samedi 28 juillet 2018

La Toute Sainte Mère de Dieu et le clown



Petros Goueren était un grand clown. Mais les années passaient, il vieillissait et il ne pouvait plus trouver de travail. Désespéré et pour ne pas mourir de faim, il prit la route d'un monastère dédié à la Toute Sainte [Mère de Dieu]. Peut-être que les moines l'accueillieraient quelque temps. En effet, l'higoumène le garda pour qu’il accomplisse quelques tâches.
Petros était content. Et il voulait remercier la Toute Sainte pour cela. Mais il était illettré, alors il ne pouvait lire les gros livres [à l’église] et chanter des hymnes, comme les moines. Mais il pensa faire quelque chose lui aussi... Et un après-midi, quand les moines étaient tranquilles dans leurs cellules, Petros était introuvable.
L'higoumène, voulant l'envoyer accomplir quelque tâche, tenta de le trouver.
Il le chercha partout mais ne le vit nulle part. Peu après, il passa devant la grande porte de l'église et, par la grande vitre, il jeta un coup d'œil dans l'église. Et que vit-il! Pierre était devant la grande icône de la Tozute Sainte, et il faisait des galipettes et mille acrobaties. Il marchait sur les mains, se tenait  sur une main, et faisait la roue. L'higoumène fut bouleversé par ce qu'il voyait. Il trouva que c’était faire preuve d’un très grand irrespect et il était prêt à crier.
Ce fut précisément le moment où... Petros, en équilibre sur la tête, jonglait avec ses pieds, avec son vieux bâton de clown.
Et son vieux visage était rouge, et les veines de son cou étaient gonflées, et une rivière de sueur coulait de son front.
L'higoumène était prêt à donner de la voix. Mais à ce moment-là, apparut la Toute Sainte de la grande icône tendant la main en s’inclinant  pour essuyer avec le bord de son manteau la sueur du visage de Petros. L'higoumène frémit. Il s’agenouilla, se signa et murmura en tremblant: "Pardonne-moi, ma Toute Sainte. Tu sais qui t’honore et te glorifie le mieux... "

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

vendredi 27 juillet 2018

Sur Parlons d'Orthodoxie: Starets Serge

Icône de Père Serge par Georges Kordis


-->
Extraits des lettres du père Serge (Chévitch) à l’une de ses filles spirituelles


1. Tous les saints et les justes ne prêtaient aucune attention ni à la sécheresse, ni aux pensées, ni aux combats, pas plus qu’à la joie, à la douceur ou à la consolation spirituelle. Ils n’aspiraient qu’à une seule chose : être fidèles au Seigneur, dans un accomplissement de chaque instant de Ses commandements, dans le service du prochain, dans la garde du cœur et dans tout ce qui s’y rattache.

2. La seule et unique cause de tous nos désordres intérieurs et extérieurs est l’abandon de la prière ! Prier, prier, prier, et tout sera harmonieux. Voilà la recette générale et universelle. Il n’y en a pas d’autre. Nous sommes faibles parce que nous sommes seuls. Nous sommes seuls parce que le Seigneur est absent ! Le Seigneur est absent parce que nous ne Lui demandons pas d’être avec nous ! Tout est là. Plus nous prierons avec ferveur, sans interruption, avec attention, plus s’ouvrira au-dedans de nous, vite, véritablement, le Royaume de Dieu ; voilà le bonheur et la félicité ! Rien de plus ne nous est nécessaire ici bas. Et celui qui [demeure] dans le Royaume, il règne !

3. La vie spirituelle véritable c’est la paix et la joie dans le Seigneur. Pour construire la paix du cœur, il faut, de notre côté aussi, y consacrer tous nos soins et toutes nos peines, tout en sachant que la paix intérieure véritable est un don de Dieu. Pour cela, il faut extirper du cœur tout ce qui peut troubler cette paix intérieure, c’est-à-dire les sentiments mauvais, l’irritation, l’envie, la convoitise, les vains soucis, etc. Tout cela nous ravit la paix intérieure et le repos [spirituel]. Ayez la paix en vous-même et le but est atteint. Tel est l’état bienheureux (благобытие)  et la béatitude. Ne vous souciez que de cela. Dès que vous voyez que la paix est endommagée par quelque chose, tout de suite rétablissez-la, et cela du matin jusqu’au soir. Vous avez péché ? ne vous découragez pas, mais avec simplicité demandez au Seigneur de vous pardonner, invoquez de nouveau son saint Nom, et vous goûterez alors une douce paix du cœur. Voilà quelle est la vie spirituelle véritable – ce ne sont ni les prosternations, ni les exploits ascétiques, ni les jeûnes, mais la paix et la joie dans le Saint-Esprit. Cela est parfaitement adapté, facile et accessible, à tous et à chacun. « Prends et garde ! » – Il suffit de le vouloir!

4. La confession est uniquement l’énonciation de ce qui est conçu clairement par le cœur comme enfreignant la Volonté de Dieu.

Lorsqu’on a le désir de s’entretenir d’un sujet spirituel, il est tout à fait possible soit d’échanger avec des amis spirituels ou par correspondance avec des gens qui ont une expérience spirituelle, des Anciens à Valaam, à l’Athos – je peux vous communiquer des adresses –, ou enfin par la lecture d’ouvrages spirituels. Il est nécessaire de lire sans interruption. Ce que vous lisez aujourd’hui, demain, tout d’un coup, jettera la lumière sur une quelconque difficulté spirituelle ; [lisez] principalement l’évêque Théophane [le Reclus], l’évêque Ignace [Briantchaninof], la Philocalie.

