samedi 17 juin 2017

Qu'est-ce que la vraie religion?




Aujourd'hui, beaucoup de chrétiens orthodoxes se disent religieux mais ne pratiquent pas une religion véritable. Qu'est ce que je veux dire? Permettez-moi de donner deux exemples simples. 

Une personne vient à l'église périodiquement. Quand elle vient, elle fait de nombreuses prosternations, se signe à plusieurs reprises, pleure, vénère toutes les icônes de l'iconostase, fait un don généreux à l'église. 

Une autre vient la plupart des dimanches et souvent les jours de semaine et se tient tranquillement assise au fond de l'église. La première, quand elle quitte l'église, commence immédiatement à se plaindre de sa santé et d'autres problèmes qu'elle a. L'autre, même si elle souffre de plusieurs affections, a toujours un sourire chaleureux et la première chose qu'elle demande dans un anglais rudimentaire est "Vous allez bien?" Alors, qui a la vraie religion?

Saint Porfyrios dit que la religion véritable repose sur notre amour de Dieu, pas sur la forme, mais sur le fond de cet amour. Il l'appelle Eros ou amour-passion. Il dit que, quand nous avons ce genre d'amour pour Dieu, nous recevons Sa grâce. Nous vivons dans Sa lumière. Lorsque nous avons cette lumière, il n'y a pas de ténèbres. Peu importe ce à quoi nous faisons face, nous trouvons la bonté.

Il utilise l'exemple de personnes anciennes qui vivaient dans une grotte, et bloquaient l'entrée pour se protéger du vent. À l'intérieur il faisait noir et il y avait peu d'oxygène. Elles n'étaient pas en bonne santé. Quand elles sortaient, elles recevraient la lumière du soleil et l'air frais, et elles étaient revigorés  Il dit que la même  chose arrive quand on reçoit la lumière du Christ. Sans cette lumière, nous sommes comme les habitants des grottes, dans les ténèbres. Avec la lumière, nous sommes changés, et ce qui était mauvais devient bon. L'obscurité devient légère. C'est la nature d'une vraie religion.

Nous pouvons suivre toutes les règles, tous les jeûnes, prier, faire des métanies, nous signer, venir à l'église, lire l'Écriture... et ne pas encore avoir une vraie religion.

Saint Porfyrios dit:

Souvent, ni le labeur [ascétique]l, ni les prosternations, ni les signes de croix ne nous attirent la Grâce de Dieu. Il y a les mystères. Le plus important est d'aller au-delà des aspects formels et d'aller au cœur de la question. Tout ce qui est fait doit être fait avec amour.
 ....
Avec le Christ, une personne est remplie de Grâce et vit ainsi au-dessus du mal. Le mal n'existe pas pour elle. Il n'y a que du bien, qui est Dieu. Le mal ne peut pas exister. Lorsqu'il y a de la lumière, il n'y a pas de ténèbres. L'obscurité ne l'englobe pas non plus car elle a la lumière.

La religion chrétienne véritable transforme et guérit. Mais cela exige notre humilité. La vraie religion est Amour. Nous désirons toujours Dieu et cherchons l'union avec Lui, pour vivre dans Sa lumière. Sans cela, la religion est une lutte et nous laisse troublés et faibles. Nous saisissons des actions pieuses. Nous cherchons des activités de bienfaisance, nous faisons des prosternations. Nous essayons beaucoup de choses, mais restons confus, querelleurs ou déprimés.

La vraie religion n'est pas humaine. Elle est Une avec la vraie connaissance du Dieu Trinitaire et l'œuvre du Saint-Esprit. 

Notre objectif est d'être un avec Lui basé sur un amour passionné pour Lui. Cet amour s'étend à tous les membres. Saint Porfyrios décrit cet amour comme un enthousiasme, une folie, un désir intense pour le divin. De cette façon, nous attirons Sa grâce et sommes changés et nous trouvons la paix et l'amour en Lui.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

vendredi 16 juin 2017

Pourquoi nos Pères de l'église considèrent-ils la mort comme un don de Dieu?



La mort est toujours quelque chose qui amène le chagrin à nos cœurs. Alors, pourquoi devrions-nous la considérer comme don de Dieu? La réponse évidente est que la mort est le seul chemin vers le Royaume de Dieu. C'est dans la mort que nous sommes renvoyés dans Son royaume éternel. Bien sûr, ce n'est pas seulement en mourant que y nous entrerons, mais il faut aussi avoir une âme qui désire Dieu avec amour et une vie où nous nous sommes efforcés continuellement de faire Sa volonté. Cela ne signifie pas que nous serons parfaits ou sans péché, car seul le Christ est sans péché, mais qu'il faut s'efforcer vers cette perfection car nous aimons Dieu de tout notre cœur.

Nous pouvons regarder la façon dont le Christ a fait face à la mort pour comprendre la nature de ce chemin. D'abord, rappelez-vous comment le Christ a souffert en chemin vers la Croix? Par cela, il voulait que nous sachions que le chemin n'est pas facile et qu'il est souvent rempli de douleurs et de difficultés. Deuxièmement, réfléchissez à la façon dont nous démontrons notre fidélité grâce à notre endurance à la douleur et à la difficulté. Troisièmement, la meilleure des nouvelles, sur la base de l'Évangile, soyez assuré qu'il y a de l'espoir pour notre résurrection. Le Christ nous montre que si nous sommes fidèles, la mort n'est qu'une transition de cette vie dans le monde à une vie dans Son royaume.

Il est important de rappeler que le but de notre vie n'est pas la richesse, le bonheur, le bien-être. Nous espérons que nous recevrons ces dons, mais le but est de devenir unis avec Lui par notre obéissance et notre mort. Notre vie est aussi un cadeau qui nous est donné afin que nous puissions purifier notre âme et développer ce véritable amour de Dieu pendant que nous éprouvons les merveilles et les beautés de Sa création.

