samedi 14 mai 2016
vendredi 13 mai 2016
Matouchka Maria de Gatchina La staritza des catacombes qui consolait les fidèles (R)
Sainte Martyre Maria
commémorée le 26 Janvier
(† 1930)
*
Les afflictions intenses,
comme l'or dans la fournaise,
purifient l'âme, lui donnent vie,
la fortifient et la tempèrent.
Saint Nouveau Martyr Joseph de Petrograd
+
À quelques quarante-cinq kilomètres de Pétrograd, il y a la petite ville de Gatchina, bien connue de tous les habitants de Pétrograd
pour ses jardins, ses parcs et ses palais. Dans cette ville, avant la
révolution a vécu Maria, moniale qui était connue non seulement des
résidents de Gatchina, mais également de nombreux habitants de Pétrograd.
La Révolution de 1917 trouva Matouchka Maria sur son lit de malade. Après avoir subi une encéphalite
(inflammation du cerveau), elle entra dans l'état de la maladie que
l'on appelle maladie de Parkinson (du nom de Parkinson, médecin qui a
décrit cet état): tout son corps est devenu comme enchaîné et immobile,
le visage exsangue et comme un masque; elle ne pouvait parler, mais elle
se mit à parler avec la bouche mi-close, à travers ses dents, en
prononçant lentement et d'une voix monocorde. Elle était totalement
invalide et avait constamment besoin d'aide et que l'on s'occupe d'elle.
Habituellement, cette maladie produit de fortes changements
psychologiques (irritabilité, obstination pénible consistant à répéter
des questions stéréotypées, égoïsme et égocentrisme exagérés,
manifestations de sénilité, etc), ce qui fait que ces patients se
retrouvent souvent dans les hôpitaux psychiatriques.
Mais
mère Maria, étant totalement invalide physiquement, non seulement
n'a pas dégénéré physiquement, mais elle a révélé des caractéristiques
tout à fait extraordinaires de sa personnalité et de son caractère, ce
qui n'est pas une caractéristique de ces patients: elle est devenue
extrêmement douce, humble, soumise, peu exigeante, concentrée en
elle-même; elle s'absorba dans la prière constante, en supportant son
état difficile sans le moindre murmure.
Comme
pour la récompenser de cette humilité et de cette patience, le Seigneur
lui envoya un don: la consolation des affligés. Des gens tout à fait
inconnus, se trouvant dans les afflictions, la douleur, la dépression et
le découragement, commencèrent à lui rendre visite et à s'entretenir
avec elle. Et tous tous ceux qui vinrent, partirent consolés, avec
le sentiment d'une illumination dans leur douleur, d'un apaisement de
l'affliction, d'une accalmie de leurs craintes, de la disparition de
leur dépression et de leur découragement. Les nouvelles de l'existence
de cette moniale extraordinaire s'étendirent progressivement bien
au-delà des limites de la ville de Gatchina.
Matouchka
Maria vivait dans une petite maison de bois à la périphérie de la
ville, où je lui rendis visite en Mars 1927. En attendant d'être reçu,
j'examinai les nombreuses photographies dans la salle de réception et
j'en remarquai deux: celle du Métropolite Benjamin (de Pétrograd, le nouveau martyr) et celle du Métropolite Joseph (qui allait bientôt devenir le hiérarque du "mouvement Joséphite" ). Le Métropolite Joseph sur sa photographie avait écrit une dédicace touchante à Matouchka Maria, en citant largement son travail Dans les Bras du Père, tandis que le Métropolite Benjamin avait écrit brièvement: "Pour la très profondément respectée Matouchka Maria souffrante, qui, parmi tant d'autres personnes souffrantes, m'a consolé moi aussi, pécheur... "
J'ai
eu la grande chance d'être présent à la manifestation de miracles de
guérison d'âmes en peine. Un jeune homme, qui avait grandi découragé
après l'arrestation et l'exil de son père qui était prêtre, quitta Matouchka
avec un sourire joyeux, ayant résolu d'accepter le rang de diacre. Une
jeune femme, qui était en deuil, devint radieuse de joie, avec la même
résolution de devenir moniale. Un homme âgé qui souffrait profondément
de la mort de son fils quitta Matouchka droit comme un i et plein de courage. Une femme âgée, qui était venue en larmes, repartit calme et ferme.
Quand je suis allé vers elle, j'ai dit à Matouchka
Maria qu'une dépression terrible m'attaquait souvent, qu'elle durait
parfois pendant plusieurs semaines, et que je n'avais pu trouver aucun
moyen de m'en débarrasser.
"La dépression est une croix spirituelle, me dit-elle,
" elle est envoyée pour aider le pénitent qui ne sait pas comment se
repentir, c'est-à-dire, celui qui, de nouveau, tombe après le repentir
dans ses péchés antérieurs... Et donc, seuls deux médicaments peuvent
traiter cette souffrance parfois extrêmement difficile de l'âme. Il faut
soit apprendre à se repentir et à offrir les fruits de la repentance,
ou bien porter cette croix spirituelle, sa dépression, avec humilité,
douceur, patience et beaucoup de gratitude envers le Seigneur, se
souvenant que la portée de cette croix sera comptée par le Seigneur
comme fruit de la repentance... Et après tout, quelle grande consolation
que de réaliser que votre découragement est le fruit non reconnu de la
repentance, un auto-châtiment
inconscient en l'absence des fruits qui sont exigés... À cette pensée,
on devrait en venir à la contrition, et puis la dépression fond peu à
peu et les vrais fruits de la repentance seront conçus... "
Avec ces paroles de Matouchka
Maria, c'était comme si quelqu'un avait littéralement fait une
opération sur mon âme et enlevé une tumeur spirituelle... Et je partis devenu un autre homme.
Vers 1930 Matouchka
Maria fut arrêtée. Elle fut accusée de propagande
contre-révolutionnaire et de participation à une organisation
contre-révolutionnaire, conformément aux paragraphes 10 et 11 de
l'article 58 (du code pénal soviétique). Son frère fut également arrêté. "L'organisation "était composé de seulement deux personnes. Et
la "propagande" contre le communisme était son don de consolation dans
les afflictions. Ceux qui étaient présents lors de l'arrestation firent un tableau effrayant de la dérision et de la violence cruelle
infligée à la patiente malade qui était paralysée et incapable de tout
mouvement physique. Le "crime politico-religieux" de Matouchka
Maria était aggravé par son refus de reconnaître le Métropolite Serge
après sa fameuse Déclaration de 1927, qui conduisit à un schisme dans l'Église russe.
