dimanche 5 juin 2022

Paroles du Phanar: Faites ce que je dis... pas ce que je fais

 


Récemment, le patriarche Bartholomée a tenu des propos peu gracieux à propos du patriarche Cyrille. Par « disgracieux », je veux vraiment dire risibles, à la limite de l'obscène.

L'origine de ses propos regrettables était le conflit de la Russie avec l'Ukraine.

Aussi malheureuse que soit cette guerre, et alors que les chrétiens orthodoxes sont appelés à trouver un moyen de faire cesser les hostilités, Bartholomée fait le contraire. C'est-à-dire qu'il envenime la situation par ses paroles abjectes, inspirées comme elles le sont par sa haine extrême de la Russie. Pire encore, il a choisi de blâmer Cyrille pour les actions de l'armée russe.

Ceci, est bien sûr extrêmement malhonnête (c'est le moins que l'on puisse dire). Considérons le fait que le président turc Erdoğan a de nouveau décidé d'envahir la Syrie, un pays à minorité chrétienne, ainsi que le site de l'un des quatre anciens patriarcats. Comme indiqué, ce n'était pas la première fois que les Turcs choisissaient de conquérir le territoire syrien. (Si vous tente, veuillez prendre le temps de regarder la vidéo [en anglais] de The Duran https://www.youtube.com/watch?v=PdklNzpGWp8. Voir aussi note [1])

Pourtant, dans aucun des deux cas, Bartholomée n'a jugé bon de critiquer le président de la Turquie. En d'autres termes, nous n'entendons rien d'autre que le silence. Et pourtant, il daigne critiquer son frère russe pour (soi-disant) ne pas avoir fait la même chose.

La richesse de cette hypocrisie est aggravée par ses inactions, non seulement dans ce cas particulier, mais aussi dans d'autres cas. L'année dernière, Sainte-Sophie, le temple le plus vénérable de toute la chrétienté, a été transformé en mosquée. Pas plus tard que la semaine dernière, un incroyable spectacle de lumière laser a été réalisé (avec Sainte-Sophie comme toile de fond) à l'occasion de l'anniversaire de la chute de Constantinople. A ces deux occasions, Sa Sainteté n'a rien dit. Encore une fois, le silence.  [2]

Ensuite, il y a le fait que l'école de théologie de Halki continue de rester fermée. Et un ancien monastère dans le Pont s'est transformé en discothèque. Les coups ne cessent de pleuvoir.

Et pourtant, d'une manière ou d'une autre, l'Église orthodoxe russe est à blâmer à cause de l'invasion de l'Ukraine. Peu importe le fait que la population russophone d'Ukraine subisse des représailles militaires incessantes de la part du régime d'inspiration nazie à Kiev depuis plus de huit ans maintenant. Ou que quarante civils ont été brûlés vifs par des bandes Ukronazi à Odessa en 2014. Ou que le Pentagone avait mis en place plusieurs dizaines de laboratoires de guerre biologique, la plupart près de la frontière russe. En d'autres termes, Bartholomée a choisi de considérer les Ukrainiens comme des victimes innocentes, choisissant d'ignorer le fait que les Russes répondaient peut-être à des agressions incessantes pendant près d'une décennie.

Non, au lieu de cela, il choisit de valoriser ses propres qualités par opposition à celles de Cyrille. Bartholomée nous assure en riant que s'il, était patriarche de Russie, il condamnerait l'opération militaire spéciale de la Russie et « irait même en prison » si nécessaire.

Compte tenu de la teneur des personnes qui demeurent au Phanar, ce n'est pas seulement risible, c'est ridicule.

Il peut atténuer son hypocrisie s'il se rend au palais présidentiel d'Ankara et condamne le président Erdoğan en face. Non seulement à cause de son agression contre la Syrie, mais aussi parce qu'Erdogan se tient résolument aux côtés de Poutine dans le conflit actuel en Ukraine. En effet, Erdoğan a également promis d'opposer son veto à l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN, mesure qui renforce considérablement la position géostratégique de la Russie face à l'Occident.

Je vais donc le dire catégoriquement : si le patriarche Bartholomée est vraiment offensé par l'opération militaire spéciale de la Russie, et s'il ne craint vraiment pas pour sa propre sécurité, alors la meilleure chose qu'il puisse faire est de condamner Erdoğan. Mais il ne le fera pas. Au lieu de cela, il continuera à faire des coups bas partout où il le pourra.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

MONOMAKHOS

NOTES

[1] en 2018, le patriarche Bartholomée de Constantinople, s’est trouvé également dans une position inconfortable : au titre de l’opération « rameau d’olivier » (!) les troupes turques avaient envahi le territoire souverain de la Syrie pour anéantir, on sait comment, la résistance kurde. À cette occasion, le patriarche Bartholomée a envoyé le message suivant au président Erdogan : « Conformément à la tradition de notre Église, nous prions toujours pour l’État, la santé de nos dirigeants… Nous prions pour que vous-même et les Forces armées turques obtiennent le succès et que l’opération ‘rameau d’olivier’ apporte la paix dans la région comme son nom le promet » (Hürriyet, 26.1.2018). B. Le Caro in orthodoxie.com

[2] Le "bon" patriarche n'a pas eu non plus une seule parole pour condamner les exactions violentes des partisans du schisme qu'il a créé en Ukraine avec des "clercs" obscurs -en fait de purs laïcs-venant du "patriarche" de Kiev défroqué par Moscou. Les églises pillées, le clergé molesté, les fidèles expulsés de leurs lieux de culte ne semblent pas émouvoir sa fibre paternelle.

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