samedi 10 février 2018

Marina Tchijova: "Le Gentil staretz" L'archimandrite Hippolyte (Khalin) (5)



Monastère de Rilsk



Batouchka ne faisait jamais d'homélies; il n'était pas connu pour son éloquence. Généralement, il parlait très peu et tranquillement, souvent de façon inaudible, de sorte que vous ne pouviez pas toujours entendre ce qu'il disait au début - vous deviez lui demander de répéter. Il appelait tous les hommes «Père». «Eh bien, comment va votre salut, mon Père?» demandait habituellement le staretz au début d'une conversation. À la fin, il disait: «Prions», ou il conseillait de lire l'akathiste à saint Nicolas le thaumaturge, qu'il vénérait particulièrement.

Un jour, une femme dont le fils avait le sida, sur les conseils de ses amis, saisissant ce dernier espoir, décida de se tourner vers le Père Hippolyte pour avoir de l'aide. Ils avaient voyagé de loin. Le staretz signa le fils de la femme et dit: «Tu n'as pas de sida.» Tout le long du chemin, la femme pleura d'indignation: «Nous avons trouvé un saint, et il ne sait rien du tout; Nous sommes venus si loin en vain. »De retour à la maison, son fils fut examiné à nouveau, et ... ils ne lui trouvèrent aucune maladie.

Mais l'archimandrite Hippolyte aidait généralement d'une autre manière. Il bénissait ceux qui venaient chercher de l'aide pour vivre un moment au monastère, y accomplir des obédiences et prier. Et les gens restaient: certains pour une semaine, certains pour quelques mois, d'autres pour le reste de leur vie. Ils étaient sauvés par la prière et l'obéissance. Il y avait des molebens pour les malades presque tous les jours au monastère, où même les démoniaques étaient guéris, ainsi que les alcooliques, les drogués et d’autres encore. Cependant, le staretz bénissait tout le monde pour y être présent, parce qu'il croyait que "tout le monde [était] spirituellement malade aujourd'hui." Pour ces guérisons, l'Ennemi de l'humanité se vengeait lourdement sur le staretz: Son visage était couvert de cloques géantes, dont il n’était délivré que par une prière nocturne prolongée. 

L'ascétisme intérieur de Père Hippolyte était caché pour nous, mais les fruits en étaient évidents pour tous. Batouchka aimait souvent répéter les paroles de l'Evangile, le Royaume des Cieux est forcé et ce sont les violents qui s’en emparent (Mt 11, 12). Ainsi disait-il, il faut d'abord se contraindre à la prière, et alors vous ne pourrez pas vivre sans elle, et vous vous dépêcherez d'obéir à votre règle de prière "comme à un rendez-vous". A la question de savoir comment il fallait prier, le staretz répondait : "Avec tendresse".

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

vendredi 9 février 2018

Marina Tchijova: "Le Gentil staretz" L'archimandrite Hippolyte (Khalin) (4)


Du Mont Athos, Batouchka retourna d'abord à Petchory. Il fut élevé au rang d'archimandrite et un peu plus tard d'higoumène. En 1986, il fut envoyé dans son diocèse de Koursk, où il devait, en tant que recteur, reconstruire plusieurs églises de village. Père Hippolyte fut envoyé en 1991en tant qu'higoumène au monastère de Rylsk-Saint Nicholas. Il passa ses onze dernières années dans ce monastère. Batouchka a dû restaurer le monastère et ressusciter la vie monastique presque à partir de zéro. L'une des plus anciennes églises de Russie se trouvait alors dans un état délabré.

Le Père ne réussit pas immédiatement à remettre le monastère en ordre. Au début, surtout dans la première année de son higouménat, l’archimandrite Hippolyte dut même entendre des plaintes de la hiérarchie parce que les travaux de restauration progressaient trop lentement. Bientôt, cependant, un grand nombre de personnes commencèrent à venir voir le staretz. Il réussit à donner au monastère une apparence bien soignée et l'état économique du monastère s'améliora considérablement. Fait intéressant, Batouchka lui-même ne participa jamais à la construction. Sa seule activité était la prière. Chaque jour, le père Hippolyte marchait seul [en priant] autour de l'église. Il y avait là les gens, les outils et les matériaux nécessaires à la construction.

Cependant, le staretz ne recherchait pas une décoration extérieure trop chère - il s'intéressait davantage à ce qu'il y avait à l'intérieur. Il appartenait au nombre de ces prêtres qui ne se préoccupaient pas tant de l'embellissement des églises que de l'embellissement des âmes humaines. C'est peut-être pourquoi tant de gens voulaient voir le staretz. Il avait tellement d'amour et de compassion qu'il pouvait recevoir n'importe qui dans son cœur - des hommes d'affaires aux alcooliques sans-abri. Sous le Père Hippolyte, le monastère était ouvert jour et nuit pour tous ceux qui étaient dans le besoin. Parfois, l'higoumène devait même s’entendre accuser d’avoir fait un lieu saint dans un «tripot». Il y avait là ceux qui avaient été condamnés, et les toxicomanes, tous rejetés par la société. Beaucoup d'entre eux abandonnèrent leurs vies antérieures, furent guéris et reçurent une grande aide spirituelle.

Le staretz possédait un don extraordinaire d'amour et de consolation. Il fut également distingué par son extraordinaire douceur et simplicité. Le barde orthodoxe Eugène Fokine se souvient de Batouchka: "Sa simplicité était telle qu'il ne pouvait en être autrement." Mais le staretz cachait avec zèle tous ses dons spirituels. Beaucoup étaient même perplexes, pourquoi un tel flot incessant de personnes venaient-elles voir le Père. Hippolyte ? Extérieurement, il ne faisait aucune impression particulièrement vive, et il était presque impossible de reconnaître un staretz pneumatophore en lui. Par conséquent, ceux qui allaient au monastère en attendant des miracles ou des prophéties furent déçus.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après
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Librairie de la Transfiguration

Le monastère de la Transfiguration a le plaisir de vous annoncer la mise en ligne d'un nouvel ouvrage du Père Anton Odaysky

L'exploit de toute une vie - Saint Luc de Crimée

Anton Odaysky

 
 
Saint Luc de Crimée (Voïno- Iassenetski) : un médecin qui soignait des gens ordinaires, parmi lesquels beaucoup peuvent encore témoigner; un professeur qui donnait des cours à des étudiants aujourd'hui devenus médecins. Un détenu politique qui connut l'exil, la prison, les tortures et. .. fut lauréat du prix Staline. Un chirurgien et un prêcheur de talent, qui parfois hésitait entre ces deux vocations, médicale et sacerdotale. Un chrétien doué d'une énorme force de volonté, d'honnêteté, de foi intrépide, et qui cependant n'évita pas de sérieuses erreurs sur son chemin. Un être pleinement humain. Un pasteur. Un savant. Un saint ...
L'auteur
Le père Anton Odaysky est recteur de la paroisse Saint Michel Archange à Cannes et représentant du Primat de l'Église orthodoxe russe hors frontières. Il est ingénieur informatique à Sophia Antipolis. Outre sa formation d'ingénieur, il a suivi des études de philosophie et de théologie à l'Institut Saint Jean le Théologien à Moscou et d'histoire à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris. Marié, il est père de quatre enfants.


