samedi 19 septembre 2015

Entrevue avec l'archimandrite Joachim [Parr] (11)


Père Joachim avec des pèlerins russes


Y a-t-il une différence entre les chrétiens orthodoxes russes et américains?

Non, il n'y a pas de différence, l'homme est homme partout. Et la raison en est que nous sommes des êtres humains. Être russe ou américain ou allemand n'a rien à voir avec cela. 

"Sommes-nous orthodoxes?" Telle est la question. Il y a beaucoup de Russes qui ne sont pas orthodoxes, ils ne font que se donner ce nom; et il y a beaucoup d'Américains qui ne sont pas orthodoxes, mais qui se disent orthodoxes. 

Si vous ne vivez pas l'Evangile, si vous ne donnez pas ce que vous êtes censé donner au Christ et à vos frères, vous n'êtes pas orthodoxe. Cela n'a pas d'importance si je porte une croix autour de mon cou ou une soutane comme je le fais, si je n'aime pas, si je ne vois pas mon frère, si je ne pardonne pas à mes ennemis, je ne suis pas orthodoxe. Je suis un pharisien. C'est un problème, parce que nous ne savons pas comment aimer.

Tout cela concerne l'amour...

Il n'y a que l'amour! Même les Beatles l'ont chanté!*

Abba Dorothée a écrit que l'amour est une bride pour l'irritation. L'irritation est un gros problème aussi.

Cela ne veut pas dire que "Parce que l'on, on ne sera jamais irrité." Cela signifie que si on essaie d'aimer et que l'on est fier, plein d'amour-propre, tout   nous irritera. L'amour ne nous amène jamais à être irrité; c'est l'amour de soi qui provoque toute destruction.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Pravoslavie.ru

NOTE:
* The Beatles (1967): All you need is love ( On n'a besoin que d'amour)

vendredi 18 septembre 2015

Entrevue avec l'archimandrite Joachim [Parr] (10)



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Pourquoi le pardon est-il parfois un réel problème pour les êtres humains?

A cause de l'orgueil: "Tu m'as fait cela, pourquoi devrais-je te pardonner? Tu me fais mal, Tu m'as menti, tu n'as pas pensé pas à moi, tu n'as pensé qu'à toi-même. Je suis en colère contre toi, je ne te pardonne pas!"

Mais c'est vraiment difficile parfois... nous pouvons pardonner dans notre cœur, mais nous ne voulons pas voir cette personne chaque jour.

Ce n'est pas là le pardon! C'est comme dire, "je ne vais pas à l'église, parce que Dieu est dans mon cœur." 

Si un homme meurt de faim et que je ne lui donne pas de nourriture, puis-je l'aimer? Non! Je lui dis: "Ne t'inquiète pas, Je t'aime dans mon cœur! Ne meurs pas, ça va aller!"

Nous devons demander pardon et ne pas être fiers. Notre orgueil, voilà le problème. Si la personne nous demande de lui pardonner et que nous ne le faisons pas, nous sommes idiots, et si quelqu'un ne demande pas pardon, il ressemble également à un idiot. 

Le Seigneur a dit: "Si vous ne pardonnez pas à votre frère, je ne vous pardonnerai pas!"

Parfois, il est difficile pour les personnes âgées de pardonner rapidement; elles insistent en disant que leur âge leur donne le privilège de ne pas demander pardon.

C'est parce qu'elles ne savent rien de l'amour des autres. Elles disent: " Et moi alors?"



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

jeudi 17 septembre 2015

Entretien avec saint Seraphim de Sarov (26/31)


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L'amour rejoint l'amour, la dévotion rencontre l'obéissance, puis vient la liberté, la liberté véritable.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après une brochure intitulée
One Month with Saint Seraphim

Entrevue avec l'archimandrite Joachim [Parr] (9)


Père Joachim, que pensez-vous de tous les débats actuels sur la suppression de la confession avant la communion?

