mardi 28 janvier 2020

Archiprêtre Gabriel Rochelle: Il est temps de retourner aux racines premières du christianisme!


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"A l'avenir, le christianisme sera mystique ou il cessera d'exister."

Le théologien catholique romain Karl Rahner est crédité de cette perspicacité, mais il n'est pas le seul à penser ainsi. Voici ce que cela signifie.

La voie du Christ n'est pas une doctrine ou un ensemble de doctrines. Ce n'est pas un enseignement venant d'un livre, pas même de celui qu'on appelle la Bible. C'est un mode de vie et non un ensemble de croyances, aussi fermement ancrées soient-elles. Les gens ne deviennent pas chrétiens en se voyant marteler dans la tête une gerbe de croyances et des menaces sur la vie après la mort et sur l'endroit où ils la passeront.

Le chemin du Christ n'est pas un ensemble d'impératifs éthiques. Ce chemin n'est pas un ensemble de morales, un peu comme les fables d'Ésope avec un enrobage religieux. La preuve en est simplement trouvée en regardant dans le Nouveau Testament ; les premiers écrivains chrétiens n'ont pas jugé nécessaire d'inventer un système d'éthique. Ils s'appropriaient ce qui était bon dans les systèmes éthiques qu'ils trouvaient autour d'eux et les utilisaient là où ils pouvaient, parce qu'ils savaient que le but de tout cela n'était pas simplement une vie bonne et morale. 

Au début du capitalisme mercantile, la notion de "valeurs de la classe moyenne" s'est attachée à la Voie comme si elle était le but de tout cela. Ce n'était pas le cas. Il n'y a aucun argument contre le truisme selon lequel les athées peuvent vivre une vie bonne et morale et peuvent être meilleurs à cela que les gens de foi. Et alors ? La Voie du Christ n'est pas axée sur des impératifs éthiques, donc il n'y a pas d'argument.

La voie du Christ n'est pas une institution. Elle nécessite un organisme ; cet organisme est appelé le Corps du Christ. Nous sommes ensemble dans ce domaine ; c'est une nécessité pour l'Église, mais il ne s'agit pas de créer une institution : c'est le Corps mystique dont nous faisons partie. Bien sûr, il y a des tragédies historiques lorsque l'institution a dévié du chemin du Christ, et ce fut vraiment une période triste. Mais l'argument selon lequel on peut être chrétien sans faire partie du Corps du Christ ? C'est un autre exemple de l'individualisme américain qui s'infiltre dans le mélange et le contamine.

La Voie du Christ n'est pas une institution mais une personne. La voie du Christ n'est pas une éthique mais une personne. La voie du Christ n'est pas un enseignement mais une personne. C'est ce que Rahner voulait dire, je pense, au-delà des paroles citées. La voie du Christ est une relation.

Tout ce que fait l'église traditionnelle fonde, encourage et fomente cette relation pour qu'elle puisse prendre son envol. 

Dans l'église primitive, par exemple, le baptême était administré une fois par an, au moment du Vendredi Saint et de Pâques, afin que ceux qui étaient baptisés sachent qu'ils mouraient et ressuscitaient avec le Christ, comme le dit Saint Paul dans le chapitre VI de l'Epitre aux Romains. 

Qu'en est-il de la sainte communion, appelée diversement l'eucharistie, ou la Cène ? C'était une réception hebdomadaire, en de nombreux endroits apparemment quotidienne, du Christ dans le cœur, l'esprit et l'âme. 

Qu'en est-il de la confession ? Comme l'a dit saint Jean Chrysostome, la confession n'est qu'un retour à la relation établie lors du baptême lorsque l'on s'est égaré. 

Tout cela existe pour que, comme le dit Paul en plusieurs endroits, nous puissions être "en Christ" et le Christ en nous. Cette mystique du Christ est accessible à tous. C'est, je crois, ce que Rahner voulait dire. Il ne pensait pas à une innovation ou à un gadget qui sauverait l'église de l'extinction ; il appelait à un retour aux sources.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
PRAVMIR

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