 

jeudi 8 février 2018

Marina Tchijova: "Le Gentil staretz" L'archimandrite Hippolyte (Khalin) (3)


Père Hippolyte

De l'ermitage de Glinsk, où il ne passa qu'un an, Serge fut envoyé au monastère des grottes de Pskov. Là, il rencontra des startsy pneumatophores tels que le moine mégaloschème Syméon (Jelnine) et le moine mégaloschème Nicolas (Monakhov). Cependant, le plus proche spirituellement de lui était hiéromoine mégaloschème Michel (Pitkevitch), qui arriva de Valaam en 1957. Serge devint son assistant de cellule. Il fut très vite tonsuré, puis ordonné hiérodiacre et, en 1960, hiéromoine. Serge reçut son nom monastique en l'honneur du hiéromartyr Hippolyte de Rome. Il passa six ans à Pétechory, jusqu'en 1966, où il fut envoyé au Mont Athos.
Peu de choses ont été conservées sur la vie du père Hippolyte sur la Sainte Montagne. On sait qu'il y chanta sur les kliros  et travaillait dans les champs, et aujourd'hui sur le Mont Athos il y a des cèdres du Liban que le staretz a planté qui y poussent. Batouchka a également essayé d'élever des poulets, et ils l'aimaient beaucoup et marchaient derrière lui. 
Certains Grecs plaisantaient en appelant le Père Hippolyte "pieds nus", en raison de la similitude du mot grec à son nom. [Son nom en russe est “Ипполит” (Ippolit), et “pieds nus” en grec c’est “ξυπόλυτος” (“Ksipolitos”)]On sait qu'avant la canonisation de saint Silouane l'Athonite, Batouchka réussit à sauver les reliques de l'ascète, que certains moines, doutant de la sainteté du vénérable moine, voulaient cacher dans un lieu inaccessible. Il est remarquable que le père Hippolyte vêcut dans la même cellule où le saint vivait et priait. Aussi, comme saint Silouane l'Athonite, il a longtemps assuré l'obédience d'intendant du monastère.
Père Hippolyte a représenté son monastère dans la communauté sacrée [Parlement Athonite] pendant quatre ans, ce qui témoigne de sa haute autorité parmi les frères. Il convient de noter que Batouchka connaissait bien le grec, communiquant librement dans cette langue.
Père Hippolyte avait le mal du pays. Il écrivait souvent à ses amis: «Chérissez le fait que vous vivez en Russie. Embrassez votre terre. »
Il passa dix-huit ans sur la Sainte Montagne.

Père Hippolyte au Mont Athos



Le staretz tomba gravement malade en 1984 et ne put rester sur le Mont Athos plus longtemps parce que le climat local n'était pas propice à son rétablissement. Ainsi, le hiéromoine Hippolyte se retrouva chez lui, en Russie.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

mercredi 7 février 2018

Marina Tchijova: "Le Gentil staretz" L'archimandrite Hippolyte (Khalin) (2)

Ermitage de Glinsk
*

Quand, à vingt-neuf ans, Serge se trouva aux portes de l'Ermitage de Glinsk, puis décida d'accepter le monachisme, ses parents ne s'y opposèrent pas. Plusieurs années plus tard, il plaisantait à propos de lui-même: "Personne ne voulait m'épouser, alors je devais aller dans un monastère".

Serge alla à l'ermitage, dans l'espoir d'obtenir une bénédiction pour poursuivre ses études au séminaire, mais il y resta en tant que novice. Les Pères dirent que le monastère serait un séminaire et une académie pour lui. Le célèbre staretz mégaloschème l’archimandrite Andronique (Loukach) devint le père spirituel du jeune novice. Beaucoup ont noté qu'ils étaient remarquablement similaires, même dans le tempérament et le comportement. On sait qu'à ce moment-là le staretz guérit le novice Serge Khalin d’une grave pneumonie, qui aurait pu aboutir à une issue fatale. Cela les rapprocha encore plus. Un  jour, dans sa simplicité, Serge demanda à son père spirituel qui deviendrait staretz après lui. "Toi !" répondit ce guide clairvoyant.
Quand, à vingt-neuf ans, Serge se trouva aux portes de l'Ermitage de Glinsk, puis décida d'accepter le monachisme, ses parents ne s'y opposèrent pas. Plusieurs années plus tard, il plaisantait à propos de lui-même: "Personne ne voulait m'épouser, alors je devais aller dans un monastère".
Archimandrite Andronique

Serge alla à l'ermitage, dans l'espoir d'obtenir une bénédiction pour poursuivre ses études au séminaire, mais il y resta en tant que novice. Les Pères dirent que le monastère serait un séminaire et une académie pour lui. Le célèbre staretz mégaloschème l’archimandrite Andronique (Loukach) devint le père spirituel du jeune novice. Beaucoup ont noté qu'ils étaient remarquablement similaires, même dans le tempérament et le comportement. On sait qu'à ce moment-là le staretz guérit le novice Serge Khalin d’une grave pneumonie, qui aurait pu aboutir à une issue fatale. Cela les rapprocha encore plus. Un  jour, dans sa simplicité, Serge demanda à son père spirituel qui deviendrait staretz après lui. "Toi !" répondit ce guide clairvoyant.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

mardi 6 février 2018

Marina Tchijova: "Le Gentil staretz" L'archimandrite Hippolyte (Khalin) (1)