Si nous ne péchons, nous ne devrions pas avoir à aller à la confession. Les gens disent, "Pourquoi dois-je aller à la confession?" La réponse est: vous avez besoin de changer votre vie, vous devez être conscients de la façon dont vous vous êtes éloignés de Dieu, conscients que votre relation première n'est pas avec Dieu. Par conséquent, vous péchez, en n'aimant Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme et de tout votre esprit. 

Lorsque vous venez à la confession, vous dites: "Je désire être meilleur, mais je suis brisé, je n'y arrive pas." 

La confession, c'est non seulement dire vos péchés, mais c'est avoir une connexion immédiate d'une manière spéciale avec le Christ. Il est là pour vous aider à vous redresser et à faire ce qui convient. Vous allez dire: "Seigneur, me voici de nouveau; j'ai essayé et j'ai oublié, je me suis battu et j'ai renoncé. Pardonne-moi afin que je puisse être avec Toi. "

Vous venez vers votre époux et vous dites: "Peux-tu m'aider?" Il dit: "Bien sûr, de quoi as-tu besoin?" 

Et vous dites: "Je ne me sens vraiment pas bien, les enfants sont impossibles en ce moment. Peux-tu prendre les choses suivantes au magasin demain après le travail?" 

"Oui, bien sûr!" répond-il. 

Donc, il rentre à la maison le lendemain soir et ... il a oublié! 

Il ne voulait pas oublier, il a juste eu tant à faire, qu'il a oublié d'aller au magasin. Il lui reste à dire qu'il est désolé, que cela ne signifie pas  qu'il ne vous aime pas… C'est cela la confession.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


Des serres agricoles pour cultiver la solidarité et l’autonomie des enclaves chrétiennes


SOLIDARITE KOSOVO


Des serres agricoles pour cultiver la solidarité et l’autonomie des enclaves chrétiennes


Des serres pour cultiver la solidarité et l’autonomie
La redynamisation économique des territoires chrétiens par le développement d’activités rurales est l’une des priorités de Solidarité Kosovo. Depuis la construction de la ferme alpine en 2013, qui fait figure de première réalisation en la matière, l’ONG française n’a eu de cesse de lui ramifier des programmes agricoles complémentaires, comme la mise en place d'une laiterie en 2014 ou encore la création d'une ferme bovine qui est actuellement en cours de construction. Depuis cet été, une nouvelle opération périphérique s’est ajoutée à cette dynamique de relance de la production et de la commercialisation, celle de la culture sous serre.
Le développement rural : une priorité humanitaire renouvelée 
Solidarité Kosovo poursuit depuis trois ans un programme en faveur de l’autosuffisance alimentaire des chrétiens de la province. Dans cet esprit, sa collaboration ambitieuse avec la soupe populaire diocésaine vient d’être pérennisée à travers un nouveau projet agraire, celle de la culture sous serre. Pour Svetlana, directrice de la soupe diocésaine, « cette pratique a été retenue parce qu’elle ne requiert qu’un petit capital de départ tout en nous permettant de produire plus. » Plus de fruits et de légumes donc au bénéfice des familles serbes les plus démunies mais pas seulement puisqu’une  partie de la production - les fleurs exclusivement- sera réservée à la vente. « Ici encore l’objectif est à la rationalisation. Les emplois générés par la mise en œuvre de la production sous serre seront autofinancés grâce aux ressources financières dégagées par les ventes», explique l’homologue serbe de Solidarité Kosovo.
L’enjeu territorial du développement de la culture agraire
Pour mettre en œuvre le projet de culture sous serre, il restait encore à trouver le terrain adéquat.  Le choix mûrement réfléchi s’est porté sur une terre de l’Église située dans le nord du Kosovo. Une décision qui a aussitôt reçu la bénédiction des plus hautes autorités religieuses et pour cause. «À travers cette initiative solidaire, il s’agit d’encourager tous les propriétaires chrétiens à réinvestir et à cultiver leurs terres arables » explique Arnaud Gouillon, directeur de Solidarité Kosovo. « Depuis la guerre, la majorité des terrains agricoles ont été laissés à l’abandon. Certains d’entre eux ont été « accaparés », d’autres sont encore en friche. C’est une conséquence directe de l’exil forcé des chrétiens mais aussi  des menaces et des vols d’engins agricoles qu’ils ont subi» complète père Serdjan correspondant sur place de l’ONG. 
Une opération pionnière pour une souveraineté alimentaire
Cette opération fait ainsi figure de démarche pionnière pour redonner confiance et courage aux agriculteurs et permettre aux populations chrétiennes du Kosovo de passer à terme d’une autonomie à une souveraineté alimentaire en se réappropriant l’accès à leurs ressources naturelles.
En finançant l’achat et l’installation des trois serres agricoles, Solidarité Kosovo a pris partie intégrante à cette opération qui saura nul doute porter ses fruits et gagner du terrain au bénéfice de la population chrétienne.
***
L'équipe de "Solidarité Kosovo"

