samedi 20 octobre 2012

Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (8)

Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. Kaver

Bishop Basil blessing the fatihful in Russia. Photo: bishop-basil.org
Vladyka bénissant les fidèles en Russie

(Père Wladimir fut très satisfait par ce commandement. Mais plus tard, il s'est avéré que les personnes qui ont fait la connaissance de l'évêque n'a pas eu la tâche facile tout cela dans le traitement de sa volonté constante de mener à bien sa réalisation décisive et sans équivoque de ce vœu monastique. En partie, je fais allusion à moi-même. Parfois, la compréhension de l'évêque de son vœu d'obéissance sainte s'avérerait tout à fait un essai pour moi.)

Par exemple, on pouvait se promener ensemble dans les rues de Moscou, une journée misérable, à travers la pluie battante. Et nous sommes pressés d'arriver quelque part. Et tout à coup une vieille babouchka avec un vieux filet à provisions que l'on appelle avoska ("sac peut-être") nous arrête.
"Père!" Elle a la voix chevrotante d'une vieille femme, ne sachant pas bien sûr qu'elle ne parle pas seulement à un simple prêtre, mais à un évêque, pas moins et qui plus est, un évêque d'Amérique! "Père! S'il te plaît, ne peux-tu pas m'aider? S'il te plaît, bénis ma chambre! C'est la troisième année que je demande à notre Père Ivan, et il n'est toujours pas venu. Peut-être que tu auras pitié de moi? Veux-tu venir? "
Je n'avais même pas réussi à ouvrir ma bouche, et l'évêque exprimait déjà sa volonté la plus passionnée de mener à bien sa demande, comme si toute sa vie il n'avait fait qu'attendre d'avoir l'occasion de bénir cette petite chambre de grand-mère quelque part.
"Mais Vladyka," dis-je désespérément. "Tu n'as même pas la moindre idée où cette chambre pourrait être. Grand-mère, où allons-nous? "
"Oh, pas loin du tout. Juste de l'autre côté de la ville à Orekhovo-Borisovo. C'est seulement à quarante minutes en bus du terminus du métro. Vraiment ce n'est pas si loin ", gazouille-t-elle joyeusement.
Et l'évêque, annulant tous nos plans importants (car il était impossible de le contredire dans de telles situations), se baladait d'abord tête baissée tout le long du chemin jusques à l'autre extrémité de Moscou, la plus grande ville d'Europe, dans une église où un de ses amis lui donna les vêtements nécessaires et les ustensiles nécessaires pour une bénédiction de maison. (Bien sûr, je le suivis.) Pendant tout ce temps, la grand-mère, folle de joie (Dieu seul sait où elle trouvait sa force) et incapable de contenir son bonheur, raconta tout à l'évêque sans cesse au sujet de ses enfants et petits-enfants qui ne lui rendaient jamais visite non plus... Puis, après l'expédition de l'église, nous sommes allés dans l'autre sens, dans le métro de Moscou serrés comme des sardines dans le métro de Moscou bondé aux heures de pointe, debout tout le trajet et avec plusieurs longues marches pour changer de ligne à travers les couloirs bondés, puis debout,  nous avons fait tout le chemin jusques à la fin de la ligne, à la périphérie de Moscou.
A partir de là, tout comme grand-mère l'avait promis, c'était une quarantaine de minutes dans un bus poussiéreux brinquebalant, bourré à craquer lui aussi. Mais finalement, l'évêque a béni et consacré la petite chambre de grand-mère,  huit mètres carrés, au neuvième étage sans ascenseur d'une habitation HLM communiste hideuse. Et il le fit avec la plus sincère prière, majestueusement, et triomphalement, de la même manière qu'il officiait toujours les offices divins. Puis il s'assit avec la grand-mère extatique (en fait, tous deux étaient ravis de l'un de l'autre) et porta aux nues son humble offrande: des petites bretzels  russe appelés souchki, et du thé trop sucré avec une douceâtre confiture de cerises, plein de noyaux.
Puis, avec une immense gratitude, il accepta comme un honneur et ne refusa pas le billet froissé d'un rouble qu'elle tendit furtivement.
"Père", comme elle disait au revoir. "Que le Seigneur te sauve!" cria-t-elle à l'évêque! "Maintenant, ce sera doux pour moi de mourir dans cette petite chambre!"


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Archimandrite Tikhon

Haïjin Pravoslave (246)


Reste dans le Nom
Respire la sainteté 
De ce grand mystère

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 19 octobre 2012

Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (7)


Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. Kaver

Metropolitan Anthony of Surouzh
Vladyka Anthony (Bloom)


Mais le père Vladimir accepta la proposition de devenir moine, puis évêque comme la volonté de Dieu, et la réponse à ses prières. Il fut d'accord. Les hiérarques des églises orthodoxes américaines et britanniques se serrèrent la main, et le sort du père Vladimir fut décidé.

