lundi 6 juin 2016

Higoumène Danielle [Myasnikova]: "Un Père Spirituel n’est pas un baby-sitter, on devrait penser par soi-même" (1)

Hegumenia Daniila (Myasnikova): “A Spiritual Father Is Not a Babysitter, One Should Think for Oneself”

Comme jeune fille, elle menait une vie ordinaire à Saint-Pétersbourg: elle avait une famille typiquement soviétique, était habile en dessin et elle est entrée dans le Département de design d’une école d'art. Puis elle a commencé à chercher le sens de la vie dans la musique rock, le mouvement hippie, le tourisme, même chez les célèbres rockers punks de Pétersbourg, et... dans le christianisme orthodoxe.

L'higoumène se souvient du début de sa vie orthodoxe avec un sourire. Il n'y avait pas Internet, elle n'avait pas eu de bonne littérature et elle avait peur d’aller vers un prêtre. Ainsi, la principale source d'information, devint les dames âgées d’une église, qui partageaient librement les connaissances nécessaires et la littérature populaire de l'église avec les jeunes novices. L’higoumène Danielle a souligné qu'il était difficile de distinguer la vérité de la superstition, cependant, elle a appris en quelque sorte «comment allumer une cierge pour quelque chose, comment se signer, aller à confession, et recevoir la Sainte Communion".

Après avoir accidentellement découvert l'institution des Pères spirituels, elle a commencé à chercher un Père, et une paroisse qui pourrait devenir la sienne. Après sa recherche dans les églises de Saint-Pétersbourg, elle a trouvé une église récemment ouverte en l'honneur des saintes martyres Foi, Espérance et Charité et de leur mère Sophie [Véra, Nadèjda et Lioubov]. Le recteur de l'église était le hiéromoine Loukian, qui est maintenant l’évêque Loukian [Koutsenko] de Blagoveshtchensk et de Tynda.

La future moniale trouva la vie de paroisse spectaculaire. Peu à peu, ses intérêts commencèrent à changer: elle donna à ses amis les affiches des musiciens de rock, et mit à la place une petite icône du Sauveur sur son mur. Grâce au Père Loukian en particulier, elle apprit que l'on pouvait non seulement être visiteur dans une église, mais que l’on pouvait également utiliser ses compétences pour l'objectif commun. Père Loukian accueillait souvent les jeunes avec les mots: "Que faites-vous? Regardez la quantité de travail nécessaire à faire dans l'Eglise! "

La combinaison de la foi et de l'action fut un appel pour elle. Mère Danielle a noté que tout a commencé par de petites choses: «Nous avons conçu des certificats d'église pour les paroissiens les plus assidus. Nous avons conçu un projet pour l'iconostase par nous-mêmes, du mieux que nous le pouvions. Dirigés par le recteur, nous avons réparé et peint notre église nous-mêmes, de nuit. "

D’abord les icônes pour l'église ont été dessinés par un artiste amateur d'Odessa, elles devaient chacune être rapportées de la ville. Puis, le recteur a décidé d'ouvrir un studio. Il a donné des photos d'icônes à de jeunes orthodoxes qui savaient dessiner, et leur a demandé de les copier. La nouvelle activité a été difficile pour Mère Danielle, qui ne pouvait pas imaginer elle-même devenir un enseignante de l'église, peignant à des milliers de kilomètres de sa ville natale.

À l'époque, une chapelle était nécessaire, dans les locaux du Couvent de la Protection de Tervenitchi, qui était en cours de restauration. La paroisse ne pouvait pas payer les frais demandés par des architectes locaux, donc le Père Loukian bénit ses enfants spirituels pour essayer de concevoir le projet. Le projet fut achevé en deux jours, ce qui, bien sûr, devaient être plus tard corrigé lors de la construction, mais ce fut un succès. Mère Danielle commença à étudier l'architecture.

Après vingt ans, le couvent de la Protection de Tervenitchi était terminé en raison des efforts de deux personnes sans éducation formelle en architecture.

Aujourd'hui, Mère Danielle est l'higoumène du couvent dédié à l’Icône de la Sainte Mère de Dieu d’Albazine dans la région de l'Amour. Elle passe son temps à travailler comme cela lui a été enseigné par le Père Loukian. Elle choisit elle-même le bois, la peinture, le charbon et tout ce qui est nécessaire pour le nouveau couvent. Les gens ne vont-ils pas dans les monastères pour la dévotion privée?

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

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