lundi 24 juillet 2017

Le 30-e anniversaire du rappel à Dieu de l'archimandrite Serge (Chévitch)

Le dimanche 23 juillet 2017 
A l'occasion du 30 ème anniversaire du rappel à Dieu de l'archimandrite Serge (Chévitch) le 25 juillet 1987 

Après la liturgie dominicale à sa mémoire célébrée en l’église des Saints Nouveaux Martyrs, à Vanves, à 10h15, 

des agapes fraternelles seront proposées aux fidèles présents, suivies d’une communication d’Emilie van Taack (vers 14h30). Ceux qui le désirent se rendront pour une panikhide au cimetière de Sainte Geneviève des Bois (autour de 16h00). 


Lire: Extraits du livre de Jean-Claude Larchet "Le Starets Serge" et « Vivre au jour le jour »

L'ORGUEIL 

Aux yeux du Starets Serge, la principale passion, la plus grave, la plus redoutable, celle qu'il faut combattre le plus longtemps, celle dont il faut le plus se méfier, c'est l'orgueil qui s'oppose non seulement à l'amour que nous devons avoir pour Dieu, pour le prochain et pour nous-mêmes (en un sens positif), mais également en ce qui constitue après l'amour la deuxième vertu chrétienne: l'humilité. 


Le Starets rappelle que c'est à cause de l'orgueil que les anges sont tombés et que le premier homme a causé la chute de toute l'humanité. Il affirme souvent que l'orgueil est notre principal ennemi, que tout notre malheur vient de lui. 


L'orgueil est à la source de toutes les maladies spirituelles - autrement dit de toutes les autres passions - , mais aussi de presque toutes les maladies mentales.


Extraits du Livre de Jean-Claude Larchet






L’ÉGOÏSME 

A l'orgueil est essentiellement associé l'égoïsme (que certains Pères appellent "philotie"), qui est le mauvais amour de soi et qui éloigne l'homme à la fois de l'amour de Dieu, du prochain et du véritable et bon amour de soi. 

L'égoïsme nous porte à tout ramener à nous-mêmes, et notamment à nous attribuer le mérite de nos bonnes actions et de nos vertus. C'est pourquoi il représente un danger au sein même de la vie spirituelle. Pour contrer cette tendance, le Starets nous invite, lorsque nous recevons quelque bienfait de notre activité spirituelle, à nous en enrichir en Dieu et non en nous-mêmes, et à éviter le contentement de soi qui est une marque indubitable de l'égoïsme. 

Une autre forme manifeste de l'égoïsme est le manque (ou l'insuffisance) d'amour à l'égard de Dieu et du prochain qui, en ce qui concerne ce dernier, se manifeste en ses formes les plus graves par de l'insensibilité et de la froideur. Ce manque ou cette insuffisance, bien qu'il ne soit pas un acte positif mais une lacune, doit être considéré comme un pêché et comme procédant d'une passion (l'égoïsme) dont nous devons faire pénitence". Il faut, recommande notamment le Starets, faire pénitence de ne pas suffisamment aimer les gens et de ne pas être assez sensible aux malheurs des autres" 

Outre la pénitence, le moyen privilégié de combattre cette passion est la prière qui développe à la fois notre amour pour Dieu et notre amour du prochain et, en ce qui concerne ce dernier, nous ouvre à la compréhension de sa situation, de ses difficultés, de ses besoins, et nous y rend sensibles et nous inspire la bonne façon de l'aider.


Extraits du livre de Jean-Claude Larchet "Le Starets Serge" 

« Le détachement doit s’exercer vis-à-vis du présent, mais aussi de l’avenir et du passé. De là le conseil fréquemment donné par le Starets, de « vivre au jour le jour ». 

Pour établir et entretenir cet état d’esprit, il recommande de prendre l’habitude de commencer chaque journée sans regarder en arrière et sans penser au lendemain, comme si elle était entièrement nouvelle et comme si c’était la seule que l’on eût devant soi. 

D’une part, il ne faut pas s’inquiéter pour l’avenir : d’abord par ces craintes, on ne peut rien changer (l’enseignement du starets est ici axé sur l’enseignement du Christ dans l’Evangile, Lc, 22-31) 

Ensuite, en se projetant dans l’avenir, on s’éloigne du présent et on risque de passer toute son existence à le négliger. Le Starets ne pousse pas pour autant à l’imprévision. Il affirme en même temps qu’ « il faut préparer l’avenir ». 


Mais il est convaincu que c’est en vivant mieux le présent qu’on prépare le mieux l’avenir. En effet, c’est ce que nous vivons aujourd’hui qui définit et prépare ce que nous vivrons demain. Il est cependant inutile de faire des projets d’avenir car rien ne se passe jamais comme on l’avait prévu : des évènements inattendus surviennent toujours qui viennent bouleverser tous nos projets. 

