mercredi 22 novembre 2023

SAINT ARSENE DE CAPPADOCE : "IL LEUR APPORTAIT LUI-MÊME DU TABAC À FUMER !

 

Saint Arsène et saint Païssios

Nous avons connu saint Arsène de Cappadoce, le Hatzefendis, principalement grâce au livre que lui a consacré un autre saint de notre temps, le staretz Païssios du Mont Athos. 

C'est lui qui a "façonné" saint Païssios dès son plus jeune âge, déjà depuis leur lieu d'origine commun, Farasa en Cappadoce, et qui a donc voulu suivre les traces de sa propre vie et devenir moine, entièrement consacré à Dieu. 

Et peut-être que ce tournant du staretz Païssios vers la vie monastique, en dehors de sa propre vocation, était également dû dans une certaine mesure à la puissance de la prière de Saint Arsène, qui, en la personne du jeune Farassien (plus tard saint Païssios, fils du président de Farasos de l'époque, Prodromos Eznepidis), voyait son propre héritier, comme il l'a même exprimé au moment du baptême de l'enfant - on sait qu'au moment de la cérémonie de baptême, il a "forcé" le parrain à prononcer son propre nom, Arsène, au lieu de Christos.  

Le désir de Saint Païssios d'écrire la vie de saint Arsène était ancré en lui depuis de nombreuses années jusqu'à ce qu'il devienne réalité. Lorsqu'il eut rassemblé suffisamment de données et qu'il eut en quelque sorte achevé le livre, saint Arsène, après une présence miraculeuse, "approuva" le travail de son disciple et "successeur".

Dans le présent texte, cependant, nous voulons souligner un point de l'activité pastorale de saint Arsène, lorsqu'après les services divins, il rassemblait les habitants de Farasa, et même les plus âgés, pour leur parler des thèmes de l'Évangile, de la vie des saints, d'histoires tirées même de l'Ancien Testament. Sa manière de s'occuper de la pastorale était remarquable, révélant la hauteur de son discernement et de sa sainteté.

"Lorsqu'il (saint Arsène) voyait quelques petits vieillards s'inquiéter, souvent parce que le récit était long et qu'ils voulaient fumer, il se levait lui-même et leur apportait du tabac et leur donnait du repos en ces occasions ; ainsi ils étaient disposés à s'asseoir et à écouter attentivement, afin qu'ils puissent eux aussi les raconter ensuite, chacun dans sa propre maison ou dans son quartier."

On pourrait penser que le saint aurait été fâché de voir l'inquiétude des anciens pour satisfaire une passion, car cela montrait que leur priorité était les choses matérielles et terrestres et non Dieu et sa Parole. Mais le saint avait les pieds sur terre et comprenait parfaitement la nature humaine. Il savait que lorsqu'une personne cède à une passion, et ce de manière répétée, cette passion, par habitude, acquiert une grande profondeur dans l'âme de l'homme, s'enracine et s'établit si fermement qu'il devient presque impossible de l'éliminer - la seconde nature est ce que les sages ont longtemps qualifié d'habitude chez l'homme.

Donc, oui, saint Arsène comprenait l'inquiétude des aînés accros à la cigarette.  Même s'ils voulaient arrêter, ils ne pouvaient pas le faire tout de suite.

Et cette compréhension, fruit non seulement d'un principe pédagogique mais aussi d'une "frénésie d'amour", l'amena non seulement à tolérer leur faiblesse, mais aussi à s'empresser de la satisfaire lui-même - il leur apportait leur tabac. Pourquoi ? Parce que d'une part (surtout selon les critères de l'époque), la cigarette était peut-être une passion, mais pas une passion mortelle - elle était considérée comme un simple plaisir humain - et d'autre part, il voyait qu'ils étaient des gens de bonne nature, aimant Dieu, au point que non seulement ils acceptaient ses histoires saintes avec soin, mais qu'ils agissaient ensuite en missionnaires en les apportant à d'autres membres de leur famille et plus largement. Ce dernier point aurait certainement fait espérer au saint le dépassement de leur passion particulière. En effet, lorsque l'on est orienté vers Dieu, c'est Lui qui donne la force de se libérer progressivement de toute faiblesse. 

La vie spirituelle a besoin, comme nous le disons, de "reflux". Les passions sont "coupées" peu à peu, dans la mesure où l'homme s'oriente vers Dieu. Et de même que lorsqu'on commence à courir, on a d'abord une petite vitesse, qui augmente progressivement, de même dans la vie spirituelle : on fait de petits pas timides et, en proportion de son amour pour Dieu, les pas deviennent des bonds, les bonds peuvent devenir des courses avec des ailes.

Saint Arsène est un don de Dieu au monde moderne. Son amour, son discernement, ses miracles constants dus à la "perfection" de son âme devant Dieu, sont des rayons de la Grâce de Dieu qui agissent de manière thérapeutique dans notre monde frappé par le péché. 

Et comme l'écrit saint Païssios vers la fin de son livre sur le saint, "de nos jours, Hatzefendis (le père Arsène) ne court pas à pied et ne halète pas pour rattraper les malades, leur lire la bénédiction appropriée et les guérir, mais il vole confortablement comme un ange d'un bout à l'autre du monde et peut rattraper tous les fidèles qui l'invoquent avec révérence".

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ΑΚΟΛΟΥΘΕΙΝ


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