samedi 21 mai 2016

Un Grand Miracle de Saint Nectaire d'Egine : La guérison du staretz Nektarios [Nectaire Vitalis]



Père Nektarios [Nectaire Vitalis], bien connu à Lavrio [Attique, Grèce] pour ses actions et sa compassion pour les pauvres et ceux exclus du monde en ces temps difficiles, raconte l'incident suivant alors qu'il était en train de mourir d'un cancer...
Ce qui est dit ci-dessous a été dit ailleurs, à plusieurs reprises, y compris dans le livre "J'ai parlé à saint Nectaire" - Athènes 1997, du célèbre écrivain M. Manolis Melons.
Icône de St. Nectaire 
(tiré de eikonografos.com, utilisé avec permission)

Paroles de Père Nektarios [Vitalis]: "Je souffrais d'une forme grave de cancer. Ma poitrine était une plaie ouverte qui suintait continuellement du sang et du pus, je déchirais mes camisoles à cause de la douleur. C'était une situation tragique, et je me dirigeai directement... vers la mort. Donc, vous comprenez, j'avais même préparé mes vêtements mortuaires... 

Le 26 mars 1980, au matin, je parlais dans mon bureau au sous-sol de l'église avec Sofia Bourdoy (servante de l'église [femme qui nettoie l'église]) et l'iconographe Helen Kitraki, lorsque la porte s'est subitement ouverte, et un vieil homme inconnu est entré. Il avait une barbe blanche comme neige, il était petit et légèrement chauve. Il était exactement comme  saint Nectaire apparaît sur les photos. Il prit trois cierges sans payer, et en alluma seulement deux. Il vénéra toutes les icônes de l'église, mais il dépassa  l'icône de saint Nectaire sans la vénérer. Il ne me voyait pas où je me trouvais. J'avais des douleurs terribles quand ils ont tiré le rideau du bureau, et sont allés voir le vieil homme. Il faisait face à la Belle porte [les Portes royales id est le Saint Iconostase], et croisant ses paumes et sans regarder autour de lui, il a demandé,

"Géronda est-il ici?"
La servante de l'église connaissant ma maladie voulait me "protéger"...
«Non, non... il est à la maison avec la grippe..."

Il répondit: "Peu importe. Priez, et bonne Résurrection! [salutation orthodoxe traditionnelle durant le Grand Carême, en prévision de Pâques]", tandis qu'il partait.

La servante  de l'église vint en courant vers moi et dit: "Père Nectaire, le vieil homme qui vient de partir ressemblait à saint Nectaire lui-même! Ses yeux était comme des flammes. Il me semble que c'était saint Nectaire et il est venu pour vous aider..."

Je la remerciai pensant qu'elle m'avait dit cela pour me consoler. Mais au fond quelque chose clochait. Je l'ai envoyée avec l'iconographe pour trouver l'homme inconnu et le ramener rapidement. Je suis entré dans le sanctuaire et j'ai vénéré le Crucifié [l'icône du Christ sur la Croix dans le Sanctuaire, en pleurant, et encore une fois en demandant au Christ de me guérir. Leurs pas s'arrêtèrent...

"Père, le géronda est venu!"

J'ai essayé de lui baiser la main, mais par humilité il ne m'a pas laissé le faire. Il s'est penché et a embrassé ma propre main! Je lui ai demandé: "Quel est ton nom?"

"Anastase, mon fils," dit-il, donnant le nom de baptême qui avait avant qu'il ne devienne moine...

Je l'ai amené vénérer les saintes reliques. Il a sorti une paire de lunettes avec une seule branche, et dès que nous les avons vues, nous étions surpris! C'étaient les mêmes lunettes de saint Nectaire que nous avions dans la boîte avec les saintes reliques. Elles m'avaient  été données par l'ancienne gérondissa Nectaire [higoumène] du monastère d'Egine.

"La croyance, c'est tout!" dit l'étranger, alors qu'il mettait ses lunettes

Il commença avec révérence à embrasser toutes les saintes reliques que montrait la servante de  l'église soins, sauf les reliques de saint Nectaire, qu'il évita...

"Géronda, pardonne-moi," lui ai-je dit, "mais pourquoi ne vénères-tu pas le miraculeux saint Nectaire?"

Il se retourna et me regarda en souriant. Je lui demandai: "Où demeures-tu géronda? Il m'a montré le plafond, où nous construisions la nouvelle église [dédiée à saint Nectaire], en disant:

"Ma maison n'est toujours pas prête et je suis inquiet. Ma position ne me permet pas de vivre ici et là ..."

"Géronda, je dois avouer, on vous a dit un mensonge plus tôt, j'ai le cancer! Mais je veux me rétablir, pour faire le Saint Autel, pour terminer l'Église d'abord, et puis je pourrai mourir..."

"Ne t'inquiéte pas," me dit-il. "Je pars maintenant. Je vais à Paros [île en Grèce] pour vénérer saint Arsenios et visiter Père Philotheos [Zervakos]." a-t-il ajouté, en commençant à partir et en passant sans autre par la grande icône...

Je l'ai arrêté et j'ai mis mes mains sur son visage.

"Mon Géronda, mon Géronda, ton visage ressemble exactement à celui de saint Nectaire qui est honoré ici dans notre église..."

Alors, des larmes coulèrent de ses yeux... Il m'a signé du signe de la Croix et m'a serré avec ses mains... Prenant courage j'ai ouvert mes mains pour l'embrasser. Mais quand j'ai écarté mes mains, et pendant que je regardais, je pouvais le voir devant mon visage, mes bras fermés sur ma poitrine!

Je tremblais et je me suis signé moi-même.

J'ai dit encore une fois, "Ô mon Géronda, je t'en prie, je veux vivre pour faire ma première liturgie [dans cette église]. Aide-moi à vivre..."

Il a cessé d'être près de moi, s'est arrêté devant son icône et a dit:

"Ô, mon enfant Nektarios, ne t'inquiète pas. C'est une épreuve qui passera, et tu iras bien! Le miracle que tu demandes aura lieu, et il sera raconté au monde entier. N'aie pas peur... "

Immédiatement, il nous a quitté en passant à travers une porte fermée...

Les femmes ont couru pour le rattraper. Il est arrivé à l'arrêt de bus. Il est allé à l'intérieur et a disparu avant que le bus ne parte!

Cette histoire est toujours racontée en présence de témoins, par le père Nektarios [Vitalis], personne respectée et fiable. Père Nektarios a finalement guéri, frustrant les médecins, les radiologues et les "révisionnistesde mort. Parce que au-dessus de tout est le Christ, notre Dieu vivant, et nos intercesseurs devant Dieu les saints, ainsi que notre Mère la Toute Sainte!

Parce que "là où Dieu le veut, les lois de la nature sont surmontées..."


Icône de Saint-Nectaire embrassant et la guérison Fr. Nektarios Vitalis, ainsi que les deux femmes qui témoignent de cela à la gauche, et les médecins confirmant le miracle à droite. L'icône est de l'église de Saint-Nectaire à l'hôpital Aretaieion (tiré de http://www.eikastikon.gr/xristianika/kordis_erga_agios_nektarios_en.html)

Père Nektarios parle du miracle...

Que saint Nectaire intercède pour nous tous et nous aide!

lien


Apolytikion de saint Nectaire le Thaumaturge,
 évêque de la Pentapole  
Ton premier:
Fidèles, louons Nectaire, le fils de la Sélybrie, le gardien d'Egine,* Le serviteur de Dieu inspiré du Christ, et l'ardent amant de la vertu,* Qui, dans ces derniers temps est apparu, * Car de lui jaillissent toutes sortes de guérisons* Pour ceux qui clament pieusement "Gloire au Christ, qui t'a glorifié! * Gloire à Lui pour tes miracles! * Gloire à Lui, qui, à travers toi, opère des guérisons pour tous."
*

Par les prières de nos saints Pères, Seigneur Jésus-Christ notre Dieu, aie pitié de nous et sauve-nous! Amen!


