirituelle qui nous est inconnue à nous vivant dans la chair, et c'est pourquoi les textes ascétiques sur la vie après la mort semblent souvent étranges, déroutants, voire problématiques pour nous. 
Seuls les justes qui se sont purifiés et ont acquis une plus grande profondeur de vision spirituelle ont connu un avant-goût de cette vie spirituelle, et c’est donc vers eux que nous devons chercher une guidance spirituelle pour comprendre les révélations sur l'âme après la mort. Par les écrits patristiques, les vies des saints, l’hymnographie, et même l’iconographie, l'Église nous fournit une multitude de sources à partir desquelles nous pouvons discerner la juste conception orthodoxe du voyage de l'âme après la mort.

Dans la théologie de l'Eglise, la période entre la mort et le Jugement dernier, au retour du Christ est connue comme l'état intermédiaire des âmes. Pendant ce temps, l'âme est jugée et il lui est donné un avant-goût du ciel ou de l'enfer qui l'attend après la résurrection générale à la consommation des temps. L’anthropologie orthodoxe rejette fermement toutes les formes de dualisme et affirme que l'homme consiste naturellement à la fois en un corps et une âme. Ainsi l'âme qui se sépare du corps au moment du décès est dans un état anormal, et pour cette raison, la séparation de l'âme est un événement effrayant. De ceci saint Jean Damascène écrit: "En vérité le plus effrayant, c'est le mystère de la mort, comment l'âme est violemment séparée de sa concorde avec le corps et, que, par décret divin, le lien le plus naturel de leur cohésion est coupé," [5 ] et un stichère pour les morts chantée au Ton 2 le vendredi soir aux Vêpres dit ce qui suit:

Malheur à moi! Comme grande est la lutte que l'âme endure à sa séparation d'avec le corps. Malheur à moi! Combien de larmes elle jette, mais nul n’a pitié d'elle. En ce qui concerne les anges, elle supplie en vain, étirant ses mains vers les hommes, elle ne trouve personne pour l’aider. Ainsi, mes frères bien-aimés, réfléchissant sur la brièveté de notre vie, nous demandons au Christ à donner le repos aux disparus et d’accorder notre âmes grande miséricorde. [6]

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

Notes :

[5] Idiomelon pour les défunts dans le 4ème ton (Octoèque), QTD. dans Cavarnos, Future Life, p. 21.

[6] The Lenten Triodion, Seminary Press Saint-Tikhon (1994), p. 144.

Haïjin Pravoslave (LXXXI)


L'ombre de la Croix
Est Lumière qui t'expose
Au matin de Pâques

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

lundi 13 mai 2013

Des péages aériens (I)

File:First Fruits.JPG

Dans une lettre au Père Thomas Merton, le jeune converti orthodoxe Eugene (Plus tard, le Père Seraphim) Rose a écrit: "Avant tout, le chrétien dans le monde contemporain doit montrer à ses frères que tous les «problèmes de notre époque» sont sans conséquence à côté du problème central unique de l'homme : la mort, et sa réponse, le Christ... Laissez de côté le babil sophistiqué contemporain chercher dans son enfantillage «des récompenses futures» et tout le reste - la vie après la mort est tout ce qui compte" [1] Bien que l'homme moderne admette la mort comme supposée naturelle, il n'a aucune compréhension de la réalité de la mort. Dans l'Église orthodoxe seule est conservé l'authentique enseignement chrétien sur la condition paradisiaque de l'homme, sa chute et la mort conséquente, la Résurrection du Christ détruisant la mort, et la vie après la mort.

Malheureusement, même dans l'Eglise aujourd'hui, il y a confusion et ignorance de ce que l'Eglise enseigne, ceci étant assombri par la notion que l'Orthodoxie a peu à dire sur la vie après la mort. En recherchant les doctrines orthodoxes du ciel et l'enfer, des anges et des démons, et de la vie après la mort, saint Ignace Briantchaninov a constaté que, en fait, l'Eglise est très précise dans ce qu'elle enseigne, contrairement aux enseignements de l'Occident qui deviennent de plus en plus vagues sous l'influence de la philosophie et de l'attachement croissant de l'homme aux choses de ce monde. [2]