La prière de Jésus, c’est l’amour pour Dieu et le premier commandement, aussi bien de l’Ancien que du Nouveau Testament : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu » (ce qui veut dire : pratique la Prière de Jésus qui est justement amour de Dieu). Grâce à cette prière, sans l’avoir cherché, le cœur s’enflammera d’amour pour le prochain et pour toute créature de Dieu. Il n’est pas possible d’aimer sincèrement le Créateur sans aimer l’œuvre de Ses mains. Aimez ceux qui vous entourent : c’est cela aussi la Prière de Jésus. À chaque effort dans cette direction, de votre cœur jaillira aussitôt « la source d’eau vive jaillissant jusque dans la vie éternelle », c’est-à-dire l’amour de Dieu, la toute-allégresse du Saint-Esprit, c’est-à-dire la prière incessante.

5. Toi seul sais, Seigneur, l’Unique et le seul Sage, « les temps et les moments ». Et nous, non pas comme des démons ingrats, mais comme des enfants de Dieu reconnaissants, aimants et bien-aimés, nous supporterons tout avec patience, avec reconnaissance dans le cœur, avec action de grâce sur les lèvres. Réjouissez-vous dans le Seigneur et que votre âme brûle incessamment de cette joie salvatrice. Restez fermement attachée au Seigneur par la pensée : « Je Te rends grâce pour tout ! Je Te rends grâce, à Toi le Sage, Toi le Tout-Bon, Toi le Seul-Aimant et Bien-aimé ! Tu m’as donné de connaître la voie de la Vie. Tu m’as abreuvée à la coupe de Ton Amour. Tu m’as conduite dans Ton Temple ! Tu m’as fait communier à Ta Souffrance et à Ta Gloire ! »

Je voudrais toujours vous apaiser complètement, afin que vous suffise pour longtemps cette réserve de quiétude. Il ne faut pas exiger beaucoup du Seigneur – [sinon] c’est le signe d’une relation à la vie spirituelle qui n’est pas juste. Le Seigneur enverra tout ce qui est utile, mais quand ce sera le moment et quand ce sera nécessaire. Il ne faut pas que la vie spirituelle soit seulement la soif de consolation et de plaisir [spirituel]. Le Seigneur veut de notre part la fidélité, le dévouement, la constance dans la patience, et la reconnaissance. C’est cela qui a du prix ; tout le reste n’a aucune valeur dans la vie spirituelle. Ceux qui sont expérimentés dans la vie spirituelle n’accordent aucune signification ni aux consolations, ni à leur arrêt, ni à leur absence. Dans le livre La lutte invisible, l’évêque Théophane [le Reclus] dépeint très bien tout le chemin de la vie spirituelle, et il y a des chapitres tout à fait compréhensibles sur la prière et sur la Prière de Jésus. Essayez donc de vous procurez cet ouvrage quelque part et lisez-le soigneusement, repassez dans votre mémoire tout ce qui se rapporte au chemin spirituel et discernez ce qui vous est profitable et ce qui ne l’est pas.

Par-dessus tout, luttez contre l’acédie. C’est votre combat principal. Si vous avez le dessus sur l’ennemi, le reste sera pour vous simple et facile. L’acédie a pris de la force en vous à la suite des épreuves de votre vie, d’où la nécessité pour vous de beaucoup vous battre contre elle ; mais vous la vaincrez ; mettez seulement du cœur à la lutte ! Montrez-lui que vous êtes un lutteur et un combattant valeureux, et elle n’osera plus s’approcher de vous.

N’attendez aucun succès facile et rapide dans la vie spirituelle – c’est d’abord l’indice d’un manque de fermeté. D’ordinaire, celui qui cherche à réussir vite et facilement dans la vie spirituelle, se refroidit et se détache du Seigneur. Mais si nous sommes prêts à peiner toute notre vie, afin de récolter, à la fin, des fruits bons et murs, tout cela aussi nous le recueillerons en son temps. Il ne faut pas non plus se comparer avec qui que ce soit. C’est un terrain favorable aux tentations de l’Ennemi. Le dicton « qui va lentement, va sûrement » se vérifie largement dans la vie spirituelle.
Que brûle toujours en vous le désir d’être ferme, reconnaissante à Dieu – les démons sont orgueilleux et ingrats – et répandez sur les autres une gaîté chaleureuse, la joie, la vaillance, la consolation !

6. Je vous félicite à l’occasion de la merveilleuse fête de la Protection de la Mère de Dieu ! Que nuit et jour la joie et l’amour inextinguible du Christ réchauffent votre cœur et votre esprit ! Je vous félicite également pour votre participation au Mystère le plus doux au monde de l’Amour de Jésus, pour l’Union Très Douce et Très Vivifiante ! Quel Trésor ! Et combien notre négligence nous éloigne de nouveau de cet Amour ! Si nous étions toujours, à l’avenir, [recueillis] en nous-mêmes, dans la divine garde du cœur, il nous réjouirait de l’intérieur, nous réchaufferait et nourrirait avec une grande douceur notre esprit, nos sens et notre corps !

Seuls ceux qui n’ont pas connu ni goûté l’Amour de Dieu peuvent accorder du prix à tout ce qui est extérieur ; mais pour ceux qui sont intérieurement réchauffés par l’Amour du Christ, il est irrésistiblement doux de demeurer au-dedans du cœur et là, de se délecter de la Joie et de l’Amour de Dieu ! Voilà la Vie ! « La Joie en Dieu est plus forte que la vie d’ici-bas », selon les paroles de saint Isaac le Syrien. Et toute la vie consiste à rechercher et à acquérir cette Joie salvatrice et vivifiante ! Et qu’importe où nous recueillons des miettes de cette Joie, de ce Bien ! Dans le désert, dans un skit, ou dans une famille – c’est égal ! Pour ceux qui aiment Dieu sincèrement, ni le lieu ni l’heure, ni la condition n’ont d’importance ! Où que nous nous trouvions nous sommes bienheureux et très bienheureux, que ce soit dans des palais, ou dans des taudis, ou dans « des antres de la terre ». Tout le mystère réside dans le fait d’aimer le Seigneur de tout son cœur ; et cela, qu’est-ce qui peut l’empêcher ? Daniel dans la fosse aux lions, les Trois Enfants  dans la fournaise de feu, les Apôtres à toutes les extrémités du monde, n’ont pas laissé s’éteindre cette flamme. Mais elle brûlait en eux et par eux enflammait les autres ; tels de grands Flambeaux de Dieu, ils ont glorifié Son Nom !