Cependant, juste avant de prononcer ses vœux monastiques, le futur moine posa à son père spirituel le Métropolite Anthony de Souroge  une question inattendue, mais venant du fond du cœur. "Eh bien, Vladyka, je vais maintenant prononcer les vœux monastiques devant toi. Je prononce pour le Seigneur Dieu et Sa sainte Église les grands vœux monastiques avec plaisir. En ce qui concerne le vœu de chasteté, je comprends tout à fait ce que cela signifie. J'accepte pleinement le vœu de pauvreté aussi. Tous les vœux relatifs à la prière sont également parfaitement clairs et acceptables pour moi. Mais, en ce qui concerne le vœu d'obéissance, là je ne comprends rien! "
"Qu'est-ce que tu racontes?" Le Métropolite Anthony fut très surpris.
"Eh bien, je veux dire" expliqua Père Wladimir, au lieu de me faire commencer comme simple moine, tu me fais immédiatement évêque. En d'autres termes, au lieu d'être un novice et d'obéir aux ordres d'autrui, mon travail signifiera que je suis celui qui aura à commander et à prendre des décisions. Comment puis-je remplir le vœu d'obéissance? De qui vais-je être un novice? A qui vais-je obéir? "
Le Métropolite Antoine resta pensif un moment, puis il dit: "Tu seras dans l'obéissance à tout le monde et à n'importe quelle personne que tu rencontreras sur le chemin de ta vie, pour autant que tu auras le pouvoir d'accorder la demande de cette personne, et qu'elle ne sera pas en contradiction avec les Ecritures."
Père Wladimir fut très satisfait par ce commandement. Mais plus tard, il s'est avéré que les personnes qui faisaient la connaissance de l'évêque n'avaient pas la tâche facile de par sa volonté constante de mener à bien sa réalisation décisive et sans équivoque de ce vœu monastique. En partie, je fais allusion à moi-même. Parfois, la compréhension de l'évêque de son vœu de sainte obéissance s'avérait être tout à fait une épreuve pour moi.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon



Haïjin Pravoslave (245)


Sous l'Autre Soleil
Même ton ombre 
Redevient Lumière

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 18 octobre 2012

Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (6)

Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. Kaver

Fr. Basil with his wife
Père Basile et son épouse

Après cela, chaque fois que l'évêque Basile est arrivé en Russie, il m'a toujours appelé à l'avance. J'ai toujours été heureux de l'accompagner dans une de ses étonnantes aventures nouvelles et ou de ses nouveaux pèlerinages. En effet, l'évêque a toujours eu d'innombrables occasions pour accomplir ces derniers. Bien que, et aussi étrange que cela puisse paraître, l'évêque n'ait jamais entrepris un seul de ces voyages de son plein gré.
Il m'a raconté une histoire particulière à ce sujet. En 1978, son épouse Maria Vassilievna est morte. La mort de sa femme fut un coup terrible pour le père Wladimir. Il l'avait adorée et était totalement épris d'elle. Cette perte causa quelque chose qui n'est pas rare chez les russes au grand cœur: le père Wladimir commença à boire. L'évêque me parla de cette triste période de sa vie sincèrement, expliquant que cela avait été son épreuve la plus difficile, la pire qu'il ait jamais été obligé de subir.


Il est devenu un véritable alcoolique. Heureusement, en raison de sa constitution incroyablement forte, de sa grande taille, et d'une grande force, pendant un certain temps sa consommation d'alcool n'eut pas d'incidence sur sa capacité à s'acquitter de ses fonctions sacerdotales ou de ses émissions de radio. Père Vladimir avait l'habitude de boire une forte vodka populaire des Balkans connue en Serbie sous le nom de raki.
Il n'est pas évident de comment tout cela se serait passé, parce que ni son confesseur, ni sa famille, ni ses amis ne pouvaient rien faire à propos du problème d'alcoolisme de père Wladimir.
Les choses auraient été absolument terribles, si l'esprit de sa femme Maria Vassilievna défunte, qui, dans la vie, comme l'on dit, avait été une femme d'une grande force spirituelle et d'une grande prière, n'était apparue depuis l'autre monde dans un rêve pour faire que son époux se ressaisisse. Père Wladimir fut tellement choqué par son apparition, et en particulier par la gravité de ce que sa femme avait à lui dire quand elle apparut, qu'il se ressaisit immédiatement après sa réprimande surnaturelle. Sa maladie particulièrement russe fut guérie instantanément.

Eh bien, il cessa vraiment de boire. Mais il avait aussi quelque raison de vivre. Ses enfants à cette époque avaient déjà grandi. Et naturellement, il ne pouvait être question d'un second mariage. D'après les canons de l'Eglise orthodoxe, les seconds mariages sont interdits au clergé. Dans le cas où un prêtre qui est  veuf se remarie, il est à jamais dépouillé de tout droit de servir dans le sacerdoce. Mais, même en mettant de côté de ces règles, le père Wladimir avait été si attaché à son ex-épouse et l'avait aimée si profondément que la partie de son propre cœur qui avait connu l'amour terrestre resta entièrement consacrée à Maria Vassilievna jusques à la fin des temps. Père Wladimir commença à prier avec dévotion. Et le Seigneur répondit à ses prières.