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mercredi 16 septembre 2015

Entrevue avec l'archimandrite Joachim [Parr] (8)


Pourquoi est-il si difficile de prier pour nos contemporains?

L'homme moderne veut être distrait et amusé. Il ne veut pas se sacrifier, ou donner: il n'est concerné que par ce qui lui plaît. La prière concerne Dieu, pas nous. La prière est une prise de conscience que Dieu est présent. Nous ne rendons pas Dieu présent; Il est toujours présent, Il est présent ici en ce moment et nous devons être conscients de cela: Il est ici avec nous. Voilà ce qu'est la prière: vivre dans la présence de Dieu, parler à Dieu avec votre âme, avec votre vie: tout est axé sur Lui. 

Disons que vous faites cette interview dans une grande salle avec des centaines de personnes. Vous ne pouvez pas voir tout le monde parce que la lumière est sur la scène, mais vous savez que les gens sont là-bas sur leurs sièges. Et un homme que vous venez de rencontrer il y a un mois et dont vous êtes follement amoureuse (vous pensez à lui tout le temps) dit qu'il veut venir à l'interview. Vous dites: "Ce n'est pas du tout possible! Tu ne peux pas être là, parce que je penserai à toi tout au long de l'interview. Je vais être nerveuse et je penserai à de quoi j'ai l'air, à ce que je fais, etc. " C'est parce que votre vie est centrée sur lui. Voilà le genre de relation que nous devons avoir avec Dieu. Mais nous ne ne le faisons pas, nous nous concentrons sur nous-mêmes, ou sur quelqu'un d'autre que Dieu.

L'honneur, la moralité et la dignité ne sont toujours en baisse et se dévaluent de nos jours. Nous pouvons entendre constamment: "Vous devez être agressif, égoïste, individualiste, et obtenir tout ce que vous pouvez  de la vie". Comment les chrétiens devraient-il réagir à ce qui se passe? Que doivent faire les parents pour préserver chez leurs enfants  les valeurs de base, qui sont si souvent détruites dans un monde sans Dieu?

Encore une fois, nous revenons au Christ. Il a dit: "Vous devez être dans le monde, mais pas du monde." Vous ne pouvez pas avoir les valeurs du monde si vous voulez être chrétien. Le chrétien est le contraire de la vision du monde. 

Le monde selon la vie spirituelle est l'état de l'homme après la chute d'Adam- comment nous sommes spirituellement après la chute d'Adam. Je veux dire la vie spirituelle, la réalité spirituelle. Depuis la chute, l'homme a terriblement souffert parce qu'il ne comprend pas le message de l'Evangile -il est difficile pour lui, l'homme ne comprend que son propre égoïsme. L'Evangile, le Christ nous le dit, ne possède pas un système de valeur du monde. Comme chrétiens, nous ne pouvons pas vivre comme vit le monde; si nous le faisons, nous ne sommes pas chrétiens.

L'Evangile donne un point de vue tout à fait différent, mais nous ne le savons pas, et nous ne gardons pas les valeurs de l'Evangile. Par conséquent les gens se perdent. Ils pensent: "Pourquoi, dans la rue, devrais-je aider quelqu'un qui ne travaille pas ou qui boit? Je travaille tout le temps, pourquoi devrais-je donner de l'argent pour lui, si je sais qu'il l'utilisera pour de la drogue? La réponse est: Pourquoi Dieu devrait-Il vous permettre de vivre quand vous ne faites jamais ce qu'Il vous dit? Pourquoi Dieu devrait-Il vous permettre de vous réveiller le matin, quand vous n'aimez personne que vous-même? Parce qu'Il vous aime! 