Archimandrite Hippolyte (Khalin)
Dans les années 1990, un flot incessant de gens venait en longues files de tous les coins de la Russie au monastère Rylsk-Saint Nicholas dans la province de Koursk, -ils venaient pour résoudre leurs questions les plus importantes, pour avoir de l'aide, et de la consolation. L'higoumène du monastère à cette époque était l'archimandrite Hippolyte (Khalin, † 2002) - un staretz russe d'une rare gentillesse qui était passé par l'école spirituelle du Mont Athos. L’archimandrite mégaloschème Macaire (Bolotov) a dit de lui un jour "Si la Russie avait une centaine de tels startsy, elle se déracinerait et monterait au ciel."
Le 17 décembre [2017 fut] est le quinzième anniversaire du repos en Christ du staretz Hippolyte.
*
Un staretz athonite russe
Au milieu du XXe siècle, l'existence du monachisme russe sur le Mont Athos était en grande question. Il y avait alors moins de dix moines au monastère de Saint Pantéléimon. La vie spirituelle y était ralentie, mais de toute évidence, elle s'estompait. Le monastère aurait déjà pu passer aux Grecs... Mais en 1966, il se passa quelque chose qui sauva littéralement le monastère russe et lui permit de renaître. Pour la première fois, l'Union soviétique autorisa la délégation de plusieurs moines au monastère, dont l'archimandrite Hippolyte (Khalin). En arrivant quelques années plus tard, l’archimandrite Iliy (Nozdrin) dit que c'était seulement grâce à ces moines que le monastère Athonite put être sauvé.



Serge Khalin, comme le futur archimandrite Hippolyte était connu dans le monde, était le huitième enfant de la famille paysanne d'Ivan et d'Evdokia Khalin. Il naquit dans le village de Subbotino dans la province de Koursk. Son anniversaire, le 18 avril 1928, tomba mercredi de la semaine lumineuse. Le garçon était le plus jeune enfant de la famille. Ses trois frères étaient morts sur le front, ainsi Serge a dû travailler dur déjà dans son enfance, pour aider ses parents. Cependant, cela ne l'empêcha pas de terminer ses études secondaires, puis d'étudier dans une fonderie et, un peu plus tard, de recevoir une éducation dans une école pédagogique.


Après un bref passage à l'entretien des routes, Serge fut enrôlé au service militaire en 1948. Comme il le rappelle lui-même, dans l'armée, il disait souvent le «Notre Père» la nuit sous les couvertures. On sait que Serge eut une foi profonde en Dieu dès son enfance. C'était en grande partie dû à son oncle Michel qui servait comme prêtre. Outre lui, la famille Khalin n'avait pas seulement des prêtres, mais aussi des moines. Ils se rappellent que dans sa jeunesse, Serge avait une valise pleine de livres spirituels, qu'il lisait souvent, sous son lit. Il aimait aussi chanter et apprendre par cœur de nombreux poèmes de poètes russes, dont il se souvint même jusqu'à un âge avancé.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après





lundi 5 février 2018

MIRACLES DE ST. MARC D'EPHESE AU 21ème SIECLE




Saint Marc d'Éphèse

Le 19 janvier / 1er février, l'Église orthodoxe honore la mémoire de saint Marc, le métropolite d'Éphèse, grand défenseur de l'Orthodoxie, qui, par l'esprit, le travail et la prière, réduisit à néant les efforts de tout le concile de l'Église qui introduisit l'union honteuse avec les Latins au quinzième siècle. Cependant, peu sont ceux qui connaissent les miracles que le saint a accomplis il y a longtemps et qu'il continue à accomplir aujourd'hui. Ces récits miraculeux du vingt et unième siècle présentés ci-dessous ont été enregistrés par le clergé de l'église Saint-Marc dans une banlieue d'Athènes.

Le saint prend soin de la construction de son église

Quand les ouvriers, érigeant une église pour le saint, avaient travaillé avec succès, et que tout le processus était dans la phase finale, ils ont découvert un manque de fonds, et apparut le danger que d'autres travaux s'arrêteraient, et que les efforts de construction deviendraient futiles. 

Le prêtre était très contrarié et il en appela à saint Marc pour l'aider, et le saint lui assura que le lendemain un homme viendrait apporter une somme d'argent importante pour la poursuite du travail (et il parla même d'une somme concrète). 

Et en effet, le lendemain, un homme de Vouliagmeni vint à l'église, demandant si c'était l'église de Saint-Marc, et il demanda à parler avec le prêtre. Le prêtre répondit qu'il savait déjà ce qu'il voulait. Alors cet homme inconnu révéla que la nuit précédente un moine lui était apparu en rêve, se présentant comme Marc Evgenikos [nom de famille de saint Marc, qui signifie "noble"] et il m'ordonna d'aider financièrement à la construction de son église en Basse-Patisie [région d'Athènes] L'homme obéit au saint et apporta au prêtre la somme exacte que saint Marc avait mentionnée la veille. Ainsi, ils purent recommencer les travaux de construction de l'église.

Le saint est apparu et a parlé de l'existence de son église

Un homme pieux de Kypseli avait coutume de faire un pèlerinage à toutes les églises lors de leurs fêtes patronales, mais il ignorait l'existence de l'église Saint-Marc. Un jour, alors qu'il allait à la boulangerie, il vit un moine qui lui donna une prosphore et lui dit de l'apporter à son église le lendemain. L'homme surpris lui demanda: "Qui es-tu, géronda? Où est ton église?" Le saint lui répondit: "Je suis Marc d'Ephèse, et mon église est en Basse Patisie" et il donna à l'homme des indications claires sur la façon d'y arriver - quelle route le conduirait à l'église. 

Et en effet, cet homme, qui ne connaissait ni saint Marc, ni l'existence de l'église en son honneur, suivit ses instructions et arriva à son église, exactement comme le saint lui-même le lui avait dit. Des situations similaires, où le saint apparut à des personnes qui ne le connaissaient pas et les dirigea vers son église, sont également connues par d'autres témoins, par exemple, d'une femme de Nouvelle Philadelphie.

Le saint effectue une guérison miraculeuse

En 2005, un jeune homme de vingt ans du nom de Georges, souffrait d'une maladie rare. Il avait besoin d'une opération difficile. Il y avait une forte probabilité d'échec, et il était tout à fait possible qu'il reste paralysé toute sa vie. 

Sa mère pria Dieu avec ferveur et larmes  pour la guérison de son fils. Alors sa sœur l'appela et lui dit qu'un moine inconnu lui était apparu, se présentant comme Marc d'Ephèse et lui avait dit: "Dis à la mère du jeune homme:" Je vais opérer Georges, ne t'inquiète pas." 

