samedi 20 septembre 2014

VIE DU SAINT HIEROMARTYR LUC DE TSERMNITSA (R)




SAINT HIEROMARTYR LUC DE TSERMNITSA 

Le saint hiéromartyr Luc (Voukmanovitch) naquit le 14 octobre 1907 dans la famille d’un ouvrier du bâtiment, au village de Utrg, dans le district de Tsermnitsa, au Monténégro. Son père Nicolas prit la décision d’émigrer aux Etats-Unis d’Amérique, afin d’être à même de nourrir ses nombreux enfants, qui restèrent au Monténégro avec leur mère. Grâce à cela, trois de ses fils, dont Luc, purent étudier à l’université. Luc entra à la faculté de théologie, à Belgrade, après avoir terminé le séminaire à Cetinje. Alors qu’il étudiait à l’université, de grands malheurs frappèrent la famille Voukmanovitch : en peu de temps, moururent le frère aîné, la sœur, puis le père. La mère demanda à Luc d’abandonner les études et de rentrer à la maison, afin de se marier et de commencer à travailler pour soutenir économiquement la famille et payer les études du frère cadet Svetozar. 

Luc obéit, revint dans son village natal, se maria, puis, peu après, reçut la prêtrise. Deux ans après le mariage naquit son premier fils, Tchédomir, puis ensuite encore un fils et deux filles. 

Dans le diocèse, le Père Luc était considéré comme « l’un des meilleurs élèves du séminaire et l’un des prêtres les plus zélés ». Malgré son jeune âge, il parvint, selon le métropolite Gabriel, son évêque et futur patriarche de Serbie, à gagner le respect et l’affection de la population.
En 1931, il fut l’objet d’un attentat : pendant la Grande Entrée de la Liturgie, alors que le père Luc sortait du sanctuaire, un malade mental du nom de Iovan Steptchevitch tira sur lui au revolver à trois reprises. La première balle atteignit l’épaule, la seconde, le ventre. Le père Luc parvint à se maintenir debout et à revenir devant l’Autel pour y déposer les Dons, après quoi il tomba à terre et perdit connaissance. Le prêtre, grièvement blessé, fut conduit à l’hôpital, où il fut opéré. Le détail mentionné constitue déjà un trait distinctif de saint Luc : étant grièvement blessé, il ne se préoccupa pas de lui-même, mais de préserver les Dons.

Bien que l’on ne connût jamais exactement les motivations de l’attentat, le métropolite Gabriel considérait que, derrière cet acte, se cachaient les communistes. Il convient de mentionner que le père Luc était un brillant polémiste, attaquant de front l’idéologie marxiste. Il consacra à cette question quelques articles, son doctorat, ainsi qu’un certain nombre de causeries. Le biographe du saint, le moine Paul, écrit qu’à « cette époque, il avait écrit la critique la plus sérieuse et la mieux argumentée de la philosophie matérialiste ».

Par la grâce de Dieu, le père Luc se remit de ses blessures et reprit ses activités sacerdotales. En 1936, il fut élu secrétaire de l’association des prêtres du diocèse métropolitain du Monténégro. Cette association avait pour but l’aide matérielle aux clercs pauvres et à leurs familles.

En 1937, le père Luc prit part à la lutte contre le concordat que l’Etat yougoslave voulait conclure avec le Vatican et qui octroyait aux catholiques-romains yougoslaves des droits plus étendus qu’aux membres des autres religions. Le Patriarche Barnabé de Serbie s’engagea décisivement contre ce projet. Il décéda peu après cela, dans des circonstances non élucidées, et le bruit circula dans la population qu'il avait été empoisonné. Des manifestations massives contre le concordat, auxquelles participèrent de nombreux évêques et prêtres, commencèrent, mais furent violemment réprimées par le gouvernement. A cette époque, le père Luc organisait des discussions publiques, écrivait des articles, parlait à la radio, condamnant sans ambages le concordat et les réactions du pouvoir. Il était, au demeurant, un grand admirateur de S. Nicolas (Vélimirovitch), l’un des principaux ennemis du concordat.

En raison de ses prises de position, le père Luc fut destitué de sa fonction de secrétaire de l’association des prêtres. Toutefois, l’Etat finit par interrompre la procédure de ratification du concordat, et le trouble cessa dans le peuple orthodoxe. Mais, pour le père Luc, les difficultés ne faisaient que commencer.

Ses ennemis rédigèrent des plaintes contre lui et, y prêtant foi, Mgr Gabriel, son ancien évêque diocésain devenu patriarche, ordonna de lui faire quitter ses fonctions d’enseignant au séminaire de Cetinje, ce qui aggrava fortement la situation matérielle de sa famille. Toutes les demandes que le père Luc adressa au Saint-Synode et au Patriarche, restèrent sans réponse. Peu de temps après, il fut transféré à Gostivar, dans l’ex-république yougoslave de Macédoine. Toutefois, le père Luc trouva une place de catéchète au collège de Skoplje. C’est à cette époque, qu’il réussit à s’inscrire à la faculté de théologie de l’Université de Belgrade. En 1940, il y défendit sa thèse.

La dernière période de la vie du saint hiéromartyr fut celle de la seconde guerre mondiale. Elle est décrite dans les mémoires du père Luc, sous le titre de « Ma vie dans la servitude ». 

En avril 1941, les Allemands et les Bulgares occupèrent l’ex-république yougoslave de Macédoine et, en mai de la même année, il rentra au Monténégro, où il avait fait partir au préalable sa famille. Là, au début du mois de juin 1941, il refusa de signer « l’acte de loyauté » que lui proposèrent les occupants italiens. Il condamna également la décision de l’assemblée populaire monténégrine du 12 juin 1941, proclamant l’indépendance du Monténégro, à l’initiative et avec le soutien des occupants. S. Luc, en même temps, luttait contre les partisans communistes qui, à la fin de 1941 et 1942, « au nom de la révolution », assassinèrent un grand nombre de personnalités connues au Monténégro qui ne soutenaient pas leur mouvement.