Bien que l'Eglise nous donne beaucoup d'informations sur la vie après la mort, il est facile de mal comprendre. En ce qui concerne l'existence de l'âme après la mort, il est bon de se rappeler les conseils de l'ange à saint Macaire d'Alexandrie: " Accepte les choses terrestres ici comme le plus faible type de représentation des choses célestes" [3]; les thèses et débats au sein de l'Eglise concernant l'eschatologie se posent souvent sur une approche trop littérale des textes ascétiques qui parlent de la vie après la mort. Concernant ceci,  Père Seraphim Rose écrit:

C'est une chose que de dire... qu'il faut être prudent de ne pas lire les textes orthodoxes sur l'autre monde et la vie après la mort d'une manière par trop littérale ou terrestre, puisque que la réalité est à bien des égards évidents très différente de la réalité terrestre, mais c'est tout à fait une autre chose que de "balayer" tous ces textes et de nier qu'ils font référence à quoi que ce soit d'une manière extérieure, et ne sont que des "allégories" et des "fables…" l'Eglise orthodoxe et les fidèles ont toujours accepté ces descriptions comme correspondant fidèlement à la réalité, même en faisant des restrictions pour la nature particulière, de cette réalité d’un autre monde. [4]

Version française Claude Lopez-Ginisty

D’après


Notes :
[1] Cathy Scott, Seraphim Rose: The True Story and Private Letters, pp 180, 181.

[2] Father Seraphim Rose, A Prologue of Orthodox Saints of the West, in Vita Patrum: The Life of the Fathers by St. Gregory of Tours, St. Herman of Alaska Brotherhood (1988), pp. 23-24.
[3] Cité dans Father Seraphim Rose, The Soul after Death (2004), p. 67.

[4] Ibid., Pp 234-235.

Jean-Claude LARCHET:Recension: Archimandrite Sophrony, « Lettres à des amis proches »




Archimandrite Sophrony, « Lettres à des amis proches », traduit du russe par Anne-Marie et Athanase Tatsis-Botton, éditions du Cerf, Paris, 2013, 146 p., collection « Intimité du christianisme ».

En 1947, l’archimandrite Sophrony (1896-1993) arriva en France après plus de vingt ans passés au Mont-Athos. Il s’installa, avec une petite communauté qui s’était formée autour de lui, « au Donjon », à Sainte Geneviève des Bois, et fit la connaissance du Père Boris Stark qui desservait la Maison russe et le cimetière russe situés dans la même ville. Le père Boris devint alors le confesseur du Père Sophrony  – qui devint lui-même le père spirituel de toute la famille –, et il fut pour lui un soutien précieux lorsqu’une grave opération le priva d’une grande partie de son estomac, et le laissa non seulement très affaibli mais incertain quant à la durée de la vie future. Né en 1909 en Russie, le Père Boris, après avoir perdu sa mère en 1925, avait rejoint son père en France. 
Devenu prêtre, il décida, en 1952, de retourner en Russie pour exercer son ministère, successivement à Kostroma, puis à la cathédrale de Kherson, et enfin à Rybinsk et Iaroslavlj. Le Père Sophrony garda alors jusqu’à sa mort avec le Père Boris, son épouse Natalia Dimitrievna et leurs quatre enfants des liens affectifs et spirituels très étroits. Ce volume rassemble soixante lettres qu’il leur adressa entre 1952 et 1992.
Ces lettres sont d’un grand intérêt. D’une part, le Père Sophrony, s’adressant à des amis intimes, s’y livre à de nombreuses confidences sur sa vie personnelle que l’on ne trouve pas ailleurs (son état de santé, son travail, ses relations aux autres, ses occupations au sein de sa communauté et la façon dont il perçoit la nature et l’évolution de celle-ci en France, puis en Angleterre où elle s’est déplacée en se plaçant sous l’omophore du patriarche de Constantinople après que le projet du Père Sophrony d’aller s’installer en Russie n’eut trouvé aucun écho auprès des autorités du patriarcat de Moscou…). D’autre part, il y fait des remarques profondes et souvent inspirées sur la vie spirituelle et sur l’état du monde actuel.