Les Pères nous apprennent aussi que l'une des façons d'assurer que nous vivons une vie pure est de rappeler chaque jour la réalité de notre mort éventuelle. Pas de manière morbide ou négative, mais d'une manière optimiste, en voyant la réalité de notre vie à venir dans Son royaume que l'on atteint par la mort.

Avec ceci en vue, nous constatons que beaucoup de désirs qui nous donnent une vie stressante ne sont pas vraiment importants en dernier lieu. Réfléchissez sur la façon dont vous voyez le but de votre vie. Comment voyez-vous la réalité de votre mort. Pouvez-vous la voir comme quelque chose de positif?

Lorsque nous perdons un être cher alors qu'il se déplace sur le chemin de l'union avec Dieu, nous avons du mal à accepter et à ressentir la grande perte de leur présence. Cela aussi est normal, car même Christ a pleuré au tombeau de Son ami Lazare. La douleur est à prévoir et nous pouvons nous rappeler que notre perte est le gain de celui qui s'est endormi dans le Seigneur. Nous disons qu'il s'est endormi car la mort n'est pas vraiment la mort mais une transformation de la vie.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



mercredi 14 juin 2017

Père Seraphim [Rose]: Caractéristiques de "l'homme nouveau"



Quoi de plus réaliste, que cette «mutation», le «nouvel homme»? 

Il est l'homme sans racine, discontinu avec un passé que le Nihilisme a détruit, la matière première du rêve de tout démagogue; Le «penseur libre» et le sceptique, fermé seulement à la vérité mais «ouvert» à chaque nouvelle mode intellectuelle car il n'a pas de fondement intellectuel; Le «chercheur» après une «nouvelle révélation», prêt à croire quelque chose de nouveau parce que la vraie foi a été anéantie en lui; Le planificateur et l'expérimentateur, adorant le «fait» parce qu'il a abandonné la vérité, voyant le monde comme un vaste laboratoire dans lequel il est libre de déterminer ce qui est «possible»; L'homme autonome, prétendant à l'humilité de ne demander que ses «droits», mais plein de fierté qui attend que tout lui soit donné dans un monde où rien n'est autoritairement interdit; L'homme du moment, sans conscience ni valeurs, et donc à la merci du «stimulant» le plus fort; Le «rebelle», détestant toute la retenue et l'autorité parce qu'il est lui-même son propre et unique dieu; «L'homme de masse», ce nouveau barbare, «complètement réduit» et «simplifié» et capable uniquement des idées les plus élémentaires, mais méprisant celui qui présume de souligner les choses supérieures ou la vraie complexité de la vie.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Father Seraphim Rose
Nihilism: 
The Root of the Revolution of the Modern Age” 
St. Herman of Alaska Brotherhood

mardi 13 juin 2017

Les dernières paroles et la dernière mise en garde de saint Luc de Simferopol


Mes enfants, je vous en supplie,

Revêtez l'armure que donne Dieu,

Afin de pouvoir résister aux astuces du Diable.

Vous ne pouvez pas imaginer combien il est méchant.

Nous ne devons pas nous battre contre la chair et le sang, 
Mais contre les dominations et des puissances, 
En fait, avec les esprits maléfiques.

Prenez garde!

Le Diable ne s'intéresse pas à ce que l'on accepte son existence,
ou que l'on pense ou ressente 
qu'il est près de l'homme.

Un ennemi caché et inconnu est plus dangereux 
Qu'un ennemi visible.

Ô que l'armée des démons est grande et terrible.

Comme leur horde noire est innombrable!

Inchangée, inlassable, 
Jour et nuit, 
elle cherche à pousser tous ceux d'entre nous
qui croient au Nom du Christ,
 A nous attirer sur la voie de l'incrédulité, 
Du mal 
Et de l'impiété.

Ces ennemis invisibles de Dieu 
Ont pour seul but, 
Jour et nuit, 
De rechercher notre destruction.

Mais n'ayez pas peur, 
Prenez puissance dans le Nom de Jésus.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


lundi 12 juin 2017

Père Jean ROMANIDES: Vie extraterrestre (?) et Orthodoxie



Je ne peux envisager en aucune manière que les enseignements de la tradition chrétienne orthodoxe puissent être affectés par la découverte d'êtres intelligents sur une autre planète. Certains de mes collègues estiment que même une discussion sur les conséquences d'une telle possibilité, est en soi une perte de temps pour la théologie sérieuse, et qu'elle confine à la folie.

Je suis tenté d'être d'accord avec eux pour plusieurs raisons.

Comme je comprends le problème, la découverte d'une vie intelligente sur une autre planète soulèverait des questions sur les enseignements catholiques et protestants traditionnels concernant la création, la chute, l'homme comme image de Dieu, la rédemption et l'infaillibilité biblique.

D'abord il faut souligner que contrairement à la tradition découlant de la chrétienté latine, le christianisme grec n'a jamais eu une compréhension fondamentaliste ou littéraliste de l'inspiration biblique et n'a jamais soutenu l'infaillibilité des Écritures dans les questions concernant la structure de l'univers et la vie en lui. À cet égard quelques tentatives modernes de démythologisation de la Bible sont intéressantes et parfois amusantes.

Depuis les premiers siècles du christianisme, les théologiens de la tradition grecque ne croyaient pas, comme les Latins, que l'humanité fut créée dans un état de perfection dont elle a chu. Les orthodoxes ont plutôt toujours cru que l'homme [était] créé imparfait, ou à un faible niveau de perfection, avec le destin d'évoluer vers des niveaux plus élevés de perfection.

La chute de chaque homme, par conséquent, entraîne une incapacité à atteindre la perfection, plutôt que toute chute collective de la perfection.

De même l'évolution spirituelle ne s'arrête pas à une vision statique béatifique. C'est un processus sans fin qui se poursuivra, même dans l'éternité.

Aussi le christianisme orthodoxe, comme le judaïsme, n'a jamais connu la doctrine latine et protestante du péché originel comme culpabilité adamique héritée mettant toute l'humanité sous l'ire divine qui aurait été satisfaite par la mort du Christ.

