samedi 12 mai 2018

Sur le Lorgnette de Tsargrad





Ce texte est la traduction française d’un long entretien avec Geronda Joseph de Vatopedi, fils spirituel du saint Geronda Joseph l’Hésychaste, et père spirituel de la Communauté de Vatopedi, accordé à des pèlerins et enregistré en juillet 1987, et ensuite publié dans les pages anglaises du site Pemptousia (lié au Saint et Grand Monastère de Vatopedi) le 14 décembre 2016. Geronda Joseph y parle du pourquoi et du comment de la Création, de la Trinité, du Verbe de Dieu, de la télépathie, de la femme.


Pourquoi ne pouvons-nous suivre de notre propre chef la voie du sacrifice, alors que le Christ le fit?

Geronda: Il le fit de Son propre chef parce qu’Il était réellement Dieu, le Verbe incarné de Dieu. La personne que nous voyons, c’est l’homme Jésus. Mais l’homme Jésus avait aussi en Lui Jésus le Verbe et Dieu. Étant à la fois Dieu et homme, la grâce divine résidait en Lui. Celui Qui est le Seigneur de Vie est l’un d’entre nous, Il est la tête de notre corps. Nous sommes revêtus de Lui. Tous ceux qui ont été baptisés en Christ ont été revêtus de Lui. Nous avons été ‘habillés’ en Lui par le baptême et nous le portons en recevant chaque jour les Saints Mystères. Il partage le même corps et le même sang que nous. Il n’est pas quelque part ailleurs, loin, ce qui nous obligerait à l’appeler pour qu’Il se mette en route et vienne à nous. Il est déjà en nous. Nous invoquons l’aide de Sa grâce: «Nous pouvons surmonter toute chose en Christ car Il nous donne la force de le faire», comme nous dit Saint Paul. Mais je dirais qu’il s’agit là d’un fondement. C’est une base et satan va essayer de vous menacer dans les moments difficiles. Ne vous découragez pas, car toutes ses menaces sont vaines. «Celui Qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde».



Le Fils S’est offert en rançon pour les péchés du monde. Mais à qui en fait? Le Père ne veut pas cela car Il aime le Fils. A qui S’est-Il donc offert?

Geronda: Non, fils, où es-tu allé chercher cela? Il ne s’est pas offert en rançon, et il n’y a pas de différence entre le Père et le Fils, pas de différence en matière de volonté entre les personnes de la Sainte Trinité. Ce que veut le Père, le Fils le veut aussi. Même s’il s’agit de personnes auto-suffisantes, il n’existe pas de différence de volonté ou d’avis. Une est la nature, mais trois sont les personnes, auto-suffisantes. Mais toutes ont un même avis. Le salut du monde fut opéré «par la bonne volonté du Père, la kénose du Verbe et la synergie du Saint Esprit». Le Verbe de Dieu n’était au service de personne. Mû par un grand amour, Il devint «re-créateur», ayant été auparavant déjà le créateur. Et il y a encore une autre raison. Le Verbe de Dieu prit sur Lui une autre nature, de manière à ce que la capacité des trois personnes demeure intacte; le Père doit rester Père pour toujours, le Fils doit rester pour toujours le Fils, et l’Esprit Saint, pour toujours le Consolateur. Pour cela, il fut nécessaire que cette Personne, qui était Fils de Dieu, s’incarnât et devienne Fils de l’Homme. En rien cela ne fut une manifestation de soumission, ni le paiement d’une rançon. Contrairement à ce qu’affirment Catholiques et Protestants. Il était mû par l’amour et seulement par l’amour. Tout comme il était mû par l’amour quand il créa toutes choses de manière à transmettre Son amour à Ses créatures, et non par nécessité, comme le croyaient les anciens Grecs. Le Verbe de Dieu est le moyen parle lequel la création fut réalisée. Ainsi, «lorsque les temps furent accomplis», ce Verbe vint, comme le voulait le Roi des siècles, et se dépouilla Lui-même [Phil.2,7. N.d.T.], sans avoir reçu aucun commandement, et non pour devenir sacrifice, mais mû exclusivement par l’amour. Le Père et l’Esprit Saint participèrent au même amour. Il plut au Père que le Fils se fît chair. Le Verbe de Dieu était toujours dans le sein du Père. Si nous décrivons le Père comme le ‘noûs’, toujours Il eut le Verbe. Jamais le ‘noûs’ ne fut sans le Verbe. Et en même temps, le Verbe existait de toute éternité. Il se trouvait dans la quiétude sans limite de la majesté divine. Lorsque Dieu voulut créer, le Verbe fut son levier de création, «Car il a commandé, et ils ont été créés» [Ps 148,5].



Mais en même temps, le Verbe apparut avec les choses créées, alors qu’Il avait été invisible jusque là. «Toutes choses ont été faites par Lui», dit Jean, «et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans Lui». Lorsque pour Lui vint l’heure de revenir, afin de rétablir la création qui s’était révoltée, le Verbe Lui-même apparut et «se dépouilla». Que signifie ce verbe ‘se dépouiller’? Il se contracta, afin de pouvoir approcher la création, comme le dit Abba Isaac dans un merveilleux propos. Il s’humilia et se contracta afin que la création ne disparût pas lors de Son apparition, et qu’Il puisse s’entretenir avec elle. Avec plus de profondeur, on peut dire: afin qu’Il puisse prendre la création sur Lui et lui transmettre la sanctification hypostatique. A travers la nature humaine, Il revêtit le monde créé et apporta à celui-ci toutes les Énergies Divines de Sa grâce, afin de la sanctifier hypostatiquement. Pas par nécessité. Il n’est donc pas une victime.