L'amour va au-delà du comportement d'un homme vers ce qu'il est en vérité. C'est tout! Nous ne voyons que ce qui nous arrive, comment nous allons en tirer profit, voilà comment nous jugeons tout. Lorsque vous ne connaissez pas Dieu, quand vous n'avez pas de relation avec Lui, vous vous faites Dieu. Peu importe ce que Dieu dit; vous ne savez même pas ce qu'Il dit. Ce qui importe seulement, c'est ce que vous aimez ou n'aimez pas.

Certaines personnes disent: "Je ne crois pas en Dieu, qui se soucie d'avec qui je dors? Quelle différence cela fait-il, si je ne fais de mal à personne? Je fume, je prends de l'héroïne, je bois -qui cela regarde-t-il? Je ne dérange personne, que moi-même! Je paie mes factures; quel mal y a-t-il à cela?" "Je suis" est la complétude de mon existence; je ne suis pas dans une relation avec quelqu'un d'autre que moi. Je ne m'en remets pas à Dieu, je ne sais rien à propos de Dieu, je ne fais que mon propre "truc". Ceci se termine en guerres, en familles brisées, en haine, et en fuite constante d'une relation à l'autre.

Les vies des gens sont pleines de vide. Vous ne pouvez pas prendre les valeurs du monde si vous voulez être chrétien. 

Le Seigneur dit: "Aimez vos ennemis." Comment pouvez-vous tuer votre ennemi, si vous l'aimez? Nous croyons que les possessions sont plus importantes que les gens; que la richesse est plus importante que de servir votre frère et prendre soin de lui. 

Chaque homme est devenu son propre dieu. Tout tourne autour de la relation: il n'y a pas de relations entre les gens de nos jours. Si votre mère vous dit qu'elle a besoin d'aide, besoin d'argent, vous  l'aiderez, n'est-ce pas? Mais si un étranger vous dit cela, que ferez-vous? Vous direz, "Vous ne travaillez pas? N'avez-vous pas un endroit pour vivre? "Correct? Vous ne seriez pas immédiatement ouvert et vous n'aideriez pas, parce que vous n'avez pas de relation avec cet homme. Mais quand vous avez cette relation, toute votre vie est différente. La raison pour laquelle nous sommes immoraux, la raison pour laquelle nous ne prenons pas soin du monde, c'est parce que nous ne sommes pas en relation avec l'autre.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après





Sur l'excellent blog du moinillon


mnikh-fond


du masochisme, « n'est-ce pas » ?!

Je veux parler des 30 minutes de
L’émission «Une foi pour toutes» de septembre sur RCF – Liège, produite par le père Guy Fontaine, consacrée à la situation à l’Institut Saint-Serge avec une interview de Jean-François Colosimo, publiée sur orthodoxie.com.
Quelques citations, heureusement entrecoupées de musique baroque, où on découvre que certains peuvent utiliser le mot « orthodoxie » comme bon leur semble :
— « idéal de liberté menacé par un esprit totalement régressif et clérical » (04:10)
— « l'institut — carrefour, lieu d'échanges » (08:10)— « les professeurs (de l'institut) seraient nuls, mais ceux qui disent cela ont fait leurs études à l'institut : ayant des professeurs nuls, ils doivent être eux-mêmes nuls... » (13:10)Heureusement que tous ceux qui ont eu des profs nuls ne sont pas devenus nuls — ce n'est pas une maladie contagieuse !— « Nous sommes largement dans notre vocation qui est le témoignage d'une (sic) orthodoxie libre, ouverte, osant aller à la rencontre des autres sans peur et sans reproche » (15:20)— « Même Dieu se soumet à ce principe du repos (à propos de «l'année sabbatique» de l'institut : en fait, il m'a piqué l'expression — voir le billet où la raison est indiquée de façon plus franche : avant tout en signe de résistance à la "volonté liberticide" de Mgr Job Getcha) » (17:40)— « pour le temps de la contemplation... » (toujours à propos de l'année sabbatique)— « nous avons besoin de réfléchir à ce que nous sommes, ce que nous voulons être, face aux défis renouvelés du témoignage d'une tradition créatrice à l'horizon du XXIe siècle »  (18:15) (nos énarques n'auraient trouvé mots plus justes)— « être à la hauteur de notre héritage, c'est manifester une intelligence vivante de la foi » (19:50).— « un peu bizarre cette collectionnite des rangs dans l'Église : archimandrite, évêque, archevêque... tout ça est profondément condamnable » (Rien que ça !)  (20:00)— « [à l'institut, les étudiants ne trouveront pas] la théologie bêtement fermée qu'on leur a enseignée dans leur pays, mais ce sera LA théologie de l'Église » (22:50) (c'est pas la modestie qui nous fait défaut)

