jeudi 2 mai 2024

Père Zechariah Lynch: Le disciple désobéissant


Le lecteur trouvera ci-dessous le beau récit d'un disciple qui, malgré son manque apparent d'obéissance stricte, porta de grands fruits. Il associa à juste titre le discernement à l'obéissance. En effet, sans discernement, l'obéissance peut devenir abusive. Bien entendu, ce discernement était (et doit être) exercé avec beaucoup d'amour et de dévotion chrétienne. C'est de la plus haute importance. Nous pouvons discerner qu'il ne s'agissait pas pour le disciple de « simplement obéir », mais qu'il était également responsable de « se comporter comme Dieu le veut ». Que le Seigneur nous donne la sagesse.

Je pense qu'il est également possible, pour le lecteur en général, de remplacer l'expression « vie monastique » par « vie chrétienne » dans le texte suivant. « Avec quel amour ils ont vécu la vie chrétienne... » Que le Seigneur nous accorde au moins un dé à coudre plein d'un tel amour de compassion et de piété. Ce sont des vertus courageuses, qui n'ont rien de faible ou de veule.

Gerondissa Makrina Vassopoulou


Je vous laisse, en tant que lecteur, vous nourrir spirituellement de l'histoire elle-même, qui est tirée du livre « Words of the Heart, Gerondissa Makrina Vassopoulou » (Les mots du cœur, Gerondissa Makrina Vassopoulou). Monastère orthodoxe grec de Saint-Jean le Précurseur, pp. 247-249 ».

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Début de l'extrait -

Il était une fois un staretz qui menait une vie très spirituelle avec son disciple. À une courte distance de leur maison, ils possédaient une petite cabane abandonnée. Un jour, un autre staretz vint et demanda à y habiter. « Abba, pourquoi ne me donnes-tu pas cette petite cabane pour que je puisse moi aussi vivre près de toi ?

Le premier moine répondit : « Pourquoi pas ? Que cela soit béni. Tu l'as. » Et l'autre staretz s'installa. Le staretz nouvellement installé était très cultivé spirituellement et les gens lui rendaient continuellement visite. Le premier vieillard vit la foule et eut des pensées envieuses parce que les gens allaient vers le nouveau venu et non vers lui. Il n'arrivait pas à s'en remettre. Au bout d'un certain temps, il dit à son disciple : « Va dire à ce starter de quitter la cabane et de trouver un autre endroit où vivre, car j'en ai besoin ».

Le disciple répondit : « Que cela soit béni », se leva et partit.

Lorsque le disciple arriva, il demanda : « Comment vas-tu, cher Père ? »

« Que puis-je dire, mon enfant ? J'ai du mal à suivre la voie monastique. »

« Mon staretz t’envoie de nombreuses bénédictions et il t'aime beaucoup. »

« Remercie-le et dis-lui de prier pour moi car je ne vais pas bien. Mon estomac me fait souffrir. »

Au bout d'un certain temps, le staretz qui possédait la cellule vit que l'autre staretz était resté et que les gens continuaient à aller vers lui. Il dit à son disciple d'aller de nouveau voir le nouveau venu et de lui dire de quitter la cabanee sans tarder. Le disciple s'y rendit.

« Comment vas-tu, mon enfant ? Qu'est-ce qui t'a amené ici ? »

« Je suis venu te voir, cher père. Mon staretz a appris que tu étais malade et m'a envoyé te voir. Il t'envoie ses meilleurs vœux, ses prières et beaucoup d'amour, ainsi que son grand respect et son estime. »

« Je le remercie. Je n'ai pas de mots pour le remercier du grand amour qu'il me porte. Dis-lui que je vais bien grâce à ses prières. »

Le disciple retourna à la cellule et dit à son staretz que si Dieu le voulait, le moine partirait le dimanche. Le pauvre staretz se calma.

De nouveau, des gens vinrent voir l'autre staretz, et quand le dimanche arriva, il était toujours là. Le premier vieillard perdit patience et dit : « Maintenant, je vais aller le chasser de la cabane avec ma canne. » Il se leva donc pour y aller. 

« Le disciple réussit à dire :  »Laisse-moi te précéder pour lui dire de sortir, afin que tu ne te fatigues pas à courir. Je vais voir s'il y a du monde pour ne pas scandaliser quelqu'un quand tu arriveras. »

Le disciple arriva le premier et dit : « Cher Père, mon staretz vient avec beaucoup d'amour te rendre visite et t'amener dans notre cellule. » Dès qu'il apprit que le staretz qui possédait la cellule venait, il pensa qu’il s'était donné beaucoup de mal pour lui, et il sortit pour aller à sa rencontre. Dès qu'il le vit, il fit une grande prosternation en disant : « Mon cher frère, mon père, mon bienfaiteur », et commença à lui adresser de nombreuses paroles d'affection.

Le staretz, voyant l'amour de l'autre, s'adoucit, l'embrassa sans rien dire et l'emmena dans sa cellule. Plus tard, il demanda au disciple : « Tu ne lui as rien dit de ce que je t'ai dit, n'est-ce pas ?

« Non, répondit-il.

Alors le staretz prit son bâton pastoral et dit à son disciple : « Je ne suis pas digne d'être ton staretz, tu prends le bâton pastoral». Vous voyez l'amour qu'il y avait entre les anciens et les disciples !

S'il était allé dire ce que son staretz lui avait dit, il aurait contrarié l'autre staretz en lui disant : « Qu'est-ce que tu me racontes ? La hutte ne lui servait à rien et il m'a laissé rester ici. Peut-être que j'appelais les foules ? C'est tout siomplement Dieu qui les appelait ». Quelle courtoisie ils avaient à l'époque. Avec quel amour ils vivaient la vie monastique, avec quelle compassion et quelle piété ! Les luttes spirituelles de ce disciple avaient atteint des sommets ! Il avait des convictions si élevées qu'il ne voulait pas aigrir le cœur de l'un ou l'autre des startsy ! Son staretz lui a dit : « Fais ceci et cela », et il a fait preuve de discernement pour faire ce qui était juste. Il obéissait et allait là où son staretz l'envoyait, mais il avait l'état d'esprit suivant : « Je me comporterai comme Dieu le veut ». La Grâce de Dieu était en lui et l'éclairait sur la manière d'agir pour aider les startsy. Dans ce cas, il fit preuve d'obéissance et de discernement. Comme les gens vivaient bien ! C'est pourquoi nous devrions avoir beaucoup de discernement et de crainte de Dieu dans nos âmes.

La fausse accusation est une chose grave ! Nous entendons une conversation et nous la répétons comme nous l'avons comprise. Que nous sachions ou non si elle est correcte ou bonne, nous la répandons autour de nous. Pensez donc à la belle action que le disciple a accomplie entre les deux startsy ! Quel bel amour, quelle merveilleuse compassion ! Comme il les a unis ! Il a aidé son staretz à se débarrasser de sa passion et à vivre avec son prochain dans la paix et l'amour !


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Patristic Faith

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