Citons, à titre d’exemples, quelques extraits, et d’abord ce passage d’une allocution prononcée à l’intention du clergé au congrès de l’ACER à Nice en 1951 et publiée dans ce livre avant les lettres:

« Quand nous entrons en contact avec le monde dans le cadre de notre service, nous voyons que c’est terriblement difficile. Nous ignorons pourquoi Dieu n’a pas daigné nous accorder la force de “guérir toute plaie chez les gens”, ainsi qu’Il l’a accordé aux saints Apôtres et à nos saints Pères. C’est comme si, privés de cette force de guérison, nous étions constamment couverts d’opprobre dans notre service. Quand des gens viennent nous voir, affligés sous le poids de leurs souffrances et cherchant aide et consolation auprès de nous, nous donnons le contraire de ce qu’ils attendent. Sans aide visible, dans la plupart des cas, notre parole n’est pas reçue. Bien plus, elle paraît cruelle. Nous appelons à la patience et à l’espoir. Et nous nous attirons cette réponse: “C’est facile de dire de patienter, mais on voudrait vous y voir, quand les souffrances deviennent insupportables. C’est facile de dire de ne pas désespérer, mais comment garder espoir quand on voit partout confusion, ruine et détresse?” Dans la tristesse de mon cœur, j’ai souvent pensé que si ceux qui viennent à nous constatent que nous ne pouvons pas faire de miracles pour les aider, nous serons dans l’opprobre jusqu’à la fin de nos jours. Et cela, non parce que notre parole n’est pas véridique ou qu’elle est pervertie, mais parce que, privée de signes visibles, elle n’est recevable que par peu d’élus. Qui ouvrira l’ouïe spirituelle des gens, qui leur donnera la vision spirituelle pour qu’ils puissent voir et entendre la lumière et la beauté de la parole prêchée par l’Église, au point que leurs âmes soient détournées de tout le reste? Détournées, je ne veux pas dire haineuses ou hostiles, mais conscientes de l’incommensurabilité entre tout ce qui est du monde et la parole du Christ. Et nous, dans notre folie, nous osons dire que nous vous prêchons, à vous et à tout le monde, cette parole-là, cette parole du Christ qui donne la vie éternelle. […] Ne vous étonnez pas que nous soyons si peu nombreux, que les fruits de nos prédications soient quantitativement si négligeables. La grandeur de notre parole n’en est pas diminuée et la vérité n’en souffre pas dans son essence même. La parole de Dieu s’adresse à l’homme libre, avec douceur et sans violence; l’homme peut l’accepter ou la refuser. Méprisés, rejetés, persécutés, nous nous renfermons dans nos coins et préférons le silence. Nous voyons que le monde suit ses propres voies. Le cœur des gens s’ouvre avidement pour recevoir chaque semence de méfiance, d’inimitié, de haine, d’hostilité, et reste sourd et aveugle aux appels de l’Église: aimer son prochain. Mais l’ingratitude des gens devient particulièrement criante quand ils masquent leur inimitié et leur mensonge derrière le nom du Christ et leur pratique religieuse. »

Extrait de la lettre 20 :