Ainsi la solidarité de la race humaine dans la culpabilité adamique et la nécessité de satisfaction de la justice divine, afin d'éviter l'enfer sont inconnus chez les Pères grecs.

Cela signifie que l'interdépendance et la solidarité de la création et son besoin de rédemption et de perfection sont vus dans une lumière différente.

Les orthodoxes croient que toute la création est destinée à partager la gloire de Dieu. A la fois les damnés et les glorifiés seront sauvés. En d'autres termes tous deux auront la vision de Dieu dans Sa gloire incréée, à la différence que pour les injustes, cette même gloire incréée de Dieu sera les feux éternels de l'enfer.

Dieu est Lumière pour ceux qui apprennent à L'aimer, et un feu dévorant pour ceux qui ne L'aiment pas. Dieu n'a pas l'intention positive de punir.

Pour ceux qui ne sont pas correctement préparés, voir Dieu est une expérience de purification, mais une expérience qui ne se déplace pas éternellement vers de plus hauts sommets de perfection.

En revanche, l'enfer est un état statique de perfection quelque peu similaire à la félicité platonicienne.

Compte tenu de ceci, les orthodoxes n'ont jamais vu dans la Bible un quelconque univers à trois étages avec un enfer de feu créé sous la terre et un paradis au-delà des étoiles.

Pour les orthodoxes la découverte de la vie intelligente sur une autre planète soulèverait la question de savoir combien ces êtres sont avancés dans leur amour et leur préparation pour la gloire divine.

Comme sur cette planète, donc sur toute autre, le fait que l'on puisse ne pas avoir encore connu le Seigneur de Gloire de l'Ancien et du Nouveau Testament, ne signifie pas que l'on est automatiquement condamné à l'enfer, tout comme celui qui croit en Jésus-Christ n'est pas automatiquement destiné à être impliqué dans le mouvement vers la perfection éternelle.

Il est également important de garder à l'esprit que les Pères de l'Église grecs soutiennent que l'âme de l'homme fait partie de la création matérielle, bien que sous une forme élevée de celle-ci, et par nature mortelle.

Seul Dieu est purement immatériel.

La vie après la mort n'est pas due à la nature de l'homme, mais à la volonté de Dieu. Ainsi l'homme n'est pas à proprement parler l'image de Dieu. Seul le Seigneur de gloire, ou l'Ange du Seigneur de la révélation de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament est l'image de Dieu.

L'homme fut créé à l'image de Dieu, ce qui signifie que son destin est de devenir comme le Christ qui est l'image de Dieu incarné.

Ainsi, la possibilité d'êtres intelligents sur une autre planète étant les images de Dieu que les hommes sur terre sont censés être, n'est même pas une question pertinente d'un point de vue orthodoxe.

Enfin, on pourrait remarquer que les Pères orthodoxes ont rejeté l'idée platonicienne des archétypes immuables dont ce monde de changement est une mauvaise copie.

Cet univers et ses formes y sont uniques et le changement est l'essence même de la création et non un produit de la chute.

Par ailleurs les catégories du changement, du mouvement et de l'histoire appartiennent à la dimension éternelle de l'histoire du salut, et ne doivent pas être rejetés dans une sorte de béatitude éternelle.

Ainsi, l'existence de vie intelligente sur une autre planète en retard ou en avance sur nous au niveau intellectuel et spirituel changera peu de choses dans les croyances traditionnelles du christianisme orthodoxe…

Version française Claude Lopez-Ginisty

Sur le blog de Maxime: RENCONTRE avec Saint JUSTIN de Tchélié en 1981


J'étais étudiant à la Faculté des Lettres de Belgrade, à la fin des années cinquante, lorsque j'entendis parler pour la première fois du père Justin. On racontait alors que le professeur de théologie Justin Popovitch était certes notre meilleur connaisseur de Dostoïevski mais que, à force de s'en pénétrer, il était devenu fou et vivait confiné sur l'ordre du patriarche, dans quelque monastère de Serbie. Il fallait donc se méfier des aspects et des interprétations néfastes de l'œuvre de Dostoïevski, d'autant plus qu'il existait un moyen sur et infaillible pour l'approcher, la doctrine marxiste, dont nous étions bon gré malgré des adeptes. Quant au père Justin, victime, croyais-je, du génie de Dostoïevski, il allait se confondre désormais dans mon imagination avec les héros de celui-ci. Je finissais bientôt mes études et partais à l'étranger où, après bien du temps et des changements intervenus en moi, je devais appren­dre la vérité sur le père Justin et cesser de croire à la fable de sa folie. Néanmoins, mes connaissances en demeurèrent étroites jusqu'au moment où, à la fin de 1974, je rencontrai à Paris le hiéromoine Amphilochie Radovitch. Originaires tous deux de la région de la Moratcha, dans le Monté­négro central, nous étions camarades de classe tout au début des années cinquante dans l'enceinte du monastère Matcha dont les bâtiments annexes avaient été transformés par le pouvoir communiste en école, en bureaux de l'administration et en caserne de la milice locale. A l'époque l'athéisme faisait tellement rage que la célèbre laure, fondation pieuse du prince Stéphane Némanitch de 1252, au bord de la Moratcha, dédiée à l'Assomption de la Vierge, échappa de justesse à la destruction par le feu.

Nous nous étions séparés alors à peine adolescents, et voici que nous nous retrou­vions à présent hommes murs, nous reconnaissant l'un l'autre à l'in­flexion de la voix ou à la couleur des yeux. Spirituellement, nous nous reconnûmes plus aisément : je venais d'effectuer l'été précédent un pèlerinage à Ostrog, sanctuaire de nos pères ou j'avais autrefois reçu le baptême. Aussi avais-je mené, au début des années 70, une campagne internationale contre le projet sacrilège du régime visant la profanation et la destruction de l'un des hauts lieux de la nation serbe : l'humble église au sommet du mont Lovcen que fit élever, en 1845, le prince-métropolite du Monténégro et le plus grand poète serbe, Pierre Petrovitch Négoce pour qu'elle abritât ses cendres.

