dimanche 8 mai 2016

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

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25 avril / 8 mai
  Dimanche de l’apôtre Thomas « Antipâques »

Saint apôtre et évangéliste Marc (63). Saint Sylvestre d'Obnora (1379). Saint Basile de Poiana Marului (1767, Roumanie). Saint hiéromartyr Serge (Rokhletsov), prêtre (1938).

Lectures : Actes V, 12 - 20 / Jn. XX, 19-31
AU SUJET DU DIMANCHE DE THOMAS

N
ous commémorons ce dimanche l’apparition du Seigneur aux apôtres, après Sa Résurrection, et le toucher de Ses plaies par l’apôtre Thomas. L’apparition du Seigneur ressuscité à l’apôtre Thomas et aux onze autres disciples est fixée le premier jour suivant la semaine pascale, parce que les circonstances de cette apparition constituent une preuve incontestable de la Résurrection du tombeau, « comme de la chambre nuptiale, avec Sa chair immaculée ». Le huitième jour après Pâques, comme achèvement des solennités de la Semaine Lumineuse, constituait depuis les temps anciens une solennité particulière. Le dimanche de Thomas est également appelé « antipâques », ce qui signifie « au lieu de Pâques », parce que l’Église a transféré à ce dimanche une partie des antiques matines pascales, qui furent remplacées par celles de St Jean Damascène que nous célébrons de nos jours. Depuis ce jour commence le cycle des dimanches et des semaines de toute l’année. Selon l’usage de l’Église Russe, on commémore les défunts le mardi suivant le dimanche de Thomas. La raison en est que le typicon autorise de nouveau, la commémoraison des défunts à partir du lundi de Thomas. C’est ainsi que les croyants se rendent sur la tombe de leurs proches pour annoncer la joyeuse nouvelle de la Résurrection du Christ. De là vient l’appellation de ce jour « radonitsa » en russe (radost’ = la joie). La commémoraison des défunts après Pâques remonte aux temps les plus anciens. St Ambroise de Milan, dans l’une de ses homélies dit : « Il est digne et juste, après les solennités pascales que nous avons célébrées, de partager notre joie avec les saints martyrs, et de leur annoncer la joie de la Résurrection du Christ, à eux en tant que participants aux souffrances du Seigneur ». Ces paroles de St Ambroise, bien que se rapportant aux martyrs, peuvent confirmer notre usage de commémorer les défunts après Pâques, eu égard au fait que, dans les temps anciens, on enterrait les défunts parmi les martyrs.

Tropaire, ton 5
Хpистócъ вocкpéce изъ ме́ртвыхъ, cме́ртію cме́рть попра́въ и су́щымъ во гробѣ́xъ живо́тъ дарова́въ.
Le Christ est ressuscité des morts, par Sa mort Il a vaincu la mort, et à ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la vie.
Tropaire du dimanche de Thomas, ton 7
Запеча́тану гбу, живо́тъ отъ гбa возсія́лъ ecи́ Xpисте́ Бо́же, и двépeмъ заключе́ннымъ, ученико́мъ предста́лъ ecи́, вcѣ́xъ вocкpecéнie : ду́хъ пра́вый тѣ́ми обновля́я на́мъ, по вели́цѣй Твое́й ми́лости.
Le sépulcre étant scellé, Toi qui es la Vie, ô Christ Dieu, Tu t’es levé du tombeau, et les portes étant fermées, Toi, la Résurrection de tous, Tu t’es présenté devant Tes disciples, par eux renouvelant en nous un esprit droit, dans Ta grande miséricorde.
Tropaire du saint apôtre et évangéliste Marc, ton 3
Апо́столе святы́й и Евангели́сте Ма́рко, моли́ Ми́лостиваго Бо́га, да прегрѣше́ній оставле́ніе пода́стъ душа́мъ на́шимъ.
Ô saint apôtre et évangéliste Marc, prie le Dieu miséricordieux, afin qu'Il accorde le pardon des péchés à nos âmes.