7. « N’éteignez pas l’Esprit ! » Ce commandement a une grande signification et requière de nous, en toute situation et toute condition, un travail spirituel intense sur nous-mêmes... C’est pourquoi il ne faut pas accorder d’attention à notre situation extérieure. Être mère et aimer le Seigneur de tout son cœur est bien plus élevé que de vivre au monastère sans amour pour le Seigneur... J’ai vécu dans deux monastères et j’y ai trouvé même presque moins de compagnons de route spirituels que dans le monde... L’amour de Dieu et la prière accomplie de tout son cœur peuvent acheter partout une réussite unique – tout dépend du zèle et de notre intention.

8. C’est toujours avec la joie du cœur dans le Seigneur que je reçois vos lettres. Je m’étonne toujours de voir que vous souffrez, que vous êtes dans l’acédie. Mais pourquoi ? D’autres peut-être, mais vous, vous ne devez agir ainsi ! Vous qui avez connu toute la profondeur de l’Amour de Dieu (ou bien ne l’avez-vous pas encore totalement perçue ???). D’autres peut-être mais vous, vous ne devez pas agir ainsi ! Car il n’y a rien en dehors de cet Amour.

De la nécessité de combattre nos passions, non seulement il ne faut pas se décourager, mais au contraire se réjouir ! C’est en effet l’indice qu’à l’intérieur il y a la vie, la mêlée, la lutte ! Quand au dedans tout est mort, l’homme alors ne s’inquiète de rien ; il ne sent rien en lui-même, il ne remarque rien. Prenez le cadavre d’un mort : même si vous le coupez, si vous le brûlez, rien ne troublera sa quiétude glacée ! Mais quand il y a de la vie à l’intérieur, immanquablement, c’est ou l’envie qui surgit au-dehors, ou l’irritation, ou l’intempérance, ou l’impatience, etc., etc.

C’est en cela que consiste la vie. Voilà ce qu’est la vie : c’est essentiellement la lutte contre ces états! Retrousse seulement tes manches, jette-toi dans la bagarre – c’est à qui battra l’autre !

Les ascètes expérimentés se réjouissent de ce temps de lutte et de combat. Alors seulement, c’est l’occasion d’obtenir des couronnes et des victoires. Moments ardents, bons, bénis ! C’est le signe que la vie va de l’avant, que la libération de toutes les passions, que la paix et la joie de demeurer éternellement aux doux pieds du Maître sont de plus en plus proches ! Ce n’est pas le moment de tomber dans l’acédie mais de se réjouir, de rendre grâces ! Voilà l’ordre et l’obédience que je vous donne : rendre grâce, rendre grâce et être dans la joie !!!

9. Je suis profondément touché par l’envoi des prières des startsi d’Optino et du métropolite Philarète (Drozdov). Elles m’ont plu extraordinairement – en elles souffle un esprit de profond amour et de consécration au Seigneur. C’est le balbutiement d’un cœur aimant, reconnaissant et fidèle au Seigneur. Puissions-nous, nous aussi, atteindre à ce balbutiement, car c’est cela la perfection de la prière et de toute la vie spirituelle. Plus élevé, plus spirituel est l’homme, plus il est simple, aimant, doux, plus il acquiert une absence de malice, une pureté, une limpidité d’esprit, un esprit pacifique enfantins, et ce qui est le plus élevé que tout : l’amour, l’élargissement du cœur, brûlant pour tous de compassion, d’affection, de sympathie, de tendresse...
C’est cela que nous chercherons à obtenir dans toutes nos prières et c’est pour ces fruits que sont indispensables toutes les prières, c’est-à-dire pour les fruits de l’Amour de Dieu, qui est Dieu Lui-même. Et là où est Dieu, là est aussi l’amour.

La Prière de Jésus est une prière parmi toutes les autres prières, son but est le même. Cependant elle est plus commode, elle unit ensemble plus facilement et plus rapidement la pensée et le sentiment. Quant à dire sa forme brève ou complète, ce n’est qu’une question de commodité et n’a pas de signification. Comme l’âme s’habituera à la dire, c’est cela qui sera bien. La force n’est pas dans les mots mais dans le sentiment de la présence du Seigneur, de Sa proximité, de Son très doux amour pour nous.
Moi-même, je ne vaux rien en tant qu’homme de prière et ne considérez pas mes conseils comme expérimentés, etc. Priez comme c’est le mieux et le plus facile pour vous – le principal est que vous stimuliez en vous-même l’amour pour le Seigneur comme vous savez le faire : lectures, action de grâces pour tout, repentir dans les péchés et les fautes, miséricorde et sympathie pour tous les hommes et même pour les créatures de Dieu. Sur ce chemin-là, on ne peut s’égarer... Donnez-vous des ailes par la pensée que vous êtes aimée du Seigneur, en qui j’ose vous convaincre et vous persuader que vous n’avez rien fait de mal, car rien n’était selon votre volonté mais selon Sa Sainte Volonté... Et tout est extrêmement sage et admirable au plus haut point ! Enflammez-vous d’amour et de reconnaissance envers Lui pour tout. Brûlez devant Lui comme le cierge de Jérusalem – du feu pur de l’amour, de la douceur et de l’espérance !
Tous vos proches, à leur tour, s’enflammeront à votre contact. L’amour appelle l’amour. L’amour vient de la prière, de la lecture, de l’effort de purification de soi. Confessez plus souvent toutes les mauvaises herbes – cela fait monter dans le cœur de douces larmes devant le Seigneur... La confession peut être journalière, comme dans les bons skits et les bons monastères, auprès de startsi expérimentés ; c’est le moyen le plus sûr pour réchauffer en soi l’amour pour Dieu. Que le Seigneur Dieu vous aide et vous garde. Qu’Il fortifie en vous la joie, l’amour, la paix.