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

vendredi 20 mai 2016

Sur orthodoxie.com




Réflexions de l’évêque de Bačka Irénée (Église orthodoxe serbe) au sujet du Concile panorthodoxe

Réflexions de l’évêque de Bačka Irénée (Église orthodoxe serbe) au sujet du Concile panorthodoxe


*
« Le Christ est ressuscité !
J’adresse mes salutations à tous dans la joie de la Résurrection, tout en réfléchissant sur le saint et grand Concile durant les jours de la plus joyeuse des fêtes chrétiennes, qui emplit tout de sens universel. Il s’agit du message évangélique du salut de tous et de tout en Christ, qui contient en lui de façon concise l’annonce de l’unité conciliaire de l’Église. En même temps, au moment de la session en Assemblée de la hiérarchie de notre Église locale, je pense qu’il faut, par principe, que nous nous réjouissions tous du futur Concile panorthodoxe. On peut parfois lire et entendre dans les média – et aussi de la bouche des pasteurs et des théologiens de l’Église – que la tradition et la pratique de la convocation des Conciles dans l’Église orthodoxe, ou bien encore en Orient, est interrompue déjà depuis longtemps et que douze siècles se sont passés sans que nous ayons de conciles généraux (!). Historiquement, cela est inexact ! Notre Église est par nature conciliaire (catholique, universelle, englobant tout). Sa conciliarité (catholicité) ontologique, se manifeste historiquement en tant que synodalité, elle s’exprime précisément par les conciles. Avant tout, chacune de nos assemblées lors de la Liturgie est une Assemblée de toute l’Église « en un seul lieu », et sa réunion en un seul corps, en un Esprit divin (ἐπὶ τὸ αὐτό). Chaque Église locale (évêché, diocèse) est une Église dans sa plénitude, qui est en communion avec toutes les autres Églises de Dieu dans le monde. Il en résulte que sans communion conciliaire, l’unité de l’Église, en général, n’existe pas, pas même un instant. Les conciles locaux ou régionaux sont convoqués lorsqu’il en existe le besoin. Notre Église locale, en règle générale, tient un concile au moins une fois par an, et si nécessaire plus souvent. D’autres Églises locales tiennent aussi des conciles – les unes plus souvent, et les autres plus rarement. Qui plus est, lorsque des circonstances historiques importantes l’exigent, c’est-à-dire non à des intervalles réguliers, des grands conciles, exceptionnels, dans la Grâce, de toutes les Églises de Dieu dans le monde, sont convoqués. Ce sont les conciles généraux de l’Église qui s’appellent habituellement Conciles œcuméniques. Par conséquent, il n’est pas exact d’affirmer que dans l’Église orthodoxe, durant de longs siècles, il n’y a pas eu de conciles. Il est seulement exact qu’à l’époque plus récente, durant les siècles plus récents, nous n’avons pas eu de conciles panorthodoxes ou généraux. Cela peut se comprendre dans le contexte des événements historiques. Dans les temps plus anciens, seule la Russie était un pays orthodoxe libre, tandis que dans tous les autres, nous nous trouvions sous un asservissement qui a duré pendant des siècles. Sans les conditions de liberté et de paix, et sans bons moyens de communication entre les chrétiens orthodoxes dispersés dans « l’univers », dans le monde, il n’était pas possible de convoquer des grands conciles. À l’époque plus récente, alors qu’avaient déjà commencé les préparatifs pour un tel concile, au début du XXème siècle, la réunion au monastère athonite de Vatopédi [en 1930 ndt], a été particulièrement importante. À celle-ci, outre les représentants des autres Églises orthodoxes, les évêques de l’Église orthodoxe serbe ont prit une participation active, et le rôle du saint évêque Nicolas y a été immense. Plus tard, les plans pour que le nouveau concile général se tienne à Niš, à l’occasion du 1600ème anniversaire du premier concile œcuménique, ou à Jérusalem ou encore ailleurs, sont « tombés à l’eau », et la convocation du concile a été reportée sine die, principalement en raison des conditions prévalant dans l’Église russe à l’époque soviétique et, plus tard, en raison de conditions similaires dans la majorité des Églises locales, au temps des communistes et de leur pouvoir. Maintenant est venu le moment auquel l’Église peut organiser son concile, bien que les conditions, aujourd’hui aussi, ne soient pas idéales. Il n’y a pas, à vrai dire, de terreur politique et de persécutions grossières dans la majorité des pays orthodoxes, mais dans certains de ceux-ci il existe néanmoins des difficultés dans la vie de l’Église en raison des affrontements armés et, au Moyen Orient, des persécutions par des musulmans fanatiques. C’est la raison pour laquelle le Concile n’a pu être tenu à Constantinople, comme cela avait été prévu au départ. Nous sommes témoins que, sur la base des nouvelles médiatiques, il y a encore des actes terroristes à Ankara et à Constantinople. Les difficultés et les souffrances sont énormes en Syrie, en Irak, dans tout le Moyen Orient, où il y a aujourd’hui également beaucoup de chrétiens orthodoxes, mais aussi des chrétiens séparés de l’Église orthodoxe, qui lui sont toutefois proches et apparentés spirituellement. Les circonstances idéales, au demeurant, n’existent pas et nous ne pouvons les attendre. Mais les besoins et les défis existent et, pour cette raison, il a été décidé d’accélérer les préparatifs. Personnellement, s’il n’est pas immodeste de ma part que je le dise, je considère ce qui suit : si les préparatifs avaient duré deux ou trois ans de plus, le futur Concile serait plus réussi. Je le dis avec une certaine dose de hardiesse, peut-être non justifiée, car je participe depuis longtemps déjà au préparatifs conciliaires au nom de notre Église, avec le métropolite du Monténégro et du Littéral Mgr Amphiloque, et ce non pas comme un observateur qui suit tout ce qui se passe, mais de façon active, de l’intérieur. C’est ainsi que je considère que nous aurions pu avoir alors quelques thèmes importants à l’ordre du jour encore, tout d’abord la question de l’autocéphalie. Il en est de même pour la préparation des textes qui seront traités et soumis à la discussion au Concile et au sujet desquels des décisions seront prises. Cette préparation aurait pu être plus réussie parce certains des textes sont anciens de plusieurs décennies et la période préparatoire n’était pas suffisante pour qu’ils soient revus plus sérieusement et approfondis en fonction des défis spirituels actuels. Nous devons croire que notre manque tout humain de préparation, ou notre préparation insuffisante, ou encore nos désaccords sur certaines questions (il y en a), voire même les relations perturbées entre certaines Églises autocéphales, ne seront pas déterminants, mais que l’Esprit Saint élèvera tout cela depuis les espaces terrestres jusqu’à la cime des espaces célestes. Il édifie le Corps de l’Église et peut, par Son amour étendu et qui englobe tout, l’amour qui est du Père, et qui nous est accordé par le Fils et que nous vivons justement dans l’Esprit Saint, tout vivifier, transfigurer, manifester comme une fidèle icône du royaume de Dieu, malgré tout ce qui est humain et imparfait. Car le Concile est avant tout la Pentecôte, l’Esprit Saint avec nous. Sa force triomphera malgré toutes nos faiblesses et nos défauts. C’est la condition sine qua non préconciliaire, conciliaire et postconciliaire. Au demeurant, les Conciles sont convoqués dans ce but à travers toute l’histoire de l’Église. Ce ne sont pas des conférences ou des symposiums, mais des conciles qui résolvent les questions vitales de la vie de l’Église, en premier lieu, celles qui concernent l’unité de l’Église, à savoir une communion pleine et sans obstacle entre les Églises. C’est pourquoi je crois que la future réunion de toutes les Églises orthodoxes « ensemble et dans l’unanimité » témoignera l’unité entre nous. J’espère qu’elle présentera en outre un témoignage qui peut, à mon sens, être utile également aux chrétiens qui appartiennent à l’Église catholique-romaine, de même qu’aux chrétiens qui appartiennent aux communautés de la Réforme, aux Églises protestantes. En quoi vois-je cela ? De premier abord, il s’avérera que l’unité de l’Église est possible et réelle sans les excès et l’unilatéralité de la doctrine de la primauté de l’évêque de Rome sous la forme qu’elle a développée durant le deuxième millénaire de l’histoire chrétienne, c’est-à-dire sans l’absolutisation du primat romain, sans interprétation de la primauté d’honneur comme une primauté de pouvoir. Donc, que l’on ne peut justifier la nécessité de l’unité par une hypertrophie malsaine de la primauté. Car celle-ci a existé également durant les premiers siècles, mais elle était alors fondée sur l’amour, le service et le sacrifice. De même, les communautés issues de la Réforme, en rejetant le modèle d’unité romain, ont perdu l’unité entre elles, et, en même temps, l’unité avec l’Orient orthodoxe et l’Occident catholique. Il se peut que notre saint et grand Concile soit un témoignage utile, à eux, à tous, voire à nous-mêmes – un témoignage de l’unité de l’Église, et l’indicateur d’un équilibre indispensable entre primauté et conciliarité, primauté conçue comme sacrifice et comme service à l’unité de l’Église, et acceptation conciliaire et dans la Grâce de cette unité par les autres Églises. Peut-être serons-nous en mesure de montrer ce qu’est l’équilibre divino-humain, selon le Saint-Esprit et selon la sainte Trinité, dans l’existence et la vie de l’Église, un bon modèle de l’unité, qui est recherché parmi les Églises, bien qu’il ait été donné en fait à l’Église dès les temps apostoliques et a existé jusqu’au grand schisme entre Orient et Occident à la fin du premier millénaire. Or, l’Église orthodoxe le garde fidèlement aujourd’hui également. Tous les textes dans le présent volume, malgré leurs imperfections, sont précisément une tentative de présenter de tels efforts, et le recueil même est le fruit du souhait et du travail communs de tous les contributeurs qui ont participé à sa publication afin de témoigner ce qui nous a été donné dès le début et à jamais, la véritable catholicité et l’unité établie par Dieu de l’Église du Christ. Nous offrons les fruits de cette œuvre modeste à l’amour de toute la plénitude chrétienne de notre Église locale, ainsi qu’à tous les gens de bonne volonté. À Novi Sad, le 3/16 mai 2016 ».

