samedi 21 mars 2020

ARCHIPRÊTRE STEPHEN FREEMAN: Ce qui manque... Jésus suffit-Il?


Le chrétien moyen, lisant sa Bible avec une heureuse dévotion, tombe par hasard sur ce passage :

Maintenant je me réjouis de mes souffrances à cause de toi, et je comble dans ma chair ce qui manque aux afflictions du Christ à cause de son corps, c'est-à-dire l'Église... (Colossiens 1:24)

Ce passage est particulièrement troublant pour une certaine tendance de la pensée protestante qui met l'accent sur la suffisance du Christ pour toutes choses. Le Christ a accompli toutes les choses nécessaires à notre salut et nous pouvons ainsi "nous reposer" dans Son œuvre achevée. Pour beaucoup, cela est au cœur de la Grâce. Dieu a fait pour nous ce que nous ne pouvons pas faire pour nous-mêmes. Il ne nous reste plus qu'à croire qu'il en est ainsi. Le Christ déclare : "Tout est accompli !" Il ne nous reste rien d'autre que la confiance.

Ce sentiment a récemment fait irruption dans une discussion sur le roman russe Laurus. J'ai assisté (et parlé) au symposium du huitième jour à Wichita, dans le Kansas. La présentatrice, Jessica Hooten Wilson, avait parlé du roman russe, Laurus, dans lequel le personnage principal entre dans la longue et difficile vie d'un saint fol-en-Christ après la mort d'une femme et de son enfant, résultat de sa propre inaction. Wilson a mentionné une critique d'Alan Jacobs (Université Baylor) qui a décrit sa spiritualité comme "hindoue" et a fustigé son approche du christianisme. Il a écrit :

...bien que je sache qu'Eugène Vodolazkine est  chrétien, je ne sais pas exactement quelle vision de la vie chrétienne m'est proposée dans ce livre... Dans Laurus... un long et dur travail spirituel paie pour les péchés, comme il le fait pour le monde...

Vodolazkine ne caractérise nulle part le travail de Laurus comme un paiement pour le péché. En effet, le concept est étranger à la pensée orthodoxe. C'est une absence si profonde qu'un professeur de littérature protestante a ressenti le besoin de la fournir, et avec elle, de déformer un beau roman orthodoxe. Lors de la discussion qui a eu lieu à la conférence, un participant protestant a convenu que le roman semblait étrangement incapable de "reposer" en Christ. Dans la mesure où je ne suis souvent pas en dialogue avec les chrétiens protestants, j'ai été pris au dépourvu par ces observations. J'ai oublié à quel point tout cela est étranger. Heureusement, c'est aussi étranger au Nouveau Testament.

Quoi que l'on puisse penser de la G râce, l'œuvre du Christ sur la Croix n'enlève en rien l'œuvre de la Croix de la vie des croyants. Nous sommes baptisés dans la mort du Christ, et nous continuons à le dire tout au long de notre vie : "Je suis crucifié avec le Christ, mais je vis" (Gal. 2 :20). C'est le Christ Qui a enseigné que nous devons nous-mêmes prendre la Croix et Le suivre. Il n'y a pas de christianisme "de repos" rendu disponible par une œuvre de substitution du Christ. L'œuvre du Christ est une question de participation (koinonia) - nous sommes baptisés en elle, nous vivons par sa présence en nous et nous ne cessons jamais de participer à cette œuvre.

Il est toujours difficile d'écouter ce qui est réellement dit et de ne pas essayer d'entendre une conversation qui n'a pas lieu. Le salut, dans le christianisme latin, a été rendu captif, assez tôt, du langage de la "grâce" et des "œuvres". Dans ce qui allait devenir un cadre juridique dominant, la grâce et les œuvres étaient facilement extériorisées, ce qui soulevait des questions sur qui faisait le "sauvetage".

Lorsque saint Paul dit qu'il remplit "ce qui manque" aux afflictions du Christ, soit il souscrit à une forme de pélagianisme, soit il n'a tout simplement aucune notion de salut juridique. C'est sans doute le cas de ce dernier. Quand il dit qu'il est crucifié avec le Christ, saint Paul veut dire précisément ce qu'il dit. En effet, c'est le cri le plus profond de son cœur :

 Et même je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur, pour lequel j'ai renoncé à tout, et je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ, et d'être trouvé en lui, non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s'obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi, afin de connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort, pour parvenir, si je puis, à la résurrection d'entre les morts. (Phil. 3:8-11)

Cela n'a rien du langage du gain, encore moins de la grâce extérieure et des œuvres. C'est le langage de la communion la plus intime, la plus mystique.

Nous connaissons un peu cette expérience, car elle est courante dans les relations marquées par un amour intense. La froideur d'une conversation sur qui a fait quoi, ou sur ce qui est dû à qui, n'a pas sa place dans une telle intimité. L'amour parle en termes d'union. Il veut partager de la manière la plus profonde possible la vie de l'être aimé.

Au cours des deux ou trois premiers siècles, le protestantisme a connu une rupture. Cette faille représentait, dans une large mesure, une profonde insatisfaction face à une présentation froide et stérile de la vie de la grâce. Les premiers protestants étaient presque tous attachés à une doctrine de "cessationnisme", enseignant que les miracles prenaient fin lorsque le Nouveau Testament était achevé. Il restait les doctrines plutôt mécaniques/intellectuelles qui assuraient le salut. Sèche comme la poussière.

La réaction à cela fut la naissance du piétisme, sous diverses formes et en divers endroits. Dans le pire des cas, l'émotivité du piétisme a conduit à des extrêmes de croyance et de pratique. Dans le meilleur des cas, il a produit des vies saintes et a donné du cœur à ce qui n'aurait été guère plus qu'une mort sèche pour le christianisme occidental. Dans la mesure où le christianisme occidental survit à nos difficultés actuelles, c'est le cœur né dans le piétisme qui le sauvera (du moins je le pense).

La transformation de l'expérience de la conversion piétiste en doctrine de la "renaissance" a eu tendance à confondre le piétisme et le protestantisme classique, encadrant l'expérience du cœur dans le langage rigide de la nécessité doctrinale. Comme de nombreux aspects du ou des protestantismes, la fragmentation de la doctrine et de l'expérience a été une caractéristique continue et dominante.