10. Réellement il y a beaucoup de choses que je ne sais pas et sur beaucoup de points je peux me tromper, mais je ne pense pas me tromper en ceci : il faut aller vers Dieu avec légèreté, avec une grande simplicité et une grande espérance. Son Amour est sans limite et les signes de cet Amour, nous les trouvons autour de nous dans la vie de tous les jours. Alors pourquoi se décourager ou de quoi nous attrister ? Consacrons-nous entièrement à Lui et marchons à Sa suite. Comme Il l’a dit à l’apôtre Pierre : « Suis-Moi ! » Et nous aussi, suivons-Le.

Et tout sera pour nous léger, il n’y aura aucune difficulté. Il y a des difficultés là où règne ce qui est humain, mais là où est le Seigneur, là sont la joie et la liberté. Et vous êtes libre, vous n’êtes la servante de personne, hormis celle de Dieu. Allez à Sa suite, aimez-Le de tout votre cœur, avancez-vous vers Lui légèrement, avec plus de simplicité. Il n’y a aucune raison de souffrir ou d’être dans l’amertume, sinon pour nos péchés et nos transgressions ; mais cela aussi, Il nous l’a pardonné ; de quoi donc pouvons-nous nous attrister ? Nous aimerons Dieu et nous porterons tous nos désirs vers Lui ; nous regarderons les gens, comme les choses terrestres, avec paix et indulgence, sans nous attacher à rien ni à personne et nous ne souffrirons de rien ni de personne.
Sa Résurrection a changé nos lamentations et nos pleurs en joie. Nous irons à la rencontre de Sa Résurrection, et tout ce qui est humain s’enfuira devant nous « comme se dissipe la fumée, comme fond la cire devant la face du feu ». Notre cœur goûtera à la Joie éternelle de la Résurrection et jamais nous ne mourrons... Là où est le Seigneur, il n’a pas de difficulté. Toutes les difficultés fuient devant Sa face. Rien ne peut résister devant la lumière de Sa Face ! Nous ne sommes esclaves de personne, sinon de Lui. Certes les hommes restent les hommes et ce qui est humain reste humain. Mais nous avons été baigné dans Son Sang et nous avons été libérés de tout. Son Amour nous a baigné ! De quoi donc avoir peur ? À propos de quoi se décourager ? Sa Résurrection a changé nos larmes en joie !...

Son amour est plus élevé que tout, la joie en Lui est plus forte que la vie d’ici-bas... Regardez les choses avec calme, allez vers Lui avec légèreté. Il vous aime, et rien ni personne ne peut vous séparer de Son amour... Allez librement. Sachez que c’est Lui notre Guide principal, notre Directeur et notre Maître, que tous les directeurs et les conducteurs d’ici-bas ne sont que des compagnons de route sur le chemin et des conseillers, rien de plus. Nous ne sommes en rien obligés vis-à-vis d’eux ni eux vis-à-vis de nous. Un vrai père spirituel se contente d’apporter son soutient, de consoler sur le chemin et de redonner courage... N’en cherchez pas qui donne des ordres, car il n’y en a pas – s’il y en eu jamais, ce fut rare et où, et quand ?...

À présent c’est le Seigneur Lui-même qui est le Guide, mais les écrits des saints anciens nous expliquent où, quand et comment il convient de nous comporter. Ne vous confiez à la conduite de personne sinon au Seigneur et, dans les circonstances difficiles, réfugiez-vous vers celui, à cette minute, que le cœur vous indique, évidemment vers quelqu’un de digne et d’expérimenté par la vie comme par la sagesse.

Réjouissez-vous davantage. Souvenez-vous des paroles de saint Séraphim : « La tristesse en a tué beaucoup et elle n’apporte rien de bon. » Mais nourrir l’âme de joie lui redonne de la force et la rend courageuse et invincible au péché.

11. La vie spirituelle est la lutte contre le péché. C’est un combat à mort même, entre la Lumière du Christ et les ténèbres du péché. Et les jours de notre vie sont les pages où s’écrivent ces batailles. Il est absolument sans importance qu’elles soient menées dans un monastère où dans le monde. Pour le Seigneur c’est absolument égal. Que dix fois vous preniez l’habit monastique et que dix fois vous retourniez dans le monde, cela n’a absolument aucune importance. Ce qui a un sens, c’est uniquement la lutte et, à la fin, la victoire finale : « Le jour de la Résurrection ! »... Et arrivent là, non pas ceux qui ne sont jamais tombés mais tous ceux qui, même s’ils ont été blessés de nombreuses fois dans cette lutte, jusqu’à la fin, n’ont jamais baissé les bras. Personne n’y arrivera sans blessure ni plaie... Mais tous y goûteront la Joie qui leur est préparée.

Rendez de plus en plus grâce au Seigneur pour l’art avec lequel Il a purifié si merveilleusement votre cœur, pour lui confier désormais un trésor de grand prix : votre amour pour Lui ! Que fuient loin de vous tout découragement et toute crainte... Que seules la gratitude et la joie rayonnent dans votre âme ; tout cela vous mènera à un plus grand amour encore pour Lui et à plus de reconnaissance...

