samedi 1 décembre 2018

Père Lambros Fotopoulos: la staritza Eulambia Romanides (+ 1980)



Origines

Eulambia Romanides, mère du père Jean Romanides, est originaire d'Aravisso de Cappadoce, une région qui n'a jamais cessé de se préoccuper de thèmes théologiques, même après les grands Pères de Cappadoce (Basile le Grand et Grégoire de Nysse).

Née avant le désastre (en 1895), elle grandit dans un lieu de foi profonde. Dans ce domaine, l'Orthodoxie était la première valeur, tandis que la langue et l'origine étaient secondaires. Elle appartenait au magnifique peuple de Karamanlis (ou Karamanlides), qui, grâce à son écriture grecque unique, à ses monuments importants et à ses coutumes et traditions uniques, a pu traduire l'expérience des ascètes et saints orthodoxes dans la pratique quotidienne.

Le modèle théologique des Cappadociens est l'imitation des hésychastes stricts, comme les saints stylites Syméon et Daniel, saint Alexis l'Homme de Dieu, etc. La personnalité de saint Alexis, en particulier, fit une forte impression sur les cappadociens, en raison de son jeûne excessif, de ses veilles et de son ascèse dure, de sorte que beaucoup de chansons ont été écrites pour lui qui sont encore chantées aujourd'hui. Chaque Grand Carême en Cappadoce y régnait la contemplation, la mémoire de la mort, la prière et l'ascèse. Le centre de la vie sociale en Cappadoce était l'église et l'accomplissement intellectuel était de s'engager dans la prière noétique. Il ne serait pas exagéré de dire que la respiration de la Cappadoce était le rythme de la prière "Seigneur Jésus Christ (inhalation), aie pitié de moi (expiration)".

C'est dans cet environnement spirituel qu'Eulambia Romanides fut élevée.

Années d'enfance

L'enfance de la staritza Eulambia fut marquée par la douleur. La douleur était profonde, mais salvifique. La fillette de douze ans vit le terrible massacre de ses parents, événement qui s'imprima sur ses jeunes yeux et au fond de son âme. Cependant, cette expérience, plutôt que d'être catastrophique pour Eulambie, fut le message céleste pour qu'elle choisisse le bon chemin, celui d'aimer le Christ et l'Eglise.

Socialement, Eulambia resta orpheline, mais elle obtint une puissante protection spirituelle. La Reine du Ciel, l'assistante des orphelins, l'a prise sous sa propre protection. Avec une admirable simplicité pour une expérience si magnifique, la staritza raconta plus tard à ses moniales que la Panaghia [la Toute Sainte Mère de Dieu] lui apparaissait, comment elle la prenait par la main et la sauvait de divers dangers psychologiques. Quand les célébrations se déroulaient autour d'elle, cela la dérangeait et elle prenait ses distances. Elle se rendait alors très disponible pour la prière. De cette façon, le petit enfant communiquait à Dieu par la prière !

On se demande, quelle sorte de prière la petite orpheline Eulambia disait ? Dans une confession écrite qu'elle a laissée, elle a dit ce qui suit : "Quand j'avais douze ans, les prières que j'ai dites étaient les suivantes : la Paraclèse, les Six Psaumes, les Complies, [la lecture de] l'Ancien et du Nouveau Testament. C'est ainsi que je passais mon temps. Ces mots, je ne les laissais pas me quitter l'esprit nuit et jour. Seigneur, ne me prive d'aucun de Tes biens, et d'écouter Tes paroles. De choses indécentes, avec Ton aide, mon Seigneur, protége-moi. Seigneur, selon Ton commandement, comme Tu le sais Seigneur, tout ce que ma gorge prononce est à Toi. Notre Reine la Panaghia, avec ses intercessions et celle des saints... Et avec tout cela, Tu es béni pour les siècles des siècles. Amen."

En exil

Après la Catastrophe  en Asie  mineure, elle vint en Grèce et s'installa au Pirée. Elle épousa sa compatriote Savva Romanides et donna naissance à son premier enfant, un garçon. Elle le dédia au réfugié Saint Jean le Russe. Quand l'enfant avait deux ans, elle fut trouvée digne d'accomplir son vœu et de le faire baptiser, lui le futur Père Jean, à Prokopi en Eubée, où ses reliques sacrées furent déposées.[1]

La vie en Grèce fut difficile pour la famille Romanides et ils émigrèrent en Amérique en 1927.

Aux États-Unis d'Amérique, Eulambia Romanides aida son mari à la couture, profession qui leur permit d'élever leurs deux enfants. La société multiculturelle, avec ses valeurs religieuses colorées et différentes, ne l'affecta pas, mais lui donna plutôt  le défi du travail missionnaire. Elle se battit contre toutes les forces du milieu protestant. La chaleur de sa foi fit impression. Les hétérodoxes prévoyaient que ce serait un grand succès pour eux s'ils convertissaient cette cappadocienne qui avait beaucoup de foi en ses idées. Ils ne reconnurent pas l'adversaire bien entraîné. Ils organisèrent un véritable "projet" pour sa conversion, impliquant 10-15 personnes. Ils lui rendirent visite et  essayèrent par la Sainte Bible, avec leurs arguments bien connus, de l'affaiblir. Eulambie avait d'autres arguments, plus importants et plus convaincants. Les laissant seuls un certain temps, elle eut recours aux saints, dans le  "coin d'icônes" de sa chambre. Elle pria ardemment Dieu de l'éclairer. Et, Ô miracle !, un bruit fort sortit des icônes. Les protestants l'entendirent et ayant peur s'enfuirent en courant. Depuis lors, ils ne l'a dérangèrent plus jamais.

La Missionnaire

La staritza Eulambia était convaincue que la seule vérité est la foi orthodoxe et qu'il n'y a pas d'autre voie de salut que le saint baptême orthodoxe. Ainsi, lorsqu'elle apprit que sa fille était mariée en Nouvelle-Zélande à un hétérodoxe nommé Malcolm, haut fonctionnaire du gouvernement, elle réalisa quelle était exactement sa tâche. Elle alla en Nouvelle-Zélande et y resta jusqu'à ce qu'elle catéchise correctement le marié pour qu'il soit baptisé orthodoxe sous le nom de Marc. Elle ne quitta pas la Nouvelle-Zélande avant d'avoir accompli son autre but sacré : établir une église orthodoxe à Christchurch, deuxième plus grande ville de ce pays.

Une couturière réfugiée d'Amérique, sans aide missionnaire et sans soutien financier supplémentaire, seule avec seulement Dieu dans son cœur, devint une Égale aux Apôtres et établit l'Église Orthodoxe dans les confins de la terre!

La moniale

Après la mort de son mari, elle offrit ses services comme couturière dans le monastère masculin de la Transfiguration à Boston, tout en commençant à exercer seule la vie monastique. C'est ainsi qu'elle décida fermement de devenir moniale. Il n'était pas trop tard. Son fils, le père John, retourna en Grèce avec sa famille et la staritza le suivit, l'informant en même temps de ses intentions.

Avec l'aide du Père Jean et l'assistance de l'évêque (actuel) de Tyroloë et Serention Panteleimon Rodopoulos et du Père Polycarpe Mantzaroglou, elle se rendit  au Saint Monastère "Jean le Théologien" à Souroti de Thessalonique, où elle devient novice le 1/17/1971. Le 5/4/1973, à la demande du Père Jean, elle fut tonsurée au Grand Schème, sans changer son nom de baptême.