Archimandrite Séraphin Alexiev: La confession (R)



La Confession doit être tellement importante pour nous pécheurs que nous pouvons dire avec audace : il n’y a pas de salut pour nous sans repentir et la confession en est la conclusion normale. Abba Isaïe exprime la même pensée : " S’il n’y a pas de repentir, personne ne peut être sauvé. " Juste comme le baptême nous purifie du péché de notre séparation par rapport à Dieu et de tous les péchés connus avant le baptême, ainsi le repentir comportant la confession de nos péchés nous purifie de toute infraction commise après le baptême.
Afin de nous soustraire à la Confession, nous élevons des objections à l’encontre de celle-ci. Quelles sont les principales ?

1. Je suis tellement pécheur. Dieu peut-il pardonner mes péchés ?  Je ne le crois pas. Voilà pourquoi il est inutile de me confesser.
Cette objection exprime une attitude d’orgueil. L’homme attribue plus de poids à ses actes qu’à la miséricorde de Dieu. Elle révèle un manque un foi et d’espérance en Son infinie bonté. Mais si un homme se repent sincèrement, tout péché peut lui être pardonné. "La puissance du repentir est basée sur le pouvoir de Dieu. Le Médecin est tout-puissant et la médication donnée par Lui est toute-puissante" (evêque Ignace Briantchaninov).
Saint Jean Chrysostome évaluant les résultats miraculeux d’un repentir sincère dit : "Le repentir est une médication qui détruit le péché. C’est un don céleste, une force merveilleuse qui, par la grâce de Dieu surmonte la puissance et la rigueur de la loi. Il ne rejette pas le fornicateur, ne renvoie pas l’adultère, n’est pas dédaigneux de l’ivrogne, n’anathémise pas l’idolâtre, ne néglige pas le fauteur de scandale, ne persécute pas celui qui abuse, pas même l’homme hautain. Il régénère chacun parce qu’Il est un fourneau purifiant le péché. La blessure et la médication, ce sont le péché et le repentir.
Ne dis pas, j’ai beaucoup péché, comment puis-je me sauver ? Tu ne le peux pas, Dieu seul le peut, et Il peut le faire de telle façon que tous tes péchés soient détruits. Ecoute attentivement ces paroles : Votre Dieu détruit tes péchés d’une manière telle qu’il n’y ait ni un endroit, ni une trace qui subsistent, et Il restaure alors ta santé, Il te présente la justice qui te libère de la peine de mort. Il te donne la justice; et celui qui a péché, Il le rend égal à celui qui n’a pas péché parce qu’Il détruit le péché comme s’il n’avait jamais existé.
Mais diras-tu : " Est-ce possible pour celui qui se repent d’être sauvé ? " C’est parfaitement possible. " Mais j’ai passé toute ma vie dans le péché, si je me repens, serai-je sauvé ? " Bien sûr. " Comment le savons-nous ? " Par l’amour que Dieu a pour l’homme. Est-ce que je me fie sur votre repentir pour détruire vos péchés si lourds ? nous rapporte l’Ecriture. En effet, Dieu connaît les limites du repentir de l’homme et cela ne l’empêche pas de remettre les péchés. Si tu devais te fier uniquement sur ton repentir, alors, en effet, tu devrais trembler, mais la miséricorde de Dieu s’unit au repentir. Et la miséricorde divine n’a pas de limites, les mots ne peuvent exprimer sa Bonté. Notre malice aune fin, mais la médication est sans limite. La mer, si grande soit-elle a une fin, par contre l’amour de Dieu pour l’homme est infini.
2. Un autre dit : " Pourquoi irai-je me confesser ? Je n’ai pas de péchés particuliers. Laissons d’autres qui ont tué, volé, violé ou commis d’autres péchés se confesser. "
Cette objection à la Confession est diamétralement opposée à la première. Dans le premier cas, l’homme réalise de façon oppressante qu’il est mauvais et il ne croit pas pouvoir être pardonné. Présentement, il y a absence de conscience de notre malice : "Je n’ai pas de péchés particuliers..." Mais en est-il vraiment ainsi ? Quand un homme demeure dans une chambre cloisonnée durant un temps prolongé, il s’habitue à l’air mauvais et il ne réalise pas combien c’est déplaisant. Mais quelqu’un venant de l’extérieur ne supportera pas l’odeur ambiante de la chambre et il prendra la fuite.
Que ceux qui disent : "Je n’ai pas de péchés particuliers,’ répondent si le Christ est dans leur cœur. Jésus-Christ se plaît à habiter dans les cœurs purs. Mais leurs cœurs sont-ils purs ? A peine ! Ils s’imaginent être purs, mais l’imagination n’est pas la réalité. Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous nous trompons, et la vérité n’est pas en nous. (1 Jn 1:8) Et là où il y a mensonge, le Christ ne s’y trouve pas.
Alors que faire ? Confessons-nous. Retrouver une attitude digne et juste nous purifie de toute injustice. (1.Jn 1:9) Les Saints Pères nous instruisent qu’il est très difficile pour un homme de voir ses péchés. Ils expliquent cela par l’aveuglement causé par le démon. Abba Isaïe dit : "Quand un homme se sépare de celui qui est à sa gauche, c’est-à-dire de la communion avec les démons et de leurs suggestions, alors il verra pleinement ses péchés contre Dieu et il connaîtra Jésus-Christ. Mais un homme ne peut voir ses péchés tant qu’il ne se sépare pas de ceux-ci, et cela exige du travail et de la détresse. Ceux qui ont atteint cette condition ont trouvé les larmes lorsqu’ils se rappellent leur amitié vicieuse avec les passions, ils n’osent pas regarder Dieu, et ils vivent constamment avec un cœur brisé." S’il était simple de voir nos fautes, Saint Éphrem le Syrien n’aurait pas prié en disant: "Seigneur, donne-moi de voir mes fautes." De même Saint Jean de Cronstadt ne pourrait dire : "Ceci est vraiment un don de Dieu - de voir nos péchés dans leur multitude et leur horreur."
Ceux qui croient n’avoir aucun péché substantiel à se reprocher sont en fait aveugles. Ils doivent prier Dieu pour qu’Il leur donne de percevoir leurs péchés et ainsi se dépêtrer de l’illusion fatale extrême qu’ils n’ont aucun péché particulier. Même si leurs péchés sont petits comme des grains de sable, s’ils ne sont pas effacés par la confession constante, ils s’accumulent et souillent la chambre de leur cœur si bien que l’illustre Hôte céleste ne peut y pénétrer.
Les petits péchés sont bien souvent plus dangereux que les plus grands délits ou crimes parce que ces derniers pèsent lourdement sur la conscience et ils demandent à être réparés, confessés, clarifiés, effacés. Les petits péchés, par contre, ne pèsent pas lourdement sur l’âme, mais ils ont la particularité dangereuse de la rendre insensible à la grâce divine et indifférente au salut. Moins d’hommes ont péri sous les coups des bêtes féroces que sous le contact de petits microbes invisibles à l’œil nu. Considérés comme insignifiants, les petits péchés ne font généralement pas l’objet de notre attention. Ils sont facilement oubliés et créent chez l’homme la plus mauvaise habitude, celle de pécher inconsciemment en endormant la conscience morale. Ainsi, le misérable pécheur en arrive à se tromper en croyant qu’il n’est pas pécheur, que tout va pour le mieux avec lui alors qu’il est un misérable et servile esclave du péché.