Mais maintenant, à l’œuvre ! Lancez-vous dans le combat contre le péché... Luttez, mettez-le à mort en vous – ces péchés mesquins de tous les jours : jugements, irritation, envie, paresse, scepticisme, froideur... Et voilà l’arme qui triomphe de tout : le Nom de Jésus ! En pénétrant dans le cœur, il y installera un paradis permanent, d’une douce chaleur et qui embaume la lumière de l’Amour de Dieu. Et alors, votre ennemi perfide n’osera plus s’approcher de vous, même de loin. Considérez les épreuves vécues comme les pages merveilleuses d’un combat parfait pour la Lumière, pour le Bien ! Et gloire à Dieu pour tout ! Gloire à Sa Lumière, sage, bien-aimée, instructrice, directrice, conductrice ! Épanchez-vous devant Lui dans votre plus profonde gratitude pour tout, tenez vous devant Lui pendant des heures et versez de votre cœur de la reconnaissance envers Lui pour tout, peu importe les mots que vous emploierez...

Dites : « Je Te rend grâce pour tout ! Je Te rend grâce pour le jour de ma naissance à cette vie merveilleuse ! Pour la grâce du Baptême que je porte ! Pour la foi admirable à laquelle Tu m’as attirée ! Pour Ton Amour, que Tu m’as donné de connaître et de goûter ! Pour les conducteurs et les directeurs rencontrés sur le chemin ! Pour les ami(e)s spirituel(le)s ! Pour Ton Évangile admirable, Livre de Vie et d’Amour ! Pour le glorieux et redoutable Mystère qui nous fait goûter à Ta Vie, unissant notre petite vie avec Ta Vie vivifiante, éternelle, incorruptible ! Je Te rends grâce pour toute ma vie, pour ce combat pour Toi, afin que je n’aime que Toi seul, Toi l’unique, et personne ni rien d’autre au monde ! » Voilà quelle sera la prière incessante de votre cœur et, avec elle dans votre cœur, la Vie incorruptible !

12. Cherchez toujours le Seigneur et vous Le trouverez. Frappez aux portes du Royaume par la miséricorde, l’amour du prochain, la prière de tout votre cœur, et elles s’ouvriront ! Même si une montagne de péchés pesait sur vous, ils seraient dispersés par le vent de l’amour et de la miséricorde. Devant la puissance de la miséricorde, rien ne peut résister ni sur la terre ni au ciel. Sa puissance est invincible...

13. En aucun cas ne vous épuisez plus ainsi. Cela n’est pas juste du tout. Il n’y a d’ascèse utile que celle qui est accomplie régulièrement. En toute chose, il faut commencer avec peu, et non avec beaucoup pour abandonner ensuite. Une heure est tout à fait suffisante pour votre règle de prière du soir. Et je voudrais vous conseiller de limiter la lecture des prières à une, ou au plus à deux courtes prières : « Notre Père » ou « Roi Céleste », et de consacrer le reste du temps aux prosternations accompagnant la prière « Seigneur Jésus aie pitié ! » Saint Isaac le Syrien parle de cela en ces termes : « Ne considère pas comme de la paresse, parce qu’il t’amène à abandonner la récitation des psaumes, le fait de prolonger une prière recueillie et sans distraction. Plus que la pratique de la psalmodie, aime les prosternations durant la prière. Quand la prière te sera donnée, elle tiendra la place de ta liturgie.. » [Discours ascétiques, 34].

Le principal, c’est l’attention. Mais si l’intellect s’est fatigué pendant la règle [de prière], il ne peut soutenir l’attention durant la Prière de Jésus. Priez avec le sentiment vivant de la présence du Seigneur, sans vous dépêcher, en concentrant votre attention sur les mots de la prière, et avec le temps viendra à vous sans aucun doute la chaleur du cœur, mais alors entretenez-la seulement, comme vous savez et comme vous pouvez le faire...

14. Soyez avec le Seigneur simplement, comme avec l’air : respirez-Le et vivez : voilà toute la science de la vie spirituelle. Chacun y va par les chemins qui lui sont propres, mais le but est unique : s’unir à Lui. L’avoir dans le cœur.

15. Voilà que le Seigneur, pour votre foi et votre patience, vous a envoyé la brise légère du sud, tiède et douce, de Sa miraculeuse bienveillance. Il en est toujours ainsi pour ceux qui font patience avec sagesse et ne perdent ni l’espoir ni l’espérance.

Ainsi à l’avenir persévérez dans votre course, sans trop de réflexion, sans créer de difficultés – en fait elles n’existent pas; ce sont les fruits de notre état de pécheur et des suggestions du Malin. Aimez Dieu simplement, non d’une manière sentimentale mais en Lui obéissant constamment dans les moindres détails, avec humilité devant Lui.

Son Amour parfait et prévenant n’oubliera rien, ne méprisera rien ! Soyez consolée! Dieu vous aime! Aussi souvent que possible ramenez à Lui par la pensée le regard de votre cœur, et votre cœur sera submergé de vagues de joie et d’espérance !

Priez pour le misérable que je suis, je ne cesse de prier pour vous.

SOURCE

RAPPEL
Aux Editions du Cerf: 
Jean-Claude LARCHET/Le starets Serge



Correspondant de saint Silouane et du célèbre Higoumène Chariton de Valaam, ami de Jacques Maritain, Louis Massignon, Olivier Lacombe, Charles du Bos, Emmanuel Mounier et Gabriel Marcel, père spirituel de Nicolas Berdiaev, de Vladimir Lossky et du grand iconographe Grégoire Kroug, le Starets Serge Chévitch (1903-1987) fut l'une des figures les plus charismatiques et les plus lumineuses de l'émigration russe et de l'Eglise orthodoxe en Occident. 