En tant que moniale, elle ne faillit jamais à sa règle monastique. À minuit, elle priait continuellement comme elle était habituée à le faire quand elle était jeune. Elle expliquait de la manière suivante son habitude caractéristique : "Alors, mon enfant, le ciel s'ouvre", disait-elle.

Au monastère, elle vécut jusqu'en 1980, quand elle s'endormit dans le Seigneur, comme elle le demandait constamment à Dieu : "Que mon nom soit dans le Livre de Vie. Accorde-moi une fin chrétienne de ma vie dans la paix..."

Ayant eu prémonition de sa mort (en 1980), elle parla aux moniales qui la servaient des événements qui allaient se produire plus tard (la construction de l'église des Saints Archanges). De plus, le fait de sa mort fut la méditation de son cœur dès l'âge de douze ans : "Seigneur, accorde-moi la grâce que je n'oublie pas la mort de mon esprit", disait-elle. Dieu lui donna, durant les derniers mois de sa vie, toutes les informations nécessaires pour préparer son grand départ.

"Mémoire éternelle"

Quelle différence entre cette staritza et tous ces modèles artificiels "introduits" par le "star système" religieux de notre temps.

Ayant la grâce de l'Esprit Saint "humble et tranquille", elle s'est soumise à la volonté du Dieu Trinitaire. Elle a enduré le fait d'être orpheline et réfugiée avec la foi en Dieu et une prière incessante. Elle a vécu dans le monde consacré à ses devoirs d'épouse et de mère, et quand elle a décidé de devenir moniale, elle a opté pour l'humble obéissance dans un monastère orthodoxe.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
NOTE:
[1] Là repose le corps du saint, il est noirci car les Turcs essayèrent de le brûler, mais en vain!

Source : (Extrait du magazine "Εφημέριος", juin 2003, pp. 11-14). Version anglaise de John Sanidopoulos

Autre note sur la staritza Eulambia tirée du livre du Père John S. Romanides par le Père George Metallinos (en grec, p. 85) :

"Cette femme bénie d'Asie Mineure était une personne de prière. Elle priait et faisait beaucoup de prosternations. Le Père Jean la voyait comme une petite enfant et riait en disant : "Qu'est-ce que tu fais, une prostration après l'autre ?" Et elle lui répondait : "Continue à plaisanter petit Jean... tu vas devenir prêtre!"

Association Saint Silouane



Chers amis de saint Silouane,

J’ai le plaisir de vous annoncer que le pèlerinage-retraite organisé par l’Association Saint-Silouane (sous la responsabilité de Panayotis Kléridès et de Marina Fierou) se fera, en 2019, à Chypre. Les inscriptions, que vous m’adresserez directement et exclusivement, ne seront effectives qu’après que le Comité les aura acceptées. 
Comme vous le savez, le nombre des participants est limité et le Comité a décidé, au cas où il y aurait plus d’inscriptions que de places disponibles, d’opérer un choix. Nous souhaitons, en effet, donner à de nouveaux membres ou à ceux qui n’ont jamais participé à un de nos pèlerinages, la possibilité de faire cette expérience dont tous ceux qui l’ont connue peuvent attester qu’elle est de nature à faire connaître et à approfondir l'esprit qui règne dans notre Association. Comme le programme vous le montrera, il ne s’agit nullement de tourisme religieux, mais d’un itinéraire spirituel, animé par des rencontres de pères spirituels, pierres vivantes de la foi, et par un séjour monastique significatif. 
Comme tous nos membres n’ont pas de mail, et que ma liste d’adresses n’est sans doute pas complète, merci de faire connaître ce pèlerinage autour de vous. Nous souhaitons que chacun qui le voudrait puisse s’inscrire. Au Comité, ensuite, de prendre les décisions opportunes. 
Ce pèlerinage est  réservé aux membres de l’Association en règle de cotisation depuis trois ans.

1. Dates
Du 3 au 10 juillet. Si certains veulent anticiper ou prolonger leur séjour, les organisateurs chypriotes  essayeront de réserver le logement au même prix que celui qui a été obtenu pour notre groupe, mais à charge pour ceux qui souhaiteraient arriver plus tôt ou rester davantage de régler eux-mêmes, sur place, les suppléments. Puisque ce sera en pleine  saison touristique, il est impératif qu'ils nous avertissent le plus tôt possible.


2. Programme Provisoire 
Le voyage est à la charge de chacun des participants, qui prendra les dispositions requises pour arriver le 3 juillet à Larnaca. 
Il est essentiel de savoir, pour les hôtels du moins, qui souhaite une chambre single et qui souhaite, ou accepterait une chambre double.

Arrivée à Larnaca, mercredi, 3 juillet. Transfert au logement à Larnaca. Dîner ensemble. Conférence possible le soir par le père Benedictos, en français, sur saint Néophyte le Reclus, qui a vecu au XIIe siècle, un saint très spirituel qui a écrit une abondance de livres spirituels. Nous croyons que cela sera intéressant puisque nous resterons au monastère de Saint-Néophytos où est son tombeau, une egkleistra, une grotte qui lui a servi de cellule. Nous enverrons plus de détails plus tard.

 Jeudi 4 juillet. Départ pour Paphos et le Monastère de Saint- Néophyte en autobus. On va rester soit au monastère et si cela ne sera pas possible, dans un hôtel  proche. En principe on va suivre le programme du monastère mais aussi on visitera un ou deux autres monastères dans la région et d'autres lieux saints. Le Métropolite de Paphos, Monseigneur Georgios a exprimé son désir de nous parler et de nous offrir un repas.

Samedi 6 juillet. Depart de Paphos, direction Monastères de Macheras et Saint-Héraclidios. En route, un ou deux arrêts pour visiter deux autres monastères intéressants où on pourrait parler avec les Higoumènes et les moines ou moniales.

Arrivée le soir du samedi à Macheras (pour les hommes) et à Saint-Héraclidios (pour les femmes), où on va suivre strictement les programmes des Monastères respectifs. 

Mardi 9 juillet. Départ le matin pour notre logement à Larnaca. Programme à voir.

Mercredi 10 juillet. Départ pour l'aéroport de Larnaca selon l’horaire des différents pèlerins.

3.Prix du pèlerinage
€730 pour une chambre double et €800 pour une chambre individuelle. A compter, en plus, le prix du voyage en avion et les dépenses liées à l’argent de poche

Bien à vous, en Christ




jean-claude polet
Secrétaire de l’Association Saint-Silouane l'Athonite
Avenue Jean de Luxembourg, 37
B-1330 Rixensart
Belgique
Tél. : + 32 02 653 62 21

Le Journal LA CROIX a propos de la crise: Constantinople bouleverse la carte de l’orthodoxie européenne


Le Saint Synode a décidé l’intégration et le rattachement des paroisses de l’archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale aux différentes métropoles du Patriarcat de Constantinople dans les pays où elles se trouvent.