La sagesse consiste donc à vivre au présent et à s’en remettre à Dieu pour ce qui concerne l’avenir. 
D’autre part il ne faut pas rester attaché au passé et même ne pas regarder en arrière, oublier ce qui s’est passé la veille ou le jour précédent. Le souci du Starets est ici, nous l’avons déjà vu, que l’on ne se décourage pas à cause fautes que l’on a commises auparavant, que l’on se soit pas écrasé par le poids du passé et que l’on ne reste pas prisonnier, mais que l’on puisse à chaque moment repartir de zéro et mener en Christ la vie nouvelle à laquelle nous appelle l’Evangile ce qui du reste, nous l’avons vu, n’exclut pas la pénitence. 

Il faut donc, recommande le Starets, « vivre dans le présent », car c’est le seule temps qui soit vraiment réel, le seul tempes qui compte vraiment pour nous ». Ce qui doit nous préoccuper, c’est comment nous sommes dans le présent, c’est l’état dans lequel nous sommes susceptibles, actuellement, de comparaître devant le Christ. 

La mémoire de la mort apparaît comme l’un des moyens privilégiés de mettre ces conseils en application, de parvenir au détachement et de vivre en se tenant au moment présent ».



Extraits du livre de Jean-Claude Larchet "Le Starets Serge" 

« Le détachement doit s’exercer vis-à-vis du présent, mais aussi de l’avenir et du passé. De là le conseil fréquemment donné par le Starets, de « vivre au jour le jour ».

Pour établir et entretenir cet état d’esprit, il recommande de prendre l’habitude de commencer chaque journée sans regarder en arrière et sans penser au lendemain, comme si elle était entièrement nouvelle et comme si c’était la seule que l’on eût devant soi.

D’une part, il ne faut pas s’inquiéter pour l’avenir : d’abord par ces craintes, on ne peut rien changer (l’enseignement du starets est ici axé sur l’enseignement du Christ dans l’Evangile, Lc, 22-31)

Ensuite, en se projetant dans l’avenir, on s’éloigne du présent et on risque de passer toute son existence à le négliger. Le Starets ne pousse pas pour autant à l’imprévision. Il affirme en même temps qu’ « il faut préparer l’avenir ». 

Mais il est convaincu que c’est en vivant mieux le présent qu’on prépare le mieux l’avenir. En effet, c’est ce que nous vivons aujourd’hui qui définit et prépare ce que nous vivrons demain. Il est cependant inutile de faire des projets d’avenir car rien ne se passe jamais comme on l’avait prévu : des évènements inattendus surviennent toujours qui viennent bouleverser tous nos projets.

La sagesse consiste donc à vivre au présent et à s’en remettre à Dieu pour ce qui concerne l’avenir.
D’autre part il ne faut pas rester attaché au passé et même ne pas regarder en arrière, oublier ce qui s’est passé la veille ou le jour précédent. Le souci du Starets est ici, nous l’avons déjà vu, que l’on ne se décourage pas à cause fautes que l’on a commises auparavant, que l’on se soit pas écrasé par le poids du passé et que l’on ne reste pas prisonnier, mais que l’on puisse à chaque moment repartir de zéro et mener en Christ la vie nouvelle à laquelle nous appelle l’Evangile ce qui du reste, nous l’avons vu, n’exclut pas la pénitence.

Il faut donc, recommande le Starets, « vivre dans le présent », car c’est le seule temps qui soit vraiment réel, le seul tempes qui compte vraiment pour nous ». Ce qui doit nous préoccuper, c’est comment nous sommes dans le présent, c’est l’état dans lequel nous sommes susceptibles, actuellement, de comparaître devant le Christ.

La mémoire de la mort apparaît comme l’un des moyens privilégiés de mettre ces conseils en application, de parvenir au détachement et de vivre en se tenant au moment présent ».



Jean-Claude LARCHET


"Un maître de sagesse vanvéen : soirée à la mémoire du starets Serge Chévitch à Vanves" 

Le 16 mai 2014, une soirée à la mémoire du père Serge Chévitch (1903-1987) a eu lieu dans la salle Palestre en face de la Mairie de la ville de Vanves. Cette rencontre a commencé par une introduction du père Jean-Michel Rousseau, recteur de la paroisse Sainte-Trinité à Vanves, que le père Serge Chévitch desservait jusqu’à sa mort. Dans son discours, le père Michel a présenté les quatre conférenciers de la soirée et le livre de Jean-Claude Larchet Le Starets Serge. 

