lundi 9 novembre 2015

Pourquoi la Serbie s'oppose à la candidature de la République du Kosovo à l'UNESCO!

Blason



Discours de Son Eminence 

M. TOMISLAV NIKOLIC, 

PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE SERBIE, 

AUX AMBASSADEURS ACCREDITES A BELGRADE, 

suite à la proposition de l'Albanie 

concernant l'admission 

de la dite «République du Kosovo» 

À L'UNESCO

*

Palais de Serbie, salle de Yougoslavie,

Belgrade, le 16 octobre 2015

 Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je vous ai invité ici aujourd'hui pour vous informer directement du grave problème auquel fait face la Serbie, notre région dans son ensemble, l'Europe et le reste du monde.

Je me réfère à la proposition relative à l'admission de la dite «République du Kosovo» à l'UNESCO.

Certains d'entre vous pourraient penser que j’exagère quand je dis que ce problème affecte les pays de tous les continents. Dans ma déclaration, je vais tenter d’évoquer la complexité et la gravité de cette question, qui a, au cours des dernières semaines, accru nos préoccupations quant à savoir si la voie véritable qui mène à la stabilisation des relations entre Belgrade et Pristina, sera jamais trouvée, et si elles seront posées sur des fondations à l’épreuve de l’avenir, fructueuses pour les deux parties de manière égales, ou presque égales.

Vous savez tous très bien que le seul véritable accord entre deux parties en conflit est celui que les deux parties en négociation acceptent véritablement, de tout cœur, avec des explications rationnelles, et sans aucune indignation. Chaque accord imposé ou en mesure de produire un mécontentement permanent pour n’importe quelle partie, n’est pratiquement pas un accord, mais un foyer de conflits futurs. Où que cela puisse être.

En outre, vous êtes tous bien au courant du fait que le schisme fondamental entre Belgrade et Pristina a eu lieu en raison d'une décision unilatérale des autorités de Pristina de déclarer un nouvel Etat albanais sur le territoire serbe. Par conséquent, tout ce à quoi nous sommes confrontés aujourd'hui a été engendré par cette simple sécession.

Nous sommes conscients que tous les pays n’interprètent pas ce qui vient d’être mentionné de cette manière, car ce n’est pas leur territoire qui est compromis; Néanmoins, je crois qu'il est très clair pour tout le monde que cette interprétation est la bonne.

Tout le monde peut se rappeler que, avant cette sécession unilatérale, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la Résolution 1244 (1999), en reconnaissant et en insistant sur la souveraineté de la Serbie sur le Kosovo-et-Métochie. Tout ce qui a suivi plus tard, a été considéré politiquement comme étant sur la base de cette prémisse incontournable. Je me réfère à ces Etats qui respectent pleinement le droit international, la Charte des Nations Unies, et par conséquent les décisions du Conseil de sécurité, principal organe exécutif de l'Organisation des Nations Unies, responsable pour la paix et la sécurité internationales.

Aujourd'hui aussi, la majeure partie de l'humanité adhère encore à ces dispositions fondamentales et ne souhaite pas encourager les mouvements séparatistes et une déclaration unilatérale des Etats, sur les territoires des États membres de l'ONU.

Dans le désir de faire un grand effort vers la paix, la Serbie a décidé, en 2012, de se lancer dans des négociations facilitées par l’Union Européenne et dans une harmonisation, tout cela dans le but d'assurer une vie normale et de  meilleure qualité pour tous les habitants du Kosovo-et Métochie. Bruxelles a été choisie comme capitale, où toutes les questions, je le répète toutes les questions concernant les relations entre Belgrade et Pristina, seront mises sur la table, et discutées en toute bonne foi.

Cependant, que se passe-t-il aujourd'hui? Après l'accord de Bruxelles à partir d’avril 2013 et d'autres qui ont suivi, la Serbie a mis en œuvre les engagements pris et n'a épargné aucun effort pour les mettre pleinement en œuvre. Les questions qui figuraient en premier à la table de négociation, étaient la formation de la Communauté des municipalités serbes et le règlement des questions de propriété en général, tandis que la restitution de la propriété située au Kosovo-et-Metochie qui appartient, depuis des temps immémoriaux, à l’Eglise l'orthodoxe serbe, ce qui peut être authentifié par les chartes des bienfaiteurs et des documents de propriété juridique valables depuis le Moyen Age, étaient sensée être examinée séparément.

