jeudi 17 janvier 2019

Père André [Konanos]: Quoi que tu fasses, le christ te trouvera...


Père André [Konanos]


Quoi que tu fasses, le Christ te trouvera certainement. Ne crois-tu pas en Christ ? Quoi qu'il en soit, mais tes intentions sont bonnes, demande-Lui de venir à toi. Il le fera. Demande-Lui ça. Dis : "Dieu, j'ai entendu dire que Tu existes. J'ai entendu, mais je ne Te sens pas, je ne crois pas en Toi. Pourtant, je veux que Tu viennes à moi. Je ne peux pas le faire, mais Tu le peux, Tu le dois ! Comment puis-je Te comprendre ? Comment mon esprit limité peut-il comprendre le Dieu infini ? Comment mon âme peut-elle sentir le Christ, Qui est au-dessus de toutes nos pensées et actions ?"

Au début, Dieu a fait le premier pas. Il a été le premier à nous aimer. Cependant, Il a besoin de trouver une place dans notre âme pour faire ce pas maintenant.

Il est essentiel pour une âme de Le chercher, de Le pourchasser, et de douter aussi. C'est le seul moyen de trouver Dieu.

Poursuis-le. Il s'éloigne de nous volontairement pour que nous soyons encore plus avides de Lui, pour que nous voulions Le trouver encore plus. Pourtant, Il s'éloigne, car l'engagement envers Lui doit être dynamique et non statique. Dieu est une Personne. Il évite volontairement la voie facile, parce que nous sommes habitués à ce que tout nous vienne facilement, habitués aux commodités, habitués à nous tourner vers Lui en péchant. Dans de tels cas, Dieu se retire.

Comme l'enseigne saint Silouane l'Athonite, une seule pensée maléfique suffit à chasser le Christ ; une seule pensée maléfique, un seul sentiment : jalousie, ou haine, ou animosité, ou mépris, ou un regard ironique. N'importe quel élément de cette "liste" suffit à aliéner le Christ. Cependant, si tu désires vraiment, sincèrement Le trouver, Il te trouvera. Même si tu doutes encore, tu fais des erreurs, tu hésites, hésitez, même si parfois tu perda la foi, le temps viendra, où Il viendra à toi.

Quand tu vois le Christ, quand tu fais l'expérience personnelle, quand tu sens le contact de Dieu comme si une autre personne t'avait touché, alors tu comprends que ce n'est pas une fiction. Tu en seras toi-même convaincus, ton âme en sera convaincue, finalement convaincue. Tu développeras ce qu'on appelle la bienveillance. C'est quand une personne commence à chercher de tout son cœur le Christ et commence vraiment à Le voir : sincèrement, comme Lui-même veut se rapprocher de toi.

Je ne sais pas quelle voie Dieu choisit dans chaque cas particulier, mais l'impression sera si forte, en effet, qu'après cela rien ne pourra ébranler ta foi, quoi qu'on te dise. Tu n'écouteras pas d'arguments ou d'opinions. C'est comme avec les conjoints amoureux : si un étranger commence à mal parler à l'un de l'autre, ils ne l'écouteront même pas : les gens amoureux vivent dans une autre réalité, vivent les uns pour les autres, et leur amour et leur bonheur sont si grands qu'ils ne se soucient pas vraiment de ce que pensent les autres. Tu peux aussi répondre à tous les arguments "raisonnables" comme celui-ci, "Je ne te comprends pas, je ne comprends pas tes arguments. Je ne discuterai pas avec toi. Si ma joie, mon visage heureux ne te rassurent pas, alors moi, à mon tour, je n'essaierai même pas de le faire. Tu le comprendras à chaque fois que tu en auras envie".

Pourtant, bien sûr, on ne peut voir le Christ, Le comprendre et Le sentir qu'à travers l'attitude envers les autres. Il est impossible de contourner son prochain sur le chemin de Dieu. La façon dont nous traitons les autres est très importante. C'est-à-dire, si vous entretenez de bonnes relations avec les gens, ils vous aiment, ils vous parlent, vous traitez tout le monde avec humilité et indulgence sans colère, aspérité et irritation, alors dans ce cas vous ouvrez vraiment la voie à votre vie pour Christ. Saint Jean l'Evangéliste dit donc dans son épître qu'il est impossible d'aimer Dieu et, en même temps, de haïr son frère, qui est proche, qui est son prochain. Après tout, Dieu est plus loin que le prochain. Nous ne voyons même pas Dieu. Comment peux-tu dire que tu as une foi vivante et que tu aimes Dieu, Que tu ne vois pas, en affligeant ton frère, que tu vois ?

Dieu dit qu'Il ne veut même pas de notre prière si nous n'avons pas la paix entre nous. "Va d'abord faire la paix avec ton frère". Tu ne peux pas apporter des dons à l'église, apporter des cierges, cinq pains et de l'huile sainte à Dieu dans l'espoir de Le rencontrer s'il n'y a pas de paix entre ton prochain et toi.Tu ne ressentiras rien. Rien. Rien.