Après la mort du confesseur de père de Wladimir (l'archevêque Jean Maximovitch), son nouveau père spirituel devint le Métropolite de Londres, Anthony (Bloom) de Souroge, vieil ami de la famille Rodzyanko. C'est lui qui informa le père Wladimir que les hiérarques de l'Eglise Orthodoxe d'Amérique  délicatement et avec insistance lui demandaient d'essayer de convaincre  prêtre Wladimir Rodzyanko, prêtre qui était veuf de prononcer les vœux monastiques, après quoi il devrait être envoyé aux Etats-Unis pour servir comme évêque dans la ville capitale de Washington, DC.

Père Wladimir savait trop bien que le vrai service en tant que hiérarque de l'Eglise n'a rien à voir avec les honneurs et le rang, mais avec une multitude d'incessants soucis quotidiens, et avec l'impossibilité complète d'avoir jamais un moment pour soi, ainsi qu'avec le fait de constamment supporter une charge énorme de responsabilités presque incompréhensibles pour les profanes. En outre, la pauvreté, et même une extrême pauvreté est aussi le lot inévitable d'un évêque russe dans la diaspora. A cette époque, il avait presque atteint l'âge de soixante-six ans, avec quarante ans passés dans le sacerdoce.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon

Haïjin Pravoslave (244)


Tu deviens prière
Et ton souffle sur le Nom
T'agrège au Royaume

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 17 octobre 2012

Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (5)

Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. Kaver

Icône miraculeuse de la Famille Impériale

En ces temps-là, la vérité sur le martyre du tzar et de sa famille venait tout juste de sortir. Oui, il y a eu des livres publiés à l'étranger, et quelques-uns de l'ancienne génération de chrétiens orthodoxes russes avaient raconté ce qui s'était passé et ces récits, aussi rares qu'ils fussent, ont été la source de ce que nous avons pu glaner à propos des nouveaux martyrs de Russie. A cette époque, des arguments tout à fait violents faisaient rage sur le sort de Nicolas II et de sa famille. Plusieurs personnes que j'ai beaucoup respectées étaient plutôt sceptiques quant à l'idée d'élever la famille impériale au rang des saints. L'un de ces sceptiques fut le magnifique archiprêtre Nicolas métropolite de Nijni-Novgorod, qui était également professeur à l'Académie Spirituelle de Moscou, Alexis Ilitch Osipov. Je n'avais rien à répondre malgré les objections de ces personnes très dignes. Sauf une chose: je savais que le tzar Nicolas et sa famille avait fini comme des saints. Ceci s'est passé près de deux ans après que j'ai fait connaissance de l'évêque, au cours de l'un des moments les plus difficiles de ma vie. Je n'était encore qu'un novice, et j'étais dans un état d'esprit peu enviable quand je me promenais dans le monastère Donskoï pour  aller sur la tombe du patriarche Tikhon. Je l'ai fait pour l'anniversaire de l'assassinat de la famille impériale. En cette année des services commémoratifs étaient dits pour lui, mais pour la première fois pas en secret. Et du fond de mon cœur, j'ai commencé à prier pour ces martyrs impériaux, en leur demandant, s'ils avaient atteint la sainteté devant Dieu de m'aider.
Le service commémoratif prit fin. J'ai quitté l'église toujours dans un état désespéré et assez lourd de dépression. Aux portes de l'église, j'ai rencontré un prêtre que je n'avais pas vu depuis plusieurs années. Sans aucune conversation ou questions de mon côté il a immédiatement commencé à parler du sujet et a immédiatement résolu tous mes doutes. Il m'a calmement et clairement dit exactement ce que je devais faire. Cela a, sans exagération, à bien des égards influencé mon sort ultérieur. Et la question de savoir si ou comment la famille impériale devait être vénérée, elle n'a plus jamais été soulevée dans mon cœur, quel que soit ce que l'on me disait par la suite sur les défauts indéniables, les erreurs, les faiblesses et les péchés du dernier empereur russe.
Bien sûr, notre propre expérience religieuse signifie relativement peu si elle n'a pas été confirmée par l'Eglise. Mais heureusement pour moi, le fait de la canonisation par l'Eglise orthodoxe russe du tzar martyr Nicolas II et de sa famille me donne le droit de reconnaître que ma propre petite expérience personnelle fut vraie.
Parmi mes connaissances, personne n'a jamais douté que pour la Russie la monarchie est la forme de gouvernement la plus organique et la plus naturelle. Cela est vrai même si nous étions plus que sceptiques à propos des divers mouvements monarchistes actifs et dispersés de l'époque.
Un jour où je travaillais pour le Métropolite Pitirim, des gens sérieux habillés en uniformes d'officiers d'avant la Révolution sont entrés dans le service d'édition où je travaillai. Sur leurs uniformes des médailles et ordres impériaux brillaient, y compris des croix de Saint-Georges-la plus haute des distinctions honorifiques taristes.
Je fus très surpris et je demandai: "Qu'est-ce qui vous a décidé porter ces médailles? Après tout, elles étaient toujours remises pour bravoure extrême sur le champ de bataille. "
Mes invités m'ont assuré qu'ils avaient bien gagné ces médailles honnêtement sur le champ de bataille. Ils ont dit qu'ils voulaient parler immédiatementau Métropolite. Le Metropolite, à ma grande surprise, les accueillit, et écouta attention ce qu'ils avaient à dire avec beaucoup de curiosité pendant une heure et demie. Le thème de leur visite était presque sans controverse: ces invités exigèrent que le Métropolite leur donne toutes sortes d'assistance en matière de restauration immédiate de la monarchie. Mais quand le Métropolite Pitirim les raccompagna à la sortie, il dit: "Si on vous donne un nouveau tzar maintenant, vous le fusillerez à nouveau dans une semaine... "


