10/23 avril
Dimanche de l’apôtre Thomas
« Antipâques »
Saints
Térence, Pompée, Africain, Maxime, Zenon, Alexandre, Théodore et leurs 33
compagnons, martyrs à Carthage (249-251) ; saints Jacques, prêtre, Azadan et
Audice, diacres, martyrs en Perse (vers 380) ; saint Pallade, évêque d'Auxerre
(vers 658) ; saint Grégoire V, Patriarche de Constantinople, néo-martyr grec
(1821) ; saints néo-martyrs de Russie : Phlégonte (Ponguilsky),
prêtre (1938) ; Démètre (Vdovine), martyr (1942).
Lectures : Actes V, 12 - 20 / Jn. XX,
19-31
AU SUJET DU DIMANCHE DE
THOMAS
N
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ous commémorons ce
dimanche l’apparition du Seigneur aux apôtres, après Sa Résurrection, et le
toucher de Ses plaies par l’apôtre Thomas. L’apparition du Seigneur ressuscité
à l’apôtre Thomas et aux onze autres disciples est fixée le premier jour
suivant la semaine pascale, parce que les circonstances de cette apparition
constituent une preuve incontestable de la Résurrection du tombeau, « comme
de la chambre nuptiale, avec Sa chair immaculée ». Le huitième jour
après Pâques, comme achèvement des solennités de la Semaine Lumineuse,
constituait depuis les temps anciens une solennité particulière. Le dimanche de
Thomas est également appelé « antipâques », ce qui signifie
« au lieu de Pâques », parce que l’Église a transféré à ce dimanche
une partie des antiques matines pascales, qui furent remplacées par celles de St
Jean Damascène que nous célébrons de nos jours. Depuis ce jour commence le
cycle des dimanches et des semaines de toute l’année. Selon l’usage de l’Église
Russe, on commémore les défunts le mardi suivant le dimanche de Thomas. La
raison en est que le typicon autorise de nouveau, la commémoraison des
défunts à partir du lundi de Thomas. C’est ainsi que les croyants se rendent
sur la tombe de leurs proches pour annoncer la joyeuse nouvelle de la
Résurrection du Christ. De là vient l’appellation de ce jour
« radonitsa » en russe (radost’ = la joie). La commémoraison des
défunts après Pâques remonte aux temps les plus anciens. St Ambroise de Milan,
dans l’une de ses homélies dit : « Il est digne et juste, après
les solennités pascales que nous avons célébrées, de partager notre joie avec
les saints martyrs, et de leur annoncer la joie de la Résurrection du Christ, à
eux en tant que participants aux souffrances du Seigneur ». Ces
paroles de St Ambroise, bien que se rapportant aux martyrs, peuvent confirmer notre
usage de commémorer les défunts après Pâques, eu égard au fait que, dans les
temps anciens, on enterrait les défunts parmi les martyrs.
Tropaire, ton 5
Хpистócъ вocкpéce изъ ме́ртвыхъ, cме́ртію cме́рть попра́въ и су́щымъ
во гробѣ́xъ живо́тъ дарова́въ.
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Le Christ est ressuscité des
morts, par Sa mort Il a vaincu la mort, et à ceux qui sont dans les tombeaux,
Il a donné la vie.
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Tropaire du
dimanche de Thomas, ton 7
Запеча́тану гpóбу, живо́тъ отъ гpóбa возсія́лъ ecи́ Xpисте́ Бо́же, и двépeмъ заключе́ннымъ, ученико́мъ предста́лъ ecи́, вcѣ́xъ вocкpecéнie : ду́хъ пра́вый тѣ́ми обновля́я на́мъ, по вели́цѣй Твое́й ми́лости.
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Le sépulcre étant scellé, Toi qui es la Vie, ô Christ Dieu, Tu t’es
levé du tombeau, et les portes étant fermées, Toi, la Résurrection de tous,
Tu t’es présenté devant Tes disciples, par eux renouvelant en nous un esprit
droit, dans Ta grande miséricorde.