La guerre civile fratricide en Serbie se répercuta sur la famille du père Luc : ses deux frères, Djuro, qui mourut peu après, était communiste et son frère cadet Svetozar (surnommé « Tempo ») devint l’un des plus grands personnages du parti communiste yougoslave. Lorsque, pendant la guerre, leur mère demanda à Svetozar : « Qu’adviendra-t-il de Luc, si vous êtes les vainqueurs ? », celui-ci répondit : « Tu le sais bien, nous le fusillerons ». Or, il reconnaissait qu’il avait reçut son instruction universitaire uniquement grâce à son frère qui, à l’époque, lui donnait la moitié de ses revenus de prêtre. Plus tard, après la chute du communisme, Svetozar écrivit un livre « Ma famille », où il consacra deux cents pages à son frère. Il donne dans ce livre un détail intéressant : lorsqu’ils lurent ensemble « Les frères Karamazov » de Dostoïevsky, il approuvait Ivan Karamazov , tandis que le Père Luc soutenait Aliocha.

De 1941 à 1944, le père Luc, avec sa famille, vivait à Cetinje, enseignant au séminaire. A cette époque, il rendait souvent visite aux détenus des prisons et camps de concentration italiens, les aidant et les soutenant. Au début de 1944, le père Luc fut arrêté par les occupants en raison de ses discours contre eux. Toutefois, il ne fut incarcéré que quelques jours, car le métropolite Joannice du Monténégro obtint sa libération. 

Fin novembre 1944, lorsque la victoire des communistes était déjà évidente, tous ceux qui étaient restés fidèles au Roi Pierre II, alors en exil, s’enfuirent du Monténégro et arrivèrent en Slovénie. Avec eux partit également le père Luc et son fils aîné Tchédomir, âgé alors de quatorze ans. En traversant la Bosnie Herzégovine, ils durent faire face aux hordes de partisans et aussi d’oustachis croates, si bien que bon nombre d’entre eux n’arrivèrent pas en Slovénie.

A la fin du mois de mai 1945, le groupe dans lequel se trouvait le père Luc et son fils arrivèrent à quinze kilomètres de la ville de Kamnik. Là les dirigeants du groupe prirent la décision suivante : ceux qui pourraient être accusés de meurtres accomplis durant la guerre devaient regagner, par l’Autriche, l’Europe Occidentale ; aux autres, on recommandait de se rendre aux vainqueurs communistes. A ce moment, le commandant des partisans de Tito avait publié une décision selon laquelle les adversaires des communistes seraient graciés dans la mesure où ils n’auraient pas été convaincus de meurtres.

Le groupe, dans lequel se trouvaient Père Luc et son fils, se rendit aux partisans slovènes. Après avoir été désarmés, on les parqua dans la forêt, non loin de la ville. Pas plus d’une dizaine de partisans entouraient ce groupe composé d’environ un millier de personnes. Trois jours après arriva sur place la cinquième brigade prolétarienne du Monténégro, sous le commandement de Sava Bouritch. On effectua le recensement de tous ceux qui s’étaient rendus, inscrivant non seulement leur nom et année de naissance, mais aussi leur profession. Ce jour-là, le Père Luc vint voir le commandant du 3è bataillon de la brigade prolétarienne, Marko Djourovitch, qu’il connaissait avant la guerre. Celui-ci prit avec lui Tchédomir, le fils du père Luc, et le faisant passer pour son coursier, l’envoya au quartier général du bataillon, lui sauvant ainsi la vie. Là, on lui donna de la nourriture et on lui indiqua où il dormirait. 

Le jour suivant, on ordonna à ceux qui s’étaient rendus de constituer des colonnes. La liste des membres de l’une de ces colonnes, formée de soixante personnes, fut établie par les communistes eux-mêmes. Parmi ces personnes se trouvait le Père Luc. Tous furent liés et envoyés dans une destination inconnue des autres : ce qui les attendait était évident.

Le soir, vers 20h30, on entendit des tirs par salves, et ensuite des coups de révolver. Tchédomir comprit alors ce qui était arrivé à son père.

Le jour suivant, le jeune garçon fut affecté à la 5è brigade prolétarienne. On demanda alors aux soldats de la brigade qui était volontaire pour enterrer « ceux-là ». Tchédomir se porta volontaire, sachant que parmi « ceux-là » se trouvait son père. Mais on ne le lui permit pas. Plus tard, un soldat, avec lequel il était devenu ami, lui raconta que tous les fusillés, parmi lesquels se trouvait S. Luc, furent enterrés dans une fosse commune, qui avait été creusée à l’avance.

Bien plus tard, en 1958, Tchédomir rencontra par hasard Marko Djouritch, ancien commandant du 3è bataillon de la brigade prolétarienne, qui accomplit les exécutions en Slovénie. Celui-ci lui dit qu’il n’avait rien pu faire pour sauver son père, étant donné que l’ordre de fusiller celui-ci était venu « d’en-haut ». 

Le père Luc a été glorifié avec de nombreux autres hiéromartyrs par l’Eglise Orthodoxe Serbe en l’an 2000. Sa mémoire a été fixée au 4/17 juin. Il convient de mentionner que le métropolite Joannice du Monténégro, et la quasi-totalité des prêtres (une centaine) de cette région, ont été assassinés par les communistes.

Version française: Bernard Le Caro

vendredi 19 septembre 2014

Hiéromoine Païsie (Olaru) du Monastère de Sihla (R)



Fr. Paisie Olaru - Romania (5)

Le Père Païsie naquit le 20 juin 1897 à Stroienesti en Roumanie. Ses parents avaient cinq enfants dont il était le plus jeune. A l'âge de 24 ans, il devint moine dans la skite de Cozancea. Il fut ordonné hiérodiacre en 1943 et hiéromoine (prêtre-moine) en 1947.

Un jour, une femme chrétienne et sa petite fille de 4 ans rendirent visite à Père Païsie. Elles étaient de Humulesti et en ce temps-là, le Père était au monastère de Sihla. Après l'avoir confessée, il bénit sa fille et lui dit: " Que Dieu et Sa Sainte Mère te bénissent, car tu seras moniale!" Douze années plus tard, la jeune fille entra dans la vie monastique, devenant l'épouse du Christ.

Un disciple de Père Païsie lui demanda un jour." Combien de fois devons-nous prier la Prière de Jésus et faire le signe de Croix?" Et l'e staretz répondit: " Je prie une centaine de fois en disant Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi pécheur, une centaine de fois Très Sainte Mère de Dieu aie pitié de nous, une centaine de fois saint Père Théophore Païsios, prie Dieu pour moi, une centaine de fois Saint Hiérarque Spyridon, prie Dieu pour moi!, et une centaine de fois sainte Véronique, prie Jésus, le Sauveur, pour moi pécheur! Et je continue à les répéter sans cesse depuis le début. Alors, il arrive quelquefois que quelqu'un entre, ou que je dise une petite prière pour un malade, ou que je confesse un moine, ou que j'écoute les offices divins, ou que je pleure, ou que je dorme un peu et il en sera ainsi jusqu'à ce que le Seigneur vienne à nous...