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon

Haïjin Pravoslave /243)


La lampade éclaire
La Présence des icônes-
La prière est douce

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 16 octobre 2012

Attaque de la Cathédrale russe de Genève

Attaque, 15 octobre 2012

Attaque, 15 octobre 2012

Attaque contre la Cathédrale russe de Genève (ERHF)
Ce lundi 15 octobre 2012,  tôt le matin, 
 la Cathédrale de l’Exaltation de la Croix.

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Protestation inepte: l'Eglise Russe Hors Frontières n'est pas plus responsable de ce qui se passe en Russie, que les temples Calvinistes de Genève l'étaient de ce qui se passait durant  l'apartheid en Afrique du Sud...
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Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (4)


Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. Kaver

Bishop Basil (Rodzyanko) in Pochaev. Photo by the author
Vladyka Basile à Potchaev

Quoi qu'il en soit, ce soir-là, Viatcheslav Mikhaïlovitch et moi, sommes allés à l'Hôtel Cosmos, où l'évêque Basile était avec un groupe de pèlerins orthodoxes américains. L'évêque est venu à notre rencontre dans le hall de l'hôtel... Nous avons été surpris! Devant nous se trouvait un vieillard d'une beauté remarquable, grand, élégant avec un visage étonnamment bon. Pour être plus exact, il était le modèle même du noble et du staretz, sans aucune ironie ou  sentimentalité, un exemple parfait des meilleurs êtres des temps anciens. Nous n'avions jamais vu de tels grands prélats. Il y avait quelque chose de noble en lui que nous avons pu sentir, c'était l'ancienne intacte la Russie et sa culture si longtemps perdu. C'était un évêque complètement différent de tous les autres évêques avec lesquels nous ayons jamais eu affaire auparavant. Ce n'est pas que les autres évêques que nous connaissions étaient pires. Non! Mais celui-ci était vraiment un évêque complètement différent, d'une tout autre Russie.
Viatcheslav Mikhaïlovitch et moi soudain nous eûmes honte de nous-mêmes d'essayer de mettre en danger ce cher vieil homme sans défense et confiant en danger. Après l'avoir rencontré, et avoir dit quelques paroles générales, nous nous sommes excusés, nous nous sommes mis de côté, et avant d'avoir abordé le sujet principal de notre conversation, nous avons convenu entre nous que nous insisterions pour que l'évêque réfléchisse bien avant d'accepter notre suggestion.
Pour notre conversation nous trois sommes sortis pour une promenade dans la rue, pour être plus éloignés des micros du KGB dans l'hôtel.
Mais dès que l'évêque a entendu pourquoi nous étions venus le voir, joyeusement s'arrêta sur le trottoir, et, saisissant mon bras comme s'il avait peur que je prenne la fuite, il a non seulement donné son plein accord, mais nous a assuré avec passion que nous lui avions été envoyé par le Seigneur Dieu Lui-même. Tandis que je me frottais le coude, essayer de comprendre si oui ou non j'aurais un gros hématome sous ma manche, tout fut expliqué. Il s'est avéré que, à cette date, chaque année au cours des cinquante dernières années, depuis l'époque où il était devenu prêtre, notre évêque avait toujours fait un service commémoratif pour la famille impériale. Et maintenant, il était là à Moscou, et pendant plusieurs jours il avait essayé de comprendre où et comment il serait capable de dire ce service commémoratif pour le tzar et sa famille, même ici, en Union Soviétique. Et soudain, nous étions arrivés miraculeusement, suggérant notre pieuse aventure! L'évêque nous voyait ni plus ni moins comme des anges, envoyés vers lui par le Ciel. Quant à tous nos avertissements à propos des dangers, il les a simplement balayé d'une geste de la main avec indignation.
Il n'y avait que quelques autres questions, que l'évêque Basile résolut instantanément. Selon les anciens canons de l'Eglise, un évêque qui arrive dans un autre diocèse ne pouvait pas célébrer le service divin sans la bénédiction de l'évêque local présidant et à Moscou, cela signifiait le patriarche lui-même. Mais l'évêque nous a dit que la veille au soir, Sa Sainteté le Patriarche Pimène avait déjà permis à l'évêque Basile de faire des services de supplication privés et des pannikhides. C'était exactement ce qu'il nous fallait. En outre, nous avions besoin d'un chœur pour l'office. Mais il s'est avéré que presque tous les pèlerins qui étaient arrivés avec l'évêque chantaient dans les chorales des églises locales.


