mercredi 20 janvier 2016

Jean-Claude LARCHET: Lioubomir Mihailovitch, Le monastère orthodoxe de Žiča (Jitcha). Au cœur de la spiritualité serbe, Metokhia, Paris, 2015, 128 p.




Ce petit livre présente l’histoire passée et récente du monastère de Žiča (Jitcha), qui est situé au cœur de la Serbie et est l’un des plus anciens monastères serbes, fondé au début du XIIIe siècle par le roi Stefan le Premier Couronné et son frère saint Sava, premier archevêque serbe.

Après l’évocation de la construction et de la décoration du monastère et de son église, l’auteur donne la traduction d’un sermon qu’y a prononcé saint Sava lors de la fête de l’Ascension 1221. Il évoque ensuite les premières destructions et reconstructions entre le XIIIe et le XVIe siècle, puis, du XVIIe au XIX siècle les combats pour la survie du monastère face aux incessantes exactions ottomanes. Un chapitre entier est dédié à l’œuvre de restauration entreprise en 1855-1857 par l’évêque Joanikije Nešković. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le monastère vit la reprise des cérémonies d’onction des monarques (Žiča étant à la monarchie serbe ce que fut Reims à la monarchie française). Pendant l’épiscopat de saint Nicolas Velimirović (qui prit place entre 1934 et 1941), le monastère connut une renaissance spirituelle remarquable. C’est au monastère que se réunissait lors des grandes fêtes le mouvement des Bogomoljci (Ceux-qui-prient-Dieu) que saint Nicolas avait fondé, et l’on compta jusqu’à 100.000 participants lors de la fête de l’Exaltation de la Croix de 1938, ce qui donne une idée de son ampleur. C’est à la fin des Liturgies qu’il célébrait que l’évêque Nicolas avait l’habitude de prononcer ses homélies, qui ont laissé une marque indélébile sur tous ceux qui l’écoutaient. Il commençait souvent à parler les yeux fermés, puis il les ouvrait et parcourait du regard toute l’assistance. « Chacun, rapporte son ancien élève l’archimandrite Jovan Radosavljević, avait l’impression que l’évêque le regardait et s’adressait à lui personnellement. Une force bienfaisante et une énergie irradiaient de lui, de sorte que son homélie conduisait les assistants vers une joie quasi céleste. Puis quand il tapait du pied ou avec sa crosse épiscopale, ou quand il faisait un geste de la main avec la croix, nous sentions tous qu’il voulait souligner une pensée ou une expression, afin que tout le monde s’en souvienne car elles venaient du Christ et étaient salvatrices. À la fin, il bénissait toute l’assistance, puis récitait des prières pour les malades rassemblés devant les Portes Royales de l’iconostase. Au moment d’ôter ses ornements liturgiques, il les déposait sur les malades et la puissance bienfaisante de ses saintes prières était si connue que des malades venaient de très loin pour qu’il prie pour eux. » L’évêque Nicolas avait l’intention de créer en ce lieu un grand centre spirituel pour le peuple serbe, mais la Seconde guerre mondiale l’empêcha de réaliser ce projet. Cette guerre fut pour le monastère un véritable martyre, les nazis ayant la volonté de détruire le patrimoine spirituel serbe. L’évêque Nicolas fut arrêté en juillet 1941, et le monastère bombardé en octobre de la même année. L’higoumène Danilo, le père Rafaïlo et quelques moniales âgées restèrent cependant sur place afin de garder ce qui restait des bâtiments. Un chapitre évoque les années de l’après guerre, redues difficiles par le manque de moyens matériels pour assurer la reconstruction et par les persécutions du nouvel État communiste. Des administrateurs succédèrent à l’évêque Nicolas, avant que puissent être nommés deux évêques qui contribuèrent successivement à la restauration matérielle et spirituelle du monastère: Vasilije Kostić et Stefan Boca. Les malheurs du monastère n’étaient pas finis pour autant, puisqu’il subit de gros dommages lors du tremblement de terre de 1987. Un dernier chapitre évoque le dynamisme actuel du monastère. Il est suivi d’une homélie prononcée par l’évêque Nicolas le 15 août 1940, et d’un entretien avec l’actuelle higoumène, Mère Hélène. Une annexe présente des photos en couleur qui donnent un aperçu des bâtiments, des quelques belles fresques anciennes qu’ils ont conservées, et des travaux iconographiques et agricoles actuel des moniales.

Le livre, qui est un bel hommage à l’un des plus importants monastères serbes, qui fait connaître une histoire peu connue du public francophone, et dont plusieurs chapitres évoquent la puissante et rayonnante personnalité de saint Nicolas Vemimirović, peut être acquis au prix de 5 euros à l’église Saint-Sava, rue du Simplon, Paris XIXe.


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