*
Comme on l'aura compris, ce n'est pas franchement une pub pour cette interview.
Personnellement, je ne vois pas comment on peut gérer un institut de théologie orthodoxe avec des gens pareils. Je parle d'une école de théologie orthodoxe, pas d'une école "protestantiste", pas d'une école d'intellos post-soixante-huitards. Et c'est probablement là le problème aujourd'hui.

Soirée « Orthodoxie géorgienne » ce jeudi 17 septembre à l’auditorium de la Mutuelle Saint-Christophe, avec Jean-Claude Larchet et l’ensemble Harmonie géorgienne dirigé par Nana Peradze



Ce jeudi 17 septembre 2015 à 19h30, les éditions L’Âge d’Homme, en collaboration avec Orthodoxie.com et la Mutuelle Saint-Christophe, organisent une soirée consacrée à la Géorgie orthodoxe.
Après avoir rappelé l’histoire de l’Église géorgienne, Jean-Claude Larchet présentera son livre, Saint Gabriel, fol-en-Christ de Géorgie, récemment paru dans la collection « Grands spirituels du XXe siècle » aux éditions L’Âge d’Homme. Des extraits de la Vie et des enseignements spirituels de saint Gabriel (1929-1995), seront lus par Zorica Terzic. Un récital de chants religieux géorgiens sera ensuite donné par l’ensemble Harmonie géorgienne dirigé par Nana Peradze. La soirée se terminera par une séance de dédicaces.
Jeudi 17 septembre 2015 à 19 heures 30
Auditorium Jean XXIII
Mutuelle Saint-Christophe

mardi 15 septembre 2015

Entrevue avec l'archimandrite Joachim [Parr] (7)


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Les gens disent souvent: "Dieu est dans mon âme, cela me suffit ..."

Et ils n'ont pas besoin d'une église, n'est-ce pas? Ils pourraient tout aussi bien dire: "La nourriture est dans mon estomac, je n'ai pas besoin de manger." Ou: "L'air est dans mes poumons, je n'ai pas besoin de respirer." Quelle absurdité! C'est seulement une excuse pour ne rien faire. La foi est une relation; elle n'existe pas par elle-même. Ces gens s'aiment, ce sont des individus et ils nient le fait qu'ils doivent être en relation avec leurs frères. Ils disent: "J'aime tout le monde! J'aime Dieu. Dieu est en moi, je n'ai pas besoin d'une église." C'est absurde! Ce qu'ils veulent dire c'est: "Je ne veux pas faire de sacrifices, je ne veux pas en faire partie, je veux juste vivre ma propre vie comme je l'entends."

Certaines personnes disent qu'il est trop tôt pour eux d'aller à l'église, ils sont trop jeunes pour cela, même s'ils ont quarante ou cinquante ans.

Je dirais -tu ferais mieux d'y courir! Il est peut être trop tard! Peuvent-ils garantir qu'ils seront ici demain? Ils espèrent seulement qu'ils seront ici. Mais que faire si Dieu les appelle demain? Que vont-ils dire? Désolé, Seigneur, j'attendais, je ne veux pas donner ma vie pour Toi, je suis trop occupé, je suis trop égoïste, je n'aime que moi. Nous devons enflammer des gens comme ça. Invitez-les à prendre le thé avec moi et nous allons en parler (rires).

