samedi 3 novembre 2012

Beaucoup de musulmans baptisés après le décès du père Daniel Sisoyev




Selon l'agence de nouvelles Interfax-Religion, la raison de l'assassinat du prêtre Daniel Sysoev a été le succès de sa mission parmi les musulmans, dit son ami, le célèbre missionnaire Père Oleg Stenyaev.

"Un homme se fait tuer quand il est à craindre, quand sa supériorité spirituelle est à craindre. Le Père  Daniel a été menacé quatorze fois. Et même le jour de son assassinat, il a reçu un appel menaçant exigeant qu'il cesse de prêcher parmi les musulmans. Après son assassinat, de nombreux musulmans ont été baptisés, m'ont dit les prêtres d'autres églises,  rapporte le Père Oleg dans un article publié par le journal orthodoxe Krestovsky Bridge.
Selon Stenayev, "Quand le seigneur de guerre Saïd Buryatsky a condamné à mor le Père Daniel,  deux "accusations" ont été annoncées, à savoir que le Père Daniel organisait des débats ouverts avec les musulmans, et qu'il les baptisait.
"Mais les musulmans eux-mêmes ont entamé les débats. Et le fait qu'ils venaient à lui pour être baptisés montre qu'il manque quelque chose dans l'Islam, c'est pourquoi ils sont venus", a déclaré l'auteur.
Le prêtre a souligné que la mission du Père Daniel n'a jamais eu un caractère agressif, et les vidéos de ces débats en sont la preuve.
"Malheureusement, les pauses ne sont pas filmées. Au cours des débats, il y avait des périodes où tout le monde dans le hall d'entrée commençait à parler. Beaucoup de musulmans se rassemblaient autour du Père Daniel et lui posaient des questions auxquelles il répondait très amicalement. Il n'avait aucune animosité envers les gens d'autres confessions et il en parlait dans ses conférences: "J'aime ces gens, mais je ne partage pas leur foi et leurs croyances", dit l'article.
Père Oleg considère que son ami est un saint.
"Les saints sont des gens difficiles, ils ont toujours une source de soudaines inspirations, et ils sont en avance sur les autres dans les idées, les paroles et les actes. Il semblait être pressé. Mais en réalité, c'est nous qui étions à la traîne. Père Daniel n'était pas pressé, c'était une personne mesurée. Mais il donnait le tempo et la tension, et il ne laissait personne rester les bras croisés", écrit-il.
Le 19 Novembre 2009, Père Daniel fut abattu dans l'église de Saint-Thomas, dont il était le recteur. Peu de temps après, le 1er décembre 2005, quelqu'un suspecté de l'assassinat, un citoyen kirghize, fut tué à Makhatchkala lors de son arrestation.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Haïjin Pravoslave (259)


Ta prière part
Comme ricochets dans l'eau
Aux rives du Ciel

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 2 novembre 2012

Staretz Sophrony de bienheureuse mémoire: pourquoi y a-t-il si peu d'écrits de saintes femmes?

Il y a quelques mois, une lectrice du blog me demandait pourquoi il n'y avait pas plus d'enseignements de saintes femmes  sur ce blog… Le staretz Sophrony de Maldon (Angleterre) répond ici. On le voit en discussion avec le Père Hiérotheos sur le banc devant l'ancienne cabane-atelier de Père Raphael. Que de souvenirs bénis de belles  conversations pour beaucoup d'entre nous dans ces lieux privilégiés!…

Staretz Sophrony de Maldon de bienheureuse mémoire

Les écrits de saintes femmes n'existent pas. Ce n'est pas parce qu'il y a moins de femmes que d'hommes saints. Il y a plus de femmes saintes, mais les saintes femmes ont des vies cachées et peuvent sauvegarder la vie mystique. La Panaghia (La Toute Sainte Mère de Dieu) reçut une grande Grâce de Dieu. Nous n'avons pas de révélations qui venaient de la Panaghia, mais nous savons qu'elle a beaucoup de Grâce et de l'Eglise ressent cela avec tous ceux qui la prient.
En outre, les femmes n'étaient pas nécessaires pour guider les troupeaux qui pourraient révéler leurs expériences. Celles qui nous a laissé quelques mots, étaient higoumènes. Mais même les saints [masculins] aurait été silencieux et nous n'aurions pas leurs écrits s'il n'était pas nécessaire que les personnes responsables, en tant que pasteurs de l'Eglise, guident leurs troupeaux.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
I Knew A Man In Christ: 
The Life and Times of Elder Sophrony, the Hesychast and Theologian 
(Οίδα άνθρωπον εν Χριστώ: Βίος και πολιτεία του Γέροντος Σωφρονίου του ησυχαστού και θεολόγου)
 by 
Metropolitan Hierotheos of Nafpaktos and Agiou Vlasiou.
 Translation by John Sanidopoulos.

