Père Serge
***
Le problème est dans ton cœur
Pourquoi
l'Eglise a-t-elle gardé le silence sur le génocide du peuple russe qui se
poursuit depuis plus d'un siècle ?
-Tu
vois, il y a la parole, et il y a l'esprit. Parfois la parole peut être vraie,
alors que l'esprit est agressif et non pacifique. C'est quelque chose qui fera
toujours un mauvais tour, même aux plus sincères chercheurs de vérité.
L'événement
suivant s'est produit sur le Mont Athos. Alors que j'étais assis à Karoulia, un
moine local s'est assis à côté de moi. Dans les années 2000, les voleurs y
passaient leur temps. C'était leur façon distinctive de faire : "Nous
serons des casse-cou pour ne pas tomber dans l'illusion." Je ne révélerai
pas le nom du moine parce qu'il ne vit plus sur le Mont Athos. Il s'est assis
devant moi, nous avons eu une conversation, et quand il a appris que j'étais un
prêtre marié (et non un moine) de Russie, il a commencé à se moquer de moi et à
me harceler. Il a dit qu'ils étaient des athonites, qui priaient pour le monde
entier, tandis que nous, prêtres dans le monde, nous étions détendus et
inertes. Il a même fait une blague : "Battez les prêtres et sauvez la
Russie." Je répondis alors : "Écoutez, Père N., votre problème n'est
pas les prêtres. Le problème est dans votre cœur, là où vivent la rancune et
l'agressivité. Même si vous exterminiez tous les prêtres (en leur tirant
dessus, comme en URSS), vous auriez un autre problème à régler. Parce que votre
dépit a besoin d'espace, et vous pourrez trouver cet espace n'importe
quand."
Il
y aura toujours une excuse pour parler de révolutions. Que Dieu nous sauve des
révolutions. Elles sont terribles.
Pardonnez-moi
pour ces paroles. Mais la paix doit régner dans nos cœurs. Elle vous inspirera
à agir correctement et sagement, peu importe qui est en face de vous....
De
telles choses se produisent : Je ne veux pas parler des autres et les juger au
cas où je perdrais ce que j'ai. J'ai écrit une pièce intitulée "Idiots",
dédiée aux malades mentaux. L'infirmière en chef y est toujours en colère
contre le professeur qui a consacré la majeure partie de son temps à s'occuper
de ces "idiots", à les aimer et à parler avec eux. Elle l'a
réprimandé : "Pourquoi leur parlez-vous tout le temps ? Ce sont des idiots
! Ils vont encore baver dans une minute !" Et il a répondu : "Mes
chéris ! Ce qui compte pour moi, ce n'est pas seulement ce qu'ils seront, mais
aussi ce que je deviendrai en les traitant de cette façon."
Quelle
langue Dieu parle-t-il ?
Notre
"rencontre avec le Seigneur" et nos dons de repentance sont-ils des
dons de Dieu, ou pouvons-nous les acquérir par la prière ? Ou peut-être le
temps viendra-t-il où le Seigneur accordera tout ?
Chaque
fois que l'on m'interroge sur la prière de Jésus, à savoir s'il est permis
d'entrer dans le cœur (la pratique de joindre le cœur et l'esprit), je réponds
que ce n'est pas quelque chose que nous faisons : notre esprit est près de
notre cœur, mais le cœur est le Saint des saints ; nous ne pouvons y entrer,
seul le Seigneur peut nous y conduire avec Lui-même. C'est oser d’entrer seul
dans le Saint des saints. Nous restons debout comme des mendiants et attendons,
"Seigneur, Seigneur, Seigneur, Seigneur..."
Nous
aspirons au Seigneur, mais c'est Lui Qui se révélera à nous. Vous vous tenez
debout et vous L'implorez. Ne soyez pas audacieux.
-Comment
supprimer les pensées pendant la prière ?
-Vous
ne pourrez pas les supprimer, vous ne pouvez que les ignorer. Je n'aime pas
l'expression "la lutte avec les pensées." Nous l'interprétons mal. Elle
nous prépare tout de suite aux batailles. Mais vous ne supporterez pas cette
guerre. Ignorez les pensées ; pendant qu'elles frappent à votre porte, vous
faites votre travail : "Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi...
Seigneur Jésus Christ..." Même si on tire avec un revolver près de votre
oreille, vous devez rester concentré : "Seigneur Jésus Christ..."
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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