Le jour de notre rencontre à l'Institut Saint-Serge où il ensei­gnait, après plusieurs années de sacerdoce en Grèce où il avait brillamment soutenu une thèse sur Saint Grégoire de Palamas, le moine Amphilochie me parla du starets Justin, son père et maître spirituel. « Il incarne aujourd'hui la conscience de notre Eglise, il est la fontaine des pleurs du peuple serbe », me dit-il lors d'un entretien ultérieur. Il me montra parmi les ouvrages qu'il avait du père Justin, celui sur Dostoïevski qui, comme nous l'avons vu, était à l'origine de la gloire et de la prétendue perte de son auteur. Nous en fîmes cadeau, avec un livre sur la destruction du sanctuaire par le pouvoir titiste du mont Lovcen et un album de fresques des monastères serbes, à Soljenitsyne, lorsqu'il vint le printemps suivant à Paris. Le père Amphilochie lui donna aussi une petite croix en bois, travail des moines athonites, sur laquelle il écrivit : A Alexandre por­teur de croix. Naturellement, lorsque nous nous réunîmes plus tard, en été 1976, à Belgrade, le père Amphilochie m'emmena voir le starets Jus­tin dans son monastère de Tchélié, dédié au Saint Archange Michel, a une centaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale, près de la ville de Valjevo. Nous quittâmes Belgrade par un chaud après-midi de juillet, mais le père Justin se trouvant toujours dans la disgrâce du pouvoir, nous fumes retardés par plusieurs contrôles de police sur la route, et même retenus par elle pendant deux heures dans la ville d'Obrénovats, si bien que nous n'arrivâmes à Valjevo qu'au crépuscule accompagné d'un violent orage. Ayant traversé la ville déserte sous un véritable déluge, nous nous mîmes d'abord à monter, puis à descendre lentement une pente boisée par un chemin cahoteux et détrempé, vers le monastère dont nous aperçûmes enfin les lumières.

dimanche 11 juin 2017

Sur le blog de Maxime: DEVOIR DE MÉMOIRE : LE MYTHE D'AL ANDALOUS…

Vu la persistance de la propagande pro islamiste occidentale malgré la succession d'attentats et de massacres atroces en tous lieux dont le projet ne vise pas autre chose qu'à une conquête du monde entier (pas moins) pour assujettir toutes les nations, il n'est pas inutile de rappeler à la fois les méfaits de l'invasion passée et le mythe du mantra "vivre ensemble" qui ne s'annonce que sous la forme du vivre sous la botte et/ou mourir. Rien de neuf dans l'article qui suit mais juste une piqûre de rappel pour les niais et les carpettes (de prière bien sûr)…


Al-Andalous: l’opération de propagande islamique de "l’Éducation Nationale" (source)


Comme dans Al-Andalous, l’Espagne conquise par les Musulmans au Moyen-Âge, ne serions-nous pas infiniment plus heureux si la France était dominée par l’Islam et si les Chrétiens étaient mis en minorité? Notre civilisation serait bien plus florissante, bien moins violente, et notre économie beaucoup plus prospère. Tel est le discours en creux que l’Éducation Nationale transmet aux élèves que des parents inconscients lui confient, abandonnant ainsi toute référence à une démarche scientifique pour transformer les cours d’histoire en propagande bien huilée.

Al-Andalous dans les programmes scolaires


Rappelons d’abord comment les programmes scolaires intègrent la question d’Al-Andalous.

Au collège, cette période historique est englobée dans l’histoire médiévale, sous cette formulation que je laisse en libre lecture:


Comme on le voit, cette présentation réussit l’exploit de ne pas évoquer Charlemagne ni son empire, et de renvoyer dos à dos Justinien, l’Islam et les Mongols, comme si « les fonctions de calife, de basileus et d’empereur » se valaient et avaient un impact identique sur nos vies quotidiennes. C’est donc sous le signe d’un relativisme absolu que s’engage le travail de transmission historique.
On notera d’ailleurs que l’enseignement de l’histoire en seconde est lui aussi placé sous le signe de ce relativisme:
En histoire, le programme replace l’histoire des Européens dans celle du monde, de l’Antiquité au milieu du XIXe siècle. En suivant une progression chronologique, l’enseignement propose une approche thématique et problématisée des périodes étudiées.

L’académie de Toulouse et la nostalgie du califat

Pour illustrer les dégâts de la propagande relativiste, je prends au hasard le site de l’académie de Toulouse, qui propose des contenus pédagogiques, dont un consacré à Al-Andalous. On y lit un certain nombre d’assertions hallucinantes. En voici un florilège.
C’est avant tout par l’Espagne que sont passés les grands courants de civilisation entre l’Orient et l’Occident et qu’ont été transmis les fondements de la culture grecque et les apports scientifiques des Arabes, issus de leurs relations avec l’Inde et la Perse et de leurs propres recherches. (…)
les esclaves sont nombreux. Ils sont originaires d’Afrique, en particulier du Soudan, et d’Europe, ceux qu’on appelle « slaves ». Ils peuvent occuper des fonctions importantes dans l’administration et dans l’armée et être affranchis. (…)
La coexistence entre musulmans, juifs et chrétiens a été plutôt pacifique. Les chrétiens et les juifs ont le statut de protégés (dhimmi), ce qui leur permet de garder leur religion et leurs coutumes en échange d’impôts spécifiques. Les quelques épisodes violents, révoltes individuelles ou collectives des populations dominées que le pouvoir réprime, n’ont pas empêché les interférences culturelles. Une brillante civilisation pluriculturelle imprégnée d’orientalisme s’épanouit dans les modes de vie, la littérature, l’architecture (…).
Le calife, « commandeur des Croyants et défenseur de la vraie foi », a un pouvoir absolu et personnel. C’est un mécène qui rassemble des artistes et des savants dont les oeuvres alimentent l’éclat et le raffinement de sa cour. Le plurilinguisme des élites et le brassage ethnique favorisent la floraison culturelle du califat de Cordoue qui a fasciné les chrétiens.
Bref, Al-Andalous est une civilisation brillante, pacifique, par où passe la culture. Certes, il y a des esclaves, mais ils peuvent être affranchis et finalement ils ne sont pas vraiment discriminés. Les Juifs et les Chrétiens sont protégés et paient même un impôt spécifique pour bénéficier de cette protection.
Le calife a un pouvoir absolu, mais c’est d’abord un gentil mécène qui pratique le multiculturalisme, grâce auquel l’Espagne connaît une grande floraison culturelle.
Bien entendu, ce contenu historique qui se transforme en apologie du califat et de la discrimination religieuse, présentée comme une protection, se fait au nom des valeurs de la République.