Le christianisme classique, dans sa forme orthodoxe, est très riche de son vocabulaire et de ses récits de l'expérience humaine de Dieu. Son approche de la doctrine est toujours "ontologique", ce qui signifie que la doctrine porte toujours sur "quelque chose qui est" et non sur une théorie ou un arrangement juridique. Parce que "quelque chose qui est" peut être expérimenté, il est toujours considéré comme tout à fait naturel que l'œuvre de Dieu ait une composante descriptible et expérientielle. Si je suis crucifié avec le Christ, il est intrinsèquement vrai qu'une telle chose est vécue d'une manière ou d'une autre. Dans le cas d'un saint fol-en-Christ, cela peut ressembler beaucoup au personnage de Laurus. Il doit être mis en contraste avec l'Américain de la classe moyenne qui chante des chansons joyeuses le dimanche, peut-être même ému aux larmes, satisfait et assuré que Jésus a pris soin de tout pour qu'il puisse retourner en toute sécurité aux banalités de sa vie. Jésus n'est-il pas merveilleux !

La vérité simple est que le Royaume de Dieu "souffre de la violence, et les violents s’en emparent". (Matt. 11:12) L'évangile engage toute la personne et suppose que nous allons aimer Dieu "de tout notre cœur, de toute notre âme et de tout notre esprit". Que cet engagement puisse être décrit par certains comme "la justice des œuvres" n'est qu'une indication d'un christianisme bifurqué qui a placé Dieu dans une réalité doctrinale de second ordre, alors que le parti laïque fait rage ici-bas.

Dieu merci, les Laurus ont parsemé le paysage historique. L'unité de la foi et de l'expérience illustrée dans leurs vies parfois orageuses murmure l'espoir que Dieu habite parmi nous et nous aime, se complaisant dans le désordre de notre existence crucifiée, s'efforçant sans cesse de s'enfoncer dans les profondeurs de notre être, tandis que nous nous efforçons de répondre de la même manière, supportant "ce qui manque aux afflictions du Christ" - notre propre réponse à son amour.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

vendredi 20 mars 2020

Homélie de Père Elie dimanche dernier


Dans le monde, en ce moment, un seul sujet alimente toutes les conversations : le coronavirus. Il retient l’attention au point de faire oublier d’autres fléaux aussi dramatiques et d’en occulter d’autres, tels que la nouvelle crise économique dans laquelle nous sombrons, ou l’invasion des émigrés que le président Turc veut lancer à l’assaut de l’Europe .



N’ayez pas peur, je ne vais pas aboyer moi aussi avec les loups, et vous refaire le couplet des recommandations, ni vous prêcher l’angélisme. Je voudrais au contraire que nous sortions de ce cercle infernal.

Je dis bien infernal, ou plus exactement satanique ! Il est déjà loin dans nos esprits, le temps où brûlait Notre-Dame de Paris. Nous avions remarqué alors, à la manière spectaculaire dont se propageait l’incendie, que l’on percevait le doigt du diable qui intelligemment poussait le feu où il voulait, même contre les éléments naturels.

Si j’évoque la destruction de Notre-Dame, c’est parce que je vois à l’œuvre le même doigt diabolique dans le phénomène de la pandémie qui nous atteint, conjointement à la crise économique dans laquelle nous plongeons ainsi que des drames humanitaires dont l’un des buts et de créer la victoire d’Allah sur notre Dieu Père-Fils et Esprit-Saint. Un combat titanesque se déroule sous nos yeux ! Les temps sont durs, certes, mais spirituellement parlant ils sont passionnants : l’Apocalypse, la Grande Révélation, se déroule sous nos yeux. Je ne peux ici relire pour vous tout le chapitre 13 du Livre de l’Apocalypse selon saint Jean où l’on voit le dragon se déchaîner contre la femme qui avait enfanté (La Mère de Dieu, l’Église) et le combat que lui livre l’Archange Michel. La bête immonde s’acharne désespérément sur le monde, elle rode cherchant qui et comment dévorer : persécutions, guerres, génocides, infanticides de masse, destruction des temples, emprisonnement et réduction au silence des « dissidents », encouragement à l’apostasie, tout y est : Mt 24,15+ « Quand vous verrez l’abomination de la désolation établie dans le lieu saint… Malheur… il y aura grande tribulation telle qu’il n’y en a point eu depuis le commencement du monde jusqu’à présent… Si ces jours n’étaient abrégés, nulle chair ne serait sauvée ; mais à cause des élus, ces jours seront abrégés… » et « Dans le monde vous aurez à souffrir, mais ayez confiance, j’ai vaincu le monde » (Jn 16,33). L’Apocalypse de Jean nous montre aussi la victoire finale du Christ sur la Bête et sur les faux prophètes au chapitre 19, et le Diable, le Satan enchaîné et définitivement vaincu. Donc ne perdons pas courage, ce sont les derniers temps du règne du Mauvais !

Regardez le résultat de la manœuvre diabolique : elle révèle l’absence de foi non seulement des États – mais ce n’est pas le rôle des Républiques démocratiques de promouvoir ou d’entretenir la foi en un Dieu vivant, bon, miséricordieux, proche des hommes et s’intéressant à eux ! Si nous avions la foi en Lui, nous nous dépêcherions de l’invoquer, nous courrions pour Le rencontrer avec la certitude d’être sauvés, et guéris. Loin de cela, les républiques athées et plus encore anti-chrétiennes, profitent (ou suscitent ?) de la psychose générale pour séparer les croyants de leurs Églises et de leurs saints. Des autorités ecclésiastiques elles-mêmes leur emboîtent le pas servilement. C’est une trahison, c’est une apostasie ! On croirait revivre l’épisode des « sans-culottes » qui adoraient la prostituée qui trônait pour tenir lieu d’icône de la Déesse Raison et devant laquelle officiait le « diable boiteux » qui lui rendait un culte blasphématoire, comme du temps de Néron ou de Caligula ! Les Chrétiens se laissaient alors égorger, brûler, écarteler, crucifier pour ne pas participer à ce culte impie !