La
pauvre moniale fut traînée par les bras, qui étaient tordus derrière
son dos, le long du plancher et du sol, de son lit au camion par deux tchékistes... Balançant son corps paralysé et très souffrant, les tchékistes
le jettèrent dans le camion et l'emportèrent. Son frère fut emmené
dans une autre automobile, surnommée "corbeau noir" (une limousine noire
utilisée en particulier pour le transport des victimes d'arrestations
effectuées dans les profondeurs de la nuit; décrite par Soljenitsyne dans le premier volume de L'Archipel du Goulag).
Ceux qui aimaient Matouchka
Maria, pleins de compassion, commencèrent à lui apporter de modestes
colis en prison. Ils furent acceptés pendant un mois. Et puis, un jour,
ils n'acceptèrent plus les colis et dirent brièvement: "Elle est morte
à l'hôpital." (Les patients handicapés étaient généralement tués.) Le
corps ne fut pas rendu.
Son
frère, petit homme faible et raffiné, qui avait pris soin d'elle avec
dévouement, et avait reçu les visiteurs, obtint cinq ans
d'emprisonnement dans un camp de concentration de Sibérie après neuf mois d'enquête.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
I.M.Andreyev
Russia's Catacomb Saints,
St. Herman of Alaska Brotherhood,
Platina, California.
USA
1982
mercredi 11 mai 2016
EDITIONS DES SYRTES
Vendredi 20 mai – Espace L’Autre livre, Paris 5e
18 heures: Conférence de Michel Aucouturier sur son dernier ouvrage, Boris Pasternak, un poète dans son temps (13, rue de l’Ecole polytechnique, Paris 5e).
Toutes les informations concernant l’Espace L’Autre livre: cliquez ici.
Lundi 23 mai – Librairie des Éditeurs réunis, Paris 5e
18 heures 30: Entretien avec Nicolas Ross autour de son récent livre, Koutiepov – Le combat d’un général blanc, de la Russie à l’exil (11, rue de Montagne-Ste-Geneviève, Paris).
Toutes les informations concernant la librairie des Éditeurs réunis: cliquez ici.
Mercredi 25 mai – Hôtel de la Lanterne, Paris 5e
16 heures: Dédicace de Gérard Conio suite à la sortie de son récent ouvrage, La Théologie de la Provocation (11, rue de Montagne-Ste-Geneviève, Paris).
Mercredi 25 mai – Espace L’autre livre – Paris 5e
18 heures 30: Rencontre avec Véronique Lossky, traductrice de la Poésie lyrique (1912-1941) de Marina Tsvetaeva (13, rue de l’Ecole polytechnique, Paris 5e; heure à confirmer).
Toutes les informations concernant l’Espace L’Autre livre: cliquez ici.
sur orthodoxie.com: Intervention de l’archevêque de Berlin et d’Allemagne (Église orthodoxe russe hors-frontières) au colloque organisé à l’Université Saint-Tikhon de Moscou au sujet du Concile panorthodoxe
À l’occasion du colloque organisé le 19 avril à l’Université Saint-Tikhon de Moscou au sujet du Concile
panorthodoxe, l’archevêque de Berlin et d’Allemagne Marc a commenté le
message de l’Église orthodoxe russe hors-frontières au sujet des projets
de documents préconciliaires destinés à être soumis au futur Concile
panorthodoxe :
Éminence, Excellences, révérends Pères, Frères et Sœurs,
Comme nous l’avons entendu dans la
conférence de S.E. le métropolite Hilarion [de Volokolamsk, ndt], les
documents qui ont été publiés sont passés par des périodes
d’élaboration, de discussions, de finalisation ayant duré de nombreuses
années, parfois même de nombreuses décennies, et cela se ressent très
fortement dans certains documents, tandis que dans d’autres, cela est
atténué, probablement parce que les thèmes étaient plus simples. Mais il
reste que, à mon avis, ainsi qu’à celui de beaucoup de nos
archipasteurs et pasteurs, deux de ces documents causent une certaine
préoccupation. Celle-ci est liée à l’absence de clarté que l’on y
rencontre, une absence de clarté avant tout terminologique, qui peut
donner lieu à des interprétations erronées. Cela concerne les documents
« Relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien » et
« La mission de l’Église orthodoxe dans le monde contemporain ». Il y a
certaines craintes également en ce qui concerne le règlement du Concile,
mais S.E. le métropolite Hilarion a déjà répondu en partie à celles-ci.
Avant tout, je vais aborder le document appelé « Relations de l’Église
orthodoxe avec le reste du monde chrétien ». Chez nous, ce document
appelle une grande vigilance au regard de l’ecclésiologie orthodoxe. La
terminologie est confuse dans ce document, elle n’est pas claire et peut
donner lieu à toutes les interprétations erronées. Bien qu’au début de
ce document figure une phrase très claire, et encourageante pour moi
personnellement ainsi que pour beaucoup d’évêques, selon laquelle
l’Église orthodoxe est définie comme l’Église Une, Sainte, Catholique et
Apostolique, qui établit son unité, comme cela y est dit, sur le fait
qu’elle est fondée par notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi que sur la
communion dans la Sainte Trinité et dans les sacrements. Cependant,
malheureusement, une telle terminologie claire, non ambiguë, est loin
d’être maintenue dans le reste du document, où il est dit, je cite :
« L’Église orthodoxe reconnaît l’existence historique d’autres églises
et confessions chrétiennes ne se trouvant pas en communion avec elle ».