La même partialité dans l’enseignement supérieur

On trouvera sur le site du numérique dans l’enseignement supérieur, concernant Al-Andalous, l’enregistrement d’une conférence présentée de la façon suivante:
À la coexistence limitée entre maures, juifs et chrétiens, durant la période médiévale, marquée par des collaborations fécondes et des influences réciproques, succéda alors, dès la fin du XIVème siècle, une longue phase de persécution des minorités (expulsion des juifs dès 1492 et des morisques en 1609) et de mise à l’écart délibérée du legs culturel et identitaire de l’Espagne des trois religions.
On retrouve là encore la présentation manichéenne de l’histoire de l’Espagne: Al-Andalous, c’est la collaboration féconde et l’influence réciproque. La Reconquista, c’est une longue persécution et un retour de l’obscurantisme. Dans ces conditions, comment ne pas préférer un califat musulman qui respecte toutes les minorités, plutôt que le fait majoritaire chrétien qui est raciste et barbare?

La vérité sur l’esclavage d’Al-Andalous

Cette propagande constante pose malheureusement un problème de fond: elle occulte complètement l’horreur de ce que fut réellement Al-Andalous, et les raisons pour lesquelles les Espagnols ont pu reconquérir ce territoire.
Cette horreur passe d’abord par une compréhension de ce que fut l’esclavage dans le monde arabo-musulman. Une tradition bien ancrée présente volontiers l’esclavage comme le fait de l’homme blanc. Les historiens officiels n’aiment manifestement pas rappeler que, dans ce domaine, l’Islam a battu, et de très loin, le monde chrétien.
Je citerai ici les travaux de l’anthropologue sénégalais Tidiane N’Diaye qui souligne quelques facettes cachées de cette organisation économique bien huilée:
« J’ai l’habitude de rappeler que mon travail ne cherche à communautariser ni l’histoire ni les mémoires. Ce qui serait la porte ouverte à une hiérarchisation victimaire, donc une approche dénuée de tout caractère scientifique. Par conséquent pour ce qui nous intéresse ici, puisque j’ai titré cet ouvrage « Le génocide voilé », faisant allusion à la castration massive que subissaient les captifs africains, au cours de la traite arabo-musulmane, je n’ai pas oublié de rappeler d’abord, que les premières victimes de cette calamité furent les Slaves, que les Vénitiens et les Marseillais allaient razzier en Europe centrale et orientale, pour les vendre aux notables du monde arabo-musulman. Cela devait durer toute l’époque carolingienne au Xème siècle sous les monarques saxons Henri l’oiseleur et Otton Ier. Comme on sait, il fallut l’émergence d’États puissants en Europe de l’Ouest et l’arrêt de l’expansion arabe aux Pyrénées pour que cela cesse. Et c’est pour combler ce déficit en eunuques et esclaves blancs, que les Arabo-musulmans allaient massivement se tourner vers les peuples négro-africains. (…) »

La castration des esclaves à Prague et à Verdun

Nos bons enseignants de l’Education Nationale, qui ne manquent jamais de verser de chaudes larmes sur toutes les horreurs que l’Occident a pu produire sur les peuples africains, ont curieusement, s’agissant d’Al-Andalous, passé sous silence le sort des esclaves blancs qui y travaillaient. Il est vrai que l’histoire de ces esclaves est moins facile à raconter que celle du Triangle d’Or, puisqu’elle décrit une réalité très différente de la propagande officielle qui oppose le monde musulman de la tolérance au monde chrétien de la haine.
Dans la pratique, comme l’a d’ailleurs raconté l’historien Jacques Heers, les esclaves qui étaient exportés dans l’Espagne islamique étaient des Saxons puis des Slaves (d’où leur nom d’ailleurs), qui suivaient des chemins commerciaux extrêmement structurés. Pour être utilisable, la main-d’oeuvre masculine devait être castrée.
Les conquérants musulmans n’ont tenté que très rarement des raids aussi loin de leurs bases et les esclaves slaves ne pouvaient être qu’objets de traite. Ceux de Bohême étaient régulièrement conduits à Prague, centre de castration pour les hommes, puis à Ratisbonne. Ceux des pays plus au nord, avec les Saxons faits prisonniers lors des campagnes de Charlemagne des années 780, furent expédiés vers les gros bourgs fortifiés de la route germanique pour finir sur le marché de Verdun. De là, on les menait à Lyon, autre grand carrefour pour ce négoce des captifs, puis à Arles et Narbonne et, enfin, vers les ports d’Espagne, du Maghreb ou, directement, de l’Orient.
Dans la sorte d’organisation internationale du travail qui existait en Europe au Moyen-Âge, certaines villes s’étaient donc spécialisées dans une opération morbide: la castration des esclaves mâles. Ceux-ci étaient généralement capturés par des chrétiens, émasculés par des juifs, et achetés par des musulmans.
Dans son ouvrage La Traite des Slaves : l’esclavage des Blancs du VIIIe au XVIIIe siècle, l’historien russe Skirda dresse une histoire détaillée du fait esclavagiste, et notamment de la castration des esclaves destinés au monde musulman, en particulier à Al-Andalous:
La castration des esclaves, mortelle dans plus de la moitié des cas en ces époques de médecine rudimentaire, répondait à la stratégie millénaire de l’islam qui a toujours utilisé la démographie comme une arme de guerre. La stérilisation des immigrés esclaves évitait la submersion démographique des fidèles d’Allah par des étrangers infidèles. Aussi n’y eut-il pas plus de problème noir que de problème slave en Arabie Saoudite ainsi que dans les autres Etats islamisés sur la longue durée. Les eunuques n’étaient pas seulement préposés à la garde des harems, ils étaient aussi employés comme soldats, ou comme gardes prétoriens du calife ou du sultan tels les saqalibas d’Al Andalus. On comprend dès lors – rareté obligeant du fait de la non-reproduction par les naissances et de la mortalité des esclaves-militaires à la guerre – la nécessité constante d’en renouveler le contingent.
On précisera que ce sont les Juifs qui étaient spécialisés dans la castration, parce qu’officiellement, l’Islam interdisait cette pratique…
Ces quelques détails suffisent à montrer, me semble-t-il, que le seul recours à l’esclavage dans le monde islamique d’Al-Andalous devrait susciter son rejet massif par tous les donneurs de leçons en matière de droits de l’homme.