L'opération le lendemain, malgré les difficultés, fut couronnée de succès. Pendant l'opération, un moine inconnu apparut parmi les médecins, disant qu'il était un ami de la famille nommé Marc. Dans des moments particulièrement difficiles, il montra aux médecins comment procéder. Le jeune homme se rétablit, et lui-même et sa famille sont allés à l'église pour raconter ce qui s'était passé et pour remercier le saint.

Dans un autre cas, en 2004, une jeune femme de Nouvelle Philadelphie pria avec ferveur pour tomber enceinte - afin que Dieu lui accorde un enfant. 

Une nuit, pendant son temps de prière, un moine lui apparut et lui dit que sa fête était le 19 janvier. Il lui demandé d'aller prier dans son église de Basse-Patisie et lui dit qu'il entendrait sa prière. La femme le fait, et en trois jours elle fut enceinte et donna plus tard naissance à un bébé en bonne santé, et depuis, elle va toujours remercier le saint le jour de sa fête.


L'église de Saint-Marc d'Ephèse

Le saint sauve un enfant d'un accident de voiture

Une famille traversait la route devant l'église Saint-Marc. À un certain moment, les parents ne faisaient pas attention à l'enfant, et une voiture qui passait le heurta. 

Les parents effrayés crièrent et coururent vers lui, craignant le pire. Cependant, ils furent étonnés de voir le jeune garçon se lever et sourire, en leur disant que juste au moment où la voiture se rapprochait de lui, un vieil homme en noir le souleva en l'air et le sauva. 

Les parents comprirent immédiatement que saint Marc avait sauvé leur enfant d'une mort certaine, etils allèrent dans son église pour le remercier.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Jean-Claude LARCHET: Recension/Grégoire de Nysse, « Lettre canonique. Lettre sur la Pythonisse et autres lettres pastorales »


Grégoire de Nysse, Lettre canonique. Lettre sur la Pythonisse et autres lettres pastorales. Introduction, traduction et notes par Pierre Maraval, « Sources chrétiennes » n° 588, Paris, Éditions du Cerf, 2017, 290 p.

Pierre Maraval, à qui la collection « Sources chrétiennes » doit déjà plusieurs volumes des œuvres de saint Grégoire de Nysse, a réuni ici plusieurs œuvres assez différentes du grand Cappadocien, mais qui relèvent toutes de la pastorale.

La première est assez connue, y compris en traduction française, car elle appartient aux collections de canons de l’Église qui ont été intégralement publiées par P.-P. Joannou. Avant de devenir un canon, c’était une lettre adressée à un nouvel évêque, du nom de Léontios, probablement vers 390. Elle expose les règles de la pénitence publique en vigueur dans l’Église de Nysse. Grégoire déclare les avoir reçues de la tradition et des Pères, et n’entend innover sur certains points que lorsque les Pères ne se sont pas encore prononcés, ce qui était la pratique patristique habituelle.
L’exposé de Grégoire permet de se faire une idée de ce qu’était à son époque le processus pénitentiel.

La première étape est l’entrée dans le groupe des pénitents. Elle suppose une volonté de conversion du fidèle qui doit faire preuve de repentir, autrement dit se condamner lui-même, vouloir se purifier, et accepter la correction. Cette volonté se manifeste par l’aveu de sa faute, aveu qui se fait à l’évêque, en privé pour les fautes sexuelles, les homicides ou les vols. Cependant l’entrée en pénitence peut se faire aussi sans que le pénitent en prenne l’initiative, par l’acceptation des pénalités imposées par l’évêque si celui-ci a eu connaissance des fautes du pénitent avant qu’il n’en fasse lui-même l’aveu.

Le processus pénitentiel comprend ensuite trois étapes. La première est une exclusion totale, de caractère public, de l’assemblée liturgique (la synaxe). La deuxième étape consiste dans la réintroduction partielle du pénitent dans l’église: il ne peut assister qu’à la première partie de la Liturgie, composée principalement du chant de psaumes, des lectures et de la prédication (d’où le nom d’ « audition » qui lui est donné), à la suite de quoi il est renvoyé au même moment que les catéchumènes. La troisième étape est l’entrée dans le groupe des pénitents prosternés, qui peuvent assister à l’intégralité de la Liturgie, mais à genoux, et sans prendre part à la communion. Ce processus s’achève par la réintégration dans la communion de l’Église.

Ces étapes sont de durée variable selon la gravité du péché. Grégoire regroupe les péchés relevant de ce type de pénitence dans trois catégories: les péchés d’idolâtrie (apostasie, pratiques idolâtriques…), le péchés de la chair, et les homicides. Les péchés d’idolâtrie, s’ils sont volontaires, entraînent une exclusion pour toute la vie; s’ils sont involontaires, les périodes d’exclusion, d’audition et de prosternation sont chacune de 3 ans. Pour les péchés de la chair, s’il s’agit d’adultère, d’homosexualité, ou de bestialité, elles sont de 6 ans, et s’il s’agit de fornication (relations avec des prostituées) de 3 ans. Pour les homicides volontaires, elles sont de 9 ans (soit 27 ans au total), et pour les homicides involontaires de 3 ans (soit 9 ans au total). Ces règles correspondent à l’acribie (application stricte), mais leur mise en œuvre concrète peut faire l’objet d’une économie (modulation selon la situation particulière et l’intérêt spirituel des personnes concernées). Pour Grégoire, il s’agit d’une thérapeutique appliquée au péché qu’il considère comme une maladie de l’âme, qui peut donc être modulée selon les cas particuliers comme le sont les thérapies mises en œuvre par les médecins selon l’état de leurs patients. Les peines appliquées en pratique étaient donc concrètement moins longues que les peines théoriques.

Le volume nous offre ensuite la « Lettre sur la Pythonisse », qui, à vrai dire, n’est pas d’un intérêt majeur, car elle répond pour l’essentiel à la question de savoir si la pythonisse d’Endor (cf. 1 S 28) a réellement évoqué l’âme du prophète Samuel. Dans la dernière partie de la lettre, Grégoire évoque cependant d’autres problèmes: comment comprendre pourquoi Élie a reçu l’ordre de boire l’eau du torrent? que signifie le voile de Moïse? que penser des sacrifices de l’ancienne loi? la révolte de anges fut-elle collective ou individuelle? comment l’Esprit put-il advenir sur certains avant le baptême?