Par un communiqué publié le 28 novembre, le Patriarcat de Constantinople a annoncé avoir décidé dans sa session du 27 novembre de « révoquer le tomospatriarcal de 1999 » par lequel il octroyait « le soin pastoral et l’administration des paroisses orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale à son archevêque-exarque ». Dans les faits, cette révocation signe la disparition de cet archevêché, et le rattachement de ces paroisses aux métropoles du Patriarcat de Constantinople dans les pays où elles se trouvent.
Issue de l’émigration russe blanche en Europe occidentale à l’époque de la révolution bolchevique de 1917, l’archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale est rattaché au Patriarcat œcuménique de Constantinople depuis 1931. Clercs et fidèles émigrés avaient à l’époque refusé de demeurer sous l’autorité d’un Patriarcat de Moscou perçu comme soumis au pouvoir soviétique. Marquées par l’exil, ces paroisses avaient conservé une tradition spirituelle russe, et célèbrent tout ou partie de la liturgie en slavon.

Renforcer le lien avec Constantinople

Reconnu comme exarchat temporaire par Constantinople en 1931, l’archevêché des églises russes en Europe occidentale avait été élevé en 1999 au statut d’exarchat permanent par un tomos (décret) de l’actuel patriarche Bartholomeos. C’est cet acte qui a été révoqué par le Saint Synode du Patriarcat œcuménique réuni à Istanbul du 27 au 29 novembre.
« Les circonstances historiques ayant conduit à la création d’une telle structure au lendemain de la Révolution russe d’octobre 1917 (…) ont profondément évolué », affirme le communiqué du Synode. « La décision d’aujourd’hui a pour but de renforcer encore plus le lien des paroisses de tradition russe avec l’Église mère du Patriarcat de Constantinople. »
Le Saint Synode a déclaré vouloir « rassurer » les fidèles de ces paroisses en précisant avoir décidé leur intégration et leur rattachement « aux différentes saintes métropoles du Patriarcat œcuménique dans les pays où elles se trouvent », tout en continuant à « assurer et garantir la préservation de leur tradition liturgique et spirituelle ». Les paroisses françaises se trouveront ainsi intégrées aux paroisses de la métropole orthodoxe grecque de France, dirigée par Mgr Emmanuel Adamakis. Le communiqué ne précise pas dans quel cadre et selon quelles modalités sera assurée cette préservation

Trouble dans l’archevêché

L’annonce inattendue a pourtant jeté un trouble profond dans l’archevêché, qui a précisé dans un communiqué qu’une telle décision « n’a aucunement été demandée », et que l’archevêque Jean, qui a appris cette décision lors d’un entretien privé avec le Patriarche à Istanbul, « n’a pas été consulté préalablement ». L’archevêché a annoncé une réunion de son conseil « dans les jours qui viennent » afin de débattre de la question, et appelle d’ici là ses clercs et ses fidèles à « garder leur calme » et à « se recueillir dans la prière ».
Au trouble se mêle la perplexité des observateurs, qui peinent à discerner les motifs derrière la décision du Patriarcat de Constantinople. « Je suis très étonné par cette décision », avoue Yves Hamant, professeur émérite des universités, « cela va être difficile à avaler pour les paroissiens de l’archevêché, qui célèbrent la liturgie en slavon, accordent une grande place aux laïcs, et sont très attachés à leur autonomie ». Une autonomie qui s’était ouvertement manifestée par un désaccord entre le conseil de l’archevêché et le Patriarcat au moment de l’élection d’un nouvel archevêque en 2013, et qui « ne reçoit pas l’approbation unanime du Patriarcat de Constantinople », note Jivko Panev, maître de conférences à l’Institut de théologie orthodoxe Saint Serge à Paris. « Difficile de déterminer dans quelle mesure cette autonomie a motivé la décision du Patriarcat de Constantinople », nuance-t-il cependant.

Primauté et fidélité

Car outre la volonté de réduire l’autonomie de l’archevêché, aurait également pesé dans cette décision l’ambition pour le Patriarcat de Constantinople d’affirmer plus encore sa primauté honorifique et pratique dans le monde orthodoxe, actuellement mise à mal du fait de graves tensions avec le Patriarcat de Moscou depuis la reconnaissance en octobre par Constantinople de l’autocéphalie du Patriarcat de Kiev.
Cette assertion de la primauté de Constantinople pourrait toutefois avoir un prix. « C’est une manœuvre extrêmement périlleuse, il n’est pas garanti que tous les paroissiens de l’archevêché rejoignent la métropole grecque de France » tranche Antoine Nivière, professeur de civilisation russe à l’Université de Lorraine, rejoint sur ce point par Yves Hamant. Avec en tête l’exemple de la paroisse de Florence, qui a voté le 28 octobre son départ de l’archevêché pour rejoindre l’Église orthodoxe russe hors-frontières (EORHF) administrée par le métropolite Hilarion d’Amérique et de New York.

Pierre Sautreuil

vendredi 30 novembre 2018

Prêtre Dimitry Vidoumkinekine: PLUS L’AFFLICTION EST PROFONDE, PLUS DIEU EST PROCHE.




Parmi les chrétiens orthodoxes, il y a un proverbe bien connu - un extrait d'un poème du célèbre poète russe Apollon Maykov : "Plus l’affliction est profonde, plus Dieu est proche".
Il s'agit de la façon dont, dans les moments d'épreuves de la vie, de grandes douleurs et de maladies, nous avons besoin de sentir la Présence de Dieu dans nos vies de façon fiable, claire et convaincante. Ce sentiment, ainsi que la compréhension de la profonde sympathie de Dieu pour nos peines, doivent 

être trouvés vivants dans nos cœurs, nous fortifiant et nous consolant activement. 

Cela devrait... mais est-ce que nous le ressentons vraiment en ces moments-là ? Les prêtres d'aujourd'hui sont de plus en plus confrontés au contraire ; l'abondance des afflictions et des épreuves rend une personne très troublée : "Pourquoi cela m'arrive-t-il? Pourquoi moi ? J'ai juste..." Elle l'opprime, conduit une personne faible à douter de la réalité de la Providence de Dieu ; elle provoque la faiblesse de la foi et, par conséquent, amène les gens au bord du désespoir. Et je parle des croyants et des gens d'église, ceux qui, en cas de problèmes spirituels, sont les premiers à courir vers un prêtre pour une explication. 

Pourquoi est-ce que cela m’arrive ? Pourquoi les paroles importantes du poète, qui sonnent comme une vérité incontestable et évidente pour la conscience croyante, restent-elles souvent pour le chrétien seulement une vérité formelle qui n'a pas pour lui une conformation personnelle et empirique ? Pourquoi cela devient-il une vérité "morte", sur laquelle il ne peut pas compter ? C'est une question importante qui exige une réponse claire. 

Notre temps est rempli de d’afflictions ; elles sont par la Grâce du Créateur un instrument de la Providence de Dieu, en même temps, elles parviennent aussi à servir "deux maîtres", devenant "des serviteurs loyaux" de l'Ennemi du genre humain. 

C'est cette arme que notre Ennemi utilise le plus efficacement, sapant la foi des faibles dans la sagesse de la Providence de Dieu, causant lâcheté, murmure et désespoir. Tout cela laisse une personne seule avec l’affliction, la privant d'un fruit salvateur, qui peut aussi venir de moments de tristesse. 

Dans de telles situations, un soutien est extrêmement important pour une personne, et souvent elle ne le reçoit tout simplement pas. 

Les êtres chers se retrouvent souvent impuissants, surtout lorsque l’affliction est forte - souvent, ils n'ont tout simplement pas la sagesse, le tact ou la force intérieure suffisante pour vraiment soutenir les affligés et pour ne pas les irriter par leur présence ou les épuiser avec trop d'agitation. 