La partie serbe a, depuis le lancement de ces négociations, souligné le fait qu'elles ne peuvent pas être menées à bien sans un accord définitif concernant la position de l'Eglise orthodoxe serbe et la protection adéquate de toutes ses églises et des objets qui l'accompagnent. Il a été dit à d'innombrables occasions que le patrimoine culturel du peuple serbe, construit depuis plus d'un millénaire au Kosovo-et-Métochie, ne doit pas être enlevé à ceux qui le réclament de par les lois de la nature et du droit international applicable.

La Serbie est le seul pays d’Europe qui, en plus de la saisie d'une partie de son territoire, l'expulsion de ses habitants, leurs meurtres impunis et le prélèvement de leurs organes, connaît maintenant des tentatives faites contre son patrimoine culturel sous la protection de l'UNESCO.

Ce patrimoine est intimement lié à l'histoire de la vie et de la présence séculaire du peuple serbe dans ce territoire. Par conséquent, les attaques sur le patrimoine serbe qui ont été perpétrées depuis 1999, en présence de chacun d'entre nous, sont des attaques contre l'identité des Serbes et ont une influence directe sur la perception de leur sécurité et de leur acceptation dans une communauté locale. Tout cela fait partie du processus de réécriture des faits historiques visant à marginaliser et éliminer les Serbes et la Serbie de l'histoire du Kosovo-et-Métochie. Dans le même temps, cela révèle l'essence des aspirations "du Kosovo" vis-à-vis de l’appartenance à l'UNESCO, bien que ses promoteurs tentent de se montrer différemment.

Il est évident qu’il y a  un énorme fossé entre le plaidoyer déclaré et les actions concrètes prises par Pristina en ce qui concerne la protection du patrimoine serbe au Kosovo-et-Métochie,  fait mieux étayé par des exemples pratiques. Depuis Juin 1999, qui a vu la cessation des conflits armés jusqu'à maintenant, 236 églises, monastères et autres bâtiments appartenant à l'Eglise orthodoxe serbe, y compris les monuments culturels et historiques, ont été l'objet d'attaques. Sur ce nombre, 61 ont le statut de monuments culturels, et 18 sont d'une extrême importance pour la République de Serbie : l’église de la Vierge Hodiguitria (1315), l'église de Saint-Nicolas (1331), l'église du Saint Sauveur (1348), l'Ermitage et le monastère de Saint-Pierre Koriški (début du XIIIe siècle) - pour n’en citer que quelques-uns.

Dans le territoire du Kosovo-et-Métochie, 174 objets religieux et 33 monuments culturels et historiques ont été détruits, plus de 10.000 icônes, objets artistiques et objets de culte ont été volés. 5.261 pierres tombales ont été détruites ou endommagées dans 256 cimetières orthodoxes serbes, et pas une seule pierre tombale ne peut maintenant être trouvée dans plus de 50 cimetières orthodoxes.

Au sud de la rivière Ibar, pas un seul monument de l'histoire serbe n’a survécu. Des monuments honorant Milos Obilic, Lazar de Serbie, Vuk Karadzic, Dositej Obradovic, Petar Petrovic Njegos et beaucoup d'autres grands hommes qui ont marqué l'histoire et la culture serbe, ont été détruits. L'étendue de la destruction de tout ce qui rappelle d’une manière ou d’une autre les siècles de présence serbe au Kosovo-et-Métochie est illustrée par le fait que le pin qui se dressait dans le village de Nerodimlje près de Urosevac, que l’on estimait  avoir été planté en 1336 par l'empereur médiéval Dusan lui-même, a été abattu. Aucune ville au sud de la rivière Ibar n’a une rue qui porte le nom d'un personnage historique serbe.

Excellences,

Permettez-moi tout d'abord de rappeler les documents internationaux les plus importants qui constituent la base juridique qui invitent la seule République de Serbie à protéger, réhabiliter et préserver son patrimoine culturel au Kosovo-et-Métochie:

- Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé (1954), aussi connu comme Convention de La Haye, - Résolution des Nations Unies, Conseil de sécurité 1244 (1999), annexe 2, point 6, qui réaffirme que les forces armées et les équipes d’experts (je cite) " maintiendront une présence dans les lieux du patrimoine serbe" (fin de citation),

- La MINUK-RFY Document commun réaffirmant (je cite) "la volonté d'appliquer les dispositions pertinentes de la Convention de La Haye" (fin de citation). - Application pratique de la protection et la préservation des biens culturels mise en œuvre sur la base de la Convention pour la protection du patrimoine architectural de l'Europe (1985), la Serbie étant son signataire depuis 2001, et enfin

- Loi sur la protection des monuments culturels adoptée en référence au Kosovo-et-Métochie en 1977, valide car elle respecte le règlement No 1999/24 de la MINUK, qui établit que "la loi applicable au Kosovo est la loi en vigueur au Kosovo le 22 Mars 1989."

