dimanche 24 mars 2024

Dimanche du triomphe de l'Orthodoxie

Au cours du Grand Carême, nous lisons le Grand Canon écrit par saint André, archevêque de Crète.

Saint André de Crête

Il nous y enseigne la repentance et notre relation avec Dieu en s'appuyant sur la vie de personnages bibliques. Nous lisons également la vie de Sainte Marie d'Égypte, qui s'est détournée de l'égarement de son enfance et a passé des années à se repentir dans le désert. Ce récit étonnant a été rapporté par saint Sophrone, qui fut élu patriarche de Jérusalem en 634. 

Ste Marie d'Egypte

Dans le calendrier des saints, nous trouvons que saint Sophrone est commémoré aujourd'hui. Il était en quelque sorte un chroniqueur. Né à Damas vers l'an 560, il reçut une éducation de premier ordre, mais mondaine. Mais cela ne lui suffit pas et il se tourna vers la sagesse spirituelle, voyageant dans les monastères et les lieux saints. C'est ainsi qu'il arriva au monastère de Saint-Théodosie, près de Bethléem, où il rencontra le moine Jean Moschus. Ensemble, ils entreprirent un pèlerinage spirituel et consignèrent soigneusement tout ce qu'ils découvrirent. Les efforts du moine Jean sont consignés dans son livre La Prairie spirituelle, qui a été traduit [dans plusieurs langues]. 

St Sophrone de Jérusalem

Leurs voyages les conduisirent à Rome, où Jean mourut. À sa demande, Sophronie ramena son corps en Terre sainte pour l'enterrer. Sophrone resta ensuite à Jérusalem, où il assista au retour de la Vraie Croix de Perse, portée dans la Ville Sainte par l'empereur Héraclius en personne. À cette époque, le vieux patriarche Zacharie mourut et fut remplacé par Modeste, qui mourut également en 634. Sophrone fut élu pour lui succéder en tant que patriarche et il gouverna le patriarcat de Jérusalem pendant quatre ans, au cours desquels il défendit l'orthodoxie contre l'hérésie monothélite. Cette hérésie enseigne qu'il n'y a dans le Christ qu'une seule volonté d'agir, sapant ainsi les deux natures du Christ et niant ainsi qu'il est à la fois pleinement Dieu et pleinement homme. Sophrone était à la fois chroniqueur et écrivain liturgique. Il est surtout connu pour avoir consigné la vie de Sainte Marie d'Égypte. 

Dans ses commentaires introductifs, saint Sophrone dit : "Il ne faut pas garder le secret d'un roi : Ne pas garder le secret d'un roi est périlleux et constitue un risque terrible, mais garder le silence sur les œuvres de Dieu est une grande perte pour l'âme. Et moi, en écrivant la vie de sainte Marie d'Égypte, j'ai peur de cacher les œuvres de Dieu par le silence. Me souvenant du malheur qui menaça le serviteur qui cacha dans la terre le talent que Dieu lui avait donné (Mt 25, 18-25), je me dois de transmettre le saint récit qui m'est parvenu.

Et que personne ne pense que j'ai eu l'audace d'écrire des contrevérités ou de douter de cette grande merveille - que je ne mente jamais sur les choses saintes ! S'il se trouve des personnes qui, après avoir lu ce récit, ne le croient pas, que le Seigneur ait pitié d'elles parce que, reflétant la faiblesse de la nature humaine, elles considèrent comme impossibles ces choses miraclleuses accomplies par des personnes saintes. Je dois maintenant commencer à raconter cette histoire étonnante, qui s'est déroulée dans notre génération. Suivons donc l'exemple de saint Sophrone et ne gardons pas ces merveilles pour nous, mais partageons-les avec tout le monde. Il est triste de constater que certaines personnes qui se disent chrétiennes ne connaissent pas ces grands trésors de l'Église. Nous avons tant à apprendre de la vie des saints. 

En ce premier dimanche du Grand Carême, nous commémorons un événement qui s'est déroulé en 843 et qui a mis fin à l'iconoclasme dans le monde byzantin. Ce problème avait commencé plus d'un siècle auparavant et le 7e concile œcuménique de 787 avait, en théorie du moins, établi la vérité et résolu le problème. Cependant, les hérétiques ne se laissèrent pas faire et une deuxième vague d'iconoclasme commença en 815. [...] 

Comment la question de l'ikonoclasme a-t-elle été soulevée ? Une théorie avancée pour l'expliquer est que l'histoire de l'Empire byzantin a été ponctuée de graves échecs militaires. La montée de l'islam semble avoir été facilitée par des succès militaires. En termes simples, la question est la suivante : pourquoi les musulmans semblèrent-ils bénis, alors que les Byzantins ne l'étaient pas ? L'Islam interdisait les images religieuses. L'Église chrétienne avait-elle donc irrité Dieu en utilisant des icônes ? Les icônes ont donc été condamnées comme superstition en citant l'Ancien Testament. On se souviendra volontiers que l'histoire s'est répétée en Occident au cours des XVIe et XVIIe siècles sous l'impulsion de Calvin, Knox, Cromwell et d'autres.

L'empereur Léon III avait lancé la campagne contre les icônes, mais il mourut en 741 et son fils Constantin V lui succéda. Il semble avoir été l'archétype du protestant, car il aurait été hostile aux icônes, aux sanctuaires, à l'invocation des saints et au monachisme. Il convoqua un "concile" pour promulguer son opposition aux icônes. Ce faux concile  réunit environ 300 évêques désireux d'obéir à ses souhaits, mais aucun des cinq patriarches ni leurs représentants n'y assistèrent ; Constantinople était vacante, Antioche, Jérusalem et Alexandrie se trouvaient alors en dehors de l'Empire byzantin et Rome n'en tint pas compte.



Deux femmes furent les championnes de la foi orthodoxe. L'empereur Léon IV, adepte de l'iconoclasme, mourut en 780. Sa veuve Irène, en tant que régente de son jeune fils, l'empereur Constantin VI, fut déterminée à restaurer les icônes. Sous son inspiration, le 7e concile œcuménique se tint à Nicée. Les hérétiques ne se repentirent pas, mais attendèrent leur heure et trouvèrent un nouveau défenseur en la personne de l'empereur Léon V, l'Arménien, qui entama une seconde période de persécution en 815. 


Le dernier empereur iconoclaste, Théophile, mourut en 842 et sa veuve Théodora, en sa qualité de régente, ordonna la restauration immédiate des icônes. Cette restauration fut officiellement proclamée le premier dimanche du Grand Carême en 843 et elle est célébrée triomphalementdepuis lors.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND 

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