Dans de tels moments, la personne a vraiment besoin d'un souffle d'air frais que SEUL Celui qui tient le monde entier entre Ses mains peut vraiment donner. 

La seule chose, c'est... comment le recevoir ? Comment se fait-il que dans les moments où la tristesse nous semble insupportable, et où nous sommes au bord du désespoir, nous ne pouvons pas sentir fortifiés par la Main droite du Seigneur, qui comme nous l'avons entendu plusieurs fois conserve tout ce qui est en Son pouvoir. 

Peut-être parce que nous nous trouvons nous-mêmes, dans ces moments difficiles, à faire quelque chose qui n'est pas tout à fait correct ? Peut-être que nous n'allons pas nous-mêmes là où ce soutien est obtenu ? Nous ne voulons pas entreprendre même un petit travail spirituel, en espérant qu'une telle connaissance de la proximité du Seigneur nous soit donnée "sur un plateau d'argent". La réponse à cette question se trouve dans les Saintes Écritures. 

Les Saintes Écritures appellent une personne dans les moments d’affliction à se tourner vers Dieu : Appelez-moi au jour de la détresse ; Je vous délivrerai, et vous me glorifierez (Psaume 49:15[1]). Notre Seigneur Jésus-Christ a pleinement expérimenté toutes les souffrances et les tribulations auxquelles nous sommes confrontés dans notre vie, et Il nous a montré un exemple de l'accomplissement de l'appel du Psalmiste. 

En tant que vrai Homme, il avait aussi besoin d'être fortifié par son Père céleste, et dans l'Evangile, nous voyons ce qu'il fait pour gagner une telle force. L'Evangile dit que Christ, étant à l'agonie, priait plus instamment. (Luc 22:44). 

Il s'éloigne souvent des disciples pour prier longtemps dans la solitude, ce qui n'est pas rare la nuit. Ce fut une prière profonde, longue et zélée au Père qui fortifia le Christ sur Son chemin de croix. Et c'est la première chose que nous devons contempler et comprendre. 

Les saints qui plaisent à Dieu, dont la vie était toujours remplie d’affliction, ont trouvé leur force dans une prière stricte et prolongée, à l'imitation du Christ. Saint Xénophon (VIe siècle), ayant appris que le navire sur lequel voyageaient ses enfants avait été détruit par une tempête, eut recours à une prière spéciale et prolongée. Après une veillée de prière privée, il reçut une consolation spéciale de Dieu, et un avis que ses fils étaient vivants et éclipsés par la miséricorde spéciale de Dieu (les saints Xénophon et Marie https://fr.wikipedia.org/wiki/X%C3%A9nophon_et_Marie sont commémorés le 26 janvier). 

Le saint hiérarque Ignace (Brianchaninov) appelle les chrétiens à la même prière dans les moments d’affliction : 

Quand les douleurs nous entourent, il faut se hâter de prier pour attirer la Grâce spéciale de Dieu. Ce n'est qu'avec l'aide d'une grâce spéciale que nous pouvons piétiner tous les désastres temporaires. 

Est-ce que tout le monde agit de cette façon dans les moments difficiles de la vie ? Hélas, pas tout le monde et pas toujours. Souvent, même au début d'afflictions graves, nous tombons dans une panique qui nous fait vaciller sur nos pieds. Et c'est compréhensible - l'invasion des afflictions n'est rien de plus que la découverte du Seigneur dans nos vies. Comme on dit : "Le Seigneur nous a visités", et cette découverte peut nous effrayer au début. 

Souvenons-nous des Apôtres, qui eurent peur de l'apparition du Seigneur au milieu de la tempête. Souvenons-nous aussi qu'ils ne se sont calmés que lorsqu'ils ont su que c'était le Seigneur. Et nous en tirons une conclusion importante : Le début du réconfort dans les moments d’affliction est la reconnaissance de l'épreuve de la visitation de Dieu. C'est ce que dit le saint luminaire saint Ignace à ce sujet : 

Quand les tribulations viennent d'elles-mêmes, ne les craignez pas. Ne pensez pas qu'elles sont venues par hasard ou par coïncidence. Non... elles sont englouties dans l'incompréhensible Providence de Dieu. 

Ce n'est que lorsque nous nous calmons et que nous comprenons que le Seigneur a tout sous contrôle que nous pouvons, inspirés par cette vérité, devenir ouverts à la prière. Mais cette prière doit être zélée, longue, sincère et pleine de l'espoir inébranlable qu'elle sera entendue. Seule une telle prière conduira à la délivrance : 

A partir des circonstances pressantes qui nous entourent, nous devons nous forcer à nous souvenir de Dieu, à nous tourner vers Dieu avec la prière la plus zélée pour la délivrance. La délivrance ne tardera pas à venir. 

"La délivrance ne tardera pas à venir." Cette citation du saint signifie-t-elle que par le mouvement de la droite de Dieu, toutes les circonstances qui nous dépriment vont disparaître immédiatement ? Ce n'est probablement pas le cas, et surtout dans certaines situations, comme le décès d'un être cher, ce n'est pas réaliste. 

Mais les paroles du saint hiérarque nous révèlent la vérité la plus profonde, que le sentiment de la proximité du Seigneur et Sa sympathie pour notre douleur nous enlève la puissance de la douleur. Et elle n'enlève pas seulement le pouvoir de l’affliction, mais au milieu de l’affliction réelle, elle insuffle à l'âme une source de joie et de consolation. Voici ce que saint Ignace a écrit à ce sujet, citant l'exemple des saints martyrs : 

Les saints martyrs chantaient un chant joyeux dans la fournaise ardente, marchant sur des clous, au bord de l'épée, assis dans des chaudrons bouillants d'eau et d'huile. Ainsi votre cœur attirera aussi vers lui un réconfort rempli de grâce par la prière, en gardant vigilance sur lui-même, et au milieu de la dépression et de la misère chantera un joyeux chant de louange et d'action de grâces à Dieu. 

Surtout à cet égard, il y a, à juste titre, une grande gratitude envers Dieu pour l’affliction. Même si nous nous opposons à une telle reconnaissance, même si la glorification de Dieu pendant et pour les afflictions nous semble étrange, c'est cette même glorification qui nous sauvera d'un malheur encore plus grand, à savoir le désespoir, les grognements et les hésitations dans notre foi. Voici comment saint Ignace en parle, à travers sa propre expérience : 

"Gloire à Dieu !" Paroles puissantes ! Dans les moments de tristesse, quand le cœur a des pensées de doute, de faiblesse, de déplaisir, de murmure ; quand ces pensées entourent le cœur, nous devons nous forcer à répéter fréquemment, sans hâte et sans relâche, les paroles : "Gloire à Dieu !" 

Quiconque croira le conseil suggéré ici avec simplicité de cœur, et l'expérimentera en réalité, verra la puissance merveilleuse de la glorification de Dieu ; il se réjouira de l'acquisition de ces connaissances nouvelles et utiles, et d'avoir acquis de nouvelles armes pour être utilisées avec tant de force et de commodité contre des ennemis mentaux. 