Cela, sous une forme différente, sous un aspect différent, fait que l’on
rappelle maintes fois la question des autres « Églises ». Pour nous,
une telle terminologie est inacceptable. Peut-être dois-je dire que je
sens souvent, qu’en Russie, nos archipasteurs et pasteurs ont une
attitude plus favorable envers les autres « Églises », les autres
confessions, que nous à l’étranger, parce que nous sommes confrontés à
celles-ci tous les jours, nous savons de quoi il s’agit et que, en
partie, nous sommes issus de ces communautés. C’est pourquoi, nous
avons, peut-être, une perception plus aiguë de ce thème mais je sais,
néanmoins, que cela inquiète de nombreuses personnes, et ce non pas
seulement dans notre Église. En fait, ceux qui ont protesté les premiers
contre cette formulation étaient des Grecs. Et cela me réjouit parce
que les Grecs constantinopolitains, de toute évidence, considèrent
souvent que nous, Église russe, avons toujours été opposés à ce qu’ils
proposaient. Dans le cas présent, ce sont les Grecs eux-mêmes des
Églises de Grèce et de Chypre qui ont apporté une contribution très
intéressante à cette discussion. Lorsqu’il est dit que l’Église est
fondée par notre Seigneur Jésus-Christ, on oublie de toute évidence
qu’elle constitue également Son Corps mystique, ce que nous ne saurions
omettre. Si un tel fondement du Corps du Christ est clair pour nous,
alors il ne peut être question d’une multitude d’Églises. Cela, nous ne
pouvons en parler que dans une discussion privée, personnelle, mais non
au niveau d’une conférence panorthodoxe. L’unité de l’Église, à notre
avis, ne saurait être mise en question. Il n’est dit nulle part dans le
texte que la division qui existe à notre époque s’est produite suite à
des schismes et des hérésies. Certes, dans la vie de tous les jours,
nous pouvons ne pas aller à la rencontre de chaque protestant en lui
disant « tu es un hérétique ». Mais lorsque l’on me demande : « Me
considérez-vous comme un hérétique ? », je dois le dire. Je dois
comprendre que, à la base de ces prétendues « Églises » existant
maintenant, se trouve l’hérésie ou le schisme. Mais, dans ce document,
on parle constamment d’une mystérieuse unité chrétienne. Il n’est dit
nulle part ce dont il s’agit. Est-ce un quelconque méli mélo ? Si nous
parlons de la prépondérance de l’Église orthodoxe, de l’unité des
fidèles en Christ, de l’Église une sainte, catholique et apostolique
etc., alors nous ne pouvons en même temps, dans le même document, parler
de la multitude des Églises. Parler de l’unité chrétienne perdue et du
rétablissement de celle-ci, est magnifique, Dieu merci, on en parle.
Mais le rétablissement de l’unité ne peut se produire par des voies
nébuleuses. Là, rien n’est dit au sujet de tous ceux qui ont quitté
cette unité avec l’Église orthodoxe, que nous invitons à revenir, il
n’est pas dit que nous sommes des témoins, sans orgueil aucun de notre
côté (ce n’est pas à nous que revient le mérite d’être orthodoxes, mais
le Seigneur nous a appelés dans l’Église Une) et pour cette raison, nous
devons témoigner de cette vérité, et ne pas la voiler, comme on le fait
ici. Il ressort de ce texte que l’Église orthodoxe est une quelconque
petite partie d’un tout, c’est une sorte de fragment, comme tous les
autres. Et il n’est pas dit que la perte de l’unité des hétérodoxes,
c’est précisément la perte de leur unité avec l’Église orthodoxe. Encore
une fois, dans une conversation privée, nous pouvons permettre de
telles choses, mais non dans un document panorthodoxe, à mon avis, cela
est inacceptable. Il y a encore une chose dangereuse, c’est la
déclaration de ce document au sujet de la pratique du prosélytisme.
Selon une phrase du document, toute pratique de prosélytisme est exclue
ainsi que d’autres actions provoquant des manifestations d’antagonisme
interconfessionnel. Il ne faut pas confondre ces deux choses,
excusez-moi. On ne peut les laisser à égalité dans une phrase. Une chose
est le prosélytisme auquel le Seigneur nous a tous appelés et envoyés,
et autre chose est effectivement la manifestation malsaine d’antagonisme
interconfessionnel, ce que nous voulons tous éviter. Ici, nous devons
distinguer nettement ces deux choses. Parce que si nous les confondons,
on arrive à nouveau à une quelconque égalité entre les confessions, nous
sommes alors tous égaux et nous devons tous revenir quelque part, on ne
sait pas où…
Un autre document qui appelle,
peut-être, une vigilance encore plus grande, c’est le document sur la
mission de l’Église orthodoxe dans le monde contemporain. Là, à mon
avis, il y a des erreurs portant sur l’anthropologie. Le passage clé
dans ce document est celui où il est question de la personne humaine.
Or, comme nous l’avons déjà indiqué, il faut parler ici de l’homme !
« La personne humaine » est une nouvelle expression, non patristique et
non liturgique. Ceci étant, ce problème est identique dans toutes les
variantes linguistiques de ce texte. Ceci est le plus flagrant dans le
texte grec. J’ignore quel texte se trouvait à l’origine de ce document,
mais le texte grec est absolument absurde, comme l’ont montré les
évêques grecs, parce que l’on y utilise le mot « prosopon », qui est en
général utilisé seulement pour les Personnes de la Sainte Trinité, et
les Grecs eux-mêmes l’ont relevé. Il y a, dans la traduction russe, la
meilleure variante, étant donné qu’à de nombreux endroits, on utilise
malgré tout le mot « homme », et non « la personnalité humaine ». Et
dans les textes français, grec et anglais, il y a cette terminologie
inacceptable. Il faudrait, dans le texte russe, procéder de façon
conséquente, et utiliser dans tout le texte le mot « homme », au lieu de
« personnalité humaine », qui crée ici une confusion entre ce qui est
incréé – la Sainte Trinité – et le créé dans l’homme.
Ce sont donc les éléments qui, à notre
avis, demandent des corrections et des définitions précises. Beaucoup de
choses importantes sont dites dans ces textes, particulièrement dans ce
texte où il est question de la place de l’Église dans le monde
contemporain. Il ne faudrait pas, naturellement, tout supprimer mais, à
mon avis, il faut préciser et éviter, voire enlever toutes ces
contradictions inutiles, qui sont présentes dans ce texte.
Encore un élément important : pour
quelles raisons y parle-t-on de « genres », alors que l’on a simplement
en vue le sexe. Pourquoi faut-il introduire un quelconque « genre » ?
Cela est incompréhensible.