Abordons maintenant un autre point. Dans l’Évangile, il est écrit que lorsque les 70 disciples revinrent de leur tournée de prédication, ils dirent joyeusement au Seigneur: «Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en ton nom». Et le Christ répondit: «Je voyais satan tomber du ciel comme un éclair». Naturellement, nous devons adapter cela. Cela aurait dû être formulé autrement. Mais notre Jésus était sobre et humble de cœur, et il évitait toujours de Se mettre en valeur. Mais Il aurait pu dire «Celui dont vous dites qu’il vous était soumis en mon nom, c’est celui que J’ai jeté en bas du ciel et J’étais présent quand il en est tombé comme un éclair». Mais notre Seigneur évitais le mot ‘je’. Venons-en maintenant à un niveau théologique plus profond, expliquant pourquoi la chute se produisit. Selon le Seigneur, la chute se produisit comme un éclair, dans une fulguration. En un éclair, les milliards d’anges déchus subirent deux transfigurations. Tout d’abord, Dieu leur retira l’illumination, la dignité et la perfection dont ils jouissaient; et en même temps, Il changea leur forme. Selon les Pères, les rangs de Lucifer étaient les plus beaux. En une fulguration, Il les renversa, leur retira leur sainteté, leur lumière et il altéra leur forme.


Venons-en à la seconde forme de révélation. Comme l’a dit le Seigneur, nous attendons «la résurrection des morts et la vie du siècle à venir». Comment notre Église décrit-elle la question de la régénération de la Seconde Parousie? Ne dit-elle pas que la venue du Verbe de Dieu sera «comme un éclair venu de l’Orient et visible jusqu’à l’Occident» et que dans ce même instant, tous se lèveront et se présenteront devant Lui?
Il n’est pas correct d’admettre toutes les théories du premier quidam venu ; nous ne voulons pas d’informations, nous voulons des preuves. Nous croyons en un Dieu vrai, pas un dieu abstrait, avec Qui nous sommes unis hypostatiquement, à travers Sa kénose volontaire. Et voyez la sanctification. Mais n’oubliez pas que satan est là, lui aussi, et il lutte. Souvenez-vous de l’esclave du temps des Apôtres, qui «avait un esprit de python» (Actes 16,16), devinait et prédisait les événements. Comment satan prédit-il? Il existe, c’est un phénomène surnaturel et il a des pouvoirs surnaturels à cause du raffinement de sa nature et de ses mouvements. Il se meut comme le ‘noûs’. Imaginez ce que peuvent être les mouvements de notre ‘noûs’. Vous êtes ici, maintenant. Vous pensez à New York, à Londres, ou à votre lieu de naissance. Combien de fraction de secondes furent nécessaires pour y penser? Voilà comment les anges et les démons se déplacent. Les hommes et les anges voient par participation à la grâce du Saint Esprit, comme Dieu voit. Les démons, en tant qu’esprits, «spéculent». Au cours du nombre immense d’années de leur vie, ils ont acquis maintes expériences. Ils voient par exemple quelqu’un qui se met en chemin à Londres pour venir ici. Si je les connaissais, je pourrait voir cet homme venant ici, comme dans un rêve. Ils me le montreraient. Ils le voient préparer sa valise, son passeport… Ils se déplacent dans l’instant. Et il existe également d’autres symboles dans la création qui les assistent. Voici de quoi il s’agit. Ici dans la société, on a la police, l’armée, différentes autorités, et l’ordre existe. Et nous voyons et nous comprenons, par exemple, en fonction de leurs uniformes respectifs, qui appartient à la marine, aux forces aériennes, etc. Dans le même ordre d’idée, les démons peuvent identifier ceux qui sont marqués pour le salut. Saint Paul a dit: «Dieu nous a élus avant la fondation du monde» [Eph.1,4 N.d.T.]. Donc, ceux qui seront sauvés portent les symboles de la grâce de Dieu et les démons, en tant qu’esprits, voient et comprennent cel


Saint Théodore Tiron

Dans la vie de Saint Théodore Tiron, pendant qu’il souffrait le martyre, les démons étaient fouettés et ils criaient «Ne savions-nous pas qu’il nous brûlerait? N’avons-nous pas vu dès sa naissance qui il deviendrait?» Dès sa naissance, il portait les signes et ils savaient qu’il deviendrait un homme de Dieu. De ce point de vue, il ne s’agit pas d’une prophétie. Ils n’ont pas le don de prophétie car ils ont perdu la grâce et sont devenus sombres et ténébreux. Mais à cause de leur faculté de déplacement subtile, de leur expérience, et de leur proximité avec les anges, qui les fréquentent, ils comprennent. La création toute entière est soutenue par les anges. Les anges maintiennent l’harmonie dans la création, instruits par les ordres de Dieu. Les démons observent les anges et tirent leurs conclusions. Dieu va intervenir ici, ou là, il va y avoir un tremblement de terre. Quand Dieu ordonne aux anges gardiens de partir, les démons voient que quelque chose se prépare. Ils le savent en fonction des expériences passées. Et ils disent les mêmes choses à travers les devins, les sorciers, les médiums. La plupart du temps, c’est très approximatif, et parfois, c’est faux. Car Dieu modifie Sa décision. Dieu peut décider de détruire un endroit précis. Mais ceux qui y vivent élèvent leurs prières, ou les défunts qui ont de l’audace prient, et Dieu change Son projet. Les démons ont vu ce qui se préparait et les sorciers ont annoncé la destruction, et elle n’a pas lieu. Le hommes ont modifié l’intention de Dieu, et Dieu a changé Son plan. Qu’avait-Il dit à propos de Ninive? C’est pour cela que Jonas ne voulait pas aller y prêcher; il savait qu’ils se repentiraient et que Dieu changerait d’avis, et c’est lui, Jonas, qui aurait eu l’air d’un menteur. C’est pour cela qu’il partit, et Dieu dût le forcer à y aller.