Dans les dernières années de sa vie, quand il avait plus de 90 ans, il gisait dans son lit, une jambe cassée, ayant perdu la vue des deux yeux à cause de la cataracte, et il était sourd. Quand il ne se sentait pas bien ou qu'il avait une douleur, il priait et pleurait, se disant à lui-même."J'ai à nouveau agacé Dieu!". Puis il avait l'habitude de crier d'une voix douce: "Pardonne-moi, mon Seigneur, parce que je t'ai terriblement agacé; Mère de Dieu, aide-moi car je n'ai aucun pouvoir! Où irais-je? Je t'attends, Aie pitié de moi Jésus! Je pleure et je T'attends!"

Son disciple voyant la douleur de son Père spirituel, pleurait aussi de compassion pour lui. Mais le Père ne savait pas qu'il était dans la cellule avec lui. Son visage s'illuminait alors à nouveau et il se signait trois fois, essuyait ses larmes avec une serviette et continuait à prier secrètement la prière du cœur, remuant doucement sa tête sur ses oreillers.

Père Païsie avait le saint don de guérir les gens et d'apporter la paix dans les âmes des gens blessés par le péché. Ses enseignements étaient simples et sage, évangéliques et pratiques. Il parlait peu, mais avec une sainte sagesse.

Père Païsie, prie Dieu pour nous!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

jeudi 18 septembre 2014

Saint Joseph le Nouveau de PARTOŞ, Métropolite de Timişoara (+ 1656)



Saint Joseph le Nouveau de Partoş est né en 1568 à Raguse, en Dalmatie (aujourd'hui Dubrovnik, Croatie), issu d'une famille chrétienne de Valachie, il fut  baptisé Jacob. Son père était un Vénitien nommé Giovanni Fusco, et sa mère, Ecaterina, était originaire de Limnos, une île grecque. Elle avait, plus précisément, une ascendance "Morlach", qui est l'autre nom des "Mavro-Vlachos" (valaques noirs), l'une des différentes populations romanes éparpillées au sud du Danube, dans toute la péninsule balkanique.

Après la mort de son père, le jeune Jacob déménagea avec sa mère à Ohrid, centre orthodoxe important de la région, aussi peuplé par les Aroumains et les Valaques noirs. Là, le jeune garçon, âgé de 12 ans, alla dans une école de monastère. Trois ans plus tard, il entra dans la congrégation du monastère de Notre-Dame d'Ohrid, et il y resta environ 5 ans.

Moine athonite

Après cinq années d'apprentissage, il alla au Mont Athos, au monastère de Pantocrator et il y fut tonsuré moine, et nommé Joseph. 

Là, dans le monastère, il était connu comme Mégaloschème Joseph " le Valaque", ce qui signifie qu'il  reçut le grand schème monastique (Le grand schème, à la différence du petit schème, consiste en une nouvelle tonsure, d'habitude reçue seulement par les ermites). Il vécut là pendant de nombreuses années menant ainsi que les moines, une vie de jeûne sévère, d'agrypnies, d'obéissance et d'humilité. Enfin, il alla comme ermite dans les bois à proximité et on dit qu'il avait le "don des larmes", charisme très prisé dans le monachisme oriental et "la prière incessante", parce qu'il "descendait l'intellect [noûs] dans le cœur", c'est-à-dire qu'il unissait sa raison avec ses sens spirituels. Cette union intérieure est considérée dans le monachisme orthodoxe, en particulier après Grégoire Palamas et le mouvement hésychaste, comme l'idéal de la perfection humaine.

En raison de la sainteté de sa vie, Joseph pouvait faire des miracles et il guérissait beaucoup de maladies, en particulier celles qui affligeaient les gens paralysés. Souvent, il fut appelé dans plusieurs monastères, où il guérit les moines de leurs souffrances corporelles. 

Après un long temps, les moines l'invitèrent à revenir dans la congrégation, et il fut ordonné prêtre et confesseur des moines du Mont Athos. Bientôt, il fut connu aussi du Patriarche de Constantinople qui le nomma higoumène du monastère de Saint-Etienne à Andrinople, où il resta environ 6 ans. Revenant  sur l'Athos, Joseph devint higoumène du monastère de Koutloumousiou, un des couvents les plus anciens, essentiellement construit à partir des dons des voïvodes et des nobles valaques.

Etant âgé de plus de 70 ans, il se retira en silence près du monastère de Vatopaidi. Mais sa mission n'en était pas finie pour autant. 

Métropolite

En 1552, le Banat occidental, jusqu'ici inclus dans le Royaume de Hongrie, tomba sous la domination turque, se transforma en "pachalik" (1552-1718) basé à Timişoara. Dans ce contexte, il semble qu'il y avait une métropolie dans cette région, sous la juridiction du Patriarcat de Constantinople. Il est difficile de dire de quelle nationalité étaient les croyants orthodoxes du Banat. La migration massive vers le nord serbe du Danube commença après la bataille de Kossovopolje (Champ du Merle), en 1389, lorsque la Serbie fut occupée par les Turcs. Jusque-là, il y avait dans le Banat seulement des Roumains (Valaques), des Hongrois et des Allemands.

Un Métropolite de Timişoara  mourut en 1650 et Joseph le Valaque, âgé d'environ 80 ans, fut envoyé à sa place, en dépit de son âge. Peut-être que sa nationalité était importante aux yeux des croyants orthodoxes [qui vivaient] là. En tout cas, son ordination eut lieu le 20 Juillet 1650 et il fut Métropolite uniquement pendant trois ans. La tradition mentionne plusieurs miracles du saint, y compris la lutte contre un incendie qui ravagea la partie à l'ouest de Timişoara. Apparemment, Joseph sortit de l'église avec les sacrements dans les mains et, après avoir prié avec larmes, Dieu envoya une forte pluie, de sorte que le feu s'arrêta. 



Antique icône du Saint

Étant pratiquement toute sa vie simple moine, il aurait aimé le silence du monastère plus que le service en tant que hiérarque. En 1653, Joseph se retira définitivement  au monastère pas très éloigné de Partoş, où il vécut pendant trois ans. Cette information provient d'une note, faite en 1655, dans un Ménologe  qui appartenait au monastère de Saint-Georges, situé près de la ville:  "Ce livre appartient au Seigneur Métropolite Joseph de Timişoara, qui a volontairement quitté le diocèse en 1655, se retirant au monastère de Partoş, où il vécut plusieurs années et  ensuite partit pour la vie éternelle, où les saints reposent."

