samedi 10 février 2018

Marina Tchijova: "Le Gentil staretz" L'archimandrite Hippolyte (Khalin) (5)



Monastère de Rilsk



Batouchka ne faisait jamais d'homélies; il n'était pas connu pour son éloquence. Généralement, il parlait très peu et tranquillement, souvent de façon inaudible, de sorte que vous ne pouviez pas toujours entendre ce qu'il disait au début - vous deviez lui demander de répéter. Il appelait tous les hommes «Père». «Eh bien, comment va votre salut, mon Père?» demandait habituellement le staretz au début d'une conversation. À la fin, il disait: «Prions», ou il conseillait de lire l'akathiste à saint Nicolas le thaumaturge, qu'il vénérait particulièrement.

Un jour, une femme dont le fils avait le sida, sur les conseils de ses amis, saisissant ce dernier espoir, décida de se tourner vers le Père Hippolyte pour avoir de l'aide. Ils avaient voyagé de loin. Le staretz signa le fils de la femme et dit: «Tu n'as pas de sida.» Tout le long du chemin, la femme pleura d'indignation: «Nous avons trouvé un saint, et il ne sait rien du tout; Nous sommes venus si loin en vain. »De retour à la maison, son fils fut examiné à nouveau, et ... ils ne lui trouvèrent aucune maladie.

Mais l'archimandrite Hippolyte aidait généralement d'une autre manière. Il bénissait ceux qui venaient chercher de l'aide pour vivre un moment au monastère, y accomplir des obédiences et prier. Et les gens restaient: certains pour une semaine, certains pour quelques mois, d'autres pour le reste de leur vie. Ils étaient sauvés par la prière et l'obéissance. Il y avait des molebens pour les malades presque tous les jours au monastère, où même les démoniaques étaient guéris, ainsi que les alcooliques, les drogués et d’autres encore. Cependant, le staretz bénissait tout le monde pour y être présent, parce qu'il croyait que "tout le monde [était] spirituellement malade aujourd'hui." Pour ces guérisons, l'Ennemi de l'humanité se vengeait lourdement sur le staretz: Son visage était couvert de cloques géantes, dont il n’était délivré que par une prière nocturne prolongée. 

L'ascétisme intérieur de Père Hippolyte était caché pour nous, mais les fruits en étaient évidents pour tous. Batouchka aimait souvent répéter les paroles de l'Evangile, le Royaume des Cieux est forcé et ce sont les violents qui s’en emparent (Mt 11, 12). Ainsi disait-il, il faut d'abord se contraindre à la prière, et alors vous ne pourrez pas vivre sans elle, et vous vous dépêcherez d'obéir à votre règle de prière "comme à un rendez-vous". A la question de savoir comment il fallait prier, le staretz répondait : "Avec tendresse".

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

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