Mais l’impression que quelqu’un va arriver, peut-on expliquer cela par la télépathie?

Geronda: La télépathie, cela n’existe pas. C’est ce que nous disions. Ou c’est la grâce de Dieu ou c’est la tromperie des démons. Lorsque les gens commencent à vivre en Chrétiens, après s’être extraits des marges de leur vies pécheresses et contre nature, ils commencent à vivre naturellement. Et du naturel, ils continuent vers le surnaturel, vers la sanctification. C’est alors que leur intuition commence à entrer en jeu, un don d’avant la chute. Après l’intuition apparaît la perception, suivie par la clairvoyance. Ensuite vient la prophétie, augmentée par la grâce. Quand les hommes qui craignent Dieu ont l’intuition, la perception, la clairvoyance et la prophétie, ils voient tout cela, quand ils voient. C’est la seule manière. Que signifie télépathie? «Marqué par la chute», les hommes sont marqués par la chute. Et les pécheurs sont privés de tout. Ils se retrouvent avec rien. Ce que vous dites au sujet de ces transmissions se réalise seulement par l’action de satan.

On lit pourtant cela dans les livres scientifiques!

Geronda: Magie est un terme scientifique. Sainte Catherine était une adepte de la magie, comme de nombreux Pères, avant d’entrer dans la grâce de Dieu.

J’aimerais poser une question plus pratique. Souvent, ce sont des enfants qui la posent. Saint Paul dit que hommes et femmes sont égaux devant Dieu. Pourquoi la prêtrise est-elle interdite aux femmes? Une femme devint la Mère de Dieu.



Geronda: La Panagia était une exception, la seule. Elle fut choisie pour faciliter la kénose du Verbe de Dieu. Cela ne peut se reproduire, jamais. La cause de la chute fut mise en œuvre par une femme. Par là, il fut montré qu’elle était la plus faible des deux. Cette caractéristique, être la plus fable des deux, la prive de la confiance nécessaire pour être un authentique représentant. La preuve, c’est qu’elle causa la chute. Et si une jeune vierge fut choisie pour faciliter le dessein de Dieu, elle fut une exception, l’unique exception, car il n’en pouvait être autrement. Il devait devenir humain et donc naître selon la voie naturelle. Il fallut trouver une jeune vierge pour ce faire. Bien entendu la vie des bénis est ouverte aux femmes. En réalité, Dieu ne créa pas la femme, il créa l’homme. Et il prévit la chute; il créa la femme pour être compagne. Une compagne dans les conditions «post-chute». Dans le futur, la nature féminine sera abolie. Il y aura un retour à la création première: «Et Dieu créa un homme». Elle n’intervient pas ici avec une personnalité complète. Même si elle reçoit une personnalité à travers la grâce de la maternité. Et si il lui fut accordé le droit de facilité le dessein de Dieu, ce ne fut pas pour les caractéristiques physiques que vous connaissez, mais à cause de l’impossibilité pour l’homme, malade, de se trouver dans un état de pureté.

Initialement, l’Église autorisa la pratique, considérant que tous étaient égaux. Mais bien vite, scandale et passions apparurent. A cause de la faiblesse humaine, les deux sexes ne peuvent œuvrer ensemble sans que les passions n’interviennent. Et comme il y a un risque, l’Église, «qui n’a ni tache ni ride», ne pouvait admettre cette situation. L’Église accorde évidemment le respect aux femmes et les exaltent au-delà de toute théorie anthropique, de toute idéologie. Seule l’Église considère les femmes comme égales aux hommes. Non, elles n’ont pu devenir prêtres, mais elle peuvent devenir saintes.



Il semble que la femme ne comprit pas clairement la situation au début de la création; c’est la raison pour laquelle il n’y en aura plus, dans le futur. Les Juifs croyaient que le mariage est le but absolu pour les gens et ils demandèrent à notre Seigneur ce qui allait se passer dans le futur. Il leur répondit «Vous faites erreur, vous ne connaissez pas les écritures. Il n’y a rien de tout cela dans l’éternité». Même si le sexe exista dès le début de la création, ce facteur n’est pas toujours actif. Quand une petite fille naît, elle est une femme potentielle, mais pas activement. Elle doit atteindre l’âge de quinze ans pour qu’apparaisse l’activation. Et quand elle a dépassé cinquante ans, elle ne peut plus être femme. Elle sert l’objectif de la maternité pendant une période réduite seulement. La dimension éphémère de ce genre de condition fut introduite par la chute. C’est pourquoi, dans le futur, il n’y aura plus de sexe masculin et de sexe féminin. En réalité ils n’existeront plus après la sanctification. Mais avant la vie en sainteté, ils existent. De nombreux Pères disent que sous la forme de la première Eve, il n’y aura plus que la Panagia, notre Theotokos, mais sous forme d’Eve libre de toute passion, car Elle fut glorifiée par le Verbe de Dieu qui séjourna en Elle. Mais nous ne savons comment cela se produira.

Traduit de l’anglais


vendredi 11 mai 2018

Père Bassian des Cavernes de Kiev: L'orgueil



On peut être sauvé partout et on peut périr partout aussi. Satan était l'ange le plus haut, il se tenait toujours devant Dieu, et pourtant il tomba à cause de l'orgueil.