De seulement crier ces paroles [Gloire à Dieu], prononcées au rassemblement de sombres pensées de tristesse et de découragement, juste au son de ces paroles, prononcées avec effort, seulement avec les lèvres, comme dans l'air, ces paroles se dispersent et mettent en fuite les princes des airs [les démons.-Trans.] Comme un vent fort répand la poussière, ceci disperse toutes pensées mornes... Dans vos tribulations et la douleur, commence à pleurer du cœur. Répétez sans remettre en question les mots "Gloire à Dieu !" Vous verrez un signe, vous verrez un miracle ! Ces paroles chasseront la tribulation, appelleront au réconfort dans le cœur, et feront ce que l'intelligence des savants et la sagesse des sages de la terre ne peuvent faire. Cette compréhension, cette connaissance, cette sagesse seront honteuses, et vous serez délivrés et guéris en croyant en une foi vivante qui vous a été prouvée ; et vous redrez gloire à Dieu ! 

"Plus l’affliction est profonde, plus Dieu est proche." Les blessures profondes sont importantes et nécessaires pour notre expérience religieuse. Elles sont une occasion pour nous de ressentir et de trouver Dieu, bien qu'Il ne soit pas loin de chacun de nous. (Actes 17:27). Cette opportunité est déterminée par la Providence de Dieu, dont un aspect clé est la correction et la focalisation sur les conséquences positives de ces moments de notre vie qui nous font souffrir. Cependant, il ne s'agit là que d'une opportunité et non d'une fatalité. Il arrive souvent qu'une personne, ayant des idées fausses sur elle-même et sur Dieu, choisisse le mauvais chemin dans les moments d’affliction; elle commence donc à grogner, se met en colère et s'éloigne de la foi - et par conséquent, elle approche du désespoir. Et les conséquences négatives d'un tel danger spirituel dépassent largement la raison initiale pour laquelle il a été provoqué. 

Dieu se rapproche de nous, dans la mesure où nous recherchons nous-mêmes cette proximité. Et nous ne devons pas chercher cette proximité seulement quand nous sommes en difficulté, mais nous devons toujours nous efforcer de l'obtenir. Il est très important de le comprendre, car seule l'union avec le Christ, dont le désir doit caractériser la réalité quotidienne de tout chrétien, est cette condition invariable dans laquelle aucune affliction n'est trop terrible pour Lui. Car comme le disait saint Ignace : "Notre souffrance temporaire ne signifie rien en soi, nous lui donnons un sens par notre attachement au terrestre et à tout ce qui est périssable et àm notre froideur au Christ et à l'éternité[2]". 


Version française Claude Lopez-Ginisty 

d’après 


NOTES

[1] Dans certaines Bibles non orthodoxes, ce psaume sera répertorié comme le psaume 50, à ne pas confondre avec le psaume pénitentiel utilisé dans les services orthodoxes, souvent répertorié dans le monde non orthodoxe comme psaume 51.-Trans. 

[2]https://azbyka.ru/otechnik/Ignatij_Brjanchaninov/tom1_asketicheskie_opyty/56#sel=36:1,36:25




SOLIDARITE KOSOVO

« Cocorico ! » 
pour la nouvelle ferme avicole de Novo Berdo

Solidarité Kosovo a élargi l’exploitation agricole de Novo Berdo par un nouveau bâtiment dédié à l'élevage fermier de volailles et d’oiseaux. Installé dans une ancienne grange fraîchement rénovée, les gallinacés et autres compères à plumes assureront la production de volaille de chair et de bons œufs dans le respect des animaux, de l'environnement et des bonnes pratiques d'hygiène. La ferme avicole représente le cinquième maillon de la chaîne de l’autosuffisance alimentaire qui s’ajoute aux fermes alpine, bovine, laitière et porcine construites depuis 2013 par Solidarité Kosovo en partenariat avec la soupe diocésaine.
La nouvelle ferme avicole de Novo Berdo

Une inauguration en demi-teinte

L’heure était pourtant aux réjouissances en ce deuxième lundi du mois de septembre dans le village de Novo Berdo. Au beau milieu de ses champs, à quelques pas du complexe agricole, une centaine de personnes s’était réunie aux côtés des représentants de l’Église et de la soupe diocésaine pour assister à l’inauguration de la ferme avicole financée par Solidarité Kosovo à hauteur de 70.000 €. 

Pour cause d’ombre au tableau, l’absence excusée du Président de Solidarité Kosovo, Arnaud Gouillon, arrêté à l’entrée du territoire du Kosovo par les douaniers albanais (voir nos communiqués à ce sujet en cliquant ici et ici). Après plusieurs heures d’attente vaines, l’évêque du Kosovo-Métochie, Monseigneur Théodose et la Directrice de la Soupe Populaire, Svetlana ont été informés de l’interdiction de séjour au Kosovo. Et c’est le cœur lourd que Svetlana a engagé la visite inaugurale pour faire découvrir aux nombreux invités la ferme avicole au carré de 52 ares.

« Aujourd’hui, les sentiments sont confus », confie-t-elle sans essayer de feindre sa peine. « Nous nous réjouissons de la mise en fonction de la ferme avicole qui apportera de nouvelles ressources alimentaires. Mais nos pensées sont noircies d’inquiétude pour notre ami, premier artisan de ce projet agricole, Arnaud Gouillon. Hélas, il ne pourra pas nous rejoindre pour inaugurer la ferme avicole ensemble, comme de convenu. Nous espérons le revoir parmi nous très rapidement ».
Un espace de vie en plein air « taille XXL » respectueux du bien-être animal

Un élevage fermier respectueux de l’environnement et du bien-être animal

 « Dans notre ferme, les 800 poules, 500 poussins, 38 dindes, 17 oies et 19 canards sont rois » annonce Svetlana en guise d’introduction. «Elles bénéficient d’un espace de vie en plein air « taille XXL », elles se nourrissent d’un mélange de blé, d’avoine, de pois, et de féverole en guise de pain quotidien, et surtout, elles sont entourées de toute l’affection de nos 2 travailleurs agricoles». 

L’un d’entre eux, Igor, prend le relais de la visite et des explications avec une forte volonté de respecter la terre et les animaux qui le font vivre.  « Nos volailles ont la vie belle ici, elles gambadant sur un grand terrain à elles toutes seules et lorsqu’elles rentrent au bercail, elles s’installent sur la litière de paille que nous broyons soigneusement. » L’agriculteur, visiblement passionné, poursuit : «Nous sommes très attentifs au bien-être de notre cheptel. On les surveille, on les nourrit, on leur donne à boire. On vérifie la température de l’intérieur, et en fonction, on chauffe ou on aère... Bref, on joue les mères poule! » 

La visite inaugurale s’est achevée par la bénédiction de la ferme par Monseigneur Théodose, qui, lors de son interlocution de clôture, a souhaité souligner la portée du chantier humanitaire achevé. « La ferme avicole constitue un outil supplémentaire pour favoriser notre autonomie alimentaire ».

Cocorico! pour la nouvelle ferme agricole de Novo Berdo

Des poules aux œufs d’or

Les œufs et la viande produites serviront à la confection de repas en faveur des bénéficiaires de la soupe diocésaine. Une autre partie de la production sera réservée aux étudiants de théologie du séminaire de Prizren qui jusqu’à lors en étant privés. Le surplus de production sera écoulé dans les circuits de vente traditionnels à travers le réseau monastique. 
La ferme avicole prévoit également de distribuer des bêtes aux familles des enclaves pour encourager l’élevage de basse-cour. De quoi remplumer les ressources alimentaires des foyers !