L’homélie « Contre ceux qui retardent le baptême » se rapporte à la situation de l’époque où, même dans les familles qui étaient chrétiennes depuis plusieurs générations, d’une part le baptême était conféré aux seuls adultes (ainsi saint Basile, le frère de saint Grégoire de Nysse ne fut baptisé qu’à la fin de ses études supérieures, de même que saint Grégoire de Nazianze), d’autre part certains attendaient la fin de leur vie pour se faire baptiser (ce fut le cas notamment de l’empereur Constantin) et se maintenaient volontairement, jusqu’à ce moment, dans la catégorie des catéchumènes. Cette dernière pratique était la conséquence de la sévérité de la pénitence publique. Grégoire s’élève ici – comme le firent également saint Basile, saint Grégoire de Nazianze et saint Jean Chrysostome – contre cette pratique qui consiste à se priver la plus grande partie de sa vie de la grâce du baptême.

Dans son homélie « Contre les fornicateurs », Grégoire développe l’idée paulinienne que « celui qui fornique pèche contre son propre corps » (1 Co 6, 18) et se fait donc tort à lui-même. Alors que le mot « fornication » (porneia, que l’on traduit aussi par « luxure ») était utilisé dans l’Antiquité  pour désigner surtout les relations avec des prostituées, l’évêque de Nysse l’utilise ici plus largement pour désigner tous les actes sexuels hors-mariage. Comme le note P. Maraval dans sa présentation, le texte de Grégoire reflète entre autre « le fait que, aux yeux des chrétiens comme de beaucoup de non-chrétiens, l’intégrité sexuelle et la pureté étaient tenues pour l’apanage d’un noble caractère, un signe de maîtrise de soi-même et de liberté intérieure, alors qu’une conduite débridée suscitait le mépris de l’entourage et était considérée comme un comportement d’esclave ».

Les trois dernières homélies, « Sur la bienfaisance » (encore appelée « Sur l’amour des pauvres I »), « Sur les pauvres » (encore appelée « Sur l’amour des pauvres II ») et « Contre les usuriers », prêtent une attention particulière aux pauvres, comme le firent aussi deux homélies bien connues de saint Basile. Elles dénoncent l’accaparement des richesses par une petite minorité de riches, et invitent ces derniers à partager leurs biens pour venir en aide aux défavorisés. Divers arguments sont utilisés par Grégoire pour rappeler aux riches leurs devoirs chrétiens envers les pauvres. La deuxième de ces homélies commente surtout la parole de l’Évangile : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ceux-ci, c’est à moi que vous l’avez fait », et plus largement l’ensemble de la péricope où elle se situe (Mt 25, 31-46). Dans la troisième de ces homélies, Grégoire dénonce la pratique de l’usure (le prêt à intérêt) et le comportement des usuriers : un chrétien doit prêter aux pauvres sans exiger d’intérêt. Dans ces trois homélies, Grégoire se réfère au fait que les homme partagent la même nature et plus fondamentalement ont tous été créés à l’image de Dieu. On doit dès lors voir en tout pauvre le visage du Christ.

Le texte grec est celui de l’édition critique des Gregorii Nysseni Opera III, 2 ; III, 5, IX et X, 2.

L’introduction, la traduction et les notes de Pierre Maraval sont, comme d’habitude, exemplaires.


Jean-Claude Larchet

Mystagogie du Grand Carême



Le dernier livre du hiéromoine Macaire de Simonopetra « Mystagogie du Grand Carême – essai de théologie du temps liturgique » vient de paraître dans la nouvelle collection « Doxologie » des Éditions Apostolia. L’auteur et Bernard le Caro présenteront le livre le samedi 10 février à partir de 16h00 à la cathédrale des Saints-Archanges ( 9 bis rue Jean de Beauvais 75005 Paris).

dimanche 4 février 2018

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

19 février / 4 mars 
Dimanche du Fils Prodigue 

 Saint Timothée, apôtre des Septante; Moine martyr Anastase le Perse; Saint Macaire fondateur du monastère de Jabin; Saint Brithwald, évêque de Ramsbury; Saint Vincent de Saragosse et sa mère Aquiline; Saint Solenne, évêque de Chartres; Saint Joasaph d'Alaska; Saints Jean, Nicolas, Jacques, Pierre, Jean, Jean, Jean et Euthyme, hiéromartyrs en Russie sous le joug communiste ( 1938)
I Corinthiens 6:12–20; Luc 15:11–32

AU SUJET DU FILS PRODIGUE 

Ce n’est que lorsqu’il fut rentré en lui-même et qu’il eut compris en quelle misérable situation il était tombé, que ce fils qui s’était coupé de son Père, pleura sur lui-même en disant : «Combien de mercenaires de mon père ont du pain en abondance et moi je meurs de faim ». Qui sont ces mercenaires ? Ce sont ceux qui pour la sueur de leur repentir et leur humilité reçoivent comme un salaire – le salut. Tandis que les fils, ce sont ceux qui, par amour pour Lui se soumettent à Ses commandements; comme dit aussi le Seigneur : « Celui qui m’aime gardera ma parole » (Jn XIV, 23). Ainsi ce plus jeune fils, privé de sa dignité filiale et qui s’était volontairement exclu de la patrie sacrée et était tombé dans la famine, se condamne lui-même, s’humilie et dans le repentir dit : «Je me lèverai, j’irai et je tomberai aux pieds du Père et je dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi » (…) Ce père [dans la parabole du fils prodigue], c’est Dieu ; en effet comment ce fils qui s’était séparé de son père, aurait-il péché contre le ciel, s’il ne s’agissait pas du Père céleste. Ainsi il dit : « J’ai péché contre le ciel », c'est-à-dire contre les saints du ciel et ceux dont l’habitation est au ciel, « et devant Toi », qui vis au ciel avec Tes saints. 
St Grégoire Palamas 


Tropaire du dimanche, ton 2
Lorsque Tu descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « Ô Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »


Kondakion des martyrs et confesseurs de Russie, ton 2
O Nouveaux Martyrs qui avez parcouru le chemin terrestre en confessant le Christ, par vos souffrances vous avez acquis de la hardiesse, priez Celui qui vous a fortifiés, afin qu’à l’heure où l’épreuve viendra sur nous, nous recevions le divin don du courage. Vous êtes un exemple pour ceux qui vénèrent votre exploit, car ni l’affliction, ni le tourment, ni la mort, n’ont pu vous séparer de l’amour de Dieu.
Kondakion du fils prodigue, ton 3

M’étant écarté, comme un insensé, de a gloire paternelle, j’ai dilapidé en mal la richesse dont u m’avais comblé. C’est pourquoi je fais monter vers Toi le mot du Prodigue : « J’ai péché contre oi, Père miséricordieux : accueille-moi, repenti, et compte-moi comme l’un de Tes journaliers ». 