Judas Iscariote, était un des douze apôtres, et pourtant, à cause de son amour de l'argent, il trahit le Seigneur, et ensuite par désespoir il se suicida. Beaucoup de gens ont péri de cette manière.

D'autre part, le publicain pécheur fut justifié par une seule courte prière. Le Bon Larron, déjà crucifié, fut sauvé par une courte prière également, et il entra en Paradis avec le Seigneur Lui-même.

Notre Seigneur a dit aux fiers et avaricieux scribes et pharisiens que les publicains et les prostituées entreraient dans le Royaume des Cieux avant eux, parce qu'ils s'étaient repentis après la prédication de saint Jean-Baptiste, alors que les fiers maîtres [de la Loi] ne s'étaient pas repentis.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 
Père Bassian des Cavernes de Kiev
in 
 In Search of True Wisdom
Doubleday, 
New York, USA, 
1979

Grèce : l’Église orthodoxe se profile dans le domaine social



La crise économique qui a débuté en 2009 et n'a pas fini de frapper la Grèce, à laquelle s'est ajouté l'afflux massif de réfugiés, a conduit l'Église orthodoxe à développer une importante action sociale et humanitaire, explique Vasilios N. Makrides, professeur à l'Université d'Erfurt (Allemagne), dans un article publié par le mensuel Religion & Gesellschaft in Ost und West. L'Église n'a pas été épargnée par la crise, qui l'a contrainte de rationaliser et moderniser ses structures, et aussi de chercher des projets porteurs de nouvelles ressources, par exemple dans le développement du tourisme religieux. Mais surtout, explique Makrides, l'Église est devenue le plus important prestataire de services sociaux dans le pays, dépassant même l'État, lui-même confronté à de nombreux problèmes et contraint à de sévères mesures d'économie. Beaucoup d'aides sociales qui relevaient de l'État et pour lesquelles l'Église ne fournissait qu'une aide complémentaire ne peuvent plus entièrement être assumées par les pouvoirs publics, ce qui amène l'Église à affirmer son rôle de façon autonome.
Les aides fournies par l'Église et des organisations qui y sont liées touchent tous les secteurs de la population et une large palette de situations (aide aux personnes âgées, soupes populaires, services médicaux, subsides pour payer les factures d'électricité, etc.). Outre des initiatives locales ou spécifiques, une grande partie de ces actions sont menées sous l'égide de l'organisation d'aide Apostoli (Mission), fondée en 2010. La mise en avant de ce rôle entraîne aussi une image plus positive pour l'Église dans la société, même si cela n'a pas fait taire toutes les critiques contre l'Église dans un pays où un anticléricalisme diffus est répandu. À l'inverse, certaines voix reprochent à l'Église de trop bonnes relations avec un gouvernement de gauche qui compte plusieurs athées et a fait passer des lois peu compatibles avec la tradition orthodoxe.
Makrides note que la crise entraîne  des changements dans les comportements religieux : plusieurs indications suggèrent un possible regain de la pratique religieuse dans un contexte de crise. Par exemple, on observerait un pourcentage plus important de fidèles masculins assistant régulièrement aux services religieux.

Vassilios N. Makrides, « Die Finanz- und Flüchtlingskrise als Chance für die griechische Kirche », Religion & Gesellschaft in Ost und West, 46/1, janvier 2018, pp. 24-27.
Religion & Gesellschaft in Ost und West, Institut G2W, Birmensdorferstrasse 52, Postfach 9329, 8036 Zurich, Suisse.
Site : www.g2w.eu

jeudi 10 mai 2018

Visite pastorale aux pygmées orthodoxes du Métropolite Panteleimon



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Le Dimanche de Thomas, le métropolite Panteleimon du Congo-Brazzaville et du Gabon (Patriarcat d'Alexandrie et de toute l'Afrique), a effectué une visite pastorale à la tribu la plus ancienne des pygmées de la forêt tropicale africaine, qui s’est convertie à l'Orthodoxie.
L’évêque était accompagné dans son voyage par Timothy Ndzebé, prêtre et président de la communauté paroissiale d’Impfondo écrit orthodoxchurchcongo.com.
Lors de la rencontre avec les membres de la tribu, le métropolite a fait don d'une grande quantité de produits alimentaires et d'hygiène.

Tous ont ensuite visité un endroit particulier de la forêt tropicale qui servira exclusivement de lieu de culte. Le prêtre d’Impfondo aura l'occasion de célébrer la Liturgie tous les mois pour soutenir les pygmées qui ont des problèmes de mobilité.
Pendant l'événement, l'évêque a prononcé un discours dans lequel il a fait référence à la Crucifixion et de la Résurrection du Christ, puis il a fait un service religieux pour la bénédiction de l'eau pour ceux qui étaient présents.
Comme ils ont célébré deux ans après le décès de l'ancien chef orthodoxe tribal Papa Boka, Son Eminence a affectué un service commémoratif.

Enfin, l’évêque Panteleimon leur a transmis aux pygmées la bénédiction de Sa Béatitude Théodore II, Pape et Patriarche d'Alexandrie et de toute l'Afrique.