Je ne veux même pas parler du droit inaliénable à la propriété foncière et immobilière comme base juridique. Les biens culturels serbes inscrits sont, dans presque 80% des cas, détenus par l'Eglise orthodoxe serbe et la République de Serbie.

Enfin, chaque État et individu trouve que la Déclaration de Vancouver (1976) est le document le plus éloquent, quand il s'agit de défendre le droit de chaque pays d' (je cite) "avoir le droit d'être un héritier souverain de ses propres valeurs culturelles créées tout au long son histoire." (fin de citation) Ceci est le droit de chaque pays, car son passé, présent et futur peuvent être identifiés avec son patrimoine culturel. Il n'y a ni motifs, ni raisons pour transférer ce droit à tout autre pays, à un autre groupe ethnique, ou à d'autres personnes.

Maintenant, permettez-moi de vous familiariser avec la chronologie des efforts pour préserver le patrimoine médiéval serbe, depuis l'arrivée des forces internationales sur le territoire du Kosovo-et-Métochie, le pogrom de mars 2004, qui est une histoire en soi.

La première mission de l'UNESCO est venue au Kosovo-et-Metochie, le 22 juillet 1999, peu après le bombardement de la RF de Yougoslavie. Ce fut à cette occasion que M. Colin Kaiser a demandé dans son rapport que seuls les bâtiments islamiques et l'héritage ottoman soient protégés, indépendamment du fait que, sur tous les monuments culturels protégés, 3 ottomans, 2 albanais et 57 monuments serbes ont été détruits. 

La deuxième mission de l'UNESCO qui a visité le Kosovo-et-Metochie entre le 1er et le 30 novembre 1999, dirigée par Ross Borat, a de nouveau omis de mentionner dans son rapport les monastères serbes détruits et a uniquement proposé des mesures concernant les 5 monuments d'origine ottomane que l'UNESCO devrait prendre en charge. 

Le chef de la troisième mission au Kosovo-Metohija , le Professeur Carlo Blasi, dont la mission comprenait le chef de mission Mustafa Osman Turman et les chefs adjoints Mme Edi Shukriu et M. Gonzalo Ratman (aucun expert serbe n’a été inclus), a présenté le même rapport. Pour l'amour de la vérité et de la justice, je dois dire que pas un seul des trois rapports n’a été officiellement adopté par les organes de l'UNESCO, mais ils ont atteint le public international, créant ainsi l’impression que seuls les monuments qui n’appartenaient pas exclusivement à la culture serbe étaient détruits au Kosovo-et-Métochie, ce qui était et qui est encore loin de la vérité.

Par l’intermédiaire du document fondateur du Centre pour la coordination, le gouvernement fédéral et le gouvernement de la République de Serbie, ont transféré, en août 2001, les juridictions qui auparavant étaient en charge du Service de la protection des monuments de la culture au Kosovo-et-Métochie à cet organisme.

S’appuyant sur La Convention de La Haye, le Centre de coordination a, au cours de l'année 2001, appelé la MINUK à mettre fin au vandalisme et à la profanation du patrimoine serbe. L'année suivante, le consentement a été demandé à la MINUK pour la réhabilitation urgente du Patriarcat de Peć et des fresques de l'église médiévale serbe près de Rudnik. La MINUK a répondu, en avril 2002, en référence à ces questions, que le Centre de coordination devait s’adresser au Ministère de la Culture et des Sports du gouvernement intérimaire du "Kosovo", réponse en contravention de la position neutre de la MINUK, résolution 1244, Déclaration de Vancouver, qui a été réaffirmée lors de la Conférence de l'UNESCO sur le renforcement de la coopération en Europe du Sud-Est, tenue entre 4 et 5 avril à Paris, lorsque le représentant de la "République du Kosovo" autoproclamée a refusé sa participation.

Le secteur du patrimoine culturel a été créé au sein du Centre de Coordination, chargé de prévenir toute nouvelle dégradation et délabrement, et pour la réhabilitation des conséquences qui ont résulté du vandalisme, en accord avec et à la demande de l'Eglise orthodoxe serbe et des administrations locales autonomes. 

