samedi 13 janvier 2024

Mythe et réalité concernant le Tzar Nicolas II




Transcription en français de la vidéo

"Un réactionnaire faible, stupide, incompétent, qui a bloqué le progrès vers une monarchie ou une république constitutionnelle de type occidental". C'est le stéréotype occidental primitif du tzar Nicolas II, tellement calomnié puis martyrisé, dont la seule vraie faute était probablement d'être trop gentil. En fait, ce stéréotype si largement répété en dit peu sur lui, mais il en dit beaucoup plus sur la xénophobie odieuse et les préjugés arrogants, hypocrites et auto-justifiants de ceux qui soutiennent ces idées.

Ce qu'ils disent en fait, c'est que le tzar innocent, qui s'opposait à leur "progrès" matérialiste occidental, devait être détruit, même si la manière barbare de sa mort et de celle de sa famille serait embarrassante pour eux. Ce qui est remarquable, c'est que cette historiographie occidentale anti-russe coïncide parfaitement avec l'historiographie anti-orthodoxe, à la fois soviétique et prérévolutionnaire. Pourquoi? Tout simplement parce que ses écrivains ont les mêmes sources - dans la même idéologie anti-chrétienne et matérialiste qui s'est développée en Occident et que l'Occident a répandue dans le monde entier. Quels sont certains de ces mythes ?

La servitude de la gleba

La servitude n'est pas une idée russe : elle a été introduite par l'Occident avec l'absolutisme, c'est-à-dire le monarchisme tyrannique. La servitude a été progressivement introduite en Russie par des dirigeants occidentaux ou de dirigeants à la mentalité occidentale, en particulier l'empereur Pierre Ier et l'impératrice allemande Catherine II. Elle n'a duré qu'environ 200 ans et a été abolie pacifiquement avant que les États-Unis n'abolissent leur système d'esclavage - seulement aux États-Unis, il fallut une terrible guerre et un demi-million de morts avant que l'esclavage ne puisse être aboli. En ce qui concerne l'Europe occidentale, il faut ajouter qu'au XIXe siècle, la condition des ouvriers agricoles et des masses ouvrières de l'industrie n'était guère meilleure que l'esclavage.

La personnalité du tsar Nicola

Le tzar Nicola parlait couramment cinq langues, avait parcouru le monde et connaissait très bien l'histoire européenne. L'appeler stupide ou intellectuellement limité est absurde. C'est vrai, ce n'était pas un "intellectuel" - mais quel intellectuel est-il jamais devenu un grand souverain ?

S'il avait été faible, il aurait succombé au stress d'être tzar bien avant la première guerre mondiale. S'il avait été faible, il n'aurait jamais pris le commandement de ses forces armées en août 1915. Il n'était pas incompétent, même si de nombreux généraux, ministres, aristocrates et bureaucrates autour de lui, y compris ses cousins Romanov, étaient certainement incompétents – en plus d'être des fainéants inutiles.

L'un des plus grands problèmes du tzar était de trouver des administrateurs désintéressés, fiables et compétents. C'est précisément la trahison de carriéristes peu fiables et incompétents qui provoqua l'abdication du tzar. Définir le tzar comme réactionnaire est également absurde. C'est lui, par exemple, qui nomma le brillant libéral Piotr Stolypine, premier ministre, contre tous les avis. Celui-ci taxa les riches et donna aux pauvres, transformant les paysans en propriétaires terriens, à la grande irritation de certains membres de la famille Romanov et d'autres aristocrates trop riches, qui complotèrent ensuite contre le tzar. La tragédie est que Stolypine fut assassiné par un terroriste après seulement cinq ans au pouvoir et avant que ses réformes n'aient obtenu tous les résultats requis.

La personnalité de la tzarine Alessandra

La tzarine n'était ni hystérique, ni immorale, ni pro-allemande. Elle s'identifiait pleinement à la Russie orthodoxe ; son aliénation de la société pétersbourgeoise décadente s'est produite précisément parce qu'elle avait une morale.