Ben quoi, ce sont les États qui transfigurent le monde ou bien c’est l’Esprit-Saint dans l’Église qui illumine les habitants des États ? C’est la paille qui allume le feu ou la flamme qui illumine la paille ? C’est la lumière qui engendre la réaction chlorophyllienne ou la chlorophylle qui crée la lumière ? Le monde est à l’envers aujourd’hui ! « L’ange des ténèbres se déguise en ange de lumière (2 Cor 11,14) ». On entend, on lit, « N’allez pas à l’église c’est dangereux ». « Attention à la communion ; il y a des risques importants ». « Regardez la messe ou la Liturgie à la télévision… mais n’allez pas dans les paroisses pour la messe dominicale (on tolère encore les monastères, mais pour combien de temps, mais conjointement, on déconseille, voire on interdit aux fidèles de s’y rendre !). D’accord, pour la télévision, mais alors que l’on serve en guise de nourriture à la table de ces prêcheurs de bonnes solutions humaines des images de mets succulents comme la presse nous en sert en permanence, au lieu des repas consistants auxquels notre monde occidental s’est habitué et repus, oubliant d’ailleurs que ce n’est pas le cas de la grande majorité des populations de continents entiers. Vous croyez que les images de hamburgers, de rôtis et de sorbets vont nourrir la population ? Non bien sûr ! Alors qui pourrait nous faire accroire que le spectacle télévisé d’une Liturgie ou d’une messe va nous unir au Christ, nous manifester Sa gloire et celle de Son Père et réaliser l’unité de charité entre tous les membres du Corps pour nous conduire dans le Royaume que le Seigneur nous a promis ? Il faudrait être tombé bien bas dans l’athéisme pragmatique pour le prétendre !!! Bien sûr, ce sont les discours officiels que la « bien-pensance » et le ralliement au siècle forcent de prononcer ; heureusement il y a des voix discordantes, surtout chez les hommes de foi simple, droite et libre, les « pauvres selon Dieu ». Nous avons pourtant foi que Dieu sauve le monde, même au-delà de la mort !

Pourtant combien de fois Dieu n’a-t-Il pas protégé les hommes à travers la foi qu’ils manifestaient ? Car, nous le savons par les Évangiles, avant d’intervenir pour guérir des hommes, Jésus demande toujours un acte de foi « Crois tu que je puisse te guérir ? » … « Va, ta foi t’a sauvé », etc. Regardez par exemple : depuis les apparitions de la Vierge à Lourdes, chaque demi-journée, dans l’eau des piscines qui recueillent l’eau miraculeuse de la source jaillie sur les ordres de l’Apparition de centaines de malades atteints de toutes sortes d’affections parfois contagieuses sont plongés sans changer l’eau, certains même en boivent (il fut un temps, c’était même généralisé) et personne n’a jamais été contaminé. C’était un miracle permanent. Aujourd’hui, par mesure de précaution on ferme les piscines sur ordre de la hiérarchie ecclésiastique. Et même les sanctuaires !

De nombreux prêtres pourraient témoigner avoir donné la sainte communion par le moyen de la « Petite cuiller » liturgique à des malades graves, atteints du sida ou de l’hépatite B pourtant mortelle et n’ont pas été contaminés. La communion donne la Vie, pas la mort si elle est reçue avec humilité et foi !

Pourtant, Jésus a donné aux hommes de foi des moyens de subvenir aux détresses et aux maladies qui les accablent. Mais il faut au moins avoir la foi et Le rencontrer là où Il se manifeste. Nous avons le Sacrement de l’Huile Sainte, appelé aussi sacrement des malades. Beaucoup ont guéri de leurs maladies, beaucoup sont revenus à la vie grâce à Dieu par son intermédiaire. Nous venons de chanter il y a quelques minutes pendant la Divine Liturgie : « Déposons tout souci de cette vie pour recevoir le Roi de la gloire ». N’est-ce pas le moment de faire taire nos peurs rationnelles et scientifiques pour nous confier en Dieu ? La vraie partie de notre vie, le vrai niveau de notre existence ne se situe pas sur terre, mais « au ciel », dès maintenant, en même temps que notre enveloppe charnelle, elle, est sur terre. « Déposons tout souci de cette vie », avons-nous chanté, « pour recevoir le Roi de la Gloire » ici et maintenant pourrions-nous ajouter. Nous sommes bien censés croire que Dieu veut notre bien et qu’Il peut nous l’accorder. Évidemment, si on ne le croit pas, c’est qu’on ne croit pas en Dieu et alors, effectivement autant rester chez soi… où d’ailleurs toutes sortes de virus sauront quand même bien nous trouver.

Voyez combien le Seigneur est bon et nous propose le bien, même lorsque nous sommes tentés de ne plus y croire. Il ne nous abandonne jamais lors des épreuves que nous affrontons. Je vais vous raconter une histoire toute récente. Elle se passe ces jours-ci en Grèce, pays terriblement éprouvé aussi par l’athéisme, par une gouvernance « Bruxellienne », par une invasion d’immigrés, par une économie désastreuse depuis des années, et par la maladie actuelle. Donc en 1890 un certain Tzanakakis est né à côté de Chania, en Crête et devint coiffeur. Mais il contracta la terrible maladie de Hansen, autrement dit la lèpre. Les lépreux à cette époque fêtaient isolés dans l’île de Spinalonga par crainte de contagion. (Ça vous évoque peut-être d’autres situations analogues ?) Pour échapper au confinement, il partit pour Alexandrie où il reprit sa profession. Là, la maladie s’amplifiant, un prêtre orthodoxe l’aida à gagner l’île de Chios où il y avait une léproserie. Il avait 24 ans lorsqu’il y parvint. Là, dans une chapelle, il y avait une icône de la Mère-de-Dieu appelée « L’obéissante » qu’il affectionnait particulièrement. Il devint moine sous le nom de Nicéphore. Il vivait dans l’obéissance absolue à son père spirituel et la maladie ne cessait de se répandre dans tout son corps. Il avait pour obédience le jardin, mais priait beaucoup la nuit, avec force métanies. Il était aussi premier chantre dans la chapelle, et, la maladie l’ayant presque rendu aveugle, il chantait par cœur les offices.

En 1957 il arriva dans une clinique d’Athènes, parce que l’établissement de Chios venait de fermer. Jamais il ne se plaignait, alors qu’il était couvert de plaies et qu’il souffrait beaucoup ; il consolait même et rendait joyeux les autres malades qui souffraient, charisme dont Dieu le dota en réponse à sa patience et à sa foi. Il répétait toujours « Que le saint nom de Seigneur soit béni ». À 74 ans, le 4 janvier 1964, il remit son âme à Dieu. Depuis, il a accompli de nombreux miracles. Il a été canonisé le 3 décembre 2012 et on garde sa mémoire sous le nom de saint Nicéphore-le-lépreux.