Haïjin Pravoslave (258)


Des milliers de saints
Pavent ton chemin vers Dieu
De belles prières

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 1 novembre 2012

Le plus bel office de ma vie (2 et fin)


Mother Frosya

Saint Seraphim de Sarov  (1759-1833) - L’entretien avec Motovilov


Il faisait déjà nuit quand nous sommes arrivés à notre destination. En regardant par la vitre de notre voiture à travers les flocons de neige tourbillonnant dans la tempête de février, j'ai été peiné de voir la haute tour de guet, le dôme détruit, ruiné et les carcasses des églises profanées. En dépit de cette scène lugubre, j'étais toujours frappé par la puissance et l'énergie secrète inhabituelle de ce grand monastère. De plus, j'ai eu le sentiment que le monastère de Diviyevo n'était pas encore mort, mais vivant avec un peu de vie spirituelle ineffable, bien au-delà de la compréhension de ce monde matériel insensible. 
Et cela s'est avéré être vrai! Dans une hutte délabrée un peu à la périphérie de Diviyevo, j'ai vu quelque chose que je n'aurais jamais imaginé, même dans mes rêves les plus rayonnants. J'ai vu en vie de l'Eglise Rayonnante, invincible et infatigable, jeune et joyeuse dans la conscience de Son Dieu, notre Berger et Sauveur. C'est alors que j'ai été frappé par un verset du grand apôtre Paul: "Je puis faire toutes choses par Christ qui fortifie" (Philippiens 4:13)! Et qui plus est, l'office de l'église la plus beau et le plus inoubliable de ma vie a eu lieu alors, non pas dans une magnifique et grandiose cathédrale, non pas dans une église ancienne et glorieuse sanctifiée avec le temps, mais dans un immeuble quelconque dans le centre communautaire de Diviyevo, au numéro 16 de la rue Lesnaya. Ce n'était même pas une église du tout, mais un ancien établissement de bains en quelque sorte vaguement converti en logements collectifs.
Quand je suis arrivé avec Père Boniface, j'ai vu une chambre miteuse avec environ une douzaine de femmes âgées, dont la plus jeune n'aurait pas pu être plus jeune que quatre-vingts ans, alors que les plus âgées avaient certainement plus de 100 ans. Toutes étaient habillés en simples et vieux habits de femmes de la campagne et portaient des foulards de paysannes. Aucune d'entre elles ne portait un habit ou une quelconque sorte de vêtement monastique ou ecclésiastique. 
Bien sûr, ce n'étaient pas des moniales, mais seulement de simples vieilles dames, c'est ce que n'importe qui aurait pensé, moi y compris, si je n'avais pas su que ces vieilles femmes étaient en fait parmi quelques-uns des plus courageux confesseurs de la foi des temps modernes, de vraies héroïnes qui avaient subi des tortures et passé des décennies dans les prisons et les camps de concentration pour leurs croyances. Et pourtant, en dépit de toutes leurs épreuves, leur loyauté spirituelle et une foi inébranlable en Dieu n'avait fait que croître en elles. J'ai été étonné de voir comment, sous mes yeux le vénérable Père Boniface, archimandrite et recteur des églises dans les quartiers patriarcaux du monastère de la Sainte Trinité, confesseur respecté et bien connu à Moscou, se mit à genoux avant de donner la bénédiction à ces vieilles femmes, et se prosterna sur le sol! Pour être honnête, je ne pouvais pas en croire mes yeux. Mais après se levant du sol, ce prêtre a commencé avec ferveur à bénir ces vieilles femmes qui clopinaient maladroitement jusques à lui, chacune à leur tour. Il était clair que vraiment elles étaient ravies de sa visite.
Tandis que Père Boniface et les vieilles femmes échangeaient des salutations, j'ai regardé à l'entour. Des icônes dans d'anciens cadres de cérémonie, faiblement éclairés par des lampes vacillantes, étaient accrochées sur les murs. L'une d'elles en particulier attira mon attention. C'était une grande et belle icône de saint Séraphim de Sarov. Le visage du staretz dégageait une telle gentillesse et chaleur que je ne pouvais pas détacher mes yeux de lui. Comme je l'ai découvert plus tard, cette image avait été peinte juste avant la Révolution pour la nouvelle cathédrale de Diviyevo, qu'ils n'avaient jamais eu le temps de consacrer, et qui par miracle avait été épargnée de la profanation complète. 
En attendant, j'ai commencé à me préparer pour le service de Vigiles. Cela m'a coupé le souffle lorsque les moniales ont commencé à sortir de leurs cachettes secrètes et de déposer sur la modeste table en bois les objets authentiques appartenant à saint Séraphim lui-même. Il y avait là l'étole de son vêtement ecclésiastique, il y avait sa croix de fer lourd sur de grosses chaînes, portées par la mortification de la chair, un gant de cuir, et le pot à l'ancienne en fonte dans lequel le saint avait fait cuire ses aliments. Après la Révolution lorsque le monastère fut pillé et détruit, ces saintes reliques avaient été transmises de sœur à sœur par les religieuses du monastère de Diviyevo. 
Ayant mis ses vêtements, Père Boniface a dit les paroles du prêtre qui commence l'office des Vigiles. Les moniales, immédiatement ragaillardies, ont commencé à chanter. Quel chœur divin et tout à fait étonnant, elles formaient! "Ton six! ! Seigneur, je crie vers toi, écoute-moi "chantait une des voix chevrotantes avec l'âge, c'était la religieuse canonarque, qui avait maintenant 102 ans. Elle avait été emprisonnée et exilée pendant plus de vingt ans. Et toutes ces merveilleuses sœurs chantaient avec elle: "Seigneur, je crie vers toi, écoute-moi! Écoute-moi, Seigneur! "Il n'existe aucun moyen de capturer la sublimité de cet office par les mots. Les cierges vacillaient, et le visage bon et sage sans limite de saint Séraphim baissait les yeux sur nous depuis son icône… 
Ces moniales incroyables chantèrent l'ensemble de l'office quasi par cœur. Très rarement l'une d'elle jetait un regard sur les vieux livres épais, pour lesquels elles avaient besoin d'utiliser non pas des lunettes, mais des loupes géantes mais avec poignées en bois. Elles avaient risqué la mort ou une lourde peine pour avoir fait cet office dans les camps de concentration et les prisons et les lieux d'exil. Elles le faisaient même maintenant, après toutes ces souffrances, ici àDiviyevo, installées dans leurs masures misérables à la périphérie de la ville. 
Pour elles, il n'avait rien d'inhabituel, et pourtant, pour moi, je pouvais à peine comprendre si j'étais au Ciel ou sur la terre. Ces vieilles moniales étaient possédées d'une telle incroyable force spirituelle, d'une telle prière, d'un tel courage, d'une telle modestie, de bonté et d'amour, et elles étaient remplies d'une telle foi, que ce fut alors à cet office merveilleux que j'ai compris qu'elles triompheraient de tout avec leur foi: de notre gouvernement athée, malgré toute sa puissance, de l'incrédulité de ce monde, et de la mort elle-même, dont elles n'avaient absolument aucune crainte.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon

Sur l'excellent blog de notre frère Maxime: Le mythe d'Al Andalus

A faire méditer par tous les "idiots utiles" qui préparent le nouvel Al Andalus et n'ont rien appris de l'histoire!


cliquer ICI

Haïjin Pravoslave (257)


Ta voix dans le chant
Va rejoindre en harmonie
Les chœurs de jadis

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 31 octobre 2012

Le plus bel office de ma vie (1)

Mother Frosya

Pendant l'ère soviétique, il n'existait peut-être pas de symbole plus horrible de la dévastation de l'Église orthodoxe russe par le régime communiste que le Monastère de Diviyevo.
Le monastère fut fondé par saint Séraphim de Sarov, mais il avait été transformé en une ruine affreuse. Les restes éventrés de ce qui restait, dominaient le pathétique centre régional soviétique dans lequel la ville autrefois glorieuse et florissante de Diviyevo avait été transformée. Les autorités n'avaient pas pris la peine de détruire complètement le monastère. Au lieu de cela, elles avaient délibérément laissé la ruine debout comme souvenir de leur triomphe, comme trophée de leur esclavage perpétuel de l'Église. Près des Portes sacrées du monastère, elles mirent en place un monument représentant le chef de la Révolution -Lénine- dont le bras était élevé vers le ciel, accueillant en se moquant  tous ceux qui venaient au monastère dévasté.
Tout sur les lieux déclarait d'une manière convaincante qu'il n'y aurait plus jamais de retour vers le passé. Les prophéties de saint Séraphim au sujet de la grande destinée du monastère de Diviyevo, qui avait été si cher à toute l'orthodoxie russe, semblaient avoir été profanées et détruites à jamais.
Nulle part dans Diviyevo, ni dans la ville, ni dans ses environs, il n'y avait une seule église ouverte, pas même le souvenir d'une église, tout avait été complètement détruit. Et dans le monastère de Sarov, autrefois renommé, et dans les villes autour, au lieu d'un site sacré, aujourd'hui l'une des constructions les plus top-secret et fortement gardée de l'Union soviétique avait été installé à la place, un projet connu sous le nom Arzamas-16. Ici, des armes nucléaires étaient fabriquées.
Si des prêtres faisaient un pèlerinage secret à Diveyevo, ils cachaient leurs intentions, s'habillaient en civil. C'était en vain. La police secrète les trouvait de toute façon. Dans l'année où j'ai visité le monastère dévasté, deux moines venus pour prier et exprimer leur vénération pour les saintes reliques de Diviyevo furent arrêtés, cruellement battus par la police, puis maintenus emprisonnés pendant quinze jours dans une cellule de prison, et dormant sur un parquet gelé.
Cet hiver-là, l'archimandrite Boniface, un moine merveilleux et extrêmement gentil du célèbre monastère de la Sainte-Trinité, m'a demandé de l'accompagner dans un voyage à Diviyevo. Selon nos règles ecclésiastiques, un prêtre qui se lance dans un voyage avec les dons sacrés de l'Eucharistie, [le Corps et le Sang du Christ] doit toujours être accompagné par quelqu'un, afin de contribuer à défendre et à protéger les Saints Dons dans toute situation d'urgence qui pourrait survenir. Et Père Boniface était sur son chemin à Diviyevo afin de donner la communion à quelques moniales âgées qui vivaient encore dans la zone autour du monastère (une partie de ces dernières vivent encore à notre époque sur les mille qui peuplaient autrefois le couvent pré-révolutionnaire).
Pour y arriver, nous avons dû prendre un train qui traversait Nijni-Novgorod, qui s'appelait alors Gorki, et ensuite aller en voiture à Diviyevo. Dans le train, toute la nuit, l'archimandrite Boniface ne pouvait pas dormir. Accroché autour de son cou par un cordon de soie était un petit réceptacle sacré pour les Saints Dons. Je dormais sur une couchette voisine, mais de temps en temps je me réveillais au bruit des roues et je voyais le Père Boniface assis à une table, lisant le Nouveau Testament à la faible lumière lde notre wagon.
Nous sommes arrivés à Nijni-Novgorod, qui était sa ville natale, et sommes restés dans la maison de ses parents. Père Boniface m'a donné un livre sérieux à lire:  le premier volume des œuvres du saint hiérarque Ignace Briantchaninov et toute la nuit je ne pus fermer l'œil, tandis que je découvrais cet extraordinaire écrivain chrétien.
Le lendemain matin, nous partions pour Diveyevo. Nous fûmes confrontés à un trajet d'environ 80 km. Père Boniface essaya de s'habiller de telle sorte que personne ne se doute qu'il était un prêtre: cachant bien les plis et replis de sa soutane sous son manteau, et cachant sa barbe très longue dans son col retroussé et son écharpe épaisse.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon


Pèlerinage sur la tombe de Frère Joseph Muñoz-Cortes avec le Métropolite Hilarion


image
Frère Joseph avec l'icône
de la Portaïtissa

Icône de la Portaïtissa
Monastère: Catholicon


Tombe de Frère Joseph

Icône peinte à Optina Poustyn'
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Voir le magnifique diaporama du pèlerinage

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Saint Néomartyr Joseph, prie pour nous!

