samedi 14 novembre 2015

Saint Maxime le Confesseur

“One must also in the name of truth be bold enough to affirm that the Cause of all things, through the beauty, goodness and profusion of His intense love for everything, goes out of Himself in His providential care for the whole of creation. By means of the supra-essential power of ecstasy, and spell-bound as it were by goodness, love and longing, He relinquishes His utter transcendence in order to dwell in all things while yet remaining within Himself.” - St Maximus the Confessor

"On doit aussi au nom de la vérité être assez hardi pour affirmer que la Cause de toutes choses, par la beauté, la bonté et la profusion de son amour intense pour tout, sort de Lui-même dans Sa sollicitude providentielle pour l'ensemble de la création. 

Par le biais de la puissance de l'extase supra-essentielle, et comme envoûté par bonté, l'amour et la nostalgie, Il renonce à Sa transcendance absolue afin de demeurer en toutes choses, tout en restant encore en Lui-même. "

Version française Claude Lopez-Ginity 
d'après

Staretz Joseph l'hésychaste: Dieu est partout!

“God is everywhere.  There is no place God is not…You cry out to Him, ‘Where art Thou, my God?'  And He answers, "I am present, my child! I am always beside you.'  Both inside and outside, above and below, wherever you turn, everything shouts, 'God!'  In Him we live and move. We breathe God, we eat God, we clothe ourselves with God.  Everything praises and blesses God.  All of creation shouts His praise. Everything animate and inanimate speaks wondrously and glorifies the Creator.  Let every breath praise the Lord."  - Elder Joseph the Hesychast


"Dieu est partout. Il n'est pas de lieu où Dieu ne soit pas… 

Vous lui criez: "Où es-tu, mon Dieu?" 

Et il répond: "Je suis présent, mon enfant! Je suis toujours à côté de toi." 

À l'intérieur et à l'extérieur, au dessus et en dessous, où que vous vous tourniez, tout crie: "Dieu!" En Lui nous vivons et nous nous mouvons. Nous respirons Dieu, nous mangeons Dieu, nous nous revêtons de Dieu. 

Tout loue et bénit Dieu. Toute la création crie Sa louange. Tout ce qui est animé et inanimé parle merveilleusement et glorifie le Créateur. Que tout souffle loue le Seigneur! "

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Le Royaume de Dieu


“To what can we compare the kingdom of God
Or in what parable shall we place it?
Like a mustard seed which is sown on the earth,
Smaller than all the seeds on the earth,
Yet when it is sown it grows and becomes greater
Than all the garden plants
And makes branches so big that under its shade
The birds of the sky may find there a place to rest.” - Mark 4:30-32


"A quoi comparerons-nous le Royaume de Dieu, ou par quelle parabole le représenterons-nous?

Il est semblable à un grain de sénevé, qui, lorsqu'on le sème en terre, est la plus petite de toutes les semences qui sont sur la terre; mais, lorsqu'il a été semé, il monte, devient plus grand que tous les légumes, et pousse de grandes branches, en sorte que les oiseaux du ciel peuvent habiter sous son ombre."
Evangile selon saint Marc 4:30-32

Source Photo: 

vendredi 13 novembre 2015

Saint Père Païssios et les animaux

death-to-the-world:“ #Geronda, how do animals sense a person’s goodness?"….. "They can instinctively sense if you love them. The animals in Paradise felt the fragrance of Grace and served Adam. Since the transgression, nature groans together with man” #SaintPaisios #dttw #deathtotheworld #animals #rabbit #monk #orthodox #orthodoxy
Saint Père Païssios

"Géronda, comment les animaux sentent-ils la bonté d'une personne?" 

"Ils peuvent instinctivement sentir si on les aime. Les animaux au Paradis sentaient le parfum de la Grâce et ils servaient Adam. Depuis la transgression, la nature gémit avec l'homme "

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


Fyodor Dostoïevski: Aime toute la Création de Dieu!

“Love all God’s creation, the whole of it and every grain of sand. Love every leaf, every ray of God’s light. Love the animals, love the plants, love everything.  If you love everything, you will perceive the divine mystery in things." 
                    - Fyodor Dostoevsky

"Aime toute la création de Dieu, l'ensemble de celle-ci et chaque grain de sable. Aime chaque feuille, chaque rayon de la Lumière de Dieu. Aime les animaux, aime les plantes, aime tout. Si tu aimes tout, tu percevras le mystère divin dans les choses. "

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Staretz Amphilochios de Patmos: l'Autre Commandement

“Do you know that God gave us one more commandment, which is not recorded in Scripture? It is the commandment “love the trees.“  When you plant a tree, you plant hope, you plant peace, you plant love, and you will receive God’s blessing.” - Elder Amphilochius of Patmos

"Savez-vous que Dieu nous a donné un commandement de plus, qui n'est pas enregistré dans l'Écriture? C'est le commandement "d'aimer les arbres." 
Lorsque vous plantez un arbre, vous plantez l'espoir, vous plantez la paix, vous plantez l'amour, et vous recevrez la bénédiction de Dieu."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

jeudi 12 novembre 2015

Qui est la véritable héritière de l'Apôtre Thomas?



Correspondance de deux Indiens: 
un orthodoxe et un non-chalcédonien

Au début 2015, Clément Nehamaiyah a écrit un article sur son cheminement vers l'Eglise orthodoxe dans Pravoslavie.ru en russe et en anglais. À notre agréable surprise, nous avons appris que l'article avait été lu en Inde et avait incité un Indien chrétien non-chalcédonien à écrire une lettre à Clément dans laquelle il tente de prouver que "l'Église orthodoxe indienne" est la véritable Eglise du Christ qui fut apportée à l'Inde par l'Apôtre Thomas. Nous avons demandé à Clément de répondre à cette lettre très intéressante, et son frère Polycarpe, qui est devenu orthodoxe avec son frère, a répondu.


L'apôtre Thomas, prêchant en Inde.
    
"Je suis choqué de lire ceci."

Lettre du non-chalcédonien Basil Varghese

Cher Clément,

Salutations au Nom de notre Seigneur!

Je suis tombé sur votre lettre intitulée, "La mission indienne sera la mission la plus fructueuse du monde". Tout d'abord, je vous félicite d'avoir trouvé la vérité dans l'Église orthodoxe.

Je vois que vous mentionnez vos connaissances sur les "monophysites", "jacobites" "qui se disent orthodoxes" en Inde. Permettez-moi de mentionner le choc que j'ai ressenti à cette lecture. Je fais partie de l'Eglise orthodoxe indienne, fondée personnellement par l'apôtre saint Thomas lui-même. Le Primat patriarche de cette Eglise est le Catholicos de l'Est, successeur au trône apostolique de saint Thomas. À l'heure actuelle, Sa Sainteté Baselios Mar Thoma Paulos II est le patriarche en exercice. Jusqu'à ce que les Portugais viennent en Inde en 1498 et commencent à essayer de dominer les chrétiens indigènes au siècle suivant, mon Église était en contact étroit avec l'Église de Perse (qui a également été fondée par saint Thomas). Il est donc correct de supposer que la foi de nos ancêtres aurait pu être nestorienne. Mais après un demi-siècle de domination catholique (1599-1653), mon Église a proclamé son indépendance par le serment de Slanting Cross en 1653, qui fut LA PREMIERE révolte ouverte en Inde contre la domination coloniale étrangère. Puis mon Église a envoyé des lettres à d'autres Églises de l'Est pour demander de l'aide-nous n'avions aucun évêque. Seule l'Église syriaque orthodoxe a répondu. Après plus de deux siècles de relation avec les évêques syriaques, mon Église a lentement absorbé leur liturgie et l'a adoptée intégralement au XIXe siècle.

S'il vous plaît comprenez que les Eglises orthodoxes orientales ne sont PAS monophysites. Si vous examinez le contexte historique et politique du Synode de Chalcédoine (comment Le Patriarche Anatole de Constantinople a été intimidé pour accepter le Tome de Léon par l'impératrice Pulchérie, comment un évêque de Rome avide de pouvoir a décidé de prendre sa revanche sur le modeste Patriarche d'Alexandrie- Notez que la même soif de pouvoir par le pape romain fut un facteur clé dans le Grand Schisme) et si vous étudiez soigneusement les termes "dans deux natures" contre "de deux natures", vous comprendrez la vérité. Fondamentalement, l'Orthodoxie byzantine et l'Orthodoxie orientale ont la même foi, seulement exprimée de façon légèrement différente, ce qui a semé la confusion. S'il vous plaît lisez les minutes de l'Accord de Chambésy.

A service in the Malankara Church.

Un office dans l'Église malankare.
    
Vous pouvez également consulter les œuvres du célèbre Révérend Père, le  Dr. V.C. Samuel et le célèbre Métropolite Paulos Mar Gregorios, qui éclairent ces questions.