« J’ai toujours pensé (quand j’étais encore un “artiste”) et je pense encore que l’art le plus haut est l’art de vivre. Les gens manifestent souvent de grands dons de maîtrise de soi, et quand ils se plongent dans leur travail créateur ils vont jusqu’à maîtriser de très subtils mouvements de doigts (chez les musiciens), à peser avec précision le moindre mot (chez les poètes et les écrivains), à trouver des nuances de ton à peine perceptibles (chez les peintres). Mais voilà, dans la vie presque tous ces “artistes” s’avèrent tout à fait incapables de maîtriser non seulement les plus insignifiants détails de leur vie intérieure, de leurs émotions ou du fil de leurs pensées, mais même de tenir en bride leurs passions les plus grossières.
Ainsi l’art de vivre (c’est-à-dire de se dominer à chaque instant, en tout lieu, quoi qu’on fasse et vis-à-vis de tous) est indiscutablement le plus noble des arts ; et sans aucun doute le plus indestructible, car il accompagnera l’homme jusqu’au-delà de la mort, dans la vie éternelle. Comme vous le savez, je prêche cet art de vivre parce que cela fait partie de mon ministère, tout en étant bien conscient de ma complète incompétence. Pour moi il est clair que toute la souffrance du monde ne peut être attribuée au Créateur. Bizarrement, les gens ne choisissent pas le meilleur, mais la médiocrité. Je ne dis pas le pire, mais la médiocrité. Mais on y est bien à l’étroit, dans cette médiocrité, quand on s’y cramponne sans vouloir laisser son cœur se dilater. Ainsi toute notre vie se passe à lutter contre l’étroitesse du cœur des gens. Et, à dire vrai je suis souvent au bord du désespoir. Les gens, même ceux qui sont bons, gentils, intelligents ou instruits, ne sont pas capables de vivre en bonne entente, et alors le tissu de la vie se déchire à chaque pas. On ne peut le raccommoder, ce tissu vivant, que par une tension extrême de tout l’amour qu’on donne aux autres. Et quand on a tout donné sans avoir pu rétablir l’ intégrité, le cœur est dans une grande souffrance et tout l’être avec lui.
Voilà, je vous confesse l’état où se trouve le plus souvent mon âme actuellement, c’est-à-dire dans ma vieillesse, quand ma force a faibli et que je vois arriver la fin de ma vie sans avoir atteint ce que je cherche et ai toujours cherché. Visiblement, cela n’aura pas lieu sur terre. Et notre départ d’ici-bas sera inévitablement lié à la tristesse devant l’état du monde.
N’interprétez pas ces paroles comme un signe, chez moi, de pusillanimité. Non. C’est plutôt du chagrin, de la pitié. C’est lassant de passer toute sa vie à lutter contre l’ignorance crasse, les mauvais penchants des gens. C’est lassant, parce que les gens ne veulent pas le bien, ni la lumière. L’expérience des siècles a montré tous les méfaits des divisions et des batailles. Il semble qu’il serait possible... qu’il serait grand temps... de comprendre que si les gens unissaient leurs forces ils pourraient vivre sans manquer de rien. Mais la passion de dominer, de commander s’est tellement enracinée dans le cœur des hommes que c’est justement cet état qui leur semble tout à fait normal. »

Extrait de la lettre 31 :

« Que la joie d’attendre la venue du Jour sans Déclin du Christ ne vous quitte pas, et que la véritable inspiration, qui n’est autre que l’Esprit Saint lui-même, demeure constamment avec vous et vous enveloppe plus encore que l’air terrestre. Ce souhait est d’autant plus ardent maintenant que dans le monde entier naissent et se multiplient les « préhommes », des brutes trop souvent incapables d’accepter la naissance donnée par l’Esprit, donnée d’en haut : ils restent des “préhommes” jusqu’à la fin de leurs jours et sont privés de la conscience d’être des fils de Dieu, incapables de dire comme il faut la prière du Seigneur, le “Notre Père”. Le monde devient un zoo géant. Et nous devons constamment élever nos voix vers Dieu pour qu’Il envoie à ce monde, qui périt dans l’étau du désespoir et de l’absence de sens, une nouvelle révélation – ou plutôt de nouveaux miracles (pas d’ordre technique, bien sûr), afin de réveiller la conscience de ces « “préhommes” et qu’ils naissent à une vie humaine authentique. Le Starets [Silouane] et beaucoup d’autres ascètes ont prié pour le monde pendant des décennies, et cette prière est sains fin. Mais le Christ a vaincu, et sa victoire demeure pour l’éternité. »

Extrait de la lettre 35 :