Au petit matin, le jour anniversaire de l'assassinat de la Famille Impériale, nous nous sommes retrouvés à l'entrée de l'usine Dynamo. Klykov et moi avions amené une cinquantaine d'amis, et il y avait aussi environ deux douzaines de pèlerins américains. Pour la plupart, c'étaient des orthodoxes Anglo-Saxons qui s'étaient convertis à l'Orthodoxie, mais qui ne parlaient que l'anglais et le slavon d'Eglise. Nous avons dû trouver quelque chose de toute urgence, car si nos «gardes du corps» prenaient conscience que des étrangers avaient pénétré sur le territoire de l'usine, cela pourrait également nous causer de grands ennuis. Par conséquent, afin de nous assurer que nous n'aurions pas d'ennuis, nous avons été obligés de faire grand peur à notre moitié américaine de frères orthodoxes  en les avertissant qu'ils pourraient se retrouver dans les sous-sols de la prison de la Loubianka, s'ils prononçaient une parole de plus  que le chant pendant les offices. Soit dit en passant, une fois que l'évêque commença l'office, ils étaient en réalité une très excellente chorale, et ils chantèrent tout le service entièrement par cœur, presque sans accent.
Les représentants de l'administration de l'usine et nos sombres gardes du corps nous ont amenés le long des corridors et des passages très longs jusqu'à ce que nous arrivions à l'endroit où les moines Peresvet et Oslyabya avaient été enterrés. Mon cœur trembla quand je vis avec quelle méfiance les hommes du KGB en civil regardaient cet évêque élégant et son troupeau terrifié, silencieux, mais extrêmement  peu soviétique. Mais de toute façon, tout s'est bien passé.
La sculpture commémorative de Klykov pour les moines guerriers Peresvyet et Oslyabya était remarquablement belle: ascétique, sobre, et pourtant majestueuse. Nous avons commencé par la consécration, puis, d'une manière que nos gardes du corps qui nous écoutaient ne pouvaient pas comprendre, subtilement nous sommes passés au service funèbre. L'évêque a ensuite célébré l'office avec une telle passion, et ses paroissiens ont chanté avec une telle générosité d'esprit, qu'il sembla que l'ensemble du service était terminé en une minute. L'évêque a pris soin de ne pas dire les mots tzar, tzarine, ou  prince héritier, mais il a fait le service pour André Oslyabya  et Alexander Peresvet, en priant aussi pour Nicolas qui avait été assassiné, Alexandra qui avait été assassiné, le garçon assassiné Alexis, et les jeunes filles Olga, Tatiana, Maria et Anastasia qui avaient été assassinées, ainsi que tousceux qui ont été assassinés simplement parce qu'ils étaient près d'eux.
Il est difficile de dire si ces gens-là et ceux en civil comprenaient ou pas. Je ne peux pas tout à fait l'exclure. Mais aucun d'entre eux n'a donné le signe d'avoir compris. Et ils nous ont même remercié quand nous prîmes congé-sincèrement, comme cela nous semblait, à Viatcheslav Mikhaïlovitch et à moi-même.
Quand nous avons quitté le territoire de l'usine et une fois de plus vu le jour dans la ville, Valdyka Basile est soudainement venu vers moi et m'a embrassé, avec une grande étreinte d'ours affectueux. Puis il a dit quelques mots qui resteront à jamais dans ma mémoire. Il a dit qu'il allait être reconnaissant pour ce que j'avais fait aujourd'hui pour le reste de sa vie. Et bien que je n'ai moi-même pas vraiment compris ce que j'avais fait de si extraordinaire, il était extrêmement agréable d'entendre ces paroles de l'évêque.
Et c'était vrai: l'évêque pour le reste de sa vie m'a traité avec la considération et le respect les plus affectueux, qui devint pour moi l'un des dons les plus précieux et de plus immérités qui m'ait été donnés par Dieu.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon

Haïjin Pravoslave (242)


Garde le saint Nom
Comme un trésor ineffable
Dans l'écrin du cœur

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

lundi 15 octobre 2012

Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (3)

Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. KaverSculptor V. Klykov, hieromonk Tikhon (Shevkunov) and Bishop Basil (Rodzyanko)
Vyatcheslav Klykov (sculpteur), hiéromoine Tikhon (Chevkounov)
 et Vladyka Basile

Vladyko Basile est apparu dans ma vie et dans la vie de mon ami, le sculpteur Viatcheslav Mikhaïlovitch Klykov, en raison d'une rencontre étonnante et inattendue. C'est arrivé en 1987, juste avant le 17 Juillet, anniversaire de la mort de la famille du tzar. Viatcheslav Mikhaïlovitch et moi-même avions voulu auparavant faire servir une pannikhide pour le repos de Sa Majesté Impériale, mais au cours des années précédentes, c'était impossible, et l'idée même représentait un problème insoluble. Aller dans une église à Moscou et demander simplement à un prêtre un office de pannikhide pour le tzar Nicolas II était clairement impensable. Tout le monde savait que la nouvelle se répandrait, et la moindre sanction à laquelle ce prêtre courageux pourrait s'attendre pour un tel acte serait le renvoi de l'Eglise. Avoir des offices dans une maison privée était impraticable, car beaucoup d'amis auraient voulu y assister.