Selon la tradition, lors de son passage dans l'éternité, les cloches du monastère commencèrent à sonner d'elles-mêmes.

Saint Joseph mourut âgé de plus de 85 ans. Il fut enterré dans la nef de l'église du monastère, en face de la porte d'entrée.

L'ancienne et la nouvelle église du monastère de Partoş

Vénération

Très tôt, la tradition populaire considéra le Métropolite Joseph comme un saint. En 1749, un pèlerin nommé Peica offrit un évangéliaire au monastère de Partoş, juste avant son voyage à Jérusalem. Sur ce livre, il écrivit: "Moi, serviteur pécheur de Dieu Hadji (حاجّ= pèlerin*) Peica, j'offre ce livre saint, l'Evangile, au monastère de Partoş, dédié à Saint-Michel - où se trouve le corps du Seigneur saint Joseph - pour notre bien et notre heureux voyage à la grande ville de Jérusalem."""

En 1782, le prêtre local Stéphane Bogoslovici peignit une icône, à la demande de l'archiprêtre Ioan Şuboni, qui en fit don au monastère, afin qu'elle ne soit placée au-dessus de la tombe du saint. Sur l'icône y fut écrit le nom de Notre Père Saint Joseph le Nouveau" et le tropaire (hymne de saint) comme suit: «Dans la jeunesse vous entièrement obéi à Dieu dans la prière et dans le jeûne et travaux, étant l'icône de la bonté. C'est pourquoi Dieu, voyant votre bon travail, a vous mettre évêque et pasteur de son église. C'est pourquoi, votre corps saint a été préservée, après la mort, juste et incorrupted. Saint Joseph, prie le Christ notre Dieu, pour donner le pardon à ceux qui se souviennent de votre sainte mémoire, avec foi et amour ".Selon une autre tradition, la fille de Mark Mutiu, le maire de Timisoara dans le milieu du 18ème siècle, a été guéri au monastère d'une maladie qu'elle a longtemps souffert. En signe de gratitude, le maire construit ici une nouvelle église, près de l'ancienne, où saint Joseph fois officié la liturgie. 

Cette église fonctionne encore jusqu'à aujourd'hui. En 1929 Bizerea, un prêtre local a écrit aussi sur la tradition locale, que saint Joseph "déjà au cours de sa vie a connu la gloire d'un vrai saint, et après sa mort, il a laissé le souvenir d'un véritable saint parmi les personnes religieuses et les moines "

Cathédrale orthodoxe roumaine de Timişoara

Le Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe roumaine bientôt décidé  la proclamation officielle de la sainteté du hiérarque Joseph le Nouveau. Cet acte se produisit lors d'une célébration du 6 au 8 octobre 1956, dans la cathédrale métropolitaine de Timişoara, où ses saintes reliques furent placées. Sa commémoration a lieu chaque année le 15 Septembre, jour de son intronisation comme métropolite. L'acathiste à Saint-Joseph et les autres offices du saint ont été inclus dans les livres d'offices de l'Église orthodoxe roumaine.
  
En 1965, le Synode de l'Eglise orthodoxe serbe a également décidé d'ajouter le nom de saint Joseph dans les calendriers religieux de la Serbie, en témoignage de la vénération que saint Joseph connut partout, dans les parties serbes et roumaines du Banat.

L'histoire de la lutte contre l'incendie est restée très forte dans la mémoire de ses habitants, de sorte que, suite à une décision du ministère roumain de l'Intérieur en 1997, saint Joseph le Nouveau est devenu le saint patron des pompiers.



Les reliques et l'icône du saint, 
dans la cathédrale de Timişoara


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Note:
Hadji en arabe  [ حاجّ ], hatzi dans la transcription grecque, signifie celui qui a effectué le pélerinage à la ville sainte de Jérusalem. Il est une pieuse coutume qui subsiste encore dans certaines églises grecques et qui consiste à communier les “hadjis” sous l’appellation de Pèlerin ( proskinitaire) ... suivi du prénom de la personne.

mercredi 17 septembre 2014

Saint Athanase d'Alexandrie à propos de saint Osios de Cordoue

IVème siècle: Saint Osios (ou Hosius) fut évêque de Cordoue, en Espagne, pendant plus de 60 ans. Il était le conseiller privé de saint Constantin le Grand qui en avait fait son conseiller. Ce fut lui qui conseilla à l'empereur de convoquer le Premier Concile Œcuménique de Nicée (325 A.D.).
Après la naissance au Ciel de saint Constantin, il prit la défense de saint Athanase d'Alexandrie opposé à l'empereur Constance qui défendait l'hérésie arienne. Il fut pour cela emprisonné à Sirmium. Peu avant sa mort, alors qu'il était presque centenaire, faible et malade, on lui aurait extorqué une signature au bas d'une confession arienne. Jamais cependant on ne put le forcer à condamner saint Athanase d'Alexandrie.


Fête le 27 août/9 septembre

"À propos d'Osios, grand homme, de belle vieillesse et confesseur véritable, il est superflu pour moi de parler, parce que chacun sait que, de même, ils ont également réussi à le bannir. En effet, ce n'est pas un inconnu, mais un vieil homme bien plus honorable que tous les autres, parce que de quel concile n'était-il pas le guide? Et la rectitude de ses paroles n'a-t-elle pas convaincu tout le monde? 
Quelle Église ne conserve pas les souvenirs les plus précieux de sa guidance (spirituelle)? Qui ne s'est approché de lui une fois en étant triste et et ne s'est séparé de lui en étant heureux? Qui, ayant besoin de quelque chose, le lui a demandé et est parti sans obtenir ce qu'il désirait? Néanmoins, contre lui aussi ils ont osé, parce que lui, sachant les calomnies soulevées par leur iniquité, n'a pas signé les machinations forgées de toutes pièces contre nous. Si, enfin, par les nombreux coups sans mesure qu'ils lui donnèrent, et les intrigues contre ses parents, il a cédé un temps, étant vieux et faible de corps, nonobstant, l'iniquité de ceux-ci s'est manifestée par ces choses parce qu'ils se sont consacrés à montrer par tous les moyens possibles qu'en vérité, ils ne sont pas chrétiens."

