dimanche 24 août 2014

Protopresbytre Theodoros Zisis: L’Uniatisme comme modèle de fausse unité/Les limites de la diversité dans l'unité (2 et fin))




Πρωτοπρεσβύτερος Θεόδωρος Ζήσης

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Saints martyrs Géorgiens d'Iviron 

(fête le 13/26 mai)

Martyrisés par les Latins au Mont Athos (13è siècle)

pour avoir refusé l'Union impie

voir 
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Fondamentalement, c'est le modèle adopté par l'ancienne version de l’uniatisme qui permet à ces chrétiens, en union avec Rome de maintenir leurs propres rites liturgiques, les saintes icônes, les vêtements de clergé, et d'autres coutumes et pratiques, dans certains cas sans même demander l'unité dans la foi ! Voyant que le premier modèle de l'unité que le papisme* utilisa -celui de la latinisation- n'a produit aucun résultat de longue date (qu'il soit appliqué violemment, comme c'était le cas à l'époque des croisades, ou par le biais de prosélytisme personnel), les jésuites ont inventé la méthode de l’uniatisme trompeur comme un des moyens les plus efficaces pour parvenir à l'union avec Rome. Ils ont fait cela en dépit du fait que l’uniatisme n'était ni un moyen d'union ni véritable ni saint; mais pour les Jésuites "la fin justifie les moyens." 

Selon l'éthique chrétienne, cependant les moyens et la fin doivent être saints. L'unité de foi et de culte ne peut être sacrifiée afin de garantir l'unité sous le Pape, dont le siège est lui-même faux et contraire à l'Évangile, car il bouleverse le modèle apostolique de l'administration donné par Dieu -le Concile- pour mettre en œuvre la monarchie absolue du Pape. 

L’unité véritable est assurée par l'unité de la foi, du culte et de l'administration: c'est le modèle d'unité de l'Église ancienne, que l'Église catholique orthodoxe a maintenu sans relâche. La méthode de l’uniatisme lance une fausse unité, une unité qui n'en a que le nom, car en dehors du fait qu'elle permet la diversité illimitée dans la foi et le culte, elle est basée sur une ecclésiologie hérétique car elle renverse le système synodal de l'administration de l'Eglise - institution divine- avec la primauté du Pape -institution humaine. Dans l'Église, la diversité n'est autorisée que dans des questions secondaires de la tradition et des pratiques locales, qui ne touchent pas aux fondements de la foi, du culte et de l'administration.

Ceux qui, de nos jours adhèrent et promeuvent la véritable unité - l'unité dans la foi, le culte et l'administration - sont troublés par ce qui a été tramé et préparé pour nous d'en haut dans le dialogue théologique, à l'insu du peuple. Là, lors du dialogue, tel qu'il est exprimé dans le texte de Ravenne (qui a également été discuté en Octobre 2009 à Chypre) les papistes ont attiré les orthodoxes en discussion sur l'imaginaire "primauté" universelle du pape, sans laquelle aucun projet d'union ne peut être accepté par le papisme luciférien.

Nous avons un nouvel uniatisme à nos portes; à ce propos, le co-président du comité mixte de dialogue, le cardinal Casper, a exprimé sa satisfaction quant au fait que les orthodoxes ont discuté de la primauté universelle du pape dans une certaine forme pour la première fois depuis des siècles. Nous avons été trompés par le Vatican: il ne peut y avoir d'union avec les papistes sans la primauté du Pape. Pour qu'il en soit autrement ils doivent faire appel à un "concile œcuménique" pour changer leur ecclésiologie, modifier la Constitution dogmatique de l'Église produite à Vatican II. 

Même si les théologiens catholiques impliqués dans le dialogue étaient convaincus par les orthodoxes et signaient un texte rejetant toute forme de primauté papale, en admettant que le pape - avec les autres Patriarches - soient premiers en honneur seulement, et en acceptant qu’avant tout, il y a l'autorité des Conciles œcuméniques, ce texte serait immédiatement rejeté par Rome. Il disparaîtrait, comme s’il n'avait jamais été produit. 