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Kondakion du
dimanche de Thomas, ton 8
Любопы́тною десни́цею, жиз-нопода́тельная Tвоя́ péбра Фомá испыта́, Xpисте́ Бо́же : coзаключе́ннымъ бо двépeмъ я́ко вше́лъ ecи́, съ про́чими апо́столы вопiя́ше Тебѣ́ : Го́сподь еси́ и Бо́гъ мо́й.
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Voulant s’assurer de Ta Résurrection, Thomas scruta de sa droite
curieuse Ton côté vivifiant, ô Christ Dieu ; aussi, lorsque Tu entras, les
portes étant fermées, il Te clama avec les autres apôtres : Tu es mon
Seigneur et mon Dieu.
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Au lieu de « il
est digne en vérité » ton 1:
Né en 1745 au sein d’une famille
pauvre de Dimitsane, dans le Péloponnèse, saint Grégoire reçut sa première
éducation de son oncle hiéromoine, puis alla s’installer avec lui à Smyrne.
Devenu moine au monastère de l’île des Strophades, il compléta ses études
théologiques à Patmos. De retour à Smyrne, le métropolite Procope, qui lui
montrait une paternelle affection, le fit archidiacre puis l’ordonna prêtre, et
lors de son élévation à la dignité patriarcale (1788), il fit sacrer Grégoire
pour lui succéder. Pendant douze ans, le saint hiérarque gouverna avec sagesse
et zèle apostolique la grande et riche cité de Smyrne, métropole de
l’hellénisme en Asie Mineure. Il y fit reconstruire diverses églises, fonda des
écoles et organisa un système de bienfaisance pour les déshérités. En 1797, il
fut élu patriarche œcuménique et entreprit aussitôt de relever la dignité
patriarcale en faisant reconstruire le palais du Phanar. Il fonda aussi une
imprimerie dans laquelle on éditait des livres en langue vulgaire, qui
contribuèrent grandement au réveil culturel et spirituel du peuple grec. Le
saint hiérarque veillait à la stricte observance des canons ecclésiastiques et
à la rigueur morale du clergé. En ces temps agités, où les Grecs, tenus depuis
près de quatre siècles sous le joug ottoman, s’échauffaient et se préparaient au
soulèvement général, le patriarche, conscient de ses responsabilités de
pasteur, s’efforçait de tempérer les esprits téméraires, en consolidant
toutefois en secret le sentiment national.
Après un an et demi seulement, il
fut dénoncé au sultan par des évêques qu’il avait blâmés pour leur conduite et
fut exilé à Chalcédoine, puis au monastère d’Iviron sur la Sainte Montagne.
Pendant ce séjour forcé à l’Athos, le saint visita tous les monastères, prêcha
la parole de Dieu et fut pour tous un modèle de vie monastique. Il donna alors
sa bénédiction à saint Euthyme [22 mars] pour aller s’offrir au martyre et exprima sa
joie et sa fierté à la nouvelle du martyre de saint Agathange [19 avr.],
montrant ainsi qu’il considérait la mort par amour du Christ comme le but
suprême et le couronnement de la vie chrétienne.
Rappelé au Patriarcat en 1806, il
fut reçu avec enthousiasme par le peuple chrétien de Constantinople, et reprit
courageusement son œuvre pastorale et de correction des mœurs ecclésiastiques.
Mais, en 1808, un coup d’état ayant amené au pouvoir le sultan Mehmed II,
on le contraignit à démissionner et à se retirer dans l’île de Prinkipo, puis
de nouveau au Mont Athos où il reprit ses études patristiques et ses exercices
ascétiques, tout en se tenant informé de la situation de l’Église et du peuple.