Les petits péchés créent une véritable stagnation de la vie spirituelle. De même que la pendule s’arrête à cause de l’accumulation de la poussière, ainsi le pouls spirituel de l’homme s’éteint graduellement sous la couche dense de la multitude des petits péchés. Pour que la pendule fonctionne à nouveau, la poussière doit être éliminée. Afin de restaurer sa vie spirituelle, l’homme doit confesser le moindre péché.
3. Un troisième dit : "Tout cela est vrai. Mais pourquoi me confierai-je quand je sais que demain je pécherai à nouveau ? La confession a-t-elle un sens dans ce contexte ? Je considère que la confession n’a de sens que si l’on ne pèche plus par la suite."
Cette objection à la confession renferme à la fois quelque chose de vrai et quelque chose qui ne l’est pas. La chose vraie est le désir de ne plus pécher après la Confession. Mais nous sommes des êtres faibles et nous ne pouvons pas atteindre immédiatement une telle fermeté au point de rendre impossible le fait de succomber à nouveau. Si nous ne pouvons pas accéder immédiatement à la constance dans la vertu, devons-nous nous soumettre au vice ? Ou devons-nous arrêter de nous confesser ? Qu’est-il préférable, rouler dans la boue du marais spirituel, ou se relever après chaque chute et poursuivre avec l’espoir qu’un jour nous toucherons la crête magnifique de la vertu ? Si tu ne te confesses pas, tu demeures dans la boue. Si tu te confesses, tu te relèves de la boue et tu te laves. "Mais pourquoi me releverai-je si demain je succombe à nouveau ?" diras-tu. Si tu tombes à nouveau, relève-toi à nouveau ! Chaque jour, recommence. C’est toujours mieux que de succomber à l’habitude de ne pas se relever.
Un jeune moine se plaignait auprès du grand ascète Abba Sisoès :
- "Abba, que dois-je faire ? J’ai succombé."
- "Relève-toi". Plus tard :
- "Je me suis relevé et j’ai succombé à nouveau !"
- "Relève-toi à nouveau  ! "
- "Combien de temps dois-je me lever et succomber ?"
- "Jusqu’à ta mort", répondit Abba Sisoès.
Ce sage dialogue devrait être intériorisé par chacun qui souhaite s’amender mais qui, trompés par le Malin, retournent à leurs péchés antérieurs. Chaque fois que tu succombes à une transgression, relève-toi ! Se lever, c’est la Confession. "Mais pourquoi jouer à tomber et se relever  ?" demandent certains. Ce n’est pas un jeu, mais une bataille qui a beaucoup de sens. Si nous, être humains faibles, nous tombons et ensuite nous nous relevons, il existe une grande probabilité que la mort nous trouvera debout. Alors nous sommes sauvés. Mais si nous n’avons pas l’intention de nous relever, la mort nous trouvera sûrement gisant dans la boue. Et alors la probabilité que nous serons perdus pour toujours devient très élevée.
Saint Jean Chrysostome dit : " Le repentir ouvre les Cieux pour l’homme, l’emporte au Paradis, vainc le démon. As-tu péché ? Ne désespère pas si tu pèches chaque jour. Offre ton repentir chaque jour ! Quand il y a des parties pourries dans une vieille maison, elles sont remplacées par des nouvelles et nous n’arrêtons pas d’entretenir la maison. De la même manière, raisonne : si aujourd’hui, tu as succombé au péché, purifie-toi immédiatement par le repentir.’
Pour laver la saleté corporelle, Dieu a donné l’eau. Et pour purifier la souillure spirituelle, Dieu a donné la grâce du sacrement de la Confession. Chaque homme qui se salit les mains, les lave. Personne ne dit : "Je ne laverai plus mes mains, parce que je les salirai à nouveau !" Alors pourquoi tant de gens disent-ils: "Je n’irai pas me confesser parce que je pécherai à nouveau !" Il est évident que l’ennemi de notre salut nous induit à ne pas purifier nos âmes afin de pouvoir les dominer.
Il ne faut pas céder à notre paresse spirituelle, à notre manque de courage vis-à-vis de nous-mêmes, à ces suggestions sataniques. Nous devons nous confesser fréquemment parce que le lavage fréquent produit le goût de la propreté en nous. Laisse ta maison couverte de poussière, sans nettoyage et non ventilée pendant une année. Elle devient semblable à une porcherie. Alors imagine à quoi ressemble l’âme de l’homme s’il ne l’a pas purifiée par la Confession, non seulement durant un an, mais durant vingt, quarante, soixante ou soixante-dix ans !
4. Un quatrième dit : "Je me confesserai à Dieu. Quel besoin y a-t-il d’aller chez le prêtre ?"
Dieu a ordonné le prêtre pour administrer les saints sacrements de telle façon que nous puissions recevoir par eux la grâce céleste du salut. La Confession est également un sacrement. Si tu te confesses devant Dieu, tu fais bien parce que tu écoutes ta conscience en te rappelant tes péchés. Peut-être verseras-tu même des larmes pour eux. Mais tu ne recevras pas de cette manière la grâce divine du pardon. Se confesser à Dieu seul peut nous amener à l’illusion d’être pardonné ou nous maintenir dans une "relation intellectuelle" avec Dieu. Assieds-toi. Pense au jour sans crépuscule du Royaume. Ceux qui ont plu à Dieu participeront de manière ineffable au Repas Mystique, à la Communion céleste, tandis que toi, tu ne pourras pas y prendre part, ni mystiquement, ni réellement. Peu importe à quel point tu as été touché dans ta pensée, cela sera vrai aussi longtemps que tu n’as pas accepté visiblement la Sainte Communion. Jusqu’à ce que tu ailles chez le prêtre à qui Jésus-Christ Lui-même a donné le pouvoir de lier et de délier les péchés. Sinon, qu’importe le nombre de fois où tu t’es confessé devant Dieu, tu ne recevras pas le pardon de tes péchés. Pourquoi ? Dieu Lui-même a dit au prêtre : "Ceux à qui vous pardonnerez leurs péchés obtiendront le pardon, ceux à qui vous le leur refuserez ne l’obtiendront pas". (Jn 20:23)
De plus, la Confession au prêtre revêt une grande signification. Elle est très instructive. Elle nous humilie parce qu’elle nous remet à notre place par rapport à Dieu. Elle guérit notre orgueil, elle nous fait rougir de façon bénéfique, elle insuffle la honte du péché et la crainte de Dieu. Elle nous protège des péchés pour le futur. Quand nous péchons, nous péchons contre le Dieu Tout-Puissant, mais nous ne sommes pas honteux devant Lui parce que nous ne Le voyons pas, comme si nous entretenions un monologue. Mais quelle honte nous couvre lorsque nous nous confessons devant le prêtre. L’homme qui s’est soumis au commandement de l’Église de se confesser devant un prêtre, ose à peine répéter ses péchés lorsqu’il pense à l’obligation de les dévoiler à nouveau durant la Confession. Huit jours après sa Résurrection, Jésus-Christ a très sagement donné l’ordonnance que notre repentir soit exprimé devant un prêtre qui agit comme témoin de Dieu.