P.O. publie le texte de l'intervention d’Émilie van Taack , fille spirituelle du père Serge 

LE PERE SERGE ET SES ENFANTS SPIRITUELS 

Père Serge fut véritablement un PERE, dans le sens le plus filial du terme. 
Il a adopté un certain nombre de personnes et son amour en a fait ses enfants, avant que des disciples. 


Émilie van Taack : LE PERE SERGE ET SES ENFANTS SPIRITUELS
De même que les enfants ne sont pas toujours ressemblants à leurs parents, de même ses enfants ont chacun suivi la voie qui était la leur devant Dieu; père Serge en ce sens les a véritablement engendrés, au sens fort du terme, en en faisant des personnes libres et uniques devant Dieu. 

On m'a suggéré de parler de la méthode suivie par père Serge dans sa direction spirituelle. En fait, il n'avait pas de méthode, mais seulement l'Evangile, le Christ lui même. 

Lorsque fut la fondée la paroisse des Trois Saints Hiérarques, en 1931, le père Serge qui soutenait avec ferveur le Patriarcat de Moscou, a rejoint le petit groupe des premiers paroissiens. L'atmosphère spirituelle y était d'une grande piété et d'une rigueur toute monastique, d'abord sous l'influence du métropolite Benjamin (Fedtchenkov), puis du recteur qui lui succéda, l'archimandrite Athanase (Netchaev). 

Père Serge n'était pas lui-même le fils spirituel de père Athanase, au sens où le furent Andrey Bloom, le futur métropolite Antoine, Léonide Ouspensky ou bien d'autres. Le père Athanase, cependant, laissa une très profonde empreinte sur tous ceux qui l'ont approchés. On retrouve chez le père Serge l'influence de ce grand ascète. 


Une courte citation de monseigneur Antoine vous fera tout de suite comprendre qui était père Athanase: 

"Après mes vœux, il continua à veiller, mais toujours à sa manière; je le rencontrai une fois dans la rue, lorsqu'il attendait un autobus; je m'approchais de lui: "Père Athanase, vous avez reçu mes vœux, mais vous ne m'avez pas donné de règle de prière"... Il me répondit: "Quelle règle te faut-il? Maintenant tu es moine - prie sans cesse!" 

Le métropolite ajoute: 
"Il ne me donna pas de règle: cherche, essaie de trouver par toi-même... (...): c'est votre vie spirituelle, vous connaissez Dieu à votre manière, alors trouvez Le à votre manière..." 

Père Serge lui aussi était un veilleur. 
On ne peut être plus différent de monseigneur Antoine que ne l'était père Serge. Mais comme le père Athanase, le père Serge n'avait aucune recette, seulement le don de soi, absolu à Dieu et à son frère. 

Sur cette Voie-là, si le don doit bien être absolu, il n'y a pas de règle, pas d'autre choix que "être soi-même", sur le grand comme sur le petit versant de notre nature. 
Le commandement du Christ qui caractérise le chemin personnel du père Serge est à mon avis celui-ci: "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis." 


Émilie van Taack : LE PERE SERGE ET SES ENFANTS SPIRITUELS
"Il n'est pas permis d'aimer sincèrement le Créateur, écrit père Serge à une fille spirituelle, sans aimer l'œuvre de Ses mains. Aimez ceux qui vous entourent: c'est cela aussi la prière de Jésus. Avec chaque effort dans cette direction, tout de suite, de votre cœur jaillira "la source d'eau vive jaillissant jusque dans la vie éternelle". C'est cela l'amour de Dieu, la toute-allégresse du Saint Esprit, et la prière incessante ." 

Père Serge a rencontré le père Grégoire (Kroug) et il s'est entièrement dévoué à lui, il s'est consacré à lui de tout son être. Il a modelé sa vie sur les besoins spirituels de père Grégoire, sur ce qui était nécessaire à son salut. 

On peut mesurer ce don de soi quand on voit combien père Serge était florissant lorsqu'il est devenu prêtre, mais combien il s'était épuisé quand, trois ans plus tard, il a tonsuré moine père Grégoire. On sait que ce dernier, pendant la guerre, avait souffert de troubles qu'on dirait aujourd'hui psychiques. En fait, il s'agissait de troubles spirituels. Mais, à cause de cela, durant plusieurs années, père Grégoire avait vécu l'enfer. Aussi père Serge jugea-t-il nécessaire de le préparer au monachisme en lui assurant la paix de l'âme. Il lui évita ce qui aurait pu provoquer des rechutes et lui causer des dommages irréparables, en prenant sur lui-même les tentations qui devaient assaillir le novice. 

Il n'y a pas eu de développement monastique autour du père Serge durant sa vie à cause de cela. A cela aussi il a lié son combat pour l'humilité: il se considérait comme un simple "compagnon de route", un "conseiller". 