En outre, le nom de "jacobite" est péjoratif. Nous avons rejeté ce nom il y a environ un siècle. Il a été utilisé par les "Melkites" pour se moquer de nous à cause de notre affinité pour Jacob Baraddaeus qui était anti-Chalcédonien. (Voyez combien vous n'aimez pas être appelés "melkites"? De même, nous n'aimons pas être traités de "Jacobites".)

À l'heure actuelle, compte tenu de l'extrémisme manifesté par les hindous, s'il vous plaît comprenez qu'il est temps pour les chrétiens de l'Inde de rester unis. Je suis originaire du Kerala. Même dans votre état de Maharashtra, l'Eglise orthodoxe indienne a un fort diocèse, avec un siège métropolitain à Mumbai. A Nagpur, nous avons un séminaire prestigieux (Séminaire de théologie orthodoxe Saint-Thomas). S'il vous plaît joigniez-vous à moi dans ma prière pour le rétablissement de la communion entre l'Eglise orthodoxe d'orient et l'Eglise orthodoxe orientale. Nous avons de grands espoirs dans la bonté de Sa Sainteté le Patriarche Kirill et de Son Eminence le Métropolite Hilarion [Alfeyev]. L'ancien Patriarche Sa Sainteté Alexis II était un grand ami de l'Eglise orthodoxe indienne. À l'heure actuelle, le prêtre orthodoxe russe, Père Dr. Stephen Headley est en visite dans un monastère de l'Eglise orthodoxe indienne à Kottayam, au Kerala. Prions pour la croissance de la fraternité entre l'Eglise orthodoxe d'Orien et l'Eglise orthodoxe orientale.

Bien à vous en Christ,
Basil Varghese
Kerala, Inde

*
"Nous sommes faits héritiers de l'Apôtre Thomas 
uniquement par succession [apostolique] ininterrompue."

Réponse du chrétien orthodoxe d'Inde, Polycarpe [Nehamaiyah]

Polycarp Nehamaiyah.

Polycarpe [Nehamaiyah]
    
Cher Monsieur,

Salutations au nom du Très Saint Jésus-Christ!

Je suis heureux de savoir que ma lettre de témoignage a été lue en Inde. Je suis également heureux de recevoir votre réponse à laquelle je réponds avec un amour fraternel. Je peux comprendre votre réaction choquée en tant que membre de l'Eglise orthodoxe orientale. Si j'étais anglican aujourd'hui, peut-être que je me serais senti de même, mais cela aurait été un sentiment de zèle pour ma secte, mais néanmoins un sentiment sans aperçu de la vérité complète et de son expérience. Il y a de multiples angles pour voir ou juger une chose, c'est-à-dire, l'angle complètement faux, l'angle partiellement juste et partiellement faux, et l'angle tout à fait juste. 

Les gens considérant chacun de ces angles pensent qu'ils ont raison et leur point de vue est correct; Toutefois, ce qui importe, n'est pas ce que les gens pensent d'une certaine chose de leur point de vue, mais ce qu'est la vérité. Ceci est particulièrement important lorsque nous parlons de "La" foi chrétienne, qui est la vie de l'Esprit Saint dans l'Eglise de la Sainte Trinité. Et pour cette raison, nous devons avoir la manière correcte de voir et de juger une affaire à la gloire de Dieu, au lieu du blasphème. Comme orthodoxe, je suis en désaccord non seulement avec l'histoire que vous avez mentionnée, mais aussi avec la théologie; mais je vous assure que ma réaction de désaccord et ma réponse n'est motivée que par l'amour et le souci de mon bien-aimé compagnon croyant en Christ.

J'ai étudié l'histoire de l'Eglise indienne et sur cette base que je peux dire en toute sécurité que L'Eglise orthodoxe malankare syrienne, également connue sous le nom d'Eglise orthodoxe indienne, a été séparée de l'Église chrétienne syrienne jacobite, qui est en communion avec et est sous le Patriarcat syriaque orthodoxe. Ainsi, en ce qui concerne l'histoire, l'Eglise orthodoxe malankare syrienne est entrée en existence en 1912 au lieu de l'an 1 A.D., comme cela est communément revendiqué par les fidèles de ladite église. 

L'actuel chef de l'église Sa Sainteté Baselios Mar Thoma Paulose II est connu comme Catholicos oriental et Métropolite malankar, plutôt que sous le titre de Patriarche. Fondamentalement, en vérité, aucun organisme chrétien en Inde ne peut prétendre être l'Église établie par l'Apôtre Thomas. L'Apôtre Thomas a établi l'Eglise orthodoxe en Inde, mais après son martyre, pendant 300 ans l'église de Saint-Thomas est restée sans prêtres, dépendant de l'Eglise de Perse, qui était aussi orthodoxe à l'époque, mais qui est devenu nestorienne en 489 AD -plus spécifiquement après la mort du patriarche Acace, qui était le dernier Patriarche orthodoxe du Siège de Séleucie-Ctésiphon. 

Depuis l'Eglise indienne a été supervisée par l'Eglise de Perse, Elle est également devenu nestorienne sous sa direction. A la fin du XVIe siècle, les portugais catholiques romains sont arrivés et ont converti la plupart de l'église nestorienne existante, tandis qu'une petite portion restante séparée de l'Église latine est devenue orthodoxe orientale Miaphysite  en 1665 après avoir reçu le Patriarche syriaque orthodoxe évêque de Jérusalem Gregorios Abdul Jalil. La raison pour laquelle je mentionne cette histoire c'est pour montrer que l'église de Saint-Thomas est morte au Ve siècle et est restée morte pendant la conversion latine et jacobite. Par conséquent, comme je le disais aupavant, aucun organisme chrétien en Inde ne peut se targuer d'être l'Église établie par l'Apôtre Thomas. Ce n'est pas la succession ou la continuité de la généalogie ou la simple imposition des mains qui importe ou fait de nous des successeurs des Apôtres, mais la continuité de la foi, et non pas dans une même foi, ni dans une foi presque identique, mais dans une foi exactement identiqus, qui est la vie et l'œuvre du Saint-Esprit,  l'unique Seigneur ayant un corps habité par un seul Esprit qui porte Une Foi en l'Epouse du Christ toujours présent.

Maintenant, concernant la controverse de Chalcédoine, je dirais que c'est un problème déjà résolu. J'ai lu le livre du Dr Samuel V.C. intitulé Le Concile de Chalcédoine Reconsidéré, et je dois admettre que c'est un livre intéressant. Mais encore une fois, je tiens à souligner qu'il faut avoir une perspective correcte pour éviter les erreurs. Je conviens que couramment les Orientaux sont appelés monophysites, ce que les Orientaux [orthodoxes] trouvent péjoratif et ce qui n'est également pas un terme tout à fait exact pour désigner les Orientaux, il est donc préférable de les appeler Orientaux Miaphysites comme je voyais le Pape copte Chenouda III le préférer ou simplement non-chalcédoniens.

Par ailleurs, "jacobite" n'est pas péjoratif, puisque l'Église chrétienne syrienne jacobite l'utilise pour elle-même, pas plus que le terme "melkite" n'est péjoratif pour moi. Tant que l'empereur, tout hiérarque de l'Eglise, ou même un laïc est orthodoxe, cela ne me pose aucun problème d'utiliser ce nom pour moi-même. 

Quoi qu'il en soit, l'accord de Chambésy dont vous avez parlé n'est pas honnête vis-à-vis de la vérité, il n'est pas non plus accepté par l'Eglise orthodoxe russe, ni par le mont Athos. Nous ne voulons la guérison de tous les schismes, mais ce devrait être avec sincérité et honnêteté envers la vie de l'Esprit Saint, sinon nous nous trompons en [acceptant une] fausse union. L'Église est une entité vivante; elle n'est jamais passée, elle est toujours dans le présent, parce qu'elle possède la plénitude du Christ et de la vie continue de Son Esprit. 

Le Très Saint Corps du Christ a déjà défendu et proclamé la foi au Fils de Dieu en ce que l'union hypostatique du Logos incarné est non seulement "de deux natures '', mais est également "en deux natures »- le seul et l'unique Christ, le Fils unique de Dieu. La définition de Chalcédoine proclame la foi orthodoxe de laquelle les anciens prophètes ont témoigné. Ainsi, le Seigneur Jésus-Christ Lui-même nous l'a enseigné; ainsi était donc le Symbole légué par les Pères. Ainsi, est également le Tome du saint Pape Léon. Personnellement, j'aime ce Tome, car il explique magnifiquement et avec simplicité l'Union hypostatique. Le Tome de saint Léon n'a pas été imposé à l'Église par l'impératrice. Comment est-ce possible? Même si nous supposons que saint Anatole de Constantinople a été poussé à accepter le Tome, comment pourrions-nous expliquer qu'après avoir lu le Tome, tous les évêques s'écrièrent, "Telle est la foi des pères; telle est la foi des Apôtres. Nous croyons tous ainsi, ainsi croient les orthodoxes "? En outre, saint Anatole était lui-même originaire d'Alexandrie, éduqué dans l'école d'Alexandrie. Il connaissait la distinction entre la christologie des orthodoxes et des non-orthodoxes, et donc il s'en tenait fermement à la christologie exposée dans le Tome et rejetait avec d'autres évêques la contradiction. C'est une erreur de dire que l'Orient et les Orientaux ont la même foi, car comment le Tome de saint Léon peut-il être orthodoxe et hérétique dans le même temps?