La question de la persécution des Chrétiens

L’autre caractéristique d’Al-Andalous, dans l’historiographie officielle propagée par l’Éducation Nationale, est celle d’une tolérance des Musulmans au nom du statut des « dhimmis », traduit par protégés. D’où le mythe selon lequel les Musulmans auraient protégés les Chrétiens et les Juifs en Espagne, garantissant une paix et une tolérance religieuse que les Chrétiens seront incapables d’établir quelques siècles plus tard.

Ce mythe repose bien entendu sur un fantasme, dont on peut suivre la construction historique, par exemple à partir d’un article de 1978 qui participe à la grande oeuvre négationniste qui domine aujourd’hui l’histoire d’Al-Andalous. L’auteur de cet article présente de cette façon les révoltes de Chrétiens aux IXè et Xè siècles en Espagne:

On le voit, les scientifiques européens n’ont jamais ignoré les révoltes existant contre l’ordre islamique en Espagne et les persécutions menées contre le clergé catholique. Ils n’ignorent pas plus la pratique de la conversion de complaisance destinée à échapper au statut de dhimmi. Personne ne peut donc nier l’existence d’une persécution religieuse menée par les musulmans en Espagne. Mais… celle-ci ne correspond pas à la doctrine sous-jacente d’une gauche relativiste, pour qui, le mal, c’est le Blanc chrétien, qui relègue loin derrière lui toutes les autres formes de barbarie et de persécutions.
Donc, tout fait contredisant la doctrine officielle sera systématiquement amoindri, ou relativisé, ou passé sous silence au profit d’une seule vérité: Al-Andalous était plus tolérant et plus prospère que n’importe quel univers chrétien.

Al-Andalous et le grand remplacement

Là encore, les historiens officiels n’aiment pas dire quelle fut la réalité de l’implantation musulmane en Espagne. Contrairement aux affirmations officielles, d’une tolérance religieuse, l’histoire fut plutôt celle d’une destruction quasi-systématique des églises existantes lorsque les villes ou les villages résistaient à l’envahisseur, et celle de leur remplacement par des mosquées. Et contrairement aux idées reçues, l’Espagne n’est pas tombée d’un bloc dans l’escarcelle du monde musulman, mais la culture chrétienne y a longtemps résisté.
Le processus d’islamisation urbanistique des capitales andalouses, de même que l’arabisation et la conversion de la population à l’islam, se sont achevés vers la fin du xe siècle. Il restait encore à cette date des vestiges des édifices anciens à l’intérieur des villes comme Cordoue et Tolède. La mosquée connue aujourd’hui sous le nom du couvent de Santa Clara de Cordoue fut construite à la fin du xe siècle sur un terrain où se trouvaient les ruines d’un édifice romain tardif. (…)
C’est la nature même de la conquête de ces territoires (par les armes ou par la négociation, aboutissant à la signature de pactes) qui semble avoir dicté les modèles locaux d’islamisation. Les auteurs arabes expliquent que la conquête d’une ville par les armes aboutissait à la désacralisation de ses églises, cependant que la conquête obtenue par la négociation réservait une partie des sanctuaires locaux au culte chrétien. L’importance des villes a joué elle aussi, semble-t-il, un rôle important : en milieu rural, de nombreux endroits (villages, monastères ou palais) furent occupés de façon temporaire — l’archéologie datant les transformations des deux premiers siècles de présence islamique (viii – ixe siècle) —, mais ils furent ensuite abandonnés au profit des villes de fondation nouvelle (ce qui a facilité l’étude des vestiges). Le processus d’islamisation fut long et progressif, de sorte que les archéologues rencontrent de sérieuses difficultés pour identifier le changement des formes de vie et déterminer le passage d’une société chrétienne à une société musulmane.
Il est dommage de voir que l’histoire, qui devrait être uniquement préoccupée par la recherche des faits et de leur vérité, soit utilisée comme véhicule de propagande, par l’Education Nationale, pour diffuser les illusoires bienfaits du « vivre ensemble ».

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

29 mai / 11 juin
1er dimanche après la Pentecôte
Fête de tous les Saints

Transfert des reliques de sainte Théodosie de Tyr, vierge, martyre à Césarée de Palestine (307-308) ; saint Conon et son fils saint Conon, martyrs à Iconium en Asie Mineure (275) ; sainte Théodosie, vierge, moniale, martyre à Constantinople (745) ; saint Jean, fol en Christ à Oustioug (1494) ; saints martyrs et confesseurs de Russie : Jean (Preobrajensky), diacre et martyr André (Trofimov) (1938) ; saint Luc, archevêque Simferopol, confesseur (1961).
Lectures : Hébr. XI, 33 – XII, 2 /Matth. X, 32–33, 37-38 ; XIX, 27-30