"Allez librement [vers le Christ. Sachez que c'est Lui notre Conducteur principal, notre Directeur et notre Maître, que tous les directeurs et les conducteurs d'ici-bas sont seulement des compagnons de voyage sur ce chemin et des conseillers - et rien de plus. Nous ne sommes en rien obligés vis à vis d'eux, ni eux vis à vis de nous." 

Le père Serge est ainsi devenu le spécialiste des causes perdues, le médecin des cas désespérés. Sa méthode, il vaudrait mieux dire sa manière d'être, était différente avec chacun. Quand d'autres que père Grégoire lui ont été envoyées, il s'est consacré à eux avec le même dévouement, il a infléchi son orientation en fonction des besoins spirituels de ces personnes. 

Par exemple, il rappelait quotidiennement à l'un d'entre eux qu'il lisait chaque jour "trente pages d'exorcismes" à son endroit, afin qu'il veillât sur lui-même avec le même soin qu'il mettait lui-même à le protéger. Si l'on a pris connaissance du poids spirituel que représente la lecture quotidienne de ces prières, on peut juger par là combien il consacrait sa vie à son enfant. 


Je me souviens d'avoir entendu de lui un grand nombre de fois, moi qui lui demandait toujours des solutions toutes faites et des recettes: 
"Mais voyons! Vous conduisez, n'est-ce pas? Sur la route, vous ne tournez pas systématiquement à droite ou à gauche! Vous tournez votre volant en fonction de la route qui s'ouvre devant vous, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre! Dans la vie spirituelle, il en est de même! Voyez vous-même, dans chaque cas, dans quel sens vous devez tourner!" 

Une telle humilité et une telle consécration à l'autre est irrésistible. Ce à quoi, il faut ajouter sa grâce, sa joie, sa lumière, sa légèreté, son amour spirituel, son extraordinaire beauté - son visage rayonnait d'une telle beauté invisible! Il était une véritable icône vivante! Auprès de lui la prière coulait toute seule! Sa seule vue chassait les tentations. Sa présence apportait instantanément la paix et l'ardeur au travail pour le Christ : l'eau de notre âme, toute troublée qu'elle soit, devenait instantanément claire! Les paroles en devenaient même inutiles ensuite : se confesser consistait souvent à se rappeler ce qu'on avait écrit chez soi, car il ne restait plus rien de la difficulté, de la souffrance, du découragement, des complications imaginées! En ce sens, il obtenait des miracles des fidèles qui venaient à lui. Son amour et sa prières les rendaient capables d'accomplir des choses qui leur auraient paru absolument impossibles et irréalisables, qu'ils ne se seraient jamais crus capables de faire. L'Evangile ou rien! 

Aussi insistait-il sur le fait de ne jamais se résoudre à choisir de deux maux le moindre. Il fallait toujours prier Dieu pour éviter et l'un, et l'autre mal et agir en conséquence. 

Je voudrais conclure ainsi : père Serge a été vraiment un Apôtre du Christ.
 


Le groupe qui a fondé la paroisse des Trois Saints Hiérarques avait centré sa prière et son action sur l'Apostolat: prêcher l'Orthodoxie à l'Occident. Père Grégoire considérait lui-même le travail des émigrés russes en France de cette manière. C'est pour cela qu'il a représenté non seulement les Apôtres, sur les fresques qu'il y a peintes, mais qu'il a représenté les Anges et les Saints avec la même bande de mission qui est en principe réservée au Christ et aux Apôtres. 

Père Serge, comme saint Paul est celui qui a engendré ses enfants: 
"Je vous avertis comme mes enfants bienaimés. Car quand vous auriez dix mille maîtres en Christ, vous n'avez cependant pas plusieurs Pères puisque c'est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par l'Evangile. Je vous conjure donc, soyez mes imitateurs. " 
Mais si vous vous souvenez bien, ce passage de la Première Epitre aux Corinthiens est précédé par quelques expressions très fortes par lesquelles saint Paul décrit la condition d'Apôtre: 

" Dieu, ce me semble, a fait de nous, apôtres, les derniers des hommes, des condamnés à mort en quelque sorte, puisque nous avons été en spectacle au monde, aux anges et aux hommes. Nous sommes fous à cause de Christ; mais vous, vous êtes sages en Christ; nous sommes faibles, mais vous êtes forts. Vous êtes honorés et nous sommes méprisés! ...Nous sommes devenus comme les balayures du monde et le rebut de tous..." 

Tel était père Serge au moment de sa mort. 

Il me semble que père Serge a récolté les fruits sur cette terre à travers ses disciples. 
Il est Lui-même mort dans la pauvreté du Christ sur la Croix. 
Mais il est ressuscité avec Lui! 

Emilie Van Taack

SOURCE: 

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