La MINUK, cependant, n’a ni consenti à la vérification professionnelle de l'état de fait sur le terrain, ni au début des travaux de réhabilitation. Pour donner un exemple, la tentative de rénover le monastère de Zociste a été exclue car les résidents albanais locaux ont mis le feu aux restes de ce monument culturel unique du peuple serbe, immédiatement après la prière pour la restauration. La même chose est arrivée au monastère des Saints-Archanges près de Prizren, [restauration]compromise par l’utilisation d'explosif.

La publication de l'UNESCO, sortie à l'automne 2002, mentionnait uniquement la destruction des monuments de la culture albanaises, sans une seule référence à leurs équivalents serbes. Après la réaction du Centre pour la coordination, l'UNESCO a envoyé une lettre d'excuses, expliquant que les rapports qu'ils avaient utilisés leur avaient fourni de telles informations. Nous n’avons pas connaissance de qui leur avait fourni des données et des rapports (sauf pour les trois missions mentionnées ci-dessus à partir de 1999 et 2000), ni si l'UNESCO avait une nouvelle édition corrigée imprimée, qui circulerait dans toute la communauté internationale et pourrait être aussi disponible que la précédante, indépendamment de tous les faux et de l'injustice qu'elle contenait, représentant ainsi inévitablement une fausse image de la situation au Kosovo.

Le fait est révélateur: jusqu'en 2004, pas un seul rapporteur n’a fait une seule mention au Conseil de sécurité de l'ONU d'acte de vandalisme, de pillage et de destruction du patrimoine médiéval serbe et européen.

À l'invitation du Centre de Coordination, le Sous-Directeur général, Koïchiro Matsuura, a promis, le 13 mai 2002, d'envoyer, au plus tard en mai, un expert français du Moyen-Age, pour la majorité des monuments détruits qui appartenait à cette période. La MINUK a retardé avec persistance cette visite qui n'a jamais été faite.

Grâce à son sens de la responsabilité et du dévouement, M. Matsuura a tenté d'envoyer la troisième mission de l'UNESCO, dont la visite a été retardée avec persistence par la MINUK, sous des prétextes inacceptables. Malgré toute la bonne volonté et l'énergie investies par  le Directeur général de  l'UNESCO Koïchiro Matsuura, auquel nous serons toujours reconnaissants, la profanation impunie du patrimoine médiéval européen unique et exceptionnel se perpétue. Également inadmissible et incompréhensible est le fait qu'il n'y avait aucun moyen pour ceux à qui appartient le patrimoine - les équipes d'experts de la République de Serbie - de s’en approcher et de le restaurer.

Il y eut aussi une tentative d'effectuer un recensement du patrimoine culturel sous les auspices de la MINUK dans l'examen des activités de la MINUK concernant la culture, Réf. 251/01, sous le prétexte maladroit que la précédente n'a pas été compilée en conformité avec les normes internationales, ce qui était, bien sûr, tout à fait faux, et cela visait à laisser de côté tous les sanctuaires serbes détruits, comme s’ils n’avaient pas existé durant des siècles, et pour changer leurs propriétaires. Le principe de la protection des monuments et des biens culturels implique l'égalité dans la réalisation du recensement et de la protection de tous les monuments culturels, qu'ils soient Illyriens, romains, byzantins, orthodoxes, catholiques, serbes, turcs, albanais ou juifs, sans aucune discrimination. Ni la MINUK, ni l'administration intérimaire au Kosovo-et-Métochie ne peuvent modifier la liste des monuments culturels établie par les normes européennes, effacer l'ancienne liste et introduire de nouveaux monuments, sauf si cela est fondé sur les lois et sur l'arbitrage de l'UNESCO.

Les monuments médiévaux serbes ne sont pas détruits seulement dans le cadre de conflits armés, mais aussi avant et après eux, ce qui est révélateur de l'intention et des actions préméditées. L'éradication planifiée des preuves matérielles témoignant de longs siècles d’existence des Serbes au Kosovo-et-Métochie, est à l'œuvre dans le but de falsifier l'histoire et de créer un nouvel Etat, une nouvelle identité nationale et culturelle, ce qui nécessite la disparition totale de tout ce qui a réaffirmé pendant des siècles, la présence serbe.

Cette éradication planifiée des preuves matérielles sous la forme de monuments, la preuve de la création séculaire et de l’émergence de l'Etat serbe et de la spiritualité dans le territoire du Kosovo-et-Métochie, a atteint son sommet il y a 11 ans.

Je dois rappeler l'horreur qui a eu lieu en mars 2004, et les attaques barbares synchronisées et orchestrées contre les résidents serbes au Kosovo-et-Métochie, avec la destruction sans précédent de tout ce qui est serbe, y compris les objets religieux serbes et des biens culturels datant du Moyen Âge.