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après
Osio de Córdoba: 
Un siglo de historia del cristianismo”,
 B.A.C., 
Juan José Ayán, Manuel Crespo, 
Jesús Polo, Pilar González, 
Madrid, 2013, pp. 496, 471
cité par


mardi 16 septembre 2014

Père Milovan Katanic: Le jeu des nombres et des chiffres



The Numbers Game


Les chiffres. Ils nous disent beaucoup de choses: le temps, nos notes, nos points; sans parler des prix, des stocks, des calories, de notre vitesse, du temps, de la date... À peu près tout. 

Nous les utilisons à l'église aussi. Combien de fois nous a-t-on demandé: Quelle est la taille de votre église? Combien de gardiens avez-vous? Quelle est votre participation moyenne hebdomadaire? En réponse, je me demande parfois ce que ces chiffres révèlent vraiment. 

Le succès d'une paroisse -l'état d'une paroisse- peut-il être mesuré par le nombre de personnes qui assistent à la Liturgie le dimanche matin? D'une certaine manière, je suppose, qu'une des lignes directrices qui nous sont données par le Christ quand il a fondé son Église est basée sur les chiffres: "Là où deux ou trois sont réunis en mon Nom" (Mt 18:20). 

Certes, il n'y a aucun indice d'une instruction divine ici pour que nous soyons obsédés par un nombre déterminé de personnes. Non, c'est plus précis que n'importe quoi d'autre, révélant la nature de l'Église comme communauté. À un autre endroit, cependant, le Christ va un peu plus loin quand il donne en fait comme instruction d'aller faire des disciples dans toutes les nations" (Matthieu. 28:19). Pourtant, même ici, où tout le monde est appelé, ce n'est toujours pas une question de quantité. Après tout, il est facile de remplir les bancs avec des personnes, des organismes, des chiffres. Un disciple est une chose différente car cela suggère quelqu'un qui est discipliné. 

Alors, les nombres, les chiffres sont-ils important? Dans un sens, oui. Ils sont importants parce que nous sommes tous importants pour Dieu. Et ils sont importants pour l'église tout aussi bien, mais pas de la façon dont nous pourrions le penser. 

Le système de "numérotation" de l'église ne rentre pas dans la mentalité de notre société de consommation où le client a toujours raison et doit donc être satisfait afin qu'il continue à revenir. Ou, pour le dire plus crûment: l'église n'a pas besoin de nous, nous avons besoin de l'église. 

C'est sur ce sujet-même de chiffres et de fréquentation de l'église que je réfléchissais pendant le Carême alors que je compatissais avec un autre prêtre sur la faible participation nous avions eue ce matin pour les Présanctifiés. 

La même chose pourrait être dite pour les liturgies en semaine ou même pour les dimanches d'été. Combien de personnes viennent, est-ce vraiment important? Cela révèle-t-il quelque chose au sujet de notre foi? Si tel était le cas, que diraient les églises à la taille de stade des télé-évangélistes sur leur foi? Non, si ce n'est cela révèle quelques chose, cela révèle quelque chose sur nous. 

Pâques fut une belle journée. Les églises partout ont été remplies. La nôtre aussi. Et comme les paroissiens sortaient en files de l'église, un par un dans la journée ensoleillée, au son des rires des enfants et du bavardage des amis et que la famille était réunie, le nombre de gens dans dans l'église m'est venu à à nouveau à l'esprit. À vrai dire, l'église remplie de gens ne suscitait en moi aucun sentiment de réussite, une réussite dont mon l'orgueil pourrait se vanter. Mais il y avait une joie, ressentie non seulement par moi, mais par tout le monde. Elle n'était pas dans les chiffres eux-mêmes, mais dans le fait que nous étions tous là. Nous avons tous été invités et l'église nous appelle chaque semaine à cette réunion sacrée. Pourquoi nous ne voyons pas ces nombres tous les dimanches parce qu'il faut plus que juste une sentiment de chaleur pour nous amener à l'église - il faut de la discipline. 

A cette discipline très chers lecteurs, nous avons tous été appelés. Et dans tous les calculs et les numérotations de la vie, c'est cet appel-même qui est le seul qui compte! 

 Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

SI JE SUIS L'ÉGLISE DU SAINT-ESPRIT Hiéromoine du grand schème Julien (Lazar) (7)

Hieroschemamonk Julian (Lazar). Photo: pemptousia.ro


La pénitence

Je me souviens que Père Iustin (Pârvu) a également mentionné cette coutume. Je voudrais vous demander, Père est-il possible de se confesser pendant qu'on est sous une pénitence et quand on n'est pas autorisé à recevoir la communion?

Bien sûr. Si votre conscience vous tracasse en raison d'un péché que vous avez commis, courez vite vers votre père spirituel et confessez-vous. Ne vous installez pas dans le péché et ne remettez pas à plus tard le repentir. Il est écrit dans le livre de l'Apocalypse (21:27), que dans la ville ne doit en aucun cas entrer en elle quoi que ce soit qui souille, ni n'accomplit quelque abomination que ce soit, ou le mensonge!

Et qu'arrive-t-il si vous avez reçu une pénitence, et que vous mouriez sans avoir reçu l'Eucharistie, et sans avoir accompli la pénitence? Qu'advient-il de l'âme?

Elle est sauvée. Tant qu'elle est sous la pénitence et accomplit la pénitence, elle est pardonnée de ses péchés. Cependant... j'ai lu une fois dans un journal de campagne l'histoire d'une religieuse en Bessarabie qui était tombée péniblement sur ​​le sol quand elle mettait ses chaussures, et j'ai passé plusieurs jours évanouie, ou peut-être dans le coma. En tout cas, elle n'était pas morte, parce que son cœur battait bien. Quand elle revint à elle, elle a dit à l'ensemble de la communauté comment l'ancien higoumène l'avait rencontrée dans un endroit merveilleux, et lui avait confessé qu'elle n'était pas là depuis le début, mais que les prières des moniales l'avaient amené à ce statut six semaines après sa mort. L'higoumène était morte sans avoir récemment reçu l'Eucharistie et les prières de la communauté l'avaient amenée en ce lieu béni.

Cela signifie que même ceux qui meurent alors qu'ils sont en pénitence, ne sont pas envoyés directement à l'endroit où ils devraient aller vers "un lieu de lumière, où toute maladie,  douleur, et  gémissements, ont fui"?