Cet ouvrage présente la vie, la personnalité et l'enseignement de ce grand spirituel. Un enseignement simple, très concret, proche des sources évangéliques et patristiques, et profondément ancré dans l'expérience intérieure de " la vie en Christ ", dont pourront tirer profit tous les chrétiens soucieux d'approfondir au quotidien leur vie spirituelle.
*

jeudi 26 juillet 2018

Staretz Jean de Valaam: Prière au Cimetière (R)



Aujourd'hui je suis allé au cimetière. Il faisait beau et la route était sèche. J'ai fait le tour de toutes les tombes et lu les inscriptions qui y étaient gravées: qui était mort, quand, combien d'années chacun avait passé au monastère et à quel âge chacun était mort.

Il y a maintenant 154 moines qui reposent au cimetière du Nouveau Valaam. Je les connaissais tous. Maintenant leurs corps reposent dans ces tombes car la loi de la mort est une loi inexorable. Nous savons où et quand nous sommes nés, mais où et quand nous mourons, il ne nous appartient pas de le savoir. L'homme vient de la terre et il y doit retourner. Mais son esprit vient de Dieu et il retournera auprès de Dieu.

Où êtes-vous maintenant nobles Pères? Quelle sorte de vie menez-vous? Je crois fermement que vous n'êtes pas morts. Vous êtes seulement partis pour un autre monde invisible. Mais les morts restent sourds à mes parole! Où ils sont et quelle vie ils mènent est un grand mystère. Le saint apôtre Paul dit que "nous marchons par la foi et non par la vue"

Notre fraternité a décliné vers la vieillesse. La plupart d'entre nous marchent avec un bâton. Quelques tombes sont déjà creusées et il y des cercueils en réserve.

Bientôt, très bientôt, mon corps terrestre sera étendu dans un de ces cercueils, descendu dans le froid tombeau et recouvert de sable. Il feront un petit tas au sommet de la tombe et y mettrons une croix. Peut-être y aura-t-il quelque bonne personne qui écrira mon nom sur une plaque et la fixera à la croix.

Nobles Pères qui demeurez, je vous en supplie, lorsque vous viendrez à ma tombe, priez pour mon âme pécheresse.

Higoumène mégaloschème Jean
Mes pensées, 1956
in 
A Star in The Heavens 
by Archimandrite Panteilemon, 
Valamo Monastery 1991
Version française Claude Lopez-Ginisty
Photo:

mercredi 25 juillet 2018

Librairie du Monastère de la Transfiguration

Le monastère de la Transfiguration a le plaisir de vous annoncer la mise en ligne de deux nouveaux ouvrages.

Papa Ephrem de Katounakia

 

     

    Qu'est-ce qu'une icône ?


     

    mardi 24 juillet 2018

    St. Théophane le Reclus:La Paix Intérieure




    Au début de notre voyage spirituel, nous nous rendons compte que nous manque la paix intérieure, et nous nous rendons compte que la façon dont nous cherchons à la trouver ne fait que semer le trouble. 

    Nous avons le sentiment que Dieu est loin de nous et que notre être intérieur cherche une paix qu'il ne peut trouver. Cela nous motive à renouveler, ou même à commencer pour la première fois, notre recherche de Dieu et d'une paix spirituelle intérieure profonde que Lui seul peut apporter. Cet effort est effectué par notre conscience et engage notre volonté d'accomplir des actions qui nous aideront à changer notre façon de vivre.

    Nous cherchons des livres spirituels à lire, nous recherchons un père spirituel pour nous enseigner le chemin, et nous commençons à assister plus régulièrement aux offices liturgiques. Avec notre sincérité dans cet effort, nous sommes bien guidés et encouragés à participer activement à la vie sacramentelle de l'Église, principalement à la Confession et à la Sainte Communion. Nous apprenons et commençons les disciplines ascétiques du jeûne et de la prière quotidienne, et nous apprenons à bien nous préparer à recevoir régulièrement la Sainte Communion.

    Par notre participation aux sacrements, notre connaissance de soi augmente, et nous prenons conscience de la fréquence à laquelle nous échouons dans l'accomplissement des Commandements de Dieu. Avec cette connaissance accrue, nous recevons le don de la Grâce de Dieu, le Saint-Esprit, qui commence à œuvrer à l'intérieur de nous.

    Saint Théophane le Recluse l'a dit ainsi :

    Si tout va bien, un homme qui cherche Dieu décidera, après réflexion, d'abandonner les distractions pour une vie vécue dans l'abnégation, inspirée par la crainte de Dieu et par sa conscience. En réponse à cette décision, la Grâce de Dieu qui, jusqu'à présent, agissait de l'extérieur, entre en lui par les sacrements ; l'esprit de l'homme, autrefois important, devient maintenant pleine force.(1)

    Nous commençons notre cheminement chrétien avec l'idée que nous sommes séparés de Dieu et avec la conscience que notre âme cherche une paix intérieure qui ne vient que de l'Esprit Saint travaillant de l'intérieur de notre être. 

    Nous lisons et recevons des conseils d'un médecin spirituel, le plus souvent notre prêtre de paroisse, et commençons à nourrir notre âme à travers la vie sacramentelle dans l'Église. 

    Nous faisons l'expérience de ce mode de vie sacramentel comme une médecine spirituelle qui fait grandir en nous la Grâce de Dieu, le Christ lui-même et l'Esprit Saint. 