En trois jours de violence perpétrée par les Albanais contre les Serbes, les 17, 18 et 19 mars 2004, dix Serbes ont été tués, plus de 900 personnes ont été grièvement blessées, plus de 4.000 Serbes de six villes et de neuf villages ont été expulsés. 35 églises et monastères ont été détruits et incendiés (dont 18 monuments d'importance culturelle particulière), 935 bâtiments serbes, parmi lesquels 738 maisons serbes, 10 installations publiques, écoles, bureaux de poste, postes de santé.

Tous ceci a eu lieu, malgré la présence de 38.000 soldats de 39 pays de la KFOR et de 8.000 policiers de 52 pays des Nations Unies.

Beaucoup de cimetières ont également été profanés; un grand nombre de précieuses icônes et d'autres reliques de l'église ont soit disparu ou bien ont été endommagées, y compris les registres des baptêmes, mariages et décès, témoignant de l'existence séculaire des Serbes dans ces domaines.

Alors Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan, a témoigné de ce fait ainsi, lors de la session du Conseil de sécurité tenue le 18 Mars 2004, en disant que (je cite) "le ciblage délibéré ... des sites religieux - comme les églises, cimetières et monastères - est honteux et inexcusable [1]"(fin de citation).

Alors Directeur général de l'UNESCO, Koichiro Matsuura, envoya, en Avril 2004, une mission d'experts de renom pour apprécier les dommages infligés au cours du comportement barbare des Albanais du Kosovo-et-Métochie. Matsuura (je cite) "condamna fermement les attaques sur le riche patrimoine culturel de la région, déclarant que c’était non seulement des monuments, mais aussi la mémoire et l'identité culturelle qui étaient détruits [2]" (fin de citation).

Je dois également citer deux autres paragraphes inclus par Matsuura, Directeur général de l'UNESCO dans son rapport établi à la suite du pogrom de mars qui a eu lieu en 2004, où il a déclaré que (je cite) "un autre aspect de la mission de protection de l'UNESCO pourrait impliquer la publication de documents concernant les trésors culturels du Kosovo, qui ne sont pas bien connus en dehors de la région, en dépit du fait qu’ils soient uniques à plusieurs égards. Il est significatif que la destruction des deux Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan il y a quelques années, a attiré beaucoup plus de médias et d'attention du public que la destruction de l’Eglise du Kosovo Bogorodica Ljeviska à Prizren, qui est tout à fait comparable à ces monuments asiatiques d'un point de vue artistique/historique. Une appréciation plus large de la signification universelle du patrimoine au Kosovo, comportant comme elle le fait un aspect important de la civilisation byzantine, constituerait une mesure de protection supplémentaire. L'initiation d'un projet d'information et de publication par l'UNESCO pourrait être des plus précieux à cet égard"(fin de citation) et (je cite)" une telle reconnaissance internationale des principaux monuments du Kosovo semble être une question urgente dans la mesure où elle pourrait offrir une message aux vandales potentiels qui pourraient comploter une plus grande destruction du patrimoine culturel"(fin de citation).

En outre, M. Matsuura a recommandé (je cite) "l'introduction d'un système de suivi annuel du patrimoine culturel au Kosovo, par le biais d'un comité permanent d'experts de l'UNESCO" (fin de citation).

Mesdames et Messieurs,

Croyez-vous que, après tout ce qui a été dit, qu’il est correct et naturel pour une organisation qui était dirigée par une personne qui a fait ces recommandations et ces évaluations, d’accepter comme membre quelqu'un qui imprudemment détruit le patrimoine culturel qui appartient à autrui ? Imaginez une situation où le patrimoine culturel le plus précieux de votre pays est remis à la garde de quelqu'un qui n'a pas participé à sa création, et qui a tenté, à plusieurs reprises, de le raser jusqu’au sol! Ce serait comme si vous confiiez un agneau à un loup!

S'il vous plaît, réfléchissez sérieusement à cette question afin de comprendre l'étendue des problèmes qui ont frappé les Serbes, car la saisie de quelque chose qui nous est très cher est la trame de ce qui sous-tend l'essentiel de notre spiritualité, de notre identité et de notre résistance.

La fréquence des incidents liés à la sécurité dirigée contre le patrimoine culturel du peuple serbe n'a pas cessé, pas même après le pogrom bestial de 2004.