LOUEZ DIEU DANS SES SAINTS ![1]
L
es Saints vivent dans le Christ Jésus et le Christ vit en eux. Dans les Saints, Il répète inlassablement, jusqu’à la fin du monde, le mystère unique de Sa mort et de Sa Résurrection, de l’incarnation de Dieu et de la déification de l’homme. Sur les fresques représentant les Martyrs et les Saints militaires – celles de certains réfectoires du Mont Athos notamment – on constate que si les Saints ont des postures, des vêtements et des attributs différents, ils ont à peu près tous le même visage, et ce visage est celui du Christ. Tels sont en effet les Saints: identiques en Christ, mais infiniment divers dans leurs caractères personnels et les conditions dans lesquelles ils ont reproduit l’œuvre du Sauveur, dans un lieu et à un moment donnés. Chez les Saints toutefois cette reproduction de la Passion du Seigneur n’est pas morne répétition. Elle est toujours nouvelle, toujours originale, toujours unique et contribue de manière irremplaçable à l’édification de l’Église des premiers-nés. Le Seigneur Jésus a ouvert la voie, Il a sauvé la nature humaine en mettant à mort dans Son propre corps la mort, mais il faut maintenant que chaque personne participe librement à cette œuvre de salut. Ce qui manque aux tribulations du Christ, écrit Saint Paul, je le complète dans ma chair au profit de Son corps qui est l’Église (Col I, 24). Ces paroles de l’Apôtre ne signifient pas qu’il manque quoi que ce soit à l’œuvre du Christ et à notre Rédemption, mais seulement que chacun d’entre nous doit communier volontairement et de manière personnelle à Sa Passion, pour avoir part à l’héritage des Saints dans la lumière de Dieu (ibid.).
Unis au Christ par la foi et la grâce, les Saints accomplissent les œuvres du Christ (Jn XIV, 12). Habitant en eux par le Saint-Esprit, c’est le Christ Lui-même qui accomplit par eux des miracles, convertit les païens, enseigne les secrets de la science spirituelle, réconcilie les ennemis et donne à leur corps la force d’affronter avec joie les plus horribles tortures ; de sorte que l’Évangile ne cesse d’être écrit jusqu’aujourd’hui par les œuvres évangéliques des Saints. Voilà pourquoi les Saints, proches et lointains, anciens et nouveaux, sont pour nous des guides sûrs nous conduisant au Christ qui habite en eux. Devenez mes imitateurs, tout comme je le suis moi-même du Christ (I Cor XI, 1), nous disent-ils avec saint Paul. Si nous voulons faire resplendir en nous l’image du Christ, nous devons donc souvent tourner nos regards vers les Saints pour avoir des exemples vécus et pratiques de la marche à suivre. Le peintre qui désire faire le portrait d’une personne qu’il ne voit pas devant lui, se sert de reproductions, les regarde attentivement, les compare pour s’en inspirer, de même nous faut-il regarder vers les Saints, lire leurs Vies, les comparer, pour savoir comment progresser dans la vie en Christ.
En lisant assidûment les Vies des Saints, en vivant avec tous les Saints (Eph III, 18), en nous promenant chaque jour dans ce jardin spirituel qu’est le Synaxaire, nous trouverons peu à peu certains Saints qui attirent davantage notre sympathie, notre émotion, notre affection. Ils deviendront pour nous comme des amis intimes à qui nous aimerions confier nos joies et nos peines, à qui nous demanderions plus spécialement le secours de leurs prières, dont nous aimerions souvent relire la Vie, chanter les tropaires et vénérer l’icône. Ces amis intimes seront pour nous une puissante consolation et des guides privilégiés sur la route étroite qui nous mène au Christ (Mt VII, 14). Nous ne sommes pas seuls sur ce chemin et dans ce combat, nous avons avec nous notre Mère, la Toute-Sainte Mère de Dieu, notre Ange Gardien, le Saint dont nous portons le nom et ces quelques amis que nous aurons choisis parmi la grande Assemblée des témoins de l’Agneau. Et si nous trébuchons sous l’effet du péché, ils nous relèveront ; lorsque nous serons tentés par le désespoir, ils nous rappelleront qu’avant nous, et plus que nous, ils ont souffert pour le Christ et goûtent désormais à la joie éternelle. Ainsi, sur le chemin rocailleux de cette vie, ces saints amis nous feront voir un peu de la lumière de la Résurrection. Cherchons donc dans les Vies des Saints ces quelques amis intimes et, avec tous les Saints, marchons vers le Christ.
Dans notre vie spirituelle, nous pouvons communiquer quotidiennement avec les saints de trois façons : en chantant leurs hymnes et leur office liturgique, en vénérant leur icône et en lisant leur Vie dans le Synaxaire. S’il est difficile à ceux qui vivent dans le monde de se rendre chaque jour à l’église pour chanter les louanges des saints, tous les chrétiens peuvent cependant chez eux, seuls ou en famille, chanter le tropaire des Saints du jour, tous peuvent vénérer leur icône, tous peuvent consacrer quelques instants à lire ou à relire leur Vie dans le Synaxaire. Toutefois, la lecture quotidienne de ces résumés des Vies des Saints ne nous sera vraiment profitable que si nous nous approchons d’eux avec les mêmes dispositions que lorsque nous vénérons une icône. Si imparfaites soient-elles, les notices du Synaxaire sont, en effet, dans le domaine du récit ce que sont les icônes dans le domaine de l’image : elles nous rendent le saint présent et peuvent nous apporter autant de grâce que les saintes icônes. Tout dépend de la simplicité de notre cœur. Ainsi, où que nous nous trouvions, quel que soit l’état de notre avancement spirituel, quel que soit notre désir de consacrer notre vie à Dieu, nous trouverons dans le Synaxaire un renouvellement de nos forces et comme un avant-goût de la vie éternelle, où tous les saints danseront avec les anges autour du trône de Dieu en disant : Saint, Saint, Saint est le Seigneur le Dieu Tout-Puissant, Celui qui était, qui est et qui vient ! (Ap IV, 8).
Tropaire du dimanche du 8ème ton
Съ высоты́ снизше́лъ еси́, Благоyтpóбне, погребе́нiе прiя́лъ ecи́ тридне́вное, да на́съ свободи́ши страсте́й, животе́ и воскресе́нiе на́ше, Го́споди, сла́ва Teбѣ́ !
Du haut des cieux, Tu es descendu, ô Miséricordieux ! Tu as accepté les trois jours au Tombeau afin de nous libérer des passions : ô notre Vie et notre Résurrection, Seigneur, gloire à Toi !