L'Eglise a glorifié le Pape Léon comme Saint et docteur de l'Eglise, mais elle a condamné Dioscore et Sévère. L'action de l'Eglise, établit très clairement ce qu'est la foi orthodoxe et ce qu'elle n'est pas. Voilà pourquoi toute hypothèse selon laquelle notre foi serait la même [que celle des monophysites] est étrangère à l'Église du Christ. La question de Chalcédoine est très importante et il ne faut pas la prendre à la légère parce que Jésus nous demande, "Qui dites-vous que je suis? (Matthieu 16:15). Notre réponse détermine si elle est du Père dans le ciel ou de notre intellect. 

Saint Vincent de Lérins nous aide à déterminer l'orthodoxie de notre foi. Il dit: "Et, dans l'Église catholique elle-même, il faut veiller soigneusement à s'en tenir à ce qui a été cru partout, et toujours, et par tous ; car c'est cela qui est véritablement et proprement catholique, comme le montrent la force et l'étymologie du mot lui-même, qui enveloppe l'universalité des choses. Et il en sera finalement ainsi, si nous suivons l'universalité, l'antiquité, le consentement général. Nous suivrons l'universalité, si nous confessons comme uniquement vraie la foi que confesse l'Église entière répandue par tout l'univers ; l'antiquité, si nous ne nous écartons en aucun point des sentiments manifestement partagés par nos saints aïeux et par nos pères ; le consentement enfin si, dans cette antiquité même, nous adoptons les définitions et les doctrines de tous, ou du moins de presque tous les évêques et les docteurs. (Commonitorium de saint Vincent de Lérins, Ch.2)*

La guérison du schisme et la restauration de la communion est vraiment désirée et recherchée mais elle ne peut pas être réalisée jusqu'à ce que des tentatives sont faites sérieusement, fidèlement, honnêtement et étant d'un même esprit avec l'Eglise. C'est vraiment un acte béni que de prier pour la ré-union et nous prions toujours pour cela. Continuons à prier pour cette cause. Je comprends aussi votre appel à être unis en Inde en cette période de tensions. En effet, nous devons rester unis, en nous aidant les uns les autres, en priant les uns pour les autres et en donnant un témoignage du Christ ensemble, de sorte que le Nom de notre Seigneur et Dieu soit glorifié par tous et en tous. Amen.

En Christ,

Polycarpe [Dr Rohan Nehamaiyah]

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


*Texte bilingue latin-français


mardi 10 novembre 2015

Jean-Claude LARCHET: Recension: « Homme perfectible, homme augmenté ? », un numéro hors-série de la « Revue d’éthique et de théologie morale »

Homme_perfectible

Marc Feix et Karsten Lehmkühler (éd.), Homme perfectible, homme augmenté ?, Actes du colloque de l’ATEM (Association des théologiens pour l’étude le la morale), Strasbourg le 29 août 2014,Revue d’éthique et de théologie morale, hors-série, n° 286, Éditions du Cerf, Paris, 2015, 226 p.
Au cours de ces dernières décennies se sont développées aux États-Unis, puis répandues dans le monde occidental, diverses théories qui se rattachent à ce que l’on appelle le courant transhumaniste, qui est puissamment soutenu par de grands groupes internationaux comme Google.
Ce courant vise à un dépassement des limites de l’homme actuel. Il comporte à un premier niveau la promotion de tous les moyens techniques permettant ce que l’on appelle en anglais un human enhancement, c’est-à-dire un perfectionnement et une « augmentation» de l’être humain. Comme le montre cette double traduction, ce dépassement est envisagé à des degrés divers qui peuvent aller d’un simple remède à des maladies ou des infirmités, jusqu’à une amélioration des performances physiques, psychiques et intellectuelles, réalisant un être humain ayant des capacités et des performances supérieures à celles de l’homme actuel. Cela débouche sur le concept plus large de transhumanisme, qui désigne un mouvement qui a l’ambition de créer un homme supérieur, ayant une nature différente de la nature présente, une nature qui accédera notamment à l’incorruptibilité et à l’immortalité, et à une toute-puissance sur elle-même et son environnement, une nature quasiment parfaite.
Cette conception qui remet en cause la conception de l’homme actuel, de ses limites, de son imperfection, et qui ambitionne de changer sa nature même pour lui conférer des qualités quasi-divines ne peut qu’interpeller les chrétiens. L’ATEM (Association des théologiens pour l’étude de la morale), qui réunit des universitaires catholiques et protestants spécialisés dans le domaine de l’éthique ou susceptibles d’apporter leurs compétences à la réflexion éthiques, lui a consacré son dernier colloque annuel. Comme chaque année, un numéro hors-série de la Revue d’éthique et de théologie morale contient les Actes de ce colloque.
Une première partie regroupe les communications relatives à une « Approche philosophique et scientifique »:
— Bernard Baertschi, « “Human enhancement”: enjeux et questions principales »
— Jean-Louis Mandel, « Améliorer la condition humaine par la génétique? »
— Ghislain Waterlot, « Entre amélioration et aliénation: réflexions à partir de la “perfectibilité” chez Rousseau et chez Bergson »
— Pascale Lintz, « “Enhancement” et nanotechnologies »
— Otto Schäfer, « La notion d’ “homme végétal”, une piste pour renouveler le discours anthropologique chrétien? »
— Valentine Gourinat, « Le corps prothétique: un corps augmenté?
— Barbara Duarte, « Le piratage corporel ou “body hacking” au service de l’augmentation corporelle »
Une deuxième partie concerne l’« Approche biblique »:
— Christian Grappe, « La notion de perfection dans le Nouveau Testament et les réflexions contemporaines relatives à l’ “human enhancement” »
Une troisième partie contient les exposés se rapportant à l’« Approche d’éthique théologique et de spiritualité »:
— Karsten Lehmkühler, « La théologie face à l’amélioration de l’homme »
— Marie-Jo Thiel, « L’homme augmenté aux limites de la condition humaine »
— Alberto Bondolfi, « Comment argumenter à propos de l’amélioration de la condition biologique de la vie humaine? »
— Jean-Claude Larchet, « La déification (“théôsis”) comme accomplissement de l’homme »
— François Marxer, « Accomplissement, performance, dépassement: quelle excellence choisir? »
Ces communications ont, comme on l’aperçoit à leurs titres, des contenus très variés. Plusieurs d’entre elles ont souligné les limites de l’ambition de créer un homme parfait, tant du point de vue de sa réalisation technique que de son principe même, notant que le christianisme a fortement valorisé l’humilité et la faiblesse, dont le Christ lui-même, comme Dieu qui s’est fait homme, a montré l’exemple, et que le projet du christianisme consiste pour une part à assumer les limites de la nature dans l’état actuel qui est le sien, qui ne sont pas forcément négatives mais peuvent servir de support à une construction et une amélioration spirituelles de soi.
Ayant été invité à présenter le point de vue orthodoxe (qui s’est jusqu’à présent très peu exprimé dans ce débat, non seulement en France mais à l’étranger), j’ai pour ma part, dans l’introduction de mon exposé qui n’a pas été reproduite dans la version éditée, tout d’abord montré les limites internes du courant transhumaniste.
J’ai fait remarquer en premier lieu que celui-ci a deux fondements:
— Bien que l’on parle à son sujet de transhumanisme ou de posthumanisme, il s’enracine globalement dans l’humanisme né à la Renaissance et développé au XVIIIe siècle par les « Lumières », c’est-à-dire dans une conception qui considère l’homme comme existant d’une manière absolue, indépendamment de Dieu, pour lequel il ne peut y avoir aucun apport surnaturel, mais seulement un apport culturel, c’est-à-dire venant des productions sociales.
— Il est pour l’essentiel lié au progrès technologique, avec l’idée que c’est au moyen des nouvelles technologies surtout (en particulier robotiques, informatiques et génétiques) que l’homme pourra être amélioré, augmenté, transformé et dépassé ; dans ce sens il a une base matérialiste . Dans la mesure où les technologies se fondent sur les sciences, et où le transhumanisme pense que des solutions à presque tous – sinon à tous – les problèmes de l’homme pourront être apportées par les progrès technologiques fondés sur le progrès scientifique, il s’enracine aussi dans le scientisme, un courant philosophique né à la fin du XIXe siècle, selon lequel tout problème de l’existence humaine est susceptible de trouver, actuellement ou dans le futur, une solution dans la connaissance scientifique.
Bien que le mouvement transhumaniste et en particulier les théories de l’enhancement se veuillent ultra-modernes (et même futuristes) on voit donc que leurs fondements reposent sur l’humanisme de la Renaissance, le rationalisme des Lumières, le scientisme du XIXe siècle et le technologisme né à la même époque.
J’ai noté ensuite que, par rapport à ses fondements mêmes, le transhumanisme et ses corrélats présentent cependant un certain nombre de faiblesses :
1) L’humanisme en tant qu’idéal moral est mis a mal par le transhumanisme dans la mesure où en augmentant la part de technicité dans le fonctionnement physique et psychique de l’être humain, il réduit du même coup la part d’humanité, et pourrait, au terme de sa logique, déboucher sur « un monde sans humain » pour reprendre le titre d’une enquête récente de la chaine de télévision Arte.
2) La rationalité scientifique sur laquelle repose le technologisme du transhumanisme est mise à mal par la forte part d’illusion que comporte un monde transhumain, actuellement et sans doute à jamais bien plus imaginaire que réel. À cet égard, le transhumanisme, pour une grande part, relève plus de la science-fiction que de la science. Dans l’imaginaire qu’il développe se projette un certain nombre de fantasmes humains, comme un désir de perfection (physique, psychique et intellectuelle), de toute-puissance et d’immortalité acquises par des moyens humains.
3) Le transhumanisme se montre aveugle quant aux limites de la technologie face au vieillissement du corps humain dans sa totalité et quant à la mort qui constitue l’horizon inévitable de la vie humaine (on voit bien aujourd’hui comment l’augmentation de la durée moyenne de vie, dont la médecine se targue, est corrélée par toutes sortes de maladies dégénératives qui affectent le grand âge et ne trouvent leur solution que dans la mort).
4) Au lieu d’augmenter l’homme, comme il le prétend, le transhumanisme le diminue parce qu’il se centre essentiellement sur les performances ou les qualités du corps, et l’ampute donc pour une grande part de sa dimension psychique et pour la totalité de sa dimension spirituelle.
5) Dans la mesure où il vise à améliorer les performances psychiques et intellectuelles de l’homme, il les traite sur un plan essentiellement quantitatif, n’ayant de par sa nature technologique que peu de prise sur le qualitatif. La prétendue capacité de choix réalisée par des moyens informatiques, relève essentiellement de la classification et des probabilités, qui restent du domaine de la quantification. Les fonctions intellectuelles qu’il est susceptible de toucher restent de l’ordre du calcul et sont améliorées du point de vue de la rapidité, de la quantité d’information traitée, et du respect de règles logiques posées au départ. Elles manquent d’intelligence et de compréhension au sens d’appréhension du sens et de référence à des valeurs.
6) Lorsqu’il vise la qualité, comme c’est le cas de la génétique, le transhumanisme tombe dans des pratiques eugénistes contestables, et fait dépendre les choix de critères individuels (comme le désir ou la fantaisie des parents) ou sociaux (par exemple le besoin d’une société donnée d’avoir plus de filles ou plus de garçons, où, comme on l’a vu à l’époque du nazisme, le désir d’obtenir une race pure) qui sont non seulement discutables mais extérieurs à la personne concernée.
7) La plus grande faiblesse du transhumanisme et de l’enhancement est d’envisager une amélioration et une augmentation de l’être humain sans être capable de poser et de résoudre le problème de leur sens lorsqu’elles dépassent les limites d’une réparation ou d’un rétablissement d’ordre thérapeutique, ni le problème de leur valeur, ni même souvent, le simple problème de leur utilité.
J’ai souligné enfin que le transhumanisme (en dehors de ce cas de visée thérapeutique, très particulier et non caractéristique) pose un problème par rapport à la foi chrétienne : ce mouvement, qui prend souvent la forme d’une idéologie, se positionne en effet sinon contre la religion, du moins comme un substitut (ou ersatz) de celle-ci.
C’est ce que fait apparaître le corps de mon exposé (édité dans ce volume) dont le but est de présenter le perfectionnement de l’homme et son dépassement tels que les conçoit le christianisme et plus spécialement tel que les ont théorisés, au cours du premier millénaire surtout, les Pères grecs dans leur élaboration de l’anthropologie chrétienne, et particulièrement dans leur doctrine de la déification de l’homme (theôsis).