« J’ai décidé de laisser mes “enfants”, comme je les appelle, pour qu’ils se préparent à mon départ inévitable, c’est-à-dire à lutter seuls pour leur existence, et aussi pour pouvoir me reposer, me retrouver moi-même loin de l’incessant remue-ménage. Me croiras-tu (je sais que tu me croiras parce que tu passes aussi par cette épreuve), il m’arrive très souvent de ne pas avoir le temps de ranger ma chambre, de manger normalement au calme ou de me faire un emploi du temps vivable. Je me donne à tous et à chacun – et surtout à ceux qui souffrent, qui ont désespérément besoin d’aide, qui sont écrasés par une solitude pesante, par des maladies, par un travail au-dessus de leurs forces ou par leurs imperfections. C’est d’eux que je me soucie en premier. C’est vers eux que je porte d’abord mon cœur et mon attention. Viennent ensuite les inévitables “affaires” de ce monde: toutes les questions officielles et administratives liées à notre existence. Ensuite, il y a l’accueil des nombreux visiteurs qui, pour la plupart, viennent de loin et méritent donc toute notre sollicitude. Enfin il y a ma correspondance […]. Tu sais aussi que la correspondance d’un prêtre est plus que toute autre complexe et exigeante, parce que tous ceux qui s’adressent à lui le font en espérant qu’il soit attentif à tous leurs problèmes, qu’il partage leurs chagrins, et ainsi de suite. Il suffit souvent de la moindre imprudence, de la moindre négligence pour qu’une personne soit mortellement blessée de cette inattention, et même soit induite en tentation pour longtemps. Tout ceci exige beaucoup de force intérieure. Je m’étonne parfois moi-même d’avoir porté ce fardeau pendant tout ce temps. Je ne peux pourtant pas me vanter d’avoir une bonne santé. Depuis mon opération, pendant presque toutes ces années, j’ai dû prendre des somnifères le soir (c’est-à-dire à une ou deux heures du matin) pour pouvoir commencer l’office à six heures. Souvent, j’ai dû me contenter de quatre heures de sommeil. Parfois je réussis à me reposer un peu l’après-midi, mais parfois je m’écroule sur mon lit totalement épuisé.
Tu ne diras pas, comme d’autres, que je me plains: les gens ne permettent pas à un prêtre d’exprimer la moindre difficulté car ils attendent qu’il les aide, alors que lui-même doit porter tous leurs fardeaux, et même, si c’est la volonté de Dieu, les fardeaux du monde entier. Je les comprends ; à ceux qui exigent trop (et seulement à ceux-là) j’écris que je ne peux pas suivre, que je n’ai pas assez de force, afin qu’ils prennent un peu moins mal une éventuelle négligence de ma part. »

Jean-Claude Larchet

Haïjin Pravoslave (LXXX)


Les saintes icônes
Font entrer ton âme au Ciel
Grâce à la Beauté

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

dimanche 12 mai 2013

Protopresbytre John Savvas ROMANIDES (Ιωάννης Σάββας Ρωμανίδης): Les Deux types de foi



Les êtres humains peuvent avoir deux sortes de foi. Le premier genre de foi, qui a son siège dans l'esprit, c'est la foi raisonnable d'acceptation. Dans ce cas, une personne accepte rationnellement quelque chose, et croit en ce qu'elle a accepté, mais cette foi ne la justifie pas. 
Quand l'Écriture sainte dit, "l'homme est sauvé par la foi seule", (1) elle ne veut pas dire qu'il est sauvé par la seule foi d'acceptation. Il y a, cependant, une autre sorte de foi, la foi du cœur. Elle est mentionnée ainsi parce que ce genre de foi est introuvable dans la raison humaine ou l'intellect, mais dans la région du cœur (noûs). Cette foi du cœur est un don de Dieu que vous ne recevrez pas, à moins que Dieu ne décide de l'accorder. Elle est aussi appelée "la foi intérieure", qui est le genre de foi que le père du jeune lunatique de l'Evangile demanda au Christ de lui donner quand il dit: "Seigneur, viens en aide à mon peu de foi." (2) Naturellement, le père croyait déjà avec sa raison, mais il n'avait pas cette foi intérieure profonde qui est un don de Dieu.

La foi intérieure est enracinée dans une expérience [empirique] de la Grâce. Et puisque c'est une expérience de la Grâce, que serait cette foi intérieure en ce qui concerne un chrétien orthodoxe? La foi intérieure est la prière noétique. Quand quelqu'un a la prière noétique dans son cœur, ce qui signifie la prière du Saint-Esprit dans son cœur, alors il a la foi intérieure. 
Grâce à ce genre de foi, et par la prière, il voit des choses qui sont invisibles. Quand quelqu'un a ce genre de vision, elle est appelé theoria. La theoria, en fait, signifie vision. 

En règle générale, il y a deux types de vision qui peuvent avoir lieu.

Quand une personne n'a pas encore atteint la theosis (divinisation), il est encore possible pour elle de voir au moyen de la prière ce que l'Esprit Saint dit en son cœur. 
Après avoir atteint la theosis, cependant, elle peut voir par le biais de la theosis, dans laquelle à la fois cette foi intérieure (3) et cette espérance sont mis de côté, et que seul l'amour de Dieu demeure (comme don de Dieu). 