Il se trouve que pendant ces jours Viatcheslav Mikhaïlovitch Klykov venait de terminer la pierre tombale monumentale pour Alexandre Prerevet et André Oslyabya,  deux célèbres guerriers et moines du grand habit qui furent envoyés se battre pour l'armée victorieuse de Dmitri Donskoï à la bataille du Champ de Koulikovo en 1380, dans laquelle la Russie se libéra du joug des Tatars. Après une longue confrontation avec les autorités soviétiques locales une pierre  tombale fut finalement placée sur la tombe de ces moines héroïques dans l'ancien monastère Simonov, le site de l'usine Dynamo célèbre à l'époque soviétique.
Et soudain, j'ai eu une pensée: puisqu'il avait déjà eu la promulgation d'une approbation officielle pour sanctifier la pierre tombale pour Peresvet et Oslyabya, nous pourrions insérer une pannikhide pour la famille du Tzar pendant le service. Ils enverraient certainement quelqu'un du KGB pour nous espionner, mais les espions ne seraient pas susceptibles de comprendre les subtilités de la cérémonie commémorative en slavon d'église de toute façon, pour eux, ce serait tout simplement un long office ecclésial.
Viatcheslav Mikhaïlovitch aima cette idée. Maintenant, il n'y avait qu'un seul petit problème: essayer de trouver un prêtre assez courageux pour être prêt à officier le service commémoratif. Parce qu'il y avait, après tout, des risques très graves. Peut-être pas les plus grands risques, mais des risques tout de même. Et si l'un des espions et mouchards comprenait ce que c'était que nous avions l'intention de faire... nous avons préféré ne pas même penser à ce sujet. D'un autre côté, nous ne voulions pas que l'un des prêtres que nous connaissions ait des ennuis.
Et puis, une de mes connaissances m'a dit que l'évêque Basile Rodzianko venait d'arriver à Moscou venant d'Amérique. Beaucoup d'entre nous avaient entendu parler de cet évêque, et certains d'entre nous connaissait même ses émissions de radio par les "voix de l'ennemi." En y réfléchissant, nous sommes arrivés à la conclusion que nous ne serions jamais en mesure de trouver un meilleur candidat pour servir la pannikhide pour la famille impériale.
Tout d'abord c'était un émigré russe blanc. Deuxièmement, puisqu'il était citoyen étranger, le risque qu'il encourait, serait moindre que celui auquel nos prêtres autochtones devraient faire face. Le KGB ne pourrait pas faire quoi que ce soit contre lui-probablement. Au minimum, nous pensions qu'il lui serait plus facile pour lui de se sortir de n'importe quelle situation délicate, car après tout il était américain. C'est ce que nous nous disions. Enfin, comme on le disait dans le vers un peu cynique mais populaire d'un poème de cette époque: " Grand-père est vieux et il s'en fiche." En fait quand nous fûmes au pied du mur, nous n'avions de toute façon aucun autre candidat.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon




Haïjin Pravoslave (241)


Devant la douceur
De l'icône du Sauveur
Les yeux sont rivières

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

dimanche 14 octobre 2012

Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (2)


Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. Kaver

Father Vladimir Rodzyanko in the BBC Studios
Père Wladimir dans les studios de la BBC


Les Rodzyanko se sont installés en Yougoslavie. Vladimir est devenu en grandissant un très beau jeune homme grand et gentil. Il reçut une éducation brillante, et tomba amoureux d'une jeune fille merveilleuse qui deviendra son épouse. Et à l'âge de vingt-cinq ans, il fut nommé pour servir en tant que prêtre dans une église orthodoxe serbe. Lorsque la Seconde Guerre mondiale a commencé, le père Vladimir Rodzyanko a courageusement participé aux combats contre les nazis. Et lorsque les communistes sont arrivés au pouvoir, il est resté sans hésitation en Yougoslavie alors que la plupart des autres émigrés russes blancs ont fui le pays. Père Vladimir servit comme prêtre dans sa paroisse serbe et il croyait que ce serait mal de laisser sa congrégation, même s'il était sous la menace de la prison ou de la mort. Il n'a pas été tué, mais il a été condamné à passer huit ans dans un camp. Les camps de Tito n'étaient pas moins terribles que ceux de l'URSS. Heureusement, dès que Tito eut un conflit avec Staline, et pour irriter son ancien patron, il a libéré tous les émigrés russes blancs qu'il avait emprisonnés dans les camps. En conséquence, l'évêque est sorti des camps de travail après seulement deux années difficiles et il a été autorisé à quitter le pays. Et il a immédiatement recommencé ses voyages.
D'abord il est venu à Paris vers son père spirituel, l'archevêque Jean (Maximovitch). Puis il a été envoyé à Londres pour servir dans une église orthodoxe serbe. Tandis qu'il était à Londres il a commencé à organiser des programmes religieux dans le département de la BBC en langue russe. Et grâce à ce programme de très nombreuses générations de citoyens de l'URSS ont appris quelque chose sur Dieu, sur la sainte foi orthodoxe, et aussi sur l'histoire de leur église et de leur pays.
Le temps a passé et le Père Wladimir est devenu veuf. L'Eglise l'a béni pour prononcer ses vœux monastiques et il a reçu un nouveau nom, Basile, et il est devenu évêque. Peu de temps après, l'évêque Basile a entrepris un nouveau voyage aux États-Unis, où il a converti des milliers de protestants, catholiques, et athées à la foi orthodoxe russe.
Mais, cependant, il a fini comme un poisson hors de l'eau, non pas tant pour son activité missionnaire énergique que pour son conflit avec un lobby-un très puissant groupe qui préconisait certaines pratiques qui n'ont pas leur place dans l'Église orthodoxe. En conséquence, l'évêque Basile a dû partir en retraite avec une très modeste pension. Mais même cet événement sans intérêt a conduit à la poursuite de ses rêves sincères d'errance et est devenu une raison pour de nouvelles activités. Au cours de ces années, de nouvelles occasions de voyages vers la Russie s'étaient ouvertes, et l'évêque se précipita vers sa terre natale, ce qui était si effrayant et pourtant si important pour lui. Il m'est arrivé d'assister à une partie des événements qui ont eu lieu lors de son retour.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon

Haïjin Pravoslave (240)

 

Plénitude sainte
La colombe de l'Esprit
Vient dans l'hésychie

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

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1/14 octobre 
19ème dimanche après la Pentecôte. 
 FÊTE DE LA PROTECTION DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU 
 St apôtre Ananie, St Romain le Mélode († 556), St Sabbas de Vichera († 1461), St Rémi de Reims († 533). Lectures : II Cor. XI, 31 – XII, 9 ; Hébr. IX, 1-7 ; Lc. VI, 31-36 : Lc. X, 38- 42 ; XI, 27-28

LA FÊTE DE LA PROTECTION DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU
Sous le règne de l’empereur byzantin Léon le Grand (886-912) vivait à Constantinople un fol en Christ, dont le nom était André. A ce sujet, il convient de mentionner que « la folie en Christ » constitue une catégorie particulière, très élevée, de l’ascèse chrétienne. Se donnant volontairement l’aspect d’hommes insensés, les « fols en Christ » étaient constamment exposés aux offenses et délaissés par tous. La nourriture, le vêtement, le toit, semble-t-il ne constituaient pas pour eux une nécessité absolue. Malgré cela, ils avaient constamment les yeux de l’esprit et du cœur élevés vers Dieu, qui leur donnait des dons tels que celui de clairvoyance.
En souvenir de la vision suivante de St André le fol en Christ, fut établie la fête du Voile (ou de la Protection) de la Mère de Dieu : lors de la vigile célébrée en l’église des Blachernes à Constantinople, où était gardée la robe avec le mamphorion et une partie de la ceinture de la Mère de Dieu, vint le bienheureux André. Là se trouvait aussi Épiphane, disciple de St André, et l’un de ses serviteurs. Selon son habitude, André se tenait debout, parfois jusqu’a minuit, parfois jusqu’au matin, en fonction de ses forces. A la quatrième heure de la nuit, le bienheureux vit une Femme majestueuse s’avancer depuis les portes de l’église en compagnie de St Jean Baptiste, St Jean le Théologien et de nombreux autres saints en vêtements blancs. Lorsqu’Elle s’approcha de l’ambon, St André dit à St Epiphane : « Vois-tu la Dame et Reine du monde ? » « Je la vois, père spirituel », répondit-il. Et lorsqu’ils regardèrent, ils virent qu’Elle priait longuement pour le peuple présent. A la fin de la prière, elle ôta le
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19ème dimanche après la Pentecôte.
FÊTE DE LA PROTECTION DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU
St apôtre Ananie, St Romain le Mélode († 556), St Sabbas de Vichera († 1461), St Rémi de Reims († 533)voile qu’elle portait sur la tête, brillant comme un éclair, et l’étendit au-dessus de la foule. Le voile était si grand qu’il recouvrit toute la nombreuse assemblée, mais restait suspendu en l’air, soutenu par une force mystérieuse. La Mère de Dieu s’éleva alors dans le ciel et disparut, laissant au peuple chrétien son saint voile en garantie de sa protection bienveillante. Dans l’office de ce jour la sainte Eglise loue la Très Sainte Mère de Dieu comme «la magnifique protection du monde entier », et elle La prie de nous protéger par son « omophore de miséricorde ». L’église des Blachernes a été détruite par un incendie en 1434, et il n’en est resté que la source miraculeuse de la Mère de Dieu. Sur cet endroit même a été construit une nouvelle église en 1867, qui existe jusqu’à nos jours. La source miraculeuse, dont l’eau opère de nombreuses guérisons, se trouve dans l’église même.
St Romain le Mélode était originaire de Syrie et était sacristain de l’église Sainte-Sophie de Constantinople. Peu lettré, il ne participait pas au chant liturgique lors de l’office. Une fois, lors de l’octave de la Nativité du Christ, alors que l’empereur était présent, les clercs l’obligèrent à monter sur l’ambon et à chanter. Cela peina profondément saint Romain, et il pleura longuement à l’issue de l’office, priant ardemment devant l’icône de la Mère de Dieu. La nuit même, Celle-ci lui apparut en vison et lui donna un parchemin, qu’elle lui ordonna de manger, ce qu’il fit. A son réveil, le saint ressentit en son cœur une joie spirituelle, et une illumination inhabituelle de son esprit. Venant à l’église, il monta sur l’ambon et chanta d’une voix douce le chant qu’il avait composé : « En ce jour la Vierge enfante Celui qui est transcendant », chant qui devint par la suite le kondakion de la Nativité du Christ. Tous furent en admiration devant la sagesse du sacristain illettré. St Romain devint diacre et s’endormit dans le Seigneur à la fin du Vème siècle, nous ayant laissé de nombreux canons de S. Romain ont été traduits en français et édités dans la Collection « Sources et autres parties de l’office liturgique composé par lui. Les hymnes Chrétiennes » (Éd. du Cerf). St Jean de Changhaï († 1966) avait promulgué un décret selon lequel le jour de S. Romain le mélode était fixée la fête des chantres du diocèse d’Europe Occidentale. A la fin de la Liturgie, on devait leur chanter « ad multos annos ».

