lundi 31 août 2015

Témoignage de l'archimandrite Irenei (Steenberg) sur saint Jean de Changhaï



Archimandrite Irenei (Steenberg) at Sretensky Seminary

St. John Maximovitch


Vous officiez à San Francisco en l'église de l'orphelinat où saint Jean (Maximovitch) vécut, et là dans la ville, vous avez ses reliques et sa Mantia. Pourriez-vous nous dire un peu plus sur la vie avec saint Jean, sa présence, son influence?

-La première chose que je dirais à propos de la vie avec saint Jean (comme je vois nos vies à San Francisco) est qu'il est immédiatement tangible. Quand on se tient devant les reliques de saint Jean, ses reliques incorruptibles qui sont dans la cathédrale de la Sainte Mère de Dieu, Joie de tous les affligés, on sait qu'on se trouve en présence d'un saint vivant. Quand on marche dans sa kellia [cellule], où il a vécu, et qu'on voit cette petite chambre, on n'est pas seulement impressionné par la petitesse ou la simplicité de celle-ci. On sent saint Jean là, debout avec vous. Je pense que chacun d'entre nous qui a la bénédiction de servir à San Francisco, dans ces nombreux lieux associés à sa vie, la nouvelle cathédrale, à Saint-Tikhon, dans la vieille cathédrale, dans nos nombreuses autres paroisses où il officia: la paroisse de Kazan, la paroisse Saint-Serge et d'autres encore, nous sommes tous bénis avec ce sentiment tangible que nous marchons ensemble avec ce saint.

Je dois dire, personnellement, que d'une part c'est immensément inspirant et encourageant, et d'autre part, cela [me] condamne profondément. Chaque jour, j'entre dans la petite église de Saint-Tikhon, qui est une église de maison où vécut saint Jean, où était l'orphelinat, où est sa kellia. 

Chaque jour, j'entre par cette porte ordinaire dans ce qui ressemble à tout autre bâtiment de la rue, et aussitôt, je ressens la présence de ce saint; et je dois dire que tous les jours, je me sens comme s'il me condamne pieusement pour ma profonde faiblesse dans ma propre vie pastorale, pour mon laxisme en tant que chrétien. 

Je ne dis pas qu'il me condamne comme le ferait un juge cruel, mais comme un père aimant. Vivre dans la présence d'un saint qui était un ascète profond, qui fit des miracles dans sa propre vie (ses miracles n'ont pas commencé après sa mort; ce fut un faiseur de miracles pendant des décennies avant qu'il ne quitte cette vie à servir dans la même Église comme un homme qui pouvait guérir les malades, qui ramena les gens des portes de la mort, qui par ses intercessions et sa bénédiction fit donner naissance à celles qui étaient stériles) on ne peut pas s'empêcher de se tenir dans la présence de cet héritage et de se sentir tout à fait indigne de la vocation chrétienne, de la vie pastorale. 

"Qu'ai-je fait de ma vie? Que suis-je en train de faire? Où est mon repentir? Où est mon dévouement?"

Telles sont les questions que vivre en sa présence me font me poser. Peut-être que les gens de plus grande stature spirituelle ne se posent pas ces questions; mais se les poser, est la source d'inspiration pour, je l'espère, une foi toujours plus profonde et un zèle plus profond. 

Quand je suis dans cette petite église et que je me trouve mon esprit errant à la troisième heure de la Vigile, et tout à coup je me rends compte que je suis debout, littéralement, à l'endroit où saint Jean se tenait pendant la septième ou la huitième heure de ses vigiles, alors on se surprend au milieu de ses pensées et l'on pense, "Je devrais vraiment être plus attentif. Je peux faire mieux."

Nous avons tous les miracles de saint Jean, et ils sont une source d'inspiration continue. Nous les voyons tous les jours. Mais à un niveau personnel la dimension la plus influente de son héritage est son exemple qui nous enseigne que l'on peut faire mieux dans la vie chrétienne. 

"Si tu le veux vraiment, tu peux guérir les malades. Si tu le veux vraiment, tu peux voir dans le cœur des autres." Voilà ce que je l'entends me chuchoter, pour nous tous.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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