Ils peuvent y entrer que par les prières de l'Église, de ceux qui restent parmi les vivants. Je rencontre beaucoup de Pères qui, face à la mort, nous demandent: "Priez pour moi!" Peut-être qu'il en est ainsi. Dieu le sait. Mais une personne qui est en bonne santé spirituelle éprouve de la miséricorde pour toutes les âmes, et elle veut que tous puissent entrer dans le Royaume de Dieu, et ainsi, elle prie pour ses frères comme elle le ferait pour elle-même, et même plus! L'apôtre Jacques dit: Priez les uns les autres (5:16), 7 et Saint Paul dit que nous devons prier sans cesse (1 Thessaloniciens 5:17)

Une parole

Père, voulez-vous nous donner une parole pour le bénéfice de notre âme?

Eh bien, comme conseil, je vais vous rappeler les paroles de l'apôtre Jacques, un parent du Seigneur, qui a dit, ne savez-vous pas que l'amour pour le monde est inimitié contre Dieu? Celui donc qui veut être l'ami du monde se rend ennemi de Dieu (Jacques 4: 4). Il dépend de vous, de choisir celui dont vous voulez devenir l'ami.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Staretz Jean du monastère de Rarau (Roumanie)


"Je crois beaucoup en l'existence de Dieu. Je peux dire la main sur la Croix que je crois plus en Son existence qu'en ma propre existence" dit-il humblement mais fermement: Père Jean fut guéri miraculeusement de deux maladies graves par Dieu. 
     "Le monachisme est l'honneur de notre Eglise chrétienne orthodoxe, il est le lien intime entre Dieu et les hommes pour l'Eglise. Le monachisme, pour l'Eglise, est comme la crème sur le lait."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



lundi 15 septembre 2014

SI JE SUIS L'ÉGLISE DU SAINT-ESPRIT Hiéromoine du grand schème Julien (Lazar) (6)




Le zèle pour Dieu

Si votre âme gagne la paix, essayez maintenant d'avoir du zèle pour Dieu.  Parlez-Lui autant que possible et suivez les commandements qu'Il a vous donnés pour atteindre la vie éternelle. Luttez dans le jeûne et dans la prière, car sans moi vous ne pouvez rien ( Jean 15:5). Ainsi, autant que possible, nous allons suivre les jeûnes, car à travers eux que nous sanctifions. Nous ne sommes pas des tueurs du corps; Cependant, le corps a besoin d'être humble et de se mettre au diapason du jeûne et des actes de courage moral pour guérir l'âme.

Nous ne pouvons pas le faire sans un père spirituel. Quand une personne va vers son père spirituel et pleure pour ses péchés, les confesse depuis l'époque de son enfance, elle devient une personne en bonne santé spirituelle. Si vous êtes en bonne santé, vous ne pouvez plus rester indifférents à la souffrance psychique d'autrui. Pour l'amour de votre prochain, vous devez essayer de sauver son âme.

Il est nécessaire, cependant, d'avoir du discernement, car le Christ a dit, ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent (Matthieu 7: 6). Par conséquent, vous devez être extrêmement prudents, prudents comme des serpents, afin d'être en mesure de recueillir d'autres âmes à la fois pour l'amour du Christ, ainsi que pour leur propre salut.

- "Voir votre prochain c'est voir Dieu", a déclaré Saint Clément d'Alexandrie...

-Oui. C'est comme je l'ai dit plus tôt à propos de l'image de Dieu en l'homme. Ou, comme les Pères l'ont dit: "Le salut viendra pour vous de votre prochain, mais la condamnation aussi."

Si vous allez vers un père spirituel et que vous lui ne cachez pas de péchés (ni ne le faites à Dieu), et si vous suivez les canons, vous trouverez votre chemin vers le Royaume des Cieux. Mais il est nécessaire de vous sentir désolés pour vos péchés, sinon vous ne recevrez pas le pardon de Dieu. Cependant, si vous restez dans un lien spirituel avec votre père spirituel et que vous vous efforcez de suivre ses conseils, vous aurez une âme saine et du zèle pour la sainteté.

Il faut s'assurer qu'aucun péché ne reste non confessé, parce que dans le monde, dans les églises de ce monde, le sacrement de la pénitence est extrêmement difficile à remplir. C'est parce qu'il y a beaucoup de chrétiens, quelques prêtres seulement, et encore moins de pères spirituels. Par conséquent, le père spirituel n'a pas assez de temps pour explorer l'âme du chrétien, et celui-ci peut retourner chez avec des péchés non confessés (commis dans l'ignorance, par exemple). Dans le passé, les gens avaient des carnets dans lesquels ils enregistraient leurs péchés afin de ne pas les oublier lors de la confession, et maintenant, après le communisme ait sévi avec ces pauvres gens, cette saine coutume a été complètement perdue. 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Sue le blog Saint Materne: L'habit fait-il le prêtre? (p. Païssios)





- Père (Païssios), il y a cette question qui dit "l'habit fait-il vraiment le prêtre?"

Hé bien, pensez à deux oliviers, un avec des feuilles et l'autre pas. Lequel préférez-vous? Je me souviens lorsque j'étais à Kalyvi, Sainte Croix, j'avais arraché l'écorce d'un olivier et écrit ceci dessus "les arbres se sont dévêtus de leurs vêtements; il est temps de voir le fruit de leurs labeurs!" A côté de ça j'ai ajouté "un prêtre sans sa soutane (arasotos) est un prêtre sans rédemption (asotos)".

- Père, quelqu'un a amené au monastère un prêtre Orthodoxe 'en pantalon' (sans sa soutane). Devrions-nous lui demander sa bénédiction?

Quelle bénédiction? Vous auriez dû dire à la personne qui l'a amené, peu importe son éventuel rang, "pardonne-nous, mais la règle dans notre monastère, c'est de donner une soutane aux prêtres qui n'en portent pas. Voir un prêtre qui vient à un monastère orthodoxe féminin uniquement en habits laïcs, c'est inconvenant!" Si la personne l'y ayant amené ne s'en trouve pas honteuse, et si le prêtre lui-même n'y voit pas le problème d'être venu sans sa soutane, en quoi devrions-nous être gênés de lui demander d'en porter une? J'ai rencontré un jour un jeune archimandrite qui portait des vêtements laïcs dans un aéroport. Il partait pour l'étranger et se présenta "je suis père untel," dit-il. "Où est votre soutane" fut ma réponse... Bien sûr, je ne me suis pas prosterné devant lui.


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dimanche 14 septembre 2014

SI JE SUIS L'ÉGLISE DU SAINT-ESPRIT Hiéromoine du grand schème Julien (Lazar) (5)




Le ressentiment et l'auto-justification

 La première chose qui rend  l'âme malade est l'auto-justification. Il est difficile pour une personne de souffrir d'offense dans le monde sans tenir la personne qui l'a faite dans le mépris.