La visite de la forêt tropicale a été précédée par la Liturgie et un sermon dans l'église Saint-Jean-Baptiste et Saint-Nicolas qui a été inaugurée il y a un an. Après l’office, une réunion a eu lieu au cours de laquelle les aspects d'une meilleure organisation et d’un meilleur développement de la nouvelle communauté paroissiale ont été discutés.
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Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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Autres photographies de l'événement












mercredi 9 mai 2018

Père James Guirguis: Lecture du Saint Evangile selon saint Jean. (4:5-42)


Avez-vous déjà remarqué qu'il est très facile pour les gens de devenir dépendants ? Nous regardons tout autour de nous et nous constatons que les gens sont dépendants de toutes sortes de choses. Parfois, nous sommes dépendants de choses matérielles ou physiques, comme certaines drogues ou l'alcool, et parfois, nous sommes dépendants sur le plan émotionnel, comme le fait d'être dépendants des louanges ou d'être dépendants du pouvoir et de l'autorité ou d'être dépendants de l'attention et de l'admiration des autres. Nous sommes dépendants dans le sens que nous ne sommes pas satisfaits de ce qui nous est donné et nous recherchons continuellement de plus en plus de ce que nous pouvons être pour obtenir un "boost temporaire" ou "un état d’exaltation".


Il y a de bonnes nouvelles dans ce phénomène de dépendance que nous voyons. C'est une des réalités de l'être humain. Nous avons des pulsions qui sont presque infinies. C'est ce qui cause la dépendance. Quand un homme commence à boire, il se sent bien. Mais au fil du temps, sa tolérance augmente et si bien qu'il ne se sent pas assez bien avec une seule boisson, il en boit une autre. Ce cycle est vicieux et il place les gens dans un mauvaise passe, peu importe que nous parlions d'alcool, de drogues, de pornographie, de sexe ou de nourriture. Nos désirs ne peuvent être comblés par ces choses limitées et matérielles. Nous sommes programmés pour chercher continuellement plus.
Dans l'évangile d'aujourd'hui ( id est du Dimanche de la Samaritaine), nous rencontrons une femme qui résume bien cela. Elle a été avec 6 hommes différents. Elle avait cinq maris (on ne nous dit pas exactement ce qui leur est arrivé, donc nous ne savons pas s'ils sont morts ou divorcés). Et l'homme avec qui elle a maintenant une relation n'est pas son mari. Ils ne sont pas mariés. Cette femme a des pulsions et des désirs qui n'ont pas été comblés par toutes ces relations. Elle peut avoir une dépendance émotionnelle. Elle a besoin de se sentir aimée, elle a besoin de se sentir désirée, elle a besoin d'attention, elle a besoin d'une étreinte chaleureuse. Il n'y a rien de mal à ces sentiments qu'elle éprouvait. Ce sont tous des sentiments naturels, mais les passions, lorsqu'elles ne sont pas contrôlées et déséquilibrées, prennent toujours quelque chose de bon, de noble et de beau, qu'elles tordent et pervertissent jusqu'à ce qu'il s'agisse d'autre chose. Nous cessons alors de regarder comment notre vie est liée à Dieu et nous commençons à penser à la façon dont tout est lié à nous et à notre plaisir ou à nos besoins.
Elle avait des pulsions humaines naturelles, mais elle ne dirigeait pas ces pulsions au bon endroit parce qu'elle ne savait pas où les diriger et en outre, elle ne savait pas où trouver quelque chose qui la comblerait finalement. En tant que chrétiens, nous sommes les plus bénis de tous les peuples du monde parce que nous savons que nous avons une faim et une soif profondes, presque infinies, et que de telles pulsions profondes ne peuvent être assouvies qu'en allant vers Celui Qui est assez grand pour répondre à ces besoins, vers Celui Qui est infini.
Nous le savons en théorie, mais le croyons-nous assez pour que cela devienne une réalité dans nos vies ? La femme au puits a rencontré le Seigneur Jésus-Christ, mais ce n'était pas la fin de l'histoire. Les gens rencontrent Jésus-Christ tous les jours. Ils Le rencontrent à travers la prédication des autres. Ils Le rencontrent à travers les paroles de l'Evangile. Ils Le rencontrent par la prière. Ils Le rencontrent à travers la vie de l'Église et son culte (c'est vrai parce que saint Paul appelle l'Église, le Corps du Christ). Et ils Le rencontrent spécifiquement par la réception de l'eucharistie qui est en vérité le Corps mystique et le Sang précieux de Jésus. Le Seigneur lui-même a dit de cela : "Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui". Chacun d'eux est un point de rencontre avec Jésus-Christ, mais quelle est notre réponse ? Répondons-nous avec humilité et nous laissons-nous corriger et perfectionner par cette rencontre ou fuyons-nous ces fardeaux ?
Ce qui a rendu cette femme spéciale, c'est qu'elle a accepté la correction du Seigneur. Elle a dit ne pas être mariée et le Seigneur l'a corrigée et a exposé son péché. Elle a parlé de l'adoration des Samaritains et Il a dit : "Vous adorez ce que vous ne savez pas, mais nous adorons ce que nous savons, car le salut vient des Juifs". Combien de personnes accepteraient d'être corrigées comme elle le fut ? Elle était humble et elle en redemandait. J'ai découvert que très peu de gens peuvent gérer une partie de la correction que le Seigneur a offerte à cette femme. Ils partiront ou s’en iront offensés ou ils se mettront à argumenter.
Comme un maître chirurgien, Il a commencé le processus de guérison de cette femme en retirant les tissus morts ou malades de son cœur. Il l'a préparée à recevoir Sa vie en donnant de l'eau, puis Il l'a rafraîchie et lui a donné de l'eau qui est devenue en elle, un puits qui débordait abondamment. Elle était ouverte au Seigneur et elle l'a prouvé en étant pleine d'humilité et en acceptant quelques corrections. Et pour cela, Il versa sur elle l'Eau de la Vie. Nous la connaissons sous le nom de sainte Photinie et nous savons que cette rencontre avec le Christ a vraiment changé sa vie. Elle est devenue comme un des Apôtres et a travaillé sans relâche pour apporter aux autres la joie de Jésus-Christ. La nourriture du Seigneur est devenue sa nourriture. Il dit : "Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé, et d'accomplir Son œuvre". Elle a suivi son Maître. Si nous avons une vraie rencontre avec Jésus-Christ, cela devrait changer nos vies ! Notre foi devient moins une question de ce que nous disons que nous croyons ou de ce que nous pensons que nous croyons, mais plutôt une croyance qui se traduit par des actions, des décisions et des manières d’être dans notre vie quotidienne. Cette rencontre nous donne un tout nouveau but et un sens nouveau à notre vie !
La femme avait soif de quelque chose de plus et le Seigneur était nourri en faisant la volonté de Son Père. Puissions-nous avoir soif de cette eau qui donne la vie, et qu'elle nous donne la force de faire la volonté de notre Père et de porter beaucoup de fruits en Son nom. Le Christ est ressuscité ! En vérité, Il est ressuscité !
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après