Dieu ne s'achète pas. Comme on ne peut pas acheter l'expérience de communiquer avec Lui. Dieu veut qu'on s'aime d'abord. Ce n'est qu'alors qu'Il acceptera notre service et sera prêt à venir à nous.

C'est pourquoi Dieu se révèle à nous à travers les gens ordinaires. C'est-à-dire qu'il arrive qu'une personne ressente le Christ à travers son prochain et qu'elle reçoive de lui une réponse sur l'endroit où Il se trouve.

Tu te souviens peut-être d'une parabole sur une femme qui cherchait le Christ. "Dieu, - elle a prié un jour ainsi, - viens à moi !" Puis trois étrangers frappèrent à sa porte, mais elle ne les laissa pas entrer. Le soir venu, la femme dit : "Eh bien, Dieu a promis de venir, mais Il ne l'a jamais fait". "C'était moi, - répondit Dieu. - J'étais ce pauvre homme. Tu ne m'as pas laissé entrer".

Dieu se révèle à nous à travers ceux qui sont proches. Tu ne peux parvenir à aimer ton prochain, mais en même temps tu veux sentir la présence du Christ, n'est-ce pas ? Cela n'arrivera presque jamais. C'est pourquoi Saint Silouane l'Athonite, un saint merveilleux et aimé de beaucoup, enseigne : la manière la plus sûre d'attirer le Christ est de parvenir à aimer ses ennemis. Tu en es venu à aimer un ennemi : c'est ça. Ainsi, tu rencontreras bientôt le Christ. Bien sûr, le mieux, c'est de ne pas avoir d'ennemis du tout. En fait, nous ne connaissons pas les vrais ennemis, car notre seul ennemi principal est le Diable et l'égoïsme. Nous n'avons pas d'ennemis parmi les gens. Dieu les laisse juste venir dans nos vies pour nous aider à grandir spirituellement à travers les ressentiments et les peines. Ce qui se passe n'est pas de leur faute. Nous sommes à blâmer d'être en colère et de vivre avec cette colère, cette haine, cette vengeance et cette envie. Les mauvaises personnes n'existent pas.

Ainsi, quand nous apprendrons à aimer notre prochain, il sera beaucoup plus facile de rapprocher le Christ de nous. Beaucoup y parviennent, mais ceux qui souffrent sont les premiers à le faire. Dans ce cas, la souffrance peut être de nature totalement différente. Une personne a mal aux dents, une autre a mal à la tête, une autre souffre d'insomnie et une autre est gravement malade : elle est à l'hôpital pour une injection, une chimiothérapie, une radiothérapie ou une grossesse difficile, elle doit rester au lit pendant plusieurs mois.

La douleur entrave le mouvement. Elle nous paralyse, nous déprime et nous dérange, surtout si on ne l'accepte pas avec humilité. Absolument tout le monde souffre, il n'y a pas une seule personne qui n'ait pas souffert dans cette vie. En attendant, tout le monde ne voit pas le Christ. La souffrance ne portera de fruit que si elle est accueillie avec humilité comme un don de Dieu. Si tues blessé, mais que tu grognes, que tu te plains, tu regimbes ("Pourquoi moi ?"), et tu t'inquiètes, alors tu ne verras pas le Christ. Il n'est pas dit que tous ceux qui souffrent seront sauvés. Ceux qui endurent la douleur avec humilité en suivant l'exemple de Dieu, seront sauvés.

Si la souffrance est perçue comme une réponse à Dieu, alors Dieu sera révélé à travers cette souffrance.

La douleur présente la connaissance, l'illumination divine, l'expérience divine. Combien de fois Dieu Lui-même, la Sainte Mère, les Saints ou les Anges sont venus à ceux qui étaient en prison ou en soins intensifs ! Dieu Lui-même est venu vers ces gens dans leur souffrance, parce qu'Il a vu combien ils étaient impuissants et inconsolables. Il est venu les consoler, car Dieu est le Consolateur. Oui, le Consolateur n'est pas seulement le Saint-Esprit. Toute la Sainte Trinité : Dieu le Père et Dieu le Fils sont aussi le Consolateur. Dieu est le Consolateur et Il réconforte.

Saint Silouane l'Athonite raconte deux cas, où des moines du Mont Athos, malades et souffrant physiquement, ont vu le Christ dans une Liturgie à la place des prêtres et de leurs pères spirituels. Je crois que ces deux exemples sont en fait plus ou moins naturels, après tout, la Liturgie elle-même est un miracle, et voir un miracle dans un miracle est tout à fait possible. Pourtant, voir Dieu dans sa souffrance est un miracle incroyable, un paradoxe insondable. Quand tu vois le Christ dans une Liturgie, c'est compréhensible. Cependant, quand tu Le vois en soins intensifs, où tu pourrais penser que tout t'a abandonné et qu'il n'y a personne auprès de toi, c'est un miracle étonnant et un grand réconfort.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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