C'est précisément ce qui s'est produit en 1990 avec le texte de Freising qui a condamné l’uniatisme. Rome l’a rejeté, il a disparu et Rome nous a attiré dans la composition d'un nouveau texte sur l’uniatisme à Balamand, au Liban en 1993. Là, une délégation orthodoxe réduite (sans représentation de six églises autocéphales) a exonéré l’uniatisme avec les théologiens papistes, de manière à être en ligne avec le Concile Vatican II, qui fait l'éloge de l’uniatisme, et afin qu'il puisse rester un modèle pour l'unité avec les orthodoxes comme par les textes de Ravenne et de Chypre. 

Rome, par conséquent, n'accepte que ce qui est en accord avec ses propres innovations et rejette les choses de l'Évangile et de l'Église. Cette façade, cette caricature de dialogue peut-elle être considérée comme un dialogue véritable? Est-il acceptable pour nous de participer à un dialogue hypocrite, ostensiblement faux, un dialogue dont l'issue est déjà connue: c'est-à-dire, le rejet de tout ce qui n'est pas en accord avec le dogme papal?

Depuis la dormition en Christ de l'archevêque Séraphim [d'Athènes], la position de notre hiérarchie ecclésiastique sur ces questions a été décevante. Nous en sommes même arrivés au point que beaucoup d'entre nous envisagent d'invoquer le 15e canon du premier Concile (convoqué par saint Photius en 861), qui permet l'arrêt de la commémoration de ces évêques qui ne maintiennent pas l'Orthodoxie, comme ce fut fait en 1970, lorsque le Métropolite Augustinos de Florina, les Métropolites Paul de Paramythia et Ambroise d'Elevtheropolous, à jamais mémorables et presque tous les monastères du Mont Athos, ont cessé la commémoration du Patriarche Athénagoras.

Même si les nuages ​​de l'œcuménisme et du philopapisme sont encore épais, l'horizon a recommencé à s’ouvrir - il y a des flots de lumière; la décision d'octobre dernier de la hiérarchie de l'Eglise de Grèce de fournir des lignes directrices pour ses représentants au dialogue théologique dans les discussions sur la "primauté" du Pape, retrouve la voie des Pères de l'Église; il y a aussi votre voix forte, votre action inlassable et incessante, Votre Eminence [il s’adresse au Métropolite Séraphim du Pirée]. Votre audace et son franc-parler sur une foule de questions de foi et de vie nous étonne. Déjà, vous avez été placé à la tête de la lutte anti-papale et anti-œcuménique, comme le prouve la conférence d'aujourd'hui, qui se déroule sous votre patronage; il y a ceux parmi vos collègues évêques qui ont signé la Confession de foi contre l'œcuménisme avec vous, et il y a d'autres évêques qui ne l'ont pas signée mais qui sont d’accord; il y a six monastères hagiorites et une foule d'autres monastères –d’hommes et de femmes- qui ont signé; des centaines d’higoumènes, de hiéromoines, de prêtres mariés, de moines et des milliers de laïcs qui ont signé et continuent à signer et qui, dépassant toutes les attentes, ont inondé ce grand auditorium ce soir.

Nous espérons et croyons que nous ne serons pas amenés dans un nouvel uniatisme, dans la reconnaissance de la primauté universelle du Pape sous n'importe quelle forme. 

Si, toutefois, ceux qui sont puissants et influents, les nouveaux Bekkos, Bessarion, et Isidore**, imposent ce développement, nous tous, avec l'aide de Dieu et les prières de la Très Sainte Mère de Dieu et de tous les saints qui ont lutté et confessé la foi, nous l’annulerons encore une fois et nous assurerons qu'elle n'est pas appliquée.

Version française Claude Lopez-Ginisty
 d’après

Notes
* Le terme de papisme n’a rien de péjoratif ou d’offensant en soi, puisque ce qui catégorise d’abord l’Eglise catholique romaine, c’est toute sa doctrine centrée autour de la personne du Pape de Rome qui a la prétention d’être le "vicaire" du Christ, d’exercer une juridiction personnelle sur tous les fidèles, et d’être infaillible !

** Renégats qui acceptèrent l'union avec la papauté romaine.

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