 AU BORD DES FLEUVES DE BABYLONE… 

Afin de rappeler aux chrétiens, de façon plus vive, leur éloignement de leur Patrie céleste et leur asservissement au péché, l’Église, aux matines, après les psaumes du Polyéléos, chante le psaume 136. Celui-ci était chanté par les Juifs lors de leur captivité à Babylone, après la chute de Jérusalem et la destruction du premier Temple. La première partie du psaume (versets 1-6) manifeste l’affliction des Juifs pour la perte de leur patrie, tandis que la seconde (versets 7-9), exprime l’espoir du châtiment des agresseurs. Les « fleuves de Babylone » mentionnées dans le texte sont l’Euphrate, le igre et, peut-être, le Chobar (mentionné par Ezéchiel), sur les rives desquels les Juifs affligés se rappelaient du Temple de Jérusalem et des offices qui y étaient célébrés. Les Juifs refusaient de « chanter un cantique au Seigneur sur une terre étrangère » parce qu’il était interdit de chanter les cantiques sacrés hors du Temple. St Jean Chrysostome commente: « Les Juifs refusèrent de chanter. Voistu la force que donne l’affliction ? La componction, la contrition qu’elle opère ? Ils pleuraient, et ils observaient la loi ; ils avaient vu les larmes des prophètes, ils en avaient ri, ils s’en étaient joués, ils s’en étaient moqués ; et maintenant, sans personne pour leur adresser des exhortations, ils versaient des larmes et faisaient entendre des gémissements. Les ennemis, de leur côté, retiraient, de cette conduite, de précieux avantages ; ils voyaient, en effet, que ces captifs ne pleuraient pas, parce qu’ils étaient captifs, parce qu’ils étaient en servitude, parce qu’ils habitaient une terre étrangère, mais parce qu’ils étaient privés du culte de leur Dieu. Voilà pourquoi le Psalmiste ajoute : « Au souvenir de Sion ». Ils ne pleurent pas en effet seulement par hasard ; mais pleurer est leur principale occupation ; voilà pourquoi le Psalmiste dit en commençant : « Nous étions assis et nous pleurions » (…) Mais pourquoi ne leur était-il pas permis de chanter sur la terre étrangère ? C’est parce que des oreilles profanes ne devaient pas entendre ces cantiques secrets. « Comment chanterionsnous un cantique du Seigneur, sur la terre étrangère ? » (v. 4) Ce qui veut dire : Il ne nous est pas permis de chanter ; quoique nous soyons déchus de notre patrie, nous voulons observer toujours la loi, avec une scrupuleuse fidélité. Vous avez beau exercer votre domination sur nos corps, vous ne triompherez pas de notre âme ». La Droite qui abandonnera celui qui oublie Jérusalem est, selon les Pères, l’aide Divine qui vient des hauteurs. Celui qui oubliera Jérusalem et, par voie de conséquence, l’alliance entre Dieu et Son peuple, sera lui-même oublié par Dieu. Les Iduméens et les Édomites, sont les descendants d’Esaü, frère de Jacob (Israël), surnommé Édom. Ils entretenaient une haine particulière à l’endroit des Juifs, considérant que par leur faute, ils avaient été privés des magnifiques terres de Canaan. Pour cette raison, à chaque occasion, ils se vengeaient et ce de la façon la plus violente. Ils ne prenaient pas seulement part à toutes les guerres conduites contre les Juifs, mais ils achetaient aux Assyriens et aux autres peuples des prisonniers juifs, qu’ils enfermaient dans leurs forteresses pour les torturer. Avec les Babyloniens, les Iduméens participèrent au siège et à la destruction de Jérusalem. Selon le commentaire des Saints Pères, les différents qualificatifs appliqués, dans l’Ancien estament (notamment le Psautier) au combat physique contre l’ennemi, dont l’assassinat de qui que ce soit ou l’appel à le faire, ou encore la description admirative de ce qui est fait aux ennemis du peuple d’Israël, sont appliqués non à des personnages concrets, mais aux passions et aux vices qui affectent la nature humaine. C’est ainsi que les «petits enfants » dont il est ici question sont les pensées pécheresses qui sont brisées par la Pierre de la Foi, le Christ Sauveur.




Cf. Ps. 133,2.
Ps. 46,6.
Apolytikion du Grand Samedi.

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


22 janvier / 4 février
Dimanche du Fils Prodigue
Synaxe des nouveaux martyrs et confesseurs de Russie

Saint Timothée, apôtre (96) ; saint Anastase le Perse, moine, martyr (628) ; saints Manuel, Georges, Pierre et Léonce, évêques, Sionios, Gabriel, Jean, Léon, Parode et leurs 377 compagnons, martyrs (vers 817) ; saint Anastase, diacre de la Laure des Grottes de Kiev (XIIème s.) ; saint Joseph le Crétois (1511) ; saint Macaire de Bélev, thaumaturge (1623) ; saints hiéromartyrs Jean (Ouspensky) et Euthyme (Tikhonravov), prêtres (1936).
Lectures : 1 Cor. VI, 12–20, Lc. XV, 11–32. Martyrs: Rom. VIII, 28–39. Lc. XXI, 8–19.