Kondakion du du saint apôtre et évangéliste Marc, ton 2
Съ высоты́ пріи́мъ благода́ть Ду́ха, ри́торская плете́нія разруши́лъ еси́, апо́столе, и, язы́ки вся́ улови́въ, Ма́рко всесла́вне, твоему́ Влады́цѣ приве́лъ еси́, Боже́ственное проповѣ́давъ Ева́нгеліе.
D'en haut ayant reçu la grâce de l'Esprit, tu as rompu les mailles des rhéteurs,  illustre apôtre Marc, et tu as pris  toutes les nations dans tes filets pour les mener à ton Maître en prêchant l'Évangile divin.
Kondakion du dimanche de Thomas, ton 8
Любопы́тною десни́цею, жиз-нопода́тельная Tвоя́ péбра Фомá испыта́, Xpисте́ Бо́же : coзаключе́ннымъ бо двépeмъ я́ко вше́лъ ecи́, съ про́чими апо́столы вопiя́ше Тебѣ́ : Го́сподь еси́ и Бо́гъ мо́й.
Voulant s’assurer de Ta Résurrection, Thomas scruta de sa droite curieuse Ton côté vivifiant, ô Christ Dieu ; aussi, lorsque Tu entras, les portes étant fermées, il Te clama avec les autres apôtres : Tu es mon Seigneur et mon Dieu.
Au lieu de « il est digne en vérité » ton 1:
А́нгелъ вопiя́ше Благода́тнѣй: Чи́стая Дѣ́во, ра́дуйся, и па́ки реку́: Ра́дуйся! Тво́й Сы́нъ воскре́се тридне́венъ отъ гро́ба и ме́ртвыя воздви́гнувый: лю́дiе веселит́еся. Свѣти́ся, свѣти́ся Но́вый Iерусали́ме, сла́ва бо Госпо́дня на Тебѣ́ возсiя́. Лику́й ны́нѣ и весели́ся, Сiо́не. Ты́ же, Чи́стая, красу́йся, Богоро́дице, о воста́нiи Рождества́ Твоего́.
L’Ange dit à la Pleine de grâce : Vierge pure, réjouis-toi, et je te dis à nouveau : réjouis-toi ! Car ton Fils est ressuscité du Tombeau le troisième jour et a relevé les morts, peuples réjouissez-vous. Resplendis, resplendis, Nouvelle Jérusalem, car la gloire du Seigneur a brillé sur toi. Danse et crie de joie, Sion, et toi, Pure Mère de Dieu, réjouis-toi de la Résurrection de Ton Fils.

VIE DU SAINT APÔTRE MARC[1]  