Pour ce qui concerne la procédure du
Concile, il y a un passage troublant, c’est la référence au fait que
l’esprit conciliaire ou l’institution conciliaire dans l’Église a
toujours préservé la vérité de la foi. C’est simplement faux. Les
Conciles ont simplement transmis ce qu’ils ont hérité du Seigneur, ils
révèlent la volonté divine, mais ils ne l’établissent pas eux-mêmes. Le
métropolite Hilarion a déjà parlé au sujet de la décision conciliaire,
je lui suis reconnaissant pour cette clarification. Bien sûr, tenant
compte de tout cela, ce serait mieux, en fonction de toutes ces lacunes,
et cela faciliterait beaucoup les choses, si nous utilisions non pas le
mot « Concile », mais « Conférence panorthodoxe ». Cela ferait
disparaître toute la tension qui existe dans le peuple et qui,
peut-être, est fondée, mais il y a ici un malentendu, parce que nous
partons ici de la langue grecque où en fait il n’y a pas de différence
fondamentale entre les mots « Concile », « Réunion » et conférence ou
consultation. Si nous utilisions le mot « conférence » nous ferions
disparaître cette grande tension.
SourceAppel URGENT de l’ACER-RUSSIE
Orphelins et malades , en Russie ces deux mots résonnent tristement aux oreilles de centaines d’enfants. Pour qu’ils guérissent, qu’ils retrouvent le sourire, qu’ils aient un avenir, des personnes dévouées cherchent des solutions. L’ACER-RUSSIE s’associe à leur dévouement, à leurs efforts destinés à donner une vie meilleure à des petits orphelins malades.
L’association Miloserdie detiam
« Tu n’es pas seul !», Lina Saltykova a créé ce programme au sein de l’hôpital républicain pour enfants de Moscou en 2006 après avoir constaté que les enfants vivant dans des structures d’Etat, en particulier dans des régions éloignées, étaient souvent privés de soins, trop onéreux ou très complexes. Depuis cette date, 685 enfants de 46 régions ont reçu une aide médicale et sociale.
« Chez Neznaïka », c’est le nom de cette maison magique pour les petits orphelins malades, pas seulement une maison, mais aussi une famille.
L’association Saint-Ioassaff
A Saint-Pétersbourg, elle vient en aide aux enfants hospitalisés à l’hôpital pédiatrique n°3 sur l’île Vassilevski. Parmi ces enfants se trouvent des orphelins ou orphelins sociaux, des enfants des rues souffrant de tuberculose, de diverses maladies de peau, parfois infectés par le virus du sida.
L’association Otkazniki
Née en 2004, de la volonté de quelques personnes de secourir les enfants orphelins qui grandissent à l’hôpital, l’association Otkazniki poursuit son action aujourd’hui dans 54 hôpitaux, mais aussi des orphelinats ou des centres pour enfants handicapés. Dans une vingtaine de régions, 38 bénévoles veillent sur 400 enfants et visitent les hôpitaux. Les enfants orphelins dans les hôpitaux manquent de tout. Le personnel médical, débordé ou peu formé n’assure que le minimum vital. Les bénévoles d’Otkazniki font le reste.
Merci de les soutenir Chaque don compte! Un reçu fiscal sera envoyé à chaque donateur
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mardi 10 mai 2016
Père Pavel [Vélikanov]: Sur le doute du saint apôtreThomas
Père Pavel
Evangile selon saint Jean 20:19-31
19 Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, à cause de la crainte qu’ils avaient des Juifs, Jésus vint, se présenta au milieu d’eux, et leur dit: La paix soit avec vous! 20Et quand il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent dans la joie en voyant le Seigneur. 21Jésus leur dit de nouveau: La paix soit avec vous! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. 22Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit: Recevez le Saint-Esprit. 23 Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. 24Thomas, appelé Didyme, l’un des douze, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. 25Les autres disciples lui dirent donc: Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit: Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point. 26Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d’eux, et dit: La paix soit avec vous! 27Puis il dit à Thomas: Avance ici ton doigt, et regarde mes mains; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois pas incrédule, mais crois. 28Thomas lui répondit: Mon Seigneur et mon Dieu! Jésus lui dit: 29Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru! 30Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre. 31Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom. (Version Louis Segond)
***
L'Evangile qui narre d'aujourd'hui la conversion de Thomas est très poignant et touchant. En effet, les apôtres ont eu du mal à accepter les nouvelles de la résurrection du Christ. Pour eux, cette nouvelle était ni souhaitable, ni intelligible. Nous les voyons résister aux Myrophores; nous assistons à leur perplexité quand ils rencontrent le Christ Sauveur ressuscité. Et pourtant, la position de l'apôtre Thomas semble particulièrement étrange.
Non seulement il refuse de croire les paroles des apôtres - il exige littéralement la preuve vivante. Il dit, je ne croirai pas tant que je ne toucherai pas le Christ de mes propres mains, jusqu'à ce que je reçoive une preuve physique qu'Il est le Christ, le même Jésus qui a été crucifié sur la Croix et qui porte encore les blessures des clous et de la lance.
Les saints Pères louent étonnamment l'incrédulité de Thomas, et la disent bénie. Comment comprenons-nous les raisons de cet éloge?
La chose est que l'incrédulité de Thomas ne contredit pas, mais affirme. C'est une affirmation dans le sens que lorsque la source de la foi se révèle être vraie, elle produit des conséquences très graves pour l'ensemble de la vie d'une personne. Et le Seigneur répond à cette incrédulité bénie, en venant vers Ses disciples quand Thomas est présent parmi eux. Il laisse Thomas satisfaire sa demande, Il lui permet de toucher Ses blessures et de recevoir une confirmation complète que ce qu'il voit devant lui, n'est pas un fantôme, mais son Maître bien-aimé.
A l'écoute de l'Evangile d'aujourd'hui [id est au Dimanche de Thomas], il est impossible de ne pas être inspiré par la participation du Seigneur dans l'affirmation de notre foi. Car le Seigneur n'a pas condamné Thomas, au contraire, Il l'a loué, en ajoutant que bénis étaient ceux qui n'avaient pas vu, mais cru. Et pour cette raison, nous ne devons pas craindre l'incrédulité quand la confusion ou le doute entrent dans nos âmes. Nous devons comprendre que l'incroyance est une petite crise qui nous pousse à recevoir une autre affirmation du Seigneur, une autre confirmation que le chemin que nous avons choisi est le bon. Ainsi, par ordre croissant de l'incroyance à la foi forte, nous pouvons rejoindre un jour saint Thomas en criant joyeusement: "Mon Seigneur et mon Dieu!"
