mercredi 1 janvier 2020

Archiprêtre Serge Baranov "QUAND LE CHRIST ARRIVE, LES QUESTIONS DISPARAISSENT." (2)


La nouvelle église du couvent d'Iveron à Orsk, dédiée à Saint Gabriel (Ourgebadze)
   
Il y a une chose à laquelle je veux que vous réfléchissiez. Nous nous efforçons de vivre moralement, de vivre dans la pureté, d'éviter les péchés, d'aimer notre prochain, d'être de bons époux et de bonnes mères, d'être fidèles à nos conjoints, de prendre soin de notre famille, de ne pas boire d'alcool, de ne pas fumer... Certains se décident à faire plus : visiter les malades, les vieillards, les prisonniers, nourrir les sans-abri, adopter les enfants, démarrer des centres pour femmes en crise, pour éviter que ces femmes avortent... Mais y a-t-il quoi que je puisse énumérer et qui les athées ne peuvent faire ? Ils peuvent faire tout cela !

Alors qu'est-ce qui nous différencie des athées ? Quelle est notre essence ? Qu'est-ce que les athées ne font pas et que les chrétiens doivent nécessairement faire ? La prière ! Par "prier", je ne veux pas dire lire formellement les règles de la prière, ou les psaumes, ou réciter quelques prières par cœur ; je veux dire la prière comme un état dans lequel Dieu est très proche de vous. C'est un état dans lequel Dieu se transforme soudainement d'une idée noble, brillante et philosophique en Dieu vivant, le Dieu personnel.

Parfois, les gens me le disent :

"J'ai lu dans les Saints Pères qu'il ne faut pas prier sans larmes."

Et nous ne devrions pas non plus communier sans larmes, comme l'a écrit saint Siméon le nouveau théologien. Nous commençons donc à travailler avec nous-mêmes psychologiquement, à nous "accorder" à la repentance, en pensant naïvement que maintenant nous allons verser des larmes et ensuite commencer à prier...

Je leur réponds : "Écoutez, quand le Christ viendra (le vrai Christ et non une idée de Lui), vous ne pourrez pas empêcher vos larmes de couler ! Alors vous verserez des flots de larmes !"

Mais quand l'Esprit Saint viendra et vous ouvrira les yeux, vous ne pourrez plus vous empêcher de pleurer... C'est bien quand il vient de Lui-même et non pas de notre entraînement auto-déterminé ou de notre "auto-accordement" car cela peut conduire à l'illusion. Une fois que vous croyez en ce que vous avez essayé d'imiter, c'est un état d'illusion.

La vie spirituelle correcte, c’est quand tout vient graduellement et naturellement. Il y a une expression : "faites la prière, et la prière vous apprendra tout."

Utilisez votre temps à bon escient ! Consacrez-le aux choses qui comptent vraiment !

Comment pouvons-nous prier aujourd'hui, alors que nous n'avons pas le temps pour quoi que ce soit avec notre rythme de vie moderne ?

-Le temps est le même, mais notre attitude à son égard a changé. Nous perdons des heures à faire des choses inutiles alors que nous n'avons pas de temps pour les choses qui comptent. Par exemple, quel temps ma grand-mère avait-elle, elle dont le mari a été tué pendant la Seconde Guerre mondiale et dont le fils a perdu son père ; qui n'a pas été payée pour son travail ; qui n'avait que des "journées de travail" [dans la ferme collective] avec des coches sur les feuilles de rapport ; avec une vache maigre qui meuglait à l'étable... Mais pour une raison quelconque les gens trouvaient du temps pour la vie spirituelle et la prière... Maintenant nous sommes bien équipés : nous avons les appareils de nettoyage, aspirateurs, lave-linges... N'avons-nous vraiment pas de temps libre ? Nous vivons simplement sans réfléchir.

Le philosophe grec Diogène courait dans les rues d'Athènes un flambeau en  main à midi en criant qu'il était à la recherche d'un homme ! De même, je veux sortir en courant en criant : "Utilisez votre temps à bon escient ! Consacrez-le à des choses qui comptent vraiment ! On a très peu de temps !!!!! On ne peut pas vivre en restant assis devant la télé sans rien faire et en faisant des choses futiles..."

Nous trouvons toujours le temps de voyager ou d'aller dans un endroit intéressant. Mais ce n'est pas la chose la plus importante dans nos vies. Tout cela est permis, car Dieu bénit le temps de repos. Mais ce n'est pas essentiel...

La rencontre au monastère Novospassky, le public
   
Savez-vous quand les gens commencent à s'en rendre compte ? Quand ils se retrouvent dans une clinique d'oncologie et qu'on leur dit : "Il y a de mauvaises nouvelles pour vous. Vous avez une tumeur." Que se passe-t-il avec de telles personnes ? Hier, ils n'avaient pas le temps, mais maintenant ils trouvent du temps pour les médecins, pour les exercices chinois, pour trouver de l'argent pour des médicaments coûteux... D'où ? Pour faire quoi ?

Nous ne sentons plus que notre vie elle-même est une mort lente. Y a-t-il quelqu'un parmi nous qui ne meure pas lentement maintenant ? Ce processus dans notre corps peut être plus rapide ou plus lent, mais il ne peut pas être arrêté ou surmonté....

Mais la chose la plus terrible est la mort spirituelle. La mort de quelque chose qui ne peut pas mourir - l'âme immortelle. C'est terrible de réaliser que vous restez seul face à face avec ce problème... Sans l'aide de Dieu ...

Je pense que si nous pesons le pour et le contre, nous pouvons trouver le temps de prier. Nous devons poser cette question sans détour : soit je le fais et je vis, soit je ne le fais pas et je meurs pour l'éternité.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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