C'est ce que saint Paul veut dire quand il dit: "Mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra." (4) 
Lorsque le parfait sera venu, la foi et l'espérance seront abolies, et seul l'amour restera. Et cet amour est theosis. Par la theosis, la connaissance arrive à son terme; la prophétie est annulée; les langues, qui sont la prière noétique, cessent, et seul l'amour demeure. 
Saint Paul dit ceci dans des passages d'une grande clarté et beauté. Les Pères de l'Église, à leur tour offrent des interprétations de ces sujets qui sont incontestablement corrects.(5)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Bulletin de la Paroisse Saint Jean-Baptiste
Washington D.C.
USA


Notes:
(1) Ephésiens 2:08.
(2) Mark 9:24.
(3) c'est à dire, la prière du cœur.
(4) 1 Corinthiens 13: 10 et 13: 13. Puisque la foi et l'espérance ont rempli leur objectif et 
 que l'homme a atteint le point de voir Dieu, la source de sa foi et de son espérance, il sait maintenant simplement 
 (devient!) et aime Celui Qui est Amour.
(5) L'ensemble de la
Philocalie des Pères Neptiques s'intéresse à ces questions.

 

Haïjin Pravoslave (LXXIX)


Si tu n'entends pas
L'univers louer le Christ
C'est que tu es sourd

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Le mariage chrétien



Une réflexion sur l'infamant "Mariage pour tous" sur un site dédié à la Bible Louis Segond

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


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Saint apôtre Thomas
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29 avril / 12 mai 
 Dimanche de l’apôtre Thomas « Antipâques » 
 Les neuf Martyrs de Cyzique : saints Théognide, Rufus, Théostique, Antipater Artème, Magnus, Théodote, Thaumase et Philémon (286-299) ; saint Memmon thaumaturge ; saints martyrs Diodore et Rodopien, diacre (284-305) ; saint Basile évêque d'Ostrog au Monténégro (XVI°) ; saint Nectaire d’Optino (XX°). 
 Lectures : Actes V, 12 - 20 / Jn. XX, 19-31

AU SUJET DU DIMANCHE DE THOMAS 
 Nous commémorons ce dimanche l’apparition du Seigneur aux apôtres, après Sa Résurrection, et le toucher de Ses plaies par l’apôtre Thomas. L’apparition du Seigneur ressuscité à l’apôtre Thomas et aux onze autres disciples est fixée le premier jour suivant la semaine pascale, parce que les circonstances de cette apparition constituent une preuve incontestable de la Résurrection du tombeau, « comme de la chambre nuptiale, avec Sa chair immaculée ». Le huitième jour après Pâques, comme achèvement des solennités de la Semaine Lumineuse, constituait depuis les temps anciens une solennité particulière. Le dimanche de Thomas est également appelé « antipâques », ce qui signifie « au lieu de Pâques », parce que l’Église a transféré à ce dimanche une partie de l’antique office pascal, qui fut remplacé par celui de St Jean Damascène que nous célébrons de nos jours. Depuis ce jour commence le cycle des dimanches et des semaines de toute l’année. Selon l’usage de l’Église Russe, on commémore les défunts le mardi suivant le dimanche de Thomas. La raison en est que le typicon autorise de nouveau, la commémoraison des défunts à partir du lundi de Thomas. C’est ainsi que les croyants se rendent sur la tombe de leurs proches pour annoncer la joyeuse nouvelle de la Résurrection du Christ. De là vient l’appellation de ce jour « radonitsa » en russe (radost’ = la joie). La commémoraison des défunts après Pâques remonte aux temps les plus anciens. St Ambroise de Milan, dans l’une de ses homélies dit : « Il est digne et juste, après les solennités pascales que nous avons célébrées, de partager notre joie avec les saints martyrs, et de leur annoncer la joie de la Résurrection du Christ, à eux en tant que participants aux souffrances du Seigneur ». Ces paroles de St Ambroise, bien que se rapportant aux martyrs, peuvent confirmer notre usage de commémorer les défunts après Pâques, eu égard au fait que, dans les temps anciens, on enterrait les défunts parmi les martyrs. 

Tropaire de Pâques, ton 5

Хpистócъ вocкpéce изъ ме́ртвыхъ, cме́ртію cме́рть попра́въ и су́щымъ во гробѣ́xъ живо́тъ дарова́въ.
Le Christ est ressuscité des morts, par Sa mort Il a vaincu la mort, et à ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la vie.

 Tropaire du dimanche de Thomas, ton 7

Запеча́тану гбу, живо́тъ отъ гбa возсія́лъ ecи́ Xpисте́ Бо́же, и двépeмъ заключе́ннымъ, учени-ко́мъ предста́лъ ecи́, вcѣ́xъ вocкpecéнie : ду́хъ пра́вый тѣ́ми обновля́я на́мъ, по вели́цѣй Твое́й ми́лости.