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Haïjin Pravoslave (256)


Lumière des cierges
Devant l'icône des saints
Aube ouverte au Ciel

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 30 octobre 2012

Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (18)

Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. Kaver

Bishop Basil (Rodzyanko) after death
Vladika Basile / Dormition

Pour son dernier voyage, en dehors du pays dans lequel il vivait, et vers le Royaume longtemps attendu du Ciel, Vladyka Basile embarqua tout seul. Il fut retrouvé un matin sur le plancher de sa chambre, à Washington, ne respirant plus. L'évêque avait vécu dans cette petite pièce pendant de nombreuses années. C'était un minuscule studio, et encore en plus d'abriter l'évêque, il contenait en quelque sorte aussi une église domestique, une station de radio, une bibliothèque de plusieurs décennies de sermons et d'écrits et d'émissions de radio et de télévision, un réfectoire accueillant pour les paroissiens qui venaient fréquemment le visiter, et une salle d'étude. D'une certaine manière il y avait même de la place pour les visiteurs. Les invités de Russie se rendaient souvent à la maison de l'évêque pour passer une nuit ou deux, ou parfois même une semaine...
Même après sa mort, l'évêque lui-même ne se refusa pas le plaisir de voyager un peu.

Sa famille ne pouvait pas après sa mort se décider pour savoir où il devait être enterré. Certains disaient qu'il devrait être enterré en Russie, sa patrie, après tout. D'autres voulaient l'enterrer en Angleterre, à côté de sa femme, qu'il avait tant aimée. D'autres ont suggéré la Serbie, un pays qui fut toujours proche de son cœur. Je peux seulement imaginer quelle joie remplit l'âme de l'évêque alors qu'il planait au-dessus de cette scène dans les cieux: il aurait vraiment apprécié l'un quelconque de ces voyages! Mais à la fin son corps ne fut ramené de Washington que jusques à New York: un de ses proches insista pour qu'il soit enterré dans le couvent orthodoxe de New Diveyevo, qui est situé non loin de la ville. Cependant, pour une raison quelconque, l'enterrement n'a pas eu lieu là-bas et l'évêque a été ramené de nouveau à Washington. La ses pérégrinations dans le monde eurent finalement une fin. L'évêque fut inhumé dans la section chrétienne orthodoxe de Rock Creek Cemetery [à Washington D.C.].

Parfois, au cours de sa vie, l'évêque avait lui-même l'habitude de se nommer "l'évêque défunt." C'est parce que dans son statut, il n'était qu'un évêque à la retraite, qui avait été congédié (ou envoyé "à la retraite", une phrase qui en russes sonne comme étant "défunt") de l'Église autocéphale américaine. Un évêque qui  "retiré" [en retraite] en fait n'est plus vraiment un évêque, et il ne prend plus aucun décision officielle concernant les affaires ecclésiastiques officielles. C'est pourquoi l'évêque de temps en temps avait l'habitude de plaisanter à propos de lui-même, disant qu'il était "l'évêque Basile défunt."
Mais il était en effet un véritable évêque! Il a vraiment gouverné sans frontières les âmes humaines qui croisaient son chemin terrestre. Il l'a fait avec la force infatigable de cette puissance remarquable qui à ce jour continue de bénir ceux qui ont eu la joie de connaître l'évêque Basile et de faire l'expérience de son inoubliable et irremplaçable bonté, sa foi et son amour.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon


Bishop Basil (Rodzyanko)
Le sourire de Vladyka Basile

Haïjin Pravoslave (256)


Reflet du Royaume
La lumière de lampade
Au Ciel du Beau Coin

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

lundi 29 octobre 2012

Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (17)

Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. Kaver

Bishop Basil (Rodzyanko) in the Sretensky monastery
Vladyka Basile au Monastère Sretinsky

Même dans les dernières années de sa vie, quand il était malade, il a toujours eu la nostalgie de la Russie et y allait aussi souvent qu'il le pouvait, espérant toujours servir son pays natal.
L'évêque était déjà très malade quand il se rendit à Moscou pour la dernière fois. Il passa plusieurs semaines au lit. Natalya Vasilyevna Nesterova, chez qui il logeait, prit bien soin de lui. Mais je compris que l'évêque peut-être ne reviendrait jamais de nouveau en Russie, et j'ai donc demandé aux frères et aux infoirmières de s'asseoir à son chevet pour veiller, et j'ai ordonné qu'il soit assisté à toute heure par des moines et novices de notre monastère de Sretensky. De cette façon, les jeunes moines pouvaient converser avec l'évêque, lui demander conseil, et lui poser des questions, des questions auxquelles seul un prêtre expérimenté très spirituel et sage, était capable de répondre.
Probablement que mes moines n'étaient pas les meilleurs infirmiers. Probablement, qu'ils ont posé des questions trop nombreuses, au pauvre évêque malade et ont voulu trop de conseils et ont trop exigé de ses forces défaillantes. Et pourtant, tout comme pour ces jeunes novices il fut extrêmement utile de passer ces jours et nuits avec ce vieil évêque, il fut extrêmement important et agréable pour l'évêque de passer du temps avec ceux qui un jour prendraient sa place dans l'Église. Il était vraiment heureux du fait que, même au prix de s'épuiser, il était en mesure de répondre à leurs questions, de les enseigner, de les faire bénéficier de son expérience et de ses connaissances, et encore une fois d'offrir un service, ce service pour lequel il avait toujours vécu et sans lequel il n'aurait pas été ce qu'il était.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon

Haïjin Pravoslave (255)


Le jeûne des mots
Purifiera ton esprit
De la vaine gloire

 上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Jean-Claude Larchet: « L’Ancien Charalampos » par le Hiéromoine Joseph de Dionysiou, un nouveau volume de la collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle »


« L’Ancien Charalampos » par le hiéromoine Joseph de Dionysiou, un nouveau volume de la collection «Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle».
Hiéromoine Joseph de Dionysiou, « L’Ancien Charalampos ». Introduction de Jean-Claude Larchet, traduction du grec par Yvan Koenig, Éditions L’Âge d’Homme, Lausanne, 2012, 189 p.
L’Ancien Charalampos (1910-2001), moine du Mont-Athos, fut l’un des plus proches disciples du grand Joseph l’Hésychaste (1898-1959), et même, selon certains témoins, son disciple préféré.
Ce livre, qui retrace sa vie, dépeint sa personnalité spirituelle et trans­met ses principaux enseignements, a été écrit par l’un des moines de sa commu­nauté, qui a vécu auprès de lui pendant trente-six ans.
Le père Charalampos vécut dans la petite communauté de l’Ancien Joseph de 1950 jusqu’à la dormition de celui-ci en 1959. Il continua ensuite, avec son oncle, l’Ancien Arsène le Spiléote, compagnon d’ascèse de l’Ancien Joseph, à mener le même genre de vie hésychaste à Néa-Skiti puis, à partir de 1967, au kellion de Bourazéri.
En 1979, il fut appelé à venir avec sa communauté repeupler le grand monas­tère cénobitique de Dionysiou, dont il devint l’higoumène jusqu’en 1989 et le père spirituel jusqu’à sa dormition en 2001.
Grand ascète et grand orant, l’Ancien Charalampos acquit très tôt une grande réputation, au Mont-Athos et bien au-delà, comme confesseur et comme père spirituel, et surtout comme maître de la prière hésychaste. Beaucoup le considéraient même, dans les dernières décennies du xxe siècle, comme le plus grand hésychaste du Mont-Athos.
L’ensei­gne­ment de l’Ancien était exclusivement oral et prenait appui sur son expérience. Il n’a pas laissé d’écrits en dehors de quelques lettres. Ce livre est donc surtout bio­gra­phique, mais repose néanmoins sur des récits de l’Ancien aux membres de sa commu­nauté, dont il donne de nom­breuses citations. Quelques-unes de ses lettres ont été ici publiées séparément ou synthétisées. L’ensemble donne un bon aperçu de son ensei­gnement, qui porte surtout sur deux points : la pratique de la prière de Jésus et la communion fréquente.Ce livre met également en évidence, outre les qualités de confesseur de l’Ancien, quelques-unes de ses vertus caractéristiques, en particulier son obéissance inconditionnelle à son père spirituel, son humilité, sa simplicité, et son oubli de soi au service de Dieu et du prochain.

dimanche 28 octobre 2012

Fête de l'icône de la Mère de Dieu des Moissons

Икона Божией Матери ''Спорительница хлебов''




Cette icône reflète dans sa conception,  la profonde foi enfantine en la Mère de Dieu du staretz Ambroise d'Optina, l'un plus grands justes du peuple russe du XIXe siècle, qui était enflammé, tout comme la plupart des ascètes russes, d'un zèle extraordinaire pour la Reine du Ciel.

Le staretz Ambroise ne laissait pas passer une seule fête de la Mère de Dieu sans effectuer une vigile dans sa cellule devant son icône. En 1890, l'higoumène Hilaria, supérieure du couvent Bolkhov, envoya au grand staretz une icône d'une représentation tout à fait nouvelle de la Mère de Dieu. La Maîtresse du monde est représentée assise sur des nuages. Ses mains sont levées dans un mouvement de bénédiction. En dessous est un champ fauché, et en lui, au milieu des fleurs et de l'herbe, des gerbes de seigle sont couchées et levées. La représentation de la Mère de Dieu sur cette icône a été empruntée à la l'icône de Tous les Saint du couvent Bolkhov, tandis que dans la zone  en dessous, les gerbes ont été représentées selon l'idée et l'intention du staretz Ambroise. Il a donné à cette nouvelle icône le nom significatif, " Augmente la récolte de grain", indiquant par là que la Mère de Dieu est la consolatrice des personnes dans leurs labeurs pour obtenir leur pain quotidien. Le staretz a lui aussi prié devant cette icône, il a enseigné à ses filles spirituelles moniales de la communauté de femmes de Kazan de prier devant elle. Cette communauté, qui a été fondée par le staretz dans le village de Chamordino, dans la province de Kalouga, où il passa la dernière année de sa vie et où il mourut. En cette dernière année, Le staretz, après commandé des tirages à partir de cette icône, les a donnés, et envoyés à ses nombreux vénérateurs parmi les laïcs. Pour le chant de l'hymne acathiste devant cette icône, l'aîné a composé un refrain particulière à l'acathiste général à la Génitrice de Dieu peu avant sa mort.

Voici ses paroles: "Réjouis-toi, toi qui es pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Accorde aussi à nous, les indignes, la rosée de ta grâce, et révèle ta bonté!" Et l'acathiste avec ce refrain a été souvent lu et chanté par les moniales dans la cellule du staretz affaibli. Le vénérable Ambroise proposa de réaliser la célébration de l'icône, "Augmente la récolte de grain", le 15 octobre, selon l'ancien style. En ce même jour, le vénérable Ambroise, qui avait reposé en Christ le 10 Octobre 1892, fut descendu dans la tombe. Et comme s'il était déjà de la tombe, par la coïncidence de ce jour de son enterrement avec le jour de la fête établie par lui, il a indiqué à ses enfants spirituels à Qui  il les avait laissés.