    C'est cette force spirituelle qui réchauffe notre cœur, le purifie, nous rapproche de Dieu et développe en nous une paix intérieure inébranlable. Nous découvrons que cette paix n'est pas perturbée par les épreuves et les tribulations de notre vie terrestre.

    Version française Claude Lopez-Ginisty
    d'après

    (1) Cf. St. Theophan the Recluse, The Art of Prayer

    lundi 23 juillet 2018

    Vie de saint Séverin



    Icône de tous les saints de la terre d'Helvétie: 
    Dominique Aymonier-Lopez
    *
    Vie de notre père parmi les saints Séverin (476-507)
    Higoumène du monastère 
    Saint Maurice d’Agaune
    (Helvétie)

    Trois récits parlent de la vie de ce saint père d’Helvétie, celui de Surius, celui des Bollandistes et celui composé par un certain Faustus ( compagnon et disciple du saint) qui est le plus ancien et le plus digne de foi, les autres n’étant que des amplifications de la première relation. 
    Saint Séverin naquit en 440 au sein d’une illustre famille de Bourgogne. En ces temps, l’hérésie arienne régnait sur de nombreux territoires, mais le saint eut l’heur de vivre et d’être instruit au sein d’une famille qui pratiquait la foi orthodoxe. 
    Par sa naissance, il pouvait prétendre avoir une position élevée dans la société de son temps, mais il préféra renoncer aux illusions du monde et très jeune il se rendit à l’abbaye de Saint Maurice d’Agaune.
    A cette époque, le monastère n’était qu’une modeste chapelle appuyée contre la paroi rocheuse, avec à proximité une hôtellerie pour les pèlerins de passage et un cloître pour les moines qui veillaient sur les précieuses reliques des saints de la glorieuse légion thébaine.
    Selon Faustus, son disciple et compagnon de trente ans, Séverin était un moine irréprochable, une grande piété l’animait et il était sans cesse en Dieu par son amour et son humilités insignes. Ainsi, en 476, lorsque l’higoumène d’Agaune rejoignit la céleste patrie, Séverin fut naturellement désigné pour lui succéder.
    Ce fut un père aimant pour ses moines, une lumière pour les égarés, un baume pour les malades et les malheureux. Tous venaient vers sa prière comme vers la Source de Vie. Dieu, devant sa grande ferveur et son humilité, lui avait accordé le don des miracles. Il les dispensa grandement autour de lui, soulageant les misères des hommes.
    Sa réputation grandit et traversa les frontières. Il advint que Clovis, roi des Francs soit atteint d’une fièvre maligne. On craignit pour sa vie. Tous les soins de la médecine des hommes ne purent venir à bout de son mal. Son médecin lui-même lui suggéra alors de faire venir auprès de lui un saint homme dont il avait entendu parler avec grand respect et vénération. Clovis envoya aussitôt un de ses domestiques à Agaune auprès du saint higoumène
    Quelques temps auparavant, saint Séverin avait eu la vis d’un ange lui révélant qu’il partirait bientôt pour un pays lointain, qu’il y rendrait son âme à Dieu et y serait enseveli. Décidé à aller vers le roi qui faisait appel à lui et comprenant que la vision lui annonçait sa bienheureuse naissance au Ciel, l’higoumène réunit ses moines, leur fit ses adieux et se mit en route.
    Son voyage fut une route parsemée de miracles. A Nevers, il visita la cathédrale de ses prières et demanda à voir l’évêque. Celui-ci étant malade, il alla le trouver et le guérit. Il repartit. Entrant dans la ville de Paris et rencontrant un lépreux, il rencontra un lépreux et lui faisant une onction de sa salive, il le guérit aussitôt. Il guérit encore de nombreux malheureux. Arrivé devant Clovis, il s’agenouilla, pria et puis il ôta son manteau et l’étendit sur le roi qui fut délivré instantanément de sa fièvre !
    Le roi reconnaissant lui fit des dons précieux, entre autres celui de libérer des prisonniers de ses prisons. Le saint accomplit encore d’autres merveilles avant que de reprendre sa route vers le terme de son voyage. 
    Il sortit de Paris et se dirigea vers Château-Landon, en Gâtinois ( dans l’actuelle Seine-et-Marne). Sur une colline était un oratoire que desservaient deux prêtres, Ursicin et Paschase. Il leur expliqua sa vision, leur annonça son départ prochain pour la céleste patrie et leur recommanda ses compagnons Faustus et Vital. 
    Demeuré en Dieu par la prière pendant ses deniers jours sur la terre des vivants, saint Séverin rejoignit le Père en naissant au Ciel le 11 février 507. Une grande lumière se manifesta rayonnante à son envol pour le monde céleste.
    Childebert, fils de Clovis fit construire une église sur le tombeau du saint. De nombreux miracles vinrent attester de la faveur de l’higoumène Séverin auprès du Seigneur. Une communauté s’organisa auprès de ses reliques. Saint Faustus , parti annoncer le départ de saint Séverin aux moines d’Agaune ne voulut pas devenir l’higoumène du lieu, il repartit pour vivre auprès du tombeau de son père spirituel
    Une église fut construite en sa mémoire à Paris, elle devint la paroisse de Saint Séverin qui existe encore. 
    L’église de Château-Landon qui abritait les reliques du saint fut détruite à deux reprises, une fois par les Saxons, puis par les Anglais, mais les reliques furent sauvées. En 1568, les Calvinistes occupèrent le monastère et pillèrent le trésor du monastère. Ils s’emparèrent d’un bras reliquaire, en jetèrent la relique pour conserver l’argent. Le bras du saint abandonné répandit une lumière extraordinaire que virent des paysans des environs. Ils avertirent le prêtre de la paroisse voisine qui vint prendre et mettre en lieu sûr les précieux restes.
    La révolution fit disparaître les dernières reliques de saint Séverin en terre de France. 