Sur le blog de Jean-Michel


*
Rappel à Dieu de l'higoumène Paul (Pellemans) ce 07.11.2015

C'est une perte humaine pour l'Église de Belgique, mais aussi une naissance au Ciel qui apportera de l'aide en plus à nombre d'entre nous qui avons connu et apprécié père Paul durant sa vie terrestre. Mémoire éternelle



Voici un beau résumé de sa vie par cette lettre reçue de Suisse à l'archevêché russe-orthodoxe, à Bruxelles:

Cher Monseigneur, bénissez !

Cher Pères,
Chers Frères et Soeurs,
Chers Amis,

Nous venons d'apprendre la naissance au Ciel de l'higoumène Paul (Pellemans), clerc du diocèse de Belgique du Patriarcat de Moscou, samedi 7 novembre, jour de la commémoration des défunts (Samedi de Dimitri). C'est en toute vraisemblance un infarctus qui l'a emporté vers 1 heure du matin. Les obsèques auront lieu samedi 14 novembre à 10h à la cathédrale orthodoxe russe Saint-Nicolas de Bruxelles (rue des Chevaliers 29).

Père Paul était fils spirituel de notre fondateur, l'archevêque Serafim (Rodionoff) de Zurich. Il venait quasiment chaque année au monastère. Ensemble, nous partagions cet héritage spirituel où l'amour, la miséricorde et le pardon de Dieu, fruits de la vie dans le Saint-Esprit, tenait une place essentielle. Père Paul avait été ordonné par Mgr Serafim en 1982. Il était présent au monastère lors des obsèques de l'archevêque Serafim et fut témoin du parfum de myrrhe qui embauma l'église et sa tombe plusieurs jours durant.

Attaché de longues années à la cathédrale Saint-Nicolas de Bruxelles, il y était apprécié des fidèles et de l'archevêque Basile (Krivocheïne). Il fit aussi plusieurs remplacements à notre paroisse de Zurich, dans les années 80. Plus tard il fonda la paroisse de Tous-les-Saints-de-la-terre-russe à Lasne-Sauvagement, puis à Ottignies, dont il devint le premier recteur. C'est à lui aussi que l'on doit la fondation de la chapelle orthodoxe russe de l'université de Louvain-la-Neuve. Feu le métropolite Vladimir (Sabodan) de Kiev, alors exarque à Paris, l'avait envoyé quelques temps à l'académie de théologie de Saint-Pétersbourg, ce qui l'avait profondément touché.

Professeur d'économie à l'université de Louvain-la-Neuve, il considérait souvent son cours comme une seconde paroisse. Sans qu'il fasse étalage de son sacerdoce, il amenait avec subtilité ses étudiants à considérer l'essentiel, à partir d'une branche peu encline à cela. Ainsi donc, il a fait preuve d'un véritable esprit missionnaire. Bien des occidentaux lui sont redevables de leur conversion à l'Orthodoxie.

Durant sa vie, Père Paul a beaucoup souffert moralement. Mais cet expérience intérieure lui donnait une capacité d'écoute et de compassion peu commune et en faisait un confesseur apprécié.

En 2013, deux accidents vasculaires cérébraux et un infarctus l'ont cloué sur une chaise roulante et avaient "mangé" certaines de ses facultés. Il avait depuis lors une mémoire "à trous".

Nous avions senti en communauté l'appel pressant à lui rendre visite. Je l'ai donc rencontré il y a trois semaines. Il était lucide et nous avons parlé ensemble une bonne heure. Il était paisible, m'a dit ne pas s'ennuyer, ni éprouver le sentiment de solitude. Il me disait qu'il occupait ses journées à la prière.

Toutes nos condoléances vont à sa famille, en particulier à sa sœur Thérèse, à ses anciens paroissiens, ses confrères, et à Mgr l'archevêque Simon de Bruxelles et de Belgique.

Nous recommandons son âme à vos prières. Le quarantième jour sera le mercredi 16 décembre. Que le Seigneur lui soit miséricordieux. Qu'Il lui accorde la rémission de tous ses péchés, lui ouvre toutes grandes les portes du paradis, le repos et une mémoire éternelle. Вечная память!

+ Archimandrite Martin et la communauté monastique de la Très Sainte et Divine Trinité de Dompierre (Suisse)

lundi 9 novembre 2015

Pourquoi la Serbie s'oppose à la candidature de la République du Kosovo à l'UNESCO!

