lundi 19 octobre 2020

Archimandrite Tikhon (Agrikov): NOTRE PÈRE:/Sermon sur la commémoration de Saint Serge de Radonège

Saint Serge de Radonège.

L'archimandrite Tikhon (Agrikov ; †2000) était un moine et un père confesseur bien connu de la Laure de la Trinité Saint Serge, ainsi qu'un instructeur respecté à l'Académie et au Séminaire de théologie de Moscou, qui entra à la Laure après la Seconde Guerre mondiale. En raison de sa renommée parmi les fidèles, le père Tikhon fut persécuté par les autorités soviétiques dans les années 1960 et forcé de quitter sa Laure bien-aimée. Il vécut ensuite  la vie érémitique dans les montagnes du Caucase et en Transcarpathie. À la fin de sa vie, il fut prêtre d'une église paroissiale en dehors de Moscou, dans laquelle il reposa en Christ pendant la veillée nocturne du 15 novembre 2000. Ses derniers mots furent: "Gloire à Toi qui nous a montré la Lumière !"

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Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit !

Frères et soeurs bien-aimés ! Nous saluons ce jour de la commémoration de Saint Serge ici, dans son saint monastère. saint Serge nous a réunis ici pour cette solennité afin que nous l'honorions et le glorifions... Mais il nous a aussi appelés ici pour nous demander comment nous vivons, comment nous sommes sauvés, comment nous supportons nos diverses difficultés dans la vie.

Lorsque Saint Serge accomplissait son ascèse sur cette terre, tous les Russes venaient le voir pour lui demander conseil, pour obtenir une bénédiction ; tous cherchaient à le voir, à lui parler, à recevoir de lui un enseignement et une affection paternelle. Et nous nous sommes également réunis de tous les endroits différents, nous sommes venus pour obtenir de l'aide et une bénédiction ; et nous sommes si nombreux que nous ne pouvons même pas tous nous approcher de lui pour vénérer ses saintes reliques. 

Ne vous affligez pas de cela, mes chers. Autrefois, ce jour-là, des milliers de personnes se rassemblaient ici, si bien qu'il y avait beaucoup de monde non seulement dans les églises mais aussi à l'extérieur, dans la cour, et les gens se tenaient sur les murs du monastère, remplissant tout à l'entour. Un jour, loin de la Laure, au-delà de ses murs, un vieil homme s'arrêta. Il venait d'un endroit éloigné, portant des chaussures de rafia, avec un sac à dos sur le dos, et il se tenait là en priant. Quelqu'un lui a dit : "Grand-père, tu as travaillé pour rien en marchant jusqu'ici... Il y a tellement de gens que tu ne pourras pas t'approcher du saint pour quoi que ce soit, tu ne le verras pas". "Non, ma petite colombe", répondit le vieil homme en pleurant, "Je n'ai pas marché ici en vain. Si je ne vois pas le saint, ce n'est pas un désastre ; l'essentiel est que lui, saint Serge, me voie", et le vieillard versa à nouveau des larmes de joie et de contrition.

Archimandrite Tikhon (Agrikov)

Chers frères et sœurs, je dois dire à notre consolation que le saint ne nous voit pas seulement, il lit même nos pensées. Après tout, au plus profond de notre âme, en chacun de nous il y a tant de choses cachées, tant de problèmes, de déceptions et de chagrins tant personnels que familiaux, au travail et dans la société ; et saint Serge sait tout cela, il le voit et il nous aide. 

Il est l'higoumène de toute la Russie, et il nous entend non seulement à la Laure, mais partout où nous pouvons être - quelle que soit la distance, que ce soit en Sibérie ou dans le Donbas - il est proche de tout le monde, et sa mémoire est vivante dans le peuple. Et le témoignage en est son saint reliquaire avec ses reliques intègres, qui nous est laissé comme garantie qu'il demeure avec nous comme une source inépuisable de guérison et de consolation dont le flux constant de personnes ne peut être arrêté.

Si vous nous demandez pourquoi nous sommes venus ici, puisque saint Serge est mort il y a longtemps ? Comment se fait-il qu'année après année, de génération en génération, des milliers, des millions de personnes viennent voir un mort ? Pourquoi ?

Mes chers ! Je dois dire pour notre consolation de ce lieu saint que le saint n'est jamais mort. Lorsqu'un grand homme meurt, les gens lui font des funérailles pompeuses, mais un an passe, dix ans, et il est oublié, son nom même est effacé de la mémoire des gens, et plus personne ne vient sur sa tombe. Mais saint Serge était un moine modeste et humble. Six siècles se sont écoulés depuis sa dormition, mais les gens, en vagues constantes, continuent de venir à lui.

L'Écriture dit que les justes vivent à jamais (cf. Ps. 36, 29). C'est là notre joie, que nous soyons venus à lui non pas comme vers un défunt, mais vers un vivant, et qu'il nous reçoive, nous écoute et nous protège dans toutes les épreuves de notre vie. Et quand vous vous approchez de lui, inclinez-vous devant ses saintes reliques et murmurez-lui, murmure-lui la chose la plus importante qui vous fait souffrir.

Le reliquaire de Saint Serge de Radonège 

à la Laure de la Sainte Trinité-Saint Serge 

Le peuple russe a depuis longtemps cherché auprès des saints anciens la force, l'instruction, la bénédiction et la résolution de tous les problèmes de notre vie. Et vous et moi sommes venus voir notre staretz, notre père, saint Serge, et il nous reçoit et prie pour nous, en levant les bras vers le trône de Dieu. 

Et où que nous soyons, frères et sœurs bien-aimés, appelez-le à l'aide dans vos peines et vos difficultés. La grâce de ce grand saint agréable à Dieu nous protégera en tout, et partout. Et avec son aide et sa bénédiction, nous continuerons sur le chemin de notre vie.

Ô, pardonne-nous, sainte Laure ! Nous sommes venus de terres lointaines pour te prier, Père. Pardonne-nous, saint Serge, que nous, tes enfants spirituels pécheurs et désobéissants, t'importunions par nos chagrins et nos maladies. Pardonnez-nous, saints disciples de Serge, car nous ne vous donnons pas non plus la paix avec nos ennuis. Mais où pouvons-nous aller si ce n'est ici, dans la maison de la Sainte Trinité ? Qui aura pitié de nous, sans défense, en ces jours de tristesse et de tentation ?

Ô Père Serge! Tu es notre père. En nous réfugiant auprès de tes reliques, "comme auprès de quelqu'un de vivant, nous nous prosternons et nous prions... Renforce notre timidité et confirme-nous dans la foi, afin que nous puissions espérer sans aucun doute recevoir toutes les bénédictions du Maître miséricordieux... A Lui soit la gloire et le règne,dans les siècles des siècles." Amen.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN


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