Et ayant vu son royaume de Hesse détruit par le prussianisme, elle n'avait que de l'aversion pour le militarisme allemand qui se cachait derrière la guerre du Kaiser. Elle souffrait certainement beaucoup d'angoisse à cause de l'état de son fils, mais quant à être hystérique, comment aurait-elle pu l'être, lorsqu'elle choisit de laver et de soigner les blessures des soldats jour après jour pendant deux ans ?

Khodynka

La foule inattendue de personnes sur le camp de Khodynka après le couronnement du tzar en 1896, au cours de laquelle plusieurs centaines de personnes sont mortes, peut difficilement être imputée au tzar. Comme les récents exemples de foule dans les pays occidentaux, il s'agissait d'un terrible accident, qui fit des centaines de morts dans une foule alors sans précédent de 500 000 personnes. Le tzar compatissant versa d'énormes sommes de son argent aux familles de ceux qui avaient subi des dommages.

Pogrom

De loin, les pires révoltes anti-juiques ("pogrom") au début du siècle n'eurent pas lieu dans l'Empire russe, mais à Berlin, à Vienne et ailleurs en Europe occidentale (qui a oublié Dreyfus ?). En Russie, ces émeutes ont été fortement découragées et ont impliqué un petit nombre en Pologne, en Bessarabie et dans l'ouest de l'Ukraine. Le gouvernement du tzar fit tout son possible pour défendre les Juifs de son empire, qui s'y étaient installés à la recherche d'une protection contre les persécutions en Europe occidentale. Par conséquent, les Juifs furent tenus à l'écart de vastes régions de la Russie pour leur protection contre les paysans, qui se sentaient exploités et offensés par le génie commercial réussi des Juifs. Comme nous le savons tous, ce ne sont pas les Russes qui ont tué des millions de Juifs dans les années quarante, mais les Européens occidentaux - et parmi eux, il faut le dire, pas seulement les Allemands.

La guerre russo-japonaise

Un Japon belliqueux, impatient et impérialiste attaqua la Russie sans préavis à Port Arthur en 1905, tout comme il attaqua sans préavis les États-Unis à Pearl Harbor en 1941.

Le manque de préparation russe est dû en partie au fait qu'il avait dépensé si peu pour ses forces armées - contrairement aux nations occidentales agressives et à leur imitateur - le Japon. C'est le tzar Nicolas qui a proposé le désarmement international à La Haye. Accuser ce pacificateur d'avoir commencé la guerre pour créer l'unité nationale est simplement un mythe de ceux qui ne connaissent pas l'histoire.

Avec seulement environ un quart des dépenses militaires de l'Europe occidentale et du Japon, une Russie axée sur la paix n'était pas équipée pour mener une guerre à des milliers de kilomètres de sa capitale. Il n'est pas du tout juste de blâmer le tzar pour l'agression japonaise ou l'inefficacité désastreuse des membres individuels de son administration avant et pendant cette guerre.

Dimanche sanglant

En l'absence du tzar de Saint-Pétersbourg (en raison d'un attentat presque réussi contre lui et sa famille trois semaines plus tôt), une foule violente (et non "pacifique et non armée", comme le dit la propagande occidentale), s'est rebellée en brûlant et en pillant des véhicules et d'autres propriétés pendant le dimanche sanglant de 1905. Elle était dirigée par un prêtre renégat, marié deux fois, le père Georges Gapone, qui se pendit l'année suivante, lorsqu'il fut découvert qu'il s'agissait en fait d'un agent secret. Pour défendre les citoyens effrayés de Saint-Pétersbourg, les troupes ont ouvert le feu et tué tragiquement environ 100 manifestants, et non des "milliers", comme le dit la propagande occidentale. Les soldats ont dû ouvrir le feu pour défendre les habitants de Saint-Pétersbourg, qui s'étaient barricadés chez eux par terreur. La tragédie est que des gens sont morts.

