vendredi 8 mars 2019

Le christianisme "rose"

Si ton Dieu n'est jamais en désaccord avec toi,
tu pourrais tout aussi bien adorer une version
idéalisée de toi-même!


Vers la fin du XIXe siècle, le profond théologien philosophe  Konstantin Leontiev remarqua l'émergence d'un christianisme dit " rose ", qu'il décrivit comme la position pré-révolutionnaire des intellectuels d'alors, l'intelligentsia, qui posait la question : "Peur de Dieu ? Quelle peur ? Pourquoi ? Dieu n'est-il pas censé être AMOUR ET SEUL AMOUR ?" En fait, il y a même des représentants du sacerdoce qui ont considéré et caractérisé sans réfléchir la "crainte de Dieu" comme un indicateur de semi-alphabétisation.  Mais le Seigneur a jugé autrement.  Ainsi, les bienheureux hiéromoines des cavernes d'Optina ont donné leur bénédiction à K. Leontiev pour continuer son étude du "christianisme rose", qui ne favorise que l'amour.

A l'époque de K. Léontiev, le christianisme "rose" était apparu principalement dans les cercles non ecclésiastiques de l'intelligentsia. De nos jours, cependant, il a commencé à apparaître dans les cercles ecclésiastiques aussi.  Le courant spirituel qui s'exprime par l'expression "Dieu n'est qu'amour et jamais juge" a malheureusement réussi un parcours victorieux dans le monde terrestre. 

Le christianisme " rose " veut que nous ayons en nous un amour pompeux, sans sacrifice envers Dieu, sans contrôle de nos passions, sans renoncement à nous-mêmes ni " crainte " (respect et crainte) de Dieu. Un tel amour facile, sentimental et humaniste est offert, NON avec la participation de l'Esprit Saint, mais avec la participation de l'esprit... opposé. Cette tendance vers un christianisme "rose" peut être considérée comme un état attribué à la chute de l'homme, d'où notre désir d'une religion qui nous donne SEULEMENT amour, bonheur et joie - aujourd'hui - et SEULEMENT ici, dans notre vie terrestre.

Saint Païssios l'Athonite a donné l'interprétation suivante pour ce "christianisme rose" : "Les gens veulent pouvoir pécher continuellement, mais en même temps ils ont un "bon petit Dieu", qui leur pardonnera constamment, tout en continuant à pécher.  C'est-à-dire qu'ils peuvent continuellement faire ce qu'ils veulent, et à cause de Son Amour infini, Dieu leur pardonnera toujours, ainsi ils peuvent continuer à vivre avec leur ego, leurs injustices, dans le péché et sans mauvaise conscience, sans essayer de changer, sans véritable repentir - comme la Parole de Dieu nous le demande - et sans demander Sa Grâce par la prière et avec conscience de soi.". '

Ainsi, très lentement, un autre type de christianisme est né, dans lequel les bases de la foi orthodoxe sont silencieusement étouffées, tandis que l'esprit général est souillé et déformé au point de rendre méconnaissable le vrai sens du mot " amour ".

Le "chrétien rose" contemporain présente les symptômes-indicateurs caractéristiques suivants :

1) Une défense volontaire de l'amour, mais un silence absolu sur le jugement de Dieu et le Second Avènement [Parousie]

2) Du vague concernant les dogmes- au lieu de cela, une pluralité de dogmes

3) Perte de l'absolu, de la vérité révélatrice, de l'intérieur, depuis la position selon laquelle, ceci, cela et autre chose sont toutes des vérités.  La vérité n'est perçue que comme une synthèse pluraliste de diverses formulations littérales relatives et individuelles.

4) Le manque de compréhension - ou l'absence de connaissance - de la vie spirituelle.

5) L'échange d'une vie ascétique personnelle avec un mode de vie intense, quotidien et extraverti.

6) Déni de toute expérience ecclésiastique ascétique et de toute vie qui amènent graduellement l'homme à la Grâce divine et à l'illumination de l'Esprit Saint.

Le résultat de tout ce qui précède est que la sainteté authentique - celle qui n'est atteinte que par le culte ecclésiastique et chrétien - est dégradée (et même ridiculisée), descendant au degré d'une "morale" humaniste, et au degré de "bons" sentiments humains, qui ne requièrent ni crainte de Dieu, ni humilité, ni obéissance.

Beaucoup de fidèles orthodoxes soutiennent avec ferveur la position selon laquelle "Dieu n'est que bienveillant et n'est PAS juge ; Il n'est qu'amour et rien de plus". Ils ignorent la parole de Dieu, la parole des Evangiles, et la parole des saints Pères.  

Aujourd'hui plus que jamais, les gens sont poussés à accepter cette position du "christianisme rose".  Au fond, cette position est agréable à beaucoup, donc, quand nous allons à l'église, ce n'est pas pour le pardon de nos péchés, ni pour un mode de vie prudent et pieux pour notre Christ, Ses enseignements et Ses commandements, mais seulement pour y attendre Son amour et Sa tolérance - qui bien sûr existent - sauf que cela montre que nous sommes portés à exiger Son amour comme nous le voulons ou comme nous pensons qu'il doit être.