Son confesseur demandé au staretz: "Tu es en train de mourir, Batiouchka, à qui veux-tu laisser toncouvent?"

Il lui répondit avec espoir caractéristique: "Je laisse le couvent à la Reine du Ciel."

Et ce n'est pas en vain: Ayant environ 500 sœurs au moment de la mort du staretz, la communauté de Chamordino, devenue couvent après cela, ne tarda pas à compter jusques à 800 moniales.

La miséricorde première qui fut versée à partir de cette icône, c'est le fait que, même si l'année 1891 en Russie fut maigre en général et que les localités à travers le diocèse de Kalouga furent frappées par de mauvaises récoltes, les céréales prospérèrent dans les limites de Kalouga et dans les domaines de Chamordino. Le prix du seigle augmenta terriblement. Mais le staretz, de son vivant, avait réussi à en stocker tant, que pendant cette année et la suivante il n'y eut pas de pénurie de céréales dans le couvent avec toutes ses nombreuses moniales.

À l'été 1892, déjà après la mort du staretz, une icône  "Augmente la récolte de grain", peinte par le novice proche du staretz, Ivan Theodorovich Tcherepanov, fut envoyée à la jeune communauté de femmes de Piatnitsky dans la province de Voronej.  Il y avait la sécheresse là-bas, et la famine menaçait.

Un Moleben fut célébré devant que l'icône "Augmente la récolte de grains". Bientôt la pluie tomba, les champs du couvent et de ses environs récupérèrent.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
un message du Père Victor Potapov 
de la Cathédrale Saint Jean-Baptiste
de Washington D.C.
USA

Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (16)


Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. Kaver

Bishop Basil (Rodzyanko). Moscow, 1991
Vladyka Basile à Moscou en 1991

Pendant ce temps, les émigrés qui avaient été chassés de force vers la place de la Loubianka comprirent enfin compris qu'ils avaient été amenés à leur bus de tournée, qui les amènerait à leur hôtel, et non à la prison et dans les sous-sols redoutés du KGB. Puis, soudain, ils se sont souvenus de l'évêque! La secrétaire de l'évêque, Marilyn Suizi sorti en courant de l'autobus de tournée et à nouveau courut courageusement vers le Kremlin, approchant sans crainte des tanks des véhicules blindés dans cette terre étrangère, en essayant de sauver son cher évêque Basile.
Elle le reconnut immédiatement. Il ressemblait à un prophète aux cheveux gris, dominant la foule au centre de cette assemblée de protestation sans cesse croissante. Marilyn tendit son bras vers lui et brièvement, mais de façon convaincante le persuada de prendre la seule voie vers la sécurité certaine… pour aller avec elle vers la Loubianka...

Mais l'évêque sur ses béquilles était physiquement incapable de marcher si loin. Il dit Marilyn qu'il irait mais qu'un moyen de transport quelconque devrait être arrangé pour lui. Marilyn se précipita hors de la foule des manifestants et regarda à l'entour. Il n'y avait pas de transport disponible, sauf les véhicules blindés des soldats avec leur bourdonnement de moteurs. 
Marilyn alla vers un jeune officier russe et dans son russe sommaire avec des morceaux d'anglais mélangés, elle expliqua qu'il y avait un vieux prêtre d'Amérique qui était incapable de marcher et avait un besoin urgent d'être transporté à la place de la Loubianka.

Mais l'officier haussa les épaules et agita ses mains: "Quel transport puis-je vous offrir? Seulement un tank. Ou peut-être un APC... "

Mais soudain Marilyn remarqua que pas loin des tanks, il semblait y avoir une voiture qui pourrait être suffisante pour transporter l'évêque. "Que diriez-vous de cette Jeep là-bas?"

"Le fourgon de la police, vous voulez dire?" Le policier était heureux d'aider. "Très bien, nous pouvons le transporter dans le fourgon de police! Permettez-moi d'arranger cela avec les flics! "

Pour une raison quelconque, cet officier fut ému de compassion véritable pour le sort de cet évêque étranger. Et ainsi la camionnette, qui avait été amenée avec l'intention d'arrêter la foule des manifestants contre le coup d'État, au lieu de cela, roula à travers la foule, dans le centre de laquelle se trouvait l'évêque dominant tout le monde. Marilyn suivit l'officier et deux policiers qui s'approchaient. Criant au-dessus de la foule et des moteurs des tanks, Marilyn dit à l'évêque qu'ils avaient été amenés à la Loubianka.

Tout le monde ensemble, le policier, l'agent, et Marilyn se saisirent de l'évêque et l'entraînèrent à travers la foule. Quand elle vit cela, la foule devint extrêmement nerveuse. "Qu'est-ce qui se passe? Vont-ils arrêter le prêtre? "La foule devint tout à fait indignée.
Quand ils virent le policier prenant un vieux prêtre avec des béquilles et avec un plâtre sur sa jambe et le mettre dans une camionnette noire, la foule devint si furieuse que les gens commencèrent immédiatement à crier pour la défense de l'évêque. "Cela recommence! Ils arrêtent déjà les prêtres! Non! Nous ne les laisserons pas arrêter ce bon père! Nous mourrons pour lui! "
"Non, non!" L'évêque tenta de calmer la foule et d'échapper à ses propres sauveteurs. "Laissez-moi partir, laissez-moi partir... Tout va bien. Je veux aller à la Loubianka! "
Ces soldats réussirent à peine à mettre l'évêque avec ses béquilles et la jambe dans le plâtre dans le fourgon de police et de partir avec lui à travers la foule maintenant tout à fait furieuse des manifestants. Alors que l'évêque regardait par la vitre de la voiture de police, des larmes de gratitude commencèrent à rouler sur ses joues. "Quel peuple merveilleux! Quel grand pays! "
Bientôt l'évêque rencontra ses fidèles paroissiens sur la place de la Loubianka.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon

Haïjin Pravoslave (254)


Ne juge pas Dieu
Accepte Sa volonté
Ainsi que Sa Grâce

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


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15/28 octobre 21ème dimanche après la Pentecôte
St Euthyme le Jeune (889) ; St hiéromartyr Lucien d’Antioche ( 312) ; St Jean, évêque de Souzdal (1373) ; St hiéromartyr Lucien des Grottes de Kiev (1243) ; St martyr Sarbelus et sa sœur Bebaia d’Édesse (IIème s.) ; St Sabin, évêque de Catane (760) ; St Athanase confesseur et hymnographe, évêque de Kovrov (1962)


Lectures : Gal. II, 16-20 ; Lc. VIII, 5-15 

VIE DE SAINT EUTHYME LE JEUNE(1)
Notre Père théophore Euthyme naquit sous le règne de l’empereur iconoclaste Léon V l’Arménien (813-820) dans un village de Galatie, situé aux environs d’Ancyre. Il reçut au baptême le nom de Nicétas. Son père étant décédé lorsqu’il avait sept ans, il fut élevé dans la foi orthodoxe et la vénération des saintes icônes par sa pieuse mère. Parvenu au seuil de l’âge adulte, il servit quelque temps dans l’armée. Bien qu’il désirât ardemment, depuis son enfance, emprunter la voie étroite et resserrée qui mène au Royaume de Dieu en devenant moine, sur les instances de sa mère, il accepta d’épouser la fille de riches et pieux compatriotes, Euphrosyne, dont il eut une fille (840). Un jour, alors qu’un des chevaux de la maison s’était enfui, Nicétas prit le prétexte de partir à sa recherche pour saluer sa famille et s’envoler vers le désert, afin d’y trouver les eaux du repos. Passant de lieu en lieu, il parvint finalement au Mont Olympe de Bithynie qui, orné de figures comme celles de saint Joannice, saint Pierre d’Atro et saint Théophane le Confesseur, était à cette époque le centre monastique le plus important de l’Empire byzantin. Autour de quelques grands monastères, des milliers de moines y vivaient soit dans la solitude complète, soit avec un Ancien, soit dans des communautés semi-érémitiques. Nicétas désirait par-dessus tout prendre la bénédiction de saint Joannice le Grand, thaumaturge et confesseur de la foi orthodoxe et, si possible, se ranger parmi ses nombreux disciples. Lorsqu’il le vit approcher, Joannice — qui avait décelé chez le jeune homme un grand amour pour la vertu — dit à ses disciples pour l’éprouver : « Quel est ce jeune audacieux qui vient vers nous alors que c’est un brigand et un criminel ? Saisissez-vous de lui et attachez-le ! » Nicétas baissa la tête sans chercher à se défendre, tant sa joie d’approcher le saint était grande. Quand Joannice lui eut rendu justice, tous admirèrent ses dispositions à l’humilité et au retranchement de sa volonté propre. Afin d’échapper à cette bonne réputation, Nicétas quitta l’entourage de saint Joannice pour aller se placer sous la direction d’un père saint et aimé de Dieu, Jean, qui vivait dans la solitude. Celui-ci le revêtit du
Petit Habit2 monastique et lui donna le nom d’Euthyme (en 842). Après quelque temps, son père spirituel l’envoya au monastère cénobitique le plus proche, à Pissades, pour compléter sa formation dans l’obéissance et le renoncement quotidien à sa volonté propre. Euthyme exécutait avec la plus grande docilité toutes les tâches qui lui étaient confiées. Il se considérait comme le dernier et le plus indigne de tous les frères, et s’empressait d’obéir non seulement à l’higoumène mais aussi à tous les autres moines, comme s’il entendait, par eux, la voix de Dieu. Vers 858, comme le monastère se trouvait agité par les discordes occasionnées par l’élévation de saint Photios sur le trône patriarcal de Constantinople [6 fév.], le saint préféra fuir ces troubles pour préserver son hésychia, et il décida d’aller vivre avec un de ses compagnons, Théostéricte, sur le Mont Athos, où ne vivaient alors que des ermites menant une vie très rude. Mais, avant de se retirer définitivement dans les solitudes sauvages de l’Athos, il alla séjourner encore quelque temps auprès d’un ascète réputé de l’Olympe, Théodore, afin d’être initié aux degrés supérieurs de la vie ascétique et de recevoir de lui le Grand Habit angélique. C’est donc après avoir passé quinze ans sur le Mont Olympe qu’Euthyme s’embarqua pour l’Athos, où il se mit sous la direction spirituelle de Joseph, un Arménien, dont la vertu était si éminente que son corps répandit après sa mort une huile parfumée. Ils s’encourageaient mutuellement aux combats de la vertu et décidèrent de rester dans une grotte pendant trois ans, sans en sortir, en ne se nourrissant que de ce que Dieu voudrait bien leur envoyer. À l’issue de cette épreuve surhumaine, dont il sortit victorieux et illuminé par la grâce, Euthyme retourna quelque temps au Mont Olympe, pour y revoir Théodore. Quand il lui eut raconté quelle vie angélique on menait à l’Athos, Théodore lui demanda de l’emmener avec lui. Cependant, à cause de son âge avancé et des maladies occasionnées par toute une vie d’ascèse, Théodore ne put rester sur la Sainte Montagne. Euthyme le laissa donc dans les environs de Thessalonique, tandis que lui-même retournait goûter le miel de l’hésychia. Au bout de peu de temps, il apprit la mort de Théodore et se rendit à Thessalonique pour vénérer son tombeau. C’est à cette occasion qu’il reçut l’ordination diaconale : non qu’il l’eût recherchée par amour de la gloire, mais il l’accepta pour permettre aux ascètes de l’Athos de communier plus fréquemment aux saints Mystères (867). De retour sur la Sainte Montagne, il ne put y retrouver le repos et le calme qu’il recherchait, à cause des nombreuses visites que lui valait sa notoriété parmi les anachorètes. Il décida donc de partir pour l’île de Saint- Eustratios (Sporades du Nord) avec deux compagnons, Jean Colobos et Syméon ; mais en chemin, ils furent capturés par des pirates arabes, qui infestaient alors la mer Égée. Libérés, ils revinrent à l’Athos, où de nouveau les fréquentes incursions des pirates les obligèrent à se séparer pour gagner des lieux plus sûrs. Euthyme, Joseph l’Arménien et quelques-uns de leurs disciples s’installèrent près de Brasta, un village de Chalcidique, où ils menèrent une vie semblable à celle des anges dans des cellules séparées. Euthyme allait de temps en temps pratiquer l’ascèse sur une colonne, qu’il avait choisie comme résidence lors de ses premiers séjours à Thessalonique; mais il aimait surtout se retirer périodiquement sur la Sainte Montagne, afin d’avoir le loisir de converser plus intimement avec Dieu, perché entre ciel et terre. C’est au cours d’une de ces retraites qu’il reçut la révélation de restaurer un monastère abandonné, qui se trouvait sur le mont Péristéras, non loin de Thessalonique, afin d’apporter aux pieux habitants de la région la bénédiction que procure la présence d’hommes de Dieu. Il s’installa donc dans ces ruines, vers 871, avec deux disciples, Ignace et Éphrem, et c’est au prix de difficultés sans nombre, dues à la malveillance des démons, qu’ils réussirent à reconstruire ce monastère dédié au saint Apôtre André. En peu de temps, des disciples, venus de Thessalonique et de la région, affluèrent pour se ranger sous la sage direction d’Euthyme. Comme tous les membres de sa famille étaient venus le rejoindre pour embrasser la vie monastique (883), il confia bientôt la direction du monastère de Saint-André à son petit-fils, Méthode, et celle du couvent qu’il avait fondé non loin de là, à la sœur de ce dernier, Euthymie. Ainsi délivré du souci de la gestion matérielle de ses monastères, le saint passa quelque temps sur sa colonne de Thessalonique, puis il se retira sur le versant oriental de la Sainte Montagne, pour y demeurer seul avec Dieu seul. Comme un grand nombre de ses disciples étaient venus le rejoindre sur l’Athos, saint Euthyme, qui avait eu connaissance de l’approche du jour de sa mort, les rassembla pour un repas à l’occasion de la fête de la translation des reliques de saint Euthyme le Grand (7 mai 898), et, après leur avoir dispensé ses derniers conseils et leur avoir donné sa bénédiction, il se fit transporter sur l’île déserte de Hiéra (auj. Gioura), avec un seul compagnon. Il y tomba malade, le 13 octobre 898, et remit en paix son âme à Dieu, deux jours plus tard, en présence des anges et des saints.
1. Du synaxaire de Père Macaire
2. La distinction entre Petit et Grand Habit monastique est apparue, semble-t-il, à cette époque de l’iconoclasme, où de nombreux moines ressentaient le besoin d’une étape intermédiaire dans l’initiation monastique. Mais S. Théodore Stoudite et les Pères postérieurs ont toujours souligné qu’il n’y a en fait qu’un seul Habit monastique, comme il n’y a qu’un seul baptême (Testament 12, PG 99, 1820C), et que cette distinction a plutôt un caractère pratique et pédagogique.