Blason



Discours de Son Eminence 

M. TOMISLAV NIKOLIC, 

PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE SERBIE, 

AUX AMBASSADEURS ACCREDITES A BELGRADE, 

suite à la proposition de l'Albanie 

concernant l'admission 

de la dite «République du Kosovo» 

À L'UNESCO

*

Palais de Serbie, salle de Yougoslavie,

Belgrade, le 16 octobre 2015

 Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je vous ai invité ici aujourd'hui pour vous informer directement du grave problème auquel fait face la Serbie, notre région dans son ensemble, l'Europe et le reste du monde.

Je me réfère à la proposition relative à l'admission de la dite «République du Kosovo» à l'UNESCO.

Certains d'entre vous pourraient penser que j’exagère quand je dis que ce problème affecte les pays de tous les continents. Dans ma déclaration, je vais tenter d’évoquer la complexité et la gravité de cette question, qui a, au cours des dernières semaines, accru nos préoccupations quant à savoir si la voie véritable qui mène à la stabilisation des relations entre Belgrade et Pristina, sera jamais trouvée, et si elles seront posées sur des fondations à l’épreuve de l’avenir, fructueuses pour les deux parties de manière égales, ou presque égales.

Vous savez tous très bien que le seul véritable accord entre deux parties en conflit est celui que les deux parties en négociation acceptent véritablement, de tout cœur, avec des explications rationnelles, et sans aucune indignation. Chaque accord imposé ou en mesure de produire un mécontentement permanent pour n’importe quelle partie, n’est pratiquement pas un accord, mais un foyer de conflits futurs. Où que cela puisse être.

En outre, vous êtes tous bien au courant du fait que le schisme fondamental entre Belgrade et Pristina a eu lieu en raison d'une décision unilatérale des autorités de Pristina de déclarer un nouvel Etat albanais sur le territoire serbe. Par conséquent, tout ce à quoi nous sommes confrontés aujourd'hui a été engendré par cette simple sécession.

Nous sommes conscients que tous les pays n’interprètent pas ce qui vient d’être mentionné de cette manière, car ce n’est pas leur territoire qui est compromis; Néanmoins, je crois qu'il est très clair pour tout le monde que cette interprétation est la bonne.

Tout le monde peut se rappeler que, avant cette sécession unilatérale, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la Résolution 1244 (1999), en reconnaissant et en insistant sur la souveraineté de la Serbie sur le Kosovo-et-Métochie. Tout ce qui a suivi plus tard, a été considéré politiquement comme étant sur la base de cette prémisse incontournable. Je me réfère à ces Etats qui respectent pleinement le droit international, la Charte des Nations Unies, et par conséquent les décisions du Conseil de sécurité, principal organe exécutif de l'Organisation des Nations Unies, responsable pour la paix et la sécurité internationales.

Aujourd'hui aussi, la majeure partie de l'humanité adhère encore à ces dispositions fondamentales et ne souhaite pas encourager les mouvements séparatistes et une déclaration unilatérale des Etats, sur les territoires des États membres de l'ONU.

Dans le désir de faire un grand effort vers la paix, la Serbie a décidé, en 2012, de se lancer dans des négociations facilitées par l’Union Européenne et dans une harmonisation, tout cela dans le but d'assurer une vie normale et de  meilleure qualité pour tous les habitants du Kosovo-et Métochie. Bruxelles a été choisie comme capitale, où toutes les questions, je le répète toutes les questions concernant les relations entre Belgrade et Pristina, seront mises sur la table, et discutées en toute bonne foi.

Cependant, que se passe-t-il aujourd'hui? Après l'accord de Bruxelles à partir d’avril 2013 et d'autres qui ont suivi, la Serbie a mis en œuvre les engagements pris et n'a épargné aucun effort pour les mettre pleinement en œuvre. Les questions qui figuraient en premier à la table de négociation, étaient la formation de la Communauté des municipalités serbes et le règlement des questions de propriété en général, tandis que la restitution de la propriété située au Kosovo-et-Metochie qui appartient, depuis des temps immémoriaux, à l’Eglise l'orthodoxe serbe, ce qui peut être authentifié par les chartes des bienfaiteurs et des documents de propriété juridique valables depuis le Moyen Age, étaient sensée être examinée séparément.

La partie serbe a, depuis le lancement de ces négociations, souligné le fait qu'elles ne peuvent pas être menées à bien sans un accord définitif concernant la position de l'Eglise orthodoxe serbe et la protection adéquate de toutes ses églises et des objets qui l'accompagnent. Il a été dit à d'innombrables occasions que le patrimoine culturel du peuple serbe, construit depuis plus d'un millénaire au Kosovo-et-Métochie, ne doit pas être enlevé à ceux qui le réclament de par les lois de la nature et du droit international applicable.

La Serbie est le seul pays d’Europe qui, en plus de la saisie d'une partie de son territoire, l'expulsion de ses habitants, leurs meurtres impunis et le prélèvement de leurs organes, connaît maintenant des tentatives faites contre son patrimoine culturel sous la protection de l'UNESCO.

Ce patrimoine est intimement lié à l'histoire de la vie et de la présence séculaire du peuple serbe dans ce territoire. Par conséquent, les attaques sur le patrimoine serbe qui ont été perpétrées depuis 1999, en présence de chacun d'entre nous, sont des attaques contre l'identité des Serbes et ont une influence directe sur la perception de leur sécurité et de leur acceptation dans une communauté locale. Tout cela fait partie du processus de réécriture des faits historiques visant à marginaliser et éliminer les Serbes et la Serbie de l'histoire du Kosovo-et-Métochie. Dans le même temps, cela révèle l'essence des aspirations "du Kosovo" vis-à-vis de l’appartenance à l'UNESCO, bien que ses promoteurs tentent de se montrer différemment.

Il est évident qu’il y a  un énorme fossé entre le plaidoyer déclaré et les actions concrètes prises par Pristina en ce qui concerne la protection du patrimoine serbe au Kosovo-et-Métochie,  fait mieux étayé par des exemples pratiques. Depuis Juin 1999, qui a vu la cessation des conflits armés jusqu'à maintenant, 236 églises, monastères et autres bâtiments appartenant à l'Eglise orthodoxe serbe, y compris les monuments culturels et historiques, ont été l'objet d'attaques. Sur ce nombre, 61 ont le statut de monuments culturels, et 18 sont d'une extrême importance pour la République de Serbie : l’église de la Vierge Hodiguitria (1315), l'église de Saint-Nicolas (1331), l'église du Saint Sauveur (1348), l'Ermitage et le monastère de Saint-Pierre Koriški (début du XIIIe siècle) - pour n’en citer que quelques-uns.

Dans le territoire du Kosovo-et-Métochie, 174 objets religieux et 33 monuments culturels et historiques ont été détruits, plus de 10.000 icônes, objets artistiques et objets de culte ont été volés. 5.261 pierres tombales ont été détruites ou endommagées dans 256 cimetières orthodoxes serbes, et pas une seule pierre tombale ne peut maintenant être trouvée dans plus de 50 cimetières orthodoxes.

Au sud de la rivière Ibar, pas un seul monument de l'histoire serbe n’a survécu. Des monuments honorant Milos Obilic, Lazar de Serbie, Vuk Karadzic, Dositej Obradovic, Petar Petrovic Njegos et beaucoup d'autres grands hommes qui ont marqué l'histoire et la culture serbe, ont été détruits. L'étendue de la destruction de tout ce qui rappelle d’une manière ou d’une autre les siècles de présence serbe au Kosovo-et-Métochie est illustrée par le fait que le pin qui se dressait dans le village de Nerodimlje près de Urosevac, que l’on estimait  avoir été planté en 1336 par l'empereur médiéval Dusan lui-même, a été abattu. Aucune ville au sud de la rivière Ibar n’a une rue qui porte le nom d'un personnage historique serbe.

Excellences,

Permettez-moi tout d'abord de rappeler les documents internationaux les plus importants qui constituent la base juridique qui invitent la seule République de Serbie à protéger, réhabiliter et préserver son patrimoine culturel au Kosovo-et-Métochie:

- Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé (1954), aussi connu comme Convention de La Haye, - Résolution des Nations Unies, Conseil de sécurité 1244 (1999), annexe 2, point 6, qui réaffirme que les forces armées et les équipes d’experts (je cite) " maintiendront une présence dans les lieux du patrimoine serbe" (fin de citation),

- La MINUK-RFY Document commun réaffirmant (je cite) "la volonté d'appliquer les dispositions pertinentes de la Convention de La Haye" (fin de citation). - Application pratique de la protection et la préservation des biens culturels mise en œuvre sur la base de la Convention pour la protection du patrimoine architectural de l'Europe (1985), la Serbie étant son signataire depuis 2001, et enfin

- Loi sur la protection des monuments culturels adoptée en référence au Kosovo-et-Métochie en 1977, valide car elle respecte le règlement No 1999/24 de la MINUK, qui établit que "la loi applicable au Kosovo est la loi en vigueur au Kosovo le 22 Mars 1989."