Le prétendu retard de la Russie

La Russie n'était pas aussi arriérée que le prétendent les médias occidentaux. À bien des égards, l'Europe occidentale et les États-Unis étaient en grande partie beaucoup plus arriérés. En 20 ans sous le tzar Nicolas II, la population de son royaume passa de 123 millions à 175 millions. En 1913, la vitesse du développement industriel en Russie avait dépassé celle des États-Unis. En 1913, sa production de blé avait dépassé d'un tiers celle des États-Unis, du Canada et de l'Argentine réunis. L'Empire russe était devenu le grenier de l'Europe ; sa production de blé augmenta de 70 % entre 1894 et 1914. Entre 1894 et 1913, sa production industrielle quadrupla. En 1914, l'économiste français Edmond Théry prédit qu'en 1950, la Russie dominerait l'Europe politiquement, économiquement et financièrement.

L'assurance sociale fut introduite en 1912, il y avait une inspection d'usine, mais dès le XVIIIe siècle, des lois interdisaient certaines formes d'exploitation, y compris l'introduction d'une journée de travail maximale de dix heures. En 1914, 80 % des terres arables étaient entre les mains des paysans et le tzar lui-même céda librement 40 millions d'hectares de terres en Sibérie. Tant de dizaines de milliers d'écoles furent ouvertes qu'en 1917, le niveau d'alphabétisation était de 85%, comparable à celui d'aujourd'hui aux États-Unis.

La Russie du tzar ne fut pas détruite parce qu'elle était "arriérée", mais parce qu'elle était le dernier rempart du christianisme, et que les matérialistes ennemis de l'Évangile, capitalistes ou communistes, ne pouvaient pas le tolérer.

La première guerre mondiale

Le but des alliés occidentaux n'était pas seulement de vaincre l'Allemagne. Ce but devait aussi affaiblir et diviser la Russie. L'Occident savait qu'avec encore trente ans de paix, la Russie deviendrait la nation la plus prospère du monde. L'Occident ne l'aurait pas permis. Par conséquent, dès que la révolution organisée par l'Occident eut lieu, au début de 1917, les États-Unis entrèrent en guerre et le siècle américain commença. En 1945, toute l'Europe occidentale était devenue une marionnette américaine.

Ce n'était pas une coïncidence. La loyauté du tzar envers les alliés l'empêcha de conclure une paix séparée ; malheureusement, sa loyauté et ses sacrifices pour la cause alliée furent accueillis par la déloyauté des alliés envers lui et son règne. Ce qui fut remarquable dans l'issue de la guerre, c'est la trahison de l'Occident. Lors de l'abdication du tzar, Lloyd George déclara même au Parlement que grâce à elle "la Grande-Bretagne avait atteint l'un de ses principaux objectifs de guerre" !

Après le coup d'État des bolcheviks, qui arrachèrent le pouvoir aux aristocrates et à la bourgeoisie incompétents qui avaient mené la révolution, les Anglais débarquèrent à l'extrême nord et à Bakou, dans l'extrême sud de l'Empire russe, donnant l'indépendance à l'Azerbaïdjan, car ils étaient avides de son pétrole. Les Italiens défilèrent en Géorgie et y créèrent un État indépendant, car ils étaient avides de son manganèse. Les Français occupèrent Odessa et intriguèrent pour obtenir l'indépendance de l'Ukraine. Au lieu d'équiper les Russes blancs, l'Occident donna les armes aux Polonais, qui envahirent ensuite et occupèrent Kiev et Smolensk. Puis les Américains et les Japonais débarquèrent à Vladivostok. Le général renégat Brusilov, qui passa des blancs aux rouges, remarqua que "les Polonais assiègent les forteresses russes avec l'aide des nations que nous avons sauvées d'une défaite certaine au début de la guerre". Même s'il était traître au tsar, il a dit la vérité ici.


Version français Claude Lopez-Ginisty

d'après

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