Tropaire de tous les saints, ton 4


И́же во все́мъ мípѣ му́ченикъ Твои́хъ, я́ко багряни́цею и ви́ссомъ, кровьми́ Це́рковь Твоя́ украси́вшися, тѣ́ми вопіе́тъ Ти́́ Xpисте́ Бо́же : лю́демъ Твои́мъ щедро́ты Твоя́ низпосли́, ми́ръ жи́тельству Твоeму́ да́руй, и душа́мъ на́шимъ ве́лію ми́лость.
Ornée du sang de Tes martyrs du monde entier comme de pourpre et de lin, Ton Église Te clame par leur intercession, ô Christ Dieu : étends Ta compassion sur Tes fidèles ; accorde la paix à Ton peuple et à nos âmes la grande miséricorde.

Kondakion de tous les Saints, ton 8
Я́ко нача́тки естества́, Насади́телю тва́ри, вселе́нная прино́ситъ Ти́ Го́споди богоно́сныя му́ченики. Тѣ́хъ моли́твами въ ми́рѣ глубо́цѣ Це́рковь Твою́, жи́тельствo Твое́, Богоро́дицею соблюди́ Много-ми́лостиве.
Comme prémices de la nature, le monde entier T’offre, Seigneur, les martyrs théophores, à Toi l’Auteur de la création ; par leurs supplications et les prières de la Mère de Dieu, garde Ton Église dans une paix profonde, ô Très-miséricordieux.

HOMÉLIE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME SUR LA LECTURE DES ACTES DES APÔTRES DE CE JOUR
« Cependant toutes ces personnes à qui l'Écriture rend un témoignage si avantageux à cause de leur foi, n'ont point reçu la récompense promise, Dieu ayant voulu, par une faveur particulière, qu'ils ne reçussent qu'avec nous l'accomplissement de leur bonheur ». Quelle est donc la récompense d'une foi si grande? Quel en sera le prix? Il sera tel qu'aucun discours ne saurait l'exprimer. Car Dieu a préparé pour ceux qui L'aiment une félicité que l'œil n'a point vue, que l'oreille n'a point entendue, que le cœur de l'homme ne pourrait comprendre. « Mais ils ne l'ont pas encore reçue » ; ainsi ils l'attendent encore, après être morts dans des tribulations si douloureuses. Depuis tant d'années qu'ils ont cessé de vivre, ils n'ont pas encore reçu; et vous seriez affligés de ne pas recevoir déjà, vous qui combattez encore ? Représentez-vous cette position étonnante d'Abraham et de Paul, attendant la consommation de votre bonheur pour recevoir alors leur pleine récompense. Car le Sauveur leur a dit qu'ils ne l'auraient pas, sans que nous soyons là pour la recevoir avec eux, comme un père dit à ses enfants qui ont fini leur travail, qu'ils ne se mettront pas à table avant que leurs frères soient venus. Et toi, tu t'affliges de n'avoir pas encore touché ton salaire? Que fera donc Abel qui a vaincu avant nous et n'a pas reçu la couronne? Que fera Noé, qui a vécu dans ces temps lointains, et qui t'attend, toi et ceux qui viendront après toi ? Vois-tu bien que nous leur sommes préférés et que notre condition est plus heureuse que la leur? Dieu, dit saint Paul, a prévu et préparé pour nous un sort meilleur. Pour qu'ils ne parussent pas, en effet, de meilleure condition que nous-mêmes, s'ils avaient été couronnés les premiers, Dieu a déterminé une époque où nous serons couronnés tous ensemble. Le héros vainqueur tant d'années avant toi, reçoit avec toi la couronne. Admire Sa sollicitude et Sa bonté. L'apôtre ne dit pas : Afin qu'ils ne fussent pas couronnés sans nous; mais : « Afin qu'ils ne reçussent pas sans nous la consommation de leur bonheur ». Ils ne la recevront qu'alors. Ils nous ont précédés au combat, ils ne nous ont pas devancés pour les couronnes. Dieu ne leur a fait aucun tort, et il nous fait un grand honneur. Pour eux, ils nous attendent comme des frères. Si nous ne sommes tous qu'un seul corps, il y a pour ce corps plus de plaisir à être couronné ensemble que par parties. En ce point même les justes sont admirables de se réjouir du bonheur de leurs frères comme s'il leur était propre. C'est donc encore un désir de leur âme qui se réalise, que d'être ainsi couronnés avec leurs membres. Être ainsi tous ensemble glorifiés, c'est un plaisir ineffable.
AU SUJET DU CARÊME DES SAINTS APÔTRES
Le lundi 12 juin commence le carême des saints Apôtres, qui se termine le 12 juillet, jour où l’on célèbre la mémoire de St Pierre et St Paul. Ce carême n’est pas un geste arbitraire de l’Église. Il nous fait imiter les saints Apôtres qui, après avoir reçu l’Esprit Saint et Vivificateur, se sont dispersés depuis Jérusalem, dans le jeûne et la prière, pour prêcher l’Evangile (cf. Actes XIII, 2). Ce carême est ancien, son existence étant témoignée dans de nombreux documents des  IVème et Vème siècles, notamment dans les écrits de St Athanase le Grand, St Ambroise de Milan et St Léon le Grand, pape de Rome. Durant ce carême, le typicon concède l’usage de poisson le samedi et le dimanche, ainsi que le mardi et le jeudi si l’on fête un Saint en l’honneur duquel on chante la grande doxologie à matines. S’il n’y a aucune fête, le lundi, le mercredi et le vendredi, il y a jeûne strict, tandis qu’il y a dispense d’huile et de vin le mardi et le jeudi. En tout état de cause, chacun doit jeûner avec discernement, en se souvenant que, selon les Pères de l’Église, le jeûne a pour but de tuer les passions et non point le corps.

[1] Introduction au Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras (version abrégée)