Le rapport de la Mission de l'OSCE au Kosovo-et-Métochie (Mars 2014), intitulé "Les défis de la protection du patrimoine culturel immobilier tangibles au Kosovo»[3], tiré des données recueillies par la police du Kosovo, stipule que (je cite) "il y eut une augmentation des incidents liés à la sécurité sur les sites du patrimoine culturel en 2011, 2012 et 2013, par rapport aux années précédentes "(fin de citation). Le rapport note que l'augmentation des incidents liés à la sécurité affecte principalement le patrimoine de l'Eglise orthodoxe serbe. Comme l'affirme le rapport (je cite) "le nombre d'arrestations/poursuites en réponse aux incidents de sécurité par la police/la justice du Kosovo est faible".

En outre, l'OSCE a observé que (je cite) "les auteurs de la plupart des incidents affectant les sites religieux et culturels patrimoniaux sont inconnus et donc aucun procès n’a eu lieu pour ces cas devant les tribunaux" et que "même si les procureurs ont l'obligation de suivre régulièrement l'évolution de l'enquête sur les dégâts sur le site du patrimoine culturel, ils échouent souvent à accomplir ce devoir "(fin de citation).

Ne sont-ils pas discrédités par ce seul fait, relevé par la MINUK? N’est-ce pas un argument suffisant pour rejeter l'admission de la dite "République du Kosovo" à l'UNESCO? Ceci est une illustration du véritable état des choses. En un mot: il n'y a ni volonté politique, ni de volonté des institutions provisoires du Kosovo-et-Mötochie de traduire les auteurs de ces actes barbares en justice. Cela envoie un message clair que la destruction de tout ce qui est serbe au Kosovo-et-Métochie ne restera pas impuni. Pourquoi devrions-nous croire que ceci ne sera pas poursuivi à l'avenir?

Et ce message est reçu. Alors que les dirigeants de la "République du Kosovo" autoproclamée font tous les efforts pour assurer au monde entier qu'ils sont prêts, et assez civilisés pour devenir membres de l'UNESCO, le mercredi 14 octobre, les vandales albanais ont lapidé l’église de la Dormition de la Mère de Dieu à Orahovac, peu de temps après que la Divine Liturgie soit terminée. Ceci est arrivé moins de 48 heures avant notre réunion. La nouvelle a été diffusée dans les médias électroniques serbes, mais elle n'a été prise en charge par aucun des médias du monde entier. De cette manière, l'opinion publique internationale était, comme toutes ces années, privée d’un élément d'information important. S’ils ne peuvent pas arrêter leurs vandales à l'apogée de la campagne pour rejoindre l'UNESCO, que va-t-il arriver plus tard? Peu importe ce qu'ils disent, ils sont démentis par la réalité.

Les activités de l'Eglise orthodoxe serbe dans la province, sont faites dans des conditions extrêmement difficiles, avec de nombreux exemples de mise en péril drastique des droits humains et religieux, de la liberté de mouvement et du travail du clergé orthodoxe et des résidents orthodoxes au Kosovo-et-Métochie, ainsi que la violence organisée ethniquement et religieusement motivée, le tout aggravé par la destruction du patrimoine orthodoxe serbe, sans précédent dans l'histoire moderne de l'Europe.

Quatre perles du patrimoine mondial: le monastère de Decani, le Patriarcat de Peć, Gracanica et l’église de Bogorodica Ljeviska sont encore inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril de l'UNESCO. Ceux qui demandent l'adhésion de l'UNESCO aujourd'hui, sont ceux qui l’ont exposé au danger. Même aujourd'hui encore, peut-on entendre les paroles de condamnation de ces crimes, ou détecter une volonté de trouver et punir les auteurs?

Une cause de préoccupation particulièrement inquiétante est que l'on peut encore lire sur les murs des monuments culturels protégés, les devises de la dite Armée de Libération du Kosovo et des menaces pour les Serbes, et dernièrement, des graffitis honorant l'État islamique et le futur califat, au moment où l'ensemble de la communauté internationale investit tant d'efforts pour lutter contre ce mal. Les images de la destruction du patrimoine culturel et religieux au Moyen-Orient par ISIS ont fait le tour du monde et, avec juste raison, ont été accueillies avec horreur et une condamnation forte de la population mondiale qui a fait équivaloir cet acte à un acte terroriste. De même, les extrémistes albanais, soutenus par leurs dirigeants, détruisirent et brûlèrent des maisons serbes, des écoles, des hôpitaux et des églises au Kosovo-et-Métochie, en particulier en mars 2004, et ils s'en vantèrent. Et ce spectacle de réjouissances lors de campagnes barbares de démolitions devrait être sérieusement pris en considération, lorsque vous pensez à qui tente de se faire passer comme le gardien du patrimoine serbe et mondial. 