Jean-Claude LARCHET/ recension: Recension: Venise, presque une autre Byzance



Giorgio Fedalto et Renato D’Antiga (éd.), Venezia quasi un’altra Bisanzio, Marcianum Press, Venise, 2018, 277 p.
Venise a fort mauvaise réputation dans le monde orthodoxe. La participation des Vénitiens au saccage de Constantinople par la 4e croisade le 13 avril 1204, et le partage avec les croisés des biens – en particulier des objets sacrés – pillés dans la capitale, puis la domination exercée par les Vénitiens sur la ville jusqu’à sa chute en 1453 ont créé un traumatisme dont les séquelles sont ressenties jusqu’à nos jours. D'un autre côté cependant, les relations avec Constantinople ont préalablement laissé sur Venise et sa région une empreinte positive, et  la cité lagunaire a bénéficié de l'influence d'un certain nombre d'intellectuels et d'artistes de Constantinople auxquels elle a donné l'hospitalité après la chute de la ville, et c'est à Venise qu'ont été imprimés jusqu'au XIXe siècle beaucoup d'ouvrages religieux – dont la Philocalie ou le Grand Euchologe –  qui ne pouvaient plus l'être dans les pays orthodoxes sous occupation ottomane.
Ce recueil d’études d’universitaires italiens, vénitiens pour la plupart et orthodoxes pour quelques-uns (Renato d’Antiga et Pietro Chiaranz) s'attache à montrer, sous divers aspects (notamment de la liturgie, de l’iconographie, de la musique sacrée, de l’hagiographie et de la piété), ce qu’elle a reçu du christianisme byzantin, au-delà du témoignage magnifique et bien connu de la basilique Saint-Marc et de ses merveilleuses mosaïques du XIIIe siècle et de sa Pala d’oro.
Giorgio Fedalto, ancien professeur d'histoire byzantine à l'Université de Padoue, ouvre le volume par un panorama historique des relations de Venise avec les Grecs.
Parmi les études qui suivent, on remarque en particulier celles de :
— Letizia Casellli « “Marcus filius meus”. Saint Marc et saint Pierre, avec quelques remarques sur saint Ménas. Une iconographie du double portrait de Venise et de la Méditerranée (VIe-XIVe siècle) ». Rappelons, pour expliquer la présence dans une même étude de ces trois saints que, selon la tradition, saint Marc était le fils spirituel de saint Pierre, qu’il est le fondateur de l’Église d’Alexandrie, dans laquelle il est, avec saint Ménas, le saint le plus vénéré.
— Pietro Chiaranz sur « La liturgie eucharistique grecque-alexandrine de Saint Marc », une Liturgie nettement moins connue que les trois autres en usage dans l’Église orthodoxe. Contemporaine de la Liturgie de saint Jacques, elle est encore en usage chez en Égypte et en Abyssinie. Après une longue introduction qui la présente dans son origine, sa structure et ses éditions, l’auteur, qui, au cours de ces dernières années, a publié – parmi de nombreux textes liturgiques orthodoxes (123456) – le texte grec des Liturgies de saint Jean Chrysostome, de saint Basile et de saint Jacques avec en regard une remarquable traduction italienne et de précieuses annotations, nous livre ici le texte grec (précédemment édité par Fountoulis) et la traduction italienne de l’anaphore, la partie la plus ancienne de cette Liturgie, qui est attribuée au saint évangéliste.
— Leo Citelli sur la musique byzantine en relation avec un tropaire du moine Longin (première moitié du XIVe siècle)
— Renato d’Antiga, « Le culte des saints dans l’ancienne Venise. Le Kalendarium Venetum du XIe siècle ». Cet excellent article très développé est particulièrement intéressant dans son évocation de saints orthodoxes locaux peu connus, et dans son étude de l’histoire de la vénération de saint Marc, dont les reliques ont été transférées à Venise en 828.
— Giorgio Fedalto, qui dans son étude sur la « Religion officielle » et la « dévotion populaire » évoque les « influences byzantines possibles dans la région d’Aquilée-Vénétie ».
Jean-Claude Larchet

mardi 8 mai 2018

Père Lawrence Farley: Comment gérer la Colère (2/2)

Jacob Jordaens (1593 - 1678), 
Le Christ chassant les marchands du Temple
Photo Millon et Associés