    La fête du saint dont une relique était encore à Saint Maurice du Valais au siècle dernier fut fixée au 11 février, date de son natalice.

    TROPAIRE A SAINT SEVERIN Ton 8

    Illustre moine et higoumène parfait* Tu fus un exemple de bonté et d’humilité* Pour les moines et les laïcs qui te consultaient* Tu fus aussi le médecin thaumaturge de ceux qui faisaient appel à toi* C’est pourquoi nous te demandons avec ferveur* Supplie pour nous le Seigneur Jésus-Christ* Afin qu’Il nous accorde Sa grande miséricorde et le salut de nos âmes !

    Claude Lopez-Ginisty

    dimanche 22 juillet 2018

    Paroles de saint Nicolas de Jitcha sur le Mahatma Gandhi (R)



    (La lettre suivante fut écrite par saint Nicolas (Vélimirovitch) à un noble britannique du nom de Charles B.)

    Comme homme de foi, vous êtes troublé par la pensée suivante: que va faire la Providence de Gandhi? Et quel est le sens de l'apparition de cet étrange personnage parmi les hommes d'État et les politiciens de notre temps?

    Un avertissement de Dieu. C'est certainement le sens qu’a le guide de la grande nation indienne. Grâce à cette personne, la Providence montre aux politiciens et aux hommes d'État du monde, même aux chrétiens, qu'il existe d'autres méthodes dans la politique que l'adresse, la ruse et la violence. La méthode politique de Gandhi est très simple et évidente: il n’a besoin de rien d'autre que de l'homme qui crie et de Dieu qui écoute. Contre les armes, les munitions et l'armée, Gandhi place le jeûne; contre l’habileté, la ruse et la violence, la prière, et contre la querelle politique, le silence. Comme cela paraît chétif et pitoyable aux yeux des hommes modernes, n’est-ce pas?

    Dans les manuels scolaires politiques modernes, ces trois méthodes ne sont même pas mentionnées dans les notes. Le jeûne, la prière et le silence! Il n’est pas un seul un homme d'Etat en Europe ou en Amérique qui ne verrait pas avec ironie ces trois secrets de l'Etat indien comme trois branches sèches opposées sur le champ de bataille contre un tas d'acier, de plomb, de feu et de poison. Cependant, Gandhi réussit avec ces trois «sortilèges», et il réussit, à l'étonnement du monde entier. Et qu’ils le veulent ou non, les législateurs politiques en Angleterre et dans d'autres pays auront à ajouter un chapitre dans leurs manuels scolaires: "Le jeûne, la prière et le silence comme armes puissantes en politique." Imaginez, ne serait-ce pas une chance pour toute l'humanité si ces méthodes de Gandhi, qui n’est pas baptisé, remplaçaient en sciences politiques, les méthodes de Machiavel qui fut baptisé?

    Mais ce n'est pas la méthode de l'Indien en tant que telle qui est une surprise pour le monde, mais plutôt la personne qui utilise cette méthode. La méthode est chrétienne, aussi vieille que la foi chrétienne, et pourtant, elle est nouvelle à notre époque. L'exemple du jeûne, de la prière et du silence a été montré par le Christ à ses disciples. Ils l'ont donné à l'Eglise, ainsi que tout leur exemple, et l'Église, l’a transmis les mains aux fidèles de génération en génération jusques à ce jour.

    Le jeûne est un sacrifice, le silence est l'examen actif de soi, la prière est un cri vers Dieu. Ce sont les trois sources de la puissance spirituelle qui rendent l'homme victorieux dans les combats et excellent dans la vie. Y a-t-il un homme qui ne puisse s'armer de ces armes? Et quelle force brute dans ce monde peut-elle vaincre ces armes? Bien entendu, ces trois choses ne sont pas toute de la foi chrétienne, mais elles sont seulement une partie de ses règles, ses mystères surnaturels.

    Malheureusement, à notre époque, parmi les chrétiens, beaucoup de ces principes sont bafoués, et de nombreux merveilleux mystères sont oubliés. Les gens ont commencé à penser que l'on gagne uniquement en utilisant l'acier, que les nuages de grêle se dispersent seulement par les canons, que les maladies ne se guérissent que par des pilules, et que tout le monde peut être expliqué simplement par le biais de l'électricité. Les énergies spirituelles et morales sont presque considérées comme une œuvre magique.

    Je pense que c'est la raison pour laquelle la Providence toujours active, a choisi Gandhi, un homme non-baptisé, pour servir d'avertissement aux baptisés, en particulier à ceux des baptisés qui accumulent malheur sur malheur sur eux-mêmes et sur leurs peuples en utilisant des moyens impitoyables et durs.

    L'Évangile nous dit aussi que la Providence utilise parfois de tels avertissements pour le bien du peuple. Votre Grâce se rend compte immédiatement que je fais allusion au centenier romain de Capharnaüm (Matthieu 8). D'un côté, vous voyez les anciens d'Israël qui, comme monothéistes élus de l’époque, se vantaient de leur foi, tout en rejetant le Christ, et, d'autre part, vous voyez le païen romain méprisé qui est venu au Christ avec grande foi et humilité, lui demandant de guérir son serviteur. Et quand Jésus l'entendit, il fut étonné et dit à ceux qui le suivaient: "En vérité je vous le dis, pas même en Israël je n'ai pas trouvé une telle foi."

    Le monde chrétien est le nouvel Israël baptisé. Écoutez! Le Christ ne dit-Il pas les mêmes paroles aujourd'hui à la conscience des Anciens chrétiens en pointant vers le chef actuel de l'Inde?

    Que la paix et santé du Seigneur soient sur vous.

    Version française Claude Lopez-Ginisty
    d'après