Le sépulcre étant scellé, Toi qui es la Vie, ô Christ Dieu, Tu t’es levé du tombeau, et les portes étant fermées, Toi, la Résurrection de tous, Tu t’es présenté devant Tes disciples, par eux renouvelant en nous un esprit droit, dans Ta grande miséricorde.


Kondakion, ton 8
Любопы́тною десни́цею, жизнопода́тельная Tвоя́ péбра Фомá испыта́, Xpисте́ Бо́же : coзаключе́ннымъ бо двépeмъ я́ко вше́лъ ecи́, съ про́чими апо́столы вопiя́ше Тебѣ́ : Го́сподь еси́ и Бо́гъ мо́й.
Voulant s’assurer de Ta Résurrection, Thomas scruta de sa droite curieuse Ton côté vivifiant, ô Christ Dieu ; aussi, lorsque Tu entras, les portes étant fermées, il Te clama avec les autres apôtres : Tu es mon Seigneur et mon Dieu.


Au lieu de « il est digne en vérité » ton 1:
А́нгелъ вопiя́ше Благода́тнѣй: Чи́стая Дѣ́во, ра́дуйся, и па́ки реку́: Ра́дуйся! Тво́й Сы́нъ воскре́се тридне́венъ отъ гро́ба и ме́ртвыя воздви́гнувый: лю́дiе веселит́еся. Свѣти́ся, свѣти́ся Но́вый Iерусали́ме, сла́ва бо Госпо́дня на Тебѣ́ возсiя́. Лику́й ны́нѣ и весели́ся, Сiо́не. Ты́ же, Чи́стая, красу́йся, Богоро́дице, о воста́нiи Рождества́ Твоего́.

L’Ange dit à la Pleine de grâce : Vierge pure, réjouis-toi, et je te dis à nouveau : réjouis-toi ! Car ton Fils est ressuscité du tombeau le troisième jour et a relevé les morts, peuples réjouissez-vous. Resplendis, resplendis, Nouvelle Jérusalem, car la gloire du Seigneur a brillé sur toi. Danse et crie de joie, Sion, et toi, Pure Mère de Dieu, réjouis-toi de la Résurrection de Ton Fils.



VIE DE SAINT BASILE D’OSTROG[1]

Notre saint Père Basile naquit, en 1610, de parents pauvres mais fort pieux, dans le village de Merkonitch en Herzégovine. La première école de piété fut pour lui la maison paternelle, où l’on se souciait plus des choses de Dieu que de