Je ne veux même pas parler du droit inaliénable à la propriété foncière et immobilière comme base juridique. Les biens culturels serbes inscrits sont, dans presque 80% des cas, détenus par l'Eglise orthodoxe serbe et la République de Serbie.

Enfin, chaque État et individu trouve que la Déclaration de Vancouver (1976) est le document le plus éloquent, quand il s'agit de défendre le droit de chaque pays d' (je cite) "avoir le droit d'être un héritier souverain de ses propres valeurs culturelles créées tout au long son histoire." (fin de citation) Ceci est le droit de chaque pays, car son passé, présent et futur peuvent être identifiés avec son patrimoine culturel. Il n'y a ni motifs, ni raisons pour transférer ce droit à tout autre pays, à un autre groupe ethnique, ou à d'autres personnes.

Maintenant, permettez-moi de vous familiariser avec la chronologie des efforts pour préserver le patrimoine médiéval serbe, depuis l'arrivée des forces internationales sur le territoire du Kosovo-et-Métochie, le pogrom de mars 2004, qui est une histoire en soi.

La première mission de l'UNESCO est venue au Kosovo-et-Metochie, le 22 juillet 1999, peu après le bombardement de la RF de Yougoslavie. Ce fut à cette occasion que M. Colin Kaiser a demandé dans son rapport que seuls les bâtiments islamiques et l'héritage ottoman soient protégés, indépendamment du fait que, sur tous les monuments culturels protégés, 3 ottomans, 2 albanais et 57 monuments serbes ont été détruits. 

La deuxième mission de l'UNESCO qui a visité le Kosovo-et-Metochie entre le 1er et le 30 novembre 1999, dirigée par Ross Borat, a de nouveau omis de mentionner dans son rapport les monastères serbes détruits et a uniquement proposé des mesures concernant les 5 monuments d'origine ottomane que l'UNESCO devrait prendre en charge. 

Le chef de la troisième mission au Kosovo-Metohija , le Professeur Carlo Blasi, dont la mission comprenait le chef de mission Mustafa Osman Turman et les chefs adjoints Mme Edi Shukriu et M. Gonzalo Ratman (aucun expert serbe n’a été inclus), a présenté le même rapport. Pour l'amour de la vérité et de la justice, je dois dire que pas un seul des trois rapports n’a été officiellement adopté par les organes de l'UNESCO, mais ils ont atteint le public international, créant ainsi l’impression que seuls les monuments qui n’appartenaient pas exclusivement à la culture serbe étaient détruits au Kosovo-et-Métochie, ce qui était et qui est encore loin de la vérité.

Par l’intermédiaire du document fondateur du Centre pour la coordination, le gouvernement fédéral et le gouvernement de la République de Serbie, ont transféré, en août 2001, les juridictions qui auparavant étaient en charge du Service de la protection des monuments de la culture au Kosovo-et-Métochie à cet organisme.

S’appuyant sur La Convention de La Haye, le Centre de coordination a, au cours de l'année 2001, appelé la MINUK à mettre fin au vandalisme et à la profanation du patrimoine serbe. L'année suivante, le consentement a été demandé à la MINUK pour la réhabilitation urgente du Patriarcat de Peć et des fresques de l'église médiévale serbe près de Rudnik. La MINUK a répondu, en avril 2002, en référence à ces questions, que le Centre de coordination devait s’adresser au Ministère de la Culture et des Sports du gouvernement intérimaire du "Kosovo", réponse en contravention de la position neutre de la MINUK, résolution 1244, Déclaration de Vancouver, qui a été réaffirmée lors de la Conférence de l'UNESCO sur le renforcement de la coopération en Europe du Sud-Est, tenue entre 4 et 5 avril à Paris, lorsque le représentant de la "République du Kosovo" autoproclamée a refusé sa participation.

Le secteur du patrimoine culturel a été créé au sein du Centre de Coordination, chargé de prévenir toute nouvelle dégradation et délabrement, et pour la réhabilitation des conséquences qui ont résulté du vandalisme, en accord avec et à la demande de l'Eglise orthodoxe serbe et des administrations locales autonomes. 

La MINUK, cependant, n’a ni consenti à la vérification professionnelle de l'état de fait sur le terrain, ni au début des travaux de réhabilitation. Pour donner un exemple, la tentative de rénover le monastère de Zociste a été exclue car les résidents albanais locaux ont mis le feu aux restes de ce monument culturel unique du peuple serbe, immédiatement après la prière pour la restauration. La même chose est arrivée au monastère des Saints-Archanges près de Prizren, [restauration]compromise par l’utilisation d'explosif.

La publication de l'UNESCO, sortie à l'automne 2002, mentionnait uniquement la destruction des monuments de la culture albanaises, sans une seule référence à leurs équivalents serbes. Après la réaction du Centre pour la coordination, l'UNESCO a envoyé une lettre d'excuses, expliquant que les rapports qu'ils avaient utilisés leur avaient fourni de telles informations. Nous n’avons pas connaissance de qui leur avait fourni des données et des rapports (sauf pour les trois missions mentionnées ci-dessus à partir de 1999 et 2000), ni si l'UNESCO avait une nouvelle édition corrigée imprimée, qui circulerait dans toute la communauté internationale et pourrait être aussi disponible que la précédante, indépendamment de tous les faux et de l'injustice qu'elle contenait, représentant ainsi inévitablement une fausse image de la situation au Kosovo.

Le fait est révélateur: jusqu'en 2004, pas un seul rapporteur n’a fait une seule mention au Conseil de sécurité de l'ONU d'acte de vandalisme, de pillage et de destruction du patrimoine médiéval serbe et européen.

À l'invitation du Centre de Coordination, le Sous-Directeur général, Koïchiro Matsuura, a promis, le 13 mai 2002, d'envoyer, au plus tard en mai, un expert français du Moyen-Age, pour la majorité des monuments détruits qui appartenait à cette période. La MINUK a retardé avec persistance cette visite qui n'a jamais été faite.

Grâce à son sens de la responsabilité et du dévouement, M. Matsuura a tenté d'envoyer la troisième mission de l'UNESCO, dont la visite a été retardée avec persistence par la MINUK, sous des prétextes inacceptables. Malgré toute la bonne volonté et l'énergie investies par  le Directeur général de  l'UNESCO Koïchiro Matsuura, auquel nous serons toujours reconnaissants, la profanation impunie du patrimoine médiéval européen unique et exceptionnel se perpétue. Également inadmissible et incompréhensible est le fait qu'il n'y avait aucun moyen pour ceux à qui appartient le patrimoine - les équipes d'experts de la République de Serbie - de s’en approcher et de le restaurer.

Il y eut aussi une tentative d'effectuer un recensement du patrimoine culturel sous les auspices de la MINUK dans l'examen des activités de la MINUK concernant la culture, Réf. 251/01, sous le prétexte maladroit que la précédente n'a pas été compilée en conformité avec les normes internationales, ce qui était, bien sûr, tout à fait faux, et cela visait à laisser de côté tous les sanctuaires serbes détruits, comme s’ils n’avaient pas existé durant des siècles, et pour changer leurs propriétaires. Le principe de la protection des monuments et des biens culturels implique l'égalité dans la réalisation du recensement et de la protection de tous les monuments culturels, qu'ils soient Illyriens, romains, byzantins, orthodoxes, catholiques, serbes, turcs, albanais ou juifs, sans aucune discrimination. Ni la MINUK, ni l'administration intérimaire au Kosovo-et-Métochie ne peuvent modifier la liste des monuments culturels établie par les normes européennes, effacer l'ancienne liste et introduire de nouveaux monuments, sauf si cela est fondé sur les lois et sur l'arbitrage de l'UNESCO.

Les monuments médiévaux serbes ne sont pas détruits seulement dans le cadre de conflits armés, mais aussi avant et après eux, ce qui est révélateur de l'intention et des actions préméditées. L'éradication planifiée des preuves matérielles témoignant de longs siècles d’existence des Serbes au Kosovo-et-Métochie, est à l'œuvre dans le but de falsifier l'histoire et de créer un nouvel Etat, une nouvelle identité nationale et culturelle, ce qui nécessite la disparition totale de tout ce qui a réaffirmé pendant des siècles, la présence serbe.

Cette éradication planifiée des preuves matérielles sous la forme de monuments, la preuve de la création séculaire et de l’émergence de l'Etat serbe et de la spiritualité dans le territoire du Kosovo-et-Métochie, a atteint son sommet il y a 11 ans.

Je dois rappeler l'horreur qui a eu lieu en mars 2004, et les attaques barbares synchronisées et orchestrées contre les résidents serbes au Kosovo-et-Métochie, avec la destruction sans précédent de tout ce qui est serbe, y compris les objets religieux serbes et des biens culturels datant du Moyen Âge.