"Mais comment le prêtre peut-il absoudre les péchés ?" demandez-vous. Il en a le pouvoir parce que Dieu en a décidé ainsi. "Mais le prêtre n’est-il pas lui-même un pécheur ?". S’il est pécheur, que perds-tu ? Il est pécheur pour lui-même et il répondra à Dieu de ses péchés.". Les sacrements administrés par lui ne cessent pas d’être actifs si nous les recevons avec foi et humilité. Le grâce peut lui être refusée le Jour du Jugement à cause de ses péchés, mais toi, acceptant la grâce divine par son intermédiaire, tu ne te prives pas de celle-ci si tu t’en montres digne. "Mais le prêtre ne dévoilera-t-il pas le secret de la confession de mes péchés ?" Non ! Aucun prêtre n’a le droit de rapporter ce qu’il a entendu durant la Confession. Il doit l’emporter dans la tombe. Aussi ne nous soucions pas de l’éventualité de la honte causée parce que nos péchés pourraient être dévoilés en société.
Remarquons que, si nous évitons la confession à cause du zèle pour notre honneur, cela signifie que nous avons honte de nous-même. Si nous avons honte d’admettre nos faiblesses devant un homme, tout le monde commencera à en parler. Ainsi procède la loi spirituelle. Les gens pressentent nos faiblesses, peu importe la diligence avec laquelle nous les dissimulons. Si nous les confessons devant un homme, Dieu, à cause de notre humilité devant ce seul témoin qu’est le prêtre, nous couvrira de Sa grâce devant la multitude.
Toutefois, si nous protégeons notre réputation durant la confession, notre autorité s’effondrera devant tous. Si nous nous repentons devant un home, rien qu’un homme, la confession nous enseignera à lutter contre nos passions. Et si nous luttons réellement contre elles, la multitude qui nous entoure n’en saura rien. Avec l’aide de Dieu, nous serons guéris avant même d’avoir honte. Mais si nous ne désirons pas guérir par la Confession, nous exposerons alors notre nom et notre réputation à des dénigrements ici et à la disgrâce devant l’Univers entier au jour du Jugement Dernier.
5. Un cinquième dit : "Je vais chez le prêtre afin qu’il lise à mon intention la prière d’absolution."
Voilà l’abus le plus sacrilège de la Confession. Quelle est la signification de la prière d’absolution ?. Il s’agit d’absoudre les péchés. Dans le cas qui nous concerne, le pénitent se rend donc chez le prêtre et, sans confesser ses péchés, lui demande : "Père, dites la prière d’absolution (ou prière du pardon) pour moi". Et le prêtre recouvre la tête du pénitent avec l’étole et lui pardonne des péchés qu’il n’a pas confessés.
Arrête, serviteur de Dieu. Que fais-tu ? Connais-tu les péchés dissimulés dans cette âme à qui tu confères le pardon divin aussi facilement ? Réalises-tu la responsabilité que tu portes devant Dieu ? Si un péché grave t’est dissimulé et que sans arrière-pensée tu confères le pardon au pénitent qui l’a commis et lui permets de prendre part à la Communion aux Saints Dons, n’accéléreras-tu pas la mort de son âme ? Ne connais-tu pas les paroles du saint Apôtre Paul : "Qui mange indignement de ce pain et boit indignement à cette coupe, est coupable du corps et du sang du Christ". (1 Cor.11:27). Pourquoi n’examines-tu pas celui qui s’est approché de toi ? Pourquoi le laisses-tu manger et boire son éternelle condamnation ? Pourquoi donnes-tu le sacrement à un pécheur non repenti ? Judas également a pris part aux Saints Dons avec les apôtres au moment de la Dernière Cène; mais parce qu’il était un pécheur non repenti, au lieu de la grâce divine, Satan est entré en lui. Désires-tu faire un nouveau Judas du chrétien inconscient qui approche le Christ sans confession, seulement avec une prière d’absolution ? Il est préférable de refuser la Sainte Communion à l’homme qui ne s’est pas repenti jusqu’à ce qu’il se repente plutôt que de lui donner le Feu et la condamnation.
Cette lecture de la prière d’absolution pour apaiser la conscience est un péché aussi bien pour le prêtre que pour le laïc parce qu’en son essence il y a dissimulation et mensonge. Cette pratique de même que celle de l’absolution pour toute l’assemblée, ne conduit pas à la guérison spirituelle mais à un plus grand état de péché. Quelqu’un est malade de façon critique. Le malaise est identifié avec certitude et la médication est connue avec précision, mais parce qu’elle est amère, le malade demande quelque chose de plus agréable. Alors le médecin donne soit de la morphine pour calmer la douleur ou un sirop très doux sans aucune utilité. Le malade guérira-t-il ? Jamais ! Et qui sera responsable de sa mort ? Lui-même parce qu’il a demandé un sirop sucré pour se berner, et le médecin qui savait ce qu’il devait prescrire et qui ne l’a pas fait uniquement par désir de plaire, ou encore par paresse, par négligence, ou par habitude voire même par méconnaissance de ce sacrement.
Récemment une dame notoirement chrétienne m’a confié ce qui suit: Je m’étais préparée pour la Sainte Communion. Je suis allée à l’église et j’ai cherché le prêtre de la paroisse pour me confesser. Le prêtre était fort occupé et son humeur, comme je l’avais remarqué, n’était pas bonne. Il m’a rencontrée avec une certaine irritation :
- "Pourquoi venez-vous ? Pour confesser toujours les mêmes petits péchés ? Vous n’avez commis aucune transgression importante devant Dieu !"
- "Mais je désire me confesser, quelque chose me pèse lourdement."
- "Point n’est besoin ! Venez et agenouillez-vous ici !"
J’ai obéi et il a lu la prière d’absolution. Je me suis levée et je suis partie, mais mon âme n’était pas soulagée. Le fardeau était là et il me tourmentait d’autant plus. Depuis le milieu de l’église, je suis retournée vers le prêtre. Mais il était déjà occupé avec d’autres fidèles. Le temps de la Communion est arrivé. Je n’ai pas osé m’avancer parce que je sentais que ma conscience n’était pas soulagée. Le dimanche suivant, je me suis rendue dans une autre église. Là je me suis confessée et j’ai communié. J’ai éprouvé une grande joie au moment de la Confession, ce n’est qu’à partir de ce moment que je me suis sentie apaisée.
Extrait du livre de l'Archimandrite Séraphim Alexiev, 
The Forgotten Medicine : The Mystery of Repentance. 
St. Xenia Skete Press, 
Wilwood CA, 1994.
Traduit de l'anglais 