Malheureusement, nous sommes témoins aujourd'hui des images de la destruction monstrueuse de l'ancienne Palmire, qui aurait été fondée par Salomon, et [qui est] le siège du trésor inestimable du patrimoine culturel mondial protégé par l'UNESCO. Ces images ont, via les médias, fait le tour du monde, provoquant l'horreur et une forte condamnation de la part de la communauté internationale. Irina Bokova a déclaré que "cette destruction est un nouveau crime de guerre et une perte immense pour le peuple syrien et pour l'humanité".

C’est pour cette raison que l'UNESCO, qui a continuellement exprimé sa condamnation et de l'amertume pour la destruction des monuments de valeur universelle extrême, de la part des extrémistes islamiques et des groupes terroristes, l’a récemment réaffirmé par l'adoption de la Déclaration de Bonn. La République de Serbie condamne fermement la profanation d'objets religieux appartenant à n’importe quelle croyance, partout dans le monde.

D'autre part, les coupables de la profanation et de l'éradication du patrimoine culturel et chrétien serbe au Kosovo-et-Métochie devraient-ils être récompensés par les membres de l'UNESCO?

Dans la mesure où cela est vrai, ou pour cette raison en particulier, l'explication fournie par tous ceux qui disent que l'admission du "Kosovo" à l'UNESCO renforcerait la protection du patrimoine culturel de la Serbie, puisque pas une seule église ou un seul monastère serbe n’a demandé une telle protection et un tel soutien, semble hypocrite. Au contraire.

Non seulement, la culture serbe, mais aussi la culture européenne, la mémoire collective du monde, sont conservées au Kosovo-et-Métochie; une importante trace civilisationnelle de l'homme sur la planète Terre est préservée au Kosovo-et-Métochie. Il est donc important que la Serbie continue à être le gardien de son trésor culturel et de celui de l'humanité, comme membre à part entière de l'UNESCO.

Le caractère non fondé juridiquement de la demande d'admettre le "Kosovo" à l'UNESCO provient principalement du fait que le Kosovo-et-Métochie, conformément à la toujours applicable et juridiquement contraignante Résolution 1244 (1999) et au cadre constitutionnel pour les institutions provisoires d'administration autonome au Kosovo, est un territoire qui constitue une partie de la République de Serbie sous administration des Nations Unies.

Je me souviens que l'annexe 2, paragraphe 6 de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité des Nations Unies prévoit que (je cite) "un nombre convenu de personnel yougoslave et serbe sera autorisé à revenir" au Kosovo-et-Métochie (fin de citation). Et il a été convenu que des centaines, des milliers, mais jusqu'à 1.000 membres des forces serbes, chargés uniquement de la protection du patrimoine serbe, soient présents au Kosovo-et-Métochie. La Serbie n'a pas encore bénéficié de cet accord qui reste applicable.

La résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies 1244 (1999) réaffirme "la souveraineté et l'intégrité territoriale de la République fédérale de Yougoslavie [maintenant République de Serbie] et des autres pays de la région" et envisage une "solution politique à la crise du Kosovo", basée sur les principes de la résolution.

La question du Kosovo-et-Métochie est toujours à l'ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations Unies, renforcé par les sessions trimestrielles régulières du Conseil de sécurité qui traitent ce sujet. En outre, l’administration provisoire de l'ONU, dirigée par le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo (MINUK) est toujours en place au Kosovo-et-Métochie.

Assez naturellement, il ne suffit pas simplement d'éradiquer la présence serbe séculaire sur le territoire du Kosovo-et Métochie. Dans le but de fabriquer une identité historiquement infondée, nationale et culturelle fausses de la République autoproclamée du Kosovo sur le sol de la terre sainte serbe, certains vont même plus loin, en définissant le patrimoine serbe au Kosovo-et-Métochie, où ils peuvent et partout où ils sont autorisés, comme "Kosova-albanais", ce qu'il est pas, ni selon les documents historiques, ni selon la loi, ni selon la seule justice. La distorsion de documents et de faits historiques a atteint le point ultime, quand la Maison des Nemanjic est rebaptisée sous le vocable albanais de Nimani et autres, tous démontrant une cruauté sans précédent pour falsifier l'histoire.

