Cathédrale de la Mère de Dieu de Kazan
Les dons spirituels de la staritza
Selon les
souvenirs de ses enfants spirituels, Mère Maria était une personne très modeste
et très humble. C’était une ascète, et, comme tous les ascètes,elle mangeait
peu, prenant habituellement seulement une cuillère à café de nourriture très
simple. Elle était souvent malade, mais elle essayait de ne pas prendre de
médicaments. Son principal remède était la Sainte Communion, l'eau bénite et
les prosphores.
Mais elle
n'appelait pas les autres à une telle vie ascétique, parce qu'elle avait le
discernement spirituel et savait qui pouvait gérer combien. Ainsi, la servante
de Dieu Alexandra envoya une lettre avec le conseil de Matouchka sur le jeûne.
Voici un passage de la lettre:
"En ce
qui concerne la nourriture, ne prends pas sur toi de faire plus que nécessaire,
car il y a beaucoup de cas de grands problèmes après une ascèse faite par une
guidance personnelle. Tiens-toi à la voie du milieu et tout ira bien;
autrement, le rusé (l'Ennemi) s'approchera de toi, affaiblira ta dernière force
corporelle restante, et tu ne pourras rien faire - ni la prière, ni le travail
physique, et il sera ravi. Ainsi, ma chère, la renaissance intérieure est très
importante: Ne désire rien de mal, et n'y pense même pas. »
Matouchka était
douce et patiente. Natalia Ivanovna se rappelle comment Matouchka fut gravement
malade. Natalia alla la voir. Elle vit sur sa table de chevet une lampe sans
abat-jour. La lumière brillante frappait Matouchka dans les yeux. Natalia suffoca
sous l’émotion et commença à
retirer l'ampoule, mais la préposée à la cellule s'énerva, se rappelant que Matouchka
lui avait demandé humblement de retirer la lampe. Elle voulait l'enlever, mais elle
avait été prise par les tâches ménagères et avait oublié. Et Matouchka, souffrant
de maladie, ayant demandé une fois, était restée silencieuse et ne se plaignit
jamais de la vive lumière qui frappait ses yeux. Elle supportait cela
silencieusement.
Matouchka
était stricte également. Dans un monastère, elle réprimanda soudainement un homme
qui était tombé dans le désespoir et avait décidé de quitter le monde. Il n’avait
révélé ces pensées qui le tourmentaient à personne et il fut stupéfait quand une
moniale mégaloschème les dénonça. Matouchka le gronda, et, probablement pria,
parce que les pensées démoniaques se retirèrent de lui. Son désespoir le quitta,
et il répéta joyeusement à tous ceux qui l'entouraient, "Matouchka! Ah,
Matouchka! "
Il y eut
aussi cet exemple: Natalia Ivanovna était allée voir Matouchka avec une de ses
sœurs. Elles marchaient dans le train et sa sœur avait une valise plutôt
grande. Natalia suggéra de la mettre ensemble sur l'étagère du haut, pour ne pas
déranger les gens dans le couloir. Mais sa soeur refusa:
"Laisse-la
rester là où elle est. Ce n'est rien, ils peuvent la contourner! Je ne vais pas
me déranger avec ce poids pour la convenance de quelqu'un d'autre! "
À l'arrêt
suivant, plus de gens montèrent et le passage devint très à l'étroit, et sa valise
dérangea les gens tout au long de la route.
Quand elles
arrivèrent chez la staritza, elle accueillit chaleureusement Natalia, mais elle
regarda sa compagne avec rigueur et mépris. Elle ne comprit pas: Pourquoi cette
matouchka était-elle si mécontente d’elle?! Alors Mère Maria dit: «Pourquoi
penses-tu seulement à toi? Pourquoi ne te soucies-tu pas des autres? C’est si
orthodoxe! "
Une autre
fois, après un service, la staritza se tourna brusquement vers le prêtre qui
servait avec une question sur l'une des chantres des kliros. Le prêtre fut
perplexe et répondit que, en fait, l'une des moniales chantait au kliros, mais
elle était alors chez elle, se
préparant aux examens. Alors Mère Maria lui demanda de l'emmener chez cette sœur. Ils montèrent dans la
voiture et partirent. Ils arrivèrent chez la fille, et la staritza dit qu'elle
voulait rester avec elle à sa datcha. Tout le monde était, bien sûr, incrédule,
mais comme ils connaissaient déjà Mère Maria depuis longtemps, ils ne demandèrent
rien, mais écoutèrent seulement.
Ils arrivèrent
à la datcha, et Matouchka leur dit: «Vous restez tous dans la voiture pendant
que je vais me promener et jeter un coup d'œil. »
En sortant
de la voiture, elle alla dans la cour du voisin et se mit à marcher dans le
jardin de quelqu'un d'autre, allant ça et là. Tout le monde assis dans la
voiture était silencieux. Ils attendaient de voir ce qui allait se passer.
Soudain la porte de la maison du voisin s'est ouverte et un homme est sorti. Un
peu débraillé, plusieurs boutons de sa chemise étaient déboutonnés… Il alla vers Matouchka et commença à
lui demander quelque chose, d'abord avec colère, mais ensuite il se calma. Puis
ils marchaient déjà ensemble entre les carrés plantés et parlaient sans se
presser, en souriant même.
Après un
peu de temps Matouchka mit fin à
la conversation. L'homme l'accompagna et lui demanda sa bénédiction. Mère Maria
monta dans la voiture et, n’expliquant rien, dit: «Maintenant, nous retournons
à l'église. »
Personne
n'osa demander quoi que ce soit à la staritza. Les jours passèrent. Petit à
petit, nous commençâmes à oublier l'histoire. Juste un mois plus tard, le
prêtre reconnut un homme en habits élégants comme le voisin échevelé de la
datcha. Il était venu pour la confession:
"Je
veux confesser un péché, Batiouchka! Rappelez-vous quand vous êtes venus en
voiture au jardin chez moi, avec cette merveilleuse matouchka? Je traversais
alors des moments très difficiles; Je connaissais un découragement sévère.
J'avais décidé de me suicider, de me pendre. J'avais déjà grimpé au grenier et
fait un nœud coulant, et j'étais sur le point de le mettre autour de mon cou,
quand j'entendis du bruit sur ma propriété. Une étrangère s’y promenait. «Peu
importe», pensais-je. « J'aurai tout le temps de me pendre. Pour l'instant, je vais voir qui se
promène et je me pendrai ensuite. »
Je suis
sorti et Matouchka était là et j'ai commencé à lui parler. Après notre
conversation, tout était bien dans mon âme! Tout mon chagrin était parti! Le
soleil brillait, les oiseaux chantaient, et mes glaïeuls préférés
fleurissaient! C'était superbe! Comment aurais-je pu me décider à me pendre?
comment mon esprit a-t-il pu être si embrumé ?! Je suis allé descendre la
corde. Et je suis toujours en vie. Et ma situation a progressivement changé
pour le mieux. Je suis venu me repentir d'avoir essayé de me tuer. Absolvez ce
péché, Batiouchka! Peut-être une sorte de pénitence... "
Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après
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