Devant la ferme, père Serdjan, Svetlana et le couple de travailleurs agricoles

L'équipe de "Solidarité Kosovo"

PS : les personnes souhaitant nous aider peuvent contribuer au développement de nos activités en nous faisant un don. Par chèque à l’ordre de « Solidarité Kosovo », BP 1777, 38220 Vizille ou par Internet en cliquant sur paypal :

PS2 : « Solidarité Kosovo » étant reconnu d’intérêt général, chaque don ouvre droit à une déduction fiscale à hauteur de 66% du montant du don. A titre d'exemple, un don de 100 € vous permet de déduire 66 € sur la somme de vos impôts à payer. Ainsi votre don ne vous coûte en réalité que 34 €.
www.solidarite-kosovo.org          Solidarité Kosovo BP 1777, 38220 VIZILLE, FRANCE
Conformément à la loi« "Informatique et liberté »" du 6 janvier 1978, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données qui vous concernent.Pour vous désinscrire, ENVOYEZ SIMPLEMENT UN MESSAGE SANS RIEN ÉCRIRE D'AUTRE à cette adresse  info-unsubscribe@solidarite-kosovo.org

jeudi 29 novembre 2018

Olga Izhenyakova: Les "bons" parmi nous...



Nous sommes tellement habitués à être sceptiques à l'égard de nos contemporains que parfois nous ne pensons pas un seul instant que des gens vivant selon les Commandements du Seigneur puissent être parmi nous. Mais, comme c'est généralement le cas de ces personnes, elles ne font pas preuve de leurs bonnes œuvres. Ce n'est pas une coïncidence que l'Evangile proclame : Mais quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite (Matthieu 6:3). Néanmoins, nous sommes désireux de mieux connaître ces bons Samaritains afin de devenir le plus possible comme eux, bien que nous nous rendions compte que ce sont ces mêmes lampes...mises sous un boisseau, ou sous un lit (Marc 4:21). Cependant, voyant notre faiblesse, Dieu nous les révèle parfois.

Un médecin

Il y a une femme médecin extraordinaire dans un des hôpitaux spécialisés de Moscou. J'avais l'habitude de lire des choses à propos de ces médecins dans les livres - non seulement ce sont de bons spécialistes, mais ce sont aussi des gens merveilleux.

Chaque mois, la veille du jour du salaire (et j'espère qu'elle gagne un bon salaire puisqu'elle travaille dans l'un des hôpitaux les plus célèbres et les plus recherchés du pays), cette jolie jeune femme (entre 20 et 30 ans) choisit soigneusement des cathéters de différentes tailles, des comprimés, des broches et des appareils orthopédiques (en bref, tout ce qu'elle prescrit à ses patients) sur divers sites Web médicaux. Puis elle rencontre le livreur avec ses infirmières médicales et lui donne les instructions à voix basse : "Vinogradov, salle n° 7-14 cathéters ; Filimonov, salle n°. 3 - immobilisateurs de cheville amovibles...", et ainsi de suite.

Fixant son visage intensément, je n'y voyais rien de remarquable ou de perceptible. C'est une jolie jeune femme, facteur qui la rend discrète parmi des milliers de femmes comme elle. Mais elle est toujours très spéciale. Et lorsque vous la connaissez de plus près, vous découvrez qu'elle vous tient à l'écart. Pas de manières de copain-copain, en quelque sorte. Et elle ne parle que de business. Dans mon imagination, elle a un mari ou un père riche, et j'espère que j'ai raison. Mais ses vêtements modestes, son comportement, sa capacité à aller à la racine des problèmes des patients du premier coup révèlent quelqu'un qui a une connaissance de première main de la pauvreté. En la regardant, vous voyez saint Luc de Crimée, saint Eugène Botkine ou Nicholas Pirogov [1]... Et vous avez l'impression que tout ira bien, puisque le Seigneur a daigné nous envoyer un médecin si merveilleux pour notre guérison.

Elle est absolument heureuse de son ministère, est toujours de bonne humeur et trouve toujours les paroles adéquates, même pour les patients en phase terminale et pour leurs proches. Soit dit en passant, les guérisons dans ce département sont courantes, même avec des pronostics défavorables pour les maladies. Remarquablement, lorsque vous communiquez avec ce jeune médecin, vous voulez remercier Dieu encore et encore. On ne peut s'empêcher de répéter :

"Gloire à Toi, Seigneur !"

Un diacre

Un jeune diacre sert dans une église près de Moscou. Comme il vit un peu loin (à la frontière d'une autre région), le diacre doit partir de bonne heure, à quatre heures du matin, pour la Liturgie. Pour être plus précis, c'est ce qu'il a fait jusqu'à récemment, et maintenant il part encore plus tôt. Et il a une raison sérieuse pour ce faire. Une femme âgée en fauteuil roulant vit à côté de cette église. Elle a un grand désir d'assister régulièrement aux offices religieux, de participer aux sacrements de l'Église et de vivre une vie liturgique. Ainsi, chaque fois, le diacre emmène la femme handicapée à l'église à bord de sa vieille voiture Moskvitch. Il déplie et plie son fauteuil roulant lui-même, le soulève dans et hors de la voiture, le pousse de haut en bas des marches. C'est une bonne chose mais en fait : le mari, le fils et la fille de ce paroissien handicapé conduisent leur propre voiture qui est beaucoup plus récente que la guimbarde du diacre, et ils ont beaucoup de temps à leur disposition... Mais ils comptent toujours sur l'aide du diacre. "Telle est la coutume". Ainsi, cet homme complète régulièrement le "réceptacle de ses actes de miséricorde" avec le temps et l'énergie qu'il consacre à cette paroissienne handicapé. Et il ne se plaint jamais de ça.

Mamie Lyusya

Le Seigneur se tient à la porte du cœur de chacun et frappe. Voici, je me tiens à la porte, et je frappe (Apocalypse 3:20). Certaines personnes réagissent au tout premier coup sur la porte de leur cœur et transforment ainsi à jamais leur vie et celle de leur prochain. L'une d'entre elles est grand-mère Lyusya [une forme diminutive du nom Ludmila]. À l'âge de quatre-vingt-six ans, elle nourrissait tous les jours les chats et les chiens sans abri près du chauffage principal. Elle appelait tous ses amis et connaissances, essayant de trouver un nouveau foyer pour ses amis à quatre pattes, en priant parce que c'était "plus sûr". Un jour où  les propriétaires potentiels se sont présentés, Mamie Lyusya a appelé son vétérinaire et en cas de besoin a payé pour le traitement des animaux, les gardant en quarantaine à la maison jusqu'à leur guérison. Elle disait que puisqu'elle avait promis de rétablir la santé des animaux avant de les donner, il fallait qu'il en soit ainsi ! Et pas de "chats dans le sac"[l'idiome russe équivalent à "une anguille sous roche", dénotant une surprise désagréable] ! Certes, il y avait des chats, mais dans des boîtes propres....

