mardi 20 mars 2018

RENDU SAGE PAR L’EXPÉRIENCE (6)



En tant que pasteur expérimenté, le Père créa tout un système d'éducation pour les frères. Voyant que les citadins, surtout les jeunes, étaient intrinsèquement infantiles, égoïstes et manquant d'initiative, le Père Benoît conduisait les nouveaux arrivants par des obédiences de travail dans la grange, les écuries, les poulaillers et d'autres installations agricoles, où au fil du temps il mettait en évidence la diligence d'un homme, et ses qualités spirituelles étaient révélées. "Ne cachez pas comment un homme interagit avec un cheval, et comment il réagit par rapport à lui", aimait-il répéter. "Si l'homme a un défaut caché, l'animal le ressentira immédiatement, et cet homme ne l'admettra même pas." Il consacra beaucoup d'attention aux nouveaux novices et aux candidats à la fraternité. Étant limité dans son mouvement par sa santé, il appelait les frères dans sa cellule et discutait avec eux pensivement, essayant de ne rien négliger de leurs vies antérieures et essayant par la prière de comprendre la place d'une personne spécifique dans l'Église, et son caractère personnel.
La situation dans les monastères modernes est telle que l'higoumène porte la charge de la gestion administrative purement externe d'un organisme aussi complexe. Il y a donc un danger que les questions financières et économiques «externes», la participations aux longs offices, et la communication inévitable avec le pouvoir séculier et les invités du monastère ne laissaient pas à l'higoumène de place pour les questions intérieures, souvent très compliquées de l'état spirituel de la fraternité. Le nombre des frères à Optina s'est énormément multiplié, et l'higoumène introduisit un système spécifique de «startchestvo», où les confesseurs expérimentés dans la vie monastique choisie parmi les frères étaient responsables de dix à quinze frères. Confessant les enfants spirituels qui leur étaient confiés, les pères spirituels résolvaient les embarras émergents et multiples avec l'higoumène lui-même, qui, les convoquant régulièrement, leur demandait brièvement qui vivait comment, et lui-même ne confessait que les pères spirituels.

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Un tel système peut prendre la forme d'une «information» subtile, mais le Père Benoît n'eut jamais eu l'intention d'asservir quelqu'un à lui-même - il voulait seulement l'aider à vaincre diverses passions. Pour l'inconduite la plus grave, les confesseurs incitaient le moine lui-même à aller révéler l'acte à l'abba du monastère, qui, en avertissant paternellement l'offenseur, lui imposerait une pénitence s'il le jugeait nécessaire. C'était étonnant qu'avec les offenses les plus graves des frères, avec le repentir correspondant, le Père Benoît n'appliquait pas de pénitence. Le péché lui-même était le poids que le transgresseur portait.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après
Pravoslavie.ru

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