Et voilà maintenant où je veux en venir en vous racontant brièvement son histoire : il y a quelques jours, saint Nicéphore le Lépreux est apparu à quelqu’un en Grèce et lui a dit : « Tous ceux qui, atteints du coronavirus, s’adresseront à moi avec foi, je les guérirai » ! Alors, craindrons – nous ? Dieu ne nous montre-t-Il pas qu’Il ne nous abandonne pas ?

Nous avons aussi exposé à votre vénération l’icône du saint chirurgien et évêque Luc de Simféropol en Crimée. Saint Luc, qui vécut sous le joug bolchevique qui le persécuta tout au long de sa vie, est mort en 1961, c’est un contemporain de notre saint Nicéphore. Il opère encore aujourd’hui des croyants qui lui demandent son intercession lorsque les chirurgiens ne peuvent plus rien. Nous en avons le témoignage direct par un ami du monastère qui a bénéficié de l’intervention du saint. Alors, faut-il fuir la présence de Dieu, le « Donateur de Vie » va-t-il nous communiquer la maladie et la mort si nous nous approchons de Lui par la communion et par notre « assemblée » (je rappelle que le mot grec « Ekklesia » qui a donné « Eglise » signifie « Assemblée » et qu’elle est le signe visible du Corps du Christ, et le lieu de la manifestation de Ses charismes !

Au contraire de ce qui se fait, nous devrions affluer en masse dans les églises par millions, et implorer notre Créateur et Seigneur de nous épargner et de nous aider à surmonter les épreuves qui nous attendent. Il le ferait !

Ces choses dites, je voudrais encore apporter quelques précisions :



D’une part : Dieu « sait » ce qu’Il fait ou ce qu’Il permet ou tolère ; rien ne Lui échappe et rien ne Lui est étranger. Aussi, TOUT ce qui advient, nous le savons et nous le croyons, sert à Dieu pour le salut des hommes, pour « l’avènement de Son Royaume », qui, nous devons le rappeler, « n’est pas de ce monde ». C’est Lui qui l’a dit ! La situation d’aujourd’hui ne fait pas exception. Dieu n’envoie pas le mal ni la souffrance, mais le Malin veut détruire les hommes en les séparant de Dieu pour leur mort. La résistance au mal et à la souffrance passe par la résistance au Malin, dont nous demandons à être délivrés dans la prière du Seigneur, le « Notre Père… » Donc la délivrance du mal est conditionnée par notre repentir, notre détermination à nous déclarer pour Dieu, à suivre l’ordre de la création telle qu’Il l’a organisée pour notre déification. Comment un monde qui exclut Dieu, où le meurtre de millions d’innocents, de victimes de guerres, d’esclavages de tous ordres sont montrés en idéaux, comment un tel monde pourrait-il apporter harmonie et bonheur ? Nous appelons par là le fléau sur nos têtes, non comme une punition divine, mais comme la conséquence de nos actes, le résultat de notre autodéification, notre recherche de satisfaction uniquement dans les « choses de ce monde », en faisant fi du bonheur de l’autre ! Notre crise actuelle, fut-elle provoquée par l’activité humaine, est peut-être une ultime chance qui nous est donnée de revenir vers le Père, après nous être nourris stérilement des caroubes réservées aux porcs dans notre dramatique exil où ne dilapidons notre héritage !

La sollicitation de l’intercession de saint Nicéphore ou de saint Luc, le recours aux Liturgies au cours desquelles nous sommes témoins du resplendissement sur terre, sur nous et en nous de la Gloire de Dieu, et non confrontés à la maladie, à la souffrance et à la mort, l’arme de la prière et du jeune en église, la requête du pardon divin par notre intime conversion et notre confession d’une foi vraie conjointement à celle de notre péché, sont le remède à nos maux physiques, psychiques et économiques. N’ayons pas peur, mais courons vers le Seigneur ! Et anathème à ceux qui pensent trouver leur refuge dans les moyens de ce monde ou dans le seul progrès scientifique !

De toute façon, notre salut est dans l’accession à l’Autre niveau d’existence, l’entrée dans le Royaume des Cieux dans lequel nous introduit la seconde naissance de la mort. Alors, somme toute, s’il n’est pas question de hâter la venue de notre dernier jour dans notre enveloppe corporelle, le moment de la quitter ne sera pas une catastrophe, mais bien une libération. Ce jour-là nous connaîtrons une joie indicible, celle que nous promet l’Évangile. Alors, si ce moment est provoqué par le « karcher à septuagénaires » que le Covid 19 semble être aux dires de certains, ce n’est pas un cataclysme. C’est peut-être le moment providentiel de remettre la mort à sa juste place dans notre vie, et de reconsidérer notre manière d’assumer cette dernière !

D’autre part, autant Dieu met à notre disposition le recours à l’intercession des saints par notre prière, par la vénération de leurs saintes icônes, par les cierges que l’on allume devant elles, car la lumière est l’image de la « Lumière du monde » qui est le Christ, il ne faut cependant pas utiliser les saints et leurs icônes ou leurs Reliques comme des amulettes. Ce ne sont pas des fétiches, des gris-gris ou des porte-bonheurs qui agiraient magiquement. La vénération des saints et des icônes n’a rien à voir avec la superstition ! Il doit y avoir une part de foi à la mesure de chacun, mais réelle. Voilà pourquoi saint Nicéphore ajoute « ceux qui s’adresseront à moi avec foi », c’est un rapport de cœur à cœur, une communion vivante et une communication vitale, même si elle est psychiquement peu consciente.