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Editions des Syrtes
Chères lectrices et chers lecteurs,
ce mois-ci, Darwin fait à nouveau parler de lui.
DERNIÈRE PUBLICATION
Sciences et religion
Le père Seraphim Rose, prêtre orthodoxe américain dont le cursus débuta par des études scientifiques, revient dans cet ouvrage sur les distinctions fondamentales entre religion et sciences, en prenant comme point d'appui la théorie de l'évolution de Darwin.
Faire des sciences le siège de la connaissance ultime, et leur donner le poids d'une vérité ultime au sens philosophique du terme, est pour le père Seraphim Rose une incompréhension totale du rôle des sciences, et de celui de la religion. Un rappel que la science et la religion ne s'excluent pas, lorsqu'on comprend qu'elles ne visent pas les mêmes buts.
Euros 22.--
EAN 9782940523412 - avril 2016
Extrait et commande
REGARDS SUR LE MONDE
Le travail de seize photographes prometteurs venus du monde entier, la chrétienté sous l'objectif d'un célèbre reporter et le portrait d'une Russie en pleine guerre froide: autant de talents, autant de regards portés sur le monde.
De la Russie à l'Ethiopie, du Liban à l'Espagne, Alfred Yaghobzadeh a photographié durant douze ans la richesse des célébrations chrétiennes dans le monde, et nous offre ce reportage unique.
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Russie, 1967. Le photographe Marc Garanger franchit le rideau de fer. Il en ramène ces somptueuses photographies, reflets du msystère et des passions de tout un peuple.
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Seize jeunes photographes repérés sur le net pour leur talent et leur originalités, seize manières de restituer la réalité, et un ouvrage qui se découvre comme un kaléïdoscope.
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lundi 9 mai 2016
Saint Théophane le Reclus: Memento mori!
Certaines personnes pensent à tort que le memento mori, le souvenir de la mort, empoisonne la vie. Pas du tout. C'est plutôt l'inverse.Cela nous apprend à être attentif et à nous éloigner de tout ce qui en fait empoisonne notre vie, notre vie réelle.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Jean-Claude Larchet: Recension/ Père Gleb Kaleda, « Arrêtez-vous sur vos chemins. Notes d’un aumônier de prison à Moscou (1992-1994) »
Père Gleb Kaleda, Arrêtez-vous sur vos chemins. Notes d’un
aumônier de prison à Moscou (1992-1994). Traduit du russe par Françoise Lhoest,
éditions des Syrtes, Genève, 2016, 150 p.
Le Père Gleb Kaleda est déjà connu des lecteurs
francophones par un livre intitulé L’Église au foyer paru en 2000 aux éditions
du Cerf.
Dans la première partie de ce nouveau livre, il nous livre
un témoignage et des réflexions relatives à son ministère d’aumônier de prison
de 1992 à 1994, soit les deux dernières années de sa vie. Il fait apparaître
les particularités de la pastorale des prisonniers liées à la fois aux
difficultés propres au milieu carcéral, à la psychologie particulière de ceux
qui y vivent, aux relations spéciales qu’ils entretiennent avec leurs
semblables, et à leurs difficultés d’aborder la foi dans un milieu qui en est a
priori éloigné. Comme Dostoïevski dans ses Souvenirs de la maison des morts, le
Père Gleb témoigne de sa confiance dans l’aptitude de l’homme, en qui l’image
de Dieu ne peut jamais se perdre, à se repentir et à se transformer
positivement, quel que soit le poids du passé et les difficultés du présent. Il
fait part des ses efforts spirituels et matériels pour réintroduire des
structures (local pour les confessions, chapelle…) et une vie chrétienne dans
les prisons, dans un pays où elle en avait été officiellement bannie pendant
soixante-dix ans.
Ce témoignage et ces réflexions sont très liés au contexte
historique, politique et sociologique de la Russie dans les années qui ont immédiatement
suivi la perestroïka, et sont souvent assez datées. Mais il y reste une
dimension universelle, relative notamment à la psychologie des prisonniers, à
la façon de l’aborder, et à la manière dont le ministère du prêtre peut s’exercer
dans ce milieu particulier.
Une deuxième partie du livre rassemble: 1) des témoignages
de prisonniers adressés à l’épouse du Père Gleb à la suite du décès de celui-ci
en 1994, qui soulignent les qualités de leur aumônier; 2) un texte d’Alexandre
Dvorkine sur la vie et l’œuvre pastorale du Père Gleb; 3) des souvenirs Gennadi
Orechkine qui fut un directeur de prison d’une grande humanité et favorisa
grandement l’activité pastorale du Père Gleb. Celui-ci a été longtemps
professeur de géologie ; il fut ordonné prêtre secrètement à l’âge de 53 ans, célébra
chez lui clandestinement jusqu’en 1990, avant que le patriarche Alexis II ne le
charge de l’organisation de la catéchèse à destination des prisonniers et ne
fasse de lui le premier aumônier de prison en Russie depuis la révolution. Tous
ces témoignages font apparaître le Père Gleb comme un pasteur remarquable.
Jean-Claude Larchet
dimanche 8 mai 2016
LES PÈRES DU MONASTÈRE DE SAINT PAUL QUI ONT ÉTÉ TROUVÉS DIGNES DE VOIR NOTRE TRES SAINTE SOUVERAINE ICI SUR TERRE (STARETZ ANDREAS, ANCIEN HIGOUMENE)
4 mai
2016
Votre Eminence Justin [Ioustinos], Métropolite de ce Siège
préservé par Dieu, Pères vénérables, et mes enfants bien-aimés...
Je voudrais commencer par dire que je ne suis pas
habitué à parler à de tels rassemblements, parce que mes capacités de le faire
sont limitées. Mais, par obéissance et à l'invitation de mon très respecté et bien
aimé chef et Pasteur, j’ai trouvé le courage d'être avec vous aujourd'hui pour
dire quelques mots qui, je l'espère, seront bénéfiques.