par l'higoumène Paul (Pellemans).

jeudi 19 mai 2016

Saint Païssi Vlitchkovsky: La Providence de Dieu




Et quand n'importe quel type de chagrin, des démons ou des hommes, vient sur nous, que ce soit une affliction ou un malheur, prions alors Dieu avec diligence. Demandons avec larmes, sans anxiété et souci, comment nous pourrions être délivrés de cette épreuve, car il n'est nulle affliction qui ne vienne sur nous sans la Providence de Dieu.

Aimons alors la voie étroite et difficile de la vie d'afflictions, car cette voie étroite et pénible conduit au Royaume des Cieux.

Donc, ne fuyons pas les dangers, les malheurs, les nécessités et les afflictions, mais endurons tout ce qui est pénible, difficile et déplaisant virilement, jusques au temps où nous recevrons l'aide divine. 

Il sied à un ascète, à un saint de Dieu d'être fort dans toute affliction, de placer son cœur comme sur une terre ferme, et de ne pas être faible comme l'eau. 

La vie qui tourne comme une roue est inconstante et désordonnée. 

Quelquefois il y a pour l'homme la prospérité, quelque honneur aussi, mais n'attache pas ton cœur à cela. 

Quelquefois il y a la persécution des hommes, ne sois pas affligé alors. 

Quelquefois les démons attaquent par les afflictions et les passions, n'en sois pas triste non plus.

Tout ceci nous arrive, et cela est permis par Dieu pour notre salut. Et cela disparaît à nouveau, comme Sa grâce l'ordonne, afin et de nous châtier, et de nous faire miséricorde. 

A Lui est la gloire, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles. 
Amen!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après Saint Païssi Velitchkovsky
in 
Little Russian Philokalia
Saint Herman of Alaska Brotherhood
Platina, California, USA
1994

Décision du Saint-Synode de l’Église orthodoxe de Bulgarie rejetant plusieurs points du document préconciliaire sur les relations avec le reste du monde chrétien

Saint Jean de Rila

« Aujourd’hui, en date du 21 avril 2016, le Saint-Synode, sous la présidence de S.S. le patriarche de Bulgarie Néophyte a procédé à sa session ordinaire, au cours de laquelle ont été discutés les questions et les documents concernant le prochain Concile panorthodoxe, qui est prévu en Crète du 16 au 27 juin de cette année. À la session étaient présents les évêques synodaux ; Callinique de Vratchane, Joannice de Sliven, Grégoire de Velikotrnovo, Gabriel de Lovetch, Nicolas de Plovdiv, Ambroise de Dorostol, Jean de Varna et de Velikipreslav, Séraphim de Nevrokop et Nahum de Roussé. Les évêques synodaux suivants étaient absents : Dométien de Vidine, Joseph des États-Unis, du Canada et d’Australie, Ignace de Pleven, Galaction de Starozagorsk, Antoine d’Europe occidentale et centrale. Le Saint-Synode a examiné la lettre du métropolite de Lovetch Gabriel http://orthodoxie.com/le-metropolite-de-lovetch-gabriel-et-tous-les-membres-du-clerge-de-son-diocese-se-sont-prononces-contre-le-projet-de-document-preconciliaire-relations-de-leglise-orthodoxe-avec-l/, avec en annexe  les signatures des prêtres du diocèse de Lovetch concernant le texte intitulé « Les relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien », faisant partie des documents prévus pour examen lors du Saint et Grand Concile des Églises orthodoxes, qui se déroulera en Crète entre le 16 et le 27 juin de cette année. De même, le Saint-Synode a examiné la lettre du métropolite de Plovdiv Nicolas, avec en annexe les signatures des prêtres du diocèse de Plovdiv, en soutien de l’opinion exprimée par le diocèse de Lovetch au sujet du document susmentionné. Après un vote, le Saint-Synode a décidé à l’unanimité :

- Pour ce qui concerne le point 4 du document « Relations des Églises orthodoxes avec le reste du monde chrétien » : Dans l’Église orthodoxe, sous « union de tous » on a toujours compris que ceux qui sont tombés dans l’hérésie ou le schisme doivent d’abord revenir à la foi orthodoxe et faire obéissance envers la sainte Église. Alors, par la pénitence, ils peuvent être reçus dans l’Église.

- Pour ce qui concerne le point 5 : « Les dialogues théologiques bilatéraux actuels… ont pour but de retrouver « l’unité chrétienne perdue… » Il convient ici de préciser que dans la sainte Église orthodoxe, qui est une et unique, l’unité n’a jamais été perdue. La foi et la communion dans le Saint-Esprit y demeure entre les chrétiens et il en sera ainsi jusqu’à la fin du monde, étant donné que le Seigneur a dit que « Les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle » (Matth. XVI, 18), et cette communion durera éternellement.

- Pour ce qui concerne les points 6, 16 et autres : Hors de la sainte Église orthodoxe, il n’y a pas d’autres Églises, mais seulement des hérésies et des schismes. Que l’on appelle ceux-ci « Églises » est erroné théologiquement, dogmatiquement et canoniquement. 

- Pour ce qui concerne le point 12 : Dans le point 12, l’expression «au cours des dialogues théologiques, le but poursuivi par tous est le même : le rétablissement final de l’unité dans la vraie foi et dans l’amour » est absolument inexacte et inacceptable, parce qu’il convient de préciser et de souligner que le retour à la vraie foi se rapporte aux hérétiques et aux schismatiques, et ne concerne en rien l’Église orthodoxe.

Dieu merci, l’Église orthodoxe bulgare, en 1998, est sortie du COE, en quoi elle a exprimé sa désapprobation de l’activité de celui-ci, car elle ne peut pas adhérer à une organisation dans laquelle elle est considérée comme « l’une des nombreuses Églises ou une branche de l’Église une, qui cherche le moyen et qui lutte pour le rétablissement de celle-ci par ce Conseil œcuménique des Églises ». Un est le Seigneur, Une est l’Église, tel est l’enseignement du Credo.

Cette opinion ainsi exprimée sera présentée et confirmée comme la position immuable de l’Église orthodoxe de Bulgarie à l’égard du texte « Relation de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien », lors du Grand et Saint Concile de l’Orthodoxie en Crète en 2016 ».


mercredi 18 mai 2016

Livre des Jours de Valaam (R)


"Celui qui est capable de connaître la dignité de son âme, est capable de connaître la puissance et les mystères de Dieu."

Saint Macaire le Grand
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Staretz Ephrem
(1871-1946)
13 mars

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Père Ephrem s'enfuit de chez lui à l'âge de douze ans et s'installa dans l'école pour orphelins du monastère. Après son noviciat, il fut envoyé dans une mission nouvellement organisée en Abyssinie. Il revint bientôt à Valaam, seulement pour être envoyé après ordination, comme chapelain militaire au service d'un Grand-Duc. Mais tandis que la Révolution faisait rage, il put s'échapper de saint Petersbourg et retourner à Valaam.

En 1919, il devint moine du grand habit et vécut au désert, dans la skite de l'Icône de la Mère de Dieu de Smolensk. Il faisait le cycle quotidien complet des offices, dans une église construite pour lui par le Grand-Duc. Il dormait dans un cercueil.

Quand la controverse du calendrier surgit à Valaam, il accepta avec réticence d'être le conseiller spirituel principal de l'administration de l'higoumène Chariton. Il était père spirituel de l'ancienne dame de compagnie de l'impératrice Alexandra, Anna Vyroubova, qui était alors moniale.

Dans sa jeunesse, c'était un ami proche du staretz-confesseur Michel I, et il était renommé comme adepte du cycle perpétuel des offices divins.

