samedi 23 août 2014

Protopresbytre Theodoros Zisis: L’Uniatisme comme modèle de fausse unité/Les limites de la diversité dans l'unité (1)



theodoros zisis

Conférence donnée par Protopresbytre Theodoros Zisis, professeur émérite de l'École de théologie de l'Université Aristote de Thessalonique, à la Conférence de la Métropole du Pirée sur le thème "Primauté ", Synodalité et Unité de l'Eglise" au Stade de la Paix et de l'Amitié, le 28 Avril 2010.

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L'une des marques principales du siècle précédent -le vingtième- a été la tentative du monde chrétien de restaurer l'unité. Après que le papisme se soit séparé de l'Eglise au début du deuxième millénaire (1054), puis après la séparation ultérieure du protestantisme d’avec le papisme au 16ème siècle, l'Est et l'Ouest ont été profondément divisés et l'Occident s’est beaucoup divisé en lui-même. Pourtant, l'Église n’a perdu ni son unité ni sa catholicité - sa globalité: l'hérésie et le schisme peuvent blesser et laisser des cicatrices du corps de l'Eglise, mais elles ne le divisent pas, tout comme on ne dit pas qu’un arbre est divisé si quelqu'un émonde l'une de ses branches. 

De ce point de vue, les expressions souvent utilisées telles que "l'Église indivise"  des dix premiers siècles et "l'Union des églises"  sont incorrects. L'Eglise est à jamais indivise, que ce soit après le schisme de 1054 ou de tout autre schisme que ce soit. En outre, il n'y a pas beaucoup d'églises qui aient besoin d'être réunies: il y a l’Eglise "une, sainte, catholique et apostolique" seule, dont la vie continue sans partage et sans interruption dans l'Église orthodoxe orientale. Les chrétiens hétérodoxes de l'Est et de l'Ouest qui se sont détachés, tombant dans l'hérésie et le schisme, ne peuvent pas être appelés églises; ils doivent plutôt chercher l'union avec l'Eglise, dénonçant l'hérésie et l'illusion. L'unité n'est pas atteinte par " l'union des églises", mais plutôt par " union avec l'Église.".

Après le schisme, tout au long du deuxième millénaire, de nombreuses tentatives ont été faites pour réaliser l'unité, en particulier grâce à l'appel des grands conciles visant à l'unité, tels que ceux de Lyon (1274) et de Ferrare-Florence (1438-1439). Bien que l'union entre les orthodoxes et les papistes ait été officiellement acceptée à la fin et que la quasi-totalité des évêques orthodoxes présents en aient accepté les termes - à l'exception de saint Marc d'Éphèse et de quelques autres - elle est restée inappliquée: rien de plus qu'un simple morceau de papier. 

Ces conciles ne visaient pas une véritable paix et une véritable unité chrétienne (id est une unité dans la vérité); ils n’étaient pas fondés sur le modèle véritable de l'unité que l'on trouve dans l'enseignement du Christ, des Apôtres et des saints. elles étaient plutôt fondées, comme l’uniatisme, sur de faux modèles de l'unité nouvellement inventés, qui servaient des buts ultérieurs – des buts autres, malveillants, égoïstes, autocratiques, motifs de discorde. Ils [les conciles] non seulement échoué à aider la cause de l'unité, mais ils ont élargi le fossé et ont provoqué de nouvelles divisions. 

Les membres de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre orthodoxes et catholiques romains ont conclu ceci à l’unanimité lors de la sixième session plénière de l'Assemblée générale de la Commission tenue à Freising, en  Allemagne en Juin 1990. Le texte qu'ils ont signé dit ce qui suit: "L’uniatisme comme méthode -où qu’il ait été appliqué- n'a pas réussi dans son but de parvenir à un rapprochement entre les églises. A l'inverse, il a il a apporté de nouvelles divisions, la situation qu'il a créé est devenue la cause des conflits et des épreuves qui ont laissé leur marque dans la mémoire collective et la conscience des deux églises. Ainsi, pour des raisons ecclésiologiques la conviction que d'autres mesures doivent être recherchées a été fermement établie." (¶ 6c)

Les textes pontificaux et patriarcaux, les études produites par des théologiens et même le dialogue théologique lui-même créent l'impression chimérique que le nouveau modèle supposé de l'unité recherchée est le modèle ecclésiologique des "Eglises sœurs. Dans le cadre de ce texte de Freising précité on lit: " Maintenant que nos Eglises se sont réunies sur le fondement ecclésiologique de communion entre les Eglises sœurs, il serait grave de détruire l'excellent travail vers l'unité des Eglises atteint par le dialogue en retournant à la méthode de l’uniatisme." (¶ 6d) Ce modèle s'applique en effet lorsque l'on parle des relations entre les Eglises autocéphales locales de l'Eglise orthodoxe, où la conciliarité tant sur le plan local et qu’international empêche quiconque d'affirmer sa compétence universelle, non seulement sur ​​les autres patriarches, mais aussi sur les conciles œcuméniques. 

Le Vatican, d'autre part, n’accepte pas, ni ne va accepter, l'égalité des primats, ou même celle des évêques, ni l'autorité suprême des conciles œcuméniques. C’est ce qui ressort des décisions du Concile de Vatican II ainsi que de ses déclarations et de ses actes contemporains, comme l'abolition de l'ancien titre du Pape de "Patriarche d'Occident" qui limite sa juridiction très localement. Ainsi, le Vatican nous trompe avec le modèle des "Eglises sœurs." En réalité, il cherche un nouvel uniatisme; un uniatisme qui est plus large et plus élastique, ayant une infinie diversité sur les questions de foi et de vie, aussi longtemps que la primauté du Pape est reconnue. 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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