(Alors, lorsque nous nous trouvons en colère et qu'il y a une offense réelle ou imaginaire, que devons-nous faire ? Je suggère trois choses.)
D'abord, se plaindre à Dieu. C'est-à-dire, avant de faire quoi que ce soit d'autre, priez et versez votre cœur vers Lui, en lui racontant tous les terribles détails de l'injustice perçue, et seulement ensuite continuez à le dire aux autres. Habituellement, lorsque nous nous sentons lésés, la première personne à qui nous le disons n'est pas Dieu, mais Facebook. Se plaindre des injustices et des péchés des autres sur les médias sociaux n'est pas toujours faux (bien que je ne l'aie jamais vu porter ses fruits, ne serait-ce qu'une seule fois), mais cela ne devrait pas être notre première réponse. Racontez d'abord tout à Dieu, et seulement après cela, pensez à en parler à quelqu'un d'autre.
Deuxièmement, priez pour le délinquant. Prier pour le délinquant n'implique pas de prétendre que le délinquant n'a pas commis d'infraction, ou de prétendre que vous vous sentez tout doux et tout gentil au sujet de l'infraction. Cela signifie simplement demander à Dieu de bénir le délinquant avec la même bénédiction que vous voulez pour vous-même - y compris la bénédiction de reconnaître ses péchés et de savoir quand se repentir. Si Dieu accorde une telle bénédiction au délinquant, il peut finir par se repentir de l'infraction et même s'excuser, mais bien sûr, cela reste hors de notre contrôle. Notre tâche consiste simplement à prier et à laisser tout cela à Dieu. J'ai constaté qu'en ces temps-là, il est utile de se représenter le délinquant comme un jeune enfant. Nous étions tous de jeunes enfants autrefois, et je me dis parfois que Dieu continue de nous voir comme des enfants qui ont vieilli et qui sont fatigués, des enfants qui ont accumulé les peines et les douleurs et qui se comportent mal. Le fait de se rappeler que le délinquant a été un enfant peut nous aider à prier pour lui.
Enfin, laissez de la place pour la vengeance de Dieu. "La vengeance est à moi ; c’est Moi Qui deonnerait à chacun ce qu’il mérite", dit le Seigneur (Hébreux 10:30). Il est difficile de pardonner et de laisser la colère de côté si nous pensons que le délinquant s'en sort indemne, mais la vérité est que personne ne s'en sortira jamais avec quoi que ce soit. Chaque offense sera entièrement et adéquatement traitée par Dieu au Jugement Dernier, et tous les péchés laissés sans repentir trouveront un juste châtiment de Dieu. Malheureusement, cela inclut aussi nos péchés. Je serais heureux si personne ne s'en sortait indemne, sauf bien sûr moi, mais tout le monde se tiendra un jour devant le redoutable Tribunal du Christ et rendra compte, et il n'y aura pas d'exceptions. Raison de plus pour se repentir et pardonner maintenant.
Les apôtres, alors qu'ils traversaient la Samarie pour se rendre à Jérusalem, trouvèrent que les Samaritains étaient difficiles à supporter. Comme nous voyageons vers le Royaume, nous trouvons aussi beaucoup de gens difficiles à supporter, et nous sommes tentés par le péché de la colère. Cela fera un voyage plus heureux si nous laissons une telle colère, et marchons dans la paix avec le Seigneur.
 Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

lundi 7 mai 2018

Père Lawrence Farley: Comment gérer la Colère (1/2)