Excellences,

Comme vous le savez, la Serbie a fait preuve d'un esprit constructif et prêt à répondre à toutes les questions en suspens, dans l'intérêt de la promotion de la qualité de vie des habitants du Kosovo-et-Métochie, sous le dialogue facilité par l’Union Européenne conduit à Bruxelles. Des solutions mutuellement acceptables pour des problèmes complexes ont été atteintes jusqu'à présent dans les domaines de la législation, de l'énergie et des télécommunications; de nombreuses autres questions doivent encore être soumises à l'examen, y compris le statut de la propriété de l’Eglise orthodoxe serbe et la protection du patrimoine culturel serbe.

À cet égard, les actions unilatérales telles que la demande d'admission du Kosovo à l'UNESCO ne sont pas dans l'intérêt de préserver une atmosphère propice au dialogue mené avec médiation de l’Union Européenne, où des accords très importants pour la stabilisation des développements régionaux et la normalisation des relations ont été atteints.

L’examen de la demande de l'admission du Kosovo à l'UNESCO, dans ce contexte, porte un impact nettement négatif au dialogue, maintenant à un stade précaire. Ce serait pratiquement empêcher l'atteinte d'une solution mutuellement acceptable dans le domaine du patrimoine culturel serbe, à travers le dialogue. Pour nous,  c’est l'une des questions les plus sensibles, ayant à l'esprit que nous parlons de l'héritage culturel et religieux de la valeur spirituelle et civilisationnelle extraordinaire, datant du IXe siècle.

En outre, l'examen même de l'adhésion "du Kosovo" à l'UNESCO conduit à des divisions entre les Etats membres de l'UNESCO et à sa politisation, contrairement aux principes fondateurs, de la mission et de l'esprit de l'Organisation, et il affecte négativement la tendance de stabilisation des affaires régionales en route vers l'intégration européenne.

Je vous ai présenté les raisons qui soutiennent le fait qu’il n’est pas maintenant temps d'examiner la demande d'admission du "Kosovo" à l'UNESCO, et les raisons expliquant pourquoi ces questions doivent être réglées par le dialogue, et non par des actes unilatéraux qui ne vont pas contribuer à notre but commun de créer les conditions d'une vie normale pour tous les habitants du Kosovo-et-Métochie, et l'intégration sans entrave de la région dans l'Union européenne.

Je voudrais attirer votre attention sur le livre que vous trouverez devant vous, intitulé "l'Héritage Chrétien au Kosovo-et-Métochie-Cœur historique et spirituel du peuple serbe", que je présente comme présent à vos chefs d'Etat et aux organisations internationales.

Cette monographie est un témoignage détaillé, non seulement de la puissance artistique unique et de la beauté des sanctuaires chrétiens médiévaux, une contribution de la culture serbe à la culture mondiale, mais aussi aux siècles de longs efforts de la Serbie et de l'Eglise orthodoxe serbe investis dans la création et l'entretien du patrimoine spirituel et culturel au Kosovo-et-Métochie, et l'importance qu'il a, non seulement pour mon pays et pour ses habitants, mais pour tout le monde civilisé.

Mesdames et Messieurs,

Le patrimoine serbe au Kosovo-et-Métochie n’appartient pas à un temps précis, ni à une seule génération. Son importance est intemporelle et universelle, car il appartient à l'humanité.

Enfin, je vais citer l'un des plus éminents professeurs de Byzantologie, d’Art et d’Architecture de l'Université de Princeton, qui a publié, dans un magazine réputé de Londres, un texte sur la destruction de l'héritage chrétien de l'Europe médiévale au Kosovo-et-Métochie. Le Professeur Slobodan Djurcic conclut (je cite): "Il n'est pas important que vous soyez Serbe ou Albanais. Ces églises et monastères appartiennent à tout le monde, ils constituent une partie intégrante du patrimoine européen. Notre colère devrait être équivalente à la colère que nous ressentirions si les Français détruisaient Mona Lisa. "

Je voudrais prendre quelques minutes supplémentaires de votre aimable attention. Nous verrons un court clip intitulé "Les raisons expliquant pourquoi le Kosovo ne peut rejoindre l'UNESCO". Je vous donne également ces images comme document à l'appui de mon discours d’aujourd'hui et comme illustration de celui-ci.

Merci!


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après




[1] S / PV.4928 - 4928. Session du CSNU, 18 mars 2004
[2] Patrimoine culturel en Europe du Sud-Est: la protection et la conservation du patrimoine multi-ethnique du Kosovo en danger (Rapport de mission de l'UNESCO, 26-30 avril, 2004)

[3] “Challenges in the Protection of Immovable Tangible Cultural Heritage in Kosovo”, Report of the Mission of the Organization for Security and Co‐operation in Europe in Kosovo, 9 April 2014

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