Mamie Lyusya tenait même un carnet où elle notait le sort des vingt-sept premiers animaux de compagnie : "Musya a été emmené à Istra, Bobik à Kolomna, Touzik à Kalouga, Rex à Düsseldorf..." Auparavant, les chats et les chiens avaient été vaccinés plusieurs fois et mis en quarantaine. Quand un mot de remerciement est venu d'Allemagne, grand-mère Lyusya a demandé à sa petite-fille de le lire et de répondre correctement à la lettre, comme il sied aux gens polis. Une correspondance animée a surgi, qui a finalement été suivie d'un mariage et de la naissance de l'arrière-petit-fils de grand-mère Lyusya... Avec le temps, les employés d'un foyer local pour chiens et chats se sont intéressés aux amis à quatre pattes et maintenant ils accomplissent la tâche de grand-mère Lyusya pour les reloger... Quant à cette bonne Samaritaine, de temps à autre, on la voit marcher avec son bâton, compter ses perles de prière [sur son chapelet] et murmurer quelque chose. Elle répond à toutes les questions avec sagesse : Le juste prend soin de son bétail (Prov. 12:10)...

Le Tout-Puissant aide toujours les gens dans leurs bonnes oeuvres. Selon le hiéromoine Basile (Roslyakov), un des nouveaux martyrs du monastère d'Optina : "Les merveilles de la miséricorde de Dieu sont nombreuses, mais nous devons Lui apporter tout ce que nous avons."


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
[1]  Nicolas (Nikolay) Ivanovitch Pirogov (1810-1881) fut l'un des plus grands chirurgiens de l'histoire de la Russie, médecin, scientifique, pédagogue et personnalité publique. Il fut le premier chirurgien européen à utiliser l'anesthésie pour les opérations chirurgicales, inventa des techniques chirurgicales révolutionnaires et développa sa technique d'utilisation de plâtres pour traiter les fractures des os.

mercredi 28 novembre 2018

Habemus papam (la suite): Communiqué du Patriarcat œcuménique au sujet de l’Archevêché des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale



Sans consulter le peuple, ses prêtres et son hiérarque responsable des paroisses russes en Europe, Sa Sainteté Bartholomée décide de révoquer le statut des paroisses de tradition russe et les met devant le fait accompli! Quand, dans l'histoire de l'Orthodoxie, un Patriarche orthodoxe s'est-il comporté d'une manière aussi peu charitable pour ses fidèles ouailles?
C.L.-G.
***
le feuilleton indécent



I


27 novembre


De source bien informée, nous avons appris que le Saint-Synode du Patriarcat oecuménique réuni ce jour au Phanar vient de décider de dissoudre l’Archevêché-exarchat des églises orthodoxes russes en Europe occidentale en abrogeant le tomos patriarcal de 1999. Le communiqué officiel avec les détails à venir !



II


28 novembre


L’administration diocésaine communique, à l’intention de tous les membres de l’Archevêché, que le Saint-Synode de notre Patriarcat a pris la décision, le 27 novembre 2018, d’abolir le statut d’exarchat de notre Archevêché.


Cette décision du Saint-Synode, qui n’a pas encore été reçue officiellement au siège de l’Archevêché, n’a aucunement été demandée par l’Archevêché. Monseigneur l’archevêque Jean n’a pas été consulté préalablement à cette décision.


Se trouvant à Istanbul/Constantinople pour une réunion de commission synodale avec le secrétaire du conseil de l’Archevêché, Nicolas Lopoukhine, l’archevêque Jean a appris cette décision lors d’un entretien privé avec le patriarche.


Monseigneur l’archevêque et le secrétaire du CA rentreront à Paris incessamment. La prochaine réunion du conseil de l’Archevêché se tiendra dans les jours qui viennent et débattra de cette question.


D’ici là, comme pasteur responsable des paroisses et communautés de l’Archevêché, Monseigneur l’archevêque Jean demande à tous les clercs et à tous les fidèles de garder leur calme et de se recueillir dans la prière, afin que l’Esprit Saint vienne tous nous éclairer. Davantage d’informations suivront sous peu.


III

28 novembre (suite et fin???)


Le Saint Synode du Patriarcat œcuménique, dans sa session du 27 novembre 2018, a décidé de révoquer le tomos patriarcal de 1999 par lequel il octroyait le soin pastoral et l’administration des paroisses orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale à son archevêque-exarque. 




Cette décision répond aux besoins pastoraux et spirituels de notre époque, dans le plus grand respect du droit canonique et de la responsabilité spirituelle qui nous incombe.


En effet, les circonstances historiques ayant conduit à sa création d’une telle structure au lendemain de la Révolution russe d’octobre 1917, il y a tout juste une centaine d’années, ont profondément évolué. Nous rendons grâce à Dieu pour l’infatigable courage dont vos communautés ont fait preuve à travers le temps en préservant la riche tradition spirituelle venue de Russie au lendemain des sanglantes persécutions commises par le nouveau régime athée. Nous nous réjouissons spécialement que l’Église mère du Patriarcat œcuménique ait pris la responsabilité d’offrir sa protection canonique à ces communautés et d’ainsi leur permettre de jouir, dans le respect de l’ordre ecclésial, d’une liberté synonyme de vie dans l’Esprit Saint.


La décision d’aujourd’hui a pour but de renforcer encore plus le lien des paroisses de tradition russe avec l’Église mère du Patriarcat de Constantinople. Chacune de ces communautés est détentrice d’un héritage spirituel qui s’est établi dans le sillage d’une histoire dramatique marquée par la persécution et l’exil et ayant participé prophétiquement au renouveau théologique de l’orthodoxie au 20e siècle. C’est en effet à travers des personnalités, théologiens, philosophes, artistes, de premier plan, issus de l’immigration russe que la foi orthodoxe a rayonné en Europe occidentale et par-delà.


Nous tenons ici à rassurer les pieux fidèles des paroisses de tradition russe en Europe occidentale et leurs communautés. C’est par sollicitude pastorale que le Patriarcat œcuménique a décidé l’intégration et le rattachement des paroisses aux différentes saintes métropoles du Patriarcat œcuménique dans les pays où elles se trouvent (partie souligné par la rédaction). Notre Église mère continuera à assurer et à garantir la préservation de leur tradition liturgique et spirituelle. Le lien de filiation sera d’autant plus étroit avec le siège de Constantinople que ce dernier est désireux de continuer à manifester sa mansuétude pastorale et sa sollicitude apostolique à l’égard du peuple de Dieu dont il a la responsabilité.


Nous prions avec ferveur le Seigneur, dont nous nous préparons en cette période à accueillir la divine nativité, que vous saurez rester fidèles au Patriarcat œcuménique, comme l’Église mère de Constantinople vous est dévouée. Nous souhaitons de tout cœur que vous continuiez à être des témoins de la foi orthodoxe en Europe occidentale par la pratique des vertus et l’accomplissement des principes de l’Évangile.


Nous remercions aussi son Excellence, l’archevêque Jean de Charioupolis d’avoir conduit avec amour et loyauté ses communautés jusqu’à cette nouvelle étape de leur histoire, confiant dans la grâce de Dieu qui nous appelle à «être renouvelés par la transformation spirituelle de l’intelligence et revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité.» (Eph. 4, 23-24)


Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soient toujours avec vous, par les prières de la très sainte Mère de Dieu et celles de tous les saints.