Il quitta Valaam pendant l'hiver 1939-1940 avec les autres moines, et mourut peu après la guerre, lorsque Valaam retourna au calendrier de l'Église.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
VALAAM PATERICON
Book of Days
Valaam Society of America
New Valaam Monastery
Alaska
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« La providence divine me conduit dans la vie ». Interview du métropolite Jonas (Paffhausen), ancien primat de l’Église orthodoxe en Amérique (OCA)

« La providence divine me conduit dans la vie ». Interview du métropolite Jonas (Paffhausen), ancien primat de l’Église orthodoxe en Amérique (OCA)
Le métropolite Jonas (Paffhausen), ayant actuellement le statut d’évêque émérite au sein de l’Église orthodoxe russe hors-frontières, fut primat de l’Église orthodoxe en Amérique avec le titre d’archevêque de Washington, métropolite de toute l’Amérique et du Canada, de 2008 à 2012. Le métropolite a accordé une interview au site orthodoxe russe « Pravoslavie.ru », dans lequel il a fait part de son expérience spirituelle et de ses souvenirs : ses rencontres avec les startsy Cyrille (Pavlov), Éphrem d’Arizona, l’aide miraculeuse de saint Jean de Changhaï et du grand-martyr Démètre de Thessalonique.
- Monseigneur, vous avez été reçu dans l’orthodoxie à l’âge de 19 ans, tout jeune. Qu’est-ce qui a contribué à cela ?
- J’ai été baptisé dans l’Église épiscopalienne. À une certaine époque, cette Église était assez proche de l’orthodoxie, elle reconnaissait les sacrements. Mais en 1976, elle est allée contre ses propres canons et a commencé à ordonner prêtres des femmes. J’ai rencontré deux ou trois de ces femmes prêtres à Los Angeles. C’était très désagréable. Plus exactement, horrible. Elles-mêmes, à mon avis, comprenaient mal ce qu’elles étaient devenues : femmes ou hommes. L’une d’entre elles voulait que je l’appelle « mon père ». Je ne pouvais plus rester dans cette Église. C’est alors que, dans une librairie où je me rendais souvent, j’ai aperçu le livre « Essai sur la théologie mystique de l’Église d’Orient » du professeur Vladimir Lossky. J’ai ouvert la première page et j’ai vu la phrase : « Toute théologie est mystique, pour autant qu’elle manifeste le mystère divin, donné par la Révélation ». Et je savais que cela était juste. J’ai compris que je n’avais pas le choix : je devais devenir orthodoxe. J’ai commencé à chercher une église orthodoxe. J’en ai visité quelques-unes et j’ai trouvé la seule église orthodoxe dépendant du Patriarcat de Moscou, à San Diego, dédiée à l’icône de la Mère de Dieu de Kazan. C’était dans les années 1970. À cette époque, en Amérique, il n’y avait que très peu de gens qui devenaient orthodoxes. Dans cette église célébrait un prêtre mexicain, le père Ramon Merlos. Lui et son épouse étaient titulaires d’un doctorat, ils étaient professeurs. Le père Ramon enseignait la linguistique et célébrait à l’église. Il m’a reçu en 1978 dans l’orthodoxie. J’ai fait connaissance de la paroisse : deux grand-mères russes, quelques Palestiniens, Roumains et Américains…
- Monseigneur, pourriez-vous nous dire qui considérez-vous comme vos guides spirituels dans l’orthodoxie ?
- Depuis 1979, je me nourrissais spirituellement auprès de l’archimandrite Dimitri (Egorov). Lorsque j’ai fait sa connaissance, il était déjà un vieillard et ne parlait pas volontiers de lui-même, si bien qu’il m’est difficile de parler de lui, d’essayer de reconstituer sa vie. Je sais qu’il grandit à Moscou, qu’il étudiait dans les années 1920 à la faculté de médecine. Il fut arrêté pour la possession et la lecture de la Bible, il fut envoyé aux Solovki. Les clercs qui y étaient détenus baptisèrent le jeune homme. Il passa deux ans aux Solovki et ensuite, avec un ami, il confectionna des skis et ils s’enfuirent en hiver. Ils avancèrent quelques jours dans la forêt, parvinrent à un village. Mais ils avaient peur d’y entrer, ils erraient. Finalement, l’ami du père Dimitri périt à cause du froid, tandis que lui-même se retrouva à nouveau dans le camp. Il fut puni pour sa fuite, privé de rations. Toutefois, il survécut au camp. Il ressentit fortement la perte d’un ami et décida de vivre désormais dans l’ascèse pour deux. Il rêvait de devenir moine à Valaam, mais ne put y être que novice. Il fut tonsuré et ordonné à Paris pendant la guerre, où il étudia à l’Institut Saint-Serge. Le père Dimitri vécut de nombreuses années comme ermite, il obtint le don de la prière continuelle, vivant quelque peu comme fol en Christ. Ensuite, déjà gravement malade, il vécut au monastère de la Dormition à Calistoga en Californie. Il avait le don de clairvoyance. Lorsque je me confessais à lui, il savait déjà tout ce que j’avais fait. Il me disait toujours des choses qui ont laissé des traces dans mon cœur. Il avait en outre le don de discernement spirituel. Je ressentais un lien spirituel fort avec lui, je ressentais sa prière pour moi. Il devint mon père spirituel, c’était une bénédiction divine. Il disait souvent : « Il faut chasser de soi, de son âme, l’hypocrisie et ce impitoyablement ». Depuis la mort du starets, il y a déjà presque vingt ans, je considère comme mon père et mon ami spirituels le supérieur du monastère de la Transfiguration-du-Seigneur à Valaam, l’évêque Pancrace (Jerdev). J’ai vécu plusieurs mois à Valaam comme novice. Avec le père Pancrace, nous sommes allés ensemble en 1993 chez le starets Cyrille (Pavlov) à la Laure de la Trinité- Saint-Serge. J’ai conservé des souvenirs inoubliables de ce voyage. Il y avait un orage d’été. Le père Pancrace est allé le premier chez le starets ; lorsqu’il termina la conversation, on m’a invité. Ce fut une expérience unique. Le starets était alité, il souriait, il me questionna sur la vie ecclésiale en Californie. Malgré la maladie, il était très joyeux, lumineux. Je me suis confessé à lui. Il m’a dit : « Tu deviendras hiéromoine ». Je demandai : « Père Cyrille, pourriez-vous me dire quelle est la volonté de Dieu pour ce qui me concerne ? Je me suis préparé à Le servir… » « Je sais, je sais… » « Comment dois-je vivre, me marier, ou recevoir la tonsure monastique ? » « N’aie pas peur, tu deviendras hiéromoine ». C’est ainsi que s’achevèrent mes rêves de vie familiale. Le starets me bénit pour devenir moine et recevoir le sacerdoce. Et je savais bien dans mon cœur, qu’il avait dit la vérité à mon sujet. Que c’était la volonté de Dieu pour ce qui me concernait.
- Et cela s’est-il produit rapidement ?