ce qui est terrestre et éphémère, et la seconde école où son âme put satisfaire ses aspirations spirituelles, fut la fréquentation régulière des offices liturgiques, prolongée par la prière personnelle dans la solitude. Après être entré dans l’église en se prosternant profondément à terre et en avoir pieusement baisé le sol, il suivait la Divine Liturgie, immobile et avec crainte, comme s’il se trouvait devant le trône de Dieu. Bien qu’il fût très pauvre, il partageait toujours son pain avec les autres enfants qui allaient avec lui paître les troupeaux. Pour échapper à l’influence perverse de voisins qui avaient apostasié la foi chrétienne pour se convertir à l’Islam, ses parents l’envoyèrent compléter son instruction au monastère de Zavala, dont son oncle était le supérieur. En lisant avec avidité les écrits des saints Pères son cœur s’enflamma pour la vie ascétique et il décida de devenir moine. Il fut tonsuré au monastère de Tverdoch et, quelque temps après, il fut ordonné diacre puis prêtre. Par la suite, il fut appelé au service du métropolite Mardaire à Tsétinié. En ces temps où les Serbes étaient opprimés sous le joug turc, la foi orthodoxe était par ailleurs mise en danger par la propagande des jésuites qui cherchaient à les convertir au catholicisme. Saint Basile attira l’attention du métropolite sur cette propagande sournoise et sur la nécessité de prendre la défense de l’Orthodoxie, mais celui-ci se montra indifférent et l’accusa faussement devant le peuple. Ces calomnies ne reçurent pas d’échos, car les chrétiens avaient pleine confiance en saint Basile, dont le mode de vie portait un éclatant témoignage de la Vérité. De retour à Tverdoch, le saint parcourut les villages, célébrant les offices et exhortant le peuple à garder la foi comme le plus précieux de ses biens. Cette œuvre apostolique souleva contre Basile la haine de ceux qui avaient adopté la religion musulmane et qui cherchaient à le tuer. Pour échapper à ce danger le saint dut s’enfuir en Russie. Il en revint quelque temps après, avec de nombreux livres et ornements liturgiques. Mais il découvrit que la haine des musulmans et des uniates à son égard ne s’était nullement apaisée, et il dut s’éloigner de nouveau pour faire un pèlerinage au Mont Athos. À son retour, il passa par Petch, où le patriarche serbe Païssi le consacra évêque et le nomma métropolite de Trébinié dans le Monténégro (1638). Le métropolite d’Herzégovine ayant été assassiné peu après par les Turcs, saint Basile fut désigné pour le remplacer. À cette époque, en effet, l’oppression turque redoublait de vigueur contre le peuple serbe, les églises, les monastères et les maisons étaient pillés, et tout le pays était dévasté sans pitié. C’est pourquoi le saint évêque fut contraint une nouvelle fois à prendre la fuite. Il se réfugia au monastère d’Ostrog et s’installa dans la grotte précédemment occupée par le saint higoumène Isaïe. De cette retraite, il dirigea pendant quinze ans son diocèse, en se guidant par la prière et les longues intercessions nocturnes devant Dieu. Il sortait parfois du monastère pour rendre visite au peuple affligé, compatir à ses malheurs et le fortifier dans l’espérance. Nombreux furent ceux qui bénéficièrent alors des pouvoirs miraculeux de sa prière et qui le vénéraient déjà comme un saint. Pendant les grandes vagues de persécution, le peuple venait en foule à Ostrog pour recevoir du saint évêque réconfort spirituel et corporel. Saint Basile dut affronter de surcroît la malice de certains orthodoxes, comme le prince Raïtch

et ses fils qui, inspirés par le démon, causaient beaucoup de tort au monastère et cherchaient à en chasser l’homme de Dieu. Basile prit patience et prédit au prince que tous ses fils trépasseraient en raison des méfaits commis envers le monastère. Lorsque cette prophétie s’accomplit, le prince se repentit profondément, et Dieu lui accorda une nouvelle descendance. Infatigable dans son ascèse et sa prière, par lesquelles il soutenait son peuple, saint Basile s’endormit paisiblement dans le Seigneur, le 29 avril 1671. Au moment où il expira, une lumière ineffable remplit sa cellule, et par la suite une vigne poussa sur le rocher près duquel il était mort, bien que cet endroit fût dépourvu de terre. De nombreux miracles commencèrent aussitôt à se produire sur sa tombe, et ils n’ont pas cessé jusqu’à ce jour. Sept ans après son trépas, saint Basile apparut dans son sommeil à l’higoumène du monastère de Saint-Luc à Joupa, vêtu de ses vêtements épiscopaux, tenant un encensoir à la main, et il lui intima l’ordre d’aller ouvrir sa tombe. Pendant que le saint encensait des morceaux de charbons tombèrent sur l’higoumène ; celui-ci se réveilla plein d’effroi et partit aussitôt avec ses moines pour Ostrog. Quand ils ouvrirent la tombe, ils découvrirent le corps du saint, qui avait la couleur de la cire et dégageait un parfum semblable à celui du basilic. On déposa les reliques dans une châsse dans l’église de l’Entrée de la Mère de Dieu au Temple, où les pèlerins purent dès lors les vénérer. Tout comme le saint, durant sa vie, n’avait pas connu la paix, de même ses reliques durent être cachées à plusieurs reprises pour échapper aux dévastations des Turcs. En 1942, le monastère d’Ostrog fut bombardé, mais grâce à la protection du saint, les projectiles tombaient sans endommager les bâtiments. Un obus tomba même à l’entrée de la grotte du saint transformée en chapelle, où ses reliques étaient déposées, mais il n’éclata pas et il reste exposé de nos jours à cet endroit. Saint Basile est un des saints les plus vénérés par le peuple serbe, c’est pourquoi les églises qui lui sont dédiées sont nombreuses, tant en Serbie qu’à l’étranger.



LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Marc XVI, 9-20
Liturgie : Actes VI, 1-7 ; Marc XV, 43 – XVI, 8


[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.