Pour être honnête, quand Son Eminence suggéra ceci, je
fus surpris et j’essayai de faire marche arrière, justifiant ma réticence en
disant qu'il n'y a pas pénuries de grand orateurs et de grands prédicateurs plus
capables [que moi]. Mais avec la bénédiction et les bons vœux de mon vénéré Frère et Higoumène,
Parthenios, j'ai accepté l'invitation, ce qui est un honneur pour quelqu'un de
mon humble condition. J'ai trouvé difficile, cependant, de trouver un sujet
pour ce discours.
Je fis le signe de la croix et frappai à la porte de
la cellule voisine de la mienne où un staretz vit depuis plus de cinquante ans.
C’est un homme expérimenté, ayant une grande pratique de l'obéissance et de la
prière, alors je lui ai parlé de mon dilemme. "Dois-je aller parler? Et que
dois-je dire?"
Avec sagesse, il répondit: "Puisque tu as la
bénédiction du staretz, tu devrais y aller. Et où est le problème pour trouver
quelque chose à dire? Parle des Pères qui ont vécu dans notre monastère!" Voilà
pourquoi j'ai intitulé le discours "Les Pères du monastère de Saint Paul qui
ont été jugés dignes de voir Notre Très Sainte Vierge sur terre". Ce sont des
hommes que nous avons eu la bénédiction de connaître.
Donc, armé de la bénédiction de Son Eminence et des
saints Pères, je suis venu ici aujourd'hui pour être avec vous.
D'abord, permettez-moi de vous parler du saint staretz,
Papa-Andreas, qui est arrivé au monastère en août 1934, y est devenu moine, puis hiéromoine
et, en 1960, higoumène. Son mandat comme higoumène a été divisé en deux périodes: du
4 mai 1960 au 10 juin 1962; et à partir 6 mars 1969 au 21 octobre 1974.
Quand il démissionna en 1974, il alla à la dépendance
du monastère de Monoxylitis, qui est aussi sur la Sainte Montagne, où il vécut
dans la prière et la contemplation.
Pendant qu'il était là, un jour il y eut une terrible
tempête, avec une mer très agitée. Quand la tempête cessa, Papa-Andreas descendit
vers la mer près de la dépendance pour voir ce qui se passait, et ramasser une
partie du bois qu'une tempête apportait habituellement jusques sur la terre et pour
savoir si peut-être il y avait quelqu'un là qui avait besoin d’aide.
Entre la
dépendance et la mer, il y a un petit ruisseau, avec une grosse pierre près
de lui. A son retour, que vit le staretz assis sur le rocher, une femme vêtue
de noir !!!
Il pensa immédiatement qu'elle devait avoir besoin
d'aide, alors il se précipita à son secours. Comme il approchait, il vit que la
femme tenait trois livres dans ses mains. Il fut étonné et abasourdi, et
lui demanda dans son accent
reconnaissable [il était de Céphalonie]: "Que faites-vous ici, madame?
Avez-vous besoin d'aide ?" Et la femme, qui semblait être une moniale,
répondit:"Non, je suis la Dame de ce lieu."
"Et quels sont ces livres que vous tenez entre vos mains, madame?",
demanda-t-il. Elle répondit: "C’est là que j'écris les noms de ceux qui
viennent à la Sainte Montagne; le second est l'endroit où j'écris les noms de
ceux qui quittent la Sainte Montagne; le troisième, est celui où j’écris les noms de
ceux qui y restent et finissent leur vie sur la Sainte Montagne, et c'est le
livre de la vie."
Papa-Andreas monta alors à la dépendance, sans la
moindre pensée inquiétante. A l'heure des Vêpres, il entra dans la chapelle et
lut l’office. Après avoir lu Complies, et, comme étaient lues les salutations [χαιρετισμοι en grec, id estL’Acathiste] face à l'icône de la Mère de Dieu, son esprit fut soudain illuminé, et il pensa: "Que faisait cette femme sur la Sainte Montagne? Était-ce
une tentation ou Notre Souveraine [la Mère de Dieu]?"
A ce moment, la lampade devant l'icône commença à se
balancer et il ressentit une joie céleste et une spirituelle exaltation.
Il courut immédiatement à l'endroit où il avait vu la
vision et, en chemin, il pensa que ce devait être à cause de ses péchés, qu'il
n'avait pas reconnu la Mère de Dieu. Il regarda attentivement tout autour, mais
ne vit rien. Mais de l'endroit émanait vraiment un parfum céleste.
Après cela, le staretz sage et consciencieux, appela
son guide spirituel, le défunt Papa-Dionysios [Mikrayiannitis], et demanda si
ce qu'il avait vu était une vision divine ou un acte démoniaque. Son guide
spirituel lui assura que c’était la Mère de Dieu et il l’accepta.
Ils gardèrent ce secret, et ce ne fut que lorsque le
staretz s’endormit dans le Seigneur, que son guide spirituel révéla ce qui était
arrivé à ceux qui étaient présents à ses funérailles.
En raison de sa
vénération de la Mère de Dieu, le staretz fut jugé digne de quitter cette vie en
1987, jour de la Présentation au Temple du Seigneur (2/15 février), qui est
la fête de notre monastère.
Puissions-nous tous avoir sa bénédiction !
(Discours prononcé à l'Assemblée des jeunes des
saintes métropoles de Nea Krini et de Kalamaria, pendant le Grand Carême,
2016).
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX
25 avril / 8 mai
Dimanche de l’apôtre Thomas
« Antipâques »
Saint
apôtre et évangéliste Marc (63). Saint Sylvestre d'Obnora (1379). Saint Basile de Poiana
Marului (1767, Roumanie). Saint hiéromartyr Serge (Rokhletsov), prêtre (1938).