D'autre part, en ce qui concerne l'idée que "Dieu n'est qu'amour et ne punit personne", il serait très intéressant que nous puissions discuter de cette suggestion avec les habitants de Sodome et Gomorrhe !  Mais je me demande où ils sont et que leur est-il arrivé ? 

Depuis la création même du monde jusqu'au terrible Jour du Jugement, Dieu est - et sera toujours - non seulement Amour, mais aussi Juge.  C'est pourquoi Son Jugement n'est pas injustement appelé "terrible". D'ailleurs, le premier acte de jugement de Dieu n'était-il pas l'exil ? 

Selon notre logique, une personne qui aime acceptera son bien-aimé tel qu'il est, et ne lui demandera pas de changer.  De même, une personne suppose que Dieu ne jugera pas ses péchés et qu'il n'y a donc pas besoin de ressentir le besoin d'obéir à Son enseignement, uniquement par peur.  Avec une seule prière adressée à Lui, Dieu deviendra soi-disant l'Amour et me recevra dans Son Royaume Céleste.

Certains pensent que tout peut être résolu par la logique.  Il y a même certains théologiens prêcheurs, qui sont d'avis que tout est permis, et qui soulignent en fait que sans défendre l'amour, tout en supprimant le jour terrible du jugement de Dieu, leur mission (l'initiation au christianisme) ne pourrait être accomplie ( !!!). Un tel style de christianisme cosmopolite - un pseudo-christianisme sans doctrine claire, mais avec seulement la prédication de l'amour, et sans la prédication du respect envers Dieu et de l'obéissance à Ses commandements avec crainte - ne peut qu'intensifier l'éradication de la foi.

Un tel christianisme est coupable devant le Christ, parce qu'il n'y a pas de sens à vouloir prier Dieu, puisque le "christianisme rose" ne reconnaît que le seul aspect de l'enseignement évangélique du Christ - celui de l'Amour - en omettant celui de la confession, du repentir, du pardon, de l'obéissance, du combat pour l'élimination des passions et de l'acceptation du péché humain.

Konstantin Zaytsev a écrit : "Quand notre histoire séculière s'achèvera et qu'il ne restera plus que Dieu, avec Lui resteront ceux qui resteront au sein de Dieu, à la merci de Dieu, alors seulement l'amour restera, car tout le reste aura été supprimé. En fait, même nos plus hautes vertus chrétiennes de Foi et d'Espérance seront également abolies**, car elles n'auront plus aucun sens par rapport à "l'accord" entre Dieu et l'homme pour la réalisation du Royaume de Dieu.  Le véritable et authentique amour chrétien et non l'amour humaniste sentimentalement "rose" sera l'échelle parfaite de l'ascension spirituelle (la montée) vers la théosis [Divinisation], notre but ultime."
 "L'amour ne périt jamais. Les prophéties prendront fin, les langues cesseront, la connaissance disparaîtra. Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie, mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra. Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; lorsque je suis devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant. Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face; aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j'ai été connu. Maintenant donc ces trois choses demeurent: la foi, l'espérance, l'amour; mais la plus grande de ces choses, c'est l'amour." (1 Cor.13:8-13)

Le père George Belandourov de la ville de Dvir note : "Il n'y a aucun doute que Dieu aime l'homme, puisqu'Il a envoyé Son Fils unique pour notre salut."  Mais alors, comment interpréter la fameuse parole de Dieu "Qui j'aime, je l'éduque aussi" - qui montre aussi l'amour divin envers l'homme ?  Eh bien, la Providence de Dieu n'est-elle pas une forme de jugement, dans la mesure où elle nous "avertit" chaque jour, en nous envoyant des succès, des espoirs et des joies, mais aussi des peines, des maladies, des angoisses et des morts ? 

Malgré tout, Ses charités [Soin Amour] sont si généreuses que nous devons Le remercier et Le glorifier ; et pourtant, la plupart du temps, nous négligeons de Lui rendre grâce et de Le louer. 

Si nous ne vivons pas chrétiennement, spirituellement, nous serons incapables de percevoir la Providence de Dieu.

C'est pourquoi nous n'avons aucun doute que chaque personne subira Son jugement suprême, puisqu'Il l'a dit Lui-même ; mais, même ainsi, est-il possible que le jugement de Dieu ait lieu sans Son amour ?  Impossible !

Alors.... est-ce que tout le monde va entrer dans le Royaume des Cieux ?  Les bons et les méchants ?  Les bienfaiteurs, les miséricordieux et les généreux, ainsi que les cupides, les peu généreux et les gloutons ?  Les exploiteurs, les durs, les criminels et tous ceux qui sont impitoyables ?  Bien sûr que non !  Il n'est pas possible, là, dans le Royaume des Cieux, que la justice et l'Amour N'existent PAS !  Le Seigneur Lui-même l'avait dit clairement.

Que le Nom du Seigneur soit à jamais glorifié.

AMEN!
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Citant 

1 commentaire:

  1. Merci pour ces explications, je cherchais depuis longtemps à comprendre ces chrétiens qui s'accommodent de tout...
    Il n'y a rien a rajouter, tout est parfaitement détaillé et je remercie le Seigneur de m'avoir éclairé via votre blog.

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