Les cœurs des apôtres étaient remplis de rage. Le Maitre se dirigeait vers Jérusalem, et il avait envoyé des messagers en avant pour assurer son logement et celui de Ses apôtres. Certains des messagers étaient entrés dans une ville des Samaritains, mais quand les villageois samaritains apprirent que Jésus se dirigeait vers Jérusalem, ils refusèrent brusquement toute hospitalité, malgré l'obligation séculaire et sacrée du Moyen-Orient d'offrir l'hospitalité à des étrangers. Si Jésus se dirigeait vers Jérusalem, l'enseigne " accueil" à l'avant était rapidement tournée pour lire "complet" - du moins pour eux.   C'était un geste spectaculaire et une terrible insulte.
Les apôtres se souvienaient alors de la manière dont Elie fut insulté par ceux qui refusaient de reconnaître qu'il était un prophète véritable (2 Rois 1:9). Le roi avait envoyé cinquante soldats pour l'arrêter, et ils exigèrent avec arrogance que l'homme de Dieu, le prophète, descende avec eux. "Si je suis un homme de Dieu, répondit Élie, "que le feu descende du ciel et vous consume, vous et vos cinquante hommes." C'était un vrai prophète, bien sûr, et Dieu réagit en envoyant des éclairs pour abattre les soldats qui l'avaient arrêté. Si Dieu vengeait son prophète quand un roi refusait de reconnaître la dignité du prophète, les apôtres ont sûrement raisonné mêmement, Dieu enverrait aussi le feu du ciel pour venger Son Messie quand d'autres (Les Samaritains haineux, pas moins !) refusaient de Le reconnaître. "Seigneur, demandaient-ils avec espoir, veux-tu que nous fassions descendre le feu du ciel et que nous les consumions ?" Le Seigneur rejeta la suggestion, et réprimanda ses futurs défenseurs. A Jérusalem, il recevrait un traitement pire que cela. Ils marchèrent vers un autre village (Luc 9:51). Dans une recension manuscrite, le Seigneur répond aux apôtres en disant : "Vous ne savez pas de quelle sorte d'esprit vous êtes animés." - c'est-à-dire qu'ils ne savaient pas ce qu'il y avait dans leur propre cœur. Ils auraient pu imaginer qu'ils étaient motivés par une indignation pieuse et juste, mais en réalité, ils étaient remplis d'une injuste colère.
La colère n'est pas un péché heureux. Soyons honnêtes - certains péchés sont bien ressentis lorsque nous nous y adonnons. Lorsque nous nous livrons au péché de la gloutonnerie, par exemple, et que nous mangeons une boîte entière de crème glacée, nous nous sentons bien. Quand plus tard sur notre conscience nous titille (ou quand nous montons sur la balance de la salle de bain le lendemain, et que cela nous fait mal), ça ne fait pas de bien, mais pendant que nous nous adonnons à ce péché, ça fait du bien. Le péché de colère n'est pas comme ça. Après avoir cédé à la rage sur la route et avoir crié, nous ne nous tournons jamais vers la personne assise dans la voiture à côté de nous et nous disons : "C'était génial ! Je me sens tellement plus heureux maintenant !" Au lieu de cela, le péché de colère arrache de petits morceaux de notre âme et nous laisse en lambeaux. La colère n'est pas un péché heureux.
Mais comme tout péché, la colère ou la rage représente une perversion de quelque chose de fondamentalement bon et donné par Dieu. Prenons à nouveau l'exemple de la gloutonnerie : Dieu nous a fait d'une telle manière que nous avons besoin de manger pour vivre, et ainsi nous ressentons du plaisir à satisfaire notre faim. Le plaisir de manger est bon ; le péché consiste à abuser de ce plaisir. De même, Dieu nous a rendus capables d'éclats soudains d'énergie psychique intérieure - énergie dont nous avons besoin pour réagir quand le danger menace. Dans notre monde déchu, nous ressentons une telle énergie intérieure lorsque nous sommes confrontés non seulement au danger, mais aussi au mal, et nous sommes directement en colère lorsque nous sommes confrontés à l'atrocité morale. Si quelqu'un, par exemple, était informé des décapitations d'ISIS et répondait : "Eh bien... personne n'est parfait", on n'applaudirait pas cette personne pour son esprit calme et imperturbable, mais on se demanderait où elle a égaré sa boussole morale. Il est pieux et juste de ressentir une juste indignation face au mal. C'est par une telle indignation si juste que le Christ dénonce la dureté du cœur des pharisiens et qu’Il purifie le Temple.
La grande question à laquelle nous sommes confrontés est donc la suivante : comment pouvons-nous savoir si la colère que nous ressentons à un moment donné est une indignation vertueuse ou une rage injuste ? Un indice vient de la mesure de la colère que nous ressentons. Si quelqu'un nous vole notre place de parking, nous devrions ressentir de l'agacement et de l'irritation. Mais si nous sommes consumés par la fureur et les cris et que nous jurons comme des charretiers en vitupérant, ce n'est pas de l'indignation vertueuse. C'est un péché, car notre réponse est disproportionnée par rapport à l'offense. Un autre indice vient de l'indignation que nous ressentons. Si quelqu'un coupait la route à une autre personne dans la circulation et lui "faisait un geste obscène du doigt", nous pourrions ressentir une petite indignation face à l'acte et nous dire : "Ce n'était pas très gentil". Mais si la même personne nous a fait la même chose et que nous avons ressenti plus qu'une indignation mineure et que nous avons commencé à râler et à crier et à appuyer sur l’avetisseur, c'est aussi un péché. Si l'infraction suscite une réaction plus vive lorsqu'elle s'adresse à nous qu'à d'autres, nous savons que nous avons un problème. Nous pouvons savoir  quelle sorte d'esprit nous anime.
Alors, lorsque nous nous trouvons en colère et qu'il y a une offense réelle ou imaginaire, que devons-nous faire ? Je suggère trois choses.
Version française Claude Lopez-Ginisty

D’après

dimanche 6 mai 2018

Saint Mélèce: La prière (R)



La vigilance est la meilleure gardienne des pensées
Et elle maintient l'union avec Jésus 
Par l'appel radieux [de Son Nom],
Cet appel brillant et resplendissant
Qui apporte à tous l'illumination.

La vigilance procure toutes sortes de bénéfices, 
Et envoie des signes  par lesquels, 
Bien qu'elle soit  cachée, elle rend manifeste
Qu'elle ne désire rien d'ici-bas,
Et certainement pas la gloire et l'honneur
Et la voix de la louange.

En effet, en fuyant ces choses sans regarder en arrière,
l'esprit de solitude, l'humilité de nature,
L'humilité,  cette très excellente vertu, 
et l'amour du prochain...
Pourquoi ai-je besoin de tant de mots?

je vais parler succinctement:

Aime Jésus de toute ta force;
Fais qu'il devienne ton interlocuteur;
Aie constamment ton esprit en Lui;
Converse avec Lui dans ton intellect;
Garde-toi occupé avec Lui; 
Attend impatiemment sa beauté;
Aime l'heure de Sa venue;
Fais qu'Il devienne tes sens:
Vue, ouïe, respiration, assis ou debout, 
Incline-toi devant Lui,
Et tu gagneras toutes bonnes choses,
Maintenant et dans le futur.

Car Il n'est pas très éloigné de toi
Pour que tu L'atteignes avec difficulté.

Les paroles de ta bouche sont-elles inaudibles à tes oreilles?

Le corps est-il loin de l'âme?

L'intellect ne voit-il pas les choses de l'âme?

Jésus remplit la création comme l'âme le corps;
Il réchauffe et vivifie,
Tout comme l'âme le fait pour le tabernacle terrestre [le corps].

Version française: Claude Lopez-Ginisty
D'après Saint Mélèce le Confesseur du Mont Galésion
in St. Meletios The Confessor, Alphabetalphabetos,
(L'alphabet des alphabets)
Prophet Elias Skete Publications, 
Mount Athos, Greece,
1991