Phanar, le 27 novembre 2018


***

!يا رب ارحم

**
*


Père Ted Bobosh: Conseils pour la confession




Celui qui possède la connaissance et connaît la vérité se confesse à Dieu non pas en se rappelant ce qu'il a fait, mais en endurant patiemment ce qui lui arrive. (Saint Marc le moine, Conseils sur la vie spirituelle)

Alors que nous entrons dans le jeûne de la Nativité (NdT Mercredi 15/28 novembre), c'est un bon moment pour nous d'examiner notre conscience pour voir ce qu'il y a dans nos cœurs, et de savoir ce dont nous avons besoin pour nous repentir afin de suivre le Christ. Car la repentance est fondamentalement l'élimination de tous ces obstacles de nos cœurs et de nos vies qui nous empêchent d'être de fidèles disciples du Christ. La confession ne se produit pas seulement quand nous allons au sacrement, mais tous les jours quand nous admettons nos fautes et nos échecs devant notre Seigneur. Comme le note saint Marc le moine ci-dessus, la confession se produit chaque jour quand nous réalisons qu'une grande partie de ce qui nous arrive est le résultat de nos propres choix et parce que nous vivons dans un monde déchu. Quand nous reconnaissons les effets de la chute sur notre vie quotidienne, nous admettons que le pouvoir du péché dans le monde est perceptible - tant dans notre comportement que dans celui des autres envers nous. Le fait que la vie n'est pas juste, que le péché abonde, nous dit que c'est le monde de la chute. Il y a une réalité : la seule personne que nous pouvons changer dans le monde, c'est nous-mêmes. (Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas travailler pour la justice. Cela signifie que nous ne devons jamais cesser de lutter contre le péché qui est dans nos cœurs.)

Saint Basile le Grand a rejeté toute idée de prédestination ou de prédétermination basée sur le pouvoir inéluctable du péché originel. Si tout est prédéterminé par le péché originel ou par la constitution génétique, alors même les efforts pour la justice, la correction et la réforme n'ont aucune valeur, car nous ne ferions que nous battre contre un destin tout-puissant que nous ne pourrons jamais vaincre. Nous devons lutter avec les parties de notre moi sur lesquelles nous avons réellement le contrôle - les seuls péchés que nous commettons se produisent dans les choses sur lesquelles nous avons le contrôle. Certains, à l'ère patristique, pensaient que même faire quelque chose ne constituait pas un péché. C'est le péché seulement si nous répétons l'action en sachant que c'est mal - le faire une fois est une erreur, le répéter est un péché. Comme le fait remarquer Saint-Basile, il ne sert à rien que les législateurs adoptent des lois interdisant quelque chose, chose sur laquelle une personne n'a de toute façon aucun contrôle. Saint Basile parle en termes de rhétorique, car il croit que les gens font des choix, du moins certains. Tout ce que nous faisons n'est pas prédéterminé en nous.

"Si l'origine de nos vertus et de nos vices n'est pas en nous-mêmes, mais dans la conséquence fatale de notre naissance, il est inutile que les législateurs nous prescrivent ce que nous devons faire et ce que nous devons éviter ; il est inutile que les juges honorent la vertu et punissent le vice. La culpabilité n'est pas dans le voleur, ni dans l'assassin : elle était voulue pour lui ; poussé au mal par nécessité inévitable, il lui était impossible de retenir sa main. Ceux qui cultivent laborieusement les arts sont les plus fous des gens. L'ouvrier fera une moisson abondante sans semer de graines et sans aiguiser sa faucille. Qu'il le veuille ou non, le marchand fera fortune et sera inondé de richesses par le destin. Quant à nous, chrétiens, nous verrons disparaître nos grands espoirs, car à partir du moment où l'on n'agit pas avec liberté, il n'y a ni récompense pour la justice, ni punition pour le péché. Sous le règne de la nécessité et du destin, il n'y a pas de place pour le mérite, condition première de tout jugement juste." (in Un trésor patristique : Sagesse de l'Église primitive pour aujourd'hui)

Pour saint Basile, l'échec de la pensée prédestinée est qu'elle ne nous dit rien d'important. Si non seulement nous sommes incapables de résister au péché, mais nous sommes aussi incapables de changer, alors la repentance est impossible. La prédestination signifie que même la bonté et le succès n'arriveront que par le destin, donc pas la peine d'essayer de faire le bien non plus. Inutile de planter des cultures ou de travailler dur car le destin détermine tout, y compris s'il y a de la nourriture à manger. Autant s'asseoir et attendre de voir ce qui se passe. Mais à ce stade, même de nombreux croyants en la prédestination peuvent voir qu'il est important si vous essayez - il y a de la nourriture à manger seulement parce que les gens travaillent dur pour la faire ainsi. Il y a des routes, des ponts, des magasins, Internet et l'électricité seulement parce que les gens font l'effort de le faire. Tout ne s'explique pas seulement par le destin, les gens prennent des décisions et agissent en conséquence. Ce que nous faisons est important et change le cours de l'histoire de l'humanité. Il en va de même pour notre comportement, bon et mauvais.

C'est parce que notre comportement est important et qu'il affecte aussi bien les autres que nous-mêmes, que l'examen de conscience et la confession des péchés sont importants. Nous sommes par nature des êtres relationnels, nous devons considérer comment notre comportement, nos pensées et même notre attitude sont le reflet du fait que nous sommes guidés ou non par le commandement évangélique de nous aimer les uns les autres comme le Christ nous aime (Jean 13:34). Admettre nos péchés, nos fautes et nos faiblesses n'est pas un échec, mais plutôt la façon dont nous montrons que nous reconnaissons la souveraineté du Christ sur notre vie quotidienne. La confession est la reconnaissance de la réalité, de ce qui est dans nos cœurs, aussi honteuse qu'elle puisse être.

Ne cachez pas votre péché à cause de l'idée que vous ne devez pas scandaliser votre prochain. Bien entendu, cette injonction ne doit pas être respectée aveuglément. Cela dépendra de la nature de son péché." ( in Saint Jean Climaque, Trente pas vers le ciel : L'échelle de l'ascension divine pour toutes les marches de la vie)

Saint Jean Climaque reconnaît que l'admission de ses péchés est une bonne chose, et pourtant elle doit être pratiquée avec sagesse et discrétion. La seule peur de scandaliser les autres n'est pas en soi une justification pour cacher son péché (notez qu'il a dit péché, il n'a pas dit chaque pensée qui entre dans votre tête, seulement vos péchés. Le péché comportemental peut être évident pour les autres, mais nous n'avons pas besoin de discuter avec tout le monde de toutes les idées erronées qui nous traversent l'esprit). Cependant, comme il le fait aussi remarquer, il n'est pas en train de mettre en place une règle inviolable - il faut faire preuve de sagesse pour savoir quand admettre ouvertement ses péchés. Il y a certaines choses que nous faisons qu'il n'est pas sage de dire à tout le monde. Nous devons les confesser à nos pères confesseurs, à ceux qui sont mieux préparés à traiter les humains comme des pécheurs déchus. Si nous sommes honnêtes envers nous-mêmes au sujet de nos péchés, nous reconnaissons aussi l'impact de nos péchés sur notre vie et celle de ceux qui nous entourent - en particulier ceux que nous aimons. Au lieu de devenir amers pour le péché ou de blâmer les autres pour le péché, lorsque nous reconnaissons son pouvoir dans notre vie, nous pouvons faire un effort pour le corriger et trouver la meilleure façon d'aimer les autres ou au moins de le reconnaître et de nous repentir de ce péché.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


-->