AU SUJET DU FILS PRODIGUE

C
e n’est que lorsqu’il fut rentré en lui-même et qu’il eut compris en quelle misérable  situation il était tombé, que ce fils qui s’était coupé de son Père, pleura sur lui-même en disant : «Combien de mercenaires  de mon père ont du pain en abondance et moi je meurs de faim ». Qui sont ces mercenaires ? Ce sont ceux qui pour la sueur de leur repentir et leur humilité reçoivent comme un salaire – le salut. Tandis que les fils, ce sont ceux qui, par amour pour Lui se soumettent à Ses commandements; comme dit aussi le Seigneur : « Celui qui m’aime gardera ma parole » (Jn XIV, 23). Ainsi ce plus jeune fils, privé de sa dignité filiale et qui s’était volontairement exclu de la patrie sacrée et était tombé dans la famine, se condamne lui-même, s’humilie et dans le repentir dit : «Je me lèverai, j’irai et je tomberai aux pieds du Père et je dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi » (…) Ce père [dans la parabole du fils prodigue], c’est Dieu ; en effet comment ce fils qui s’était séparé de son père, aurait-il péché contre le ciel, s’il ne s’agissait pas du Père céleste. Ainsi il dit : « J’ai péché contre le ciel », c'est-à-dire contre les saints du ciel et ceux dont l’habitation est au ciel, « et devant Toi », qui vis au ciel avec Tes saints.                                                                                                       St Grégoire Palamas
Tropaire du dimanche, 2ème ton
Егда́ снизше́лъ ecи́ къ сме́рти, Животе́ безсме́ртный, тогда́ áдъ умертви́лъ ecи́ блиста́ніемъ Божества́ : eгда́ же и yме́ршыя отъ преиспо́дныxъ воскреси́лъ ecи́, вся́ си́лы небе́сныя взыва́ху : Жизнода́вче Xpисте́ Бо́́́же на́шъ, сла́ва Teбѣ́.
Lorsque Tu descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « Ô Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »

Tropaire des Nouveaux Martyrs, ton 4
Цвѣ́ти россі́йского лу́га духо́внаго, въ годи́ну лю́тыхъ гоне́ній ди́вно процвѣ́тшіи, Новому́ченицы и Испо-вѣ́дницы безчи́сленніи : cвяти́теліе, Цápcтвенніи cтрастоте́рпцы и па́стыріе, мона́cи и мipcті́и, му́жіе, жены́ же и дѣ́ти, до́брый пло́дъ въ тepпѣ́ніи Xpиcту́ прине́сшіи, моли́теся Eму́, я́ко насади́телю ва́шему, да избáвитъ лю́ди своя́ отъ безбо́жныхъ и злы́хъ, да yтвержда́ется же Це́рковь ру́ccкая кровьми́ и cтрaда́нiи ва́шими во cпасе́нie дýшъ на́шихъ.
O fleurs du pré spirituel de la Russie, qui avez surgi admirablement au temps des amères persécutions, Nouveaux Martyrs et Confesseurs innombrables, vous qui avez souffert la passion : pontifes, souverains et pasteurs, moines et laïcs, hommes, femmes et enfants, vous qui avez apporté au Christ le bon fruit de votre patience, priez-Le comme votre divin Semeur afin qu’Il libère Son peuple des athées et des hommes mauvais, afin que s’affermisse l’Église Russe par votre sang et vos souffrances pour le salut de nos âmes.
Kondakion du dimanche, ton 2
Воскре́слъ ecи́ отъ гро́ба, всеси́льне Спа́се, идъ ви́дѣвъ чу́до, yжасе́ся, и ме́ртвiи воста́ша : тва́рь же ви́дящи сра́дуется Тебѣ́, и Ада́мъ свесели́тся, и мípъ, Спа́се мо́й, воспѣва́етъ Tя́ при́сно.
Sauveur Tout-Puissant, Tu es ressuscité du Tombeau : l’enfer, voyant ce prodige, est saisi de stupeur et les morts ressuscitent. A cette vue, la création se réjouit avec Toi ; Adam partage l’allégresse, et le monde, ô mon Sauveur, ne cesse de Te louer !
Kondakion des martyrs et confesseurs de Russie, ton 2
Но́вiи cтрастоте́рпцы poccíйcтіи, исповѣ́днически по́прище земно́e пpeте́кшіи, cтpaда́ньми дepзнове́нie пріи́мши, моли́теся Xpиcту́, вácъ yкpѣпи́вшемy, да и мы́ егда́ на́йдетъ на ны́ испыта́нія ча́cъ, му́жеcтва дápъ Бо́жiй воспрiи́мемъ. О́бразъ бо ecте́ лобыза́ющымъ по́двигъ ва́шъ, я́ко ни cко́рбь, ни тѣснота́, ни cмépть отъ любвé Бо́жiя paзлучи́ти  вácъ не возмого́шa.
Ô Nouveaux Martyrs qui avez parcouru le chemin terrestre en confessant le Christ, par vos souffrances vous avez acquis de la hardiesse, priez Celui qui vous a fortifiés, afin qu’à l’heure où l’épreuve viendra sur nous, nous recevions le divin don du courage. Vous êtes un exemple pour ceux qui vénèrent votre exploit, car ni l’affliction, ni le tourment, ni la mort, n’ont pu vous séparer de l’amour de Dieu.
Kondakion du fils prodigue, ton 3
Оте́ческія cлáвы Tвоея́ удали́хся безу́мно, въ злы́хъ pacточи́въ éже ми́ пре́далъ ecи́ бога́тство ; тѣ́мже Tи́ блу́днаго гла́съ приношу́ : coгрѣши́xъ пре́дъ Tобо́ю Óтче щéдрый, прiими́ мя кáющacя, и coтвopи́ мя я́ко eди́наго отъ нае́мникъ Tвои́xъ.
M’étant écarté, comme un insensé, de Ta gloire paternelle, j’ai dilapidé en mal la richesse dont Tu m’avais comblé. C’est pourquoi je fais monter vers Toi le mot du Prodigue : « J’ai péché contre Toi, Père miséricordieux : accueille-moi, repenti, et compte-moi comme l’un de Tes journaliers ».
AU BORD DES FLEUVES DE BABYLONE…
Afin de rappeler aux chrétiens, de façon plus vive, leur éloignement de leur Patrie céleste et leur asservissement au péché, l’Église, aux matines, après les psaumes du Polyéléos, chante le psaume 136. Celui-ci était chanté par les Juifs lors de leur captivité à Babylone, après la chute de Jérusalem et la destruction du premier Temple. La première partie du psaume (versets 1-6) manifeste l’affliction des Juifs pour la perte de leur patrie, tandis que la seconde (versets 7-9), exprime l’espoir du châtiment des agresseurs. Les « fleuves de Babylone » mentionnées dans le texte sont l’Euphrate, le Tigre et, peut-être, le Chobar (mentionné par Ezéchiel), sur les rives desquels les Juifs affligés se rappelaient du Temple de Jérusalem et des offices qui y étaient célébrés. Les Juifs refusaient de « chanter un cantique au Seigneur sur une terre étrangère » parce qu’il était interdit de chanter les cantiques sacrés hors du Temple. St Jean Chrysostome commente: « Les Juifs refusèrent de chanter. Vois-tu la force que donne l’affliction ? La componction, la contrition qu’elle opère ? Ils pleuraient, et ils observaient la Loi ; ils avaient  vu les larmes des prophètes, ils en avaient ri, ils s’en étaient  joués, ils s’en étaient moqués ; et maintenant, sans personne pour leur adresser des exhortations, ils versaient des larmes et faisaient entendre des gémissements. Les ennemis, de leur côté, retiraient, de cette conduite, de précieux avantages ; ils voyaient, en effet, que ces captifs ne pleuraient pas, parce qu’ils étaient captifs, parce qu’ils étaient en servitude, parce qu’ils habitaient une terre étrangère, mais parce qu’ils étaient privés du culte de leur Dieu. Voilà pourquoi le Psalmiste ajoute : « Au souvenir de Sion ». Ils ne pleurent pas en effet seulement par hasard ; mais pleurer est leur principale occupation ; voilà pourquoi le Psalmiste dit en commençant : « Nous étions assis et nous pleurions » (…) Mais pourquoi ne leur était-il pas permis de chanter sur la terre étrangère ? C’est parce que des oreilles profanes ne devaient pas entendre ces cantiques secrets. « Comment chanterions-nous un cantique du Seigneur, sur la terre étrangère ? » (v. 4) Ce qui veut dire : Il ne nous est pas permis de chanter ; quoique nous soyons déchus de notre patrie, nous voulons observer toujours la Loi, avec une scrupuleuse fidélité. Vous avez beau exercer votre domination sur nos corps, vous ne triompherez pas de notre âme ». La Droite qui abandonnera celui qui oublie Jérusalem est, selon les Pères, l’aide Divine qui vient des hauteurs. Celui qui oubliera Jérusalem et, par voie de conséquence, l’alliance entre Dieu et Son peuple, sera lui-même oublié par Dieu. Les Iduméens et les Édomites, sont les descendants d’Esaü, frère de Jacob (Israël), surnommé Édom.  Ils entretenaient une haine particulière à l’endroit des Juifs, considérant que par leur faute, ils avaient été privés des magnifiques terres de Canaan. Pour cette raison, à chaque occasion, ils se vengeaient et ce de la façon la plus violente. Ils ne prenaient pas seulement part à toutes les guerres conduites contre les Juifs, mais ils achetaient aux Assyriens et aux autres peuples des prisonniers juifs, qu’ils enfermaient dans leurs forteresses pour les torturer. Avec les Babyloniens, les Iduméens participèrent au siège et à la destruction de Jérusalem. Selon le commentaire des Saints Pères, les différents qualificatifs appliqués, dans l’Ancien Testament (notamment le Psautier) au combat physique contre l’ennemi, dont l’assassinat de qui que ce soit ou l’appel à le faire, ou encore la description admirative de ce qui est fait aux ennemis du peuple d’Israël, sont appliqués non à des personnages concrets, mais aux passions et aux vices qui affectent la nature humaine. C’est ainsi que les «petits enfants » dont il est ici question sont les pensées pécheresses qui sont brisées par la Pierre de la Foi, le Christ Sauveur.
Psaume 136
На рѣка́хъ Вавѵло́нскихъ, та́мо сѣдо́хомъ и пла́кахомъ, внегда́ помяну́ти на́мъ Сiо́на. Аллилу́iа. На ве́рбiихъ посредѣ́ его́ обѣ́сихомъ орга́ны на́ша. Аллилу́iа. Я́ко та́мо вопроси́ша ны́ плѣ́́ншiи на́съ о словесѣ́хъ пѣ́сней и ве́дшiи на́съ о пѣ́нiи. Аллилу́iа. Воспо́йте на́мъ отъ пѣ́сней Сiо́нских. Аллилу́iа. Ка́ко воспое́мъ пѣ́снь Госпо́дню на земли́ чужде́й? Аллилу́iа. А́ще забу́ду тебе́, Iерусали́ме, забве́на бу́ди десни́ца моя́. Аллилу́iа. Прильпни́ язы́къ мо́й горта́ни моему́, а́ще не помяну́ тебе́, а́ще не предложу́ Iерусали́ма, я́ко въ нача́лѣ весе́лIя моего́. Аллилу́iа. Помяни́, Го́споди, сы́ны Едо́мскiя, въ де́нь Iерусали́мль, глаго́лющiя: истоща́йте, истоща́йте до основа́нiй его́. Аллилу́iа. Дщи́ Вавѵло́ня окая́нная. Блаже́нъ и́же возда́стъ тебѣ́ воздая́нiе твое́, е́же воздала́ еси́ на́мъ. Аллилу́iа. Блаже́нъ и́же и́метъ, и разбiе́тъ младе́нцы твоя́ о ка́мень. Аллилу́iа.
Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, au souvenir de Sion. Alléluia. Aux saules de leurs rives, nous avions suspendu nos harpes. Alléluia. Là, ceux qui nous avaient emmenés captifs nous demandaient de chanter des cantiques, Alléluia. Et nos ravisseurs nous disaient : « Chantez-nous un cantique de Sion ». Alléluia. Comment chanterions-nous un cantique du Seigneur sur une terre étrangère ? Alléluia. Si je t’oublie, Jérusalem, qu’à l’oubli ma droite soit livrée. Alléluia. Que ma langue s’attache à mon palais si je ne me souviens plus de toi, si je ne fais de Jérusalem la première de mes joies. Alléluia. Souviens-Toi, Seigneur, des fils d’Édom, qui disaient au jour de la ruine de Jérusalem : « Détruisez, détruisez-la jusqu’à ses assises ! » Alléluia. Fille de Babylone, misérable, bienheureux qui te revaudra les maux que tu nous valus. Alléluia. Bienheureux celui qui saisira tes petits enfants et les brisera contre la Pierre. Alléluia.


Le début de l’obscurcissement de l’intellect se reconnaît à ce signe : avant tout, la négligence à l’égard de la liturgie et de la prière. L’erreur ne peut se frayer un chemin dans l’âme, si on ne succombe d’abord sur ce point ; en effet, l’âme sera alors privée du secours de Dieu, et elle tombera facilement aux mains de ses ennemis.
St Isaac le Syrien


Le livre « LE GRAND CARÊME, lectures orthodoxes pour chaque jour (Éditions des Syrtes) présente un choix de textes tirés des Saintes Écritures, du Triode, des Saints Pères pour chaque jour de la Sainte Quarantaine.