-Saint Isaac le Syrien dit: "Celui qui peut souffrir l'offense et avoir en son pouvoir de l'excuser atteint la consolation de Dieu." 

C'est certainement vrai. Et pourtant, comment cela serait-il si, au lieu de répondre à l'offense par la haine, vous souriiez aimablement à votre persécuteur et vous priiez pour lui?

Un bon chrétien ne devrait pas avoir d'ennemis, par une petite mesure de volonté et de conduite. Ce n'est pas seulement pour lui-même; si vous savez que quelqu'un souffre de difficulté à cause de vous, allez lui demander pardon, car si vous êtes en colère avec lui aussi, alors il y aura deux personnes vêtues de haine; et si vous vous rapprochez de lui avec amour, alors peut-être que vous le gagnerez à votre cause et vous gagnerez tous deux la paix.

Dieu vous a dit de pardonner, car alors vous serez également pardonnés. Qui d'entre nous n'a pas besoin de pardon? Alors, pourquoi devriez-vous en être privés et vous justifiez-vous, quand vous savez que Dieu donne le plus grand pardon, car Lui seul connaît le cœur de l'homme? Par conséquent, donnez à Dieu  la vérité et faites-lui des offrandes, et votre âme de cette manière gagnera la paix. 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


1/14 septembre
14ème dimanche après la Pentecôte

Nouvel an ecclésiastique
St Syméon le Stylite (459) et sa mère Marthe (vers 428) ; St Jésus, fils de Navé, prophète (XVIème s. avant Jésus-Christ) ; sts martyrs Calliste et ses frères Evode et Hermogène (309) ; St Ammoun, diacre, martyrisé avec 40 vierges à Héraclée (IV°) ; St Aïphal, diacre et martyr (380) ; Synaxe  de l’icône de la Mère de Dieu des Miasènes (864) ; St Mélèce le Jeune (1105) ; Stes martyres Tatiana Gribkova, Nathanalie Kozlova (1937).

Lectures : Nouvel an: 1 Tim. II, 1–7. Lc. IV, 16–22. Dimanche : 2 Cor. I, 21 – II, 4 ; Мatth. XXII, 1–14.
LE NOUVEL AN ECCLÉSIASTIQUE[1]

L'
Église du Christ célèbre en ce jour l'indiction qui, selon les Romains, signifie «limite», c'est à dire le début de l'année ecclésiastique. Ce terme vient de l'usage qu'avaient les empereurs romains de lever chaque année à cette époque un impôt sur leurs sujets pour l'entretien de l'armée. Le taux de cet impôt annuel était fixé tous les quinze ans. C'est pourquoi on appelle également indiction les cycles de quinze ans qui commencèrent sous César Auguste, trois ans avant la naissance du Christ.
Comme, d'autre part, le mois de septembre est l'époque où l'on rentre les fruits des récoltes dans les greniers pour se préparer à un nouveau cycle de la végétation, il convenait de fêter ce début du cycle agricole en rendant grâce à Dieu pour sa bienveillance à l'égard de la création. C'est déjà ce que faisaient les Juifs sous le régime de l'ancienne Loi. Le premier jour de leur septième mois (début septembre), ils célébraient la fête des Trompettes, en cessant tout travail pour se consacrer seulement à l'offrande de sacrifices «d'agréable odeur» et à la louange de Dieu (cf. Lev. XXIII:24-25).
Le Christ, Fils et Verbe de Dieu, le Créateur du temps et de l'espace, le roi prééternel de tous les siècles - qui s'est incarné pour ramener toutes choses à l'unité et réconcilier tous les hommes, Juifs et païens, dans une seule Eglise - a voulu aussi rassembler en Lui-même les choses soumises aux lois naturelles et ce qu'Il avait promulgué par la Loi écrite. C'est pourquoi, en ce jour où la nature se prépare à dérouler un nouveau cycle de ses saisons, nous commémorons l'épisode où le Seigneur Jésus Christ se rendit à la synagogue et, ouvrant le livre d'Isaïe, lut le passage où le Prophète dit en son nom: «L'Esprit du Seigneur est sur moi parce qu'il m'a oint. Il m'a envoyé pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, pour proclamer une année de grâce du Seigneur. » (Luc IV:18).
Toutes les Eglises ainsi rassemblées dans l'unanimité adressent aujourd'hui une seule louange à notre Dieu. Un dans sa nature et triple dans ses Personnes, qui demeure en permanence dans la béatitude, tient toutes choses dans l'existence et déverse en tout temps ses bénédictions sur ses créatures. C'est le Christ Lui-même qui nous ouvre les portes de cette année et nous appelle à Le suivre pour participer à Son éternité.

Tropaire du dimanche, 5ème ton
Собезнача́льное Сло́во Oтцу́ и Дýxoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасе́нie на́ше, воспои́мъ вѣ́рній и поклони́мся, я́ко благоволи́ пло́тію взы́ти на кре́стъ, и cме́рть претерпѣ́ти, и воскреси́ти уме́ршыя сла́внымъ воскресеніемъ Cвои́мъ.
Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre Salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la Croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !
Tropaire du nouvel an ecclésial, ton 2
Всея́ тва́ри Содѣ́телю, времена́ и лѣ́та во Свое́й вла́сти положи́вый, благослови́ вѣне́цъ лѣ́та бла́гости Твоея́, Го́споди, сохраня́я въ ми́рѣ лю́ди и гра́дъ Тво́й, моли́твами Богоро́дицы, и спаси́ ны.
Auteur de l'entière création qui as soumis à Ton pouvoir les moments et les temps, bénis la couronne de l'année que Ta Bonté nous donne de commencer;  garde en paix Ta ville et Ton peuple et par l'intercession de ta Mère, Seigneur, sauve-nous.
Tropaire de St Syméon, ton 1
Терпѣ́нія сто́лпъ, бы́лъ еси́, ревнова́вый пра́отцемъ, преподо́бне: Іову во страсте́хъ, Іо́сифу во искуше́ніихъ, и безпло́тныхъ жи́тельству, сы́й въ тѣлеси́, Симео́не, о́тче на́шъ, моли́ Христа́ Бо́га спасти́ся душа́мъ на́шимъ.
Colonne de patience, tu imitas les Pères de jadis: dans ses souffrances Job, dans ses épreuves Joseph; des Anges incorporels tu menas la vie en ton corps, vénérable Père Siméon; intercède auprès du Christ notre Dieu, pour qu'Il accorde à nos âmes le Salut.