En trois jours de violence perpétrée par les Albanais contre les Serbes, les 17, 18 et 19 mars 2004, dix Serbes ont été tués, plus de 900 personnes ont été grièvement blessées, plus de 4.000 Serbes de six villes et de neuf villages ont été expulsés. 35 églises et monastères ont été détruits et incendiés (dont 18 monuments d'importance culturelle particulière), 935 bâtiments serbes, parmi lesquels 738 maisons serbes, 10 installations publiques, écoles, bureaux de poste, postes de santé.

Tous ceci a eu lieu, malgré la présence de 38.000 soldats de 39 pays de la KFOR et de 8.000 policiers de 52 pays des Nations Unies.

Beaucoup de cimetières ont également été profanés; un grand nombre de précieuses icônes et d'autres reliques de l'église ont soit disparu ou bien ont été endommagées, y compris les registres des baptêmes, mariages et décès, témoignant de l'existence séculaire des Serbes dans ces domaines.

Alors Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan, a témoigné de ce fait ainsi, lors de la session du Conseil de sécurité tenue le 18 Mars 2004, en disant que (je cite) "le ciblage délibéré ... des sites religieux - comme les églises, cimetières et monastères - est honteux et inexcusable [1]"(fin de citation).

Alors Directeur général de l'UNESCO, Koichiro Matsuura, envoya, en Avril 2004, une mission d'experts de renom pour apprécier les dommages infligés au cours du comportement barbare des Albanais du Kosovo-et-Métochie. Matsuura (je cite) "condamna fermement les attaques sur le riche patrimoine culturel de la région, déclarant que c’était non seulement des monuments, mais aussi la mémoire et l'identité culturelle qui étaient détruits [2]" (fin de citation).

Je dois également citer deux autres paragraphes inclus par Matsuura, Directeur général de l'UNESCO dans son rapport établi à la suite du pogrom de mars qui a eu lieu en 2004, où il a déclaré que (je cite) "un autre aspect de la mission de protection de l'UNESCO pourrait impliquer la publication de documents concernant les trésors culturels du Kosovo, qui ne sont pas bien connus en dehors de la région, en dépit du fait qu’ils soient uniques à plusieurs égards. Il est significatif que la destruction des deux Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan il y a quelques années, a attiré beaucoup plus de médias et d'attention du public que la destruction de l’Eglise du Kosovo Bogorodica Ljeviska à Prizren, qui est tout à fait comparable à ces monuments asiatiques d'un point de vue artistique/historique. Une appréciation plus large de la signification universelle du patrimoine au Kosovo, comportant comme elle le fait un aspect important de la civilisation byzantine, constituerait une mesure de protection supplémentaire. L'initiation d'un projet d'information et de publication par l'UNESCO pourrait être des plus précieux à cet égard"(fin de citation) et (je cite)" une telle reconnaissance internationale des principaux monuments du Kosovo semble être une question urgente dans la mesure où elle pourrait offrir une message aux vandales potentiels qui pourraient comploter une plus grande destruction du patrimoine culturel"(fin de citation).

En outre, M. Matsuura a recommandé (je cite) "l'introduction d'un système de suivi annuel du patrimoine culturel au Kosovo, par le biais d'un comité permanent d'experts de l'UNESCO" (fin de citation).

Mesdames et Messieurs,

Croyez-vous que, après tout ce qui a été dit, qu’il est correct et naturel pour une organisation qui était dirigée par une personne qui a fait ces recommandations et ces évaluations, d’accepter comme membre quelqu'un qui imprudemment détruit le patrimoine culturel qui appartient à autrui ? Imaginez une situation où le patrimoine culturel le plus précieux de votre pays est remis à la garde de quelqu'un qui n'a pas participé à sa création, et qui a tenté, à plusieurs reprises, de le raser jusqu’au sol! Ce serait comme si vous confiiez un agneau à un loup!

S'il vous plaît, réfléchissez sérieusement à cette question afin de comprendre l'étendue des problèmes qui ont frappé les Serbes, car la saisie de quelque chose qui nous est très cher est la trame de ce qui sous-tend l'essentiel de notre spiritualité, de notre identité et de notre résistance.

La fréquence des incidents liés à la sécurité dirigée contre le patrimoine culturel du peuple serbe n'a pas cessé, pas même après le pogrom bestial de 2004.

Le rapport de la Mission de l'OSCE au Kosovo-et-Métochie (Mars 2014), intitulé "Les défis de la protection du patrimoine culturel immobilier tangibles au Kosovo»[3], tiré des données recueillies par la police du Kosovo, stipule que (je cite) "il y eut une augmentation des incidents liés à la sécurité sur les sites du patrimoine culturel en 2011, 2012 et 2013, par rapport aux années précédentes "(fin de citation). Le rapport note que l'augmentation des incidents liés à la sécurité affecte principalement le patrimoine de l'Eglise orthodoxe serbe. Comme l'affirme le rapport (je cite) "le nombre d'arrestations/poursuites en réponse aux incidents de sécurité par la police/la justice du Kosovo est faible".

En outre, l'OSCE a observé que (je cite) "les auteurs de la plupart des incidents affectant les sites religieux et culturels patrimoniaux sont inconnus et donc aucun procès n’a eu lieu pour ces cas devant les tribunaux" et que "même si les procureurs ont l'obligation de suivre régulièrement l'évolution de l'enquête sur les dégâts sur le site du patrimoine culturel, ils échouent souvent à accomplir ce devoir "(fin de citation).

Ne sont-ils pas discrédités par ce seul fait, relevé par la MINUK? N’est-ce pas un argument suffisant pour rejeter l'admission de la dite "République du Kosovo" à l'UNESCO? Ceci est une illustration du véritable état des choses. En un mot: il n'y a ni volonté politique, ni de volonté des institutions provisoires du Kosovo-et-Mötochie de traduire les auteurs de ces actes barbares en justice. Cela envoie un message clair que la destruction de tout ce qui est serbe au Kosovo-et-Métochie ne restera pas impuni. Pourquoi devrions-nous croire que ceci ne sera pas poursuivi à l'avenir?

Et ce message est reçu. Alors que les dirigeants de la "République du Kosovo" autoproclamée font tous les efforts pour assurer au monde entier qu'ils sont prêts, et assez civilisés pour devenir membres de l'UNESCO, le mercredi 14 octobre, les vandales albanais ont lapidé l’église de la Dormition de la Mère de Dieu à Orahovac, peu de temps après que la Divine Liturgie soit terminée. Ceci est arrivé moins de 48 heures avant notre réunion. La nouvelle a été diffusée dans les médias électroniques serbes, mais elle n'a été prise en charge par aucun des médias du monde entier. De cette manière, l'opinion publique internationale était, comme toutes ces années, privée d’un élément d'information important. S’ils ne peuvent pas arrêter leurs vandales à l'apogée de la campagne pour rejoindre l'UNESCO, que va-t-il arriver plus tard? Peu importe ce qu'ils disent, ils sont démentis par la réalité.

Les activités de l'Eglise orthodoxe serbe dans la province, sont faites dans des conditions extrêmement difficiles, avec de nombreux exemples de mise en péril drastique des droits humains et religieux, de la liberté de mouvement et du travail du clergé orthodoxe et des résidents orthodoxes au Kosovo-et-Métochie, ainsi que la violence organisée ethniquement et religieusement motivée, le tout aggravé par la destruction du patrimoine orthodoxe serbe, sans précédent dans l'histoire moderne de l'Europe.

Quatre perles du patrimoine mondial: le monastère de Decani, le Patriarcat de Peć, Gracanica et l’église de Bogorodica Ljeviska sont encore inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril de l'UNESCO. Ceux qui demandent l'adhésion de l'UNESCO aujourd'hui, sont ceux qui l’ont exposé au danger. Même aujourd'hui encore, peut-on entendre les paroles de condamnation de ces crimes, ou détecter une volonté de trouver et punir les auteurs?

Une cause de préoccupation particulièrement inquiétante est que l'on peut encore lire sur les murs des monuments culturels protégés, les devises de la dite Armée de Libération du Kosovo et des menaces pour les Serbes, et dernièrement, des graffitis honorant l'État islamique et le futur califat, au moment où l'ensemble de la communauté internationale investit tant d'efforts pour lutter contre ce mal. Les images de la destruction du patrimoine culturel et religieux au Moyen-Orient par ISIS ont fait le tour du monde et, avec juste raison, ont été accueillies avec horreur et une condamnation forte de la population mondiale qui a fait équivaloir cet acte à un acte terroriste. De même, les extrémistes albanais, soutenus par leurs dirigeants, détruisirent et brûlèrent des maisons serbes, des écoles, des hôpitaux et des églises au Kosovo-et-Métochie, en particulier en mars 2004, et ils s'en vantèrent. Et ce spectacle de réjouissances lors de campagnes barbares de démolitions devrait être sérieusement pris en considération, lorsque vous pensez à qui tente de se faire passer comme le gardien du patrimoine serbe et mondial. 