Parfois, nous devenons froids envers la réception de la Communion, nous allons à l'église par habitude. Cela arrive tout le temps. Tout le monde a ses hauts et ses bas dans la vie spirituelle. Un jour j'ai entendu une pensée incroyable selon laquelle nous, chrétiens, devons toujours avoir un feu dans nos âmes, au plus profond de nos cœurs. Comment devrions-nous maintenir ce feu?

Nous devons désirer Dieu et l'Eglise et dans le même temps, nous devons faire tout ce qui est nécessaire pour maintenir en vie ce désir. 

Prenez par exemple les jeunes femmes: Elles veulent paraître mieux parce qu'elles ont de la vanité. Elles évitent les choses dont elles n'ont pas besoin, elles veulent être en bonne forme, et sont continuellement à faire attention à rester minces. Les femmes veulent être belles; cela les motivent, elles ne l'oublient jamais. Elles se lèvent le matin, se lavent le visage, mettent du maquillage, se peignent les cheveux et vont travailler. Elles n'oublient pas ces choses, elles ne se lèvent pas et vont ensuite à l'extérieur avec leurs cheveux tout emmêlés ou dans des vêtements froissés, parce qu'elles ont une image qu'elles savent devoir maintenir, Elles veulent avoir l'air présentables. 

Donc, voilà comment nous devons aimer Dieu: toujours avoir cette conscience, toujours L'avoir dans notre esprit. Les gens n'oublient pas de quoi ils ont l'air, mais ils oublient la prière,  Dieu, [ils oublient] d'aimer leurs frères, seulement parce qu'ils se concentrent sur eux-mêmes. Ils ont l'énergie, ils la direction à prendre, mais cela aboutit au mauvais endroit: vers eux-mêmes.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

lundi 14 septembre 2015

Entrevue avec l'archimandrite Joachim [Parr] (6)


Les chrétiens aspirent à être missionnaires. Que devrions-nous faire exactement et quelle est la mission principale de l'Église orthodoxe?

La mission de l'Eglise nous a été donnée par le Christ: d'aller, enseigner à toutes les nations qui est Dieu, les baptisant au nom du Père, du Fils et l'Esprit Saint. Voilà la directive du Christ. C'est d'amener les gens sur la voie du Père; et le Christ est le chemin, la vérité et la vie. 

La mission de l'Eglise est d'amener tous les gens au salut, d'enseigner qui est Jésus Christ. Un chrétien orthodoxe qui ne croit pas que Jésus-Christ est le chemin, la vérité, et la vie, n'est pas sur le droit chemin. Vous devez croire avant de pouvoir donner cela à quelqu'un d'autre; vous devez faire que cela fasse partie de votre vie. Les missionnaires doivent être d'abord des chrétiens. Et l'Eglise a une mission: amener le Christ à tout le monde. Les gens disent, "Toutes les religions sont les mêmes, peut importe la manière dont nous croyons." Bien sûr, que cela importe!

En ce qui concerne les services sociaux: Je pense qu'il est très regrettable que dans la plupart des cas, ils vous soulagent de la relation que vous pourriez avoir, vous éloignent de l'occasion de vous engager auprès de vos frères et sœurs qui souffrent. Vous mettez de l'argent dans la boîte, vous achetez de la nourriture ou quelque chose et vous dites: "J'ai donné mon aumône, j'ai fait ma part. J'ai aidé une école et un hôpital." Mais vous ne voyez jamais la personne. Vous payez pour vous-même. Vous donnez de l'argent pour vous sentir mieux, pas parce que vous aimez votre frère ou que vous vous souciez de lui.