Enfin : des évêques orthodoxes en Tchéquie, en Slovaquie et en Crête refusent courageusement, et avec foi, d’obtempérer aux ordres athées d’interdire la participation des fidèles aux Liturgies et de communier selon le mode normal chez les Orthodoxes. (Suivant ces ordres, certains vont jusqu’à conseiller que chacun amène sa cuiller jetable à usage unique ; et où la jette-t-on après avoir communié ? J’ai vu à Paris vider l’eau théoriquement sanctifiée d’un bénitier, dans l’égout le plus proche sur la chaussée publique ! On peut se demander ce que croit celui qui fait cela du caractère sacramentel de cette eau dite « bénite » !). Nous sommes solidaires avec ces hiérarques dissidents et nous espérons que beaucoup suivront leur exemple, jusqu’aux plus hautes sphères hiérarchiques de nos Églises. Ils sont menacés de prison, mais ils sont déterminés à en assumer le risque. Ils sont courageux ; ils se déterminent « pour le Christ. » On peut aussi se poser la question de l’enjeu réel de cette crise au point que l’on doive menacer de prison les contrevenants !!! L’unanimité des autorités et leur détermination laissent à penser à des desseins cachés. L’avenir nous répondra vite – et trop tard !

Je dois encore conclure que, par juste précaution autant que par obéissance, on doit aussi prendre les mesures d’hygiène recommandées par les autorités, sur lesquelles je n’ai pas besoin de m’étendre, car toutes les radios, tous les journaux, tous les magazines, toutes les « autorités » civiles et religieuses, tous les hommes et toutes les femmes politiques de quelque bord que ce soit en font état, « en boucle », à chaque heure qui passe. Puissent-ils être entendus, mais puisse aussi la voix des saints et de Dieu-Le Verbe être écoutée !

Car à Lui reviennent l’adoration et la gloire, dans les siècles des siècles !

N.B. Dans cette homélie, je ne remets pas en cause la réalité de la pandémie à laquelle nous faisons face, ni ne m’oppose aux mesures de protections hygiéniques recommandées, et, bien entendu, tout ce que je vous ai dit ne juge en aucun cas les personnes qui, en conscience, ne peuvent se rendre à l’église parce que leur santé, leur âge ou leurs infirmités ne le leur permettent pas. Je m’insurge seulement contre le manque de foi de ceux qui ne nous laissent pas la liberté de conscience de trouver réconfort et salut dans les Saints Mystères, et la célébration commune du Jour du Seigneur Lequel est donateur de vie, même à ceux qui l’ignorent. Si le virus n’est pas éradiqué d’ici Pâques, que fera-t-on pour fêter la Résurrection, sans laquelle « notre foi est vaine » ??? On parle d’un confinement de 40 jours, Pâques est dans cinq semaines : 35 jours !

Archimandrite Elie
Monastère de la Transfiguration /Terrasson-laVilleDieu

Dimanche 15 mars 2020

Dimanche de Saint Grégoire Palamas

Saints intercesseurs en temps d'épidémie


Icône de la Mère de Dieu Bogolioubsk, 18 juin


Icône de la Mère de Dieu "Sûreté des pécheurs" 29 mai



St Antoine le Grand, 17 janvier


Sts Côme et Damien d’Arabie, 17 octobre
St Eloi de Noyon, 1er décembre


St Erasme de Formies, 2 juin
( avec saint Maurice d'Agaune)


Saint Gilles (icône moderne)

St Gilles ou Aegide de Nimes (+721), 1er septembre


St Jean Baptiste, 7 janvier


Ste Julie de Troyes, 21 juillet



St Julien de Brioude, 28 août



St Haralampos, 10 février



St Martial de Limoges, 30 juin


St Sébastien de Rome, 18 décembre

Par les prières de la Mère de Dieu Très Pure 
et de tous Tes saints, 
Seigneur Jésus-Christ notre Dieu, 
aie pitié de nous, 
protège-nous 
et sauve-nous!
Amen!

jeudi 19 mars 2020

LES MONASTÈRES, LES ÉGLISES FONT DES PRIÈRES À SAINT NICEPHORE [NIKEPHOROS] LE LÉPREUX CONTRE LE CORONAVIRUS

Photo: Facebook
Photo: Facebook

Comme les paroisses orthodoxes continuent de réduire fortement leurs horaires liturgiques ou de fermer complètement, un certain nombre de monastères et de paroisses ont commencé à offrir des offices en ligne pour que les fidèles les rejoignent dans la prière depuis chez eux.

Parmi eux, le monastère de Sainte-Croix à Wayne, en Virginie occidentale, de l'Église orthodoxe russe hors frontières  [ERHF], qui diffusera tous ses services en direct pendant toute la durée de l'épidémie.

Le monastère [Holy Cross Monastery] écrit :

Afin de réconforter et de nourrir les fidèles qui sont mis en quarantaine, l'archimandrite Séraphim a béni le monastère pour que les offices religieux soient retransmis en direct pendant toute la durée de cette crise. Si la retransmission des offices sur Internet est certainement loin d'être idéale, c'est néanmoins la seule façon pour de nombreux fidèles de participer au culte divin. Nous souhaitons, pour le monde, mettre notre vie de prière qui se poursuivra sans relâche, à la disposition de ceux qui sont confinés chez eux ou qui ne peuvent pas pratiquer leur culte dans leur église paroissiale pendant cette période difficile.

Leurs services peuvent être diffusés en streaming sur Facebook et YouTube.

En plus des services réguliers, la confrérie se réunira également à 12h00 (heure de l'Est) aujourd'hui pour prier un Moleben en temps d'épidémie dévastatrice au saint Grand Martyr et guérisseur Panteleimon et à Saint Nicephore le Lépreux, qui sera également en direct.

Nicéphore, saint du XXe siècle qui a souffert de la lèpre pendant de nombreuses décennies, est devenu un saint important vers lequel se tourner en cette période de crise après la propagation de la nouvelle qu'il était apparu à un vieil homme en Grèce au début de ce mois, lui disant de ne pas craindre le virus, car il protégerait et guérirait tous ceux qui ont la foi et se tournent vers lui dans la prière.

Le père Ananias Koustenis parle de cette apparition dans une vidéo récemment publiée [1].

L'église grecque orthodoxe Saint-Nicolas de San José a annoncé le 10 mars qu'elle allait également faire l’office de Paraclèse à saint Nicolas pour les prochains samedis.

La cathédrale grecque orthodoxe de la Sainte Trinité à Phoenix a également publié une réflexion sur la vie de saint Nicéphore avec une Paraclèse à son intention.

Selon Son Eminence l'Archevêque Kyrill du Diocèse de l’ERHF en Amérique de l'Ouest, le saint Archange Michael est également apparu à de nombreuses personnes souffrant du virus, leur promettant son aide puissante.