Kondakion du dimanche, 5ème ton
Ko а́ду Спа́сe мо́й, coшéлъ ecи́, и врата́ сокруши́вый  я́ко всеси́ленъ, умéршиxъ я́ко Созда́тель coвоскре-cи́лъ ecи́, и cме́рти жáло сокруши́лъ ecи́, и Aда́мъ отъ кля́твы изба́вленъ бы́сть, Человѣколю́бче. Тѣ́мже  вси́  зове́мъ : спаси́ на́съ, Го́споди.
Ô mon Sauveur, Tu es descendu aux enfers, brisant ses portes comme Tout-Puissant ; et avec Toi, Créateur, Tu ressuscitas les morts, brisant l’aiguillon de la mort et libérant Adam de la malédiction, ô Ami des hommes ! Aussi, tous nous Te clamons : Seigneur, sauve-nous!

Kondakion de St Syméon, ton 2
Вы́шнихъ ища́й, вы́шнимъ совокупля́яйся и колесни́цу о́гненную сто́лпъ содѣ́лавый, тѣ́мъ собесѣ́дникъ а́нгеломъ бы́лъ еси́, преподо́бне, съ ни́ми Христу́ Бо́гу моля́ся непреста́нно о всѣ́хъ на́съ.
Recherchant les choses d'en-haut,  conversant avec les êtres d'en-bas et faisant de ta colonne un char de feu, par elle tu devins un confident des Anges, Père saint; et sans cesse tu intercèdes avec eux pour nous tous auprès du Christ notre Dieu.

Tropaire du nouvel an ecclésial, ton 2
Въ Вы́шнихъ живы́й, Христе́ Царю́, всѣ́хъ ви́димыхъ и неви́димыхъ Тво́рче и Зижди́телю, Иже дни́ и но́щи, времена́ и лѣ́та сотвори́вый, благослови́ ны́нѣ вѣне́цъ лѣ́та, соблюди́ и сохрани́ въ ми́рѣ гра́дъ, и лю́ди Твоя́, Многоми́лостиве.

Toi qui demeures dans les hauteurs, Christ Roi, Auteur et Créateur de tout ce qui est visible et invisible, Toi qui fis le jour et la nuit, le temps et les années, bénis maintenant la couronne de l’année, protège et garde en paix Ta ville et Ton peuple, ô Très-Miséricordieux.


Hiéromoine Grégoire de la Sainte Montagne

COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE
DE ST JEAN CHRYSOSTOME

DIPTYQUES ET SUPPLICATIONS (SUITE)


Une offrande pour le monde

Dans l’office de la prothèse, le célébrant a mentionné son évêque, le clergé concélébrant, les frères vivants et défunts. Tandis qu’il commémorait leurs noms, il plaçait leurs parcelles près de l’Agneau, c’est-à-dire l’image du Christ offert. Maintenant, après la consécration, l’offrande a été accomplie et le Christ Lui-même est présent. Nous Le supplions donc, avec plus de ferveur pour nos pères et frères, les proches et les lointains, les vivants et les défunts. La commémoration de nos frères à ce moment «proclame le mystère redoutable que Dieu s’est donné Lui-même pour l’univers» (St Jean Chrysostome).
Nous T’offrons encore ce culte spirituel pour tout l’univers. L’Eucharistie est le « Concile œcuménique de l’Église ». Et même s’il n’y a qu’un frère présent pour participer à la célébration de la divine Eucharistie, l’univers entier est présent dans cette assemblée du célébrant et du frère. La Sainte Anaphore est offerte pour l’univers, car sur la Sainte Table est le Christ, « la Victime propitiatoire pour l’univers entier » (St Jean Chrysostome). Par Sa présence, le célébrant et les fidèles constituent l’Église universelle. Toutes choses sont illuminées par la lumière de Son amour. La « création entière est renouvelée et divinisée » (Office du 8 septembre).

Le prêtre, (à voix basse) : Souviens-Toi, Seigneur, de la ville où nous habitons (ou : de ce saint monastère), de toute ville et contrée, et des fidèles qui y demeurent. Souviens-Toi, Seigneur, des navigateurs, des voyageurs, des malades, de ceux qui souffrent, des prisonniers, et de leur salut. Souviens-Toi, Seigneur, de ceux qui offrent des dons et font le bien dans Tes saintes Églises, et qui se souviennent des pauvres. Et sur nous tous, envoie Tes miséricordes.
(à voix forte) : Et donne-nous de glorifier et de chanter d’une seule voix et d’un seul cœur Ton Nom très glorieux et magnifique, Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.
Le chœur : Amen.

D’une seule voix et d’un seul cœur

Afin de glorifier le Nom très glorieux et magnifique du Dieu Trinitaire, la communauté liturgique doit avoir une seule voix et un seul cœur. Il se produit souvent que les gens qui vivent en dehors de l’Église et de la divine Liturgie s’accordent sur quelque chose et le recherchent d’une seule voix. Leur voix est unanime, mais non le battement de leurs cœurs. Leurs buts les plus profonds ne sont pas en phase avec les paroles de leurs lèvres.
Or, dans l’Église, il existe une autre discipline. Dans la glorification eucharistique, les bouches et les cœurs des fidèles sont en accord. Par la grâce du Saint-Esprit, nous fidèles, devenons une seule bouche, un seul cœur, une seule âme, un même sentiment (Ph II, 2). L’unité dans l’amour est un don parfait qui vient d’en-haut (Jc I, 17).
Les premiers chrétiens vivaient cette unité au plus haut degré : c’était une multitude de personnes avec un seul cœur. Saint Basile le Grand nous enjoint à agir comme cela : « Imitons l'union admirable de ces premiers chrétiens, chez qui tout était commun, qui n'avaient qu'une même vie, une même âme, une table commune, qui étaient unis par les liens d'une fraternité indivisible, d'une charité sincère, laquelle ne faisait qu'un corps de plusieurs, et unissait les différentes âmes en une unité harmonieuse !» Dans cette atmosphère d’amour unifiant, la multitude des fidèles est « comme les cordes d’une lyre. Elles sont nombreuses, mais ensemble, elles produisent une joyeuse mélodie » (St Jean Chrysostome). Nous devenons une bouche qui chante l’Amour, un cœur qui bat pour l’Amour.

LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Lc I, 39-49, 56
Liturgie : 2 Cor. IV, 6-15 ; Мatth. XXII, 35-46.



[1] Tiré du Synaxaire du Hiéromoine Macaire de Simonos Petras.