lundi 7 mai 2018

Père Lawrence Farley: Comment gérer la Colère (1/2)



Les cœurs des apôtres étaient remplis de rage. Le Maitre se dirigeait vers Jérusalem, et il avait envoyé des messagers en avant pour assurer son logement et celui de Ses apôtres. Certains des messagers étaient entrés dans une ville des Samaritains, mais quand les villageois samaritains apprirent que Jésus se dirigeait vers Jérusalem, ils refusèrent brusquement toute hospitalité, malgré l'obligation séculaire et sacrée du Moyen-Orient d'offrir l'hospitalité à des étrangers. Si Jésus se dirigeait vers Jérusalem, l'enseigne " accueil" à l'avant était rapidement tournée pour lire "complet" - du moins pour eux.   C'était un geste spectaculaire et une terrible insulte.
Les apôtres se souvienaient alors de la manière dont Elie fut insulté par ceux qui refusaient de reconnaître qu'il était un prophète véritable (2 Rois 1:9). Le roi avait envoyé cinquante soldats pour l'arrêter, et ils exigèrent avec arrogance que l'homme de Dieu, le prophète, descende avec eux. "Si je suis un homme de Dieu, répondit Élie, "que le feu descende du ciel et vous consume, vous et vos cinquante hommes." C'était un vrai prophète, bien sûr, et Dieu réagit en envoyant des éclairs pour abattre les soldats qui l'avaient arrêté. Si Dieu vengeait son prophète quand un roi refusait de reconnaître la dignité du prophète, les apôtres ont sûrement raisonné mêmement, Dieu enverrait aussi le feu du ciel pour venger Son Messie quand d'autres (Les Samaritains haineux, pas moins !) refusaient de Le reconnaître. "Seigneur, demandaient-ils avec espoir, veux-tu que nous fassions descendre le feu du ciel et que nous les consumions ?" Le Seigneur rejeta la suggestion, et réprimanda ses futurs défenseurs. A Jérusalem, il recevrait un traitement pire que cela. Ils marchèrent vers un autre village (Luc 9:51). Dans une recension manuscrite, le Seigneur répond aux apôtres en disant : "Vous ne savez pas de quelle sorte d'esprit vous êtes animés." - c'est-à-dire qu'ils ne savaient pas ce qu'il y avait dans leur propre cœur. Ils auraient pu imaginer qu'ils étaient motivés par une indignation pieuse et juste, mais en réalité, ils étaient remplis d'une injuste colère.
La colère n'est pas un péché heureux. Soyons honnêtes - certains péchés sont bien ressentis lorsque nous nous y adonnons. Lorsque nous nous livrons au péché de la gloutonnerie, par exemple, et que nous mangeons une boîte entière de crème glacée, nous nous sentons bien. Quand plus tard sur notre conscience nous titille (ou quand nous montons sur la balance de la salle de bain le lendemain, et que cela nous fait mal), ça ne fait pas de bien, mais pendant que nous nous adonnons à ce péché, ça fait du bien. Le péché de colère n'est pas comme ça. Après avoir cédé à la rage sur la route et avoir crié, nous ne nous tournons jamais vers la personne assise dans la voiture à côté de nous et nous disons : "C'était génial ! Je me sens tellement plus heureux maintenant !" Au lieu de cela, le péché de colère arrache de petits morceaux de notre âme et nous laisse en lambeaux. La colère n'est pas un péché heureux.
Mais comme tout péché, la colère ou la rage représente une perversion de quelque chose de fondamentalement bon et donné par Dieu. Prenons à nouveau l'exemple de la gloutonnerie : Dieu nous a fait d'une telle manière que nous avons besoin de manger pour vivre, et ainsi nous ressentons du plaisir à satisfaire notre faim. Le plaisir de manger est bon ; le péché consiste à abuser de ce plaisir. De même, Dieu nous a rendus capables d'éclats soudains d'énergie psychique intérieure - énergie dont nous avons besoin pour réagir quand le danger menace. Dans notre monde déchu, nous ressentons une telle énergie intérieure lorsque nous sommes confrontés non seulement au danger, mais aussi au mal, et nous sommes directement en colère lorsque nous sommes confrontés à l'atrocité morale. Si quelqu'un, par exemple, était informé des décapitations d'ISIS et répondait : "Eh bien... personne n'est parfait", on n'applaudirait pas cette personne pour son esprit calme et imperturbable, mais on se demanderait où elle a égaré sa boussole morale. Il est pieux et juste de ressentir une juste indignation face au mal. C'est par une telle indignation si juste que le Christ dénonce la dureté du cœur des pharisiens et qu’Il purifie le Temple.
La grande question à laquelle nous sommes confrontés est donc la suivante : comment pouvons-nous savoir si la colère que nous ressentons à un moment donné est une indignation vertueuse ou une rage injuste ? Un indice vient de la mesure de la colère que nous ressentons. Si quelqu'un nous vole notre place de parking, nous devrions ressentir de l'agacement et de l'irritation. Mais si nous sommes consumés par la fureur et les cris et que nous jurons comme des charretiers en vitupérant, ce n'est pas de l'indignation vertueuse. C'est un péché, car notre réponse est disproportionnée par rapport à l'offense. Un autre indice vient de l'indignation que nous ressentons. Si quelqu'un coupait la route à une autre personne dans la circulation et lui "faisait un geste obscène du doigt", nous pourrions ressentir une petite indignation face à l'acte et nous dire : "Ce n'était pas très gentil". Mais si la même personne nous a fait la même chose et que nous avons ressenti plus qu'une indignation mineure et que nous avons commencé à râler et à crier et à appuyer sur l’avetisseur, c'est aussi un péché. Si l'infraction suscite une réaction plus vive lorsqu'elle s'adresse à nous qu'à d'autres, nous savons que nous avons un problème. Nous pouvons savoir  quelle sorte d'esprit nous anime.
Alors, lorsque nous nous trouvons en colère et qu'il y a une offense réelle ou imaginaire, que devons-nous faire ? Je suggère trois choses.
Version française Claude Lopez-Ginisty

D’après

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