Lectures : Actes V, 12 - 20 / Jn. XX,
19-31
AU SUJET DU DIMANCHE DE
THOMAS
N
|
ous commémorons ce
dimanche l’apparition du Seigneur aux apôtres, après Sa Résurrection, et le
toucher de Ses plaies par l’apôtre Thomas. L’apparition du Seigneur ressuscité
à l’apôtre Thomas et aux onze autres disciples est fixée le premier jour
suivant la semaine pascale, parce que les circonstances de cette apparition
constituent une preuve incontestable de la Résurrection du tombeau, « comme
de la chambre nuptiale, avec Sa chair immaculée ». Le huitième jour
après Pâques, comme achèvement des solennités de la Semaine Lumineuse,
constituait depuis les temps anciens une solennité particulière. Le dimanche de
Thomas est également appelé « antipâques », ce qui signifie
« au lieu de Pâques », parce que l’Église a transféré à ce dimanche
une partie des antiques matines pascales, qui furent remplacées par celles de St
Jean Damascène que nous célébrons de nos jours. Depuis ce jour commence le
cycle des dimanches et des semaines de toute l’année. Selon l’usage de l’Église
Russe, on commémore les défunts le mardi suivant le dimanche de Thomas. La
raison en est que le typicon autorise de nouveau, la commémoraison des
défunts à partir du lundi de Thomas. C’est ainsi que les croyants se rendent
sur la tombe de leurs proches pour annoncer la joyeuse nouvelle de la Résurrection
du Christ. De là vient l’appellation de ce jour « radonitsa » en
russe (radost’ = la joie). La commémoraison des défunts après Pâques remonte
aux temps les plus anciens. St Ambroise de Milan, dans l’une de ses homélies
dit : « Il est digne et juste, après les solennités pascales que
nous avons célébrées, de partager notre joie avec les saints martyrs, et de
leur annoncer la joie de la Résurrection du Christ, à eux en tant que
participants aux souffrances du Seigneur ». Ces paroles de St
Ambroise, bien que se rapportant aux martyrs, peuvent confirmer notre usage de
commémorer les défunts après Pâques, eu égard au fait que, dans les temps
anciens, on enterrait les défunts parmi les martyrs.
Tropaire, ton 5
Хpистócъ вocкpéce изъ ме́ртвыхъ, cме́ртію cме́рть попра́въ и су́щымъ
во гробѣ́xъ живо́тъ дарова́въ.
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Le Christ est ressuscité des
morts, par Sa mort Il a vaincu la mort, et à ceux qui sont dans les tombeaux,
Il a donné la vie.
|
Tropaire du
dimanche de Thomas, ton 7
Запеча́тану гpóбу, живо́тъ отъ гpóбa возсія́лъ ecи́ Xpисте́ Бо́же, и двépeмъ заключе́ннымъ, ученико́мъ предста́лъ ecи́, вcѣ́xъ вocкpecéнie : ду́хъ пра́вый тѣ́ми обновля́я на́мъ, по вели́цѣй Твое́й ми́лости.
|
Le sépulcre étant scellé, Toi qui es la Vie, ô Christ Dieu, Tu t’es
levé du tombeau, et les portes étant fermées, Toi, la Résurrection de tous,
Tu t’es présenté devant Tes disciples, par eux renouvelant en nous un esprit
droit, dans Ta grande miséricorde.
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Tropaire du saint apôtre et
évangéliste Marc, ton 3
Апо́столе святы́й и Евангели́сте Ма́рко, моли́ Ми́лостиваго Бо́га, да
прегрѣше́ній оставле́ніе пода́стъ душа́мъ на́шимъ.
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Ô saint apôtre et évangéliste Marc, prie le Dieu miséricordieux, afin
qu'Il accorde le pardon des péchés à nos âmes.
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Kondakion du
du saint
apôtre et évangéliste Marc, ton 2
Съ высоты́ пріи́мъ благода́ть Ду́ха, ри́торская плете́нія разруши́лъ
еси́, апо́столе, и, язы́ки вся́ улови́въ, Ма́рко всесла́вне, твоему́ Влады́цѣ
приве́лъ еси́, Боже́ственное проповѣ́давъ Ева́нгеліе.
|
D'en haut ayant reçu la grâce de l'Esprit, tu as rompu les mailles des
rhéteurs, illustre apôtre Marc,
et tu as pris toutes les nations
dans tes filets pour les mener à ton Maître en prêchant l'Évangile divin.
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Kondakion du
dimanche de Thomas, ton 8
Любопы́тною десни́цею, жиз-нопода́тельная Tвоя́ péбра Фомá испыта́, Xpисте́ Бо́же : coзаключе́ннымъ бо двépeмъ я́ко вше́лъ ecи́, съ про́чими апо́столы вопiя́ше Тебѣ́ : Го́сподь еси́ и Бо́гъ мо́й.
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Voulant s’assurer de Ta Résurrection, Thomas scruta de sa droite
curieuse Ton côté vivifiant, ô Christ Dieu ; aussi, lorsque Tu entras,
les portes étant fermées, il Te clama avec les autres apôtres : Tu es
mon Seigneur et mon Dieu.
|
Au lieu de « il
est digne en vérité » ton 1:
VIE DU SAINT APÔTRE MARC[1]
Le saint et glorieux Apôtre Marc,
appelé aussi Jean, était fils d’une pieuse femme de Jérusalem, Marie, qui
offrait sa maison aux disciples des Apôtres pour leurs réunions de prières.
Saint Pierre s’y rendait souvent et prit en affection le jeune Marc qu’il
instruisit dans la foi et qu’il baptisa, le considérant comme son fils (1
Pierre V, 13). Il était aussi cousin
du saint Apôtre Barnabé (cf. Col IV, 10), et celui-ci le prit avec lui
lorsqu’il partit pour Antioche en compagnie de saint Paul (Act XII, 24 ).
