lundi 4 décembre 2017

Sur la lorgnette de Tsargrad

Tzar Alexandre Ier
Théodore Kouzmitch


Le 20 juillet 2017, le site Pravoslavie.ru a publié la version originale russe du texte ci-dessous, écrit le 23 octobre 1990 par l’Archiprêtre Alexandre Novopachine. Celui-ci y aborde, en présentant un témoignage essentiel, un élément fascinant de l’histoire de la Russie : le 19 novembre 1825, à Taganrog, le Tsar Alexandre Ier le Béni ne serait pas mort mais aurait commencé une vie érémitique et serait devenu par la suite le Saint Starets Théodore Kouzmitch.


*
Le cinq juillet est un jour solennel à Tomsk. C’est en effet le cinq juillet 1995 que furent inventées les saintes reliques du juste serviteur de Dieu, le Saint Starets Théodore de Tomsk, appelé au cours de sa vie terrestre, et parfois maintenant encore, Saint Théodore Kouzmitch. On célèbre donc ce jour une Liturgie à l’occasion de la fête dans l’église de la Mère de Dieu de Kazan du Monastère de la Mère de Dieu-Saint Alexandre.Et il arrive que ce soit le Métropolite Rostislav de Tomsk et Asinovsk lui-même qui préside la célébration, entouré d’autres évêques.

De façon tout à fait inattendue, en 1990, je me trouvai en France, à Paris, moi, jeune prêtre de l’église du Pokrov de la ville de Barnaul. Je connaissais un des prêtres desservant la Cathédrale Saint Alexandre Nevski de la rue du Daru, et il m’avait invité à passer quelques jours dans une chambre des maisons d’hôtes attachées à la Cathédrale. La chambre voisine de la mienne était occupée par des moniales, très âgées, deux sœurs: Agnia et Ekatherina, filles spirituelles du Métropolite Vladimir (Tikhonitski), Exarque des paroisses orthodoxes russes d’Europe occidentale. A cette époque, elles étaient âgées de plus de quatre-vingts ans. Quand elles apprirent que j’étais un prêtre qui venait de Russie, et plus encore, de Sibérie, elles m’invitèrent, soucieuses d’apprendre comment vivaient les gens dans la Russie profonde.

La première chose que j’aperçus en entrant chez elles fut, accrochée au mur, une reproduction du portrait du Tsar Nicolas II peint par Valentin Serov. Nous conversâmes de sujets divers, entre autres de la monarchie. Les matouchkas me demandèrent ce que je pensais de la monarchie. Je leur répondis que je me sentais monarchiste.
– Et avez-vous entendu parler du Starets Theodore de Tomsk?
– Évidemment! Répondis-je. C’est le saint local de Tomsk et les Chrétiens de Sibérie aiment le Starets Théodore et le prient.
– Et savez-vous que l’on dit de Théodore Kouzmitch qu’il est le Tsar Alexandre Ier le Béni, qui vainquit Napoléon?
– Je sais cela, effectivement.
– Et vous y croyez?
– Oui, j’incline à croire qu’il s’agit de la vérité.
– Nous allons alors vous raconter un témoignage confirmant que Théodore Kouzmitch est réellement l’Empereur Alexandre Ier le Béni 

Et les moniales me narrèrent une histoire extraordinaire, apprise de leur propre père, le diplomate russe Nicolas Nikolaevitch de Giers, fils de Nicolas Karlovitch de Giers, Ministre des Affaires étrangères de 1882 à 1895, pendant le règne d’Alexandre III. Leur histoire me stupéfia tellement que je demandai aux matouchkas de coucher leurs souvenirs par écrit. Les moniales Agnia et Ekatherina (dans le monde, Anastasia et Elena de Giers) sont maintenant retournées au Seigneur. A elles, mémoire éternelle et Royaume des Cieux! Elles furent inhumées dans le cimetière de Sainte Geneviève des Bois. Leur témoignage revêt une valeur inestimable :



«Nicolas Karlovitch de Giers, Ministre des Affaires étrangères de l’Empereur Alexandre le Pacificateur, présentait quotidiennement un rapport à l’Empereur, avant quoi il allait allumer un cierge dans l’église de la Mère de Dieu de Kazan, devant l’icône de la Mère de Dieu. Le Ministre raconta qu’un jour, au cours de l’entretien, il demanda au Souverain s’il croyait que le Starets de Sibérie, Théodore Kouzmitch, était le Tsar Alexandre Ier le Béni, auguste grand-père d’Alexandre III. Au lieu de répondre verbalement, le Souverain invita le Ministre à le suivre dans ses appartements privés. Un mur était couvert d’une galerie de portraits de tous les membres de la famille impériale. L’empereur montra, parmi ces portraits, celui du starets de Sibérie, et dit: «Voilà ma réponse, Nicolas Karlovitch».
Dans la Russie d’avant la guerre fut édité un livre écrit par le Grand Prince Vladimir Vladimirovitch Bariatinski, intitulé «Mystique impériale» (Царственный мистик). Il est malaisé à obtenir, mais il contient de nombreux éléments décrivant ce que d’aucuns nomment la ‘légende’ du Starets Théodore Kouzmitch.
Traduit du russe
et

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