***

La vie de Saint Nicéphore le lépreux du site de l'église orthodoxe en Amérique [OCA]:
Lien


Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

[1] Video ci-après (en grec): https://www.youtube.com/watch?v=2dp8o47G_d8

Elena Fetisova: Chrétien "adéquat"



Il n'y a pas si longtemps, on a demandé à un prêtre: "Comment sortir de l’état de néophyte?" À quoi il a répondu de façon inattendue: «Ne faites pas ça! Celui qui s'imagine non pas comme un néophyte, mais comme un orthodoxe «professionnel» est beaucoup plus en danger. »
En effet, des années et des années se sont écoulées depuis la «conversion massive », les baptêmes et les «ordinations des années 90», dont certains se sont soldés par la déception, le «retour en arrière», les «confessions publiques des premiers» et l'abandon de la dignité. Et pendant cette période, beaucoup a été dit sur les pièges du néophytisme: la jalousie n'est pas sage, la substitution de la connaissance de soi par "l’auto-examen" névrotique, la substitution de la prière par une habitude rituelle, la responsabilité avec l'obéissance dans une position d’ infantilisme, et non d'humilité. Et par conséquent, il est déjà habituel d'avoir un peu peur de l'ardeur néophyte, en répétant le proverbe de l’Athos : "Il vaut mieux prier insuffisamment, que trop, " (ce qui signifie - en faire trop jusqu'à la vanité et tomber dans l’illusion spirituelle [prelest]).
Mais après avoir passé Scylla, nous nous dirigeons tout droit vers Charybde - l'extrême opposé, qui peut être appelé «foi professionnelle» ou «appartenance au parti des chrétiens orthodoxes».
C’est lorsque nous «prions modérément» et «répondons adéquatement», et dans la moitié des cas, la «modération» est de dire «Kyrie eleison» une fois par semaine, et «l’adéquation» est un rejet complet de la mission afin de «ne pas violer la liberté de volonté du prochain». ".
Dans un accès d '«adéquation», nous arrêtons de lire l'Évangile. Complètement. Parce que "nous nous en souvenons déjà par cœur". Mais nous en souvenons-nous ?
Pourtant - et cela, peut-être l'essentiel - dans un accès "d 'adéquation", nous arrêtons de lire l'Évangile. Complètement. Non, mais pourquoi, si "je m'en souviens par cœur". De plus, il s'avère rapidement que même un prêtre, s'il devenait par inadvertance «orthodoxe professionnel», ne se souvient que d'une partie de la liturgie et ne s'est pas immergé il y a longtemps dans le contexte. Mais il est heureux de défendre «l'idée du parti» sur Internet, choquant avec des phrases comme: «Le Christ n'a jamais fait cela», «Le Christ ne dirait pas cela», oubliant environ la moitié de ce qu'Il a réellement dit et fait.
Mais ce n'est pas en vain qu'il y a une expression selon laquelle, en priant, une personne se tiendra devant Dieu, et en lisant l'Évangile - elle écoutera Dieu. Le "membre du parti" chrétien depuis plusieurs années qui s'est débarrassé des "préjugés néophytes" semblait avoir une carte du parti et la mettre sur l'étagère: "Seigneur, je t'ai tout dit en temps voulu, j'ai tout entendu de Toi, ça suffit." Quoi, tu t’en souviens mal? Allons, "Qu’y a-t-il à oublier." Dieu, disent-ils, est Amour, et aime ton prochain comme toi-même.
En mettant de côté l'Evangile, le «professionnel orthodoxe» se concentre principalement sur le problème de «s'aimer soi-même» et, deuxièmement, sur un sentiment de honte profonde pour tous les «autres» qui ne sont pas aussi adéquats, professionnels, éduqués psychologiquement, qui violent effrontément les frontières des autres par la prédication publique (souvent oui, c’est tout à fait "non professionnel") ou - pire encore - dans la prière.
Mais le pire, c'est que dans notre vie, «professionnelle», des choses étranges commencent progressivement à se produire. Sachant que pour le «bon» amour pour le prochain, il faut commencer par soi-même, pour une raison ou une autre, on ne parvient jamais au deuxième point. Non, nous aimons et plaignons très correctement certains malheureux, offensés, par exemple, les «prédicateurs inappropriés». Mais en même temps, nous sommes de plus en plus agacés et aigris par un prochain très spécifique qui nous accompagne tout au long de la vie et interfère avec nos besoins primitifs et écrit librement sur Internet à propos de l'Orthodoxie adéquate.
Honnêtement, l'adéquation est mon mot préféré. Je suis à tous égards pour elle, ma chère. Mais, probablement, le problème est qu'un chrétien qui a complètement cessé de prier et consulte seulement l'Évangile cesse d'être adéquat à la fois à la foi, qui n'appartient désormais qu'à la forme, et à l'appel du Christ: «Soyez parfaits, comme si votre Père Céleste est parfait. "
Un chrétien qui a cessé de prier cesse d'être adéquat à la fois à la foi et à l'appel du Christ: "Soyez parfaits"