Le saint et glorieux Apôtre Marc, appelé aussi Jean, était fils d’une pieuse femme de Jérusalem, Marie, qui offrait sa maison aux disciples des Apôtres pour leurs réunions de prières. Saint Pierre s’y rendait souvent et prit en affection le jeune Marc qu’il instruisit dans la foi et qu’il baptisa, le considérant comme son fils (1 Pierre V, 13). Il était aussi cousin  du saint Apôtre Barnabé (cf. Col IV, 10), et celui-ci le prit avec lui lorsqu’il partit pour Antioche en compagnie de saint Paul (Act XII, 24 ). Pendant ces voyages d’évangélisation, Marc assistait humblement les deux prédicateurs, pourvoyant à leurs besoins matériels et assimilant leur enseignement. Parvenu à Pergé de Pamphylie, Marc fut saisi de crainte devant les difficultés de la mission, et se sépara de Paul et Barnabé pour retourner à Jérusalem (Act 13, 13). Saint Paul semble avoir été froissé de cette séparation, aussi, quand ils le retrouvèrent à Antioche, il se refusa à emmener : celui qui les avait abandonnés en Pamphylie et n’avait pas été à l’œuvre avec eux (Act XV, 37). La discussion s’échauffa et Barnabé décida de s’embarquer pour Chypre avec Marc, alors que Paul partait avec Silas pour évangéliser la Syrie et la Cilicie (52). Dix ans plus tard, on retrouve saint Marc à Rome, en compagnie d’Aristarque et de Jésus le Juste, pour assister Paul dans sa captivité (Col IV, 10). De là, il partit avec la bénédiction du grand Apôtre pour visiter les chrétiens de Colosses. Lors de sa seconde captivité, Paul écrivant à Timothée, lui recommande d’amener Marc avec lui : « Car il m’est précieux pour le ministère », assure-t-il (2 Tm IV, 11). C’est aussi vers l’an 65 que Marc retrouva saint Pierre à Rome, au moment où les deux Coryphées allaient subir leur martyre. L’éclat de l’enseignement de saint Pierre avait tellement brillé dans l’esprit des nouveaux convertis de Rome qu’ils supplièrent Marc de mettre par écrit cette doctrine divine. Confirmé par une révélation, et avec l’accord de Pierre, il se mit à l’œuvre et rédigea de manière brève, simple et pleine de vie un résumé des actes et des paroles du Sauveur, conforme à la prédication du Coryphée des Apôtres. Sans se préoccuper de la présentation littéraire, ni de répondre à toutes les questions que pouvaient se poser les fidèles, il écrivit tout ce qui est utile au Salut et à la connaissance du Fils de Dieu fait homme, et rien de plus. Une fois cette œuvre achevée, saint Pierre l’envoya en Égypte pour y porter la Bonne Nouvelle. Pendant la traversée, le navire fut pris dans une tempête que Marc apaisa par sa prière, et il put faire escale dans l’île de Pittyouse, en face de la Cilicie, où il fut reçu par un notable nommé Bassos, qui avait été converti par saint Pierre à Antioche, et, grâce à son appui, il gagna à la vraie foi la plupart des habitants de l’île. Lorsqu’il aborda à Alexandrie, la sandale de Marc, usée par la marche, s’étant rompue, il la donna à raccommoder à un savetier nommé Anien. Celui-ci, frappé par l’éclat extraordinaire qui se dégageait du visage de l’Apôtre, laissa échapper son aiguille et se perça le doigt, en s’écriant : « Un seul Dieu ! » Saint Marc le guérit de sa blessure et saisit cette occasion pour l’instruire sur la vérité du seul Dieu devenu homme pour notre Salut. Anien écouta avec attention ces paroles de vie et, après avoir fait baptiser toute sa maisonnée, il quitta sa profession et tout attachement au monde pour devenir le plus étroit collaborateur de l’Apôtre. Dans cette immense cité, métropole du paganisme et de la culture hellénique, la parole de l’Apôtre, simple et dépourvue des ornements futiles de la rhétorique, retentissait comme un tonnerre, et ses miracles confirmaient ses paroles. Devant le spectacle des guérisons accomplies par la puissance de Dieu, jusqu’à trois cents païens en un seul jour demandèrent à recevoir le saint baptême. La semence évangélique commençant donc à germer, Marc organisa les premières institutions liturgiques de l’Église d’Égypte, ordonna Anien évêque d’Alexandrie  avec pour le seconder trois prêtres : Milée, Sabin et Cerdon, sept diacres et onze autres clercs de rang inférieur.. D’Alexandrie, il se rendit à Mendession  et y délivra du démon un enfant aveugle. Les parents de l’enfant, au comble de la joie, lui offrirent une forte somme d’argent, mais Marc la refusa, en disant que la grâce de Dieu ne s’échange pas pour de l’argent, et il leur recommanda de le distribuer en aumônes. Un nombre considérable de païens s’étant convertis à la suite de ce miracle, Marc fonda dans cette cité une église et ordonna un évêque, des prêtres et des diacres, puis il continua son voyage vers Cyrène de la Pentapole. Il alla ensuite évangéliser la Libye, où il convertit un grand nombre. De là, saint Marc passa en Marmarique. Une nuit, le Seigneur lui apparut en vision et lui ordonna de retourner à Alexandrie pour y achever sa mission. Malgré les pleurs et les supplications des nouveaux convertis qui voulaient retenir leur père et sauveur, l’Apôtre, confirmé par une nouvelle vision lui annonçant qu’il devrait sceller sa mission par la gloire du martyre, s’embarqua pour Alexandrie, où il put admirer les progrès de l’évangélisation pendant ses deux années d’absence. Toutefois les païens et les Juifs ne pouvaient supporter les succès remportés par le disciple du Christ et, grinçant des dents, ils cherchaient une occasion de le perdre. Une année où la célébration de Pâques coïncidait avec la fête du dieu Sérapis — fête que les païens d’Alexandrie avaient coutume de célébrer par d’ignobles dérèglements — ils se précipitèrent sur le saint, au moment où il célébrait la Divine Liturgie et le traînèrent jusqu’à l’amphithéâtre, où se trouvait le gouverneur, en l’accusant de pratiques magiques. Aux accusations pleines de haine, l’Apôtre répondit calmement et exposa, comme à son habitude, en peu de mots, la sublime doctrine du Salut. Déconcerté et ne pouvant rien objecter à ses arguments, le gouverneur se tourna vers la foule, demandant ce qu’il devait faire de Marc. Les uns criaient de le brûler devant le temple de Sérapis, les autres de le lapider. Finalement, sur l’ordre du magistrat, il fut étendu à terre, les membres écartelés, et fut cruellement fustigé. Puis la populace, s’emparant du corps meurtri du saint, le traîna durant tout le jour dans les rues de la ville, en arrosant les pierres et la terre de son sang. Le soir venu, on l’enferma en prison, où, vers minuit, un ange vint le réconforter. Au matin du samedi 4 avril, les bourreaux l’attachèrent à une corde et le traînèrent, comme la veille, jusqu’à un lieu nommé Boucole, où il trouva la mort. Il était âgé de cinquante-sept ans. Par la suite, on édifia une église au-dessus du tombeau du saint Apôtre à Boucole, qui devint le haut lieu de la piété des chrétiens d’Alexandrie. En 828, le corps de saint Marc fut transporté à Venise, dans la fameuse basilique qui lui est dédiée, mais son crâne resta en Égypte.



[1]. Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras (version abrégée).

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