Que pensez-vous qu'est le plus grand fléau social en Russie? Que voyez-vous partout autour de vous? Je pense que la plus grande maladie de nos jours est la solitude. Presque tout le monde est solitaire; les gens ne supportent pas le silence, ils ne peuvent pas supporter d'être seuls, parce qu'ils sont vides et effrayés. Les jeunes prennent de la drogue et de l'alcool pour ne pas sentir la douleur. Ils ont la musique pour les détourner de penser. Ils utilisent la vidéo et des choses visuelles, ils ont des rapports sexuels, mais pas de relations, ils ont de l'argent, des jouets, et travaillent jusqu'à la mort afin de ne jamais devoir être seuls. La solitude est la plus grande maladie de notre société. Et elle est là parce que nous ne sommes pas dans une relation avec Dieu, avec nos frères, et nous-mêmes. Nous avons une peur mortelle.

L'Église est assez simple, elle suit les traces de Jésus-Christ. Qu'est ce qu'Il a fait? Pourquoi est-Il venu? Que devons-nous faire pour atteindre la vie éternelle? 

Le Christ a dit très clairement: "Quoi que vous fassiez à vos frères et sœurs, vous le faites pour moi. Quand j'avais faim, vous ne m'avez pas donné de nourriture, quand j'avais soif, vous ne m'avez pas donné à boire, quand j'étais en prison vous n'êtes pas venu me rendre visite, lorsque je me sentais seul vous n'êtes pas venus me voir." Et ils ont dit: "Quand, Seigneur, quand étais-tu en prison? Quand as-tu jamais eu faim? "Et le Seigneur répondit: "Chaque fois que votre frère avait faim ou soif, était en prison, seul, nu, ou sans-abri, c'était moi et vous ne m'avez pas aidé."

Voilà le commandement du Christ. Si nous voulons voir Son visage nous devons aimer nos frères. 

Il a dit: "Celui qui me voit, voit le Père." Nous pouvons extrapoler et dire: "Si vous voyez le Christ dans votre frère, vous voyez le Christ." Si vous vous reconnaissez en Jésus-Christ, le Père, alors vous reconnaîtrez Jésus-Christ dans votre frère. Voilà comment vous pouvez voir le visage du Christ. Si vous ne pouvez pas Le voir dans votre frère, vous ne le verrez jamais. Voilà pourquoi nous souffrons. Pourquoi l'Église est-elle ainsi déconnectée de la société? C'est parce que nous n'écoutons pas le message. Vous vivez à Moscou, où la majorité des gens entre quinze ans et quarante ans ne sont pas intéressés par l'Eglise, ils n'y pensent même pas.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Les pays musulmans refusent d'accueillir les migrants...

migrant refugee

Une caricature politique 
montre du doigt 
les pays du Golfe
 pour leur inaction, 
avec une légende qui dit: 
Les réfugiés accueillis par: 
Arabie: 0,
 Koweït: 0, 
Qatar: 0, 
Emirats: 0, 
Bahreïn: 0 

Librairie de la Transfiguration


Le monastère de la Transfiguration a le plaisir de vous annoncer la parution de deux nouveaux ouvrages

Sentences des Pères du désert. Série des anonymes.

Traduit par Dom Lucien Regnault, moine de Solesme.


 

Saint Gabriel. Fol-en-Christ de Géorgie.

De Jean-Claude Larchet

 

dimanche 13 septembre 2015

Entrevue avec l'archimandrite Joachim [Parr] (5)



Vous avez accepté l'Orthodoxie en 1970. Quelle était la principale raison de votre décision?

Il n'y a aucune raison principale, il y a une seule raison, c'est un développement. Avec l'Orthodoxie j'ai trouvé l'Eglise apostolique comme elle a été vécue au temps où les apôtres vivaient, dans les cent premières années de l'Église. 

Ce même désir, ce même niveau de réalité est encore vivant seulement dans l'Orthodoxie. L'idée de la connexion à l'Eglise apostolique, d'obéissance aux Pères de l'Église, d'être héritier des Conciles œcuméniques, de la pureté de notre foi… tout est resté semblable. Tout le monde dans l'Église n'a pas atteint cela, tout le monde même dans l'Église ne sait pas de quoi il s'agit; mais cela ne signifie pas que l'Eglise ne soit pas ainsi. L'Église comme corps a gardé la foi pure.