Tropaire du dimanche du 2ème ton

Lorsque Tu descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « Ô Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire àToi!»

Tropaire de la fête de la Protection de la Mère de Dieu, ton 4

En ce jour, célébrons cette fête avec joie ô peuples fidèles, à l’ombre de Ta venue, Mère de Dieu, et élevant le regard vers Ta très pure icône, disons avec attendrissement : protège-nous parTonvénérablevoile,etdélivre- nous de tout mal, priant Ton Fils le Christ notre Dieu de sauver nos âmes.

Kondakion du dimanche, 2ème ton

Sauveur tout-puissant, Tu es ressuscité du tombeau l’enfer, voyant ce prodige, est saisi de stupeur et les morts ressuscitent. A cette vue, la création se réjouit avec Toi ; Adam partage l’allégresse, et le monde, ô mon Sauveur, ne cesse de Te louer !

Kondakion de la fête de la Protection de la Mère de Dieu, ton 3

La vierge en ce jour est présente à l’église, et prie invisiblement Dieu pournousaveclechœurdessaints; les anges se prosternent avec les pontifes, les apôtres avec les prophètes constituent des chœurs ; la Mère de Dieu prie pour nous le Dieu Prééternel.

Hiéromoine Grégoire de la Sainte Montagne
COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME
Kyrie eleison
À chacune des demandes adressées à Dieu par le célébrant, les fidèles chantent trois fois « Kyrie eleison », « Seigneur aie pitié ». « Implorer de Dieu Sa miséricorde, c’est demander Son royaume, ce royaume que le Christ a promis de donner à ceux qui le cherchent, en y ajoutant par surcroît toutes les autreschoses dont nous avons besoin (cf. Matth. VI, 33) ; et voilà pourquoi les fidèles se contentent de cette supplication comme ayant une portée globale » (St Nicolas Cabasilas).
Seigneur aie pitié : « C’est là une supplique de condamnés qui, privés de toute excuse et n’ayant aucune justification à faire valoir, lancent à leur juge ce cri suprême, comptant, pour obtenir ce qu’ils demandent, non point sur la stricte justice, mais sur la bonté du juge. Or, c’est là le fait de gens qui rendent témoignage au juge de son immense bonté, et à eux-mêmes de leur propre perversité : ce qui est précisément un acte ici de confession, et là de gratitude » (ibid.). Par la demande de la miséricorde divine, nous montrons encore que nous ne nous fions pas à nos œuvres :
« Pour moi, Tu le sais, Maître, jamais je n’ai compté Sur mes œuvres ou mes actions pour le salut de mon âme : C’est en Ta miséricorde, Toi qui aime les hommes, que je me suis réfugié, dans la confiance que Tu me sauveras gratuitement, ô très Compatissant, Que tu me prendras en pitié, Toi qui es Dieu, comme jadis la pécheresse Et comme le fils prodigue quant il dit : « J’ai péché ». Dans cette foi j’ai couru, dans cette confiance, je suis venu à Toi »
(St Syméon le Nouveau Théologien).
Le Seigneur nous a révélé une façon par laquelle nous pouvons recevoir avec certitude Sa grande miséricorde : en pardonnant nos frères : « Aimons l’un l’autre et nous serons aimons par Dieu. Montrons de la mansuétude l’un envers l’autre et Dieu montrera de la mansuétude pour nos péchés. Ne rendons pas le mal pour le mal que l’on nous a fait, et nous ne serons pas punis en fonction de nos péchés. Car nous trouvons le pardon de nos fautes dans le pardon de nos frères. Et la grâce de Dieu se trouve cachée dans notre miséricorde envers le prochain... Voici que le Seigneur nous a accordé le moyen du salut et nous a donné éternellement le pouvoir de devenir enfants de Dieu (cf. Jn. I, 12). Dans notre volonté se trouve notre salut » (St Maxime le Confesseur).
LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Jn. XX, 19-31 ; Liturgie : Gal. I, 11-19 ; Hébr. XIII, 7-16 ; Lc. VII, 11-16 ; Jn. XVII, 1-13