Pendant ces voyages d’évangélisation, Marc assistait humblement les deux
prédicateurs, pourvoyant à leurs besoins matériels et assimilant leur
enseignement. Parvenu à Pergé de Pamphylie, Marc fut saisi de crainte devant
les difficultés de la mission, et se sépara de Paul et Barnabé pour retourner à
Jérusalem (Act 13, 13). Saint Paul semble avoir été froissé de cette
séparation, aussi, quand ils le retrouvèrent à Antioche, il se refusa à emmener
: celui qui les avait abandonnés en Pamphylie et n’avait pas été à l’œuvre avec
eux (Act XV, 37). La discussion s’échauffa et Barnabé décida de s’embarquer
pour Chypre avec Marc, alors que Paul partait avec Silas pour évangéliser la
Syrie et la Cilicie (52). Dix ans plus tard, on retrouve saint Marc à Rome, en
compagnie d’Aristarque et de Jésus le Juste, pour assister Paul dans sa
captivité (Col IV, 10). De là, il partit avec la bénédiction du grand Apôtre
pour visiter les chrétiens de Colosses. Lors de sa seconde captivité, Paul
écrivant à Timothée, lui recommande d’amener Marc avec lui : « Car il m’est
précieux pour le ministère », assure-t-il (2 Tm IV, 11). C’est aussi vers l’an
65 que Marc retrouva saint Pierre à Rome, au moment où les deux Coryphées
allaient subir leur martyre. L’éclat de l’enseignement de saint Pierre avait
tellement brillé dans l’esprit des nouveaux convertis de Rome qu’ils
supplièrent Marc de mettre par écrit cette doctrine divine. Confirmé par une
révélation, et avec l’accord de Pierre, il se mit à l’œuvre et rédigea de
manière brève, simple et pleine de vie un résumé des actes et des paroles du
Sauveur, conforme à la prédication du Coryphée des Apôtres. Sans se préoccuper
de la présentation littéraire, ni de répondre à toutes les questions que
pouvaient se poser les fidèles, il écrivit tout ce qui est utile au Salut et à
la connaissance du Fils de Dieu fait homme, et rien de plus. Une fois cette
œuvre achevée, saint Pierre l’envoya en Égypte pour y porter la Bonne Nouvelle.
Pendant la traversée, le navire fut pris dans une tempête que Marc apaisa par
sa prière, et il put faire escale dans l’île de Pittyouse, en face de la
Cilicie, où il fut reçu par un notable nommé Bassos, qui avait été converti par
saint Pierre à Antioche, et, grâce à son appui, il gagna à la vraie foi la
plupart des habitants de l’île. Lorsqu’il aborda à Alexandrie, la sandale de
Marc, usée par la marche, s’étant rompue, il la donna à raccommoder à un
savetier nommé Anien. Celui-ci, frappé par l’éclat extraordinaire qui se
dégageait du visage de l’Apôtre, laissa échapper son aiguille et se perça le
doigt, en s’écriant : « Un seul Dieu ! » Saint Marc le guérit de sa blessure et
saisit cette occasion pour l’instruire sur la vérité du seul Dieu devenu homme
pour notre Salut. Anien écouta avec attention ces paroles de vie et, après
avoir fait baptiser toute sa maisonnée, il quitta sa profession et tout
attachement au monde pour devenir le plus étroit collaborateur de l’Apôtre. Dans
cette immense cité, métropole du paganisme et de la culture hellénique, la
parole de l’Apôtre, simple et dépourvue des ornements futiles de la rhétorique,
retentissait comme un tonnerre, et ses miracles confirmaient ses paroles.
Devant le spectacle des guérisons accomplies par la puissance de Dieu, jusqu’à
trois cents païens en un seul jour demandèrent à recevoir le saint baptême. La
semence évangélique commençant donc à germer, Marc organisa les premières
institutions liturgiques de l’Église d’Égypte, ordonna Anien évêque
d’Alexandrie avec pour le seconder
trois prêtres : Milée, Sabin et Cerdon, sept diacres et onze autres clercs de
rang inférieur.. D’Alexandrie, il se rendit à Mendession et y délivra du démon un enfant
aveugle. Les parents de l’enfant, au comble de la joie, lui offrirent une forte
somme d’argent, mais Marc la refusa, en disant que la grâce de Dieu ne
s’échange pas pour de l’argent, et il leur recommanda de le distribuer en
aumônes. Un nombre considérable de païens s’étant convertis à la suite de ce
miracle, Marc fonda dans cette cité une église et ordonna un évêque, des
prêtres et des diacres, puis il continua son voyage vers Cyrène de la
Pentapole. Il alla ensuite évangéliser la Libye, où il convertit un grand
nombre. De là, saint Marc passa en Marmarique. Une nuit, le Seigneur lui
apparut en vision et lui ordonna de retourner à Alexandrie pour y achever sa
mission. Malgré les pleurs et les supplications des nouveaux convertis qui
voulaient retenir leur père et sauveur, l’Apôtre, confirmé par une nouvelle
vision lui annonçant qu’il devrait sceller sa mission par la gloire du martyre,
s’embarqua pour Alexandrie, où il put admirer les progrès de l’évangélisation
pendant ses deux années d’absence. Toutefois les païens et les Juifs ne
pouvaient supporter les succès remportés par le disciple du Christ et, grinçant
des dents, ils cherchaient une occasion de le perdre. Une année où la
célébration de Pâques coïncidait avec la fête du dieu Sérapis — fête que les
païens d’Alexandrie avaient coutume de célébrer par d’ignobles dérèglements —
ils se précipitèrent sur le saint, au moment où il célébrait la Divine Liturgie
et le traînèrent jusqu’à l’amphithéâtre, où se trouvait le gouverneur, en
l’accusant de pratiques magiques. Aux accusations pleines de haine, l’Apôtre
répondit calmement et exposa, comme à son habitude, en peu de mots, la sublime
doctrine du Salut. Déconcerté et ne pouvant rien objecter à ses arguments, le
gouverneur se tourna vers la foule, demandant ce qu’il devait faire de Marc.
Les uns criaient de le brûler devant le temple de Sérapis, les autres de le
lapider. Finalement, sur l’ordre du magistrat, il fut étendu à terre, les
membres écartelés, et fut cruellement fustigé. Puis la populace, s’emparant du
corps meurtri du saint, le traîna durant tout le jour dans les rues de la ville,
en arrosant les pierres et la terre de son sang. Le soir venu, on l’enferma en
prison, où, vers minuit, un ange vint le réconforter. Au matin du samedi 4
avril, les bourreaux l’attachèrent à une corde et le traînèrent, comme la
veille, jusqu’à un lieu nommé Boucole, où il trouva la mort. Il était âgé de
cinquante-sept ans. Par la suite, on édifia une église au-dessus du tombeau du
saint Apôtre à Boucole, qui devint le haut lieu de la piété des chrétiens
d’Alexandrie. En 828, le corps de saint Marc fut transporté à Venise, dans la
fameuse basilique qui lui est dédiée, mais son crâne resta en Égypte.