Malheureusement, nous sommes témoins aujourd'hui des images de la destruction monstrueuse de l'ancienne Palmire, qui aurait été fondée par Salomon, et [qui est] le siège du trésor inestimable du patrimoine culturel mondial protégé par l'UNESCO. Ces images ont, via les médias, fait le tour du monde, provoquant l'horreur et une forte condamnation de la part de la communauté internationale. Irina Bokova a déclaré que "cette destruction est un nouveau crime de guerre et une perte immense pour le peuple syrien et pour l'humanité".

C’est pour cette raison que l'UNESCO, qui a continuellement exprimé sa condamnation et de l'amertume pour la destruction des monuments de valeur universelle extrême, de la part des extrémistes islamiques et des groupes terroristes, l’a récemment réaffirmé par l'adoption de la Déclaration de Bonn. La République de Serbie condamne fermement la profanation d'objets religieux appartenant à n’importe quelle croyance, partout dans le monde.

D'autre part, les coupables de la profanation et de l'éradication du patrimoine culturel et chrétien serbe au Kosovo-et-Métochie devraient-ils être récompensés par les membres de l'UNESCO?

Dans la mesure où cela est vrai, ou pour cette raison en particulier, l'explication fournie par tous ceux qui disent que l'admission du "Kosovo" à l'UNESCO renforcerait la protection du patrimoine culturel de la Serbie, puisque pas une seule église ou un seul monastère serbe n’a demandé une telle protection et un tel soutien, semble hypocrite. Au contraire.

Non seulement, la culture serbe, mais aussi la culture européenne, la mémoire collective du monde, sont conservées au Kosovo-et-Métochie; une importante trace civilisationnelle de l'homme sur la planète Terre est préservée au Kosovo-et-Métochie. Il est donc important que la Serbie continue à être le gardien de son trésor culturel et de celui de l'humanité, comme membre à part entière de l'UNESCO.

Le caractère non fondé juridiquement de la demande d'admettre le "Kosovo" à l'UNESCO provient principalement du fait que le Kosovo-et-Métochie, conformément à la toujours applicable et juridiquement contraignante Résolution 1244 (1999) et au cadre constitutionnel pour les institutions provisoires d'administration autonome au Kosovo, est un territoire qui constitue une partie de la République de Serbie sous administration des Nations Unies.

Je me souviens que l'annexe 2, paragraphe 6 de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité des Nations Unies prévoit que (je cite) "un nombre convenu de personnel yougoslave et serbe sera autorisé à revenir" au Kosovo-et-Métochie (fin de citation). Et il a été convenu que des centaines, des milliers, mais jusqu'à 1.000 membres des forces serbes, chargés uniquement de la protection du patrimoine serbe, soient présents au Kosovo-et-Métochie. La Serbie n'a pas encore bénéficié de cet accord qui reste applicable.

La résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies 1244 (1999) réaffirme "la souveraineté et l'intégrité territoriale de la République fédérale de Yougoslavie [maintenant République de Serbie] et des autres pays de la région" et envisage une "solution politique à la crise du Kosovo", basée sur les principes de la résolution.

La question du Kosovo-et-Métochie est toujours à l'ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations Unies, renforcé par les sessions trimestrielles régulières du Conseil de sécurité qui traitent ce sujet. En outre, l’administration provisoire de l'ONU, dirigée par le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo (MINUK) est toujours en place au Kosovo-et-Métochie.

Assez naturellement, il ne suffit pas simplement d'éradiquer la présence serbe séculaire sur le territoire du Kosovo-et Métochie. Dans le but de fabriquer une identité historiquement infondée, nationale et culturelle fausses de la République autoproclamée du Kosovo sur le sol de la terre sainte serbe, certains vont même plus loin, en définissant le patrimoine serbe au Kosovo-et-Métochie, où ils peuvent et partout où ils sont autorisés, comme "Kosova-albanais", ce qu'il est pas, ni selon les documents historiques, ni selon la loi, ni selon la seule justice. La distorsion de documents et de faits historiques a atteint le point ultime, quand la Maison des Nemanjic est rebaptisée sous le vocable albanais de Nimani et autres, tous démontrant une cruauté sans précédent pour falsifier l'histoire.

Excellences,

Comme vous le savez, la Serbie a fait preuve d'un esprit constructif et prêt à répondre à toutes les questions en suspens, dans l'intérêt de la promotion de la qualité de vie des habitants du Kosovo-et-Métochie, sous le dialogue facilité par l’Union Européenne conduit à Bruxelles. Des solutions mutuellement acceptables pour des problèmes complexes ont été atteintes jusqu'à présent dans les domaines de la législation, de l'énergie et des télécommunications; de nombreuses autres questions doivent encore être soumises à l'examen, y compris le statut de la propriété de l’Eglise orthodoxe serbe et la protection du patrimoine culturel serbe.

À cet égard, les actions unilatérales telles que la demande d'admission du Kosovo à l'UNESCO ne sont pas dans l'intérêt de préserver une atmosphère propice au dialogue mené avec médiation de l’Union Européenne, où des accords très importants pour la stabilisation des développements régionaux et la normalisation des relations ont été atteints.

L’examen de la demande de l'admission du Kosovo à l'UNESCO, dans ce contexte, porte un impact nettement négatif au dialogue, maintenant à un stade précaire. Ce serait pratiquement empêcher l'atteinte d'une solution mutuellement acceptable dans le domaine du patrimoine culturel serbe, à travers le dialogue. Pour nous,  c’est l'une des questions les plus sensibles, ayant à l'esprit que nous parlons de l'héritage culturel et religieux de la valeur spirituelle et civilisationnelle extraordinaire, datant du IXe siècle.

En outre, l'examen même de l'adhésion "du Kosovo" à l'UNESCO conduit à des divisions entre les Etats membres de l'UNESCO et à sa politisation, contrairement aux principes fondateurs, de la mission et de l'esprit de l'Organisation, et il affecte négativement la tendance de stabilisation des affaires régionales en route vers l'intégration européenne.

Je vous ai présenté les raisons qui soutiennent le fait qu’il n’est pas maintenant temps d'examiner la demande d'admission du "Kosovo" à l'UNESCO, et les raisons expliquant pourquoi ces questions doivent être réglées par le dialogue, et non par des actes unilatéraux qui ne vont pas contribuer à notre but commun de créer les conditions d'une vie normale pour tous les habitants du Kosovo-et-Métochie, et l'intégration sans entrave de la région dans l'Union européenne.

Je voudrais attirer votre attention sur le livre que vous trouverez devant vous, intitulé "l'Héritage Chrétien au Kosovo-et-Métochie-Cœur historique et spirituel du peuple serbe", que je présente comme présent à vos chefs d'Etat et aux organisations internationales.

Cette monographie est un témoignage détaillé, non seulement de la puissance artistique unique et de la beauté des sanctuaires chrétiens médiévaux, une contribution de la culture serbe à la culture mondiale, mais aussi aux siècles de longs efforts de la Serbie et de l'Eglise orthodoxe serbe investis dans la création et l'entretien du patrimoine spirituel et culturel au Kosovo-et-Métochie, et l'importance qu'il a, non seulement pour mon pays et pour ses habitants, mais pour tout le monde civilisé.

Mesdames et Messieurs,

Le patrimoine serbe au Kosovo-et-Métochie n’appartient pas à un temps précis, ni à une seule génération. Son importance est intemporelle et universelle, car il appartient à l'humanité.

Enfin, je vais citer l'un des plus éminents professeurs de Byzantologie, d’Art et d’Architecture de l'Université de Princeton, qui a publié, dans un magazine réputé de Londres, un texte sur la destruction de l'héritage chrétien de l'Europe médiévale au Kosovo-et-Métochie. Le Professeur Slobodan Djurcic conclut (je cite): "Il n'est pas important que vous soyez Serbe ou Albanais. Ces églises et monastères appartiennent à tout le monde, ils constituent une partie intégrante du patrimoine européen. Notre colère devrait être équivalente à la colère que nous ressentirions si les Français détruisaient Mona Lisa. "

Je voudrais prendre quelques minutes supplémentaires de votre aimable attention. Nous verrons un court clip intitulé "Les raisons expliquant pourquoi le Kosovo ne peut rejoindre l'UNESCO". Je vous donne également ces images comme document à l'appui de mon discours d’aujourd'hui et comme illustration de celui-ci.

Merci!


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après




[1] S / PV.4928 - 4928. Session du CSNU, 18 mars 2004
[2] Patrimoine culturel en Europe du Sud-Est: la protection et la conservation du patrimoine multi-ethnique du Kosovo en danger (Rapport de mission de l'UNESCO, 26-30 avril, 2004)

[3] “Challenges in the Protection of Immovable Tangible Cultural Heritage in Kosovo”, Report of the Mission of the Organization for Security and Co‐operation in Europe in Kosovo, 9 April 2014

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