Tropaire du dimanche, 4ème ton

Les saintes femmes, disciples du Seigneur, ayant appris de l’Ange la radieuse nouvelle de la Résurrection, rejetèrent la condamnation des premiers parents, et, pleines de fierté, dirent aux Apôtres : « La mort a été dépouillée, le Christ est ressuscité, donnant au monde la grande miséricorde ! »

Tropaire de St Euthyme, ton 8

En toi, Père, s’est conservée sans défaut la divine image, prenant ta croix, tu as suivi le Christ. Par tes propres œuvres, tu as enseigné à mépriser la chair qui passe et à s’occuper de l’âme, créature immortelle. Aussi ton âme, ô bienheureux Euthyme, se réjouit-elle avec les anges.

Tropaire du saint martyr Lucien, ton 4

Ton martyr Lucien, Seigneur, par son combat, a reçu de Toi, notre Dieu, la couronne incorruptible. Avec Ta force, il a terrassé les tyrans et brisé même l’audace impuissante des démons. Par ses supplications, ô Christ Dieu, sauve nos âmes.

Kondakion de St Euthyme, ton 2

Tu as traversé indemne les nombreuses agitations, et tu as immergé profondément les ennemis incorporels par les flots de tes larmes, saint Euthyme sage en Dieu ; et ayant reçu le don des miracles, tu guéris toutes sortes de passions. Prie sans cesse pour nous tous.

Kondakion du dimanche, 4ème ton

Mon Sauveur et mon Rédempteur, au sortir du tombeau, a libéré les humains de leurs chaînes et a fracassé les portes de l’enfer ; en Maître, Il est ressuscité le troisième jour.

LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Jn. XXI, 15-25; Liturgie : Gal. VI, 11-18 ; Lc. XVI, 19-31