Dans l'Église catholique romaine, d'où je viens, la conscience de cette Eglise apostolique originelle, du lien et de la tradition qui remontent aux Pères, et le fait de rester sur la voie pure, est devenue très confuse au Moyen Age avec la scolastique du 13ème siècle et plus tard. 

Tout fut déplacé depuis les saintes traditions pour prendre la philosophie comme base de compréhension de la théologie, et en utilisant les philosophes pour expliquer l'existence de l'Eglise. 

Seule l'Église orthodoxe a conservé les traditions religieuses. Bien sûr, pour moi, ce fut un grand combat, parce que quand je suis arrivé dans l'Eglise orthodoxe, de nombreux membres de cette Eglise n'avaient aucune idée de ce dont je parlais. 

Même s'ils avaient grandi dans l'Église, ils n'avaient jamais entendu parler de l'Eglise apostolique originelle, et ne la comprenaient même pas. Ils me disaient: "Pourquoi êtes-vous ici? Vous n'êtes pas russe. Ceci est notre Eglise!" Et je leur ai dit: "Si c'est votre Église, je pars. Ce doit être l'Église du Christ dont tous deux nous faisons partie. Si vous êtes chrétien orthodoxe tout simplement parce que vous êtes né en Russie et que vous avez été baptisé dans vos premières années, cela ne vous rend pas plus orthodoxe alors que je ne le suis, même si je ne suis pas né en Russie et que j'ai été baptisé quelques années plus tard. C'est le baptême qui nous rend orthodoxe, pas la nationalité."

Donc, je suis arrivé à l'Eglise orthodoxe, et c'était merveilleux et difficile en même temps. C'était merveilleux, car c'était ce que j'avais cherché pendant toute ma vie. Ce fut difficile parce que je devais embrasser l'Orthodoxie avec la culture qui la présentait. Si vous voulez boire un peu d'eau, vous avez besoin d'un conteneur. Le liquide doit être contenu, car sans quelque chose pour le contenir, il disparaît et est perdu. La culture et la pratique russes détiennent la foi, mais il est difficile de voir l'eau sans voir également ce verre contenant l'eau. Parfois, les gens confondent le verre et l'eau. Nous confondons l'Orthodoxie avec les pratiques d'une église locale. 

Par exemple, le dimanche avant Pâques (Dimanche des Rameaux), j'étais dans une paroisse située dans un endroit où toutes sortes d'arbres ont poussé, y compris des palmiers. Mais les gens me disaient: «Nous devons utiliser uniquement des chatons de saule, c'est ainsi dans l'Eglise*. Dimanche des Rameaux signifie chatons de saules! C'est ça l'Orthodoxie!"

J'ai dit: "À l'époque du Christ, ils n'utilisaient pas des chatons de saule. Ils utilisaient des palmes et toutes sortes de branches. Ici, nous vivons dans une zone où il y a des palmiers et toutes sortes branches, mais vous insistez pour avoir des chatons de saule, parce que c'est la seule chose qui pousse en Russie au printemps. Est-ce l'Orthodoxie? C'est de la folie!" Donc, j'ai utilisé des palmes et d'autres branches, et les gens sont devenus encore plus furieux: "Vous reniez notre foi! Vous changez l'Eglise! " 

Ils ne comprenaient pas, et ce fut un grand combat au début pour moi. J'ai dépassé cela maintenant et je comprends la difficulté.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

* Il y a quelques années, assistant à la bénédiction des eaux dans la Cathédrale russe de Genève, pour la Théophanie, un pieuse amie grecque fut très choquée, et elle ne put se retenir de fulminer contre les "déviations russes" lorsque nous fûmes sortis de l'Eglise. 
"L'évêque utilise une sorte de balayette liturgique pour asperger les fidèles! C'est une très grande impiété [elle insista sur la mot impiété]! On ne doit utiliser pour cela qu'un rameau de basilic!"
Notre pieuse zélote resta bouche bée et s'excusa platement lorsque quelqu'un lui fit remarquer qu'il y avait peu de chance de trouver du basilic en Sibérie au temps de la fête de la Théophanie du Seigneur!