En 1818, il fut contacté par les
membres de la Société Amicale, société secrète qui préparait la Révolution en
essayant de réunir et de coordonner les forces dispersées. Grégoire montra avec
enthousiasme son soutien pour la cause de la liberté ; mais, jugeant que
le temps n’était pas encore mûr, il leur conseilla la patience. Peu de temps
après, il fut rappelé pour la troisième fois sur le trône œcuménique et reprit
son activité, encourageant en particulier la fondation des écoles où les
enfants pouvaient recevoir une formation hellénique. Il organisa aussi une
Caisse de la Miséricorde, qui recevait les fonds de Grecs fortunés pour
l’assistance aux chrétiens en difficultés.
Lorsque commença, dans le plus
grand manque d’organisation, l’insurrection des Grecs des principautés
danubiennes (1er février 1821), il s’en suivit aussitôt de terribles
et sanglantes répressions à Constantinople et dans tous les grands centres de
l’empire ottoman. Tous les notables ayant des liens avec les
principautés furent exécutés et quatre évêques furent arrêtés. Comme
le gouvernement avait donné l’ordre de rassembler au Phanar toutes les familles
des notables grecs de Constantinople, le patriarche, en vue d’éviter le
massacre, se porta garant auprès de la Sublime Porte de leur fidélité. Non
content de cette déclaration, le sultan contraignit saint Grégoire à signer
l’excommunication du chef de l’insurrection, Alexandre Hypsilantès, et de ses
compagnons.
Le 31 mars, on annonça le
soulèvement général du Péloponnèse et, trois jours plus tard, le Grand Lundi,
le Grand Interprète, représentant de la communauté grecque à la cour du sultan,
fut exécuté avec d’autres notables. Prévoyant quel serait son sort et refusant
les propositions de fuite, le patriarche disait : « Comment
abandonnerais-je mon troupeau ? Si je suis patriarche, c’est pour sauver
mon peuple, non pour le livrer aux glaives des janissaires. Ma mort sera plus
utile que ma vie, car par elle les Grecs lutteront avec l’énergie du désespoir
qui souvent procure la victoire. Non, je ne deviendrai pas la risée du monde en
prenant la fuite, de sorte qu’on me montre du doigt en disant : “Voilà le
patriarche assassin !” ».
Le jour de Pâques, 10 avril,
saint Grégoire célébra, avec calme et grandeur, la Liturgie de la Résurrection,
interrompu seulement par ses sanglots. À l’issue de la cérémonie, on lui
confirma la nouvelle de la révolution dans le Péloponnèse. Il répondit
alors : « Que maintenant comme toujours, la volonté du Seigneur soit
faite ! » Quelques heures plus tard, on venait lui annoncer sa
déposition et des janissaires le traînèrent sans ménagement en prison. Soumis à
l’interrogatoire et à la torture, il gardait un majestueux silence qu’il ne
rompait que lorsqu’on lui proposait de renoncer à sa foi, disant alors :
« Le patriarche des chrétiens doit mourir en chrétien ! » Peu
après, une fois son successeur élu par les membres du saint Synode, il fut
pendu au portail d’entrée du Patriarcat, qui depuis reste fermé en
commémoration de ce sinistre événement. Au dernier moment, saint Grégoire leva
les mains vers le ciel, bénit les chrétiens présents et dit :
« Seigneur Jésus-Christ, reçois mon esprit ! » Pendant que les
Turcs et les Juifs lançaient des pierres sur le cadavre du patriarche, le
magistrat qui avait été chargé de l’exécution se tenait assis devant lui en
fumant.
On laissa le corps exposé pendant
trois jours, avec, suspendu au cou, le document contenant son chef
d’accusation. Finalement des Juifs l’achetèrent pour 800 piastres et le
traînèrent par les rues, au milieu des quolibets et des cris de triomphe, puis
ils le jetèrent à la mer. Malgré la lourde pierre qu’on y avait attachée, il
surnagea et fut récupéré par un navire grec sous pavillon russe, qui le déposa
à Odessa. Vénérée par la foule pendant plusieurs jours, la sainte relique ne
montra aucun signe de corruption. En 1871, à l’occasion du cinquantenaire de la
Révolution grecque, le corps du saint patriarche fut transféré à Athènes et
déposé avec les plus grands honneurs dans la métropole.
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