Une telle «adéquation» imaginaire dans la lutte contre le rituel «traditionnel» n'est étrangement pas d'accord avec les paroles du Christ au sujet de la Loi: «Je suis venu non pour annuler, mais pour accomplir [la  Loi]». Les interprètes, bien sûr, ne parlent pas de l'accomplissement formel de la lettre de la Loi, mais du fait que Christ l'a accomplie - l'a accomplie Lui-même, a accompli tout ce qui avait été promis aux Juifs dans les livres de l'Ancien Testament.
Mais nous, ayant exclu la «lettre» de la Tradition de l'église, nous ne nous efforçons pas de l’accomplir de nous-mêmes - notre véritable appartenance à Dieu, notre désir pour Lui à travers la conversation de prière et l'écoute de l'Évangile; par un amour efficace, et non théorique, d'un prochain spécifique et plus intolérable, comme un conjoint, un enfant ou des parents «étranges»; par l'accomplissement de l'appel: «Mon fils donne-Moi ton cœur». Il vaut mieux dénoncer le «parti de l'Église» pour… Pour tout ce que le Christ semble n'avoir «pas dit», mais, comme on dit aujourd'hui, «ce n’est pas clair».
Maintenant, c’est à nouveau le Grand Carême : "le jour de la marmotte"[1], "le Jeûne Orthodoxe", " la névrose rituelle ", comme de nombreux auteurs l'ont écrit sur des blogs pendant de nombreuses années, se précipitant pour montrer que oui, ils en sont "las aussi" : " ce n'est que du ritualisme".  Ce sont des gens «normaux», adéquats et qui n'ont pas l'intention de percer le sol en faisant leurs enclins jusqu’à terre. Soit dit en passant, moi aussi, cela ne me dérangerait généralement pas de montrer quelque chose comme ça.
Cependant, il semble que "le jour de la marmotte" ne nous ait pas été donné en vain. Parce que le vrai jour de la marmotte est notre marche dans un cercle d'admiration et de tendresse avec notre propre «maturité», «adéquation» et «libre-pensée», qui mènent trop souvent à un chemin très concret: de graves chutes spirituelles. Et le Seigneur au printemps nous dit: «Et vous ouvrez l'Évangile» (lisez avec l’intonation de «et vous achetez un éléphant»). Y a-t-il cent raisons contre cela? Et vous ouvrez. Non, vous ouvrez l'évangile. Et faites trois enclins jusqu’à terre avec la prière de saint Ephraïm le Syrien. Et trois de plus. "Ta tête ne se détachera pas", pardonnez-moi pour la citation pas tout à fait appropriée.
Mais c'est vraiment triste, et vous savez quoi? Le fait est que parfois le «professionnalisme» est une belle façon de mettre fin au texte sur les enclins. Et n’en faites pas un seul.

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après
Pravoslavie.ru



Librairie de la Transfiguration

Librairie du Monastère de la Transfiguration
18 mars 2020
Mon Père, madame, monsieur 
 
Nous avons le plaisir de vous informer que notre librairie en ligne continue son activité pendant cette difficile période de crise.
 
Nous continuerons à prendre vos commandes dans la mesure des stocks disponibles (en effet la plupart des distributeurs de livres n'assurent plus de réapprovisionnement).
 
Le service de livraison en point relais sera momentanément indisponible, notre partenaire Mondial Relay ayant provisoirement interrompu son activité. Les expéditions se feront donc par Colissimo ou La Poste.
 
Afin de limiter nos déplacements, nous n'expédierons plus les colis que deux fois par semaine ce qui devrait rallonger les délais de livraison de 3 ou 4 jours.
 
Nous vous exprimons nos meilleurs sentiments et toute notre solidarité dans ces moments difficiles.
 
Parus récemment
 

Monastère de la Transfiguration.
24120 Terrasson- Lavilledieu

mercredi 18 mars 2020

Métropolite Onuphre: "La foi est notre guide sur le chemin qui mène à Dieu"


La foi est la ligne directrice qui montre à une personne le chemin vers Dieu. Lorsqu'une personne vit par la foi, elle atteint son but, a déclaré Sa Béatitude Onuphre, Métropolite de Kiev et de toute l'Ukraine, dans son sermon lors de la Divine Liturgie à la Laure de Dormition de Kiev-Petchersk le 8 mars 2020, Dimanche de l'Orthodoxie, rapporte Lavra.ua.

"Aujourd'hui, la Sainte Eglise orthodoxe remercie Dieu dans la prière pour nous aider à préserver la pureté de la Sainte foi orthodoxe et la pureté des concepts sur Dieu. Par ce biais, le Seigneur nous a donné l'espoir d'une vie terrestre bénie et du salut dans la vie éternelle. Aujourd'hui, nous remercions Dieu d'avoir rendu possible la préservation de la pureté de la foi orthodoxe. Nous devons continuer à le faire afin de transmettre la pureté de la foi à nos enfants et à nos descendants", a déclaré le Primat de l'Église orthodoxe ukrainienne.

Comme l'a fait remarquer le métropolite, la foi est très importante pour une personne et elle donne la bonne direction à suivre.

"Lorsqu'une personne marche dans la foi, elle finit par être convaincue qu'elle fait tout correctement et pense correctement, et atteint son but. Ainsi, la foi, qui nous est donnée dans le Saint Evangile, confirmée par les ordonnances des Saints Conciles et par les Saints Pères, est la ligne directrice qui indique à une personne où elle doit aller pour atteindre Dieu, pour se réconcilier avec Dieu et pour trouver en Dieu la joie, la béatitude et le vrai bonheur pour elle-même", a déclaré Sa Béatitude le Métropolite Onuphre.

Le métropolite a souhaité aux chrétiens que le Seigneur les aide non seulement à penser et à croire de manière pure, mais aussi à vivre dans la foi.

"Lorsqu'une personne vit par la foi sainte, elle devient elle-même sainte. Elle a déjà la bénédiction de Dieu ici-bas sur terre et le salut au Ciel en Notre Seigneur Jésus-Christ", a déclaré Sa Béatitude le Métropolite Onuphre.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

En ces temps difficiles... Par un prêtre de l'Église orthodoxe grecque



Tout ce qui a trait à la vie spirituelle, tout ce que nous vivons au sein de l'Église, peut être traité de deux façons : l'une consiste à ne pas du tout  engager son cœur dans tout cela. Tout est formel, théorique et logique. Le cœur n'est jamais touché, le cœur ne se préoccupe jamais de tout ce qui se passe dans votre vie spirituelle. En d'autres termes, les gens éloignent délibérément leur cœur de ce qui se passe et peuvent ainsi sentir qu'ils ont même le contrôle des choses.

C'est un grand piège, car chaque fois que nous découvrons que notre cœur est à l'extérieur des choses, nous nous rendons compte que nous aussi, nous sommes à l'extérieur, que nous ne participons pas à la vie de l'Église, à la vie de l'esprit.

L'autre façon est de voir son cœur partager les choses, ce qui signifie que tout ce qui se passe à l'extérieur a des répercussions à l'intérieur, dans le cœur. En d'autres termes, tout ce qui se passe à l'extérieur, que ce soit vraiment, dans l'Église, dans le culte de l'Église, ou personnellement dans la lutte de chacun de nous, doit être considéré comme s'infiltrant dans notre existence, dans notre cœur, impliquant notre cœur, concernant notre moi à titre personnel.

Alors tout acquiert un sentiment personnel, une fonction personnelle, tout est maintenant vrai, tout affecte la personne et, en substance, tout reflète ce que nous vivons.