Le métropolite Jonas avec l’icône de tous les saints d’Amérique du Nord
- Oui, un an après, j’ai été ordonné diacre, et la même année, prêtre, en la cathédrale de la Protection de la Très sainte Mère de Dieu à Los Angeles. Et encore un an après, en 1995, je fus tonsuré moine avec le nom de Jonas, au monastère Saint-Tykhon, dans l’État de Pennsylvanie, dans la ville de South Canaan. Vous savez, je ressens très fortement à quel point la providence divine me dirige dans la vie : par les startsy, les guides spirituels, même par des avertissements.
- Peut-être pouvez-vous partager avec nous une telle expérience spirituelle ?
- Lorsque j’avais quatorze ans, j’assistais une fois à un cours de mathématiques. Tout était habituel, et soudain j’entendis une voix : « Tu seras prêtre ». J’étais très étonné. Cela fut ma principale expérience spirituelle. Elle a transformé ma vie. Jusque là, je ne m’intéressais à l’Église, à la vie ecclésiale, en fait je rêvais de devenir architecte. Après cela, je fus convaincu que je devais devenir prêtre. Et vingt ans après, le starets Cyrille (Pavlov) m’a dit la même chose : que la volonté de Dieu était que je devienne prêtre. La volonté de Dieu m’a été révélée à plusieurs reprises par des startsy. En 1995, avec le père Pancrace, nous avons visité le starets athonite Éphrem d’Arizona, disciple de Joseph l’Hésychaste. Au début, le starets Éphrem et le père Pancrace ont parlé par l’intermédiaire d’un traducteur, et ensuite sans lui. Le starets Éphrem est un homme de prière et peut, à l’aide de la prière, comprendre tout homme. Ils ont parlé entre autres à mon sujet. C’est alors que fut résolue la question : devais-je partir à Moscou au métochion de l’Église orthodoxe russe en Amérique (OCA) ou tenter de fonder un monastère en Amérique ? Le starets m’a donné sa bénédiction pour construire un monastère en Amérique. Et nous avons fondé un monastère en Californie, dédié à saint Jean de Changhaï. J’y ai passé douze ans, dont cinq en tant qu’higoumène. Ce fut une expérience spirituelle inestimable. J’ai eu recours à la direction spirituelle du père Pancrace et du starets Cyrille. En 2008, je fus élevé au rang d’archimandrite et on me donna la bénédiction pour quitter le monastère, car je devais devenir évêque. Je ne voulais vraiment pas partir du monastère, mais l’obéissance est l’obéissance…
- Avez-vous ressenti l’aide du protecteur céleste du monastère, saint Jean de Changhaï ?
- Oh, oui ! J’allais souvent chez le saint, c’est-à-dire que je priais devant ses reliques, je ressentais un lien très fort dans la prière, la proximité du saint, son aide rapide. Alors que nous avions à peine construit notre monastère, un homme vint chez nous. Dans sa jeunesse, il effectuait son service dans la flotte militaire, sur un sous-marin atomique. Il se produisit des radiations dues à une fuite, et il reçut une dose importante de ces radiations et tomba malade. Il fut alors atteint d’une oncologie du tissu osseux, il perdit l’un de ses bras ainsi que ses jambes. Il fut amputé. On lui fixa des prothèses, il marchait à grand-peine. Le marin a raconté qu’il venait chez nous depuis l’hôpital, où on lui proposait l’amputation du deuxième bras. Il demandait les prières. Nous avons célébré un office d’intercession à saint Jean de Changhaï, nous avons oint le malade avec l’huile de la veilleuse qui brûlait devant l’icône du saint. Pendant plusieurs mois, je n’ai plus entendu parler de lui. Ensuite, il revint ici et dit joyeusement que saint Jean de Changhaï l’avait guéri entièrement et qu’il n’y avait plus de tumeurs dans son corps. Il y eut encore un autre cas. Il s’agissait d’une femme qui à une certaine époque étudiait avec moi au collège. Elle avait une fille sourde de naissance. Les médecins étaient dans l’incapacité de l’aider. Nous avons célébré un office d’intercession à saint Jean de Changhaï, et un véritable miracle se produisit : la fillette commença à parler ! Par la suite, elle chantait et il s’avéra même qu’elle avait une bonne oreille musicale.
- Peut-on vous demander auquel des saints vous vous adressez le plus souvent afin d’obtenir de l’aide dans la prière ?
- Je ressens un lien spirituel fort avec saint Serge de Radonège. Chaque fois, quand je visite la Russie, je vais chez lui. Une certaine fois, j’avais célébré à la Laure de la Trinité-Saint-Serge, en la cathédrale de la Sainte-Trinité, et j’étais dans l’étonnement : l’higoumène de la Laure avait une telle concentration pendant la célébration de la liturgie ! J’ai compris comment il fallait célébrer la liturgie ! À Diveevo, je me suis littéralement baigné dans la Grâce. La présence de saint Séraphin était tellement forte ! J’ai expérimenté la même chose à Bari, chez saint Nicolas le Thaumaturge… Je vénère encore le saint grand-martyr Démètre de Thessalonique. Une fois, je me rendis sur le Mont Athos. Je dus rester à Thessalonique, où mes papiers n’étaient pas prêts. Je visitai l’église du grand-martyr. Les reliques se trouvaient au centre de l’église, et je ressentis fortement la présence du saint. Je le priai : « J’ai un souci : je n’ai pas assez d’argent pour séjourner à Thessalonique, et mes papiers [i.e. le permis d’entrée sur l’Athos, ndt] ne sont pas prêts… Aide-moi à aller sur l’Athos ! » Une demie heure après, des dames de la paroisse m’invitèrent à déjeuner. L’une d’entre elle me dit : « Vous avez des difficultés avec les papiers ? Il n’y a pas de problème ! Mon père spirituel est l’higoumène du monastère de Grigoriou, l’archimandrite Georges (Kapsanis, maintenant défunt, ndt), il fait partie de la Sainte Communauté de l’Athos et peut aider ». Elle lui téléphona et me passa l’appareil. Il parlait couramment anglais et m’aida immédiatement à recevoir le permis. Au retour de l’Athos, j’entrai à nouveau dans l’église afin de rendre grâces au saint grand-martyr Démètre de Thessalonique pour mon voyage sur l’Athos. J’ai encore demandé son aide en 1995 pour récolter des fonds destinés à la construction du monastère Saint-Jean-de-Changhaï et je promis de construire une église qui lui serait dédiée. Et saint Démètre de Thessalonique m’a aidé : au bout de six mois, nous avions l’argent nécessaire. Aussi, j’ai aujourd’hui une dette envers ce saint.
- Monseigneur, vous pourriez peut-être partager vos préoccupations actuelles, vos rêves, avec nous ?
- J’enseigne actuellement la théologie dogmatique à l’école du dimanche de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Washington, et j’aide le métropolite d’Amérique orientale et de New York Hilarion (Kapral, primat de l’Église orthodoxe russe hors-frontières, ndt) a visiter les paroisses. Mon rêve est de créer un monastère ici, à Washington. Ce serait un monastère américain, avec les traditions spirituelles orthodoxes russes. Avec la prière de Jésus, comme en Essex chez le starets Sophrony (Sakharov). J’ai déjà la bénédiction du métropolite Hilarion (Kapral), de Mgr Pancrace (Jerdev)… Maintenant, je recherche le lieu et les fonds pour ce monastère, afin d’acheter la maison pour les frères du futur monastère.
- Saint Silouane du Mont Athos disait : « La recherche de la volonté de Dieu est ce qu’il y a de plus important dans notre vie, car lorsqu’il s’engage sur cette voie, l’homme se branche sur la vie éternelle ». Il disait encore : « L’âme qui s’est livrée à la volonté Divine ne craint rien ; ni les tempêtes, ni les voleurs, rien. Mais quoi qu’il arrive, elle dit « C’est agréable à Dieu ». Si il est malade, elle pense : la maladie m’est donc nécessaire, autrement Dieu ne me la donnerait pas. Et ainsi, la paix est préservée dans l’âme et dans le corps ». Je souhaite aux lecteurs du site « Pravoslavie ru » de rechercher la volonté de Dieu et de préserver la paix dans le corps et l’âme ! Faites la prière de Jésus : consacrez à la prière 20 minutes le matin et 20 minutes le soir. Certains prient vite, d’autres lentement, mais pendant un tel laps de temps chacun peut parvenir à lire non moins de 300 prières de Jésus. Je voudrais aussi demander aux lecteurs : priez, je vous en prie, pour vos guides spirituels, pour les prêtres et les évêques, parce qu’il ont beaucoup besoin de soutien spirituel.