Passer du formel au substantiel, c'est-à-dire passer de la logique des choses à une compréhension personnelle, à la vie du cœur, n'est pas du tout facile. Il faut s'humilier.

Seules les personnes humbles ont une vie de cœur. Les gens fiers pèsent tout logiquement, soutenus comme ils le sont par leur arrogance. Mais quand nous nous humilions, tout ce qui est en nous devient vrai. Le cœur commence alors à avoir des expériences, à avoir des sentiments, des émotions spirituelles, tout dans notre vie commence à devenir vrai. Alors, pour la première fois, nous découvrons que nous avons une vie personnelle, une vie spirituelle, une vie spirituelle personnelle. Et, qui plus est, la Personne de Dieu commence à nous concerner à un niveau personnel, non pas à un niveau interne, utilitaire, mais à un niveau personnel.

Tout résonne en nous. C'est là que nous verrons à quel point Dieu est présent dans notre vie, c'est là que nous verrons à quel point nous sommes ouverts à l'Esprit de Dieu, ou à quel point nos peurs, nos insécurités et la raison humaine se sont établies en nous.

Nous verrons combien il y a de place pour la Présence de Dieu en nous, combien nous ressentons notre péché, combien ce péché s'est profondément enraciné en nous comme une entrave à notre relation avec Dieu et combien la présence de Dieu est mise en danger par notre propre vie personnelle. Tout prend alors une dimension personnelle. La douleur et la repentance sont alors une affaire très personnelle et très authentique.

La prière est quelque chose de très vrai car elle concerne le cri d'une âme vers Dieu - mais un cri sincère - qui provient de l'intérieur de la personne, et non de notre raison. Tout est maintenant vrai. Nous vivons maintenant notre propre vérité devant Dieu. Mais cela a été précédé d'une longue étape au cours de laquelle nous avons dû faire preuve d'humilité, afin d'entendre nous-mêmes notre cœur, afin d'être en contact avec notre cœur.

Je dis tout cela pour que nous puissions comprendre que nos jours sont un peu difficiles, en termes extérieurs, parce que nous sommes sous la pression de circonstances extérieures. Il est temps pour chacun de nous de voir jusqu'où sa personnalité est active et fonctionne dans sa vie personnelle, jusqu'où son identité est active et fonctionne personnellement, son cœur personnellement, jusqu'où il est personnellement affecté par sa relation avec Dieu, jusqu'où il peut lutter en lui-même contre ses peurs et ses difficultés, jusqu'où les pensées souvent hostiles qui se présentent à lui peuvent être tenues à distance par la foi, l'amour et la confiance en Dieu. Dans quelle mesure toutes ces choses sont vraiment véritables dans leur vie.

Il est temps de voir à quoi ressemble la vie spirituelle des chrétiens ? Quelle est notre foi réelle en Dieu ? Dans quelle mesure la peur est-elle diminuée face à la foi ? Dans quelle mesure sommes-nous sincères envers Dieu ? Comment vivons-nous l'expérience de Dieu en nous ? Dans quelle mesure chacun de nous ressent-il son péché comme un obstacle,  en souffre et pleure ? Dans quelle mesure ressentons-nous la présence de Dieu en tant que puissance ? Très souvent, il est difficile de remettre notre existence entre Ses mains. Tout cela démontre qui nous sommes vraiment.

Quand de telles épreuves nous arrivent, quand des choses arrivent qui mettent l'existence humaine sous pression, c'est une occasion pour nous tous de voir qui nous sommes vraiment vis-à-vis de Dieu. Qui nous sommes vraiment face à notre conscience. Qui nous sommes face à notre existence. C'est une chance pour nous de voir maintenant à quel point notre prière est pleine de foi. Combien elle est vraie. Combien elle s'ouvre vraiment à Dieu.

[De voir dans quelle  mesure] elle repose sur la confiance. Combien elle est reposante devant Dieu, même si, dehors, là, sont les combats et les pressions. C'est une chance pour chacun de nous de voir ce que nous voulons vraiment, vraiment en nous. À quoi ressemble notre personnalité. A quoi ressemble notre vie personnelle par rapport à Dieu.

C'est une grande opportunité que nous avons maintenant. Pourquoi ? Parce que nous lisons souvent dans la vie des saints des récits de leurs œuvres et de leurs luttes, de leurs difficultés, de leurs réalisations et des solutions qu'ils ont trouvées aux pressions qu'ils ressentaient. Mais très souvent, nous comprenons ces choses de manière émotionnelle, logique, pas vraiment existentielle. 

Le moment arrive dans notre propre vie où la vérité de la vie frappe à notre porte et veut savoir ce que nous avons fait jusqu'à présent. Qu'avons-nous accompli ? Qui sommes-nous vraiment ? Qui sommes-nous en nous-mêmes ? Quel est le lest moral que nous avons dans notre vie spirituelle ?

J'ai ressenti aujourd'hui, intensément, combien il est important pour nous d'exploiter de tels moments. Non pas pour exorciser une peur, mais pour voir, pour nous sentir révélés, vrais, nus face à la Vérité de Dieu.

Les choses qui nous mettent sous pression vont et viennent. Elles viendront, mais ensuite elles partiront, comme ces choses le font. Mais nous devons tirer un certain profit de tout cela. Nous devons prendre part de la vérité de Dieu et cela doit devenir notre réalité. En bref, nous devrions lutter contre tout ce qui est malade, faible, creux et hypocrite en nous.

Tout d'abord, il faut lutter contre toutes ces choses. Et on les combat dans l'obscurité profonde de notre cellule. C'est là qu'on peut les combattre. C'est là que vous voyez qui vous êtes vraiment.

Je prie de tout mon cœur pour que nous sortions grandement gagnants de ces vicissitudes que notre pays et le monde entier vivent. Plus humblement devant Dieu, plus vrai devant Dieu et devant notre conscience. Et Dieu s'occupera de tout le reste. En tout cas, Il l'a promis. Alors nous trouverons vraiment la paix : quand nous nous soumettrons en confiance au plan de Dieu, à la présence de Dieu.

Je prie de tout mon cœur pour que ces journées soient fructueuses pour nous tous.

(Enregistrement d'une homélie lors de la liturgie présanctifiée, mercredi 11/3/2020.)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après